Mer 12 Juin - 18:06
Pion nage
Le Secret des Pyramides - Partie 2
Je récupérais ma gourde, la tête d’araignée géante trouvant à nouveau sa place dans mon sac. Sac que l’on me demandait déjà d’abandonner. Chose que je fis sans trop faire de chichi. Après tout, le plus important était ailleurs, je m’en assurais. Je confiais ainsi mon paquetage à celui qui se faisait encore appeler Aleph. Il me restait néanmoins un ancrage à gérer, une petite tête de mule à l’odeur d’oranger.
Je me baissais au niveau de la bête, qui avait décidé qu’elle continuerait à faire la tête encore un peu, hache de guerre pas totalement enterrée. Petit sensible ou grand comédien, je ne pouvais me résoudre à le laisser dans cet état. Je n’avais pas besoin d’un autre trouble-fête dans la troupe. Avant de laisser mes affaires derrière moi, je me saisissais d’une friandise, un quartier d’orange, séché sous un soleil de plomb. Une façon comme une autre de les conserver. Une amertume décuplée qui excita les narines du Narangpé.
Prends donc mon petit Jaruk et reste attentif par ici, je ne voudrais pas que tu te mouilles sans raison.
Pas la peine de tergiverser plus, le chef à parler. Je n’aurais pas imaginé que savoir nager était une compétence rare, mais je comprenais que tous n’avaient pas forcément eu la chance de connaître le côté très vivifiant d’un bain glacé dans une mer salée. On croyait que ça m’aurait soigné enfant, que nenni. Au moins, je ne coulais plus directement même dans une mer agitée et ça m’avait été utile plus tard. Quand faut y aller, faut y aller. Je pénétrais dans l’eau en me laissant tomber du rebord. La température était plutôt agréable et permettait au moins de faire disparaître la moiteur de la jungle là-haut.
Sans une éclaboussure, j’avançais vers l’un des renfoncements observés plus tôt avec leurs lampes impies. Ils continuaient à balayer l’espace et je devinais maintenant la silhouette de Violette de l’autre côté, salut partenaire, ça faisait longtemps. Arrivé à ce que j’estimais être la surface au-dessus de la zone indiquée par les porteurs de torche.
“Vous pouvez éclairer par ici ?” lançais-je en tentant de stabiliser ma nage.
Faisceau de lumière artificielle qui tranche l’obscurité des profondeurs. Impossible de savoir ce qu’il se cache dans le renfoncement. Il fallait croire, il fallait avoir la foi. Voilà peut-être une épreuve que Ader’rhazak avait aussi pu compléter. Se laisser aller, plonger dans l’inconnu et croire en la protection des Douze pour la suite. Ainsi je plongeais, non sans avoir pris une dernière grande inspiration, l’odeur poussiéreuse de l’eau vint chatouiller mes narines en même temps. Je m’étais relativement préservé jusque-là, mais plus vraiment le choix.
Je m’immergeais donc complètement. Rentrant dans un monde de silence qui n'appartient qu’à moi. Refusant d’ouvrir les yeux dans pareille eau, j’avançais à tâtons, me fiant à la zone lumineuse à travers mes paupières jusqu’à retrouver le fameux renfoncement. Je me montrerai digne de Leurs regards et de Leurs épreuves. Car pareil lieu ne pouvait jamais être qu’un temple. Un temple secret, un temple précieux, où seuls les plus pieux pouvaient venir se recueillir. Quelle farce du destin avait ainsi mis une mercenaire et quelques pilleurs de secrets sur la trace de ses Pyramides ? Voulaient-Ils aujourd’hui offrir Leurs grâces aux pêcheurs ?
Je plongeais ma main dans le renfoncement pour y trouver une poignet. La suite coulait de source, mais il me fallait quand même prévenir les autres. En plus, même si ce n'était pas profond, la déscente avait été lente et à taton, j'avais besoin de reprendre l'air. Je remontais donc en finissant de vider mes poumons. Une grande bouffée d'air que j'aurais espéré frais me fit l'effet d'un haut le coeur. "Il y a un mécanisme sous l'eau, tonnais-je, que quelqu'un aille vérifier de l'autre côté aussi."
Quand à moi, il fallait que je sorte d'ici, nez sensible vous comprenez ? J'étais bon pour avoir cette sale odeur sur moi pendant un moment et ça ne m'enchantait guère. Je m’apprêtais à replonger, difficile de savoir combien de temps ça leur prendrait de vérifier de l'autre côté et, du miens, je ne voulais pas risquer de ne pas retrouver le petit renfoncement dans ce bassin rance. Tête à nouveau sous l'eau, j'avançais cette fois encore plus lentement comme la lumière devait être focalisée de l'autre côté.
Après un moment privé de mes sens qui me parut interminable, je retrouvais mon chemin. Saisissant la poignet, je la tournais, imaginant qu'ils devaient être à peu près en place de l'autre côté.
Sauf qu'après moi, le déluge.
- Résumé:
- Arno laisse son sac à Seraphah avant de plonger dans l’eau. Il laisse Jaruk en arrière avec le groupe.
- Action discrète de petit singe: Pendant que tout le monde est plus attentif à ce qui se passe dans l'eau, la nature curieuse de Jaruk le pousse à fouiller dans les affaires de tout le monde. Maudit chapardeur.
- Arno nage jusqu’à la surface au dessus renfoncement observé à gauche. Après un instant pour retenir sa respiration, il plonge pour sonder le renfoncement.
- Il met sa main dans le renfoncement, prêt à la retirer s’il sent quelque chose de louche.
- Sentant un mécanisme, il remonte annoncé la nouvelle au groupe, les enjoignant à vérifier l'autre côté avant de replonger.
- Il actionne le mécanisme qui libère de l'eau.
- Arno laisse son sac à Seraphah avant de plonger dans l’eau. Il laisse Jaruk en arrière avec le groupe.