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[Event] Assaut sur la tour hantée

[Event] Assaut sur la tour hantée - Page 2 Brandw10
Mar 31 Oct - 16:44
Le feu de joie allumé par l'aramilien fut remarquable d'intensité, mais tristement trop court. Ça ne tuera pas la chose, mais pendant qu'elle refabrique son corps, vous avez un boulevard pour fuir. L'essentiel est que le leichi n'interfère pas avec l'arrestation du Régent : qu'il soit mort ou seulement cuit ne fait aucune différence sur le résultat final. Tu suis Max et Artémis, car tout deux sont des clébards, et donc dignes de confiance quand il s'agit de pister des odeurs fortes. C'est toujours utile d'avoir un ou deux canidés dans l'équipe, ça permet d'être jamais complètement paumé.

T'as encore Kesha l'epistote qui s'invite dans ta tête, celui-là doit te confondre avec un bar dans lequel il peut se poser pour raconter sa vie. Fichtre, dans un monde idéal, vu la quantité de secrets horribles et honteux que tu connais, tu devrais avoir le cerveau le plus opaque du Magistère, spécialement face à un epistote ! C'est plutôt dommageable pour ton ego, d'être aussi réceptif. L'intrus fait le point sur la situation du groupe d'Amir, ils se dirigent vers la tour, bien sûr. Faut se rassembler, et c'est une mauvaise idée de suivre bêtement leurs odeurs sans prendre en compte le fait qu'ils sont en train de les répandre partout, s'ils se baladent.

- J'ai le télépathe dans la tête. Il me dit qu'ils bougent vers la tour. Rejoignons les directement là-bas.

Max semble tout simplement être chez lui. Choisissant sans hésitation chaque virage et chaque couloir, il déniche la piste des copains au milieu de cet orchestre d'odeurs occultes. La tour s'agrandit à vue d'oeil au fur et à mesure que vous vous rapprochez, elle semble lentement poignarder le ciel nocturne. Et puis, elle devient si vaste que son ombre vous dévore. Le labyrinthe s'arrête, et tout devient comme subitement clair. Un immense désert de pavés blancs s'ouvre à vous. Loin de te laisser hypnotiser par les prouesses architecturales qui se dessinent dans les ombres, tu restes solidement accroché à ton fusil, que tu recharges cartouche par cartouche.

C'est avec une excitation enfantine qu'il les retrouve, Max, le reste du groupe amassé autour d'Amir. Ils ont tous l'air vivants et en bonne santé. Le soulagement qui s'affiche dans les yeux en vous voyant approcher est réciproque. Bon, on irait pas jusqu'à dire que c'est un miracle : disons plutôt que c'est bon signe qu'aucun ne soit mort si tôt dans l'expédition. Cela signifie que tout le monde maitrise les bases. Les horreurs qui vous attendent à partir d'ici sont le vrai test.

L'ennemi, supposément barricadé dans cette tour, a possiblement pu observer votre progression depuis les hauteurs, malgré la nuit, d'autant plus si comme tu le soupçonnes, ils ont réussi d'une manière ou d'une autre à se mettre les phénomènes brumeux locaux dans la poche... Dans tout les cas, il serait sot de penser qu'ils n'ont posté aucune vigie capable de surveiller l'apparition d'intrus, et le fracas causé par les affrontements n'ont du que confirmer votre présence à l'ennemi.

Tu observes attentivement les réactions du groupe. Beaucoup se relâchent un peu trop à ton goût.

- Ne baissez pas votre garde. Ils pourraient nous sauter dessus d'une seconde à l'autre, que tu observes en constatant que certains camarades rengainent un peu tôt leurs armes ou se croient en pause. Vous êtes, ne l'oublions pas, extrêmement vulnérables, placés là sur le parvis comme des pigeons qui attendent de se faire flinguer.

Ryker fait part de ses inquiétudes à ses camarades en désignant la tour. On y perçoit des silhouettes, des ombres mouvantes derrière les fenêtres. Visiblement, pas de snipers. Ta vigilance devient obsessionnelle, presque paranoïa. Ici, tout devient ennemi potentiel. Même l'inerte, même le fantasme.

Tout en commençant à étudier ce que tu perçois du bas de la tour, son architecture et ses entrées potentielles, tu commentes ce que tu comptes faire :

- Nous devrions faire le tour et chercher une porte dérobée ou une fenêtre accessible. N'empruntons pas les entrées évidentes.
... oh, et si quelqu'un a prévu de bons explosifs, envisageons aussi l'option de créer notre propre entrée.


N'oublions pas que malgré l'aspect mystique de la mission, nous restons fondamentalement en opération commando. Il est sage d'ouvrir ses propres portes, plutôt que d'utiliser des pré-existantes que l'ennemi aura truffé de pièges.

- Nous devons présumer que les entrées de cette tour doivent avoir été lourdement piégées. Ils nous attendent forcément. Peut-être savent-ils même déjà qui nous sommes.

Si le Régent et ses fous ont réussi à se barricader dans cet endroit maudit sans mourir, je me méfierais davantage d'eux que des fantômes qui végètent là-dedans.


Avant de rentrer, vous aurez besoin d'un maximum d'informations. Heureusement, beaucoup ici ont des sens affutés, capables de balayer les environs, de détecter des sons, des odeurs voire des âmes. C'est l'heure pour les canidés, les chauve-souris, et les télépathes de briller.

- Au moindre doute, Max pourra servir d'éclaireur et de sac de viande. J'ai confiance en sa capacité à ne pas mourir trop vite si une saloperie occulte lui tombe dessus.


Résumax:
Mar 31 Oct - 18:00
Pendant un instant, l'obscurité s'est abattue comme une main d'encre devant ses yeux. Elle a senti la mort plonger ses crocs profondément dans sa jugulaire, au moment de frapper. La douleur remonter de sa gorge à son crâne. Elle aurait dû partir avec l'incube, même avant que celui-ci ne succombe au tranchant de l'artiste bretteuse. Cette dernière a dû voir la créature s'éteindre un instant, une fraction de seconde, avant de se ranimer, fantoche de la pierre qui lui semble pulser contre sa poitrine. Le second cœur.

Depuis son premier meurtre à Xandrie, elle s'avoue avoir déjà été tentée de tester ses nouvelles limites — si seulement elle en avait encore. Jamais elle n'avait encore franchi le pas, essayé par elle-même de tâtonner le seuil de la mort, pour voir jusqu'où elle pourrait aller pour mieux s'enfuir. Mais il lui reste encore ces réflexes tenaces de sa vie de mortelle, l'hoirie viscérale de ce qui lui reste d'humanité. Quand elle a senti les poignards putrides pénétrer sa chair, elle a eu peur en voyant sa vie s'enfuir. Elle a cru voir sa frêle présence d'en haut, en train d'être achevée. Avant de revenir dans son corps, comme si rien de tout cela n'était arrivé. Son corps ment, à nouveau. Et elle aussi se met à mentir, quand elle se débarrasse du revers de la main, l'air de rien, de l'ectoplasme qui dégouline sur sa gorge et le long de sa poitrine sous les yeux de Nemeth.

Jessamy darde du regard la haie par laquelle leur troisième adversaire s'est échappé, sans chercher à le poursuivre. Ses griffes se jettent à nouveau sur la haie, déchiquetant l'écorce en copeaux éclatés. Les branchages se déploient comme des côtes qui se brisent. Le labyrinthe est une gigantesque carcasse sylvestre, qui pourrait les digérer s'ils ne le forcent pas à les régurgiter devant la tour.

La plaie ouverte entre les feuilles, la mutante ramasse sa canne avant de suivre ses compagnons. Elle ignore toujours ce qu'est- un Liechi, mais le hurlement qu'elle a entendu a sonné comme un mauvais présage.

« L'autre groupe a Max, et Artémis. Ils nous retrouveront. »

Elle n'ose lever le museau pour tenter d'attraper leur odeur au vol ; celle du médecin, putride et piquante, manque déjà de lui donner les larmes aux yeux. Seule sa confiance envers le vétéran  de Dainsbourg la guide. D'une main poisseuse, elle se couvre la bouche et le nez  puis s'engouffre dans la faille. Du coin de l’œil, elle observe Keshâ'rem avancer lui aussi. Elle ne l'aurait pas cru si aguerri, au premier abord. Il a l'expression vague des jeunes premiers qui avancent faute de mieux, après le choc du premier sang. Elle aussi a connu cela. Mais ce n'est pas en marchant qu'il abandonnera les horreurs dont il a été témoin et complice. Elles le suivront. Elles les suivent tous.

Le labyrinthe régurgite enfin le premier groupe sur ce qui, autrefois, devait être une belle esplanade. Désormais, les pierres sont soulevées, empalées par de lourdes racines qui cherchent la lumière pâle de la Brume. Son regard suit les récifs creusés par les âges de la tour d'Yfe, jusqu'au moment où ils se noient dans l'épaisse blancheur. Trébuche sur les ombres qui semblent se mouvoir derrière ses fenêtres poussiéreuses, yeux voilés. Elle imite son camarade en plongeant ses mains graciles dans la neige, débarrassant tant bien que mal ses cheveux, son visage et ses vêtements des restes âcres et gluants de l'incube. C'est en relevant le museau qu'elle croise le regard torve de Max, suivi par la deuxième moitié du groupe. Un fin sourire lui fend le visage en apercevant Artémis et Œil-de-Nuit.

Mais l'heure n'est pas vraiment aux retrouvailles. Ainsi exposés, ils sont bien trop visibles pour leurs adversaires — s'il y en a. La simple évocation d'une prison lui fait resserrer sa poigne sur sa canne. Le Patrouilleur a raison, pourtant — quelque chose de malsain émane de cette tour. L'édifice ne lui évoque en rien un refuge, mais plutôt un tombeau. Un vestige qu'il aurait mieux valu laisser s'effondrer.

« Et nous, on va aller s'enterrer dedans... », fait-elle pour elle-même.

Hochant la tête face à la suggestion de l'Opalien — infect, mais compétent, à son grand dam —, la mutante se rapproche des murs froids de la tour d'Yfe, les sens à l'affût pour repérer une trace qui trahirait leurs proies. Prudemment, elle jette un coup d’œil devant chaque fenêtre avant de se faufiler devant. Mais chacune d'elle semble bloquée par des planches. Elle fronce les sourcils. Depuis combien de temps sont-elles ainsi colmatées ? Les hommes du Régent se seraient-ils barricadés à l'intérieur ? Ou le bois a-t-il été figé par le temps ? Quels secrets méritent d'être ainsi cachés ?
Et dans ce cas, pourquoi avoir laissé une fenêtre sans verrou ?

Longeant toujours le mur, la banshee revient discrètement vers ses camarades, puis leur pointe du doigt l'ouverture.

Résumé:
Mar 31 Oct - 19:30



Assaut sur la tour hantée

Event


Ses doigts se raidissent sur le pommeau de sa lame, un picotement fourmille dans sa paume, la caravanière souffre de devoir juguler la puissante pulsion qui foudroie son être alors que ses prunelles mordorées ne quittent plus le dos de cette passionnante créature. Ses plumes frissonnent alors qu’elle est occupée à dégager le chemin avec Amir et Keshâ, sa nuque de porcelaine laissée vulnérable, un appel silencieux mais irrésistible. Le fragile oiseau avait rejeté Son baiser, balayer du dos de la main l’étreinte de Ses bras. Impossible pour Chaya de ne pas pleurer pour son éternelle Amie, aussi abruptement rejetée.

Devrait-elle lui trancher la tête pour corriger ce qui ne pouvait être qu’une erreur ? On ne pouvait se désister à la Mort, lui faire faux bond au moment même où elle se penchait sur nous. Chaya ne comprenait pas ce qu’elle avait pourtant vu de ses propres yeux et sa frustration était aussi vive que son dénie face à l’autre sentiment qui naissait pour cette parfaite anomalie. Elle voulait lui briser la nuque, s’assurer que la Brume ne lui jouait pas des tours mais, cela serait vraisemblablement mal venu de le faire sous les yeux de ses autres camarades. Le moment serait d’autant plus mal choisi qu’ils auraient très certainement besoin de toutes leurs forces pour la suite de leur petit séjour ici.

Nemeth restait en arrière, laissant le reste de son groupe s’occuper de déblayer la voie, elle veillait sur leurs arrières. Abandonner le deuxième groupe ne sembla pas poser davantage de question à ceux présents qu’à Amir lui-même. Ce serait pourtant dommageable de perdre la moitié de leur effectif sur le premier obstacle à se présenter. Il ne leur restait plus qu’à avoir confiance dans les capacités de leurs comparses pour se frayer eux-aussi un chemin jusqu’à la Tour. Leurs chances semblaient d’autant plus élevées qu’il y avait dans le groupe égaré les profils les plus visiblement aptes au combat.

Cela dit, il était évident que les carrures frêles qui l'entouraient recelaient moult surprises.. Nauséabondes pour le brillant docteur, certes, mais efficaces. Que dire de celui qui avait foncé, tête baissée mais lame en avant, sur le premier incube ? L’aramilanne découvre sur son visage, l’ampleur de sa jeunesse, il s’est muré dans une froide résilience, suivant mécaniquement les ordres, éradiquant la moindre expression de ses traits. Sa beauté devenait statue de grès, parfaite et vide. Chaya avait déjà contempler ce vide, dans les yeux de ceux qu’on envoyait au combat, de ceux qui s’y retrouvaient seuls. Alors qu’ils arrivent enfin au pied de la Tour et que la tension retombe d’un demi-cran, Nemeth approche prudemment de Keshâ et s’accroupit à côté de lui alors qu’il tâche de se débarbouiller.

- Tenez, ça vous fera du bien.

Entre les doigts gantés de la blonde, un carreau de chocolat et sur son visage un sourire confiant. Pour faire bonne mesure, elle croque elle aussi dans un morceau de réconfort, noir et intense avec une légère pointe d’épice. Amicale, Nemeth n’avait aucune raison de ne pas l’être, sa survie comme celle de tous ici dépendait de leur habilité à former un groupe, une équipe. Elle se redressait, laissant à Keshâ un peu d’espace et de tranquillité, tant qu’il pouvait encore en profiter. Le bel oiseau tout proche, elle lui tendait aussi un morceau de chocolat. Une façon comme une autre de l’approcher, de l’observer, de glisser un regard perceptiblement inquiet le long de sa jugulaire, délicieusement intacte.

Elle ne dit rien pourtant, la fille du désert, elle ne questionne pas, peut-être parce qu’elle doute de sa vision ou de la Brume ou peut-être parce que ce secret est précieux. Un lien rouge et invisible, tendu entre leurs doigts.

Le reste du groupe les rejoint finalement, rompant la distribution de chocolat et le très relatif instant de repos qu’ils s’étaient accordés. Nemeth n’a pas regardé la Tour, elle n’a pas levé les yeux pour admirer ses grands murs accusateurs mais elle sent sa présence comme une ombre immense, pesante, sur ses épaules. Elle préfère écouter que parler car dans les vérités qui fusent au travers des lèvres de ceux qui questionnent, elle sent le chapelet qui se resserre autour de son poignet. À l’écoute des réponses que pourraient donner Amir, Nemeth observe les alentours, aux aguets, elle veille sur leurs arrières.

Résumé:
Mer 1 Nov - 10:56

La tour des Ases

Event



Il sentait l'énergie affluer en lui, occupant tout l'espace de son corps avant de se dissoudre dans sa propre essence. Sa Nebula s'extasia de ce moment, elle s'exprimait à travers ses mains et semblait insatiable.
Lewën mit un terme à l'absorption lorsqu'Amir se fraya un chemin à travers les haies après un travail acharné de ses camarades. Le médecin ne savait si l'adrénaline ou l'action de sa symbiote en était la cause mais il sentit un regain d'énergie le faire trépigner.

Moins agitée, Curie profita de l'accalmie pour sortir de la sacoche dans laquelle Lewën la transportait. Incommodée par l'odeur de son maître, elle marcha non loin de lui, mais assez pour ne pas se sentir nauséeuse. Était-ce par délicatesse que ses acolytes ne dirent rien ? Toujours était-il que le médecin était devenu une boule puante.

Amir décida de continuer sans le reste du groupe, décision qui fit serrer la mâchoire du dépigmenté néanmoins nécessaire. Comme pour confirmer le choix difficile, un cri déchira le labyrinthe. Un Liechie faisait-il ce genre de bruit ? Rien de rassurant quant à la survie des coéquipiers. Le médecin marqua un temps de pause, hésitant. Curie semblant flairer une odeur venant de leur flanc.
La créature les accompagnant eut des paroles un tant soit peu rassurantes qui invitèrent le médecin à poursuivre vers la tour. Avec un peu de chance, l'odeur qu'il dégageait attirerait le chien de Jeremiah. En espérant qu'ils ne tourneront pas une nouvelle fois en rond pour trouver la tour.

A son grand soulagement ce ne fut pas le cas et très vite l'équipe se retrouva à son complet. Max entreprit de poursuivre Curie, éternuant en passant à côté du médecin, la musaboises trouvant refuge sur les hauteurs de l'impénétrable Amir. Lewën vint récupérer son rongeur qui saura de ses mains quelques pas plus loin, entreprenant de nettoyer la puanteur que son maître venait de déposer sur son oelage. L'homme s'approcha du jeune Epistote qui semblait choqué et épuisé, mangeant le bout de chocolat donné par la jeune Nemeth. Posant une main sur son épaule pour l'obliger à le regarder, il lui parla doucement.
- Keshâ, se rappela-t-il le prénom. Merci pour tout à l'heure.
Lewën souhaitait redonner du sens à l'acte du jeune homme, lui rappelant qu'il lui avait probablement sauvé la vie. Il fallait qu'il reprenne ses esprits, sinon le médecin ne lui donnerait pas longtemps à survivre pour la suite des épreuves qui les attendaient. Il prit la main de l'homme dans la sienne et ferma les yeux, le temps d'imposer à sa Nebula de restituer un peu de l'énergie absorbée à son équipier.
- Avec ça tu vas te sentir mieux. déclara-t-il avant de remettre ses gants sur ses doigts gelés. Lui tendant à nouveau la main, il l'aida à se relever avant d'observer le reste du groupe.

Jeremiah les avertit de ne pas baisser la garde, le géant avait raison, aucun lieu n'était sûr. Ryker questionna Amir sur ce qu'était cette tour et son lien avec les découvertes de Dainsbourg. Une information qui suscita l'intérêt de Lewën toujours à la recherche des milliers de pièces de puzzle formés par la Brume et ses mystères.
Chacun y allant de ses instincts et expériences, Artémis immobile flairait les environs, Ryker ressentait un mauvais pressentiment, Jeremiah proposa de faire le tour et à sa suite Jessamy trouva la seule fenêtre dont le bois a été arraché. Les mutants formaient un duo étrange et efficace. L'un exubérant, l'autre introvertie. Ils se complétaient dans leur monstruosité.
Le géant au masque de fer mit un terme aux réflexions du médecin, lui suggérant d'utiliser son cristal pour lire le bois, savoir s'il était piégé et si l'équipe du Régent était passée par là.
Lewën ne fit pas plus attendre l'assistance, il vit la discrète Nemeth se plaçait en position de sentinelle, prête à éloigner un éventuel danger. Chacun resta sur le qui-vive. Le malingre ouvrit la dimension de poche pour y récupérer son cristal de cognition et s'y connecta après avoir retirer une nouvelle fois ses gants. De sa senestre il s'approcha de la fenêtre pour y toucher le bois.

Les ténèbres, le néant. Il n'y a rien ici, un vide sans fin noyé dans une profonde tristesse. Le sentiment d'être épié, je peine à relever la tête pour fixer ses yeux qui m'observent dans la noire profondeur de ce lieu loin de tout. Où suis-je ?
Je veux revenir mais je suis contraint de rester. Le temps s'écoule, je sens que je ne suis pas le bienvenu. Je m'enfonce dans la noirceur, je m'étouffe. Cette présence voilée m'immobilise de son regard inquisiteur. Où suis-je ?


Lewën recula vivement, reprenant une grande inspiration. Jessamy l'observait étrangement tandis que le médecin remettait de l'ordre dans ses sentiments.
- J'étais bloqué dans une … dimension étrange. justifia-t-il sa longue vision.

Ryker fronça les sourcils d'incompréhension :

- Tu as à peine effleuré le bois le corrigea-t-il.

Lewën avait l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur, il sentit encore le regard l'observait, le jugeait. Mais cette fois il s'agissait de celui d'Amir.

- Ce cristal me permet de ressentir et voir ce qu'un objet ou une personne à vécu. Là… là j'ai l'impression d'avoir été transporté ailleurs. Il n'y avait que vide et tristesse, et des yeux qui m'observaient. expliqua le Portebrume.

Tout ça n'avait ni queue ni tête pour le moment. Il finit par conclure :
- Je ne peux certifier qu'il n'y a pas de piège avec le cristal. Par contre, les planches sont à l'extérieur. Je suppose qu'on a voulu enfermer quelque chose là-dedans. Il y aura forcément quelque chose qui nous tombera dessus.

Curie vint se blottir contre sa cheville malgré l'odeur nauséabonde de son maître, les oreilles dressées. Elle avait entendu quelque chose qui n'était pas parvenu aux tympans de Lewën. Maintenant qu'ils étaient là, ils n'avaient d'autres choix que de continuer.

Résumé:
Jeu 2 Nov - 0:44

Maître du Jeu

Vous voilà tous réunis à présent. Vous comprenez tous les enjeux qui se trament désormais, vous avez une première idée de ce que la Tour est et de ce qu'elle peut faire. Elle ne vous veut pas du bien, de ses jardins jusqu'à sa cime. Et ce qui y vit non plus, d'ailleurs. La Brume s'agite et murmure à l'oreille d'Amir. Elle a peur. Elle a froid. Elle se sent coupée et entravée. Elle ne veut plus qu'on l'utilise. Votre commandant comprend dans tout cela qu'il vaut mieux ne plus faire appel à elle avant un petit moment. Il vous fait confiance pour prendre le relai si les choses tournent mal.

Avant de donner les directives pour la suite, le commandant se tient coi et vous regarde à tour de rôle. Ryker, le morceau de bois que tu as ramassé appartient au Liechi et tant que tu le posséderas, il te traquera. L'écorce elle-même cherche à rejoindre son propriétaire, se déplaçant légèrement comme soulevée par le vent dans ce que tu devines être sa direction. Tu possèdes donc une sorte de boussole. Mis à part ça, tu n'as aucune réponse à tes questions, en vertu de quoi tu gagnes simplement un regard torve d'Amir qui, probablement, n'en sait pas plus que toi.

Vous pourriez évidemment fabriquer un accès comme le suggère Jerry, mais étrangement Amir n'est pas trop à l'aise avec l'idée d'indiquer votre position... à qui ou quoi que ce soit. Après avoir terminé son inspection, il se balade simplement le long des fenêtres du rez-de-chaussée, passant devant Lewën perdu dans ses pensées, puis à l'insu de tous, le voilà disparu. Artémis, tu n'auras pas besoin de pister l'odeur de qui que ce soit, et de toute façon tu ne sens rien : une fenêtre a été brisée. Ou du moins le bois qui la recouvrait. Elle donne sur un couloir drapé de noirceur qui se prolonge vers là où vous trouviez, dans la continuité de la grande porte.

« - Nous passerons par ici, » indique la Sentinelle après être revenu par l'encadrure, sain et sauf.

Peut-être est-ce car Amir est concentré, mais une fois l'ordre donné, il ne s'attarde pas pour savoir si vous le suivez ou non et disparaît à nouveau. Il n'a pas l'air de s'inquiéter de potentiels mutins.

Si vous décidez de passer par la fenêtre, vous découvrirez un intérieur grandement abimé, rongé par l'humidité et la vie qui s'est installée ici au fil des siècles. Les tapis qui recouvraient jadis un parquet splendides ne sont plus que des lambeaux rêches aux couleurs fanées ; les tapisseries défraichies sur les murs présentent des motifs méconnaissables et ça et là, des appliques ont fini par rouiller et tomber au sol.

« - Faites attention à où vous mettez les pieds. »

Et surtout restez groupés. Mais cela, l'aramilan le garde pour lui, plutôt avare en conseils. Le silence il observe en avisant le hall d'entrée plus loin, dissimulé derrière le coin d'un mur. Aucun bruit et personne à la réception. En vous avançant ensuite, vous pouvez littéralement reconnaître ce qui était jadis un comptoir et faisait office d'accueil, entre deux paires d'escaliers latéraux servant à accéder au premier étage... ou au sous-sol.

Ceci dit Amir n'a aucune envie de faire deux groupes à nouveau. Jaugeant les effectifs, il propose plutôt de monter jusqu'en haut de la tour avant d'inspecter son soubassement. C'est ainsi que vous vous avancez dans les couloirs de la partie gauche du bâtiment...

Sans savoir que, déjà, quelque chose s'amasse et vous suit.
HRP:
Jeu 2 Nov - 16:24
Le Patrouilleur observa le bout de bois, le sentant tressauter dans sa main. La fine écharde pointait vers les haies meurtrières du labyrinthe. Elle voulait revenir vers son propriétaire, il le sentait. Nul doute que ce dernier cherchait lui aussi à recouvrer ce qu’il lui avait subtilisé. Il resta pensif quelques secondes : si jamais le Régent était mal intentionné, quel usage pourrait-il en faire ? Le Liechi était-il allié à ce qui se trouvait là-dedans ou était-il son geôlier ? Malheureusement, ils n’avaient pas assez de temps devant eux pour considérer de telles circonvolutions. Chacun y allait de sa remarque pertinente mais les options étaient limitées. Jeremiah avait un fort penchant pour les explosifs, ce qui était à la fois flippant et rassurant. Il risquait de tout faire exploser à tout moment, certes, mais il risquait aussi de tout faire exploser, et à tout moment ! La nuance était importante.

- Moi aussi, je me méfie de ce vieux scélérat.
murmura-t-il, gardant le bout de bois du Liechi en main. C’était une idée dangereuse, mais à moins de la planter dans la tignasse d’Artemis il n’avait pas d’autres idées.

Il observa du coin de l’œil que les autres semblaient mâchonner quelque chose avec une forte odeur de cacao qui eut pour effet de faire gargouiller son ventre. Le Patrouilleur se racla la gorge pour ignorer ce détail et se rapprocha de Lewën qui tentait de répondre à sa demande. Ce dernier vint confirmer ses craintes sur cette prison : il y avait quelque chose à l’intérieur et à voir comment ses mains s’agitaient quand il en parlait, ce n’était pas rien. La puissance évocatrice de ce que la tour contenait avait suffit à l’ébranler. Ryker serra d’autant plus la brindille du Liechi. Il perçut sa malveillance et la puissance qui se dégageait du fragment. Il ferait mieux de la jeter, loin, mais il craignait d'avoir à affronter de nouveau le Liechi et cela pourrait peut-être les aider dans le futur. Il grommela quelques paroles inaudibles. Amir avait repris les commandes, et c’était pour le mieux. Il disparut quelques secondes, s’engouffra dans le bâtiment là où, visiblement, la troupe du Régent les avait précédés.

- Y a-t-il des traces de leur passage ? Un truc aussi vieux, ça doit drainer la poussière … ils auraient laissé des marques non ? demanda Ryker, sa torche en l’air.

Le Patrouilleur suivit le mouvement et s’engouffra dans la tour, après avoir aider les plus frêles à grimper. Il darda une dernière fois un regard vers le labyrinthe et l’écharde qui tressautait. Il s’appliqua à recouvrir leur entrée, et à graver un discret symbole à côté de la fenêtre. Si quoi que ce soit passait par ici, il le saurait … si d’aventure ils revenaient ici. Il s’agenouilla, toucha les tapis en lambeaux de ses doigts. Tout semblait avoir … souffert du temps. La vie avait repris ses droits ici et la moindre planche semblait prête à céder. Le rez-de-chaussée était vide, sinistre. Les tableaux avaient depuis longtemps coulé ou s’étaient ouverts en de terrifiantes caricatures de vivants. Les draperies étaient pleines de toiles et de crottes de rongeur :  seuls les hommes avaient déserté la tour. Il comprit pourquoi Amir n’avait pas voulu s’attarder sur cet étage : les traces humaines dans la poussière se dirigeaient exclusivement vers les escaliers. Le caravanier pourrait communiquer davantage avec son équipe que ça ne les dérangerait pas : au moins s’accordèrent-ils à explorer les étages avant les souterrains. Il soupira, observa au travers des carreaux en suivant la petite troupe : le gel empêchait toute visibilité, bien qu’il se sente davantage réchauffé ici. Le reste était calfeutré par du bois, si bien qu’il ne pouvait que difficilement observer l’extérieur : il aperçut cependant un peu le labyrinthe ce qui ne le rassura qu’à moitié. Tant pis, il verrait mieux de plus haut. Il n’avait pas envie de descendre plus bas, lui non plus. L’accueil de la tour ou les souterrains attendraient : ils n’étaient pas là en mission d’exploration. Ils devaient retrouver et, a priori, ramener le Régent. Ou ce qui en restait. Chacun devait avoir son propre agenda.

Ryker ...

Le Patrouilleur se retourna, un vent glacé s'engouffra sous ses vêtements. Etait-ce sa Nebula, ou bien son imagination ? Il sursauta lorsqu'une ombre tressaillit au coin de sa vision. Il s'arrêta net, stoppa la petite troupe malgré lui. Il avait vu quelque chose, là. Un faciès blafard, aux arêtes saillantes. Il expira, certainement les ombres de la tour qui jouaient avec eux. Il secoua la tête puis reprit sa marche. Ryker prit bien soin de marcher dans les pas d’Amir, ces antiques demeures étaient souvent piégées … ou structurellement fragiles. Il voulait éviter pics et escaliers vermoulus. Si Amir était passé, alors lui aussi. Il espérait que Jeremiah en ferait autant. Il se situait non loin de la tête de groupe : Artemis avait encore une fois voulu fermer la marche et puis il était le seul à avoir allumé une torche. Peut-être qu’ils étaient nombreux à voir dans la nuit, ceci dit, mais pas lui. Ils arrivèrent au premier étage et rapidement, les traces de ceux qu’ils suivaient disparurent. Volatilisées, comme s’ils n’étaient pas passé là. Le sol étant lui-même altéré, il n’aurait su dire s’ils avaient dissimulé leurs traces ou … pire. Le Patrouilleur croisa le regard d’Amir. Sa nebula s’agita, tourna dans son crâne. Elle … avait peur ? Un mélange d’excitation et de peur. Il fronça les sourcils. Il se garda bien de la rabrouer, elle l’informait malgré elle sur la conduite à suivre. A savoir, se dépêcher et ne pas faire de zèle. Il adressa un signe au caravanier, et lui indiqua les traces disparues. Il l’avait déjà vu, il en était certain. Mais au moins c’était partagé avec le reste à présent.

Ryker ...

Il se tourna vers ses camarades et leur fit signe de se taire. Il avait discerné son nom dans un feulement guttural : d'autres l'avaient entendu ? Il frémit et se tourna. Là, il le vit. L'être de lianes et d'os, décharné et cadavérique qui l'observait au travers d'une fenêtre ... puis il disparut. Il pointa du doigt et sentit l'écharde le piquer. Il lâcha le fragment et tourna la tête de nouveau. Là ! Il était rentré et ... avait de nouveau disparu de son champ de vision ? Le Patrouilleur tourna plusieurs fois sur lui-même, chassa les ténèbres de sa torche. Il se baissa sur l'objet qui tressautait, exsudait un peu de Brume. La main qui avait tenu l'objet était gelée, il grimaça en serrant ses phalanges et tenta de faire appel à sa Nebula afin de reprendre en main l'écharde. Il l'attrapa et ... l'aperçut de nouveau du coin de l'oeil. Ryker sursauta lorsqu’une des planches grinça, le ramenant au danger qu'ils étaient tous en train de traverser. Suivre les hommes du Régent ... La piste semblait mener vers les escaliers qu’ils ne tardèrent pas à atteindre au centre de l’aile gauche. Ils purent admirer le mobilier décrépit, des miroirs qui avaient cédé et la trace d’une vie depuis longtemps disparue. Les murs attenants s’étaient parfois effondrés, révélant des pièces tout aussi morbides. La lumière de l’extérieur perçait à peine au travers des fenêtres, et le froid parvenait à s’insinuer jusqu’à eux, colorant les tables fracturées d’un givre craquelé. La flamme de Ryker semblait être la seule chose à apporter un peu de chaleur dans ce décor macabre. Il continua de gratter le bois à chaque angle pour marquer leur route. Il ne cessait de se retourner, se sentait sans cesse épié.

Ryker ...

D'un bond, le Patrouilleur se jeta contre une fenêtre qui donnait vers l'extérieur. Fracturée, elle laissait entrevoir le labyrinthe. Il passa la torche dans l'encadrement et tenta de chasser quelque chose qu'il avait cru apercevoir. Il s'avança, torche en avant. Il sentait son oeil sur lui, il sentait sa volonté peser sur sa psyché et peu à peu cette dernière perdait du terrain. Sa main s'engourdissait, sa nebula criait au fond de lui. Le rythme cardiaque du Patrouilleur s'accélérait, il entendait des pas lourds derrière lui. Il se tourna. Rien. Il comprit. Le liechi le traquait. La bête était sur lui, elle n'aurait de cesse que lorsqu'elle l'aurait attrapé et éviscéré. Du cul de la torche, il acheva de casser un carreau et lança au loin l'écharde. Il la vit tourner dans le ciel et elle s'arrêter de vriller pour soudain piquer dans une direction au sein du labyrinthe, comme aimantée. Mais le poids ne disparut pas. Une chape de plomb pesait sur ses épaules. Il avait agi en pensant prendre ses adversaires de vitesse. Quel imbécile ... Le Patrouilleur se maudit tout bas et se massa la paume de la main en revenant vers la troupe.

- Désolé, c'était une mauvaise ... commença-t-il, apercevant un crâne blafard derrière eux, à la limite de sa vue. idée ... finit-il, glacé jusqu'au sang. Il resta quelques instants interdit, ferma les yeux et secoua la tête. C'était son esprit qui lui jouait des tours, son esprit, rien de plus ... et pourtant, au fond il savait. Sa Nebula n'osait plus se manifester, même elle était dépassée.

La petite troupe parvint en silence au niveau de l’escalier et des murmures agacés se firent entendre : ce dernier était effondré. La voie était close : étaient-ils passé par là, et cela s’était-il abattu après ? Un léger conciliabule s’établit, il était évident qu’il fallait passer de l’autre côté. Cependant, des mouvements avaient été aperçus de l’autre côté, grâce aux fenêtres entre les ailes. Un frisson parcourut l’échine du Patrouilleur. Il ne fallait pas s’attarder. Fort heureusement, le couloir central possédait des portes en assez mauvais état pour qu’ils ne soient pas entravés. Alors qu’ils arrivaient vers ce dernier, la flamme se refléta dans un liquide poisseux au détour d’un corridor. Ryker s’approcha et révéla un corps éviscéré. Ses yeux vitreux, écarquillés, regardaient droit devant lui et il semblait avoir été déchiqueté par quelque chose de vif et hargneux. Son sang avait maculé, imbibé les tapis aux alentours. Il inspecta les blessures, mais ne put rien déterminer sur la nature exacte de la mort. Il serra les dents lorsqu'il crut apercevoir un figure spectrale au fond du couloir, qui faillit lui emporter le coeur.

- Lewën tu … murmura-t-il, avant de croiser le regard du médecin.

Il y perçut une profonde détresse, il repensa à la porte et à ce qu’il avait dû y vivre. Il avait décrit quelque chose qui ressemblait fortement à ce qu’il avait perçu avant d’arriver au fort Valeek. Il chercha Artemis du regard. Ce dernier avait un don similaire : pourrait-il prendre le relai ? Après, peut-être que l’expertise légiste du médecin suffirait à en apprendre plus … Mais les mains de Ryker tremblaient déjà. Il se raccrocha à sa dague, qu'il tenait dans une main, et sa torche, qu'il tenait dans l'autre. Cette figure spectrale lui rappelait de sordides histoires qu'il préférait occulter.

- Hm. Laisse tomber. Il y aura bien d’autres cadavres sur notre chemin, je le crains …
fit-il à voix basse, ce qui lui tira quand même une œillade énervée de ses comparses. Pas de bruit, pas de bruit. Mais il ne pouvait empêcher son esprit de fuir ailleurs, de craindre chaque pas.

La créature qui avait fait ça semblait avoir cueilli le soldat par surprise … si c’était bien une créature ? Le Patrouilleur observa le cadran du couloir. Peut-être un piège ? Il inspecta le sol, ne nota rien de particulier, fit appel à ses camarades par un geste pour qu’ils l’aident à y voir plus clair puis ils reprirent leur route, Amir toujours en tête. Le Patrouilleur gribouilla encore un symbole sur le mur à côté du cadavre. Sa mésaventure du labyrinthe lui avait servi de leçon. Ils ignorèrent sciemment les pièces sur le côté, leur objectif était d’arriver en toute discrétion au prochain escalier, en dépit de ce qui semblait les avoir observés de l’autre côté. Le Patrouilleur baissa sa torche. Il était certain que ça allait drainer bien des choses, et que la lumière le désignait comme une cible : raison de plus pour rester au centre de la petite troupe. Apporter lumière et permettre aux autres de réagir au mieux. Il protégerait son avant et arrière-garde tandis que les plus costauds géraient la queue et la tête de file. Il s’était fait une raison quand Artemis l’avait supplanté dans ce rôle. La main qui avait tenu l'écharde était toujours gourde, le Patrouilleur s'efforcer de ne pas trop laisser son regard fuir au loin, il craignait ce qui pouvait bien se tapir dans l'ombre. Ou, du moins, craignait-il d'y découvrir ce qui l'attendait.

Ils avancèrent dans le couloir, mesurant chacun de leur pas. Ryker faisait confiance à Amir pour ne pas se laisser abuser et anticiper les pièges. Il restait sur ses gardes, évitait de toucher à ce qui l’entourait mais les miroirs altérés depuis le temps ne cessaient de lui renvoyer une lueur inquiétante au visage. La suite du périple n’était pas engageante et il craignait que ça ne soit que le début. Sa nebula se taisait, attendait. Elle se faisait petite, timide. C’était cela qui l’inquiétait le plus. La Tour l’intimidait et il ne l’avait jamais vue, ou très rarement, dans cet état. Lui aussi était terrifié, il sentait ses nerfs au bord de la rupture et la silhouette décharnée du Liechi l'épiait sans cesse : il le voyait dans chaque angle, à chaque tournant. Etait-ce une mise en garde ? Etait-ce un défi ? Il n'en savait rien, et cela lui faisait peu à peu perdre ses moyens. Il serra les dents. Non, illusion. Il était persuadé d'être le seul à le voir, d'être le seul à avoir commis l'imbécilité de s'être emparé de l'écharde. Sa Nebula se taisait. Elle n’encourageait pas sa mort, mais semblait plutôt certaine de son imminence. Il soupira, baissa encore plus bas sa torche lorsqu’ils arrivèrent dans l’aile de droite. Son arme au clair, il s'agenouilla et fit une nouvelle marque sur le bois. Il était prêt … à tout et rien à la fois. Les escaliers étaient en vue et les spectres rôdaient en périphérie de sa vision.

hrp:


Dernière édition par Ryker Lestat le Jeu 2 Nov - 22:56, édité 1 fois
Jeu 2 Nov - 22:50

La tour des Ases

Event




Bon dieu ! Mais qu’ai-je fait à ce Ryker pour qu’il me lance des regards menaçants à chaque fois que nos regards se croisent ?
- Je n’en ai pas la moindre idée, mon ami. Peut-être est-il simplement perturbé ?
 rétorqua Œil-De-Nuit.
- Il est simplement étrange. Voilà ce qui arrive quand on passe trop de temps dans la Brume,  enchaîna la Nebula.

Pour une fois, ils étaient tous les trois d’accord sur la même. Artémis s’en voulait de se soucier de telles chose en plein milieu de cette expédition à haut risque. Après tout, rien n’avait de sens depuis le début. Le pilote retrouvé mort, le labyrinthe, le Liechi, et maintenant la Brume qui ne lui sera plus d’aucune aide. Elle pleurait. Elle tremblait. Elle semblait complètement effrayée. Le dernier élément était le plus inquiétant. Quelle chose pouvait effrayer la Malice ? Sa propre Nebula ne fanfaronnait plus autant que d’habitude, comme paralysée, contrainte de se taire. Silence, silence, répétait-elle sans arrêt. Le vagabond ignora tous ces ressentis et pénétra dans la tour avec les autres. Sans surprise, le temps a eu des effets ravageurs sur la tapisserie qui fut jadis magnifique. Ne souhaitant pas jouer à des jeux dangereux, Artémis était persuadé que son cristal lui révélerait des salles autrefois somptueuses de décorations. Aujourd’hui, c’était gris, glacial et tout sauf chaleureux.

Il suivit Amir et Ryker, observant chaque recoin avec attention. Ni son ouïe, ni son odorat ne détectait quoi que ce soit. Ce qui était plutôt étrange. Les sens du loup avaient-ils encore une quelconque utilité dans cette tour ? Il s’en plaignait à son tour, se reprochant d’être complètement aveugle. Le vagabond n’était pas aidé par ses amis intérieurs. En attendant, il suivit le reste du groupe qui gravit les marches de l’escalier de l’aile gauche. Les pistes menaient apparemment de ce côté-ci. Or, Artémis était à peu près certain d’avoir du mouvement dans l’aile droite. Il resta silencieux et suivit le cortège. Son grand ami Ryker, le plus grand des patrouilleurs, prenaient des initiatives à cœur joie. Si le silence semblait être une évident, il ne jugea pas grossier de le rappeler à tout le monde.

L’escalier s’acheva au premier étage. La suite semblait s’être effondrée, probablement lié à l’usure du temps. Fort heureusement, un large couloir menait à l’aile droite et donc aux escaliers. De ce couloir, on pouvait accéder à de nombreuses salles. Mais avant de même d’envisager d’en ouvrir une seule, la dépouille d’un homme déchiqueté attira l’attention de tous. Si Ryker avait demandé à Lëwen d’user de son cristal de cognition, il eut de la compassion pour ce dernier qui avait vécu un passage traumatisant lors de sa dernière utilisation, et lança encore une fois un regard évocateur en direction d’Artémis.

« Laisse, Lëwen. Je m’en occupe. », lança le vagabond en se penchant vers le cadavre. « Si je ne reviens pas de ma transe, poursuivez sans moi. »

Même s’il savait pertinemment qu’Amir n’hésiterait pas à le laisser si nécessaire. Sans perdre un instant, il se pencha et posa délicatement sa main sur la dépouille. Son cristal s’activa et le voyage débuta. Il voyait des dents, des bouches émaciées, des peaux confites, d’autres déchirées, des corps humanoïdes… Il avait peur. Vraiment peur. Ses pensées se mélangeaient et s’obscurcissaient. Ils étaient bien trop nombreux. Il courrait sans parvenir à les semer. Pourquoi avait-il mis les pieds ici ? C’était la question qu’il se répétait sans arrêt, les larmes aux yeux. Tentant désespérément de fuir, l’un d’entre eux parvint à l’agripper. C’était la fin. Il hurlait de toutes ses forces mais personne ne venait. Personne ne viendra. Une fois à terre, il put voir la horde lui sauter dessus, le griffer et mordre sa chaire. La douleur était absolument insoutenable. Elle venait d’absolument partout. Une mort abominable.

Quand Artémis ouvrit les yeux, Amir se tenait au-dessus de lui, sa main sur sa bouche. Le temps de retrouver ses esprits, le Portebrume comprit qu’il s’était retrouvé à la place de la victime, qu’il avait certainement hurlé comme ce dernier et qu’Amir dut s’imposer pour faire de nouveau régner le calme. Les regards médusés de l’assemblée lui firent comprendre que la scène dut être peu commode. Une fois certain d’avoir retrouvé son soldat, le chef d’escouade retira sa main, se releva et tendit l’autre main pour aider le vagabond à se relever. Tous attendaient maintenant le rapport de celui qui avait voyagé dans le temps.

« Nous ne sommes pas seuls. Des êtres infâmes circulent dans le tour et nous observent probablement déjà. Un esprit sain vous conseillerez de faire demi-tour. Le labyrinthe n’était qu’un tour de chauffe à côté de ce qui nous attend. J’éprouve des difficultés à imaginer le Régent en vie. Mais si cet homme est venu jusqu’ici, c’est probablement que notre cible s’y trouve. J’ai aperçu des corps humanoïdes, émaciées, des dents acérées… le tout en quantité disproportionnée. Je prends les paris. », fit-il avec un peu d’humour.

En réalité, des frissons continuaient de parcourir le corps d’Artémis. Des années qu’il voyageait dans la Brume, qu’il effectuait des expéditions périlleuses, mais jamais encore avait-il ressenti un tel désarroi. Quelque chose ne tournait pas rond. Pourquoi la Malice, sa Nebula, étaient aussi effrayées ? Si la mort se tenait toujours aux côtés des aventuriers, elle les enveloppait cette fois-ci. Mais il ne fallait surtout pas laisser place à la terreur. L’homme aux cheveux d’albâtre avait bien vu ce qui arrivait à ceux qui laissaient place à la peur.

« Les hommes du Régent ont dû se séparer. Ne commettons surtout pas la même erreur. Elle nous sera fatale. », conclut-il en dirigeant son regard vers le corps déchiqueté.

Ils devaient maintenant avancer. Ou bien mourir.




Résumé :
Ven 3 Nov - 1:08
- Touche pas, Max. Mauvais chien que tu disputes Maxou qui commençait à mordiller la guibole du macchabé, tu lui donnes un gentil coup de pied et il s'éloigne en couinant. On dirait que tous les rats à la solde du Régent ont passé un sale quart d'heure en l'accompagnant. On les retrouve dispersés, un à un, en vrac, dans le sillage de leur tyran. C'est un sort qui leur sied bien. Ils n'auraient probablement rien eu à dire d'intéressant au tribunal durant un procès dans les règles. Les retrouver mis en pièces fait gagner du temps à tout le monde.

L'endroit est atroce mais on ne s'attendait pas à de la féerie de toute façon. Le cristal de cognition a fait se manifester une pétrifiante terreur sur le visage d'Artémis. Cela confirme que le Régent n'est vraisemblablement pas la plus grande menace aux alentours, et ça ça complexifie l'opération. Vous affrontez une tripotée de fous associés à de mystérieux monstres. La Brume semble elle-même s'être mise en retrait, alors que pourtant vous vous êtes invités chez elle. Quel est le lien entre tout ce beau monde ?

- Si le Régent est mort, on ne pourra pas partir sans trouver des preuves que c'est cet endroit qui l'a fait disparaître -et pas nous.
Et "mort" ne signifie pas grand chose ici. Disons qu'on recherche une âme mais que le corps qui va avec est optionnel.


Il faut avancer, effectivement. Amir constitue un fort décent chef d'escouade. Bien qu'il ne soit pas un très bon communicant, tu lui accordes des points pour son courage et sa capacité à ne pas laisser de peur transparaître dans ses gestes ni dans ses mots. Vous continuez à le suivre dans les dédales.

L'obscurité et la vétusté de l'architecture offre un concert d'hallucinations visuelles et auditives. Si tu t'écoutais, tu aurais déjà levé ton fusil plusieurs fois pour viser les ombres mouvantes qui semblent danser dans les ténèbres. L'air est lourd, poussiéreux. Vos pas déchirent un silence oppressant. Les respirations s'accélèrent autour de toi. Quelque chose de mortel erre dans cette tour, c'est évident. Si les gars d'élite du Régent ont échoué, qu'est-ce qui vous fait croire que vous autres y arriverez ? C'est évidemment une pensée qui doit traverser le cerveau de tout le monde à l'heure qu'il est.

Quand tu regardes ton groupe, tu peines à imaginer tout le monde s'en sortir en vie. Ce toubib, par exemple, ce Lewen, n'est pas capable d'encaisser les traumas injectés par son propre cristal, Artémis a du prendre le coup à sa place. Chaya, l'aramilienne, est prompt à distribuer des prières et du chocolat mais vous sera-t-elle utile face aux choses qui ronflent manifestement dans ces ténèbres ? Et Ryker, lui qui semblait pourtant expérimenté, perd visiblement déjà du sang-froid. Il ne faut pas que le groupe se délite si tôt. Les choses deviennent moches, c'est tout de suite qu'il faut se montrer solide et serrer les dents.

C'est dommage, Jerry. Tu te sentais presque bien dans ce groupe, déjà presque intégré. Mais maintenant que des doutes se sont instillés, tu as peur que tes alliés du jour ne dévoilent des faiblesses morales gênantes. Bah, ce n'était qu'un jeu politique, d'ajouter des epistotes, des illuminés aramiliens, et des aventuriers pouilleux à l'escouade. Un commando exclusivement opalin aurait parfaitement fait l'affaire.

D'autres cadavres peuplent ces couloirs. Pas des hommes, mais des rats, de vrais rongeurs. Dans la pénombre, ta botte est allée écrabouiller l'un de ces petits corps. Max adore ces restes, il attrape une tête solitaire puis joue avec en la secouant dans tous les sens. Il manque son corps à la défunte bestiole.

Tout est déchiqueté.

- Curieux que les rats du coin se soient retrouvés dans le même état que les hommes.

Ils ont été mis en pièce par des bêtes ? Ce bain de sang est récent. Le carnage est pour l'instant terminé mais semblerait pouvoir reprendre à tout instant. Tout est figé dans le temps, vous visitez un musée qui vous raconte une inquiétante histoire.

- Peut-être que ce qui les as tués avait faim ? tu supposes. Ça correspond à la description d'Artémis. Un tel massacre n'est pas l'oeuvre d'un ennemi intelligent : c'est bestial, impitoyable, sans âme aucune. Comme ces mutants ratés qui sortent parfois des chaînes du Magistère.

Mais même toi tu es en manque d'hypothèses, Jerry. Le Conseil t'a envoyé sur la piste du Régent, tu pensais devoir affronter des hommes d'élite armés dans un contexte brumeux. Mais tu te retrouves cloîtré dans la cage d'un monstre avec ton groupe (contenant quelques chiffes molles) ? Ce job est décidément plein de surprises.

Adjacentes à ces interminables couloirs, des dizaines de portes fermées. Fermées est un grand mot, la lumière se faufile par les fissures qui jonchent leur bois pourri. Tu glisses à travers l'une d'elle un oeil curieux :

Des petits monticules de viande, placés dans de funestes mises en scène. D'autres restes humains. Ceux-là sont bien plus anciens, décorent ces grandes salles délabrées emplies de silence assourdissant. Des couvertures de coton aux couleurs mangées par le Temps ornent de larges tables d'opération. S'élèvent des étagères présentant des collections d'outils rouillés, tenailles, scies, aiguilles, suspendus au-dessus de la table de travail comme un mobile au-dessus d'un berceau ; des bocaux en verre débordent d'une putride gélatine brune.

Cela te rappelle aussitôt les couloirs profonds du Magistère, Jerry, Cela te rappelle les départements dissimulés au regard du public, ceux qui voient la Science cannibaliser l'Homme !

Cela te rappelle le fumet du sang et du Myste entremêlés, les cigares hors de prix, les cris horrifiés déchirant l'air de la nuit, le scotch frais au creux des mains, les cellules capitonnées, les débats sur la nature de l'Homme et de ses Arts jusqu'à pas d'heures. Une étrange nostalgie s'empare de ton coeur.

- Une prison, un laboratoire, ou les deux.
Tu suggères à haute voix.

Résumax:
Ven 3 Nov - 19:36



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


Il régnait un calme obséquieux dans les couloirs de la Tour. Un calme menaçant présageant que derrière l’œil du cyclone se tapissait un déferlement de catastrophes soudaines. Mais dans cette aliénation, Keshâ se sentait lui-même pour la première fois depuis qu’il avait quitté l’embarcadère d’Epistopoli.

Le geste inattendu de camaraderie de ses compagnons d’infortune l’avait touché. La saveur du cacao de Nemeth et la chaleur d’une main amicale  de Lewen étaient d’autant plus puissantes dans cette terre maudite, alors qu’il se croyait plus seul que jamais. Le cadeau de Lewen lui redonna des forces de manière troublante, lors qu’il sentit la vie elle-même s’écouler à travers la main du docteur. Quand bien même nauséabonde, cette scène stimula sa résilience. Il en aurait sans doute grand besoin maintenant.

Les espaces enténébrés aiguillonnaient les imaginaires. A pas légers, il se coulait comme un chat silencieux dans la pénombre, mais les planches traîtresses grinçaient sous ses pieds. Formes indistinctes, le mobilier renversé se muait en prédateurs assoiffés. Il n’était pas difficile de se sentir épié sous le regard pesant des tableaux aveugles et de cette vaste entrée décharnée. C’était un combat d’esprit que leur livrait la tour à la suite de son labyrinthe. Espérait-elle que la démence allât les grignoter bien avant de venir à bout de leurs forces ? Au moins, la tiédeur relative le ragaillardit. Par contre, Lewen accusait davantage le coup à chacune de ses tentatives de sonder le passé. Les dons incroyables que lui procuraient ses nombreux cristaux ne le protégeaient pas de blessures psychiques. Si Amir était imperturbable et Jeremiah… Jeremiah… Ryker semblait habité tout comme lui par une nervosité palpable courant sur sa peau blanche dans un murmure glacée.

Keshâ avait su remarquer cet agrégat de bois arraché au Liechi qu’il semblait trimballer. Avare en son, le jeune homme ne voulait pas se faire remarquer en posant des questions dans cet habitacle lugubre. Son regard se perdit dans un miroir au mercure marbré altérant son reflet. L’aspect blême et grelotant qu’il percevait malgré tout n’avait pas fière allure, avec ses lèvres pâlies rejetant un flot d’écume dans l’air glacial. Tout à coup, il remarqua une silhouette à laquelle il n’avait pas prêté attention. Elle traversa l’espace à toute vitesse dans un courant d’air en ne laissant paraître qu’une masse floue dans le miroir. Il se fit volte-face, les nerfs à vif, mais ne trouva rien de tangible derrière lui. Tout juste s’attira-t-il un regard circonspect de ses équipiers.

Ne voulant pas passer pour quelqu’un d’émotif, surtout auprès de Jérémiah, il tut son malaise. La peur l’avait gardé en vie lors du Massacre de sa famille. Sa capacité à ne plus bouger, ne plus respirer, ne plus penser. Et s’effacer complètement pendant des heures, des jours. Mais ici, il n’était pas possible d’être anéanti. Pour survivre, il fallait garder ses capacités de réflexion et d’action. Alors qu’ils progressaient vers le premier étage, avec le sentiment partagé de pouvoir être attaqué à tout instant, il se demandait comment il pourrait survivre mentalement à l’horreur, s’il ne pouvait pas replier sa conscience tout au fond de lui-même.

Ils étaient faits comme des rats. Comme ces ignominieuses carcasses éventrées de rongeurs. Le Liechi les attendait dehors, grâce à Ryker. Le Régent était sans doute en embuscade un peu plus loin. Les dieux savaient quelles horreurs les attendaient au milieu. Il n’avait jamais pensé que le Régent et ses hommes seraient le principal danger, après avoir posé le pied sur cette terre glacée.

Même si ses pouvoirs n’étaient a priori pas offensifs, il devait trouver une manière de s’en servir comme d’une arme pour créer des ouvertures aux autres combattants. Jusqu’à présent, il s’était servi de son pouvoir d’inertie en attendant que sa cible tombe dans son piège. Impossible d’espérer cela ici. Il faudrait réagir au bon moment sur un mode de combat, malgré le froid. Les créatures seraient-elles seulement sensibles à ce pouvoir arcanique ?

Son regard tomba par surprise sur un autre miroir brisé déformant ses traits ; il lui donnait un air malfaisant. En insistant, il avait vraiment l’impression que le verre n’était qu’une fine paroi le séparant d’un autre, qui le regardait avec amusement. Il ne manquerait plus que la malédiction du Guetteur lui tombe dessus ! C’était déjà assez d’avoir lu cette légende par une nuit d’orage à Epistopoli.

D’une paume de main posée sur le bois antique d'une porte, il semblait vouloir sonder l’intérieur d’une salle. Son instinct lui disait que les lieux étaient loin d’être vides et il n’était pas rassurant d’avancer dans le noir avec toutes ces potentielles ouvertures sur les côtés. Mais il se rassembla autour de la misérable dépouille qu’Artemis entreprit d’inspecter. La scène qui s’ensuivit confinait au cauchemar, dont personne ne parvenait pourtant à détourner le regard. Convulsions, suppliques, yeux exorbités, folie pure. Seul Amir eut la célérité de museler le gueulard, dont les cris terrifiaient davantage encore par ce qu’ils auraient pu réveiller.

Suite aux avertissements bien trop illustrés d’Artémis, les yeux violets de Keshâ se plissaient pour percer l’obscurité. Au-delà du halo des torches, il ne voyait rien. Par contre, il finit par se persuader d’entendre un bruissement. Ténu. Presque rien. Un tac-tac-tac, comme quelque chose qui évoluerait rapidement sur quelque mètres avant de se figer, dans une sinistre évocation de "un, deux, trois, soleil!". Sa main gauche se resserra sur la garde de son sabre.

Qu’est-ce qui avait pu survivre au désespoir sans fond de ces geôles ou naître des péchés d’expériences infâmes dans les fondations de cette tour?

Il lance son esprit comme une fronde au bout du couloir, sans but. Espérant pouvoir infirmer ou confirmer la présence de quelque chose. Personne à part les civilisations déchues ne saurait lui dire si le cristal de télépathie renferme le potentiel de toucher un esprit sans autre but que de le ressentir. Il est plus classiquement utilisé pour envoyer un message. Mais Jeremiah lui a prouvé dans le labyrinthe qu’il pouvait renfermer plus de subtilité que ce qu’il croyait en lui imposant une image mentale.

-« Je… je crois qu’il y a quelqu’un par là-bas ! Ca s’est déplacé. » ose-t-il, peu confiant en se tournant vers la portion de couloir d’où ils proviennent.
« Mais je ne sais pas qui, quoi, combien. »
Au risque de passer pour un fou. Il n’est pas sûr de ce qu’il a perçu. Rien d’autre que de l’effroi et une masse grouillante. « Pensez-vous qu’on puisse prendre le risque d’allumer une lampe ? Même la brume semble s’être retirée. »


En bref…:
Mer 8 Nov - 18:25
Entre ses doigts hésitants, Jessamy s'empare du morceau de douceur que Nemeth lui offre. Elle ausculte le présent avec perplexité, puis voyant que leur camarade l'a englouti sans broncher, le porte elle aussi entre ses lèvres. Ses crocs font éclater le carré en miettes de douce amertume sur sa langue. Un goût de familiarité lui emplit la bouche ; un sentiment ténu, lointain, mais tenace. Une remembrance vague, qu'elle a sans doute laissée en lambeaux au Magistère. Elle sourit. Quel que soit le souvenir que lui évoque le chocolat, elle n'ira pas le chercher. Elle se contente du présent.

Mastiquant le morceau de chocolat avec lenteur, Jessamy observe le médecin s'approcher de sa trouvaille. Sa main gauche l'effleure à peine, et l'homme se retrouve figé, faciès marmoréen sculpté dans une terreur lointaine. Le regard vermeil de la mutante oscille entre Lewën et la planche brisée. Quelles horreurs se sont glissées dans les nœuds du vieux bois ? Qu'a-t-il vu pour qu'il s'éveille aussi perturbé ? Elle observe le cristal qu'il tient dans la main. Le savoir des pierres, de la terre et de la chair, cumulé dans un si petit artefact. Un pouvoir qu'elle craint plus que celui qui pulse contre sa poitrine.

Ils ne passeront pas la fenêtre déjà brisée ; Amir leur a ouvert une autre voie où se faufiler. Un long couloir vers l'obscurité. Jessamy maintient sa pression sur sa canne : des murs, encore. Et ceux-là renferment une mer d'obscurité dans laquelle elle hésite à plonger. Elle déglutit. Pas de retour en arrière possible. La mutante s'engouffre donc avec l'escouade. De temps à autre, son regard quitte le dos d'Amir pour jeter une œillade furtive en arrière, vers ses comparses, vérifiant qu'aucun n'a encore disparu.

Elle marche entre les portraits aux visages écorchés par leurs propres couleurs, les tapis usés jusqu'à la trame, les torchères gisant sur le parquet. Sa silhouette se reflète dans les miroirs au verre fumé en flou diaphane. Le musc humide des tissus vieillis lui fait froncer le museau. Sans surprise, la tour d'Yfe est une ruine. Plus solide qu'elle n'en a l'air, l'intérieur de son immense carcasse délité par le temps. Combien d'années tiendra-t-elle encore, avant que ses murs poussiéreux ne tombent ? Ses vieilles pierres pourraient-elles s'effondrer sur eux ?

Si leur psyché ne se délite pas avant. Comme celle du Patrouilleur, qui soudainement se débarrasse du moignon d'écorce, avant de proposer à Lewën de partir à nouveau au pays de l'horreur. Ou de celle d'Artémis, qui s'y jette en ayant conscience qu'il pourrait ne pas en revenir. Elle a l'impression que les hurlements du loup solitaire lui pourlèchent l'échine ; plus encore que tous ces cadavres d'où les viscères dégoulinent. Les plumes sur son crâne frémissent. La moiteur de sa paume écume le bec de sa canne. Les portes qui accompagnent leur funeste cortège attrapent son attention comme le feraient des mains glacées. Certaines, entrebâillées, lui laissent apercevoir les barreaux d'un lit, les plis d'un drap. Une prison, un laboratoire, ou les deux. Sa mâchoire saille à travers sa joue, tandis qu'elle arrache son regard pour le porter aux fenêtres. Pourtant, une autre vision s'impose à elle : celle d'un couloir obscur, de salles d'opération abandonnées depuis des lustres, d'un panneau brisé. Dainsbourg. Puis le chemin débouche sur d'autres corridors, plus lumineux, plus modernes ; et elle sent des doigts gantés se refermer sur son cou de cygne.

Sa main griffue se pose sur le mur, attrapant au passage le cadre d'une peinture aux contours délavés. La voix de Keshâ'rem la ramène à la réalité. Un frisson lui ébouriffe les plumes. Elle a l'impression que tout le monde, ici, se fie à des fantômes. Jessamy n'a pas besoin de chercher loin : les siens semblent l'attendre dans les pièces d'à côté. Elle se racle la gorge.

« Si ça peut rassurer tout le monde, j'ai de quoi nous éclairer. Attention les yeux. »

Puisque la Brume elle-même craint ces corridors, autant ne pas hésiter à user de ses engeances. Elle fait sonner le pied de sa canne dans un claquement sinistre qui résonne dans le couloir. Puis, une sphère crépitante jaillit du bâton pour se nicher au plafond, en ersatz de lune au-dessus de leurs têtes, leurs visages blanchis par sa lueur blafarde. Jessamy exhale un soupir brumeux. Et regarde derrière elle.

Résumé:
Jeu 9 Nov - 20:18

La tour des Ases

Event



Ryker l'aida à passer par la fenêtre brisée, Lewën mit un point d'honneur à ne pas toucher l'encadrement malgré ses gants, la sensation de vide ne s'estompant que trop lentement. Curie avait décidé de poursuivre le voyage dans les pas d’Amir, ses oreilles balayaient les points cardinaux à la recherche du moindre bruit suspect.

Comme il s’y attendait, tout était délabré à l’intérieur, ajoutant à l’asthénie qui le tenaillait. Il expira un long moment pour se remettre les idées en place. Ce n’était pas le moment ni le lieu pour être en prise à l’angoisse. Le Portebrume fit appel à sa Nebula pour qu’elle lui libère l’énergie dont elle s’était abreuvé dans le labyrinthe. Elle ne loupait jamais une occasion d'interagir avec son hôte, toute possibilité de prendre son contrôle était bonne à prendre. Sauf là … Il ne la perçut pas immédiatement et dut se concentrer pour la ressentir tapie au fond de lui. C’était bien la première fois qu’il la sentait vulnérable, écho de la Brume qui ne hantait guère les lieux. Le médecin fronça les sourcils, soucieux de cette étrangeté.

Marchant dans la lueur de la torche de Ryker, il observa le Patrouilleur s’arrêter, en proie à un doute, avant que celui-ci ne reprenne les pas d’Amir. Ils s’arrêtèrent au premier étage où les traces qu’ils suivaient - n’étant pas devant Lewën venait de comprendre l’assurance de l’Aramilan quant au chemin à prendre - s’évanouissaient. Aucune explication en l’état, la poussière avait été dérangeait, comme si quelque chose s’était agitée là.

Très vite Ryker recommença son manège, indiquant au groupe de se taire. Lewën tourna le visage dans la direction qu’observait le Patrouilleur en vain, il faut dire qu’il n’avait pas la meilleure des vues, quand bien même il ne remarqua rien dans l’obscurité du corridor. Seule la décrépitude laissait les traces de ses méfaits jonchés au sol. Ryker ramassa quelque chose qui échappa au regard du dépigmenté qui ne s’attarda guère sur l’évènement pour ne pas perdre Amir et Curie qui reprenaient leur route. Max semblait faire une balade de santé au milieu de cette atmosphère tendue, étonnamment silencieux pour un joyeux chien-chien.

Lorsque Ryker recommença son manège se jetant sur une fenêtre pour en observer l’extérieur avant de la briser, Lewën finit par se rapprocher de lui. Il ne put voir ce dont il se débarrassait, sûrement ce qu’il avait ramassé quelques instants plus tôt.

- Tout va bien ? chuchota le médecin en posant sa main sur l’épaule du soldat.

L’homme s’excusa avant de secouer la tête. Apercevant un bout de labyrinthe par la fenêtre, Lewën comprit que la rencontre avec le Liechi avait laissé sa marque. Il ne connaissait pas cette créature et espérait de tout cœur qu’ils trouveraient un moyen de contourner le labyrinthe pour ne pas recroiser ce qu’il s’y cachait, ni finir broyés par les haies tueuses.
Artémis rappela qu’il valait mieux rester silencieux pour poursuivre, un silence qu’Amir respectait religieusement, laissant le groupe dans l’incertitude de ses pensées. Le regard de Ryker fixait l’angle du corridor, Lewën se décida à mettre ses lunettes Epistote lui permettant une vision de nuit.

- Il y a quelque chose là bas, ça semble bouger au sol, mollement … interpella-t-il le groupe d’un murmure qu’il voulu audible.

Jeremiah ne perdit pas plus de temps pour envoyer son chien en éclaireur, Max ne se fit pas prier et revint tout content avec un objet dans la gueule. Une fois que son maître lui intima de lâcher l’objet - et il dut s’y reprendre à plusieurs fois - ils purent constater qu’il s’agissait d’une main. Elle s’agitait encore au sol, Lewën dégaina sa dague pour la planter dans le membre pour l’empêcher d’avancer, une sourde angoisse gagnant ses tripes. Il resta de marbre pour se contenter d’étayer ses observations à voix basse.

- La coupure est nette, trop nette. Ça ne saigne pas pourtant ça semble être récent. Vous aurez compris vu l’état de putréfaction et son agitation qu’elle ne vient pas d’un être vivant.. Elle est momifiée, elle semblerait venir d’un être humanoïde. C’est mort et vivant en somme.

Max s’en détourna pour aller mâchouiller un bout de viande plus grand découvert par les éclaireurs. Un homme de main du Régent, mort il y avait peu de temps vu l’humidité du sang qui poissait encore les tissus déchirés. Ryker suggéra qu’il visionne ce qu’il lui était arrivé, le souvenir de la douleur ressenti dans le labyrinthe souleva une vague d’effroi dans le regard du médecin. Artémis s’en chargea, Lewën n’eut pas le temps de l’en dissuader que déjà le gaillard se plongea dans les tourmente de la mort. Lorsqu’il se mit à hurler Amir fut plus réactif que lui et bâillonna le loup qui se décrocha du cadavre, revenant dans leur lugubre réalité.
L’homme partagea sa vision qui laissa un goût amer à Lewën. Des êtres humanoïdes cannibales … Des corps qui déchiquetaient des intrus tels qu’eux. Il lui laissa quelques secondes pour se remettre comprenant ce qu’il venait de vivre, Lewën l’interrogea :

-  Est-ce que cette main pourrait appartenir à ces êtres que tu as vu ? dit-il en agitant la dague où la main momifiée qui y était plantée continuait à s’agiter.

Jeremiah avait continué son inspection avec un Max joueur, les rats semblaient avoir subi le même sort. Alors que le médecin restait proche d’Artémis - qui semblait se remettre plus vite que lui - le mutant observait l’une des pièces adjacentes dans une conclusion qui lui donna des frissons d’horreur :

- Une prison, un laboratoire ou les deux.

Quel genre d’expériences ont pu se dérouler ici ?

Keshâ sembla en proie à des visions, réalité ? Hallucination ? Jessamy leur permit de tirer tout ça au clair grâce à sa fulguration. Les ombres s’étrécirent pour laisser place à un décor toujours aussi sinistre, les cadavres de rats semblant mener sur la piste de leur assaillant …

Résumé:
Jeu 9 Nov - 23:11



Assaut sur la tour hantée

Event


Il fond. Douce amertume sur la langue. Réconfort vite consommé. Un carré de chocolat pour affronter les cauchemars de la Malice et du déclin. Pauvre petite Nemeth, armée de ses inutiles sucreries et saintes bondieuseries. Frêle qu’elle est, légère comme une plume alors qu’elle pénètre dans la tour, sans un bruit, sans un soupir. Elle se glisse là, navigue au sein du groupe, discrète comme un fantôme, non, sans doute plus, ces derniers semblant décidés à se faire remarquer. La Peur s’est elle aussi glissée dans leur groupe. Insidieuse camarade, ombre métamorphe, elle tend ses doigts jusqu’à ces âmes aventureuses qui s’égarent volontairement dans son antre. Elle en tient certain par la main, ralentissant leur pas, accélérant leur rythme cardiaque, elle leur présente des tours de sa confection, taillés sur mesure.

La Peur a brisé des hommes deux fois plus robustes que ceux de ce groupe, elle a fait plier des nations entières, sombrer des civilisations. Les prunelles dorées de Nemeth partent à la rencontre des iris noirs d’Aharon. Dans le silence d’un regard, ils s’assurent que l’autre est toujours opérationnel. La Peur n’était pas leur ennemie, elle faisait partie du décors, elle était un élément du champ de bataille, un outil à manipuler, une arme à maîtriser, ils l’avaient déjà contemplée. Nemeth craignait la Malice qui s’amoncelait au-dehors, elles qui se détestaient, mais cette vieille tour et ces cadavres, ces grincements et ces ombres, c’était encore gérable. Ce qui le serait moins se logeait dans les réactions des membres de l’expédition.

Lorsque le loup gris se met à hurler, une tension raidit immédiatement les doigts graciles sur la garde d’une dague prête à sortir de son étui et le corps, frêle, juvénile, de la dessinatrice se penche légèrement en avant dans un mouvement qu’elle jugule juste à temps. Amir réagit promptement et bien plus pacifiquement. La demoiselle blonde desserre discrètement ses doigts de sa dague et le présent efface ce futur où elle bondissait sur le loup pour le faire taire. Ce n’est qu’à ce moment que Chaya réalise qu’elle aussi, a faillit se laisser influencer par la Peur.

Dans la lumière blafarde projetée par la canne de Jessamy, ils découvrent une main autonome, des salles de tortures et leurs visages blêmes. La description factuelle du médecin a un l’étrange effet de rassurer Nemeth, elle acquiesce seule, rassurée de voir que l’homme avait réussi à trouver une sortie à l’état de stupeur dans lequel son pouvoir l’avait plongé un peu plus tôt. Puis, il y avait Jérémiah, le faux automate d’Opale, un coeur froid, pragmatique, plus si loin d’être mécanique. Il semblait ne s’émouvoir d’aucun évènement, la Peur ne le prenait pas par la main, non, pas lui, on ne prend pas par la main ses collègues de travail.

Un laboratoire. Voilà donc comment le Magistère nommait les salles de tortures ? Ne les laissez pas vous offrir une chambre d'hôtel. Nemeth se contente de sortir son carnet de dessins, elle fige sur le papier ces visions d’horreur qu’ils peineront à expliquer, une fois de retour. Cela rendait aussi le décors moins irréel, moins macabrement hypnotique, ils n’étaient pas dans un cauchemar et ils étaient encore bien vivants. Dessiner c’était prendre le contrôle sur ce décors, le démystifier. C’était aussi s’attacher à des détails et trouver des éléments dissonants, ainsi Nemeth réagissait à la précédente question de Jérémiah.

- Si la chose qui a tué cet homme et ces rats avait eu faim, n’aurait-elle pas mangé davantage ?

Elle tourne son regard et son fusain vers la main estropiée. Momifiée, putréfiée mais coupée nettement, bien plus nettement que l’état du corps de ce brave et dispensable épistote. Une coupure récente semblait pourtant indiquer le médecin. La main mort-vivante appartiendrait-elle à l’une des créatures hantant les lieux ? De celles qui attaquaient les hommes, trop vivants, qui entraient ici ? Sa morphologie correspondait-elle aux blessures de l’epistote ?

La dessinatrice se voulait précise dans son croquis mais, elle n’avait guère le temps de s’attarder sur sa modeste oeuvre. Il fallait monter. Monter et comprendre. Nemeth se hisse dans le haut de la colonne et au côté d’Amir, pose sa question du bout des lèvres, dans un murmure si discret qu'il en devenait presque intimiste.

- Vous avez dit que, selon vos sources, cet endroit aurait jadis été une prison appartenant à l’Eglise. Vous deviez nous en dire plus en chemin.. peut-être le moment est-il venu ?

Nemeth avait une bonne mémoire -ou son petit carnet l’aidait à se souvenir de ce genre de dialogue-.. Si Amir désirait à l’origine leur en dire plus sur cet endroit, peut-être leur révèlerait-il des informations fort importantes pour la suite de leur incursion. Si cet endroit avait été une prison de l’Eglise et si ces choses étaient vivantes et mortes, mortes mais vivantes.. Connaître l’identité de ceux qui avaient été enfermés ici serait peut-être un point de départ intéressant pour savoir à quoi, ou à qui, ils avaient affaire. Pourtant, c’est un autre détail, architectural et langagier qui attira l’attention de Nemeth.

Elle se remit à dessiner, non pas l’intérieur mais l’extérieur de la tour, ce qu’elle n’avait pas pu faire avant, dans le labyrinthe et au pied de l’édifice. Les jardins, les ornements, les marches et restent de statues puis les tableaux, les tentures, les tapis, le bois riche des planchers désormais usés mais toujours là, persistant, qualitatif.

- Ce devait être un bel endroit.. murmure-t-elle, comme une évidence inconcevable..

Qui ferait une belle prison ? Qui décorerait une prison ? Qui mettrait autant de soin à choisir le plancher d’une salle de torture ? Ce labyrinthe avait sans doute été un charmant jardin, avant d’être perverti par la Malice. Ainsi venait l’autre détail, celui qui se glissait dans les mots choisi par Amir, il avait dit que l’endroit avait appartenu à l’Eglise, pas qu’elle l’avait érigé ou construit. Peut-être n’était-ce qu’un vocabulaire anodin, permissif, comparable mais, dans le décors qui se dessinait à mesure qu’ils progressaient, les énigmes s’amoncelaient et Nemeth était persuadée que leur guide ne leur avait pas encore tout dit de ce qu’il savait.

Résumé:
Sam 11 Nov - 23:31

Maître du Jeu

Vos constats s'égrainent, à la croisée des chemins de ce premier étage. Il ne fait aucun doute que parmi les nombreux morts qui sont survenues ici, certaines n'ont été que temporaires. Et l'on dit que ceux qui connaissent des derniers moments terribles reviennent parmi les vivants comme des ombres... ou rarement, comme des prédateurs. Il y a fort à parier sur la catégorie qui vous attend ici.

Sans trop de considérations pour le cadavre ni la main, comme si cela ne l'étonne que peu, Amir envisage déjà de poursuivre. Quand la question de Chaya fuse, il se contente de maintenir le contact oculaire sans dire mot : ce n'est clairement pas le moment de faire un petit cours d'Histoire, d'autant plus que la menace semble évidente à présent. Et puis il est des choses qu'il vaut mieux n'évoquer qu'en petit comité d'initiés ecclésiastiques. Tout Sentinelle qu'Amir est, il n'est certainement pas un hérétique, prompt à condamner l'ordre.

Toutefois, mâchant ses mots, il répond :

« - C'était un héritage des Esprits. Lorsque l’Église l'a trouvé, il en a fait autre chose. Une prison, un lieu de torture... Nous devons nous attendre à ce que les souvenirs ici reprennent vie. »

Son expression sur son faciès trahit une certaine inquiétude ; il ne s'attendait pas à ce que le Régent ait pu se rendre aussi loin. Avait-il prévu de récupérer son cadavre depuis le début ? Mais le fait qu'il ait pu s'enfoncer autant dans la tour laisse présager que le vieillard cachait bien son jeu ; sur quel genre de pouvoir est-il parvenu à mettre la main ?

Faisant volte-face, l'aramilan n'attend pas plus. Imperturbable, il reprend sa route, sachant que cela entraînera le reste du groupe à sa suite. Comme l'aile gauche, l'aile droite semble déserte malgré les craintes de chacun et c'est sans peine que le groupe s'enfonce dans l'escalier jumeau, gravissant les étages... sans plus de traces de vos prédécesseurs. Mais alors que vous atteignez tout juste le palier du cinquième étage, le Grand Mestre s'arrête net.

Vous comprenez alors.

« - Courrez ! »

Les râles sont d'abord effacés, presque lointains. Mais ils s'intensifient à une vitesse surnaturelle, provenant des étages inférieurs et supérieurs. Impossible de monter ni descendre, il faut se précipiter dans le passage qui vous fait face en espérant que l'escalier de l'aile gauche soit libre pour terminer votre ascension. Malheureusement, vous êtes à peine arrivés devant le corridor qui fait la jonction que vous percevez l'horreur : la horde est aussi devant vous et bloque l'accès à l'autre aile. Pour la première fois, vous percevez le nombre extraordinaire de Jiangshi affamés qui se bousculent dans la bâtisse, avançant à une vitesse prodigieuse malgré leur état.

Alors que vous vous repliez dans un couloir menant à l'une des extrémités de l'aile, vous vous rendez compte après coup qu'il s'agit d'un cul-de-sac. Devant vous, des dizaines et des dizaines de morts-vivants trébuchent et se chambardent mutuellement pour tenter de vous atteindre plus vite ; c'est tout le couloir derrière qui est obstrué par ces corps en décomposition aux orbites vides et aux mains squelettiques. Pour couronner le tout, vous voyez des lueurs verdâtres s'avancer dans la mêlée, passer à travers les corps... des Incubes !

Dernier espoir : une porte qui refuse de s'ouvrir, comme si elle avait été condamnée. Il vous faudra bien trouver un moyen pourtant, en espérant pouvoir la refermer dans votre sillage...
HRP:
Dim 12 Nov - 16:35



Assaut sur la tour hantée

Event


Il ne veut pas répondre. Ce n'est pas le moment, intiment ses yeux. Nemeth n'est pas de cet avis. Puisqu'il semble évident qu'ils ne sont pas seuls ici et que la ou les choses qui rodent ici ont déjà tués des humains sensés savoir se défendre.. Il était d'autant plus important qu'ils aient toutes les informations sur cet endroit. Amir n'était -jusqu'à preuve du contraire- pas immortel, s'il tombait ses connaissances sombraient avec lui. Oh Nemeth aurait été ravie d'avoir cette conversation en privée, entre initiés responsables mais, ce n'était plus possible. Elle se contenterait pourtant des mots choisis par la Sentinelle, confirmant certaines de ses intuitions ils amenaient aussi un élément nouveau. Cela pouvait passer pour une formule dévote, tout en Uhr était héritage des Esprits mais ces mots trouvaient un écho particulier dans la boîte crânienne bien remplie de la caravanière. Alors que les pièces du vaste puzzle s'assemblaient, les prunelles de Nemeth s'élevaient vers le plafond et sa main vers sa poitrine, à l'emplacement d'un médaillon resté à l'abri des regards.

Ce qui pourrait sembler être une prière silencieuse est rapidement interrompue par le départ d'Amir, son mouvement entraîne naturellement celui du reste du groupe et tous s'élancent vers les étages supérieurs. Ils sont prudents, silencieux, méfiants.. mais ce ne sera pas suffisant. L'ordre de l'aramilan claque comme un coup de feu dans le silence et les faibles échos d'une vague lointaine se transforment en hurlements furieux à mesure que la menace se rapproche.

Ce n’est pas une vague qui arrive. C’est un océan. Des morts-vivants par dizaines, toujours plus nombreux, qui s’entassent et trébuchent dans l’étroit couloir, tous étaient là pour eux. Jamais Chaya n’avait vu autant de Jiangshi, jamais elle n’aurait cru une telle horde possible. Ces créatures naissaient du tourment de leurs derniers instants mais elles n’étaient pas toujours hostiles.. du moins, étaient-ce les brèves informations qui lui revenaient en mémoire. Informations réduites en charpies squelettiques alors que l’intention de la horde semblait limpide, la vie n’avait pas sa place dans ces couloirs.

Pris au piège, le groupe était coincé, la seule issue était une porte solidement fermée.. Par les Douze il était tout à fait certain que si cette porte était close c’était pour une excellente raison ! Nemeth croise Aharon alors qu’ils échangent de position, sans un mot. La jeune femme dégaine son épée et se positionne à côté d’Amir, à eux deux ils bloquaient le couloir sur un de leur flanc, il faudrait que deux combattants fasse de même de l’autre côté, le temps que la porte soit ouverte et que le reste du groupe puisse se mettre à l’abri.. si c’était là un abri.

Aharon s’est accroupi, deux fines tiges de métal entre les mains, crochet et entraîneur, concentré alors qu’un océan de corps en décomposition allait bientôt s'abattre sur eux, il était totalement à la merci des ennemis si ces derniers parvenaient à franchir les défenses de ses camarades.

Le combat s’engage rapidement et tous doivent désormais se reposer sur les compétences des autres. Nemeth adapte sa position à un combat en espace réduit, ce n’était habituellement pas un problème, il est rare d’assassiner une cible au milieu d’un champ, mais c’était la première fois qu’elle allait affronter une vague aussi compacte et chaotique d’ennemis. Elle n’était sans doute pas la seule dans ce cas. Ils devraient apprendre sur le tas et apprendre vite, s’ils voulaient survivre.

Les deux Jiangshi qui étaient arrivés sur eux en premiers tombent au moment où un courant d’air plus glacial encore que l’air ambiant s’infiltre jusque dans leurs os. La porte était ouverte.

Résumé:
Lun 13 Nov - 17:55



Assaut sur la tour hantée

La tour des Ases


Dans les couloirs encombrés de débris et de corps réduits en bouillis, l’étau se resserre autour des des gorges. Keshâ repense à ce lien bucolique que semble entretenir Seraphah avec la brume. Il s’interroge sur cette douce affinité que semble avoir Amir avec elle. Comment un être sensible produirait avec constance de telles aberrations dont l’unique but semblerait être de détruire tout ce qui respire ? Il voit mieux comment l’idée est venue à l’Église d’appeler la brume « Malice » en des temps reculés d’ignorance et de survie.

A présent, il se rend compte qu’il hallucine. Le vide et l’obscurité sont des toiles vierges pour ses angoisses. Ce qu’il a cru entendre n’est que le produit de son imagination et il ne peut plus se fier en ses sens ni en ses émotions. Il ne peut que s’en remettre au groupe. Il soupire de soulagement à l’allumage du nascent. Riche idée de Jessamy, dont il perçoit la canne comme un Graal merveilleux.

Dans le même temps, Lewen a récupéré via Max une main vivante. Ou plutôt morte-vivante. Les yeux de Keshâ’rem s’écarquillent jusqu’à ce que leur sclérotique cercle ses iris. Il a tout de suite reconnu les horribles Jiangshi. Rien qu’à cette pensée, les bruits de mastications de boyaux arrachés de soldats encore vivants heurtent sa conscience. Sa main se lève par réflexe pour boucher ses oreilles et le protéger de ses voix rendues méconnaissables par le martyr. Ne pas écouter. Ne rien entendre. Ne pas être là. L’enfant se balance d’avant en arrière, la respiration hachée.

Si cet endroit était un lieu de torture, on comprend aisément que l’Église a nourri le mal qu’elle prétendait combattre. La Brume n’est même pas à blâmer ici. Ces monstres sont le legs de l’Église. Les civilisations anciennes se retournent sans doute elles aussi dans leur tombe en voyant ce qui a été fait de ce glorieux édifice, dont Amir refuse de leur livrer les secrets à en juger par son échange avec Nemeth.

Le sang ne fait qu’un tour. « Courez ! ». Ses jambes s’activent à toute vitesse, léger qu’il est et rompu à l’art de la fuite. Son pied glisse comme une patinoire sur un liquide visqueux, sans doute des entrailles de rats. Son épaule heurte durement le mur et il rebondit sans ralentir sa course en zig zag. Chambre d’écho infernale, les couloirs projettent les râles gutturaux qui semblent résonner directement de leurs boîtes crâniennes. L’escalier leur est interdit. Ils fuient de manière compacte en évitant les premiers Jiangshi. Keshâ bondit par-dessus l’un deux ; il est tombé au sol poussé par la masse et tend une main pour l’attraper.

Coincés face au blindage d’une porte, Aharon entreprend de sortir de quoi crocheter la serrure. Mais ils n’auront pas le temps. C’est impossible. Le couloir dégueule littéralement des cadavres des deux côtés, telles une houle mortifère venant se rejoindre sur leur position. Nemeth et Amir prennent tout de suite position. Il n’est plus l’heure de se poser de question sur ses compétences ou ses peurs. C’est le dernier rempart entre la mort et la vie. Alors, Keshâ s’insère entre eux, à la faveur de sa modeste carrure. Il confie aux autres le soin de combler l’autre front. Une seconde, il se souvient qu’il garde en réserve un totem d’invocation redoutable, mais préfère ne l’utiliser qu’en désespoir de cause. Car il n’aura sans doute que peu d’énergie pour agir ensuite.

Gêné dans ses mouvements, il ne peut qu’abattre son sabre vers le bas. Un coup d’estoc serait préférable pour endommager le crâne des Jiangshi avec précision, comme le fait Nemeth avec sa rapière. Son sabre s’abat à la verticale sur l’épaule d’un Jiangshi et se plante profondément dans les structures osseuses. Les bras tendus avec acharnement, le mort-vivant griffe son avant-bras en partie protégé par ses bracelets de cuir. La tête ignoble s’approche de lui mâchoires ouvertes. Celle qui semble avoir été une femme a des orbites noires et des traits gris émaciés. De sa main gantée il tente de la repousser par le front et lutte contre sa force brute. Il grimace et crie sans pouvoir reculer.

C’est alors qu’un événement surprenant se produit. Une horloge de cheminée apparaît sur la tête du Jiangshi et l’écrase au sol dans un craquement sordide. Ornementée de petites colonne en marbre rose, il reconnaît l’un des nombreux objets avalés sans faim par son nouveau cristal de spatiokinésie.

Durant les jours avant le voyage, tout ce qu’il touchait ou presque y est passé, assiettes, plateaux, sacs à mains de lady, table basse. Il a juste réussi à endiguer le processus. Ou peut-être que ce ventre trop plein ne pense qu’à régurgiter son contenu au hasard !

En tout cas, profitant d’avoir le truc, Keshâ tente de faire apparaître ce fusil qu’il a fait disparaître de l’armurerie du Marquis par accident… et se retrouve avec une ventouse en caoutchouc pour les toilettes entre les mains. Il jette l’ustensile vers l’incube et tente de ramasser son sabre sur le Jiangshi. Celui-ci disparaît… Tentant de le faire réapparaitre dans ses mains, il voit tomber devant lui un immense tapis léopard, ce qui a pour effet de jeter à terre plusieurs Jiangshi qui arrivaient sur eux. D’autres leurs roulent dessus dans une marée tortueuse. Il ne sait pas si ce piteux numéro sert ou non leur équipe, mais cela a l’air de leur faire gagner quelques précieuses secondes avant trépas.

Et le voilà désarmé ! A peine a-t-il l’idée de tirer ses dagues qu’Aharon crie au miracle des Douze. Loué soit cet Aramilan aux mains prodigieuses. Keshâ ne demande pas son reste malgré l’air glacé qui leur souffle dessus et se précipite avec les autres vers leur échappatoire.


En bref…:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mar 14 Nov - 23:08, édité 2 fois
Mar 14 Nov - 20:50
Il ne suffit que d’un échange de regard avec Artemis, témoin de leurs aventures passées. Aux mots du caravanier, le Patrouilleur comprit lui aussi : une étincelle qui mit en lien tous les indices recueillis par ses comparses. Ce qu’il avait vu était le témoin des affres de la tour, ou bien quelque chose de pire encore ? Lorsque les râles froissèrent les reliefs ombrés des pièces qui les entouraient, il l’aperçut et resta coi un instant de trop. Ramené parmi la troupe lorsque l’épaule de ses pairs trouvèrent la sienne dans la panique, il avait déjà un temps de retard. Il arma donc son épée courte, leva sa torche. Il vit leurs yeux, et derrière, dans un recoin, le Liechi qui coordonnait leurs attaques. Il en avait le sentiment net. Il les suivit, emporté par une peur qui chassa ses doutes. La peur était bonne, elle signifiait qu’il était encore en vie. Alerte. Il pressa ses comparses, car bien que doté d’une nebula peu sagace, il restait un arpenteur de la Brume. Un Mort gris, en sursis. Mais un combattant rompu aux traquenards. Il serra les dents. Le frisson de la bataille gagna ses articulations, chassa ses pensées morbides. S’il mourait, ce serait arme en main et avec la certitude d’avoir sauvé des âmes.

Ryker chassa d’un revers le premier Jiangshi qui tomba à terre, ses os poussiéreux brisés par la taillade. Il esquiva l’Incube qui traversa le mort-vivant et en arrêta un à l’aide de sa torche, comme hypnotisé par la flamme. Il profita du fragile répit pour reculer et poursuivre sa déroute. Il rattrapa le groupe, parvint à sauter pour sauver sa solide carcasse des dents des incarnations fantasmagoriques. Mais il n’était pas sans ressources. Drapures poussiéreuses, sèches et immémoriales. Il écrasa son feu dans l’une des tentures élimées, qui s’enroba de flammes. Le feu gagna la poussière, gagna la parure qui disparut sous le charnier desséché des deux-fois-nés. Cela se propagerait ou pas, peu importait : la retraite ne lui permettrait pas d’en voir plus. Point positif : il ne voyait plus le Liechi. Il était dans son élément : la mort l’entourait et il ne savait pas qui en ressortirait. Voilà les paris que les Patrouilleurs aimaient. Une chance ténue de survie, une horde à leurs trousses. Un élément qu’il maîtrisait. Un élément sur lequel son esprit pouvait se focaliser et qui lui permettrait de ne pas sombrer dans la folie.

- Artemis, avec moi ! cria-t-il, tandis qu’Aharon prenait le pli de les sauver. Il comprit que ce dernier avait une idée salvatrice, bien qu’il se demanda qui avait bien pu refermer cette porte à clef … et pourquoi. Non, idée saugrenue : il savait très bien pourquoi. Et l’une des raisons céda sous son épée, séparant tête et thorax décharné. Or, les morts-vivants ne savaient pas ouvrir des portes. Pas plus qu’une tête en moins ne les arrêtait.

Il agita sa torche, l’écrasa dans le mort-vivant que tenait le caravanier. Les flammes de l’embrasement vacillèrent dans les pupilles fendues d’Amir : un de moins. Une torche de gaspillée, mais du temps de gagné. Une commode en pièces trônait sur l’un des bords du couloir. D’une force gainée par l’adrénaline, le Patrouilleur se saisit de l’épais meuble délabré et l’envoya dans les jambes de leurs poursuivants, ce qui cogna l’Incube en pleine truffe infernale. Le cabot vicieux couina un râle glacial et stoppa son assaut. Encore quelques secondes de répit. Ryker sortit sa dague. Un gaspillage utile, une fois de plus : elle se planta dans le pied d’un second Jiangshi. La créature resta là, trop stupide pour comprendre pourquoi elle n’avançait plus. Puis elle tira, sa jambe céda. Elle tomba à terre, offerte au premier venu. Puis un dégueulis du quotidien vint prendre le relais de ses coups adroits, éliminant bien plus de menaces que lui malgré toute son expérience. Il roula sur le côté pour éviter l’horloge et se recula sans comprendre pourquoi un tapis était soudain devenu leur allié. Il croisa le regard de Keshâ, armé d’une ventouse. Rien à comprendre, ne pas réfléchir : c’était la mort assurée s’il cherchait à identifier ce qu’il venait de se passer.

Il hurla aux autres de profiter de la porte à présent ouverte, ramassa une des colonnes de marbre rose et s’en servit pour écraser l’occiput d’un jiangshi puis l’envoya à nouveau dans la truffe de l’incube qui l’observa avec des yeux incandescents. Viens-y sale cabot meurtrier. Il recula de deux pas, poussa d’une main Lewën vers la porte. L’amputé avait intérêt à s’en tirer. Pas le temps de bailler, pas le temps de s’inquiéter : la porte retiendrait les desséchés, mais pas les fantômes. Elle ne leur permettrait pas de s’en sortir éternellement et dieux savaient quels dangers les attendaient au-delà.

- Amir, dégagez d’ici : vous êtes ici pour diriger le groupe. Je suis un Mort Gris, en sursis. Avancez et guidez-les ! hurla-t-il avant d’attraper une autre dague.

Il la prit à l’envers et entreprit de fracasser un crâne avec sa garde. La masse visqueuse cérébrale de la créature se répandit aux alentours, mais elle parvint à griffer son torse avec vigueur. Le cuir céda mais un éclat brillant révéla une armure aux mailles fines et solides. S’il était gourd et peu dextre, voilà quel était son secret. Ryker n’était pas un homme subtil, et son armure lui avait bien souvent évité une éventration. Il repoussa la créature d’un coup de genoux et la sectionna au niveau des vertèbres coccygiennes. Puis il le vit, là dans les ombres. Il dégagea l’un des morts-vivants dans la trogne du chien infernal d’un coup de talon. Il rengaina sa dague.

- Viens-donc, fils de Brume ! Arrête de te cacher ! hurla-t-il, sa main gauche dégrafant son épée bâtarde. Il fit jouer l’imposante arme d’un mouvement de poignet et lacéra tout ce qui se trouvait face à lui dans une violente passe d’arme. Il se remit en position, les pouvoirs de sa nebula déferlèrent dans son corps et lui confièrent une hargne renouvelée.

Les armes en croix, il les attendait, la rage de sa parasite cogna dans son cœur et il poussa un hurlement de colère destiné à chasser ses craintes. Une lumière malsaine brûlait dans son regard. Il se redressa, les années s’étaient estompées. A nouveau, le Patrouilleur brûlait de violence et de force. Sa voix vibrait d’un éclat nouveau. Gare à quiconque le touchait, sa part de Brume risquait de les amoindrir mais pour la première fois depuis longtemps, il ne repoussa pas cette voix insidieuse qui lui murmurait tout bas : tue les tous. Alors il sut qu’il tiendrait jusqu’à ce que le dernier de ses compagnons ait passé la porte.

HRP:
Jeu 16 Nov - 3:04

La tour des Ases

Event



Lewën abandonna la main morte à l’étage, celle-ci continua de s’agiter au sol. Si une main momifiée ne pouvait mourir, qu'en était-il du corps à laquelle elle appartenait ?
Il n'eut loisir d'approfondir la question qu'ils reprirent leur ascension jusqu'à ce qu'il compta être le cinquième étage. Curie, au pied d’Amir, riva ses oreilles fixement avant de couiner. Lewën reconnu ce signal, un danger était imminent. Il n'eut pas le temps de prévenir ses acolytes que l'ordre de leur guide claqua : courez. La musaboise se jeta sur son adoptant, malgré l'agression olfactive que cela lui causait, qui la récupéra d'une main ferme en entamant sa course. Un seul mot suffit à déclencher une retraite rapide. Pas besoin de plus, le message était clair : courez ou mourez.

Le médecin prit rapidement la tête du groupe, il eût une pensée fugace pour sa sœur, Lyana, qui lui avait confectionné sa prothèse. La lamelle qui lui servait maintenant de pied lui donnait une impulsion nouvelle. Nulle doute qu'avec son ancien membre factice il se serait retrouver claudiquant à l'arrière du groupe, probablement rattrapé par la multitude de Jiangshis.
Il avait entendu parlé de ces êtres décharnés, jamais il n'avait eu à faire avec eux jusqu'à ce jour. Et en voilà des dizaines et des dizaines qui déboulaient de toute part, traversés par leurs amis incubes qui s’invitaient à la fête.

Ils n'avaient pas vraiment le choix de la direction à emprunter, ils allaient là où la “Tour” voulait les mener : un cul de sac. Une porte verrouillée les accueillit, Lewën agita la poignée avec désespoir quand très vite ses partenaires formèrent une barrière de leurs corps et armes. Aharon se glissa à la place de Nemeth pour travailler sur la serrure avec un calme religieux.
Le médecin lui laissa la place nécessaire, rendu en deuxième ligne de front. Il était le maillon faible des combattants, ce n'était pas une surprise. Ce n'était pas pour ce non-talent qu'on l'avait recruté, mais plutôt pour l'appui médical et le sang froid dont il faisait preuve. Curie s'agita dans la sacoche, un incube tenta de percer la défense en vain. Chacun y allant de sa hargne pour tenir. Lewën pu observer l’aisance de Nemeth auprès d’Amir, la surprenante tactique de Keshâ. Il eût à peine le temps de s'inquiétait pour Ryker qui sembla se métamorphoser. Ce dernier le bouscula et le medecin se retrouva projeter dans une salle obscure.

Aharon avait réussit à leur ouvrir le passage en un temps record, son calme et sa détermination avaient sauvé le groupe. Encore fallait-il que tout le monde suive. L'homme aussi discret que sa comparse aida les combattants à battre en retraite tandis que la pièce leur offrait un calme tout relatif. Le chaos du groupe perturba la tranquilité du lieu, Lewën entendit Ryker provoquer les assaillants prêt à se sacrifier pour eux, on ne lui en laissa pas l'opportunité. L'Epistote se jeta sur la porte pour la refermer derrière les derniers repliés, vite aidé par Aharon et Artémis. Ils la bloquèrent grâce à du mobilier présent dont l'état jurait avec les étages inférieurs.

Lewën se rapprocha rapidement de Ryker pour poser ses mains sur sa tête. Le patrouilleur semblait dément, il fit appel à sa Nebula pour soigner l'esprit de l'homme, seul un vide lui répondit. Pas le même que celui qui l'avait envahi lorsqu'il avait touché la tour. Non, celui là était moins tenace, moins pressant. C'était comme un mur qui l'empêchait d'atteindre l'être Brumeux qui sommeillait en lui. Ne comprenant pas ce qui lui arrivait Lewën porta son attention sur son partenaire :

- Ryker tu m'entends ? l’apostropha-t-il sans arriver à observer ses pupilles à cause de la pénombre.
Le médecin voulu prendre sa gourde d'eau rangée dans sa dimension de spatiokinesie mais ne pu utiliser son cristal. Il se sentit bien fragile sans ses dons et craignait que la salle en soit la cause. Un souvenir fulgurant lui rappela la cause de cet effet : Ryker et sa Nebula. Il en avait déjà observé l'effet lors d'une mission sous la Brume Dainsbourgeoise avec l'homme.

La méthode douce n'étant pas permise, Lewën opta pour la forte. Une baffe à Ryker le ramena dans le moment présent. Il plongea son regard dans le sien, agrippant son armure, pour s'assurer que le corbeau n'était plus en proie à quelconque délire d’héroïsme.

- Reste avec nous ! lui ordonna-t-il d'un murmure. Un simple hochement de tête du patrouilleur lui indiqua que la tempête était passée.

Se retournant, le médecin ne vit pas grand chose. Les fenêtres étaient obscurcies, pas de planche cette fois mais une couleur opaque, comme dans une chambre noire. La torche de la sentinelle et le cristal de Jessamy  lui permirent de découvrir une pièce spacieuse et charmante dont la couche de poussières accumulés témoignait d'une longue désertion par tout type de vie. Comme premier réflexe, Amir y chercha des traces. Le froid semblait plus intense dans cette pièce, ou était-ce le coup de chaud de leur course qui donnait cette impression maintenant que l'adrénaline retombée ?
Le médecin fronça les sourcils, il ne voyait aucune autre issue que la porte qu'ils venaient de passer. On pouvait encore entendre les corps s’effondrer sur cette sortie condamnée.

Soudain un objet s’éclaira dans les airs. Une projection mystérieuse qui en appela d'autres. Petit à petit, sous leurs yeux ébahis, une carte des étoiles se dessina dans les airs. Urh apparu au centre de la pièce, sa forme si spécifique ne laissait pas de doute sur son identité. La vapeur libérée par leurs bouches se faisait plus dense au fur et à mesure que se dessinait la galaxie Urhoise. Autour de la planètes ses deux satellites gravitaient, mouvement hypnotique de la magnifique scène qui prenait vit sous leur regard.
Des frissons parcoururent l’échine du dépigmenté, cette fois plus de doute, la température chutait.

Résumé:
Jeu 16 Nov - 11:32
Manquait plus que ça, l'un des types qui semblait le plus censé et expérimenté se révèle être en fait une vraie tuile qui va se faire charcuter par les hallucinations qui se promènent sous son crâne. Tu n'en as rien à faire, clairement, Jerry ; tu profites de la diversion offert par le fou. Peu importe si le toubib parvient à le ramener à la raison ou non, un lunatique capable de vriller pour des bêtises aussi triviales qu'une armée de morts-vivants, ça n'a rien à foutre dans une escouade d'élite.

- L'Alliance est dans un sale état, s'ils avaient personne de plus fiable que lui à nous envoyer, tu commentes dans un pic de frustration à qui veut bien l'entendre.

Puis attrapant ton second fusil à pompe, tu passes en posture d'assaut. Peu importe ce qui se trouve de l'autre côté de la porte ouverte, il faudra, fort probablement, le mettre en pièces. Faut tout de suite sécuriser la seule issue qui s'ouvre au groupe. Le toubib essaye de ramener cet aliéné à la raison, mettant au passage la mission -et donc Uhr tout entier- en péril.

Tu franchis la porte ouverte par l'aramalien, accompagné du docteur et d'Amir, c'est un tout nouvel univers qui se dévoile sous la lumière de l'autre mutante. Une gigantesque salle, belle, propre, vivante, elle t'apparaît donc aussitôt terriblement hostile. Un changement d'ambiance brusque, une rupture théâtrale, comme si la réalité s'effilochait au fur et à mesure que vous vous enfoncez dans la tour. C'est comme si vous suiviez un circuit mis en scène par un fou, et que vous empruntez sagement la voie qu'il a tracé pour vous.

Ce sentiment ne fait que se renforcer lorsqu'apparaît la carte des étoiles au-dessus de vous, Jerry. Un hologramme sphérique s'étalant dans les trois dimensions, utilisant notre tore favori comme centre, gravitent autour des astres colorés dépeints avec semble-t-il une extrême précision. Dans un premier temps, Max, surpris comme tout le monde ici, aboie sur les planètes. Constatant que ça n'a aucun effet, il contemple la structure avec de grands yeux ronds, semblant émus à tel point que des larmes coulent de ses yeux. Ce ne sont pas des larmes d'eau, mais de pus.

- Cherche une issue, tu lui glisses, pris d'une soudaine claustrophobie. Il n'y a aucune sortie visible ici. Les jiangshis affluent encore dehors, vous êtes faits comme des rats dans ce planétarium : le spectacle est certes joli, mais pas forcément au point de mourir pour lui. Ce cirque méritait d'être protégé par une lourde porte blindée ?

L'une des planètes accélère sa rotation lorsque tu la frôles. Tu la tâtes du canon de ton fusil, elle grossit. Non, l'ensemble de la structure grossit, car c'est un zoom ! Bluffant. La technologie qui oeuvre derrière cette projection ne se trouve qu'à l'état de prototype dans les hautes instances opalines et epistotes. Retrouver une telle prouesse scientifique dans un lieu aussi délabré, c'est tout à fait surréaliste, mais surtout très inquiétant.

Car ce lieu est habité par une présence intelligente, c'est certain désormais, et le Régent, qu'il soit mort ou non, savait parfaitement ce qu'il faisait en se rendant ici. Alors tu aurais bien aimé pouvoir plonger l'esprit léger dans ce charmant cosmos, mais tu vois venir le traquenard. Ce foutoir ne s'est pas activé tout seul.

Il fait froid, et il commence à faire si froid que même ce qui te reste de peau frissonne, Jerry. De larges filaments de gel courent sur les murs et sur le plafond. C'est épatant, parce que peut-être est-ce un jeu de lumière ou peut-être ce froid qui engourdit ton cerveau, mais tu perçois des serpents dans ces filaments, ça ondule et ça vibre, le froid semble vivant, le froid semble siffler.

C'est épatant parce que ce n'est pas dans tes habitudes d'être en proie à des hallucinations, Jerry. Ton esprit est une forteresse qu'on infiltre pas facilement -à part si on est un gamin des rues télépathe d'Episto visiblement. Tu es formé à distinguer précisément ce qui tient de la réalité et ce qui tient du fantasme car ton job consiste précisément à reconfigurer la réalité à la guise du Magistère. Alors des hallucinations ? Un truc de ploucs, assurément. Pas du tout ton style. Il faut investiguer.

Tu te rapproches du givre suspect. Il est épais, ce n'est plus du givre, mais de la glace, une glace compacte et brillante, qui absorbe la lumière jaunâtre des torches et la rend profondément bleue. Tu la défies du regard, cette glace anomalique, que veut-elle ? D'où vient-elle ? A ton grand regret, tu n'hallucinais pas, ça vit, ça palpite. Ces épines que tu sens s'enfoncer dans ta viande mourante, ce n'est pas un simple coup de froid, mais le souffle d'un être vivant. Tu en as la confirmation lorsque tu vois s'arracher du givre une longue tentacule blanche, qui lentement semble vouloir attraper ton visage.

Tu réponds à cette maladroite prise de contact par un violent coup de crosse. La glace pleut en morceaux sur le parquet, et aussitôt glissant dessus, cherche à se recomposer.

- Élémentaires !, tu préviens. Décidément, on aura pas l'espace pour une pause café ici. Tout s'enchaîne si vite, l'endroit est intense et tourmenté, comme si la tour d'Yfe s'était réveillée dans les vapes et de très mauvais poil après son sommeil millénaire.

D'autres créatures s'extirpent doucement du givre. Innombrables, informes et menaçantes. Tes deux fusils levés, tu t'éloignes des murs et repart en arrière, afin de te mettre en formation de combat auprès de tes camarades.

Max, qui avait été mandaté pour chercher une sortie, se retrouve face à un mur qui se détache du reste du décor, car épargné par l'invasion de givre, il émane d'une odeur différente, plus brute, c'est comme si ce mur criait à Max qu'il était un passage secret ? Le fidèle ami de Jérémiah décide de pisser contre cet étrange mur afin d'attirer l'attention de ses compagnons dessus, mais aussi pour se soulager un peu.

Resémumé:
Ven 17 Nov - 18:27
Les traits de ses camarades, sculptés dans la lumière froide, semblent se détendre un peu une fois la nuit repoussée. Son attention est agrippée par le crissement du fusain contre le papier. Les murs décrépits de la tour, ses tentures délavées, ses rideaux déchirés et ses toiles d’araignée se retrouvent figés en quelques coups de crayon. Son regard vermeil remonte jusqu’à la voix de l’artiste, et certains mots la glacent. Évidemment. La succession d’incartades l’a éloignée des premiers mots d’Amir, et ceux-ci lui reviennent d’un coup. Jessamy sent une présence froide et morbide se lover contre son échine : celle des murs griffés par chairs meurtries et gémissements, à la merci de fanatiques nourris de tourments. À nouveau, le souvenir étouffant de Dainsbourg revient à elle. Et la réplique d’Amir la pousse encore dans la direction vers laquelle elle s’était tournée.

« Sang de Brume. », murmure-t-elle.

Il ne lui reste qu’à s’élever un peu plus dans cet abîme, pour vérifier son intuition. La troupe se hisse jusqu’au cinquième étage, avant que la mutante ne manque de se heurter au dos du Grand Mestre. Ses plumes se hérissent sur son crâne alors que des râles percent l’obscurité poussiéreuse des couloirs. Une masse de viande humaine pourvue de griffes et de crocs, des dizaines de paires d’orbites vides où se réfugie l’obscurité. Une foule de cadavres cerne le petit groupe. Certaines créatures marchent sur leurs pairs pour tenter d’atteindre leurs proies. Tendue, Jessamy feule dans leur direction, révélant ses crocs luisants à l’amas squelettique, avant de s’élancer elle aussi avec ses camarades. Ses griffes fendent la carne molle et ratatinée qui s’approcherait de trop près.

Le silencieux compagnon d’Aharon s’accroupit auprès de leur seule issue, et elle comprend qu’il doit être protégé. Cerbère diaphane, elle montre à nouveau ses crocs dans un rictus féroce, provoquant leurs adversaires d’un grognement guttural. Parmi eux : un incube, qui s’est glissé entre ses comparses rachitiques. Alors que ses alliés se démènent contre les Jiangshi, Jessamy se concentre sur ce qu’elle connaît le mieux — après tout, cela l’a déjà tuée. Sa canne s’abat sur le crâne du canidé dans un bruit sourd. Sonné, le dogue ne voit pas arriver les griffes acérées qui lui empoignent la gorge, pénétrant l’ectoplasme pour le déchirer. La bête s’écroule dans un râle, piétinée par les morts-vivants affamés. Phalanges suintantes des reliquats glaireux de l’incube, la mutante recule, son bâton menaçant le crâne dégarni des morts-vivants. Lorsque le cliquetis de la porte ouverte parvient à ses tympans, elle fait volte-face pour s’engouffrer dans l’issue. Son visage se déforme de douleur : une main décharnée a attrapé l’un de ses élytres pour la tirer en arrière. Elle sent des dents planter une brûlure lancinante dans le velours protecteur. Dans un cri de rage, elle assène un nouveau coup avec l’arrière de sa canne pour faire reculer l’agresseur, et se défait de son étreinte pour se faufiler.

Jessamy le ressent déjà au niveau de son dos : la blessure s’est refermée presque aussitôt. La douleur, en revanche, s’est nichée au niveau de la plaie ouverte pour lui greffer la fierté des Banshees. Le souffle coupé, la mutante s’appuie contre un mur, l’autre main fermement accrochée à sa canne. La sphère de lumière qu’elle a engendrée l’a suivie, et devient astre alors que le plafond s’illumine. Jessamy reste bouche bée devant le spectacle. Toutes ces étoiles et ces planètes qui gravitent autour d’eux lui inspirent… quelque chose d’étrange. Un calme abyssal. Profond. Un silence vide et… froid.
Froid ?

« Élémentaires ! », hurle la voix de Jeremiah.

Sa main se décolle précipitamment du mur ; une fine couche de givre s’est formée contre sa paume. Elle frissonne.

« On n’est jamais tranquille. », grince-t-elle dans un mouvement de recul, s’essuyant la main sur ses vêtements.

Son regard dévie, à la recherche d’une sortie qui ne les mènerait pas dans les gueules putrides qui protègent la tour, avant de trébucher sur leur compagnon à quatre pattes. Curieusement, il n’est pas retourné auprès de son maître après avoir trouvé l’endroit où se soulager. Un mur. L’échine putride de Max semble secouée de soubresauts, alors que sa queue remue de plus en plus vite à mesure que la mutante s’approche.

« Tu as fini de jouer, Max ? Tu as trouvé quelque chose ? », fait-elle en lui souriant.

Son regard sillonne le mur de bas en haut. Le bout de ses griffes crisse contre ses arêtes et ce qui le sépare des autres cloisons. Sa texture. Ses irrégularités. Ses couleurs. Jessamy penche la tête sur le côté, pensive, avant de lever sa canne et de frapper la pierre avec son bec. Un écho profond lui répond. Un sourire presque trop enthousiaste lui fend le visage, alors qu’elle se retourne vers ses camarades.

« Ça s-sonne creux ! Ça d-doit être par là ! », s’exclame-t-elle en claquant des dents.

Résumé:
Sam 18 Nov - 12:49

La tour des Ases

Event




Pouvait-il y avoir un quelconque moment de répit ? On pouvait facilement avoir l’impression que chaque pas était synonyme de danger. Un sang-froid à toute épreuve, Artémis luttait néanmoins pour ne pas faillir et basculer dans l’autre côté : la peur. Dans la Brume, si la peur s’emparait de vous, alors vous étiez définitivement perdu. Ils étaient à présent cernés par une horde affamée de Jiangshi. Face à un tel nombre, compte-tenu des capacités de chacun, il était définitivement impossible de s’en sortir. Seule Jessamy pourrait en sortir indemne, après des instants de souffrance, bien sûr. Inévitablement, les souvenirs du vagabond le plongèrent dans les images aperçus lorsqu’il toucha le corps inerte de l’homme déchiqueté. Seule la mort attendait ceux qui osaient pénétrer l’enceinte de cette tour. Il l’avait senti dès le début. Il avait annoncé à son groupe qu’il fallait se diriger vers cette mort certaine. Sa Nebula ne répondait même plus. Absente. Effrayée. Paralysée.

Œil-De-Nuit, je voulais simplement te dire…
- Ne dis rien. Cours simplement et trouvons une solution.


Il avait raison. Pas question d’abandonner ici. Les Jiangshi, des êtres immondes absolument, en réalité des personnes âmes emprisonnées dans leur corps calciné. A côté, être un Portebrume était une bénédiction. Ce qui étonna le vagabond résidait dans le nombre d’individus à leur trousse. Ils se déplaçaient certes en meute, mais il y en avait bien plusieurs ici. En continuant dans leur fuite, le groupe se retrouva pris au piège, jusqu’à ce que Aharon parvienne finalement à ouvrir la porte précédemment fermée. Ryker, lui, était clairement devenu le plus inquiétant de tous. Artémis accepta, non pas volontiers, mais avec une certaine satisfaction de l’aider à repousser les ennemis. S’il devait se concentrer sur l’ennemi, son regard se portait régulièrement sur son collègue patrouilleur. La Nebula, dans un sursaut inattendu, reprit brièvement la parole :

Sa Nebula a pris le dessus sur lui. La Brume est en train de le grignoter à mesure que l’on s’enfonce et la peste en profite pour s’emparer de son corps. En temps normal, je t’aurais bien dit de le laisser crever, mais le danger est-elle que nous aurons besoin de lui. Sauve-le.

Le vagabond ne jugea pas nécessaire tant c’était pour lui une évidence. Un coup d’œil vers l’arrière, tout le monde rentré, Artémis attrapa Ryker par le col et le balança en arrière, aidé par l’aramilien, avant de lui-même courir vers l’intérieur de la pièce précédemment ouverte. Il aida aussitôt à contenir la porte fermée malgré la pression des prédateurs, le temps de trouver du mobilier pour permettre à l’ensemble de tenir seul. Mais alors que l’homme aux cheveux d’albâtre voulait prendre le temps de parler au patrouilleur, d’observer ce magnifique spectacle lumineux représentant des planètes, une alerte de Jeremiah l’en empêcha. Des élémentaires de glace. Ils étaient cernés. Derrière l’unique porte se trouvait une horde de Jiangshi, tandis que des êtres givrés les accueillaient dans cette pièce.

« Bonté divine. Après tant d’expéditions, je n’avais encore jamais vu un tel rassemblement de brumeux. Ryker, reprends-toi, bon dieu ! Ne deviens pas un poids pour nous ou notre grand chef t’abandonnera. », fit-il après avoir tranché un élémentaire en deux, pour réveiller son ami et envoyer un léger pique au Grand Mestre.

Attentif à son environnement, il observa Max courir à la recherche de quelque chose. Au bout d’un instant, le clébard s’arrêta et se mit à pisser au pied du mur. Jessamy, elle aussi attentive à leur porte-bonheur, se rapprocha et observa le mur avec attention. Quand elle annonça que le mur sonnait creux, l’espoir revint dans l’esprit de chacun. Pas de temps à perdre. Un coup d’œil dans la pièce l’attira vers des chandeliers et des bougeoirs hauts. Le deuxième élément lui sembla plus robuste pour ce qu’il s’apprêtait à faire. Il courut s’en saisir d’un et fracassa un bonhomme de glace au passage. Sans perdre un seul instant, il fracassa le petit mur de brique. En y mettant naturellement toute son énergie. Au fur et à mesure que les briques tombaient, une porte en bois apparaissait. Si bien lancé, le Portebrume continua ses efforts et y ajouta des coups de pied pour voir la porte céder plus rapidement. Quand il estima l’accès suffisamment ouvert pour permettre à chacun de passer, il alerta la bande. Amir passa à cet instant, sans rien dire.

« Mais je vous en prie, monseigneur. », lança-t-il ironiquement.

Le second à entrer fut donc Artémis, dont les narines furent immédiatement attaquées par cette odeur de corps en décomposition. Des corps inertes sur des tables à roulettes, dans une pièce ressemblant de plus en plus à un bloc opératoire. Selon lui, on n’y sauvait certainement pas des vies.

« Silence ! Traversons cette pièce sans un bruit. », ordonna le chef de file d’un ton qui se voulait à la fois autoritaire et maîtrisé.

Le vagabond suivit donc silencieusement son supérieur. Il fut tenté de toucher ces corps, mais rien d’intéressant n’en sortirait. De toutes évidences, des expériences ont été menées il y a bien longtemps. Cela pourrait peut-être intéresser le docteur, mais Artémis ne prendrait pas le risque de se perdre dans des images temporelles pour un intérêt si infime. Le constat était tel que plus ils avançaient et plus des horreurs se présentaient à eux. Et si la sphère politique n’intéressait nullement cet ermite, ce dernier ne put s’empêcher de penser que le Régent préparait quelque chose de fort peu recommandable. Dans l’éventualité qu’il se trouvait encore dans cette maudite tour, en vie, de nombreuses questions devront être posées. Comment diable un tel pouvait-il survivre dans cet enfer ? Les aventuriers trouvaient des dépouilles de ses hommes à chaque niveau.

Et s’il était celui qui contrôlait tous les éléments rencontrés jusqu’à présent ? Pour l’heure, le vagabond se refusa perdre son énergie dans des digressions inutiles. Parfois, il pensait à la source d’énergie se trouvant au cœur du labyrinthe. Était-elle la source de tous les problèmes rencontrés jusqu’à présent ? Pour obtenir ces réponses, il devait survivre et continuer d’en apprendre le plus possible.





Résumé :