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[Event] Assaut sur la tour hantée

[Event] Assaut sur la tour hantée - Page 3 Brandw10
Dim 19 Nov - 17:30

Maître du Jeu

Tandis que Chaya, Lewën et Aharon s'intéressent à l'étrange dispositif autour de vous, Amir prête main forte pour contenir le flot d'élémentaires et protéger la sortie. C'est finalement quasiment tous sains et saufs que vous quittez la pièce, refermant la porte en bois dans la foulée, aussitôt figée par la glace des élémentaires. Malheureusement, le temps de retrouver ses esprits et rejoindre le groupe, Ryker a écopé d'une gelure ; il n'est d'ailleurs pas le seul à ne pas être ressorti indemne de l'affrontement, car Chaya aussi a écopé d'une brûlure par le froid à la cheville. Vous profitez donc du calme relatif de cette pièce aux allures de laboratoire pour retrouver votre souffle, tandis que votre commandant l'inspecte furtivement.

Une bonne minute s'écoule avant que le pas d'Amir ne redevienne lourd et que celui-ci ne baisse ses armes, indiquant l'absence de danger imminent. Toutefois, ce n'est pas sans une moue de dégoût qu'il relève un draps pour observer un des corps allongés sur une civière et s'assurer qu'ils ne bougera pas. Les plus proches de lui parviennent à discerner un cadavre statufié, partiellement transformé en cristal : ces parties-là ont été bien préservées, bien que déformées par les protubérances cristallines, tandis que le temps a fait son œuvre sur le reste, ne laissant dans certains cas que des os apparents. Sur une des étagères présentant de nombreux bocaux aux contenus au moins aussi répugnants, une des rares étiquettes encore lisible indique le mot « peste » en lettres capitales.

A cette lecture, la réaction d'Amir est sans appel :

« - Partons d'ici. »

Chaya, tu te doutes que là encore, il en sait plus qu'il n'y paraît. Si quelqu'un s'est renseigné sur l'histoire du Royaume de Bomhor, il peut deviner ce dont il s'agit. Soigneusement, le commandant de l'opération entrebâille la porte pour s'assurer que le couloir qui suit est bien désert ; c'est comme s'il n'y avait jamais eu de Jiangshi. Peut-être sont-ils encore dans l'autre aile ? Puis il s'aventure le premier à pas de loup et vous invite d'un geste de la main à le suivre, ignorant les difficultés des blessés. Il ne fait aucun doute que si cela s'avère nécessaire, il les laissera derrière pour ne pas compromettre la mission.

Vous poursuivez votre chemin jusqu'aux escaliers ouest sans rencontrer de forme de vie. De temps à autre, vous entendez un râle venant d'une pièce à proximité, d'un couloir périphérique, mais sans trouver de Jiangshi sur votre chemin... par chance pour ceux qui auraient du mal à courir. Si l'un d'entre-vous jette un œil à travers une fenêtre avant que vous ne vous engouffriez dans l'escalier, dont la partie écroulée sur plusieurs étages jusqu'au premier commence ici. Avec une preuve tangible que ce n'était pas un accident : vous pouvez identifier le corps d'un mort-vivant à moitié enseveli sous les débris en contrebas, ainsi que des traces de pas sur la moitié restante du palier où vous vous trouvez.

« - Le sol a l'air fragile, faites bien attention à où vous mettez les pieds... » indique l'aramilan en se mettant à longer le mur opposé, évitant bien le centre de l'escalier qui monte.

Passée cette ultime épreuve d'équilibriste, à éviter les fissures dans la pierre et à vous demander comment vous allez bien pouvoir quitter ce lieu maudit, vous parvenez deux étages plus tard à ce qui semble être le sommet de la tour. Devant vous, des portes coupe-feu jadis cadenassées par des chaînes à présent brisées. De quoi donner le ton, ce qui n'empêche pas Amir de poursuivre et s'aventurer... dans une vaste salle circule au centre de laquelle se trouve un étrange appareil aussi massif qu'impressionnant de technicité. Comme si elle était encore alimentée en énergie, la pièce est faiblement éclairée par des myriades de spots aux murs et au plafond, aux motifs curieux, rappelant le style des immeubles de bureaux épistopolitains.  
HRP:
Dim 19 Nov - 19:55
Museler une Nebula était une épreuve épuisante, qui nécessitait une concentration à toute épreuve. Un défi que relevait Ryker chaque jour depuis plus de dix années. Mais depuis qu’il avait bu la substance confiée par Réno, cet effort était devenu encore plus éreintant. Ainsi, à l’instar de nombreux Patrouilleurs eux aussi touchés par la Brume, il avait développé une capacité à se verser dans l’oubli qui lui permettait de se livrer corps et âmes dans un combat. Pour n’être enrayé en rien, pour ne plus retenir ses coups. Pour certains, cela pouvait passer pour de la folie. Pour d’autres, ce n’était qu’une facette de l'étrangeté de ces Morts Gris. Les lames du Patrouilleur frappaient et taillaient les morts-vivants comme s’il avait fait cela toute sa vie. La hargne de sa Nebula, sa haine de tout ce qui n’avait pas été touché par la Malice, se versait en lui. Il irradiait de son pouvoir et chaque impulsion vibrait en accord avec ses arts martiaux. Son rire s’accentua lorsqu’un tas d’os et de chaire décomposée s’empila face à lui. Les impacts répétés des lames de Ryker parvinrent à tenir la horde quelques secondes, juste assez. Il était leur rempart, il les protègerait : c’était son serment de Patrouilleur. Dans la Brume, dans la Mort.

Mais alors qu’il hurlait de rage envers cette créature qui rôdait aux abords de son esprit, il sentit des mains s’emparer de lui, le contraindre vers l’arrière. On le poussa, le bouscula et un froid intense le suivit. L’adrénaline le quitta peu à peu et le souffle court, il s’adossa au mur pour reprendre ses esprits. Il avait sué au travers de son armure et les mailles laissaient exhaler de lui les vapeurs de sa sueur. Il versa la tête en arrière, serra les dents pour faire refluer Lestat en lui, reprit les armes contre sa vieille némésis. Elle était bien plus forte, mais elle craignait tout autant que lui de mourir ici. Quelque chose la freinait et la traumatisait. Il repensait sans cesse à ce foutu Liechi qui le taraudait à chaque recoin, qui rôdait dans les limites de son champ de vision. Son cœur manqua quelques battements. Il fronça les sourcils, sa main agitée de soubresauts. Le Liechi que lui seul voyait, rôdait aux recoins de son esprit. Le harcelait, le poussait à bout. Cherchait à le faire sombrer dans la folie.

- La malédiction du Guetteur. cracha-t-il indistinctement entre ses dents, tandis que les mains de Lewën se posait sur ses tempes.

Le Patrouilleur sursauta, son environnement se brouilla et Lestat profita de la faille pour faire musarder sa vilénie en dehors de son contrôle. Il ne comprit pas ce que faisait le médecin, et la lourdeur de la révélation qui venait de se faire à lui lors de leur bref répit faillit lui coûter un mouvement incontrôlé de violence. Il attrapa son épée mais …

- Qu’est-ce que tu fous Lewën ? s’exclama le Patrouilleur en se massant la joue pendant que le médecin lui attrapait l’armure. Je vais bien, je t’assure. J’ai … juste chaud et je reprends mon souffle. Je … ahem … j’ai consommé une corne de nebula avant de venir avec vous : ma nebula est plus forte mais ce n’est rien. Je ne pouvais juste pas concentrer mon attention sur elle pour me battre. Je vais bien, je te promets. Très bien même. lui assura-t-il avec un hochement de tête.

Il croisa le regard des autres qui semblaient, eux aussi, le prendre pour un fêlé. Bon, ça c’était le cadet de ses soucis. Sa main se serra sur la garde de son épée lorsqu’il aperçut une fois de plus le crâne aux yeux incandescents qui l’observait du coin du regard. Le froid s’intensifiait et il ne perdit pas de temps à mirer l’étrange apparition mais s’occupa à allumer une nouvelle torche. L’autre avait plus que servi, il en avait encore deux autres qu’il espérait valoriser en plus de celle qu’il venait d’enflammer. Il les observa jouer avec l’outil et reconnu vaguement planètes et étoiles mais il n’était pas assez cultivé pour comprendre ce que cela signifiait. Comprendre les mystères de l’univers quand on avait la Brume à gérer c’était superflu : des problèmes de gens qui n’avaient jamais été mordu par celle-ci. Ou presque. Il leva sa torche à peu près au même moment où Jérémiah nomma la nouvelle menace et que son chien purulent se taillait, ses griffes marquèrent le sol avec des sons stridents.

- J’ai pas sombré, vieil ami. répondit-il à Artémis. Comment penses-tu que j’ai pu survivre aussi longtemps dans la Brume si je n’avais pas quelques atouts ?

Les deux hommes se toisèrent, Ryker un peu honteux de révéler ainsi sa part de folie, ce que la Brume avait imprimé en lui. Il avait entrouvert la porte sur une facette de son être qu’il n’appréciait pas, et qui avait plus souvent fait surface qu’il ne l’avait désiré. Une violence réprimée et enfermée derrière des années de traumas vécues dans la Brume. Il soutint le regard d’Amir. Il comprenait, il en avait la certitude. Ryker n’était qu’un homme, pas même doté de pouvoirs extraordinaires comme la majorité de ses compagnons. Il lui fallait quelque chose de plus pour survivre, quelque chose d’aussi sinistre que la Malice. Mais ils n’avaient pas le temps. Déjà le Patrouilleur dressait sa torche devant les élémentaires. Les scientifiques, ou ce qui y ressemblait, semblaient fascinés par les lumières de l’appareil qui les surplombait.

Une sorte de dispositif technologique et magique circulaire qui faisait écho à certains des dires sur cette funeste tour : le Planétarium. L’objet pouvait, en effet, être fascinant : de multiples cercles métalliques aux formes ésotériques se rejoignaient pour former une image fictive. Une sorte de carte. Il savait qu’il y avait un lien avec l’étude des astres, mais surtout que l’endroit était dangereux et que la quête du savoir ne valait rien si la mort nous cueillait en plein milieu. Les griffes des élémentaires sillonnèrent les murs et craquelèrent l’air tandis que la sueur du Patrouilleur se cristallisait sur son dos. Un littéral frisson glacé couru dans son dos tandis que ses comparses fracassaient ce qui semblait être la seule issue : épargnée par l’ire des éléments. Il héla les trois curieux de se dépêcher une fois la porte ouverte, à la suite d’Artémis et Jérémiah.

- Pas le temps ! Bougez-vous ! grogna-t-il, pendant que Nemeth jouait avec la carte pour agrandir l’échelle et observer toujours plus.

Lewën s’en mêla, parlant d’une sorte de passage que le Régent aurait pu prendre. Ryker fronça les sourcils. Le Régent n’était-il pas passé par le passage effondré ? Il écarta cette idée : il n’était pas un homme de sciences et mieux valait ne pas se faire des nœuds au cerveau dans pareille situation.

- Putain, Lewën bouge de …

Une forme élémentaire s’était dessinée dans l’obscurité et, plus maligne que ses comparses, avait rôdé au sol pour échapper à leur surveillance. Elle se dressait derrière le médecin, qui marqua un temps d’arrêt lorsque la carte afficha une sorte de paire d’yeux dérangeantes. Le corps du Patrouilleur réagit avant son esprit et il déploya sa nebula dans son corps. Il parut apparaître entre le médecin et l’élémentaire, torche en l’air. Sa main droite s’était emparée de ce qui pouvait ressembler à la gorge de la créature. Une couche de glace s'appropria le bras de Ryker avant que celle-ci ne régresse et que l’élémentaire ne soit repoussé en arrière. La bulle de froid éclata et laissa quelques instants de répit aux curieux. Le pouvoir de Ryker avait contré la créature mais cela ne serait que temporaire. Il grogna de douleur et ramena sa main vers lui. La couche de glace disparut peu à peu, mais le mal était fait. Il déplia ses doigts et les referma.

- Et merde, putain … allez, on dégage ! Dépêchez-vous !
ordonna-t-il d’une voix tonitruante, quitte à leur filer des coups de pied au train pour les faire avancer.

Une paire d’yeux incandescents l’observa lorsque la porte en bois claqua lourdement derrière lui. La glace s’occupa de la sceller. Le Patrouilleur grommela quelques insultes bien senties à voix basse et rapprocha sa main engelée de la flamme de sa torche. Il sentait ses doigts rigides, et la douleur lui monter jusqu’au milieu de l’avant-bras. Une souffrance sourde et pulsatile qui ne cessait de s’accroître. Mais il n’était pas le seul à y avoir laissé des plumes. La frêle Nemeth boîtait et sa cheville portait les traces d’une cruelle morsure glaciale.

- C’est bon, j’ai une autre main et j'en ai pas besoin pour marcher. grommela-t-il à l’adresse de Lewën, tout en indiquant la jeune femme d’un signe de la tête. Il leva sa torche et obéit à l’ordre d’Amir, toute cette pièce semblait bien sinistre.

Pourquoi de telles expériences à côté du Planétarium, et pourquoi les élémentaires n’avaient pas apprécié toucher à cette pièce ? Il soupira. Un mystère qui en resterait un. Il observa les jarres et les bocaux à la lumière de sa torche et s’efforça d’ignorer la créature qui rôdait aux abords de sa conscience. Des expériences, des cristaux. Rien de reluisant. Il dépassa les autres, à la fois énervé et décidé à avancer.

- Vous en savez bien assez sur cette tour, Amir. Et sur ces mystères … constata-t-il, se penchant dans l’escalier pour mettre en valeur le jiangshi écrasé plus bas. Mais j’ai l’impression que le fait que le Régent ait pu y survivre est encore plus préoccupant que son contenu ?

Il laissa la question flotter dans le vent, sa main blessée repliée contre lui. Il laissa la petite troupe passer devant lui, constatant un léger recul de la part de quelques membres à présent. Il n’échappait pas à la règle des Patrouilleurs concernant leur santé mentale, quoi de nouveau … En dépit du poids de son équipement il parvint avec assez d’aisance à marcher dans les pas du caravanier et son agilité lui permit de s’en sortir sans trop de difficultés. Ils parvinrent dans une salle assez étrange, qui jurait un peu avec le reste de la tour. Une sorte de décor qui lui rappela bien trop Epistopoli mais cela restait très ancien. Encore allumés, mais avec quelle énergie ? Il laissa le soin aux autres de relever les traces et indices, s’assura que personne n’empruntait de route derrière eux. Il avait un sentiment sinistre, qui s’accordait avec la présence qu’il sentait rôder aux rebords de son esprit. Il risqua un regard arrière et se retint de sursauter. Il était encore là. Il y avait ici quelque chose qui avait retenu la Brume et le Liechi à l’extérieur. Peut-être qu’il y trouverait une solution à son problème …

- Il y a encore de la lumière, et une source d’énergie qui les nourrit … Après tout ce temps … Il a dû se passer des choses encore plus sinistres ici que vous ne le pensiez, Amir … commenta le Patrouilleur, sur un ton qui avait laissé bien loin derrière lui la folie meurtrière qui s’était déroulée sous leurs yeux quelques minutes plus tôt.

Il inspecta les commandes, tenta de déterminer leur usure mais il n’avait pas grande expertise là-dedans. L’escalier en métal semblait les mener à l’étage supérieur et les portes leur faisant face paraissaient verrouillées de l’extérieur. Il soupira : cette machinerie lui était inconnue et il n’avait pas la moindre idée sur comment l’utiliser. Il y avait encore de l’énergie, c‘était certain : le Régent avait connaissance de ce qui se tramait là et le plus urgent était de le retrouver. Il se cantonna à sa position en fin de groupe. Le Patrouilleur entreprit de dégrafer son gantelet pour observer l’étendue de sa blessure tandis que les autres allaient au train de leurs conjectures. Il jura tout bas en constatant les dégâts. Son annulaire et son auriculaire droits étaient gonflés et rouges, encore sensibles mais avec de graves gelures. Le reste de sa main était couvert de rouge et d’aspérités bleutées à rouge, gonflées d’engelures sur le reste de ses doigts. Il pouvait encore bouger trois de ses doigts mais les deux autres répondaient à peine. La peau avait presque cédé lorsqu’il avait ôté son gant, lui causant une douleur qui avait failli lui arracher un cri. Il croisa le regard de Lewën. Il ne fallait pas être médecin pour se rendre compte que c’était grave et qu’il ne pourrait probablement plus manier son arme de cette main-là.

Il s'était approché d'une rambarde en métal pour mener l'inspection de sa blessure, concentré sur sa douleur. Il continua d'essayer d'en déterminer la gravité quelques instants mais lorsqu'il remonta les yeux, une étrange tâche sombre attira son regard un peu plus loin. Le Patrouilleur fronça les sourcils. Il avança flamme en avant, la lumière se refléta dans le poisseux carmin. La balustrade, aux enluminures métalliques stylisées, gouttait encore. Une goutte après l'autre. Avec douleur, sa main blessée se posa sur la garde d'une dague. Il s'avança. Retenu par son nerf optique, un oeil se balançait dans le vide. Ryker se baissa au bord du sang, découvrit une touffe de cheveux encastrée dans le métal. Il posa la torche contre la rambarde et toucha le liquide de ses gants. Pas encore coagulé. Il soupira, reprit la torche et se leva. Il la bascula par-dessus le rebord en métal et révéla des fragments épars de chair : un oreille déchiquetée contre une poutre, une main fracturée un peu plus bas. Puis des morceaux de tissu, lacérés et gorgés d'hémoglobine. Il grimaça, se pencha davantage.

- Pauvre vieux ... murmura-t-il, lorsqu'il s'avança et contourna la flaque de sang.

Il se rapprocha de la trace organique, suivit les marques rouges le long du métal pour remonter le liquide qui s'épanchait d'un angle. Il serra les dents, son estomac se contracta. Dix années dans la Brume à ramasser des corps éviscérés, putréfiés. A combattre des monstres capables de réduire un être humain à l'état de charpie en quelques coups. Mais là ... là, il n'avait jamais vu cela. Le long de la grille pendait des boyaux et des tendons. Le foie avait été éclaté et la vésicule pendait, misérable, avec une odeur rance désagréable. Le dernier tractus digestif du mort était révélé à divers états de digestion, ses intestins maculant le bord de l'étage auquel ils étaient. Car en-dessous, lorsqu'il se pencha, il éclaira un déroulement d'organes déchirés par une force d'une rare violence. Les tendons étaient encore là et retenaient le corps en une structure malveillante. Il frémit : ce qui avait fait ça était gorgé de haine et de vice. Une créature aussi malsain que cette foutue Tour. Il se pencha, tout de même. Sous eux trônaient des centaines, voire milliers, d'ossements. Tout autour : sous la grille sur laquelle ils marchaient, et dans toute la salle.

- J'ai trouvé la suite de l'escorte. Et le garde-manger. annonça-t-il, conscient que seule sa résistance aux monstruosités de la Brume lui avait épargné de s'évanouir face au carnage, ou de rendre son dernier repas.

HRP:


Dernière édition par Ryker Lestat le Mar 21 Nov - 18:40, édité 2 fois
Mar 21 Nov - 18:31



Assaut sur la tour hantée

Event


La porte se referme sur la horde. Un cauchemar dont il faudra extirper le Patrouilleur, bien après que la porte ne se soit refermée. D’autres s’en occupent. Ils ne sont pas seuls ici et le cauchemar auquel ils ont échappé sera bientôt remplacé par un autre. Les murs se couvrent de glace et les voix se font pressentent, il faut bouger, trouver une porte de sortie ou s’en créer une. L’urgence, le danger, dansent autour de la silhouette de Nemeth sans parvenir à effleurer son esprit. Ses yeux sont captivés, son âme obnubilée. Quel est cet appareil ?

Non. Ce n’est pas la bonne question, Nemeth.


Quelle est cette planète ?

Elle trône majestueusement comme une évidence. Ronde. Couverte d’océans et de continents. Tout à fait et totalement ronde. La caravanière lève timidement une main vers l’étrange planète, arrête son geste. Qu’était cette chose noire ? Dans le ciel constellé, un trou avait été percé qui absorbait toute lumière. Ses yeux étaient déjà fascinés mais ses doigts hésitaient. Avait-elle le droit ?

Car Demephor, par sa Connaissance, gratifia les hommes d'une goutte de savoir pour éclairer leur chemin, suffisante pour ne pas les noyer.

Cet engin était-il une partie de cette goutte ? Ou finirait-elle noyée si elle s’aventurait dans cet océan inconnu ? Une autre dextre se tend, brisant le dilemme et plongeant les observateurs dans le trou noir. Un tunnel d’obscurité dont ils ne verraient pas le bout. N’avaient-ils pas discerné une lumière ? La salle est brusquement plongée dans le noir alors que l’hologramme disparait abruptement. Avaient-ils endommagé la machine ? Ou en avaient-ils trop vu ?

Au moment où la question se murmure dans la conscience de la pieuse, une grande paire d’yeux apparaît au beau milieu de l’obscurité totale, projetée par l’hologramme, elle transperce Chaya qui joint immédiatement ses mains en signe de piété. Statufiée, ses lèvres tremblent sur une prière qui ne parvient pas à faire vibrer ses cordes vocales.

Que Déméphor lui pardonne.

L’engin se remet en fonctionnement, l’image change à nouveau et affiche cette fois la planète telle qu’ils la connaissent, torique. Les sons et l’agitation alentour reviennent aux oreilles de Nemeth mais, la jeune femme est incapable de bouger.

Déméphor.
Ou Hulule ?

Ses doigts blanchissent, ses lèvres bleuissent. Ses yeux effarés se tournent vers Amir. Qui étaient-ils venu chercher ici ? Ses mains se referment sur les deux côtés de sa tête. Le mandebrume. Les restes de la citerne. La Brume sur Dainsbourg. Le treizième cercle. Le Dieu de la connaissance. Symbole de la cité des sciences. Royaume conquis. Le Régent.

Les dernières briques tombent en morceaux aux pieds d’Artémis alors que Nemeth regarde fixement le sol, cachée derrière ses mains, horrifiée. Noyée.

- Nemeth !

Une voix appelle ce nom qui n’est pas le sien et une main se saisit de son épaule pour la tirer en arrière. Il est trop tard. Un élémentaire s’est saisi de sa cheville. La caravanière n’a pas réagi. Le puzzle prend trop de place dans son esprit, pourtant cette pression sur son épaule, pèse de tout son poids, l’ancre dans la réalité et l’urgence qui la rattrape. Le froid gagne son épiderme, rapidement suivi par la douleur, l’étreinte est tranchée mais le mal est fait. La caravanière reste silencieuse, la mâchoire serrée, habituée à encaisser la douleur, mais sa cheville gauche ne répond plus. Une caravanière boiteuse et un patrouilleur fou, leurs chances de survie s’amenuisaient à mesure que le temps s’écoulait. Et qu’ils montaient dans les étages de cette tour infernale.

Amir passait en tête, pressé, déterminé à être le premier à découvrir ce que la suite leur réservait. Le regard de Nemeth sur la nuque de son compatriote se fait plus tranchant mais l’heure n’est pas aux questions. Ils traversent une nouvelle scène d’horreur et débouchent sur ce qui pourrait être.. le dernier étage.

Résumé:
Mar 21 Nov - 23:25

La tour des Ases

Event




Même s’il se comportait étrangement avec lui, Artémis était un peu gêné par la blessure de son camarade. Ryker souffrait d’engelures et, sans même à devoir vérifier, on pouvait se doutait qu’il ne s’agissait pas d’engelures naissantes après avoir trop joué avec de la neige. Les élémentaires ne rigolaient pas, en général. Qu’importait l’élément en question, ils attaquaient pour tuer. Dans ce bloc opératoire absolument abominable, le vagabond semblait quelque peu dérouté par tous ces événements. Pas encore désespéré, la dernière expédition au cœur du Dainsbourg fut toute aussi chaotique. Jessamy pouvait en témoigner. Cependant, ici, les horreurs ne semblaient pas avoir de limite. La suite ira malheureusement confirmer cette impression.

La bande d’Amir continua son ascension, certes dangereuse avec cette étape qui nécessitât des compétences d’équilibriste. Le Portebrume observa le mort-vivant enseveli et s’arrêta brièvement sur les traces de pas. Inutile d’utiliser son cristal de Cognition pour imaginer ce qui a pu arriver. La cause n’était pas l’usure du temps. Ils parvinrent dans une grande pièce. Un calme absolu. Une riche décoration, toujours détériorée par le temps, donnant un aspect majestueux à cette terrifiante tour. Cette pièce, normalement sombre, était éclairée par quelques spots, rappelant certainement à chacun les technologies d’Epistopoli. A son centre, un appareil imposant que le vagabond ne connaissait pas le moins du monde. Etant donné l’aspect étroit de l’étage, l’opalien d’origine se demanda s’ils n’avaient pas atteint le dernier étage. Sans plus de questionnement.

Ryker ne se privait pas en questionnement auprès de l’aramilan qui, pour le moment, ne daigna guère répondre. Il était vrai que cette source d’énergie qui alimentait encore ce bâtiment désaffecté était un mystère. Pour la seconde fois, Artémis songea à la source d’énergie au cœur du labyrinthe. Si elle alimentait le Liechi, peut-être en faisait-elle autant pour les technologies ici présentes. Contrairement au Dainsbourg où des mystères se trouvaient, la tour d’Yfe semblait en regorger d’infiniment plus nombreuses.

« Que nous réserves-tu encore, tour d’Yfe ? », marmonna dans sa barbe le Portebrume.

Un œil toujours porté vers son ami Patrouilleur, Artémis le vit s’éloigner. Au début, il l’observa de loin. Tel un félin, il s’était éloigné pour panser ses plaies, ou plutôt pour les constater d’un peu plus près. Cependant, le vagabond fronça les sourcils quand il vit son ami se focaliser vers d’autres choses, décalant par-dessus la rambarde. Discrètement, le Change-Peau se déplaça à pas de loup pour vérifier ce qu’il se tramait. En se rapprochant, l’odorat du canidé manifesta une odeur bien trop familière. La mort empestait. Du sang. Beaucoup de sang. Il fut même étonné de ne pas l’avoir senti plus tôt. Plus aucune hésitation sur la marche à suivre. Du sang coulait encore sur le grillage. Du sang frais. S’il ne s’agissait pas de chaire humaine, Œil-De-Nuit aurait certainement manifestait son envie de chasser. Ce ne fut pas le cas. Artémis posa sa main sur le plasma disponible.

Artémis connut la transmission la plus brève depuis ses débuts. La réception des images ne dura qu’un temps. Il se sentit partir. Aucune image. Du moins, rien de ce qu’il vit ne lui fut inconnu. Les murs de la pièce, l’engin au milieu, les spots… Ce fut tout. Le temps d’un seul instant, un éclair, quelque chose d’indiscernable le coupa, le trancha, sur plusieurs points qu’il put identifier ? Qui ? Où ? Comment ? Les réponses ne lui parvinrent jamais. Il sentit son corps se fendre et la vie le quitter.

Réveillé par l’alerte de son ami, Artémis se palpa mécaniquement le corps, s’assurant de ne pas avoir subi les attaques qu’il avait ressenti plus tôt.

« Par tous les dieux. », pesta le vagabond. « Quoi que ce fut, je vous l’assure, priez pour que Dieu nous en préserve. »

Après un bref instant, probablement le temps de faire tri dans son esprit, le Portebrume reprit la parole à l’adresse de l’aramilan : « Si tu as des choses à nous dire, c’est peut-être le moment, Amir. Ce sera peut-être même ta dernière occasion de le faire. Qu’est-ce qui nous attend ? Cette chose responsable de cette horreur, qui est-elle ? C’était… rapide, précis et malicieux. Ce que j’ai pu ressentir et ce que témoigne ce désolant spectacle, c’est que notre ennemi est fait de rage. »

Place aux paris. Qui était-ce ? Un Miroitant ? Amir nous le dira. En tous les cas, l’avenir permettra d’élucider ce mystère. Et l’ermite en avait peur. Pas nécessairement de l’ennemi, mais bien des potentielles victimes. La seule qui pouvait probablement s’en sortir indemne, non sans ressentir la douleur, c’était Jessamy. Et pour cela, le vagabond s’en réjouissait. Quant aux autres, plutôt sympathiques dans l’ensemble, risquaient tous de mourir d’une affreuse manière. Si chacun savait que le mort le guettait depuis l’acceptation de cette mission, on ne le réalisait que lorsque cette dernière se présentait réellement. Venait ensuite l’instant des regrets.

Si le danger était visuellement absent, Artémis le sentait tout proche. Sur ses gardes, il gardait sa main sur le pommeau de son épée accrochée à son dos, prêt à dégainer. Il scruta calmement chaque recoin de la pièce. Le regard empli de rage, le vagabond expérimenté dégageait néanmoins une certaine sérénité. Ce n’était pas la première fois et, il l’espérait, pas la dernière non plus.




Résumé :
Mer 22 Nov - 7:50



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


Keshâ était incroyablement fatigué de lutter sans horizon. Tout cet enchaînement incongru ne semblait être qu’une farce indigne. Elle ne leur laissait même pas le temps des larmes. Peut-être même étaient-ils déjà morts sans s’en rendre compte ?

Engouffrés derrière cette immense porte d’acier salutaire, les gaillards du groupe trouvèrent quelques étagères et promontoires métalliques à jeter comme barrage dérisoire aux Jiangshi. Leurs râles furieux raisonnaient toujours à l’intérieur de son crâne. Et leurs poings ferraillaient contre l’attelage bancale sans faiblir. Combien de temps tiendrait ce verrou de fortune face à la horde ?

Il n’eut pas vraiment le temps de panser sa blessure à l’avant-bras. L’épaisseur de ses fourrures l’avait protégé des griffes tranchantes du Jiangshi. Il avait néanmoins l’impression que sa chair le cuisait et qu’elles étaient parvenues à traverser en certains endroits malgré ses bracelets de cuir. Ou alors n’étaient-ce que de pugnaces ecchymoses. C’était un miracle qu’elles ne lui aient pas broyé les os du bras. Il pensait saigner quelque part, malgré tout. Pas le temps de vérifier, il faudrait laisser le froid grandissant ralentir le flot sanguin et l’écarlate coaguler contre ses vêtements. Car le chant de la glace s’élevait. Des fleurs de givres partout s’épanouissant sur les murs. Et de magnifiques lueurs ouvrant un ballet à la beauté subjuguée.

Sa main gauche puise son holographe dans la poche latérale de son sac à dos afin d’enregistrer cette démonstration de savoir millénaire :
-« Nous sommes parvenus au cinquième étage de la tour d’Yfe. Tous vivants. La Brume s’est retirée. Nous venons juste d’échapper à une horde faramineuse de Jiangshis : des dizaines et des dizaines venant de tous côtés… Et sommes réfugiés dans une salle qui était sellée au 5ème étage. Elle semble bien plus vieille et belle que la prison qu’on nous a décrit… Aucun signe de vie du régent. On a vite retrouvé ses hommes morts, d’abord le pilote aux commandes du zeppelin, un soldat broyé par des haies vivantes. Nous avons vu l’abomination, le Liechi. Encore un autre mort… Lui ne peut mourir… On dirait qu’une présence intelligente est à l’œuvre et orchestre tout… »

Il ne savait pas ce qu’il espérait faire : reprendre le contrôle du récit, témoigner de ce que personne ne voudrait croire malgré les dessins de Nemeth. Ou seulement réchauffer sa voix dans l’espoir d’être capable de chanter le moment venu, même si c’était la dernière chose qu’il voulait. Car il se sentait anéanti.

En contournant le ballet des planètes, il prenait la mesure de cette découverte incommensurable. Tant de savants auraient tué pour pouvoir assister à ce spectacle. Seraphah aurait voulu être là en tout cas. Peut-être reviendrait-il s’il parvenait à réunir assez de preuves ? Même si le glacier devait devenir son dernier tombeau. Il pivota l’holographe vers lui, pour ne plus se trouver dans son angle mort.

-« Seraphah, Maëlstrom, si vous entendez ce message… sachez que… je me suis battu. » En arrière-plan, Nemeth et Lewen jouaient de la poésie silencieuse des constellations et identifiaient le trou noir aux côtés de la planète sphérique. Son souffle devint visiblement glacé tandis que les poils de ses narines gelaient sur place. Mais il ne cédait rien de cette immersion fascinante au fond de laquelle plusieurs avaient plongés.

-« وقتی پایان فرا رسید، به خاک نرو، به سوی ستاره ها برو – (Quand viendra la fin, ne va pas à la poussière, va aux étoiles)», murmura-t-il en andoleïa. « C’est magnifique. La connaissance contenue dans cet édifice est fabuleuse. »

-« Elémentaires ! » L’alerte recentre l’attention du jeune homme au présent immédiat. Jeremiah est en train de dégommer des sculptures de glace vivantes qui rampent vers eux. Sa main tremble de froid sur l’holographe. Mais la sortie identifiée qui se découpe géométriquement dans la glace ne lui inspire que trépas. Que peut bien se cacher derrière pour que de telles créatures l’évitent à tout prix ? Il capture, impuissant, le combat d’Artemis et Amir contre la glace, appelant Ryker à la raison.

Un craquement signale l’épanouissement d’un homoncule face à lui. Le front vient à lui. C’est avec brutalité que la silhouette se hérisse d’épieux propres à le transpercer. Il esquive de peu en tombant à la renverse, tandis que son holographe roule sur le sol. A peine l’a-t-il rattrapé qu’il crie :

-« Lewen ! Derrière ! »

C'est un peu comme si son reportage l'avait placé à la périphérie du groupe et qu'il était rattrapé par les événements. Mais lui aussi est consumé jusqu’aux tréfonds par cette paire d’yeux dévorante. Par ses flammes éthérées d’outre-monde dans le planétarium obscurci. Elle semble le connaître, lui, dans toutes ses cellules et jusque dans ses moindres pensées. Le cri du patrouilleur le ramène à l’horrible réalité. Le voyant blessé, il accourt vers le reste de la troupe, sème un autre élémentaire, qui le darde d’une rafale de projectiles acérés. Son sac à dos a protégé ses arrières ! Dans son élan, il hèle, « Nemeth ! » et l’emporte, car elle est restée figée. Il a beau courir, Ryker doit juger que ce n’est pas assez car il reçoit une bourrade le propulsant à travers la porte.

Mortifié par les blessures de Ryker et de Nemeth, il n’a pas le luxe de ralentir dans cette antichambre de l’horreur. Sa main levée au-dessus des dépouilles cristallisées et des flacons infâmes, il respirait déjà à peine avant de déchiffrer dans un éclair le mot « peste », qui le condamne à l’apnée.

Les couloirs les laissent à la merci de la horde de Jiangshi. Keshâ désactive l’holographe pour se concentrer sur le franchissement d’obstacle. Collé au mur, il transfère son poids à pas agiles, soulagé de son faible poids. Mais pas de la peur d’une chute fatale.

La salle où ils arrivent est vide, ce qui est un profond soulagement. Le genre de sentiment qui ne dure pas par ici. Loin de fureter en vain, Keshâ sort de sa ceinture en bandoulière une potion de soin, qu’il entend remettre à Nemeth. Mais Lewen l’arrête d’un regard et désigne en silence le patrouilleur. Un hochement de tête d’assentiment, le jeune homme entend bien restaurer les forces vives de leur équipe tant qu’il le peut encore.

Se rapprochant de lui, son odorat est heurté par l’odeur putride des viscères et il rend le contenu de son estomac. Ignorant fermement tout ce qui se trouve autour de lui, il regarde droit devant, laissant sa vision se brouiller. Si son esprit est réprimé et empêché de comprendre, son inconscient sait. Son regard devient humide, ses paumes transpirent. Un vertige écœuré pulse dans les nerfs de ses paumes, de ses pieds et de son crâne, plein de fourmillements. Chacun de ses pas est lent, hésitant, mais il tient bon, fixant le dos du patrouilleur, jusqu’à le rejoindre, en dépit de son avertissement.

Sa main attrape doucement son poignet, mais le ton est sans réplique.
-« Vous nous avez sauvé au planétarium. Nous avons besoin de vous, Ryker. Laissez-moi être là pour vous, maintenant. »
dit-il d’une voix atone au milieu d’un visage fantôme.

La seringue pénètre à la base du poignet du patrouilleur et délivre son contenu vert arsenic. Les artérioles pulsent de chimie et de magie, pour mieux réchauffer ses terminaisons nerveuses et sa peau suppliante. Cela ne va pas sans prix :  une douleur exquise crispe ses traits, mais les signes de régénération miraculeuse sont déjà perceptibles.

Keshâ, lui, se détourne, une main pausée sur la rambarde, les yeux clos, dans une transe sereine. En dedans tout n’est que tremblements et vertige diffus. Il peine en réalité à respirer, de par cet aiguillon d’angoisse qui lui troue la poitrine. Une larme roule sur sa joue. Il a réussi à demeurer aveugle et se mure pour ne pas faire face au terrible charnier.

Résumé:
Mer 22 Nov - 18:43

La tour des Ases

Event



Curie éternua quand Lewën se détourna de Ryker. La fumée que dégageait chaque bouche s’épaissit rapidement. Le médecin se plaça aux côtés de Nemeth, fasciné par cette planète ronde. Existait-elle réellement ? Urh l’avait précédé, était-ce le signe d’autres vies … ailleurs ? La technologie déployée semblait dépasser de loin les avancées Epistote, ce bâtiment avait des allures de centre d’expériences en tout genre. Il avança sa main pour toucher le trou noir proche de la planète lorsque les choses dérapèrent. Un cri, une agitation soudaine, des élémentaires attaquaient. Lewën fut submergé par le regard qui venait d’apparaître, le happant dans sa contemplation l’espace de quelques secondes. Le souvenir des yeux dans le vide émergea, réveillant l’angoisse qu’il avait ressenti en entrant dans la tour. Quelques secondes, oui, ce n’est rien et pourtant à cet instant c’était trop. Ryker s’interposa, lui sauvant sans nul doute la vie au péril de son bras. Tout s’enchaîna, Keshâ attrapa Nemeth, le médecin suivit Ryker dont la douleur redoubla sa hargne. Ses croyances étaient mises à mal, lui qui ne croyait guère en la religion et ses Dieux étaient désormais convaincus que des entités existaient bel et bien. Des Dieux ? Peut-être pas … Mais des êtres qui semblaient venir d’une dimension qui lui échappait.
Ils se retrouvèrent dans la pièce suivante, Lewën s’approcha de son partenaire pour voir l’étendue de la blessure et se fit rabrouer. Suivant le regard de Ryker il comprit que Nemeth aussi avait subi les affres des élémentaires. Il plaça le bras de la jeune femme sur ses épaules pour l’éaider à marcher jusqu’à pouvoir prendre quelques minutes pour la soigner. Curie en profita pour ressortir de sa sacoche et gambader à la suite d’Amir qui intima le silence. Un bras cristallisé pendait d’un drap, quel genre d’expérience avait bien pu être pratiquée là encore ?
A l’approche de l’escalier, Lewën s’accorda moins de cinq minutes pour insuffler de l’énergie vitale à la cheville de Nemeth, tout juste le temps que ces coéquipiers passent un par un sur les frêles marches. Il sentit l’énergie réactiver les cellules mortes et les tissus se régénérer légèrement. Il ne put continuer son œuvre sans prendre le risque de perdre le reste du groupe.
- Ça devrait moins te lancer, je te ferai un pansage dès que nous aurons quelques minutes de plus.

Une immense salle s’ouvrit à eux, le calme semblait revenir dans les rangs, ce n’était pas de trop. Curie sautillait sur les grilles pour se percher sur l’attraction de la pièce. Chacun observait les lieux, Lewën en profita pour s’occuper des blessés. Keshâ vint avec une potion de soin, parfait ! Vu l’allure avec laquelle les événements dégénèraient, cela permettait de sauver la main de Ryker. Le jeune Epistote s’approcha de Nemeth, le médecin le stoppa d’un regard pour l’envoyer vers le Patrouilleur dont la blessure, plus grave, méritait un soin rapide. Lui s’occupa de la cheville de l’Aramilane en pratiquant un massage de quelques secondes qui permit au sang d’affluer tout en insufflant de l’énergie apaisante, avant d’apposer un onguent cicatrisant qu’il entoura d’un bandage.
- Ça va ? lui demanda-t-il en l’enjoignant à marcher.

Son regard s’attarda sur le monstre de technologie qui leur faisait face, si Lyanna avait été là nul doute qu’une myriade de suppositions sur leur utilité fuseraient de sa bouche. Elle serait déjà en train de bidouiller l’engin pour en comprendre les mécanismes. A la place il vit Curie sautillait dessus. Le travail rappelait celui Epistote. Et si ce n’était pas la première fois que le Régent venait ici ? Avait-il fait de cette Tour un jeu d’expériences ?
L’absence de Brume se rappela à lui, cette machine permettait-elle de l’éloigner ? De la faire souffrir ?

Ryker fit part de sa macabre découverte, le reste de l’escorte avait subi le même sort que les autres … Lewën vit la pâleur accentuée de Keshâ et se rapprocha de lui non sans avoir rappelé Curie à lui. La musaboise couina lorsque son maître la rapprocha d’une odeur putride bien pire que l’effluve d’Exulo que Lewën dégageait. Le médecin garda son énergie et privilégia de donner au jeune homme une solution buvable à base d’herbes thérapeutiques sucrées.

- De quoi Dieu doit-il nous préserver ? demanda le médecin à l’homme loup avant de voir le cadavre pendant.

On pouvait à peine y déceler ce qui fut un corps. Il détourna le regard, jamais il n’avait vu pareil mort. Il comprenait l’état de Keshâ et retint un haut le cœur. Sous leurs pieds un amoncellement d’ossements inquiéta Lewën. Avaient-ils seulement une chance de s’en sortir vivant ? Et si cette technologie utilisait l’énergie des corps pour s’alimenter ?
”Résumé”:
Sam 25 Nov - 0:16
Sous les coups du loup blanc, la cloison s’effondre avec fracas. Amir l’inébranlable reprend son rôle de meneur ; et Jessamy ne sait si c’est sa prestance impavide ou le règne des élémentaires qui la glace autant. La mutante prend la suite d’Artémis, sans échanger un regard avec la paire d’yeux qui les darde.

D’instinct, elle couvre son nez et sa bouche de sa main libre, à peine après avoir senti les premières notes du fumet putride. Elle connaît trop bien ces odeurs de macchabées, mélangées au musc aseptisé des laboratoires. Une légère plainte exhale à travers ses doigts griffus. Elle a l’impression que sa cage thoracique se rétrécit violemment, comprimant ses organes. Tout en elle se referme. Sa main sur sa canne. Ses pensées sur sa mission. Ses paupières sur ses yeux voilés. Elle n’entend que le froissé du drap qui se soulève, le pas sûr de ses camarades. Le claquement régulier du pied de sa canne sur le sol. La voix de leur mentor qui les délivre du calvaire.

Une fois le pas de la porte franchi, la mutante se délivre de ses propres entraves en soupirant. Son tourment s’est néanmoins déposé sur son visage en une fine pellicule de sueur. La moiteur a aussi contaminé la main qui serre le bec de sa canne à s’en faire mal. Il n’y a pourtant que les échos des morts-vivants pour les menacer — pour le moment. Elle louvoie entre les fissures et les plaies creusées dans l’escalier, sentant la friction sous ses semelles. Son regard est attiré par quelque chose, en bas — un corps de Jiangshi — puis dérive sur les traces de pas qu’ils poursuivent.

« Ils ont peut-être fait exploser l’escalier. », souffle-t-elle.

Son front se plisse. Le cadavre du pilote, les fenêtres condamnées, les marches détruites sur plusieurs étages… Beaucoup trop d’éléments lui disent que le Régent et son escorte sont partis pour un aller simple. Pourquoi ? Pourquoi s’emmurer ici, dans cette tour où tant d’horreurs sont tapies ? Et comment le Régent a-t-il pu survivre, en laissant tant de subalternes mourir dans son sillage ? Ou alors, peut-être sont-ils passés devant son corps sans vie sans le voir. La perspective, énoncée tout haut par Ryker, lui fait grincer des dents. Son propre salut dépend de la survie du maître de la cité savante, elle en est persuadée.

Un nouveau secret se dévoile, une nouvelle pièce, aussi mystérieuse que celle où les élémentaires ont trouvé refuge. La mutante lève le museau vers l’immense appareil qui trône au milieu. Elle se glisse néanmoins sur le côté, laissant ses camarades traverser la porte un par un. Son regard inquiet est hameçonné par la main gonflée de Ryker et par la cheville endolorie de Nemeth. Elle sent que leur combat n’est pas terminé, et plusieurs d’entre eux semblent déjà sur le fil — elle y compris. L’odeur du sang frais lui emplit le nez, et l’architecture macabre décelée par ses camarades ne fait que confirmer ses impressions. Du coin de l’œil, elle ne peut s’empêcher de voir Keshâ’rem faiblir. Plus tôt, il semblait dire adieu à quelqu’un. Quelqu’un à qui il devait tenir. Jessamy se mordille la lèvre. Cybèle la maudirait sur des générations, si elle savait quelles épreuves elle devait encore traverser, aussi immortelle soit-elle. Elle se glisse à côté du marmoréen, figé sur la rambarde. Les yeux clos, et pour seule expression la tristesse qui roule sur sa joue.

« Longue journée, hein ? », fait-elle, son visage fendu d’un maigre sourire.

Jessamy se fait présence spectrale, suffisamment proche pour l’effleurer, écume sur la pierre. Plus tôt, elle aurait détesté qu’une bonne âme la touche en guise de réconfort. Cela n’aurait que refermé sur elle le piège de sa propre terreur.

« J’ai aussi quelqu’un qui m’attend, dehors. On va ramener le Régent par la peau de ses vieilles fesses, et on va les retrouver. Ensemble. », poursuit-elle.

Son museau se lève vers les éclairages, au firmament qui a résisté à la Brume et aux décades. Ses yeux s’étrécissent légèrement en apercevant le plafond. Elle n’avait jamais rien vu de si… ciselé. N’avait sans doute jamais pris le temps d’observer ce qui était au-dessus d’elle, si ce n’était le ciel. À pas de fauve, elle quitte la balustrade pour s’approcher du télescope. Sa canne se lève pour recracher une autre boule de lumière qui s’élève doucement jusqu’au plafond, révélant chaque arabesque de la dentelle d’acier. La structure s’étire au-dessus du groupe comme une toile d’araignée. Jessamy reste bouche bée devant ce qui semble y être piégé.

Elle lui ferait presque penser à l’une de ses sœurs, avec ses ailes qui épousent la voûte et son corps de sylphide. Ou peut-être, à cet homme aux ailes noires témoin de sa première mort. L’être de métal semble incrustée au plafond, comme si celui-ci était son socle. Son nid. La sphère lumineuse voltige doucement autour du corps impassible, découpant ses courbes et ses récifs. Elle distingue nettement l’assemblage, la tête détachée du corps et rattachée par des tiges, et ces trous, immenses, au niveau du ventre et des jambes. Des plaies taillées au ciseau comme un chirurgien découperait la viande pour mettre à nu les os. Humains.

La lueur du nascent s’avance enfin vers le faciès surélevé, le visage du factice acéphale. Son expression pourrait lui paraître paisible, s’il n’y avait pas ses yeux. Un regard sans paupière, qui accroche celui de la créature qui la dissèque sans permission. Des prunelles sans vie qui suivent les siennes en miroir. Elle se sent comme marquée à vif par l’œillade apathique. Et comprend. Le cadavre. Les ossements.
Ils sont bel et bien entrés dans un nid.
Ses plumes se hérissent sur sa tête.

« Tout le monde… En arrière ! Vite ! »

Résumé:
Sam 25 Nov - 12:35
Curieux ce qu'on voit ici, ça se rapproche des quartiers profonds du Magistère, avec une nuance plus dévergondée, plus jusqu'au-boutiste. Une approche totale de la science et un mépris manifeste pour la vie humaine, ainsi que pour les forces occultes capables de la broyer. La chair et la Brume deviennent outils parmi d'autres. Ici jouent décidément de bien étrangers loustics et on s'éloigne vraiment du thème de la mission originelle, non ? Ton rapport au Conseil sera touffu, Jerry.

La plupart des compagnons s'affairent maintenant autour de Ryker pour stabiliser sa vilaine plaie. Les élémentaires ont failli arracher au groupe plusieurs doigts de l'Alliance, et une jambe aramillienne. Max aussi tourne autour de l'aventurier, impatient d'attraper des morceaux de doigts qui lui tomberaient dessus, mais malheureusement cela n'arrive pas et il semble que le pauvre chien devra attendre le prochain arrivage de chair morte pour se faire une bouffe. Depuis son premier décès, l'animal est épris d'une faim intenable, obsessive. Il est content, car ici le festin est sans fin.

Pendant que la musaboise du docteur s'élance dans les hauteurs, Max descend, ayant redirigé son attention sur la boucherie en contrebas, galopant vers le tas d'ossements éparpillés à travers la pièce. Les animaux s'amusent, c'est déjà ça. Que ça soit la musaboise ou le clébard, ils ont l'air vachement heureux. Ça doit être bien d'être eux parfois, d'en avoir rien à carrer et d'arriver à savourer le présent, souriants et nus au milieu d'un charnier puant.

Pendant ce temps tu t'appuies contre la rambarde, contemplant le téléscope, manifestement fasciné.

- Impressionnant, tu glisses sobrement. Dans ta tête, tu t'imagines réquisitionner tout le matériel ésotérique de la tour pour Opale, revenant chez toi en héros, Régent neutralisé, les bras chargés de cadeaux occultes. Si tu ne parviens pas à offrir à ta patrie toutes les ressources présentes dans cette tour, tu t'en voudras toute ta vie. Fort heureusement, les autres n'ont pas l'air d'avoir les mêmes motivations et te feront pas concurrence. Ils ne comptent chercher ni à étudier, ni à s'approprier le matériel, et semblent en fait dégoûtés par ce qu'il représente.

Tu restes malgré tout méfiant, Jerry. Au plus la mission avance, au plus tes camarades démontrent diverses défaillances. Ils ont le coeur mou, et ont besoin de se conforter les uns les autres pour tenir. Leur place n'est pas dans cette tour atroce, ils ont pas les nerfs, ils sortiront d'ici changés ou morts. Certains, tu les imagines pouvoir rejoindre les rangs des jiangshis sur un coup de folie, ou décider que le Régent est pas un si mauvais bougre, s'il venait à être capable de leur servir un joli discours. C'est difficile, de faire confiance. Tu n'étais peut-être pas le meilleur choix pour Opale, finalement. Car travailler avec les instances étrangères, sans t'en méfier et sans avoir envie de les doubler ? Tu n'en es définitivement pas capable, dirait-on, car bon soldat, piètre diplomate, toi pour qui la violence et l'horreur ne sont qu'outils de travail, te voici traversé par de sinistres pensées intrusives.

Ce charnier. Peut-être ceux-là ont servi de batterie organique pour faire fonctionner l'engin, peut-être est-ce un accident de laboratoire, peut-être est-ce un massacre sans rapport avec le fonctionnement de la machine, peut-être votre futur aussi.

- Si les gars du Régent savaient dans quoi ils s'embarquaient avant de venir, j'admire leur loyauté.

Les pensées intrusives se poursuivent, tandis que tu t'imagines à leur place. Tu es un outil, toi aussi, après tout. Tu le sais, Opale le sait aussi. Être utilisé ne te gêne pas, si c'est par des mains expertes qui savent ce qu'elles font, pour une cause qui a un sens. Quel est le sens de cette mission ?

Du contrebas, venant de Jessamy, une boule de lumière s'élève, elle happe ton regard. Tes yeux la suivent jusqu'au plafond. Réflexe de bon soldat, tu dégaines ton AED que tu lèves vers le plafond, son viseur te permettant de scruter avec précision les détails de la nauséabonde oeuvre d'Art pendue là-haut.

Ces yeux inertes, braqués comme des phares sur Jessamy, appartiennent à un grand ange de fer. Son supplice vous est offert suspendu au plafond, le relief de ses viscères dessine un paysage hypnotisant tandis qu'il est parcouru par la douce lumière de la mutante. A travers ton viseur, tu te perds silencieusement dans ses détails, voyageant en solitaire sur ce corps si douloureusement sublime qu'il est impossible pour toi de savoir s'il s'agit d'une statue ou d'une véritable bestiole. Tu te promènes dans ces incisions décorant ses membres, dans les tiges raccrochant cruellement cette petite tête rabougrie à ce corps ruiné, cette chose est un puzzle de viande, une machine organique montée par un dégénéré. Cette tour est décidément un musée, ravissant à la fois ton goût du danger et celui de l'occulte.

Lorsque l'avertissement de Jessamy remonte à vous, tu t'y plies sans discuter, car
ça bouge, Jerry, ça s'anime, déchire les ombres du plafond, plie ses membres dans des angles obscènes, se décolle lourdement du plafond sans jamais relâcher ce regard mort qui s'adresse désormais à l'ensemble du groupe. Puis ça fuse, d'abord en direction de Jessamy ; un éclat gris luit dans l'obscurité, une longue plume jaillit vers la mutante, qu'elle esquive in extremis. La plume part se planter dans un mur non loin, y creusant une large fissure dans un fracas assourdissant. Nous supposerons que ce n'est pas un oiseau comme les autres.

- AUX ARMES ! que tu hurles pour bien faire comprendre à tes camarades que la pause est finie, espérant qu'ils n'aient pas tous rengainés leurs armes ni leurs couilles. Instinctivement, telle la machine à tuer que tu es, tu essayes de conserver tant bien que mal ta cible ailée dans ton viseur. Cette saloperie est rapide et tournoie dans la pièce comme l'effroyable moustique dégénéré qu'il est, c'est un enfer à verrouiller,

La batterie à myste de l'AED vrombit doucement, du canon giclent de longs lasers bleutés. Même si ça le touche pas, faut capter temporairement son attention pour donner le temps à Jessamy de se mettre à couvert, et aux autres de se positionner. L'adrénaline afflue sous tes neurones, un plaisir sourd vient se substituer à tout tes doutes et à la méfiance, car avouons-le, voilà qu'on en arrive à ta partie préférée, celle où on doit décider qui joue le chasseur et qui joue la proie. Les dignitaires du Magistère vous jureront qu'il n'y a rien de plus adapté qu'un monstre pour en descendre un autre.
Sam 25 Nov - 22:21

Maître du Jeu

Peu après votre arrivée, déjà, Amir a pressenti qu'il valait mieux continuer à avancer. Au départ quasiment absente, la Brume s'est invitée parmi vous progressivement, comme jaillissant des ossements empilés sous les grilles au sol. Particulièrement autour d'Amir, elle dessine une forme de queue qui le suit et vous pouvez deviner les discussions sourdes entre les deux. Mais vos regards, votre attention, sont ailleurs et personne ne prête attention au commandant qui, finalement, n'est pas si stupéfait de découvrir les restes d'un énième épistopolitain, réduit en charpie. Humain, il est tout de même, et vous pouvez remarquer la main qu'il glisse sous son nez discrètement lorsqu'il se détourne du charnier.

Ce n'est pas bon, vous n'avez jamais vu votre commandant aussi agité. Il commence à s'ouvrir un peu, débute sa phrase :

« - Il y a quelque chose ici. Le cerveau de la tour, mais il est vicié et corrompu, il a perdu la raison. Si nous sommes toujours en vie, c'est qu'il ne nous a pas repérés alors... »

Soudain, vous percevez comme un bruissement de taule pliée venu du plafond, tandis que Jessamy impose le repli. Mais il est trop tard : la chose a fondu sur elle et a tenté de la cisailler avec ses deux épées. Ce n'est toutefois pas la seule lame qui la constitue, puisque ses ailes impressionnantes sont tranchantes comme les pales d'une moissonneuse-batteuse. Son corps, mi-robotique mi-organique, vous toise malgré l'échec de sa tentative ; la Banshee est parvenue à s'échapper et déjà le monstre est dans le viseur de votre tireur d'élite.

[Event] Assaut sur la tour hantée - Page 3 Ancien14

Le coup part presque sans bruit et manque sa cible, mais succède à attirer son attention.

« - Crétin d'opalin ! » jure Amir alors que l'ennemi se déplace sans peine dans ta direction Jerry, à une vitesse et avec une agilité qui te surprennent. Votre adversaire semble faire fi des lois de la physique, malgré le poids colossal de sa cuirasse en acier. Dans un coup double horizontal, ses épées, dont la pointe en croix peut faire penser à une étoile du matin, pourlèchent les bords de la rambarde sans l'endommager ; elles t'auraient probablement tranché en deux, Jerry, si ton commandant n'était pas intervenu.

« - C'est moi ton ennemi, Fléau ! Je suis l’Église ! »

De vos places respectives, vous pouvez entendre un cliquètement émanant de la machine. Celle-ci semble dotée d'une conscience qui n'a visiblement pas apprécié ces mots. L'aramilan, lui, a déjà pris sa forme dragonesque et la Brume semble avoir joué un rôle dans sa transformation soudaine, puisque ses griffes vous apparaissent plus longues et plus tranchantes que jamais. Menant l'offensive avec des assauts consécutifs, il repousse le Fléau vers le centre de la pièce, faisant preuve d'une agilité et d'une vitesse pratiquement comparable.

Malheureusement la machine est rapide et lorsqu'elle révèle son atout majeur, cela s'avère fatal. Avant même que vous n'ayez envisagé de prendre l'ennemi à revers, l'une des pales de son aile droite réalise une rotation dans un angle improbable et perce la défense de votre chef d'escouade, taillant sous sa côte jusqu'au milieu de son abdomen. Dans un rugissement rauque, Amir parvient toutefois à agripper la lame et à la tirer vers lui pour saisir le membre dorsal au complet et le comprimer autant que possible, dans l'espoir d'empêcher l'abomination de pouvoir s'en servir.

Vous comprenez qu'il s'agit de l'ultime sacrifice du Grand Mestre. Alors que celui-ci utilise toute sa force pour empêcher d'autres longues plumes de se détacher, vous l'entendez prononcer ses derniers mots :

« - Retrouvez le Régent, quoi qu'il en coute ! C'est lui le- »

Avant qu'Amir n'ait pu finir sa phrase, la seconde aile du Fléau se referme soudainement sur lui. Dans un claquement soudain, vous pouvez entendre le corps du reptilien être tranché vif et ses os se broyer, sous la pression. Lorsque votre adversaire a terminé sa besogne, seuls demeurent les restes hachés du Wyrm, gisant au sol et se répandant à leur tour sous la grille. Maintenant vous savez.

A demi-tordue, penchée en raison de son aile déformée mais pas moins incapable de léviter pour autant, c'est vers vous que le Fléau se tourne vers vous désormais.
HRP:
Dim 26 Nov - 12:22
Tout s’était déroulé si vite que le Patrouilleur n’avait eu le temps que de sauver sa peau. Sa main, guérie par Kêsha, avait retrouvé toute sa vigueur et la découverte du cadavre avait remué le groupe. Amir parut secoué par cette découverte, tandis que le Patrouilleur remerciait le jeune homme pour ses soins et son attention, en dépit de sa réticence. Il était compliqué de recevoir de l’attention, surtout lorsqu’elle n’était pas teintée de mépris et d’insulte envers les Patrouilleurs. Il ne s’était que trop habitué à se débrouiller par lui-même et les réactions de ses camarades à son tempérament étrange illustraient assez bien ses hésitations. Ryker avait remis son gantelet et avait joué avec ses doigts pour s’étonner à voix basse de la rapidité avec laquelle il s’était remis de sa blessure, bien que l’ambiance ne soit pas au positivisme.

Ses camarades, quant à eux, restaient bouche bée devant la pièce dans laquelle ils venaient de rentrer, mais il n’y avait toujours aucune trace du Régent. L’homme laissé ici avait dû servir d’appât pendant que la suite du groupe avait continué au pas de course. Lorsque la créature jaillit du plafond, il ne lui fallut qu’une seconde pour être prêt. La lumière de Jessamy se réfléchit sur l’amure de la créature qui s’était logée dans l’ombre des enluminures du plafond pour révéler une abomination comme le Patrouilleur n’en avait jamais vues. Le cerveau de la Tour avait révélé Amir, il se mit en garde avec sa torche et bondit en arrière lorsque la plume chercha à percer la mutante. La vitesse de la rémige métallique faillit souffler la torche qu’il tenait. La créature était si rapide qu’elle paraissait floue lorsqu’on ne la suivait pas du regard, surtout dans cette clarté ténue offerte par la pièce.

Le Patrouilleur se retourna en percevant le vrombissement de l’arme que dardait Jeremiah sur la créature et plissa les yeux face à cette chose qu’il n’avait jamais observée en action. Puis le tir bleuté parti ans préavis. Un engin à myste, une sorte de fusil qu’il ne connaissait pas. Il avait l’air puissant mais la créature était encore trop rapide. Amir s’emporta et glissa le long de la pièce pour projeter Jeremiah au loin, dans un mur de la salle où la structure parut craquer sous l’impact. Ryker contourna la créature, prêt à tout, mais ce fut le caravanier qui prit l’initiative de l’offensive et dressa un appel qui fit réagir la chose. Quels secrets s’était-il encore gardé de leur révéler ? Il n’avait pas répondu à ses questions, à de multiples reprises : à quoi jouait ce foutu Amir ? Il prit de nouveau sa forme reptilienne mais quelque chose de dérangeant s’en mêla, parut gonfler sa force et sa hargne. Le Patrouilleur perçut sa Nebula frémir de joie. Il sentit quelque chose la galvaniser : la Brume s’était invitée dans la partie. Il n’aurait sur dire comment il percevait cela, mais quelque chose rôdait au loin dans son esprit.

Amir se jeta dans l’affrontement, doué de capacités qui les dépassaient tous. Il esquiva, roula et griffa. Quelques secondes, il parut faire jeu égal avec la créature. Sous l’entrave du caravanier, la créature sembla prête à prendre son premier revers lorsqu’une de ses pales acérées pivota et vint trouver son chemin entre les écailles et les os du caravanier. Elle perça la chair dans une gerbe de sang, et se rapprocha de lui avec des cliquetis presque goguenards, si elle avait la moindre âme. Ses jambes semblaient tenir dans une démarche chaotique, chacun de ses mouvements était saccadé et rendait la plupart de ses actions imprévisibles. Mais le caravanier n’était pas sot. Il entreprit de nuire autant que possible à la créature avant que son funeste sort ne se révèle à lui. De sa force colossale de bête, il broya l’une de ses ailes, qui ressemblait à un bras percé de lames. Il tira la chose à lui, tenta d’aller plus loin. Ce fut vain. La seconde aile se referma sur lui et les rémiges acérées de ce fléau métallique s’offrirent à sa peau, brisèrent ses os et sa vie. Tous frémirent. Il ne fallait pas être opalien pour comprendre que la Brume avait renforcé Amir, et que cela n’avait pas suffi. Eux n’était qu’une bande de paumés, sans chef ni pouvoirs démesurés. Cette épreuve serait leur ultime : mourir ou triompher ils n’avaient pas le choix. A ceci près que le Patrouilleur espérait que le mot que n’avait pas eu le temps de prononcer Amir n’était pas ‘Mandrebrume’.

- Lewën : télékinésie ! hurla-t-il, pour ne pas donner à la créature boiteuse l’avantage de l’offensive.  

La chose était rapide mais Amir leur avait donné un sursaut d’espoir, en dépit de réponses. Il indiqua l’autre aile de sa torche au médecin et fit un signe vers le bas. Ryker profita du handicap causé par la torsion du métal pour exécuter une glissade hors de portée de ses lames. Le Patrouilleur planta son talon dans une des grilles en métal et indiqua à Jeremiah la plume en métal plantée dans le mur non loin de lui. Il profita d’être passé dans le dos de la chose pour lui lancer sa torche dans ce qui semblait ressembler à trou sous son occiput, bien au-dessus de lui. L’armure de la créature était encore plus dense ici. Mais ce n’était que pour mieux attraper le pommeau de son épée bâtarde à deux mains. Il se décala d’un pas et, de toutes ses forces, il asséna un violent coup de tranche dans l’articulation dévoilée de la créature. Le tranchant de sa lame rencontra ce qu’il pensait être un point de fragilité de la chose mais rebondit dessus avec un écho métallique qui fit vibrer tous ses os. Repoussé en arrière, Ryker roula à terre et leva son épée devant lui. Il secoua la tête, les vibrations semblaient l’avoir un peu sonné mais il se reprit. Nul doute qu’après cela, la bête viendrait après lui.

Prendre l’avantage de l’offensive n’avait pour but que de permettre aux autres de s’organiser : il se doutait que son pouvoir ne servirait à rien ici. A part sa cervelle et ses dons de combattant, il n’était pas plus utile qu’un enfant face à pareille chose. Il contempla le tranchant de son épée, à présent ébréchée. La piste qu’il avait indiqué à Jeremiah pourrait être pertinente, il l’espérait : le métal de la bête pourrait être retournée contre elle ? Ryker observa la tête en métal pivoter vers lui, ses yeux froids le contempler de haut. Un cadavre était enfermé là-dedans. Il s’agissait avec certitude d’une expérimentation ou d’une savante façon de torturer un homme. Mais s’il s’agissait du cerveau de la Tour … qui était-ce ? Qui avait été enfermé ici ? Un ennemi de l’Eglise. Certes. Mais encore ? Pourquoi continuer à se battre dans la mort ? Et que foutait Artemis ? Comment cette chose pouvait-elle voler ? Et c’était quoi cette grosse machine au-dessus d’elle ? Ryker ne voyait pas d’autres solutions que celle de la démembrer ou de l’écraser sous quelque chose d’imposant. Il recula et marcha dans ce qu’il restait d’Amir sans aucune considération. Les morts … étaient morts. Le plus urgent était face à lui.

- C’est pas fini ! Il doit y avoir quelque chose ici pour nous aider ! Faites-lui tomber ce machin sur la gueule ou démembrez-le, handicapez-le ! hurla Ryker, tout en attrapant son sac à dos.

Sans jouer dans la finesse, le Patrouilleur le lança à la face de la créature qui le hacha menu comme s’il n’était rien. Les monceaux d’affaires et d’objets en tout genre disposés à l’intérieur plurent sur la bête et l’emmaillotèrent dans une sorte de pluie de détritus qui ruisselèrent sur sa carapace métallique. Que ce fut le matériel de rechange du Patrouilleur, sa pierre à aiguiser, son huile pour sa lame ou encore ses rations. Les objets se fichèrent çà et là dans les mécanismes sans même gêner son adversaire. Mais au moins, Ryker se sentait un peu plus léger. Il profita de ce léger répit pour dégrafer sa cape et laisser tomber ses couches destinées à le protéger du froid. Il révéla son armure de cuir et de métal, propice à le protéger mais, comme il l’avait montré auparavant, ne lui permettait pas une totale dextérité. Il souffla et exhala une buée blanche tandis qu’il laissait une fois de plus Lestat se diffuser dans ses membres. Il fit pivoter son arme pour ne pas frapper de nouveau avec la partie ébréchée. Il piétina les écailles et fragments d’Amir et recula. Il se servait des reliefs des grilles pour ne pas glisser. Il baissa sa lame, se prépara au pire. Cette créature … c’était comme affronter une vingtaine d’épées à la fois. Il préférait cela à des manifestations pernicieuses de la Brume, mais l’approche d’une mort certaine ne le réjouissait pas non plus.

Le Patrouilleur se redressa et le temps parut s’étirer autour de lui. Il inspira, observa l’escalier en métal du coin de l’œil. Comment le Régent avait-il fait pour passer ? Pensée parasite. La pointe de son épée se posa sur le sol, fleurta avec sa cape à terre. Il capta le regard de ses camarades, fit un signe vers le haut de son index à Lewën. La chose se pencha très légèrement en avant. Inutile d’essayer d’anticiper sa frappe : elle était trop rapide pour lui. Le Patrouilleur ne chercha pas à lire ses intentions sur son faciès apathique. Ses gestes étaient saccadés et ne lui permettaient pas de lire sa tactique. C’était comme avec la Brume : il ne fallait pas lui laisser le temps de le surprendre. Maintenir l’offensive. Encore. Encore. Il fit tourner son épée et enfonça sa lame dans le tissu de sa cape à terre. Ryker leva haut son épée et la lourde étoffe, imbibée du sang d’Amir, se dressa dans les airs. Dans un effort qui lui tira un cri de rage, il pivota sur lui-même et la cape gorgée du sang qu’elle avait pu absorber rencontra les lames de la créature. Cependant, au lieu d’être déchiquetée menu, les parties humides s’enroulèrent atour de ce qui n’avait pas été haché menu. Avec l’aide de ses compagnons, Ryker parvint à esquiver la lame qui lui était destinée et ce bref instant de surprise lui permis de ne pas connaître le même sort qu’Amir. Il glissa sous la garde de la chose métallique et enfonça son épée dans le vaste trou qui béait sur son ventre. Il rencontra le métal et impulsa toutes ses forces en faisant levier avec son arme. Déjà ébréché, la lame céda sans qu’il ne puisse déterminer s’il avait fait mouche. Emporté par son élan, le Patrouilleur roula en avant. Il se releva et recula d’un bond, son épée à présent sectionnée d’un bon tiers.

- Désolé, chérie. murmura-t-il à l’attention de sa compagne de solitude.

Nul doute qu’après cela, il ferait une cible de choix pour la créature de métal, Eglise ou pas. Il dégaina son épée courte, les deux armes faisaient à peu près la même taille à présent.

- Maintenant ! hurla-t-il à ses comparses, avec le maigre espoir qu’ils avaient pu profiter du répit qu’il avait pu leur offrir.

Ryker était à court d’option et l’assurance conférée par la force mentale de sa Nebula commençait à se craqueler elle aussi. De nouveau, il perçut une petite tension, un petit sursaut d’espoir. Quelque chose se tramait dans la Brume mais il n’arrivait pas à le percevoir. Artemis, lui, saurait. D’ailleurs, qu’avait-il foutu pendant tout ce temps ? S’il fallait se reposer sur le combattant le plus expérimenté du lot pour gérer la créature, c’était bien sur lui qu’il fallait s’appuyer non ? Il frémit lorsqu'il perçut une fois de plus le Liéchi se superposer à l'aura de la créature qui lui faisait face. Sa poigne se resserra sur ses épées. Amir était mort. Il ne restait plus qu'eux. Avaient-ils la moindre chance de survie face à cette chose qui avait ôté la vie à tant d'humains ?

HRP:
Dim 26 Nov - 18:14

La tour des Ases

Event




Un choc. Ce fut tout d’abord ce que ressentit Artémis. Pas à l’apparition de leur nouvel adversaire. Si sa présence surprit, il n’en fut rien comparé à ce qui arriva ensuite. Amir, légende vivante dans l’exploration de la Brume, à la fois mystérieux et pourtant si rassurant, rendit son dernier souffle. Voyager avec Amir était souvent synonyme de réussite. Avec lui, on pouvait entrer dans la Brume et en ressortir sain et sauf. Il était toujours intriguant d’observer cette Brume danser autour de lui, de les savoir communiquer comme deux anciens amis. Comme ce fut le cas avant sa déroute. Cette transformation soudaine, plus puissante que jamais, n’était probablement pas sans un lien avec la Malicieuse. Hélas, tout cet artifice, cet atout pourtant considérable, ne fut d’aucune utilité face à ce monstre de puissance. Des mouvements défiant les lois de la physique, une agilité étonnante pour un individu de cette taille. En d’autres termes, la défaite d’Amir n’avait absolument rien de surprenant compte-tenu de l’adversaire présenté. Jessamy avait pu déguster un instant le niveau de dangerosité de ce dernier. Cependant, le Portebrume ne s’en inquiéta pas davantage. Après tout, elle était immortelle.

Mais cette désillusion ne pouvait qu’affecter les esprits de chacun. Le vagabond fut lui-même plongé dans un état de transe, complètement immobile face à ce capharnaüm. Si la disparition du chef de meute, pour reprendre les termes d’Œil-De-Nuit, l’avait évidemment affectée, autre chose était en train de s’emparer de lui, peu à peu. Alors que le Portebrume tentait de percer à jour les dernières paroles d’Amir, il se sentit enlacé par une enveloppe. Chaud, en sécurité, une douce sensation qu’il n’aurait pour rien au monde repoussé en pareilles circonstances. La Brume qui avait disparu tout ce temps, puis réapparu auprès d’Amir, se dirigea entièrement vers Artémis qui était le seul capable de les comprendre à présent. Il réalisa que, depuis le début, Amir attirait une grande partie, ce qui permettait au vagabond de ne pas subir cette pression suffocante. Crétin d’Amir. Savais-tu dès le début que tu ne reviendrais jamais ?

Nous sommes de retour, Arty. Respire profondément. Si ma volonté première n’est pas de sauver tout ce groupe, je sais que nous mourrons si nous ne les aidons pas. Allez, respire. Mes sœurs veulent t’aider. Ecoute-les. Comprends-les. Espérons seulement que tes incapables camarades puissent te couvrir suffisamment longtemps. Ne perds pas de temps, Arty. Plonge dans le flux qui t’entoure.

La tristesse le submergeait, suivit très rapidement de la colère. Ces deux émotions venaient et partaient avec une intensité jamais ressentie pour cet homme. Après un certain temps, il comprit qu’il ne s’agissait pas de ses propres, mais bien de celles de la Brume qui le subjuguaient. Il leur implora de se calmer. Rien du tout. Après un grand effort, il gronda un peu plus fort, afin de se faire entendre. Alors, des informations circulaient dont tu ne parvenais pas à tout déchiffrer. Elle savait des choses. Beaucoup de choses. Amir semblait toujours en savoir plus que les autres et, si le vagabond se doutait de la raison d’un tel savoir, il en avait maintenant la confirmation. Un ménage continu, sans interruption, où des bribes se mélangeaient dans ce tourbillon de sentiments. La Brume était en deuil. Était-ce pour Amir lui-même ou la Nebula en lui ? Selon toi, sombre idiot ? , rétorqua sa propre Nebula.

Quant à cette chose qui leur faisait face, terrifiante, sans aucune empathie, comment pouvaient-ils en venir à bout ? Serait-ce le cerveau de cette tour ? Celui qui dirigeait les Jiangshi, qui a neutralisé tous les hommes du Régent ? Et comment diable le Régent avait-il pu échapper à cette chose ? Pourquoi cette haine de l’Eglise ? Bien trop de questions sans réponse. Le vagabond pourrait les obtenir, à condition qu’on acceptât de le couvrir durant ce temps. Laisser ses alliés se sacrifier pour tenter d’obtenir des réponses, lui qui se battait et se sacrifier pour sauver les autres, donnait presque la nausée au Portebrume. Mais sa Nebula le frappait de l’intérieur. S’il voulait réellement sauver ses camarades, c’était la seule solution. L’unique.

Ainsi, Artémis se mit à l’écart de cet affrontement, laissant glisser sa mitrailleuse Dexar au premier qui jugerait utile de s’en servir. Il s’effaça discrètement, comme il avait habitude de le faire dans forêt opalienne. Elle lui manquait, la forêt. Elle était si loin. Après une inspiration, il ferma les yeux et entama une lente expiration. Il répéta ce procédé à plusieurs reprises, diminua son rythme cardiaque et rentra dans une sorte de cocon.

Il entra en contact avec la Brume. Avec ses sœurs.





Résumé :
Lun 27 Nov - 16:44



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


Sur la corde raide, la présence de Jessamy s’insinue. Légère comme une aigrette de pissenlit, elle prouve qu’un monstre peut ne pas être un monstre, quand Jerry confirme que parfois un monstre peut bel et bien être un monstre.

Il hoche de la tête, distant. Ses traits polaires ont l’air plus placides que jamais. Ce n’est pas la première fois qu’il constate que plusieurs des équipiers de fortune ont une âme. A l’en croire, Seraphah et Maëlstrom étaient des exceptions et la surface de la planète était tapissée de créatures mesquines assoiffées de violence, comme concouraient à en témoigner ses expériences passées.

-« On va le faire. Quoiqu’il en coûte. » ajouta-t-il dans une froide résolution qu’il ignorait détenir.

Le thé offert par Lewen lui a apporté un peu d’hydratation, ce que l’on tend à oublier, coupé de son corps en situation de survie et par grand froid. Il fallait bien cela pour avoir la vigueur d’encaisser la scène suivante. L’orbe lumineuse lancée par Jessamy avec son nascent révèle de curieux détails symbiotiaues que son œil perçoit sans en faire l’assemblage. Il y a de l’irréel et du labyrinthique dans cette vision saisissante.

Il recule de manière automatique aux alarmes de Jessamy et de Jeremiah, sans vraiment réagir, ni au rayon de myste de l’AED, ni au piquet de la créature ailée qui manque de peu de transformer la banshee en méchoui Xandrien. Ses yeux d’améthyste captent les images et les analysent en souterrain, aux côtés des informations qu’Amir ne leur concède que trop tard. Beaucoup trop tard.

Sur ses prunelles se réfléchissent les étincelles des lames du Fléau sur la rambarde, le sauvetage de Jeremiah par Amir et le combat de légende que leur offre le Grand Mestre des Sentinelles : son chant du cygne. Keshâ est figé dans la pierre de son expression impassible. Personne d’autre ne semble s’interposer car tous son stupéfaits par l’aberration et les capacités presque divines du Fléau.

La retraite semble impossible. Seule Chaya et Jessamy semblent pouvoir y prétendre. Elle l’est encore davantage lorsque l’impitoyable gardien détourne son regard impérieux de la dépouille du dragon pour les cingler de sa colère. Une part de lui serait garante de diplomatie. Sans doute le Fléau et Epistopoli ont en commun de profondes blessures infligées par l’Eglise. Mais le jeune homme est retiré trop en profondeur pour qu’une pensée se transforme en mots. Ou plutôt, il flotte trop haut, au-dessus de la scène, coupé de son propre corps.

Ryker est à l’initiative. Le patrouilleur ne démérite pas, chacune de ses interventions leur assure un puissant spectacle. On ne regrettera pas de l’avoir un peu retapé durant l’entracte. Profitant de la diversion, sa main a tranquillement défait l’attache de l’étui de cuir maintenant son totem d’invocation arcanique sur sa bandoulière. La pierre froide d’obsidienne se fond parfaitement dans sa main, comme si elle devait toujours lui appartenir, fusionnée à cet anneau de tourmaline noire capable d’en appeler aux ténèbres.

Il ne lui faut pas longtemps pour le voir. Empereur de ses cauchemars depuis des années, le prédateur vicieux ayant broyé et arraché l’avant-bras de son frère aîné lorsqu’ils fuyaient les alentours du pays de Dain est encore imprimé dans ses rétines. Parfois, il le laisse tranquille. Et puis, quand il croit s’en être libéré, lorsqu’enfin Keshâ s’assoupit profondément pour trouver le repos, il s’immisce dans les ombres de sa psyché et le traque.

En cet instant, ses yeux son fermés, il caresse mentalement chaque détail de sa captivante laideur, comme si son œil était le ciseau et son esprit le cœur pourri de cette aliénation de brume. Autour de lui, glissade du patrouilleur, volteface acrobatique, planté d’épées et jet de cape empoissée d’hémoglobine de leur défunt chef.

Un grognement rocailleux et sifflant, un poids lourd retombe sur la sphère arrondie de ce monument étrange qui se trouve être le télescope. Son corps de pierre et ses yeux brillants de maléfices verdâtres les surplombent, ailes griffus grandes ouvertes.

La créature est aussi stratège et vicieuse que dans son souvenir. Elle se met à quatre pattes et se penche avec convoitise au-dessus du vide. De son regard, elle  couve Jessamy et Chaya d’une attention malsaine. L'escalier n’est après tout qu’à un vol plané de distance…

Immuable comme les âges, elle ne bouge pas, mais l’on sent pratiquement les rouages prédateurs s’actionner.
-« Nergal ! » s’entend-t-il hurler de son point d’observation extérieur à lui-même.

La créature détourne vivement le regard vers son invocateur avec une grimace de défi, pliant ses jambes comme si elle était prête à l’attaquer. Pendant ce temps, le Patrouilleur se retrouve sans épée et son énergie vacille… Mais le nom qu’il a clamé impose un verrou d’acier à la gargouille, comme si les fils de la volonté de l’arcaniste en faisaient à présent sa parfaite marionnette. Les rôles s'inversent. Celle qui lui avait imposé une domination mentale sans partage durant des années était à présent son jouet.

-« Tu es… à moi. » siffle-t-il avec cruauté.
Les jointures de ses doigts blanchissent sous son gant tant ils enserrent le totem. Statuaire, un tremblement invisible parcourt le trajet de ses nerfs de la tête aux pieds, tant il réprime le traumatisme sanglant et ses émotions. Dissocié, « il s’élance » dans l’air, ne faisant qu’un par l’esprit avec la créature, son visage pâle est habité d'une expression dure. La gargouille s’éloigne du combat et percute le mur, mais plonge en fait dans la pénombre pour s’y noyer.

Elle reparait exactement à l’endroit où se dissimulait le Fléau au plafond. Il n'y a qu'à laisser faire la gravité pour lui tomber sur les épaules. Ses griffes gauches tentent d’entraver son aile valide tandis que sa mâchoire se referme sur son cou. Mais le métal d’airain résiste à l’assaut et la main de Keshâ tremble sous l’effort du bras de fer que lui impose la créature. Le Fléau est tout puissant et sera certainement capable de briser la pierre. Ce n’est qu’une question de temps. Il ne fait qu’offrir une retraite dorée au patrouilleur et l’initiative aux autres membres de l’équipe. Les masses d’armes et éperons du fléau tentent de fracasser la tête de Nergal, qui y sacrifie une aile émiettée par petits bouts au fil des assauts.

Mais la gargouille belliqueuse n’entend pas rester là à se faire piler. Agile, elle tourne autour du poitrail du Fléau dans un saut et tente une profonde lacération du visage et des yeux de la créature. Sans doute encaisse-t-elle de terribles coups, puisque des éclats de sa deuxième aile volent aux pieds d’Artemis, mais son corps de pierre est plus résistant que la chair et n’a pas le défaut de saigner.

-« Les Opalins, terminez votre sieste quand vous voulez ! » crie-t-il avec un aplomb sans regard à sa personnalité.

Nergal se laisse aller sur la hanche du fléau et s’arrime à nouveau férocement à son dos dans un grognement.

Un hurlement viscéral retentit. Expression brute d’une rage qu’il ne pensait pas contenir et s’autoriserait encore moins à exprimer, Keshâ y met toute sa volonté. Galvanisé par le cri, Nergal jette toute sa force brute pour tenter de renouveler l’exploit d’Amir sur l’aile valide du Fléau. Tous les abus et sévisses subies dans l’enfance sont embrassés et jetés avec fureur dans l’acte, peu importent les dégâts sur sa psychée. « Quoi qu’il en coûte », avait-il dit à Jessamy.

Sourd à son corps, il ne se rend pas compte que sa main tremble de plus en plus visiblement face à la résistance colossale de la créature.
Résumé:
Lun 27 Nov - 18:36
Dans un froissement de métal, le chasseur fond sur sa proie de chair et de plumes. Sans réfléchir, ses propres élytres se déploient, dévoilant des ailes diaphane au tracé délicat — son échappatoire. Le rapace d’acier tente de la percer de ses pennes, sans y parvenir : ses lames ne rencontrent que le vide sans jamais trancher la viande. Mais la sensation de lames au fer tout juste sorti du four lui perce le dos par à-coups. Pour la faire tomber, la sentinelle n’a pas besoin de la toucher. Il lui suffit d’une menace pour éveiller sa plus grande ennemie.

Son vol soudain devient erratique, maladroit ; il faut qu’une balle fuse dans les airs pour que son poursuivant se détourne, son attention agrippée par le canon de Jeremiah. La Banshee finit par atterrir à quatre pattes près des marches, avant de s’effondrer, animal blessé. Sa canne roule pour se heurter aux marches. Ses ailes frémissent dans son dos, mues par les réflexes de ses nerfs brûlants. Elle se mord la lèvre jusqu’au sang — il lui faut au moins cela pour ne pas hurler de douleur. Ses griffes lacèrent le sol et ses yeux rougis expulsent de grosses larmes qui lui inondent le visage. Son regard embué ne prête pas attention à la sortie qui s’offre à elle, à ce qu’elle pourrait atteindre en rampant. Des syllabes brisées percent ses gémissements :

« Mal… À l’aide… »

À travers le voile, Jessamy perçoit l’ombre du dragon qui se jette sous les lames. Elle entend la vérité d’Amir tranchée dans le vif, le bruit flasque de ses restes avalés par les grilles. À la douleur qui lui vrille la colonne vertébrale, s’ajoute celle, cuisante, qui lui enserre le cœur.

« N-non… »

Au deuil du Grand Mestre, s’ajoute la colère devant le silence qu’il a laissé traîner jusqu’à son dernier souffle. Ils étaient une équipe. Un essaim avançant comme une seule. Et les voilà sans mentor, devant le fléau aux mille épées. Un prédateur froid, protégeant son territoire stérile avec férocité. Son poing s’abat sur le sol de rage, alors que la douleur l’écrase toujours contre la terre. Elle sent son deuxième cœur, celui qui la maintient dans la souffrance, s’enfoncer dans sa poitrine jusqu’à lui faire mal. Sa vision troublée lui montre difficilement la vigueur des coups du Patrouilleur, sa lame brisée par les rémiges du gardien. La créature de pierre surgir de l’obscurité pour s’effriter à chaque sévice, puis tomber peu à peu en morceaux en se heurtant aux défenses du fléau.

Une fois de plus, Jessamy essaie de bouger, sans succès, tentant même d’attraper le bout de sa canne ; mais chaque esquisse de mouvement lui arrache un grognement sourd. Sa petite voix jaillit encore :

« À l’aide… »


Résumé:
Mer 29 Nov - 17:18
Amir vous réservait de délicieuses surprises qu'il ne consent à vous révéler qu'à sa mort, et il vous laisse aux prises avec ce monstre décidé à tous vous mettre en pièces un à un. Tu ne partages pas tant que ça le deuil avec tes camarades, tu aurais certes voulu ramener Amir à la vie, mais davantage pour lui apprendre ce que ça peut coûter que de cacher des informations vitales à l'escouade. On pourra bien te considérer ingrat, mais c'est de sa faute si on se retrouve démuni, sans plan au milieu de ce piège désormais. Repose en paix Amir, certes, mais fais pas trop le malin pour autant.

- Hmmf, tout en t'arrachant du mur duquel tu étais encastré, tu accordes un soupir las à votre défunt leader. Il était un communicant atroce, mais possédait des compétences centrales qui vont vous manquer dans la suite de l'opération. Perdre un homme est déjà terrible, mais le coup au moral que ça va porter au reste de l'équipe te laisse craindre un effet boule de neige mortel pour tout le monde. Il faut vite reprendre le contrôle.

"Le cerveau corrompu" de la tour ? Est-ce un lien brumeux, mécanique, ou métaphorique ? Que signifiaient les derniers mots d'Amir ? Un cristal de spiritisme serait ô combien pratique pour interroger les morts en mission, ça sera ta prochaine requête à tes supérieurs, Jerry.

Tu ramasses la plume que Ryker t'a désigné, peut-être que lui faire goûter le même métal dont il est fait peut fonctionner mais faut d'abord le foutre à terre.

Il continue à voltiger, aux prises avec la bête sombre de Kêsha. Tu y voies une ouverture, l'occasion de caser un beau grand rayon là où ça fait mal. Protéger les trésors de la Tour est important, puisqu'ils intéresseront Opale ; mais le succès de ta mission l'est davantage, et il n'y aura pas de succès si d'autres de tes camarades se font charcuter parce que tu prends des pincettes avec le monstre. On ne t'a pas envoyé ici pour des fouilles archéologiques, mais pour neutraliser ce foutu Régent. C'est le Mandebrume, c'est ça ? C'est cela, que tu voulais nous apprendre, Amir ? Tu as peur d'avoir deviné la fin de la révélation qu'il voulait vous glisser dans son ultime souffle. Cela ferait sens, cela expliquerait tout les récents coups de folie d'Epistopoli, tout les sabotages, tout les scandales, tout les tracas diplomatiques. Mais si c'est cela, alors c'est horrible. Si c'est cela, une nouvelle fois, il aurait été utile de le savoir avant que la mission ne démarre. Mettre un gourou pseudo-Dieu aux arrêts n'est décidément pas la même limonade que de gérer un politicien souffreteux.

Ce coquin de Kêsha tente de détruire sa seconde aile, au moyen d'une bête qu'il a invoqué. Encore un gadget miraculeux qu'il a sorti de son cabas. Cet epistote est plein de ressources, peut-être que tu l'as sous-estimé finalement. Il serait en temps normal un agent étranger inquiétant à détruire de suite, mais aujourd'hui il t'offre une occasion de sauver ta peau et ta mission, on ne crache pas sur un cadeau même lorsque celui-ci vient de l'ennemi.

De retour contre la rambarde, tu poses la grande plume d'acier contre elle. Pour l'instant, repartons sur un deuxième round d'AED. Un tir judicieux devrait permettre à tes alliés de forcer l'atterrissage de la chose.

S'agirait de pas descendre la créature de l'epistote du même trait, car ils se sont engagés ensemble dans une danse aérienne, chaotique, entièrement imprévisible. Vidant tes poumons tu vas laisser s'exprimer ton expertise du meurtre froid et propre, verrouillant autant que possible la cage thoracique béante de la créature et s'écoulent une seconde, deux secondes, trois, cinq secondes durant lesquelles tu t'efforces de ne pas le laisser sortir de ton viseur, durant lesquelles l'ensemble de l'univers se résume à ce viseur étroit et au furieux ballet qui se produit à l'intérieur.

Puis tu presses la gâchette.

Pendant ce temps, Jessamy peut apercevoir Max se rapprocher doucement d'elle. Celui-ci a, semble-t-il, détecté sa tristesse, à un point tel que ça l'a distrait de son gueuleton. Bien qu'il ne puisse rien faire pour soulager sa douleur et la relever, il frotte simplement sa truffe contre elle en couinant, comme si sa tragédie lui en rappelait une autre, qu'il aurait pu expérimenter dans une lointaine vie pas tout à fait oubliée.

Reumusssé:
Jeu 30 Nov - 20:00

La tour des Ases

Event



La Brume fit soudainement son apparition dans la salle pour se concentrer vers Amir. Lewën n’eut guère l’occasion de se réjouir de retrouver celle qui l’habitait qu’un ordre de repli déchira les lèvres de Jessamy. Alors, tout s’enchaîna.
Une créature métallique tomba du plafond pour fondre sur la banshee qui s’en sortit de peu, Jerry réagit au quart de seconde en tirant sur la monstruosité, lui-même sauvé par Amir qui se proclama être l’Eglise.
Sous leurs yeux, celui qui n’avait prêté que peu d’intérêt pour son escouade finit tranché en lambeau de chair et de sang sans révéler la raison de leur mission. Le corps du draconide n’était plus qu’un ramassi d’organes, cette même bouillasse de corps sur laquelle Ryker était tombé. Ryker, le premier à réagir face à l’horreur de la situation. Son ordre fusa, obligeant le médecin à segmenter son esprit pour affronter l’état de fait : Ils n’avaient que peu de chance de s’en sortir. Peu n’est pas nulle.

- Curie, là haut ! ordonna-t-il à la musaboise de grimper pour lui offrir un abri et une vue d’ensemble sur la scène.

Ouvrant sa dimension de poche il en attrapa son cristal de télékinésie pour couvrir au mieux les actions du patrouilleur. Lorsqu’il l’utilisa, il sentit la puissance de l’être, des gouttes de sueur perlèrent sur son front alors qu’il tentait de ralentir les mouvements de la créature pour permettre à Ryker de percer la défense du Fléau. Le brun se retrouva dans une bien mauvaise posture lorsqu’une gargouille détourna l’attention de la monstruosité pour lui offrir de précieuses minutes.
Lewën observa les scènes qui se jouaient en véritable support : Keshâ jouait les marionnettistes, sauvant leurs âmes de quelques instants de plus, Artémis s’enveloppa de la Brume à l’image de feu leur guide. Il se renferma sur lui-même, semblant être en proie à une lutte interne, avec … sa Nebula ? Il avait abandonné son arme, mitrailleuse que Lewën souleva avec plus d’aisance malgré la distance par télékinésie, l’amenant au plus proche de Ryker. Il suivit Max du regard qui s’arrêta près d’une Jessamy en détresse soutenue par Nemeth. Leurs yeux se croisèrent, Lewën hocha la tête pour libérer la jeune femme. Il troqua son cristal contre celui d’hypervélocité. En à peine deux secondes il prit la place de la jeune Aramilane sous l’épaule de la banshee. Il fouilla sa dimension de poche pour en sortir une des nombreuses fioles remplies d’un liquide laiteux.
-  Lait de pavot, pour la douleur, versa-t-il directement dans la bouche de la blessée.

La gargouille venait de céder lorsque Jeremiah attira l’attention du Fléau avec un tir d’une intense décharge d’énergie. Cela permet au médecin de gagner un peu plus de temps pour appliquer un rapide baume énergétique entre les ailes de Jessamy.
Il fit appel à sa Nebula et fut surpris de sentir leur lien étrangement muer. Sa symbiote lui forcer la main pour aspirer l’énergie de la banshee, Lewën la stoppa pour lui intimer de délivrer l’énergie qui coulait en lui, offrant les dernières sèves de l’arbuste tueur du labyrinthe. Deux mots retentirent dans son esprit, crissant … erreur survivre !. Le cœur de Lewën accéléra, jamais sa Nebula n’avait communiqué dans son langage. Elle se plia néanmoins à sa volonté et le dépigmenté laissa déferler pendant quelques secondes l’énergie contre la peau de sa partenaire.

Il ne s’attarda guère davantage, laissant la mutante avec le canidé. Il se mit à l’abri derrière le pied de la technologie au centre de la salle, usant une nouvelle fois de son cristal de rapidité pour ne pas perdre de temps. En véritable jongleur, il le troqua encore pour attraper celui de polyglossie. S’il n’avait pas communiquer avec sa musaboise jusque-là, c’est que rien dans le comportement de son rongeur n’avait nécessité de l’utiliser. Il comptait l’interroger sur ce qu’elle voyait de son perchoir pour détecter les éventuelles failles de leur assaillant de lames. Cristal bleu pour cristal bleu, il activa le pouvoir d’une main tandis que l’autre reposait sur le métal du dispositif, ce qui n’eut pas l’effet escompté.

La technologie trônait fièrement au centre de la pièce, des scientifiques s’affairaient dessus. Des projections gravitaient autour de son noyau en des interfaces incurvées révélant constellations, formules, chiffres et écritures qu’il ne pouvait décrypter. L’ambiance était sereine et à l’harmonie, le médecin y trouva du réconfort et de la joie. Il comprit que l’objet de leur attention était un outil pour tenter de décoder l’Univers, un télescope. L’un des chercheurs interpela d’un langage qui n’était pas le sien, et pourtant proche, la créature les aidant à la collecte d’informations. Le Fléau … Ce n’était alors pas son nom, sa fonction était bien différente à l’époque bien qu'il n'est pas changé d'une lame …

Revenant à lui, Lewën reprit une longue inspiration, le bruit des combats le ramena bien vite à la réalité. Le goût ferreux du sang le fit déglutir, il s’essuya les commissures des lèvres mais aucun liquide rouge ne s’en était échappé. Une illusion qui contrastait avec le bonheur ressentit à l’ouvrage de leur recherche. Rangeant le cristal qu’il avait confondu, il reprit celui d’hypervélocité avant de sortir de sa protection pour être bien visible par le fléau. Inspirant profondément, il donna toute l’ampleur dont il était capable à sa voix pour appeler la créature comme elle le fut jadis :

- Astronome !
Résumé:
Jeu 30 Nov - 22:35



Assaut sur la tour hantée

Event


Sa mâchoire se serre mais elle tait la souffrance, il fallait avancer. Avancer malgré les questions qui se bousculaient dans sa tête. Avancer même si cela signifiait s’enfoncer dans le cauchemar. Avancer. Ne pas se laisser chanceler alors que le puzzle s’assemble.

Nemeth est silencieuse, ses épaules se sont affaissées, son échine courbée, elle semblerait presque avoir rapetissée. Écrasée par leurs récents déboires, peut-être. Elle n’était qu’une observatrice, dessinant ce qui ne devait pas se perdre. Ce que la mort ne devait pas arracher. Lorsqu’au bas des escaliers, le médecin se penche sur elle et lui offre son aide, la jeune femme acquiesce mécaniquement. Il pose une main sur la fragile cheville violacée et y diffuse une énergie nouvelle. Les prunelles dorées de l’aramilanne se posent sur le haut de la tête de l’épistote. Lui aussi avait contemplé les planètes projetées par l’hologramme, lui aussi cherchait des réponses à des questions qu’ils ne devraient pas poser.

- Puisse Azoriax vous protéger. Lui murmure-t-elle alors qu’ils doivent se hâter de rejoindre le groupe.

Elle aurait aimé le questionner sur ses hypothèses concernant ce qu’ils avaient vu, sur cette planète ronde, sur ce trou noir.. Mais il fallait avancer. Soutenir l’horreur de corps cristallisés par une “peste” d’un genre inconnu. Ils traversent rapidement pourtant, un linge sur le nez, les yeux de la caravanière notent chaque élément, pour les dessiner plus tard et surtout, cette cristallisation éveillait en elle une étrange sensation de déjà-vu. Elle n’avait pourtant jamais rien contemplé de similaire, du moins qu’elle ne se remémore, peut-être avait-elle lu quelque chose à ce propos. Ce serait une question pour plus tard. Arrivés dans ce qui semblait faussement être le dernier étage, Nemeth espère pouvoir remercier Kesha lorsqu’il approche mais un rapide échange de regard avec le médecin dévie la course du jeune épistote. Elle en comprend la raison lorsqu’elle devine la potion entre ses mains et sa nouvelle destination, il était en effet plus judicieux de sauver la main de Ryker, sa cheville se remettrait grâce aux bons soins de Lewën.

Lorsque ce dernier lui enjoint de faire quelques pas pour s’assurer que la blessure était correctement traitée et désormais supportable, Nemeth obéit, jaugeant le poids qu’elle pouvait mettre sur sa cheville gauche. Elle le remercie d’un mouvement de la tête avant qu’il ne se détourne d’elle pour contempler la machine qui trônait au centre de la pièce. L’attention de la jeune femme ne s’attarde pas longtemps sur l’engin dressé vers le plafond, elle regarde à sa base. Un tapis de papiers et de livres calcinés entourait le pied de la machine, à en juger par les traces sombres sur le métal, ils avaient été brûlés ici, peut-être dans une vaine tentative de détruire la machine.. L'Église était-elle derrière cet autodafé ? En “trouvant” ce lieu, qu’avait-elle trouvé d’autre ? Avant d’être transformée en prison, à quoi servait cette tour ? Qui l’avait bâti et dans quel but ?

Un héritage des Esprits, avait dit Amir. Mais si les Esprits leur avait légué cet édifice, pourquoi l’Eglise l’aurait-elle ainsi défiguré ?

La connaissance est puissante.

La caravanière sait très bien ce qui a pu effrayer l’Eglise, surtout si ses estimations étaient bonnes concernant l’époque à laquelle cet endroit avait été une prison. Elle n’ignorait rien de la folie de l’inquisition et de l’âge noir, cette époque obsédait son éternelle amie. Mais il y avait autre chose. Quelque chose de désagréable, un goût de cendres et de métal sur sa langue alors que les théories du treizième cercle ne quittaient plus ses pensées. L’odeur des cadavres, plus ou moins frais, plus ou moins déchiquetés, venait alourdir l’atmosphère déjà mortifère.

Puis il apparut. Ange de métal, esprit vengeur et tourmenté, martyr. Il plonge sur la banshee qui s’envole promptement, déployant ses propres élytres pour échapper à l’étreinte mortelle. Elle se défilait à nouveau face à la mort, elle qui n’avait pas succomber à son baiser, elle se gardait pourtant de retenter l’expérience. Y avait-il une limite à cette habileté contre-nature ?  Les questionnements s’effacent, inutiles, lorsque la créature fonce sur l’opalien et qu’Amir s’interpose.

Nemeth ne bouge pas, statufiée comme ses camarades. Paralysée, non pas par la violence du combat qui s'ensuit, pas non plus par sa macabre conclusion mais par la ressemblance. Cette ressemblance frappante entre les mots de Stolos et la créature. Et cette ressemblance, dérangeante, insupportable, avec elle. La créature qui se déchaînait au milieu d’eux avait été altérée, à l’organique on avait ajouté le métal, une mécanique mortelle qui s’abattait désormais sur eux. Était-ce l’Eglise qui avait fait cela aussi ? Ou était-ce précisément ce qu’elle avait tenté en vain de détruire avant de le sceller ici ?

Avait-il vraiment pu être un Dieu ? Déchu si bas, lui qui hantait le sommet de sa tour. Le sommet ? Pas tout à fait. Un escalier de fer menait à un autre étage. L’attention de Nemeth n’aura pas l’occasion de s’arrêter sur cet élément car déjà, leur commandant s’effondre. Emportant avec lui des savoirs proscrits et autant d’éléments de réponse qui leur faisaient défaut.

La caravanière refusa l’émotion qui tentait de s’installer dans sa poitrine. Elle était inutile, dangereuse. La douce Nemeth pleurerait plus tard, pour l’heure, elle disparaissait, la caravanière n’avait que trop conscience que sa couverture devait attendre, sa survie était sur la balance. Ryker se lançait de front sur la créature pour l’empêcher de reprendre l’initiative, Chaya observait son premier assaut avant d’échanger un regard avec Aharon. Cette chose n’était pas leur mission. Un mouvement fluide, une impulsion discrète, l’homme se décale et Chaya comprend, son menton s’abaisse légèrement. Elle devrait le suivre, profiter de la diversion offerte par le patrouilleur mais un gémissement à côté d’elle arrête son mouvement.

- N-non…

La voix est si faible dans le chaos qui s’abat au centre de la pièce qu’elle pourrait aisément prétendre n’avoir rien entendu. Le bel oiseau qui se refusait à la mort, semblait si vulnérable, si dramatiquement fragile, lui qui ne rejoindrait jamais les cieux. Elle est si proche, si proche aussi de pouvoir redescendre les marches et s’éloigner des assauts de la créature de métal. Serait-ce vraiment une bonne idée ? Entre le bruit qu’ils faisaient et le fait qu’Amir ait désigné cette chose comme étant le cerveau de cette tour.. les probabilités de revoir la horde de Jiangshi en bas de ces mêmes marches était non négligeable.

Elle devrait.. avancer. Abandonner le reste de l’équipe avec les restes de leur défunt commandant et obéir à son dernier ordre, trouver le Régent. Comprendre ce qu’il était venu faire ici en sacrifiant ses hommes. Il n’avait cessé de grimper. Les cadavres parsemaient son ascension comme autant de miettes de pain. Il n’était pas mort ici et il n’y avait qu’un chemin à suivre, l’escalier sur lequel s’engageait désormais Aharon, un carreau prêt sur son arbalète. Il prenait de la hauteur, il pourrait toujours tirer sur la créature depuis l’escalier.. jusqu’à un certain point. Une brise glacée embrassait ses cheveux alors que son attention quittait le combat en dessous de lui pour se focaliser sur ce qui se trouvait en haut des marches.

- À l’aide…

Pendant un bref instant, la caravanière arrête la course folle de ses pensées et fait un arrêt sur image. L’abomination, le patrouilleur désarmé, l’opalin prêt à tirer, le médecin qui courait dans leur direction, l’oiseau blessé, l’aramilan qui disparaîtrait bientôt en haut des escaliers.. et cette main. Cette main qui l’avait sauvé de l’étreinte des élémentaires, cette main qui tremblait à présent.

Cela n’aura duré que le temps d’un clignement de paupières. Nemeth change de direction, elle rejoint Jessamy en quelques pas, se penche sur elle et se saisit fermement de son bras.

- Accrochez-vous.

La voix est calme mais ce n’est pas une pieuse demande, c’est un ordre. Car déjà Nemeth relève la banshee, la soutient et avance en direction du reste du groupe et surtout de leur médecin. Lewën capte son intention en un regard, les rejoint en deux foulées véloces. Elle lui confie Jessamy et se déleste de son paquetage avant de prendre une lente inspiration, régulant les battements de son coeur alors que ses yeux suivent les derniers blocs de pierre qui s’écrasent au sol. À la détonation du canon opalien, elle bondit en avant, fonçant, les mains vides, droit sur le Fléau. Elle semblait décider à percuter de plein fouet la créature lorsqu’à deux mètres de celle-ci, la grille métallique sous les pieds de la kamikaze se souleva, propulsant Nemeth dans les airs. Un éclat argenté rejoignit la course de l’étoile filante, l’épée de la caravanière rejoignait l’étreinte de ses doigts alors qu’elle se trouvait au-dessus du Fléau, sa main libre tendue vers la créature contraignait toute partie métallique à l’immobilité. C’était en tout cas l’objectif initial. Nemeth, épée d’Azoriax, devait s'abattre sur le Fléau et transpercer son crâne. Elle n’aurait qu’une seconde, une seule seconde pour frapper, avant que le Fléau ne parvienne à se libérer de son emprise.

- Astronome !

La voix de Lewën, sa présence là, devant les griffes du Fléau, ce nom scandé avec tant de détermination.. Un si bel acte de foi.

La seconde est écoulée.

La caravanière retient son coup, dévie souplement sa course comme si ces sauts périlleux dans les airs étaient monnaies courantes, elle atterrit sur les grilles comme un chat retomberait sur ses pattes. Seulement, elle était désormais à porté des ailes cauchemardesques et sa main libre restait au sol, comme si elle devait se soutenir. La sueur perlait sur son front, jamais elle n’avait puisé autant d’énergie sur une seule utilisation de son cristal. Jamais elle n’avait manipulé un métal aussi résistant à son emprise que celui dont était constitué le Fléau.. ou l’Astronome.

Allait-elle regretter de ne pas avoir mené son action jusqu’à terme ? Amir leur avait dit que cette chose était démente, corrompue. Surtout, la créature était l’ennemie de l’Eglise. Pourtant Chaya avait retenu son coup. Elle avait décidé de laisser une chance à la Foi.

Amen.

Résumé:
Dim 3 Déc - 15:56

Maître du Jeu

Vos actions multiples portent leurs fruits et vous évitent à tous de connaître une fin atroce. Le Fléau immobilisé, il semble ne pas chercher à se soustraire à l'influence du magnétisme le temps d'un instant. Son épée braquée vers le plafond, il est sûr qu'il aurait eu toute l'opportunité de te transpercer lors de ta manœuvre, Chaya, si tu avais été jusqu'au bout. Ton contrôle est loin d'être total et si tu as pu survivre, c'est uniquement grâce à l'intervention in-extremis de Lewën. Jerry, ton attaque l'a bien touché au niveau de ses vertèbres, mais à part provoquer une légère fumée et laisser une trace brune sur ses os, il n'y a aucune incidence ; Ryker, tu peux notamment remarquer un revêtement dans un acier inconnu qui protège les os exposés. Cela aurait été bien trop facile sinon...

Non, si le Fléau demeure paralysé pendant de longues secondes, c'est car le mot hurlé par votre médecin a réveillé quelque chose en lui. Ce laps de temps te permet de te décaler, Chaya, pour éviter la masse à l'extrémité de son épée, abattue mécaniquement comme si tu n'étais qu'un vulgaire insecte. Vous entendez alors une voix poindre. Féminine, métallique, elle émane du masque de la créature dont les lèvres demeurent immobiles :

« - Indications... »

Pendant ce même temps, la machine retrouve sa motricité et reprend ses assauts avec acharnement, à la fois sur Ryker et sur Chaya, de façon pratiquement synchrone comme si son esprit était divisé. Ce n'est qu'une question de secondes avant que l'un de vous deux ne soit grièvement blessé ou pire.

Artémis, en réponse à tes questions, les visions de la Brume te submergent alors que celle-ci t'enlace et serpente autour de toi. Comme toujours, il n'y a pas qu'une seule vérité. Tu comprends rapidement que si le Fléau a survécu pendant ces siècles... non ces millénaires, ce n'est pas sans raison. Il est virtuellement invincible et c'est bien pour cela qu'il fut construit à l'origine... comme arme de guerre. Avant d'être étudié et reprogrammé par des scientifiques de l'Empire d'Yfe pour le rendre docile et en faire un assistant de laboratoire pour l'étude des étoiles et... cela t'échappe totalement. Des autres... mondes ? dimensions ? Tu déchiffres seulement, dans ce que tu vois, que la Tour d'Yfe n'était pas simplement un haut-lieu de l'astronomie, mais aussi un observatoire aux expérimentations plus ésotériques. Et que ce n'est pas seulement la Brume qui a eu raison de ses résidents.

La Brume n'était pas là. Tu plonges soudain dans des souvenirs qui ne lui appartiennent pas ; tu ressens une peur intense, mêlée d'un profond désespoir. Ils te montrent une noirceur enveloppant le bâtiment, des visages figés dans l'effroi. Cette chose, ces ténèbres, t'ont fait perdre l'esprit et t'ont transformé en machine à tuer. Mais il fut un temps où tu étais encore une jeune et intelligente scientifique du peuple Grigori, tu ne voulais pas que ton corps devienne une arme. Ils ont utilisé tes recherches contre toi, ils ne t'ont pas écoutée. Le peuple d'Yfe t'a rendu ton libre-arbitre et là tu sens que tu le perds à nouveau. Tu sais que c'est leur volonté, qu'ils ne veulent pas que l'on découvre les chemins menant à eux. Mais il est déjà trop tard et tu contribues à leur dessein, tuant tes collègues, les hachant menu. Encore et encore. Ne faisant plus la différence, tu en attaques d'autres aux accoutrements inconnus ; ils tentent de te détruire mais finissent seulement par te contenir. Tu achèves leurs prisonniers et parfois un garde imprudent. Puis à nouveau la solitude. Et dans tout ça, l'obscurantisme, l'ignorance, alors que tu étais si brillante et que tu avais retrouvé ta vocation. Pourquoi... pourquoi...

« - Je ne veux pas les tuer. »

« - ...manquantes. »

Le glas sonne. Chaya et Ryker, vous êtes tous les deux à bout. Le prochain coup sera fatal et le Fléau a décidé d'en finir avec vous deux simultanément, avant de passer au reste. A moins que vous ne trouviez un moyen de le ramener à la surface ?
HRP:
Lun 4 Déc - 19:36

La tour des Ases

Event




Ces images, ces souvenirs…. Tant d’informations qu’il devait immédiatement traiter. Tantôt des images de la Brume, tantôt des souvenirs de l’ennemi métallique. Un ennemi ? Artémis ressentait presque de la peine pour cette chose aujourd’hui prisonnière de la ferraille. Néanmoins, ses camarades étaient en danger de mort et la pitié n’était absolument plus permise à présent. Après tout ce remue-ménage dans sa tête, le vagabond parvenait difficilement à dissocier le rêve de la réalité. On pouvait se demander comment Amir pouvait réaliser ce genre de saut temporel et revenir à lui comme si de rien n'était. Inutile de réfléchir bien longtemps, l’Aramilan se baladait dans la Brume des décennies.

Le Portebrume se réveilla tout doucement et se releva de sa position. D’un coup d’œil, il prit connaissance de la situation, de la position de ses alliés et de leur état. S’ils tenaient encore débout, certains étaient à bout et la prochaine attaque risquait d’être dévastatrice. Si une solution existait, elle devait se manifester expressément. C’est toi la solution, crétin. Reprends-toi., lâcha sèchement la Nebula qui bouillonnait en lui. Et pour cause, son hôte détenait des secrets, des informations qui pouvaient être utiles – non pour neutraliser la menace – pour l’apaiser, voire les laisser poursuivre leur mission.  

Qu’avait-il donc appris de concret ? Cette machine diabolique et indestructible était autrefois une Grigori, une scientifique des plus brillante, un esprit vif et dynamique. Les différentes périodes historiques lui échappaient encore. Il semblerait que cette femme eut été trahie par les siens, qui ont utilisé ses travaux contre elle. Cette haine de l’Eglise, le vagabond en comprenait maintenant les origines. Tuer tant d’humains innocents et continuer de vivre avec ces actes immondes dans sa conscience. Si l’Empire d’Yfe, d’une certaine manière, avait réussi à lui redonner un semblant de liberté, un lien avec son domaine de prédilection, ce fut de courte durée. Ils ne souhaitaient lui laisser cette liberté, leur secret était en danger. Chaque intrusion dans cette tour rapprochait les visiteurs vers eux.

Elle était celle qui avait tué tous les scientifiques présents ici, ses propres collègues, uniquement pour poursuivre les desseins de ses tortionnaires. Dans ses souvenirs, encore profondément encrés en lui, le vagabond ressentait encore l’immense douleur du tas de ferraille. Elle ne voulait pas tuer. Elle était manipulée. Elle tuait naturellement, sans réellement savoir qui se trouvait en-face, comme on mangeait un apéritif tout en discutant avec ses invités. Et à présent, Ryker et Chāya risquaient d’y passer. Même en se transformant, le Change-Peau n’irait pas assez vite pour bloquer l’attaque. Réagir dans l’instinct, avec ses tripes, tout en conservant un sang-froid face aux épreuves les plus insurmontables, c’était précisément le plan de vie dans lequel s’était lancé cet explorateur. Des années à voyager dans la Brume, à arpenter les ruines les plus dangereuses de ce monde. Si cette tour était un véritable cauchemar, Artémis devra redoubler d’efforts pour surmonter ses peurs dissimulées.

« EZRA ! », tonna-t-il d’une voix grave qui surplomba tout le reste.

L’ancienne scientifique dissimulée derrière tout cet attirail s’arrêta net. Il allait sans dire que ses deux cibles avaient tout intérêt à profiter de cet arrêt momentané pour s’enfuir. Sûr de lui, le vagabond approcha lentement vers l’ancienne Grigori, prêt à dégainer ses lames – malheureusement inutiles face à cet adversaire. Que rajouter de plus ? Le vieil Urhois était une langue bien trop complexe pour être apprise ainsi. Ryker et lui-même y avaient été pourtant confrontés à de nombreuses reprises, mais pas au point de formuler quelque chose de concret, d’audible et compréhensible.

« EZRA ! Reprends-toi, pardi ! Comment diable as-tu pu à ce point accepter de n’être qu’une marionnette. Tuer des innocents te révulse, mais tu continues pourtant à contribuer à leur dessein. C’est donc tout ce que tu es… une marionnette. EZRA ! C’est moi qui te parle. »

Sans se retourner vers ses camarades, le regard toujours fixé sur celui de l’ennemi, Artémis leur adressa un bref message.

« C'est une Grigori. Si l’un d’entre vous parle le vieil Urhois, qu’il le fasse immédiatement… ou qu’il se taise à jamais. », fit-il d’un ton tout à fait calme. Néanmoins, le sous-entendu fut limpide. « Nous ne pourrons rien contre cette chose. Le meilleur d’entre nous s’y est essayé en sachant l’issue. Notre seule chance est de l’atteindre de l’intérieur. Son âme est prisonnière de quelque chose que je ne peux réellement définir. »

Sans vouloir la provoquer, le Portebrume dégaina l’une de ses lames. Sa Nebula frissonna. On ne savait s’il s’agissait d’excitation ou de peur. Quand au loup qui sommeillait en lui, ses poils s’hérissaient à l’idée d’effectuer ce potentiel dernier rodéo. Voici donc le visage de la mort qu’il avait flairé dès leur arrivée à l’entrée du labyrinthe. Depuis le début, il sentait cette douce et délicate sensation lui caresser les épaules. Ce n’était pas la Brume.

« Je ne tiens pas particulièrement à t’affronter. Mais si tu es incapable de leur résister, que tu dois tous nous tuer, alors c’est à mon tour, Ezra. »

Comme on le disait en certains cas « la messe est dite. ». Le Portebrume n’avait plus rien à ajouter et pouvait maintenant affronter la mort.





Résumé :
Lun 4 Déc - 21:31



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


La gargouille de ténèbres était un prodige d’invocation par sa hargne et sa pugnacité. Cela ne devait pas suffire face à un colosse fait de métal antédiluvien. Le front perlé de sueur glacée, Keshâ laissa tomber un genou à terre en même temps que l’explosion finale de sa création. Une quantité conséquente d’énergie était grevée par sa précédente action. S’il lui en restait, ses émotions étaient à plat, le laissant léthargique au milieu du combat auquel prenait désormais part Jeremiah et Nemeth.

Rengainant le totem d’une main fébrile sur le fermoir d’acier, il se redressa avec prudence pour évaluer la situation critique, avant de juger qu’il n’avait qu’à battre en retraite s’il espérait survivre. Astronome ? D’où sortait cette idée de la part de Lewen ? L’ange impitoyable semblait avoir eu jadis un blason doré en lien avec cette tour emplie de savoir.

Son œil quetta la cage d’escalier de l’autre côté de l’observatoire. Comment espérer l’atteindre sans se faire trancher ? Même occupée par deux opposants et avec deux ailes mutilées, le Fléau conservait tout son sang-froid et sa célérité. Il esquiva quelques pas en décrivant un large arc de cercle en direction de l’instrument aux reflets chromés qui trônait au centre de la pièce.

Une ruade ramena les combattants et leurs lames dangereusement près de lui, au point qu’il sentit l’air lui cingler le visage au passage d’une lame. A terre, il recula de son mieux, jusqu’à ce qu’Artemis s’élève, auréolé de brume pour interpeller la créature. Le temps s’arrêta net l’espace d’un battement de cœur et le silence se referma comme un œuf sur l’observatoire. Les rouages même de la machine à tuer semblaient paralysés par les souvenirs évoqués.

Si Keshâ ignorait comment Artemis avait eu la possibilité ou même l’idée de tirer des informations de la Brume dans un moment si terrible, il voyait bien que ses mots portaient en partie.

-« Ezra, tout ce que vous avez à faire et de nous laisser passer. » adressa-t-il timidement en Sanctain,  à défaut de parler un traître mot de vieil Urhois. Il tenta de caresser l’esprit de cet Ezra, au risque de se faire transpercer par des lames psychiques. Mais il ne rencontra rien d’autre qu’un écran immaculé et duveteux comme du coton. Artemis occupait toute la place.

Les yeux tétanisés d’Ezra était fixés sur Artemis. Profitant de l’occasion, le jeune homme se releva pour finalement atteindre son rempart et disparaître à la vue des combattants. Il ne pouvait plus rien faire à présent. Leur plus puissant guerrier s’était fait haché menu-menu et les autres allaient suivre dans quelques instants. Quant à lui, il ne lui restait plus d’atout. A part… son chant.

Sans plus se poser de questions, ses lèvres s’entrouvrirent pour laisser échapper un son chargé par son cristal d’inertie. Chant Précieux III : La Voie de l’Harmonie. Il l’adressait tout entier la créature. S’il restait une part Grigori en elle et qu’elle n’était pas que machine, sa voix l’atteindrait peut-être pour lui rendre la raison. Seraphah serait sans doute en colère qu’il ait chanté en Andoleïa en public. Cependant, il était tellement choqué, qu’il avait complètement oublié le chant Epistote évoquant la loyauté envers la nation qu’il destinait au Régent. Ce chant, en revanche, était gravé au plus profond de lui.

Il y déversa une onde de nostalgie et d’apaisement de son mieux. Un reflet trouble parut dans le métal poli devant lui. Keshâ se retourna vivement, tout en continuant de chanter. Rien ne sauta à ses yeux alors qu’il se penchait pour voir si Ezra commençait à montrer des signes de somnolence. Ainsi n’avait-il aucune chance de voir venir l’attaque qui arrivait sur lui par en-dessous.

Elle s’insinua à travers les carreaux de la grille de métal le supportant au-dessus de l’ossuaire. Son corps soulevé fut cloué en hauteur contre le téléscope dans une expiration stupéfaite, tandis que sa conscience mourrait en même temps que son chant.

Il se releva dans une salle à l’obscurité bleutée ou roulaient des vagues d'une brume diaphane, comme une écume disparaissant sur un rivage. Les échos étaient nombreux et l’espace indistinct. C’était comme un rêve perturbant vivant de sa propre logique et reléguant le combat du Fléau et le danger courant sur ses compagnons au rang de murmures indistincts.

Sa joue pouvait sentir la pierre froide et lisse qui pavait le sol. Quand il se releva, il ne vit rien autour de lui. Personne. C’était à croire qu’il avait quitté la tour d’Yfe, ou peut-être était-il tout simplement mort. A bien y regarder, cela pouvait ressembler à la Tour, mais dans une configuration différente.

Cela serait donc l’endroit que l’on réservait aux incroyants qui n’iraient pas à l’Isthe ? Ou bien l’antichambre des limbes ? Il avança néanmoins, comme une âme en peine en appelant:
-« Est-ce que quelqu’un m’entend ?! »
Sa voix se voulait forte, plus marquée par la peur d’une solitude absolue que par le fait d’attirer un monstre sur lui.

Vers ce qui semblait être le centre de l’espace dont il ne devinait aucun mur, il finit par percevoir les contours d’un immense miroir en métal martelé. Au sol se trouvait une silhouette repliée sur elle-même. Elle lui faisait dos. Confus, il éprouvait de la répugnance à approcher, mais que pouvait-il bien faire d’autre ? Sans doute, cette personne était-elle aussi désorientée que lui par son errance ? Elle semblait être un homme de la même corpulence et du même âge que lui, mais ses cheveux étaient d’ébène.

Quand il posa une main sur son épaule, son cou pivota vers lui pour dévoiler un visage couvert d’une peau lisse et sans aspérité. Pas d’yeux, pas de nez, pas de bouche. Sans une pensée, tout son être émit un hurlement de pure horreur qui se répercuta sous les hauts plafonds de la salle brumeuse alors qu’il suffoquait.


Il suffoquait bien. Car depuis quelques minutes, qui n’avaient en réalité duré que quelques secondes, il était resté cloué au télescope les bras en croix ; la substance blanche et épaisse s’insinuait en force par ses orifices respiratoires, jusqu’au fond de se son larynx et autour de sa colonne vertébrale. La Nebula avait patienté. Elle désespérait de trouver un hôte convenable. Il fallait dire que cette créature les tuait tous et que parmi les derniers arrivants, peu avaient encore une place vacante. D’autres Nebulas les peuplaient. Il y avait cette anomalie, ce spectre. Cette mutante incompatible. Ne restait que ce mutant reptilien et Keshâ.

Une fois complètement en lui, le corps frêle retomba mollement à terre. Avant de tousser à en perdre haleine et de ventiler comme un poisson hors de l’eau. Totalement perdu, il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. L’adrénaline courait dans ses veines comme de l’électricité, son corps semblait trop petit pour lui et pesant comme si une force poussait de l’intérieur. Et il avait si froid, si froid, que le blizzard même semblait avoir trouvé refuge en lui…

Il se releva sur des jambes tremblantes, adossé à son reflet brouillé dans le télescope, pour voir où le groupe en était.

Résumé:
Ven 8 Déc - 13:01
L’esprit du Portebrume ne laissait aucune perturbation s’immiscer dans son combat, pas même l’être qui rôdait en périphérie de sa perception. Pas même la mort de celui qui était censé leur permettre de survivre dans ce traquenard. Beaucoup avaient laissé la vie dans les dangers de la Brume et bien que ce fut la première fois que Ryker perçut le deuil de sa nebula, il n’en tint pas rigueur. Il avait un monstre à affronter. Protéger ses camarades, gagner du temps. Il ne pensait pas que la fuite fût une option valable, car grimper impliquait toujours de redescendre. Le mystère qui nimbait le Régent attendrait : tous avaient été convoqués ici pour une raison. Celle du Patrouilleur se dévoila une fois de plus devant eux lorsqu’il céda à sa transe et se livra dans le combat. Corps … et âmes. Il ne pouvait se permettre de lâcher prise comme face aux jiangshis car la créature qui lui faisait face ne tomberait pas face à sa violence uniquement. Il l’affrontait à deux armes, et déviait ses coups avec un peu moins de force à chaque fois.

C’était sans compter les talents cachés de son équipe. Une gargouille nimbée de ténèbres lui prêta main forte et les guerriers se coordonnèrent pour livrer un assaut fantasque sur l’être vicieux qui les dominait. Le Patrouilleur glissait, esquivait et ne dû son repos qu’à l’intervention de la créature conjurée par Kêsha. Il l’aurait cru premier à mourir au début de leur aventure … mais voilà qu’il vint le surprendre par deux fois. Mauvais juge, Ryker, mauvais juge. Il le remercia d’un signe de la tête, conscient des efforts que la conjuration exigeait. A l’instant où il put reprendre son souffle et où la créature s’acharnait sur les ailes de leur ennemi, un souffle énergétique frôla le Patrouilleur. Le vent s’engouffra dans son sillon et lui fit faire un pas en avant. Il tourna la tête vers Jeremiah. Ce type était … Hm. Mieux valait l’avoir dans son camp, hein ? C’était sans compter sur la pieuse qui se révéla tout à coup … voltigeuse ? Elle tordit le métal et s’activa à démontrer des talents qui mirent les sens de Ryker en émoi. Il ne la reconnaissait pas et se méfiance se fut mesquine. Il plissa les yeux, posa son épée brisée pour reprendre son souffle avant de reprendre le combat.

Puis la voix de Lewën les arrêta tous. Astronome ? La créature se stoppa et leur offrit un instant de répit. Le Portebrume en profita pour l’inspecter mais ne put que se rendre à l’évidence de ce qu’il avait déjà compris au fond de lui. Il n’avait aucune chance de la vaincre. Pas assez équipé, pas assez armé … pas assez fort. Mais une vibration dans la Brume et la sentience de sa nebula le fit frémir. Que faisait donc Artemis ?

- Ces mots … me disent quelque chose … murmura-t-il lorsque la voix métallique de la créature s’échappa de sa carcasse. Des souvenirs qui le ramenaient à d’autres espaces désertés par la Brume et à un ouvrage qui avaient depuis des semaines obsédé ses nuits et ses journées.

Il fronça les sourcils mais déjà Artemis démontrait un talent qui avait, lui aussi, obsédé Ryker. Il en avait eu la preuve et maintenant la certitude : cet homme parlait à la Brume. Et la Brume l’écoutait. Il fronça les sourcils, recula. Une capacité qui … activa les feux de sa jalousie. La Malice les avait rejoint et elle s’épaississait. La voix de Kêsha se glissa parmi eux sans qu’on ne puisse le voir. S’était-il dissimulé pour tenter quelque chose ? La Brume ondulait autour d’Artemis lorsqu’il s’avança. Elle ne désirait pas le perdre et Ryker semblait percevoir sa … tristesse une fraction de seconde. Il serra les dents et se dressa avec ses deux lames. Il avait encore une carte à jouer. Réno l’avait-il su en le mandant lui, spécialement ? Le chant entoura la créature, s’immisça en elle. Les paroles la cajolèrent mais la gangue métallique semblait altérer les effets : quelque chose était à l’œuvre. Elle sembla pourtant osciller, jusqu’à ce qu’un cri étouffé ne vienne mettre fin à la mélodie. Le Patrouilleur se tourna en direction de Keshâ mais les cliquetis de la créature qui reprenait ses esprits l’interrompit. Il rengaina son épée, leva la main.


Le Patrouilleur contourna la créature, se positionna derrière Artemis et adressa un signe de paix tel qu'il l'avait vu dans les enluminures des ouvrages qu'il avait pu consulter. Il baissa la pointe de sa lame brisée et affronta le regard placide de celle qui ne voulait pas tuer. Il frémit. Tant d'horreurs, tant de souffrances ... Les éléments s'ordonnaient dans son esprit encore échaudé par le combat. Il piétinait dans les viscères d'un homme qu'il avait autrefois pu révérer, tuer par cette chose. Mais il ne pouvait que la prendre en pitié. Il y avait pire que la Brume, pire que ses engeances. La cruauté de ses pairs était tout ce qui avait perverti cette Tour. Dire que même la Malice le déplorait ... Artemis aurait tout le loisir de leur raconter ce qu'il avait vu précisément. A se demander si la Brume n'était pas le remède, finalement ... Pensée à laquelle sa nebula acquiesça. Il chassa cette idée aussi vite qu'elle était venue.

- Ezra n’est pas qu’un nom. révéla-t-il avant de s’avancer un peu vers la créature, bien qu’à distance de ses lames. C'est aussi un message d'espoir, d'aide. De protection. J’espère que ma prononciation sera correcte …

Ryker se racla la gorge et fit le vide dans son esprit pour tenter d’assembler le peu qu’il était capable de retenir de cette langue et de sa prononciation. La traduction était encore hasardeuse, tout comme la prononciation. Fort heureusement, cela faisait partie des quelques secrets de ce que Zénobie cachait en son sein. Des phrases toutes faites, souvent mystérieuses. Mais qui avaient passé le crible des universitaires qui s’étaient dédiés à l’urhois ancien.

- עֶזְרָא הגשת עזרה. Je répète. הגשת עזרה . צייתי לי. tenta-t-il, bien que conscient que les quelques mots simplistes qu’il connaissait ne suffiraient peut-être pas ou que sa langue malhabile pourrait écorcher certaines sonorités. הגן עלינו מפני הוראה ואני אשחרר אותך

Les secondes s’égrenèrent, le Patrouilleur leva la main en direction de ses camarades pour leur intimer de ne pas agir en attendant la réaction de la créature. Il était encore hors de portée de la chose et attendait son verdict. Placée sous le télescope … était-il prêt à parier sur cet instant suspendu pour les sauver ? Ses poils se dressèrent sur sa peau, un frisson glissa sur son échine. Le temps se figeait, et le froid se glissait à nouveau parmi eux. Il tournait le dos à ce que vivait Keshâ et ne put en être témoin, mais sa part de Brume le ressentit. Le Patrouilleur attribua cette gêne à ce qu'il était en train de faire et de vivre.

Il expira, se répéta les phrases à voix basse en langue commune, avant de les redire à voix haute dans ce qu’il pouvait transmettre en vieil urhois.

Ezra porte-nous secours.
עֶזְרָא הגשת עזרה

Porte-nous secours.
הגשת עזרה

Obéis-moi.
צייתי לי

Et je te libèrerai.
ואני אשחרר אותך

Instruction.
הוראה

Protège-nous.
הגן עלינו מפני


HRP: