Light
Dark
Bas/Haut

[Requête] Coeur d'Uhr

[Requête] Coeur d'Uhr - Page 3 Brandw10
Mer 24 Juil - 0:34

MJ - Coeur d'Uhr

Au coeur de la forêt sont honorés les anciens



Les scientifiques eurent tôt fait de faire leurs paquetages, la plus grande partie des équipements resterait sur place et ferait office de témoin pour les prochains imprudents qui oseraient s’aventurer dans la forêt. Le Docteur Muridas parut glisser sur les remarques des uns et des autres. Elle ouvrit bien la bouche face aux critiques d’Ellendrine mais chassa cette remarque d’un geste de la main. Elle passa outre l’insulte faite à son propre domaine de prédilection, passa outre la désinvolture de la jeune femme face l’urgence de la situation.

- Vous êtes … bien entreprenants. conclut-elle, à mesure que le fantasque groupe d’aventurier faisait des siennes pour exposer sa vision de la situation.

Elle observa la scientifique pendant de longues secondes, lorsqu’elle photographia les Cénotaphes. Plissa les yeux lorsqu’elle jeta une nouvelle fois un œil par-dessus l’épaule des équipes pour tenter de glaner la moindre parcelle d’information. C’était … très malpoli. La Docteur se concentra sur ses hommes, dont certains paraissaient encore secoués par leur échauffourée. Elle s’approcha de l’un d’eux, qui avait la tête entre les mains, et lui murmura quelques mots de réconforts qui l’aidèrent à se relever et à reprendre le compte de sa mission. La faiblesse n’était pas commune au sein du Magistère. Mieux valait passait le balais, et éviter que cela se reproduise pour leur sécurité à tous. Elyesa observa le camp.

- Quant aux morts, je crains que nous n’ayons pas le temps de les enterrer. Ce qui importe, ce sont les … données. Il y a plus à jouer ici que ne le valent chacune de nos vies. De vos vies. continua le Docteur, à l’attention autant de ses propres hommes que de la troupe d’aventuriers.

Elle fit deux trois signes et les Tartares s’activèrent. Exerus s’approcha d’elle, ils échangèrent quelques paroles à voix basse. Le nouveau coup de semonce adressé par Seraphah la fit soupirer. Elle grinça des dents, leur offrit un sourire de façade.

- Merci pour votre compassion. Nous savons exactement ce que nous faisons ici, mais il est fort aimable de vous en préoccuper.
répliqua-t-elle, son amabilité devenant petit à petit de plus en plus glaciale et cinglante.

Elyesa observa la troupe de scientifiques étrangers, puis les quelques siens.

- Non, nous n’avons pas d’équipe proche de l’Arbre. Mais nous n’avons pas besoin d’y accéder pour comprendre ce qui s’y passe : la faune y est bien plus dangereuse et quelque chose rôde là-bas que même mes agents ne peuvent affronter. Il serait malavisé d’y aller sans y être préparés. De mon côté, je n’ai besoin d’aucun relevé sur place. Mais si votre ami élémentaire peut s’y connecter et … glaner des infos, cela peut vous aider en effet. Cependant, je tiens juste à préciser que ce phénomène qu’il a observé n’en sera que plus fort sur place. Il n’est pas toujours sain de s’enfoncer dans les méandres d’un être-vivant millénaire … avertit-elle, tandis que Duscisio s’avançait vers elle.

Avec stupeur, et un peu de gêne, elle le sentit prendre sa main et ne s’y déroba pas. Mais ce contact la fit frissonner et la décontenança plus que ne sembla la satisfaire. Elle leur souhaita bon courage puis entreprit de mener sa propre équipe auprès du camp principal. Elle échangea de nouveau quelques mots avec l’agent Exerus, qui s’en alla, lui, avec l’équipe en destination de l’arbre.

- Je vous accompagne. Il serait malavisé qu’Opale ne fournisse pas de main à l’effort.
expliqua l’agent de sa voix métallique et monocorde. Ce n’était pas une justification, mais un fait : il ne leur en laissa pas trop le choix.

De l’autre côté, la troupe fut rapidement encadrée par l’agent Ceros qui s’avança avec son armure d’or et de vert pour ouvrir la marche … et pour la fermer ? Deux agents aux parures identiques ? Cela expliquait peut-être quelques étranges tournures de phrase … L’un d’entre eux avait cependant de larges griffures sur son armure. Quoi qu’il en fût, la petite troupe profita d’un chemin au sein de la végétation qui avait été emprunté plusieurs fois mais qui commençait déjà à redevenir sauvage. Ils marchèrent quelques centaines de mètres. Ils se repéraient dans la nuit grâce à des lanternes à capote, tout ce qui y avait de plus classique. Les équipements du camp avaient été rangés dans des dispositifs équipés de nascents de spatiokinésie pour faciliter leur transport. Le reste, trop gros, avait été abandonné là.

Il leur fallut le reste de la nuit et quelques heures du petit matin pour rejoindre le camp principal, avec plusieurs arrêts et détours commandés par les Tartares expérimentés. Chacun des aventuriers y alla de son commentaire, mais les agents Ceros n’étaient pas aussi affables que leur première rencontre et il ne fallut pas longtemps pour comprendre qu’il ne valait mieux pas les contredire. Ils obéissaient à Muridas, mais guère plus. Avant de voir le camp, ce fut la pointe d’un immense Cénotaphe que les explorateurs purent apercevoir, puis vint la rencontre d’un troisième Ceros qui les accueillit et les mena au camp. Ce dernier n’était pas beaucoup plus grand que celui dont ils venaient, mais il y avait plus de monde et davantage d’armes. Quelques équipements bourdonnaient et ronronnaient en livrant des relevés autour desquels s’activaient d’autres scientifiques. Il y avait aussi un groupe qui avait élu domicile au pied du grand cénotaphe et qui héla Muridas dès son retour. L’un d’eux, un grand blond aux yeux d’acier, lui fit un amical signe de la main et leva une liasse de papiers devant elle.

- Ely ! Ely ! On a trouvé ! Les .. les cénotaphes sont la clef !

Il s’approcha et la prix dans ses bras, puis se ravisa et s’excusa tout bas avant de remarquer le reste de l’équipe.

- Heu … Docteur Muridas, je … n’avais pas vu que vous avions des … heu invités. Ahem, excusez-moi : je suis Edward Wayken, et vous êtes ?

Après ces quelques bévues, les présentations furent faites et on les mena à la tente principale. Une odeur assez forte régnait dans le camp mais personne ne semblait s’en préoccuper. Le groupe était exténué de son trajet et le manque de sommeil avait creusé des cernes chez tous. Des lits leur furent proposés, tandis que les scientifiques échangeaient leurs conjectures. Elyesa paraissait exténuée, comme tous, mais elle tenait bon. Au bout d’un certain moment, on lui livra une tablette qui compilait les résultats des différents tests menés auprès des Cénotaphes. Elle les convoqua tous dans la tente principale où elle tint conseil avec Edward et quelques scientifiques émérites. Ainsi que le groupe d’aventuriers.

- Les cénotaphes, sont le dernier rempart contre la Brume. Or, nous avons pu traduire quelques points. Cela parle d’un sacrifice, et d’une solution pour endiguer la Brume. Certains fragments mentionnent Zénobie, et un laboratoire mais ça semble … surréaliste
. reprit Edward.

- Si la traduction des inscriptions ne ment pas, allié à mes relevés … nous sommes faces à un dilemme. Les chiffres sont sans appel : la vitalité de l’Arbre-Dieu n’a jamais été aussi basse. Et il ne cesse de décroître. Tout comme les Cénotaphes mais à un rythme inférieur. La destruction des racines a laissé … des traces irréversibles … conclut-elle, dépitée. L’énergie vitale de l’Arbre-Dieu est en chute libre. Dainsbourg, Opale … tout ça n’est que le début : bientôt tout toute Uhr sera envahie par la Brume.

Mer 24 Juil - 1:13
Un joyeux et foutu bordel. Voilà ce qu’était cette expédition. Ça partait dans tous les sens, ça gueulait à qui la ramènerait le plus fort. Le tout en territoire hostile avec une bande de bleus à protéger. Comprenant qu’il n’avait pas beaucoup voix au chapitre, malgré le poids qui pesait sur ses épaules hérité par Panoptès, Ryker se taisait et observait. Il dégainait son arme, ses cristaux mais guère plus. Bien qu’ayant eu une éducation dans ces sciences, il n’était pas un expert. Il maîtrisait ce qu’il fallait pour survivre dans la Brume et dans les terres les plus hostiles du torus qui leur servait de planète. La débandade des opaliens avait été prévisible, bien qu’il fût très surpris par la réaction de l’Exerus face à Duscisio qui ne valut qu’à l’intelligence de la créature de ne pas être croqué. Ces bestioles évitaient le combat quand elles le pouvaient. En l’état, elle avait détruit ce qui l’agaçait. Elle n’avait pas davantage de raison de leur en vouloir.

Ryker se garda bien de dire quel était son rôle dans cette expédition quand le regard perçant du Docteur Muridas s’attarda sur lui. Il n’aimait pas le Magistère. Elle avait beau être affable, un peu maladroite même, il ne l’appréciait pas. C’était Opale, c’était le Magistère. Ils n’avaient pour honneur que celui de la souillure de l’humanité. Il sentit cette petite aversion envers le Myste gonfler ses veines et animer sa part de Malice. Depuis Yfe, il la sentait plus forte … mais plus docile. Comme s’ils s’étaient accordés sur une direction : Zénobie. Mais pour l’heure, il devait se plier à son but premier : protéger Uhr. Des menaces extérieures et d’elle-même.

- Je viendrai. Pas la peine d’embarquer trop de poids morts, si ce que dit le Docteur Muridas est vrai, alors toute personne peu apte à s’occuper d’elle-même risque d’y passer. Duscisio, j’espère que ça vaut le coup. Artémis, nous te suivons.
conclut-il, un peu soulagé de se soustraire à la présence de l’or et du rouge du Magistère.

Mais c’était sans compter sur le Tartare … et les autres scientifiques de leur groupe. Norman Vendieu et Smith Harrisson. Les deux couteaux les moins affutés du tiroir. Il refusa les autres, ainsi que l’escorte.

- Non. Pas de scientifi… Hmpf. Si les autres ne sont pas opposés … je n’y suis pas favorable mais vous connaissez aussi les lieux et … vous, Exerus, vous saurez nous ramener aux autres, c’est ça ? J’ai davantage confiance en Artémis pour cela … mais soit.

Le Patrouilleur prit les devants comme s’il avait voix au chapitre, du moins il tenta de s’en convaincre. Il pesta contre la moelle pourrie des dirigeants d’Opale et de la pestilence du Magistère juste assez fort pour qu’Exerus puisse l’entendre. Il savait qu’Artemis serait d’accord avec lui. Il connaissait des transfuges et des égarés qui avaient préféré se perdre dans la Brume que de retourner dans les geôles de cette prison damnée qu’était le Magisterium. Fut-elle enrobée de sucre qu’il ne ferait jamais confiance à un de ses sbires. Il commença à dégainer son épée courte et à vouloir se tailler un passage … puis se rappela qu’il avait un meilleur guide pour cela. Ce dernier se révéla crucial rapidement et avant qu’ils ne fussent surpris, le Patrouilleur s’occupa de masquer les yeux d’un scientifique hagard puis lui ordonna de se ressaisir.

- Bordel, Harisson : c’est la deuxième fois ! La troisième, je vous laisse baver devant ces foutus nagoras. pesta-t-il, tout en l’aidant à enfiler sa protection. Vous regarderez la forêt après, concentrez-vous sur l’Arbre-Dieu, sinon nous ne sommes pas sortis de l’auberge … enfin, du bourbier … bon, vous m’avez compris.

Il réhaussa ses propres lunettes roses qu’il n’avait pas quitté depuis qu’il les avait acquises, puis laissa passer les deux créatures convoquées par Artemis devant eux.

- Je prendrai le relais avec mon totem si besoin Artemis, ne va pas t’user trop vite. Duscisio, vous avez moyen de sentir quelque chose là ? Qu’on soit sûr de se diriger vers l’Arbre-Dieu ? La nuit va bientôt arriver à son terme, et la fatigue va commencer à se faire sentir. J’ai l’habitude des marches forcées, mais c’est pas le cas de tout le monde …

Ce faisant, le Patrouilleur alluma sa main à l’aide de son cristal de lumière et indiqua une direction. Le flair du loup et du Yearrk ne seraient pas de trop. Il fallut la percée d’une trouée dans la frondaison des arbres pour révéler, sous la lune, leur destination : un arbre colossal qui se dressait au centre de la forêt. Ryker ravala ses commentaires et entreprit de suivre la piste : il était vrai que leur cible n’était pas trop dure à trouver.

- Bien, je vais réduire la lumière à son maximum. Nous allons procéder avec force et vitesse. Exerus, je peux compter sur vous pour repérer le chemin avec l’aide de notre guide ? Je me charge de protéger la troupe vu que suis celui qui connaît le moins ce terrain. Artemis, on te suit. Duscisio, on se fie à votre pouvoir. Smith, Norman … vous me collez. Et vous m’obéissez sans questionner. Si je dis à terre, vous plongez. Si je dis en l’air, vous grimper. Compris ? Bien. Nous devrions atteindre l’arbre au petit matin si tout va bien.

Ils continuèrent ainsi, à petit pas et en étant les plus discrets possibles. L’aide conjuguée des éclaireurs et des créatures convoquées leur permit de déjouer plusieurs pièges, ainsi que la connaissance accrue de la zone de l’Exerus qui parvint parfois à égaler Artemis dans sa compréhension de la forêt. Chose qui dénotait une présence ici plus longue que celle que pensait le Patrouilleur … Quoi qu’il en fut, ce fut lorsque les premiers rayons du soleil pointèrent leur nez qu’ils percèrent la frontière d’une imposante clairière. La forêt avait des odeurs de millénaire ici, et les arbres étaient si gros qu’il était impossible d’en faire le tour. L’arbre-dieu leur semblait à côté, mais ils durent se rendre compte que ce n’était qu’une illusion due à sa taille immense. Ryker s’arrêta à l’orée de la clairière, observa la lumière se refléter sur la rosée et le Soleil embrasser la cime des plus vénérables arbres d’Uhr. L’astre mordoré chassait le brouillard, et la forêt s’éveillait de nouveau. Ils avaient traversé toute la nuit durant, mais leur destination était encore à plusieurs heures de marche.

- Duscisio, pensez-vous pouvoir le faire d’ici ? Ou … devons-nous encore avancer ?

Il adressa un signe de tête à Artemis. Cette zone était dangereuse, il le sentait. Un instinct sauvage lui dictait de fuir. Et pourtant, il était fasciné. Comme si le poids sur ses épaules s’envolait. Il se sentait insignifiant face à cet être légendaire. Insignifiant et pourtant important. Il y avait là quelque sortilège que sa nebula ne pourrait chasser. Ryker resserra sa tunique, serra sa main autour de son épée.

- Il y a là une magie à l’œuvre. Puissante et antique. Quelque chose qui pèse sur ces mes sens d’une façon que je ne … comprends pas. Ou alors est-ce la majesté de ce spectacle ? murmura-t-il.

Les cris de milliers d’oiseaux résonnaient et emplissaient leurs sens. Les fragrances de fruits inconnus et de senteurs oubliées s’imposèrent à leurs sens. Tant de choses nouvelles et inconnues s’étaient épanouies ici, dans leur gigantisme. Tout y était plus grand, plus anormal. Cet espace féérique laissa les scientifiques ébahis, mais le Patrouilleur revint vite à ses esprits. C’était un endroit de danger, et de mort. La nature dans son état le plus primal.

- L’ombre de l’Arbre-Dieu aura tôt fait de nous engloutir. Nous devons nous dépêcher. Smith, Norman. Dépêchez-vous de collecter ce que vous devez collecter. Ne laissons pas la fatigue nous ralentir. J’ai un mauvais pressentiment …
Mer 24 Juil - 17:57



Proche du Châtaigner / Forêt de l'Arbre-dieu

Demephor 1901


Le temps est venu de se séparer en deux groupes. Duscisio sera accompagné d’Artémis, Ryker, Exerus et de deux scientifiques. Le botaniste et l’écologue avec qui ils sont depuis le début. L’élémentaire ne s’y est pas opposé. À vrai dire, il n’y accorde pas beaucoup d’importance. Ryker ne s’est pas gêné pour exprimer son manque d’intérêt pour les poids morts qu’ils représentent et que cette séparation vaille le coup. 

— Je l’espère aussi.

Il ne sait pas lui-même si cela est intéressant. Néanmoins, le fait de s’y connecter lui donnera les informations dont il a besoin pour la suite des événements. Le fait de pouvoir s’approcher de l’arbre-monde est une occasion en or d’en connaître toutes ses facettes. L’idée de s’y connecter le fait encore plus frémir. Il a hâte, mais ne le montre pas.
Quelle réaction va avoir l’arbre-monde ? Quelles informations va-t-il acquérir ? Quelle quantité d’énergie va-t-il utiliser ?
Tout se déroule bien. Si on oublie l’inconscience de Smith à retirer ses lunettes à tout-va et aussitôt remonter les bretelles par le patrouilleur. À la prochaine occasion, il le laissera faire ce qu’il veut, que la nature soit maitresse de son destin.
Notons que ce sont ses accompagnateurs qui se dépensent le plus. Duscisio se limite à la marche vers l’arbre-monde. Aucune action superflue, si ce n’est sentir un potentiel danger environnant qu’Artémis et Ryker font très bien seuls. L’un est prêt à prendre le relai pour qu’aucun ne s’épuise à la tâche. Il y a tout de même une certaine impatience vis-à-vis de l’un d’eux. Ryker lui demanda une première fois s’il pouvait sentir quelque chose d’ici.

— Il y a beaucoup de végétations dans une forêt. Faire une connexion indirecte comporte beaucoup trop d’inconvénients. J’ai même du mal à garder le contact avec les roses données aux autres.

Il y a une magie ici qui fait interférence, due à la présence de l’arbre millénaire. Cela ne fait aucun doute. Il y a comme un secret qui doit rester ici et ne jamais être communiqué à n’importe qui. S’il y va avec un contact direct, il réduit les parasites au maximum. Si c’est le cas avec les roses, ce sera le cas avec l’arbre dieu.


Ils continuent donc d’avancer jusqu’au petit matin sous la vigilance accrue des deux autres membres du groupe – il ne compte pas les scientifiques vu leurs performances physiques.
Encore une fois, l’élémentaire est questionné. Avant de répondre, il estime la situation. La connexion avec les roses de l’autre groupe paraît si faible.

— Je peux. Dit-il. On est proche, la connexion avec l’arbre sera rapide.

Rapide. Les membres de ce groupe ne sont pas au courant de la perte de notion du temps que l’élémentaire possède. Par rapide, il peut s’agir de minutes, comme des jours. Le temps est pour lui une donnée incertaine. Il ne leur dira rien sur la précision du temps nécessaire à la collecte d’information. Cela varie d’un végétal à un autre. Au vu qu’il s’agit de l’arbre-dieu, ce temps peut très bien s’étaler sur plusieurs jours et l’élémentaire compte bien prendre son temps et toute l’énergie nécessaire pour accomplir cette tâche.

— La végétation est très bavarde ici. Leur liaison entre le châtaigner et les arbres est sujette à beaucoup d’informations qu’il me faut trier…

Il regarde les scientifiques qui ne sont pas habitués à marcher aussi longtemps…

— Je vais tenter de rejoindre le réseau sylvestre d’ici. Continue l’élémentaire. Je vous demanderai juste de ne pas m’interrompre, ni de me toucher, ni même de vous approcher, quoi qu’il arrive.

Suivant ce qui arrivera, les informations et leur précision déterminerons de ce qui va être exploitable.
Duscisio retire sa sacoche de son épaule et la pose devant. Il s’assit contre un arbre, en tailleur. Relève son pantalon, retire ses chaussures et laisse ses pieds et ses jambes redevenir ce qu’ils ont toujours été. Un enchevêtrement complexe et dense de ronces qu’il laissa se défaire par endroit avant que ce qui ressemble à des racines ne s’enfonce dans le sol. Toutes ses fleurs s’ouvrent. Son nombre impressionnant présent sur sa chevelure témoigne d’une grande réserve accumulée depuis des mois dans le but de ce périple. Il était question de rencontrer l’arbre-dieu. L’élémentaire s’était donc préparé depuis qu’il s’était proposé auprès d’Ellendrine et a commencé dès le retour des hausses de températures. Il s’agit d’une routine pour augmenter son potentiel de stockage, pratiquée depuis des dizaines d’années avec un objectif bien à lui. L’élémentaire n’épuise guère ses réserves le temps de trouver une connexion sur ce réseau naturel insoupçonné.
S’il parait serein pendant plusieurs minutes, tout change d’un seul coup. Il n’y a aucune expression sur son visage, pourtant, tout se passe à l’intérieur…
Dès qu’il se retrouve en contact avec l’arbre-monde, il se sent soudainement happé par quelque chose. C’est puissant, bien plus complexe qu’il ne se l’imaginait. Si de l’extérieur rien n’y paraît, les premiers à s’en rendre compte se trouvent dans l’autre groupe, quand leurs roses fanent d’un seul coup. Leur connexion avec leur propriétaire coupée, leurs pétales tombent un à un avant de s’éteindre en quelques secondes. Ce fut au tour des roses présentes dans ses cheveux après quelques secondes. Cela est si rapide que cela en est inquiétant. Chacune des roses tombent une à une toutes les secondes, un tapis blanc de pétales au sol. Toujours sans montrer d’autre signe physique inquiétant.
L’impression d’entrée dans un nouveau monde fait réagir l’élémentaire qui a complètement sous-estimé ses idées de rester connecté suffisamment longtemps. Il y a un flot d’informations colossales qui défile dans son esprit, dans sa sève et dans ses racines. Dans son esprit, dans cet abysse, il y trouve de nombreuses informations, de nombreuses visions. L’état de l’arbre-dieu et la présence d’un protecteur.
Il ne se passe pas plus de trente secondes avant que Duscisio ne se réveille et ne se lève brutalement, arrachant par la même occasion les racines qui le connectaient indirectement à l’arbre-monde. Pour lui, le temps s’était ralenti. Le fait qu’il ne se soit passé qu’un bref instant à l’extérieur le déboussole. Il s’attendait à y rester plusieurs minutes ou plusieurs heures, mais la vitesse à laquelle il s’est fait happer donne de nombreuses séquelles. Les plus visibles restent le tapis de pétales blancs là où il était assis et le nombre réduit de presque la moitié de ses roses. Il semble fatigué et tombe à peine remis sur ses jambes qui n’ont plus rien d’humain. Ses bras comme le reste de son corps n’avaient plus rien d’humain. Il a préféré se contenter de l’extraction plutôt que de son apparence par instinct de survie.

— Qu’est-ce que c’était que ça !? Hurle-t-il soudainement.

Personne ne pouvait lui répondre. Il regarde tout autour de lui. Artémis, Ryker et Exerus qui avaient à peine bouger.
L’élémentaire reprend ses esprits, puis se cache pour reprendre son apparence humaine tout doucement. Il lui faudra plusieurs minutes avant de reprendre la parole et d’analyser ce qu’il a vu. On ne voit plus son visage sous la capuche et couvre l’intégralité de son corps à l’aide de sa cape. Le voilà qu'il se met à rire.
Il est content de ce qu’il a pu voir, des informations qui lui ont été offertes, mais une question demeure alors qu’il se redresse. Les taches sur sa peau s’effacent tandis qu'il retrouve ses traits humains et il tire une seule conclusion :

— Il faut que l’on s’approche… Je veux parler au Gardien.

Il veut recommencer malgré les risques qui se sont offerts à la vue de tous. Il s’est fait happer une grande partie de son énergie, mais il tient absolument à parler à un gardien. De qui parle-t-il ? Un gardien ? Cela n’est à rien y comprendre pour les autres membres de son groupe. Peut-être qu’après l’avoir rencontrée pendant quelques secondes, il lui parlera. Rien n’est sûr, pourtant il veut recommencer.

Résumé:

Mar 30 Juil - 22:34


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker, Duscisio






Entreprenant. Ne fallait-il pas l'être au vue des circonstances? Seraphah observait le changement de ton et d'expression du docteur Muridas. Est-ce qu'ils y avaient été un peu trop fort? Il ne le croyait pas. Il allait de la protection de toutes les personnes lui ayant fait confiance en embarquant dans une telle aventure. Alors oui, il n'avait pas trouvé fameux de découvrir leur camps et toute cette technologie. Devaient-ils palier à tout? En tant que Magistère certainement, même s'il pouvait imaginer la panique qui avait du être présente en observant la Brume manger peu à peu Opale. Le temps n'était toutefois pas aux lamentations ou aux explications émotionnelles. Les hommes ne voulaient pas s'alourdir de cela, et préféraient amplement que leurs actions le soient à la place de leurs paroles.

C'est ainsi qu'un groupe se forma rapidement en la personne d'Artémis, de Ryker et de Duscisio. Les talents de ce dernier étant plus que précieux, même si à priori la chercheuse en chef ne comprenait pas pourquoi vouloir ainsi se séparer. Peut-être car le temps pressait? Qu'il ne servait donc plus à rien de faire des cachoteries aux uns puis aux autres?

Il découvrira bien vite que l'esprit communautaire n'apparaissait pas naturellement, malgré le fait qu'ils avaient fait en sorte de protéger tout le monde du danger de la nuit dernière. Le trajets était éreintant pour la majorité des scientifiques présents, mais en tant qu'élémentaire, il avait l'habitude de ne pas dormir, cela n'étant pas une de ses nécessités. Son esprit restait alors bien alerte, au même titre que celui du petit trent qui siégeait sur son épaule droite. De son côté Maelström gardait le cap, Valerio, son felistaak, toujours à quelques pas de lui, prêtant attention à ce qui pouvait se cacher dans la végétation environnante.

Une première information fusa, même si par après elle se transforma en murmure. Il était bon de savoir qu'ici les machines avaient permis d'avoir un début de solution en les cénotaphes. Il se présenta auprès d'Edward qui semblait autant épris de ses recherches que de la docteur. Celle-ci ayant un air toujours plus rembruni.

Certains allèrent ensuite directement dormir. Seraphah s'entretint alors avec Ellendrine en ces termes: «Il est évident qu'avec la fatigue et les morts, la docteur ne soit plus aussi ouverte à notre encontre. N'oubliant pas que nous avons à faire au Magistère et que le secret reste leur langage favori.» Il avait l'esprit toujours très clair et il espérait qu'il en irait ainsi de l'Aramilane d'adoption. À peine ces quelques mots échangés, qu'il vit d'abord sur Ellendrine, la rose se flétrir. Immédiatement, il porta la sienne à ses yeux pour constater la même chose. «Tout ce que cela nous dit, c'est que Duscisio a perdu de l'énergie...» Il ne cederait à aucune panique. Cela n'était pas son genre. Pragmatique avant tout sur le terrain...Même s'il aurait aimé à cet instant savoir exactement ce que le reste du groupe traversait. En tant qu'élémentaire lui-même, il savait que la mort était beaucoup plus brutale, que les roses auraient pu se transformer en cendre, chose qu'elles n'avaient pas faite...

Quand ils furent tous réunis, il écouta avec attention ce qui leur était présenté. Plusieurs choses le firent tilter, et c'est ainsi qu'il prit la parole: «Docteur...Je n'entends que fatalité dans vos mots, et aucun dilemme. Pouvez-vous nous clarifier ce point? Quel choix avons-nous?»

En se tournant vers Edward: «Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sacrifice et cette solution? Nous sommes tous présents ici pour trouver une solution...vous avez, et nous vous en remercions, fort avancé sur la transcription de ces cénotaphes...J'entends, mais peut-être à défaut, qu'une solution s'y trouve alors...Pourquoi ne pas nous la partager?»

Il fit une pause. Il voyait sur tous les visages l'exténuation...et parfois pire, la soumission à un destin qui n'existait pourtant pas. Pas comme beaucoup l'ont imaginé. Il se souvenait du partage de Kesha. De la Brume qui ne serait qu'invention d'homme qui se sont pris pour dieu...Alors de son côté, entendre parler de Zénobie ne le perturbait d'aucune mesure.

«Pourrions-nous avoir connaissance de vos rapports? Des yeux neufs permettent parfois de comprendre les choses sous un autre jour. Nous nous devons de nous aider. Sinon pourquoi nous avoir rameuter jusqu'à vous?» Sa voix était posée et non directive. Il était réellement soucieux du sort de chacun ici...en tant qu'Urhois avant tout le reste.


Spoiler:


Ven 2 Aoû - 6:41


Coeur d'Uhr


Le secret de cénotaphes

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker, Duscisio




Portrait de famille:

En ce moment, Ellendrine se rappelait pourquoi elle était archéologue. Faire des compromis et composer avec les états mentaux de ses semblables n’était pas un art hors de sa portée. Il lui en coûtait néanmoins en patience et en concentration ; des énergies qu’elle préférait employer au service de sa passion dévorante pour l’archéologie interdite.

Ces derniers temps, la tempérance qui la caractérisait était rognée par l’impatience, ce qui pourrait tôt ou tard la conduire à l’erreur. Le manque de sommeil n’aidait pas à la diplomatie.

Les murmures cajoleurs de l’ambassadeur lui plurent beaucoup. Il savait parler à la femme qu’elle était. Nul doute que leurs deux esprits débonnaires sauraient venir à bout de ce rébus et trouver une solution. Cela paraissait impossible. L’important était que ce ne le soit pas. Si elle ne savait pas encore comment, elle se cramponnait à l’idée qu’un passage fin comme le chas d’une aiguille existait entre les frontières de leur ignorance. Peut-être que le docteur Muridas viendrait compléter le triumvirat, dès qu’elle aurait fini de conter fleurette à Duscisio.

Seraphah proposa de scinder leur groupe en deux équipes pour plus d’efficacité. Il en fut fait selon son plan, laissant le soin à Artémis, Ryker, Duscisio, Harisson Smith et Edmond Bartès la mission essentielle de partir en éclaireur auprès de l’arbre-dieu. Sans oublier leur escort : l'agent Exérus. La bravoure qu’ils manifestaient était louable. Demeurait malgré tout un arrière-goût de regret à la pensée qu’elle ne verrait pas l’ancêtre de la forêt.

Voyant la résolution de Nostell, elle puisa de la force dans son attitude inspirante. Leurs vies importaient moins que le succès de leur mission. Le docteur Muridas le leur rappela d’ailleurs. Il fallait jouer selon les règles du Mandrebrume et se montrer impitoyable, au risque de périr par elles. Ils s’en furent donc avec le docteur Muridas, les agents Céros, la foule de scientifiques restants, incluant Norman Ventdieu et Xi Jing Lua, aux côtés d’Ellendrine, Farouk, Seraphah, Maëlstrom et Nostell. Cette multitude pressait le pas dans les ténèbres en s’efforçant de produire le moins de bruit possible. Les feuillages caressaient leurs épaules et leurs mollets dans la fraîcheur de la nuit.

Les jambes déjà contractées de ses efforts précédents, Ellendrine supportait mal l’allure de cette marche forcée. Aussi discrètement qu’elle le pouvait, elle tira un pendentif cruciforme de sa chemise et en extrait une minuscule cuillère, qu’elle porta à son nez. Celle-ci contenait une dose de poudre de colafée. Peu glorieuse, l’utilisation de la drogue lui permettrait de tirer sur la corde sans avoir à en subir les conséquences avant de nombreuses heures.

En un clin d’œil, ses yeux rougis et l’acide lactique dans ses muscles ne la dérangèrent plus. Son esprit restait embrouillé mais beaucoup plus focalisé sur le défilé des roches sous ses pieds. Elle emboîtait le pas de Maëlstrom sans difficulté et pensa à peine à s’hydrater lorsque Farouk lui tapa sur l’épaule aux pointes de l’aurore, pour lui tendre sa gourde avec insistance. Sa gorge déglutit, sans même ralentir dans la démarche effrénée derrière le docteur Muridas. Des mèches rousses collées de sueur sur son front, elle remontait régulièrement les lunettes roses qui glissaient sur son nez. Quand elle fut à peu prêt sûre que le terrain resterait égal et qu’on avait peu de chance de la surprendre, elle reprit une dose de colafée. Farouk la jugea. Mais l’Aramilan eut la bonne idée de garder le silence. A aucun moment l’archéologue n’émit de commentaire sur l’itinéraire choisi par leurs guides forestiers. Le chemin le plus court entre deux points n'est pas toujours une ligne droite... Quand ils demandaient de se baisser, elle se baissait. Quand ils demander d’arrêter de respirer, elle cessait de le faire.

A l’arrivée au camp, un peu éberluée par l’entrée soudaine d’Edward Wayken dans leur champ, elle insista pour que Norman Vendieu et Xi Jing Lua prennent les lits offerts.
-« Vous l’avez mérité plus que tout autre ma chère. » appuya-t-elle auprès de la géologue.
-« Toi aussi, Farouk. J’ai besoin que tu assures mes arrières. Je finirai bien par tomber à un moment. Je ne pourrai pas dormir ici si je ne te sais pas en mesure de veiller sur moi. » objecta-t-elle pour couper court à ses protestations.

Ils ne se débattirent pas plus longtemps contre l’appel du sommeil.

Les explications de Wayken tenaient les autres en éveil. Avec un brin de frustration, Ellendrine trouvait que l’on ne leur exposait pas tout. Malgré l’excitation du scientifique, il manquait la moelle de cet os qu’on leur tendait à ronger. Cela n’avait pas de sens, de requérir leur aide pour ensuite retirer la carotte sous leur nez. Si Muridas allait en devenant glaciale, Ellendrine sentait son aménité s’amenuiser avec la fatigue.

Elle commençait déjà à échafauder un plan fantasque pour dérober ce que l’on ne voulait leur concéder par cognition. Il suffirait de tomber dans les bras de Wayken, prétextant un vertige de fatigue. Elle exigerait qu’il la raccompagne à son lit, trop épuisée pour marcher en l’absence de Farouk… Heureusement, Seraphah avait l’esprit clair pour deux et parvint à canalyser sa fièvre…

A ce moment elle vit des pétales tomber de ses cheveux. Un pli soucieux se forma entre ses sourcils. Ellendrine imaginait que le pire soit advenu à l’équipe envoyée à l’arbre-dieu. Si même Duscisio qui n’était pas vraiment mortel était vaincu…
-« Vous avez raison, Seraphah. » accepta-t-elle. Mieux valait se dire cela pour l’instant. Personne ne pourrait leur porter secours avant de longues heures.

Les gens du Magistère avaient du mal à cracher le morceau. Mais le doigté de Seraphah dénouait les tensions. Pour ne pas être encore plus prise en grippe, l’aristocrate tenta d’y aller avec le dos de la cuillère.
-« Je pense que ce que vous dites peut faire sens, monsieur Wayken, aussi surprenant que cela puisse paraître pour le moment. Je compte sur Duscisio pour établir la possibilité de régénérer l’arbre. Ou de nous aider à comprendre de quel type d’énergie auraient besoin les cénotaphes. »

A son grand regret, elle n’était pas parvenue à dénicher d’héspéride. Il s’agissait là d’une perle rare. Cependant, Lady Brigthwidge lorgnait de temps à autre sur le jeune trent qui dépassait parfois avec curiosité de la poche du sapiarque.
Les Opalins consentirent enfin à leur permettre d’examiner les traductions littérales des inscritpions sur les cénotaphes. Ellendrine se pencha et se permit d’en faire la lecture pour impliquer tout le monde dans cette réflexion :

« 1: Brume malveillante, Un cœur brave se sacrifie, L'aube renaît pure.
2 : Sous ciel en ruines, Des héros défient la nuit, L'espoir ressuscite.
3 : L'arbre-dieu veille, Protecteur en l'honneur, Nature éternelle.
4 : Âmes sacrifiées, Le monde garde sa lumière, Héros invisibles.
5 : Un dieu émergeant, Espoir dans la nuit profonde, Sauveur resplendit.
6 : Folie d'un seul homme, Le monde en Brume s'effondre, Apocalypse.
7 : Âmes offertes, L'arbre-dieu se fortifie, Vie se renouvelle.
8 : : Sous son ombre sainte, Nous veillons, le nourrissant, Le monde sauvé.
9 : Sous ses branches larges, L'arbre-dieu veille sur nous, Éternel gardien.
10: Racines sacrées, L'arbre-dieu puise en nos cœurs, Terre sanctifiée."


Le temps passa. Elle réfléchit à voit haute. Ses yeux s'élevaient parfois sur Nostell ou Muridas, quand elle ne laissait pas tout simplement voguer son regard dans le vague.
-« Hmmm… je me demande si les haïkus de ces cénotaphes ont un ordre spécifique, ou si les dizaines d’autres dans la forêt complèteraient leurs informations… folie d’un seul homme… nous savons maintenant que le Mandebrume a en effet déclenché une apocalypse…  Terre sanctifiée… on peut dire qu’en effet pour le panthéïsme, Uhr est une terre sacrée au sein de laquelle la Malice ne pouvait pénétrer… beaucoup de choses restent à déterminer… qui serait selon vous ce sauveur resplendissant que l’on compare à un dieu ?... qui veille sous son ombre sainte en nourrissant l’arbre ?... qui serait le gardien ? Une allégorie ou une entité réelle ? »

A ces mots, un pincement aigu au cœur. Ellendrine ne savait pas si les autres avaient remarqué que leur rose s’était fanée. Et si Duscisio avait été anéanti par le gardien de l’arbre-dieu ?! Rapidement, elle se recomposa un visage neutre, celui d’une archéologue.

-« Dans tous les cas, beau travail à vous et à votre équipe, monsieur Wayker… je refuse de nous avouer vaincue. Si « l’espoir a ressuscité » pour les anciens partis de rien, nous pouvons nous aussi combattre et revitaliser les cénotaphes… le point névralgique semble de comprendre comment la vie se renouvelle… quelles âmes doivent être offertes ? De quelle manière ? »

En l’énonçant, son esprit réalisait l’aspect lugubre des sacrifices. Était-ce à prendre au sens littéral ? Elle s’y était préparée. L’Ahad disait explicitement que les racines baignaient dans le sang. Encore fallait-il savoir, avant de commettre l’irréparable, quelle vertu, race ou énergie réclamait l’entité pour guérir.
Tous les esprits seraient requis pour enquêter et agir dans le maigre temps imparti.

-"Je sais que nous sommes tous perplexes. Mais plutôt que de penser au problème, réjouissons-nous qu'une solution puisse exister. Même si nous ne savons pas encore où la chercher."


Spoiler:



Dernière édition par Ellendrine Brightwidge le Ven 11 Oct - 23:27, édité 2 fois
Ven 2 Aoû - 15:11


Duscisio, l’élémentaires de plantes, qui entrait en communication avec la végétation environnante, dont l’Arbre-Dieu lui-même. Les roses fournies aux alliés se fanèrent. Artémis jeta un coup chez le mystérieux compagnon, qui semblait toujours en contact avec la flore. Cela signifiait qu’il perdait drastiquement son énergie, mais pas nécessairement qu’il se mourait. Ce ne fut qu’après un temps court, qui parut durer une éternité, que le voyageur retrouva ses esprits en hurlant soudainement. Ryker, Exerus et Artémis se retournèrent sans comprendre ce que voulait dire l’élémentaire. Ce dernier s’isola pour retrouver un peu de contenance, puis certainement une apparence un peu plus humaine, songea alors le vagabond.

Lorsqu’il revint avec une meilleure mine, Duscisio évoqua sa volonté de poursuivre, de recommencer cette prise de contact et de rencontrer un « gardien ». De qui parlait-il ? Ayant parcouru ces contrées depuis de nombreuses années, jamais l’ermite n’avait entendu ou vu un quelconque gardien. La tension était palpable. Tous souhaitaient probablement retourner au campement, se reposer avant de poursuivre dans cette zone cauchemardesque. Il faisait sombre, humide et le danger semblait guettait le groupe de curieux. Le Portebrume luttait contre cette envie de fuir. Ses sens lui crièrent de se retirer. Il força un admirable contrôle de ses émotions pour se contenir et observer la situation d’un œil objectif.

« Je ne sais pas qui est ce gardien que tu mentionnes. Néanmoins, nul besoin d’être lié à notre environnement pour comprendre que la suite s’annonce périlleuse. Ceux qui hésitaient à poursuivre, c’est le moment de faire demi-tour. », dit-il en laissant volontairement un certain temps avant de reprendre. « De mon côté, je me suis engagé à offrir ma vie pour le salut de l’humanité. », conclut-il avant de faire signe à l’élémentaires de le suivre. S’il devait parier, Ryker ne reculerait pas devant le danger. Un homme de valeur qui ne fuyait pas devant le danger. Quant à Exerus, le vagabond fut surpris de le voir apprivoiser cet environnement aussi bien que lui. Et les scientifiques, alors qu’ils étaient transits de peur, faisaient confiance au membre du Tartare pour les défendre. Pari tenu. Tous continuèrent.

Ils poursuivirent cette marche laborieuse au cœur de cette forêt qui ne les désirait pas. Rapidement, les sens du vagabond l’alertèrent d’un danger imminent. Il matérialisa son loup pour inspecter les lieux. Le Change-Peau ressentait à travers sa bête, voyait à travers ses yeux, sentait à travers son nez, ressentait à travers elle la crainte qui les poursuivait. Des bêtes. Nombreuses. Agressives et d’une extrême violence. Œil-De-Nuit revint et retourna chez lui, dans le corps d’Artémis. Elles nous chassent, pensa-t-il. Repassant dans sa tête ce qu’il avait entrevu, on pourrait aisément croire qu’il s’agissait d’un groupe de canidés. Or, les bêtes difficilement cernables semblaient bien trop imposantes pour être des loups. L’agressivité et la dangerosité qui émanaient d’elles les différenciaient des canidés. Quoi que ce pouvait être, il fallait les fuir. Un échange de regards inquiets avec Ryker décida Artémis d’informer ses alliés.

« Nous sommes en danger. Une meute mortelle nous pourchasse. »

Puis, les yeux rivés vers le sol, il remarque des marques étranges. Des traces sinusoïdales, en zigzags, se faisaient remarquer dans la zone où ils se trouvaient. Les traces venaient de trous provoqués par des appendices griffus. Il n’y en avait pas partout. Seulement à quelques endroits et il semblerait que cette chose, ou ces choses, se déplaçaient également dans les arbres. Beaucoup d’informations à prendre en compte.  S’il devait mourir aujourd’hui, il espérait que ce ne fût pour permettre aux autres de ramener des informations capitales. De sauver l’Arbre-Dieu. Il n’y aurait pas meilleure façon de mourir que de sauver cet arbre qu’il avait passé tant de temps à protéger. En vain.

« Qu’est-ce que cela signifie… », marmonna-t-il dans sa barbe en essayant de comprendre un message de la nature.

Résumé:
Ven 2 Aoû - 20:13

Cœur d'Urh

Groupe d'analyse en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

Deux destinations différentes. Deux équipes hétéroclites. Deux opérations liées. Nostell avait choisi de suivre son employeuse, l'autre groupe comprenant bien assez d'aventuriers dans ses rangs. Et comme d'habitude, elle évoluait en queue de file afin de veiller sur leurs arrières. Devant, Seraphah et Maelström se chargeaient de la tête de groupe. Farouk jouxtait l'archéologue qui l'appointait. Une défense tout à fait viable, avec les Tartares en prime, malgré l'état de fatigue de certains scientifiques. Nostell restait alerte. Suffisamment pour surprendre la Lady se poudrer le nez avec un composant chimique...
Tiens donc ? Je vous aurais cru plus sage, Lady Brightwidge.
La mercenaire n'allait pas le lui reprocher. Elle aussi avait sa faiblesse. Sa soif, en l'occurrence. Par bonheur, elle ne s'était point réveillée tout à l'heure, avec le sang versé par l'assaut de l'Exerus. La strigoi n'avait pas eu à s'occuper des cadavres, d'ailleurs. La Docteur s'était montrée fort pragmatique.
Pas de temps à perdre avec la viande morte. Pas de mémoire à honorée. Moins d'efforts à produire. Je mentirais en disant qu'une telle décision ne fait pas mes affaires.
La marche se poursuivit à travers l'épaisse végétation. Nostell ne disait rien. Elle préférait se taire pour des raisons pratiques, évidentes même. Son silence et sa vigilance lui permirent une nouvelle fois d'entrapercevoir Ellendrine renifler une autre dose avant que Farouk n'y mette son grain de sel.
Adorables.
Elle dissimulait adroitement son sourire.

Au final, ils ne rencontrèrent point d'écueil. Le camp leur fut tout ouvert. Les cénotaphes s'étiraient vers les hauteurs. Des gens s'activaient un peu partout. Une douce agitation en comparaison de ce que le corps expéditionnaire avait vécu tout à l'heure...
On s'y sentirait presque comme chez soi.
La mercenaire ne se faisait pas de fausses idées au sujet des Opaliens. Elle ne se faisait de fausses idées auprès de personne, à vrai dire. Ici, son silence traduisait sa méfiance vis-à-vis de toutes les têtes qui ne lui disaient rien.
Son regard de faucon trouva un grand blond tout excité par leur arrivée.
Nostell ne tira pas l'une de ses dagues, bien qu'elle eut la main dessus.
Le dénommé Edward Wayken coupa court aux retrouvailles pour mieux se présenter. La strigoi l'imita de façon plus concise et professionnelle. Ce n'est qu'après cela qu'elle sentit se flétrir la rose blanche qu'elle portait.

- ...

Elle regarda les autres. Notamment Seraphah et Ellendrine, qui se rassuraient comme ils le pouvaient. Nostell, qui se trouvait non loin, les entendait très distinctement.
Dans tous les cas, nous ne pouvons rien y faire.
Haussant les épaules, elle se débarrassa du végétal.
Puis on les guida gentiment jusqu'à la tente principale. Ce qui ne dérangeait pas la mercenaire qui n'avait, de toute façon, pas sommeil. Elle avait plutôt bien dormi, la nuit dernière, à la différence de certains que les moustiques avaient embêté...
Que vos rêves ne soient pas peuplés d'exerus.
Réunion en comité réduit, donc ! La mercenaire appréciait cette ambiance plus que l'odeur de renfermé qui régnait céans. Edward leur délivra ses récentes découvertes. Son "dilemme" vis-à-vis du déclin de l'Arbre-Dieu n'avait pas l'air très bien engagé.
Merveilleux ! Nous sommes dans la mouise. Nous nous rongeons les sangs. La Brume va continuer de dévorer quelques territoires. Et on ne sait toujours pas ce que l'on doit faire pour y remédier.
Seraphah pointait d'un doigt sage l'élément intéressant qui manquait à ce désespérant argumentaire. Lady Brightwidge, avec le consentement des opaliens, leur fit la lecture des inscriptions traduites sur les cénotaphes. Nostell, qui écoutait très attentivement ce qui ressemblait fort à des proses, tiqua à plusieurs occasions.
Va pour les héros qui défient la nuit : on peut difficilement produire poésie plus épique. Mais en ce qui concerne les âmes offertes, je n'en suis pas vraiment fan.
Bras croisés sur sa poitrine, la strigoi capta le regard de son employeuse. Celle-ci y lut probablement quelque chose de pas très... agréable. L'archéologue conserva son sang-froid et, après avoir félicité l'équipe de Wayker, leur proposa déjà de se réjouir de l'existence d'une solution.
Un peu d'optimiste ne peut pas faire de mal, n'est-ce pas ?
Nostell évacua un soupir. Elle avait un avis très partagé sur la question.

- Quoiqu'il en soit, il semblerait que nous ayons un dieu à réanimer et une grande machine de sève et de bois à rafistoler. Reste à définir le mode de fonctionnement de cet arbre gigantesque...

L'expression songeuse, elle se massa la pointe du menton du bout des doigts.

- De quoi a besoin un arbre lambda ? De nutriments, d'eau, de lumière et d'un support de qualité. A vue de nez, il n'y a rien qui fait de l'ombre à l'arbre-dieu - c'est plutôt lui qui recouvre le monde avec ses branches larges. La pluie assure sa bonne hydratation. Rien à signaler de ce côté-là. La terre sur laquelle nous marchons n'est pas mauvaise non plus, vu tout ce qui y pousse. Pourtant, notre grand ami est malade...

Elle ferma les yeux.

- Quid de ce qui se passe sous le tronc, entre ses racines noueuses ? On ne le voit pas. On ne peut donc pas distinguer le problème. Peut-être qu'un parasite est à l'œuvre, là-dessous ? Ce n'est là que pure spéculation, oui.

Elle rouvrit les yeux sur la Lady.

- "Racines sacrées, L'arbre-dieu puise en nos cœurs, Terre sanctifiée", répéta-t-elle. S'il s'avère que nos "cœurs" ont un potentiellement régénérateur, comment faire pour en exploiter le pouvoir ?

Elle avait cette drôle d'impression d'en avoir à la fois trop dit et, en même temps, pas assez. Ce qui laissa place à un silence légèrement inconfortable.


Résumé:
Dim 4 Aoû - 18:05

MJ - Coeur d'Uhr

Le sacrifice



Le campement se remettait de l’ébullition qu’avait causé votre arrivée. Le nom des morts, l’attaque de l’Exerus. Il n’y avait pas eu que l’Exerus : d’autres petits camps avaient déjà fait les affres de la faune de la forêt de l’Arbre-Dieu. Leurs explorations ici dataient d’avant votre arrivée, et nombreuses avaient été celles qui avaient échoué. C’était ce que vos oreilles avaient pu glaner mais à en voir ce qui avait été déployé, c’était une évidence. A l’instar d’Ellendrine, le Docteur Muridas ne prit pas de temps de repos. Sa vigueur semblait tout autant … inhabituelle, mais elle ne pouvait se permettre de se reposer. Le petit conseil qui se tint devant vous était déjà un gage d’ouverture mais les remarques perçues çà et là eurent tôt fait de tendre Edward lui aussi, qui adressa de nombreux regards inquiets à Elyesa. Cette dernière l’apaisa plusieurs fois d’un geste. Fort heureusement, l’intervention de Seraphah aida à apaiser les quelques tensions, notamment dues à la fatigue.

- Nous n’avons que des conjectures, tirées de ce que nous avons pu déchiffrer … et observer. Vous trouverez ici nos transcriptions originales, remaniées plusieurs fois selon les différentes expéditions et les différents relevés. D’autres cénotaphes sont trop abîmés pour en extraire quelque chose, d’autres se répètent … et d’autres, évidemment, n’ont pas été traduits. avança Edward après un hochement de la tête d’Elyesa.


Il fit passer une liasse de documents tous plus raturés les uns que les autres. Il tournait autour du pot de la solution. Ce fut le Docteur Muridas qui prit la parole sur ce point.

- En effet, vous pouvez nous aider. soupira-t-elle après qu’Ellendrine ait commencé à réfléchir sur les différents cénotaphes. Vous avez vu juste, Madame Brightwidge. Mais je crois que vous vous fourvoyez un peu : l’être dont ces écrits parlent semble être l’Arbre-Dieu lui-même. A moins que cela ne parle d’Uhr tout simplement ? Vous n’êtes pas sans savoir que les dieux sont moins … intangibles … depuis quelques mois, suite à ce qui s’est passé à la Tour d’Yfe … où vos camarades Artémis et Ryker ont tué Déméphor. L’ère des dieux est sur nous. Le Mandrebrume a de grands plans, je suppose que vous le savez.

Elle laissa le silence s’étendre. A en voir la mine grave d’Edward, il était au courant mais les quelques scientifiques de votre groupe se regardèrent entre eux. Sa tournure de phrase laissait bien entendre ce qu’elle entendait. C’était un acte qu’elle réprouvait, et il était plus facile de lancer cela sans les deux concernés.

- Concernant les besoins d’un arbre lambda, Madame … Nostell ? Et bien, je crois que ce soit un peu difficile de considérer l’Arbre-Dieu comme un arbre lambda. Ses racines s’étendent dans Uhr entier et chaque destruction de ces points de convergence induit un épanchement de la Brume. En effet, les nutriments ne sont pas un soucis : la solution comme vous le suggérez est … à un autre niveau. Je crois que … hm. Je crois qu’il faut que vous voyiez pas vous-même. conclut-elle, avec un geste de défiance de la part d’Edward.

- Ely, non … c’est … on n’en sait rien : c’est prématuré. commença-t-il, en se levant. Nous ne savons pas s’il y a un danger ! Ni ce que les autres nations ...

Le Docteur Muridas se leva et soupira. Elle passa la main dans ses cheveux ébouriffés et se frotta les yeux. Quoi que ce fut qui la maintenait en activité, son corps montrait des signes de fatigue physique. Elle était une botaniste experte, après tout …


- Je pense que l’expertise de nos différents alliés nous aidera à confirmer ces conjectures. Leurs conclusions se rapprochent des miennes, Eddy. Elles se rapprochent de ce que nous pensions : tout est une histoire de sacrifice. Il s’est passé quelque chose il y a deux mille ans, et tout nous ramène ici.

Elle se releva, fit signe aux invités de la suivre dehors et se porta aux côtés de Seraphah. Peut-être par son ton plus conciliateur, son origine opaline ou, tout simplement, car il était un élémentaire. Ils se dirigèrent auprès d’un groupe de cénotaphes mineurs entourés de piquets reliés entre eux par une corde. Un site de fouille divisé en plusieurs étages à n’en pas douter. Des hiéroglyphes étaient visibles dans les parties inférieures mais ce qui était le plus intéressant se situait bien à six mètres sous terre. Les cénotaphes étaient enfoncés plus profondément qu’on ne l’aurait cru. Le petit groupe entreprit de descendre par le biais d’une volée de marches taillées à même la terre. Ils finirent par arriver au pied du Cénotaphe concerné. Il y avait là un entrelacs de racines dorées qui pulsaient d’une énergie latente. Elles entouraient le pied du Cénotaphe amoureusement et la pierre en avait même été fendillée par la force du végétal. Elyesa resta à distance, montra d’un geste leur découverte.

- Les relevés du camp où nous étions ont montré que bien que tous les cénotaphes soient reliés de cette façon à l’Arbre-Dieu, les groupes de racines sont différents et uniques. Chaque attroupement de Cénotaphe est en lien avec une zone en Uhr. Celui où nous étions avait pour prolongement … Opale. Les impulsions envoyées par mes collègues ne sont jamais parvenues jusqu’à nous : le groupe de Cénotaphe que nous avons visité est vidé de son énergie et mort. Voilà ce que j’avais besoin de compiler avant de … m’entretenir avec vous. Ce nœud-là, est en perte d’énergie. L’attaque a touché le reste des racines. continua-t-elle avec une difficulté évidente à respirer, comme si un poids puissant pesait sur sa poitrine.

Elle fit signe à Edward qui s’avança au cœur des racines, releva une bâche et révéla un squelette engoncé dans les racines de l’Arbre. Le corps était encore à moitié en terre mais sa main se tendait vers le Cénotaphe et il paraissait comme figé dans cet instant. Les racines s’étaient développées tout autour pour aller gagner le Cénotaphe. Elyesa avala sa salive avec difficulté. Elle n’avait pas beaucoup d’alternatives.

- Voici le sacrifice. Tous les cénotaphes n’en possèdent pas, d’apparents du moins, mais ceux que nous avons sondés ont tous … un corps à proximité. Je crois qu’en effet, Dame Brightwidge, il existe une solution.

Elle déglutit.

- Nous cherchons une autre solution, mais jusqu’à présent, nous ne l’avons pas trouvée. Seulement que les Cénotaphes s’éteignent petit à petit à travers la forêt, et par paquets pour ceux reliés aux racines détruites. C’est un phénomène exponentiel j’en ai peur et le niveau d’énergie n’a cessé de baisser … encore un nœud de racines détruit et ce sera la fin de l’Arbre. A moins de …

Elle laissa ses paroles en suspens et riva son regard sur le squelette millénaire. Son état de conservation était remarquable.

- Les plans du Treizième Cercle sont clairs. La Brume reviendra en Uhr. Mais nous avons là une solution pour nourrir l’Arbre-Dieu et l’aider à faire face à ces agressions. Mais peut-être par vos connaissances ou propositions, peut-être avez-vous des informations qui nous aideraient à faire face ? Vous êtes les premiers à découvrir à quel point la situation est alarmante. Nous vivons sous le joug du prochain attentat du Treizième Cercle ... et ils tiennent Uhr dans le creux de leur main.


Dim 4 Aoû - 19:05
Le Patrouilleur dégaina son épée d’un geste lorsque Duscisio subit son étonnant affaiblissement. Il l’avait sortie avec une vitesse qui illustrait à merveille son état de tension. Chaque bruit de la forêt le tenait en alerte, chaque frisson de l’instant était une mise en garde. Il échangeait beaucoup de regards avec Artémis, observait les pauvres scientifiques perdus, dont Harrisson qui avait bégayé avoir cassé ses lunettes auparavant comme piètre excuse. Il avait rarement été dans un tel état de tension. Peut-être était-ce dû à sa nebula qui gigotait dans tous les sens dans son occiput, comme gênée par la présence de l’immense arbre. Il la tenait en laisse, comme si elle cherchait à s’échapper de son corps. C’était une réaction de peur primale de sa part de Brume ? Quoi qu’il en fût, il ne pouvait se résoudre à la laisser s’exprimer, sinon tous ici en auraient pâtis. Inutile de priver ses camarades de leur don de la Malice.

- Bordel, mais qu’est-ce qui vous est arrivé ? murmura Ryker avec effroi, se rendant alors compte avec davantage de clarté de la véritable nature de l’élémentaire.

C’était un monstre. Il ressemblait à un monstre. Il avait déjà occis des créatures inférieures similaires et frémissait d’avance de devoir affronter une telle chose. Il se demanda, une nouvelle fois, de quel côté était cette créature puis chassa cette idée paranoïaque de sa tête. Il était venu ici pour aider l’Arbre-Dieu. Il l’avait annoncé depuis le départ, et sans ambiguïté. Duscisio choisirait l’arbre à eux, à n’en pas douter. Il se mit à parler d’un gardien. Le Patrouilleur fronça les sourcils.

- Parler au gardien ? Bon sang, mais vous avez vu votre état ? Non, c’est hors de question : c’est trop dangereux. répliqua le Patrouilleur, un cristal dans la main.

Il croisa le regard d’Artémis, puis des scientifiques.

- T’es pas sérieux Artémis ?
grommela-t-il, tandis que les scientifiques hésitaient. Scinder le groupe est une idée ridicule : sans toi, nous ne pouvons retrouver notre chemin et tu le sais. Tout comme nous ne serons pas trop de deux pour … Ah putain, encore une fois va falloir s’y coller hein ? Duscisio, vous êtes certain que c’est nécessaire ? Ce … gardien … nous en apprendra-t-il plus ?

Le Patrouilleur continua de râler et pester, mais cela semblait être une seconde nature pour lui. Il avait pris en assurance depuis la Tour d’Yfe et le fait d’avoir les yeux rivés sur Zénobie et ses dangers devait y être pour beaucoup. Il bégayait moins, s’affirmait davantage. La purification de sa nebula semblait avoir fait naître en lui une volonté qui ne souffrirait d’aucun repos sinon de celui d’Arkanis. Il avait enfoncé son arme dans le cœur d’un Dieu, qui lui avait certes demandé, mais il n’hésiterait pas à le refaire pour protéger l’humanité. C’était présomptueux, mais son pouvoir pourrait peut-être permettre de … Il secoua la tête, refit son paquetage. Il avait dormi quelques minutes pendant la communion de Duscisio et préférait opérer par siestes rapides dans ce type d’environnement. Pas de quoi rester en pleine forme, mais de quoi assurer une traversée rapide. Il refit son paquetage, intima un ordre de marche précis et entreprit de fermer la file indienne. Harrisson et Vendieu étaient dubitatifs mais chaque pas dans cette forêt était un émerveillement pour eux. Ils croulaient sous les échantillons divers et variés en dépit du danger. Ils marchèrent au abords de la grande clairière mais s’enfoncèrent de nouveau dans la forêt pour se rapprocher de l’Arbre. Puis danger il y eut …

- Une meute mortelle ? Comment ça ? murmura le Patrouilleur en s’approchant des traces que lui avait indiqué Artémis.

Il posa ses mains dedans, observa ce qui pouvait ressembler à un gros serpent. Il releva aussi les trous dans le sol et cela semblait suivre un schéma régulier trahissant un déplacement précis. Il observa l’écorce de vieux arbres percluse des mêmes meurtrissures. Il fronça les sourcils, posa sa main sur ces points et invoqua son Yearrk pour couvrir ses arrières. Si Artémis ne voyait pas de quoi il s’agissait, lui non plus.

- Je surveille les arrières avec Noeils. Vous, avancez.
ordonna-t-il tandis que sa créature convoquée clignait des yeux à un rythme différent.

Le Patrouilleur lui fit sentir les traces et la bête renâcla. Le Yearrk émit une plainte craintive et recula pour éternuer. Il vint se coller aux jambes du Patrouilleur et entreprit de lever la tête avec un feulement contenu. Ryker dégaina son épée et poussa les autres à avancer au pas de course. De ce qu’il comprenait du tempérament de son invocation, l’odeur était présente et elle était puissante. Il repéra dans leur avancée les traces de créatures éviscérées et comprit ce qu’Artémis voulait dire par dangereuse. Puis, au bout de quelques minutes, les branches des arbres se mirent à craquer et les feuilles à tomber. Ryker leva les yeux suite au cri de détresse de Noeils et perçut, d’un coup son énergie disparaître. Il tituba : quelque chose avait tué son invocation d’un coup. Il poussa Norman en avant mais fut stoppé par une masse immobile.

- Bon sang, Vendieu ! C’est pas le moment ! hurla-t-il. Courrez ! Artémis, Duscisio : ils sont sur nous !

Mais Vendieu ne répondit pas. Un bruit écoeurant répondit au Patrouilleur et ce dernier recula d’un bond pour éviter les deux lames chitineuses qui venaient d’ouvrir en deux le scientifique. Les entrailles de Norman furent répandues sur le sol dans un bruit spongieux et son corps éclata en quatre morceaux avant qu’un tentacule ne s’empare d’une de ses jambes et ne l’emporte dans les airs. Le reste de son corps tomba à terre et le Patrouilleur tenta d’attraper la créature mais en vain. Il hurla aux autres de fuir puis glissa ses doigts sur l’un de ses cristaux. Il évita d’un geste un ombre dans son dos et sentit sa cape se faire trancher par une serre de chitine. Le Patrouilleur pivota et attrapa l’appendice et tira la créature à lui d’une force insoupçonnée. L’appendice craqua sous ses doigts lorsqu’il l’enfonça à terre mais son épée sectionna net la tête de la créature en venant la chercher sous sa plaque renforcée qui protégeait son crâne. C’était une chose qu’il n’avait jamais vu, à mi-chemin entre une pieuvre et un insecte.

Le sang noir de la créature macula les arbres et elle n’eut pas le temps de crier que le Patrouilleur faisait déjà les affres d’une autre bête. Il sentit sa cheville partir en arrière, entourée par un tentacule, mais il ne se laissa pas faire et, à l’aide de son cristal de force, il ramena la bête à lui avec sa jambe. LA chose glissa avec un feulement cliquetant à ses pieds et il enfonça sa botte sur son crâne qui craqua avec un bruit à vomir. Il n’eut pas le temps de se dégager de l’hémolymphe qu’une autre bête lui tombait dessus avec ses deux pattes acérées. Il se protégea de son arme in extremis et perça l’abdomen de la créature à l’aide de sa main libre et attrapa ce qu’il put dans ses entrailles avant de tirer et répandre un mélange de sacs spongieux et de substances nauséabonde. Le Patrouilleur renvoya le corps dans les fourrés où elle rencontra l’un de ses homologues et courut vers l’avant de la troupe. Il était maculé du sang noir des créatures et offrait une pitoyable vision. Il parvint à leur hauteur et glissa à terre pour attraper une créature avant qu’elle ne parvienne à sectionner Harrisson en deux. Il tira sur ses tentacules et tourna sur lui pour l’envoyer s’éclater contre un arbre. Il se mit en position pour protéger le scientifique survivant et chercha du regard Duscisio et Artémis qui ne devaient pas être loin.

Les bêtes faisaient la taille de petits poneys, mais leur vitesse et violence était sans commune mesure. Cependant, la chose qui sortit face à lui était d’un tout autre calibre. Annoncée par des cliquetis rugueux, elle s’avança hors des fourrés et planté ses deux énormes épines dans le sol à trois mètres du Patrouilleur. Il put alors la voir dans son entièreté. Sa tête était protégée par une énorme plaque chitineuse et son corps vermiforme était encadré par deux appendices en forme pattes et se terminant par des pointes effilées. La fin de son corps était constituée d’épais tentacules protégés par des plaques jusqu’à leur moitié et à en croire les éraflures qu’arborait la créature, elle n’en était pas à son premier coup d’essai. Elle darda la pointe de sa tête sans yeux vers Ryker, vers sa ceinture et émit un mélange de cliquetis et de bruits de succion avant de se retirer. Soudain, toutes les créatures disparurent et ne resta que les cadavres laissés par Ryker qui venait de démontrer, pour une fois, ses capacités de combattant. Il souffla et posa un genou à terre avant de désactiver son cristal. La créature avait semblé un instant intéressée par ce dernier mais avait choisi le repli. Elle semblait … intelligente. Il se retourna pour chercher les traces du corps de Norman mais il ne restait rien. Harrisson, quant à lui, était dans un état catatonique.

- Il faut avancer. Je ne pense pas que ces créatures aient renoncé à nous. Artémis, as-tu déjà vu ça ?
marmonna le Patrouilleur, remarquant alors qu’il avait été entaillé à l’abdomen.

Il grommela et changea de cristal pour soigner la blessure bégnigne.

- Des … des slivoïdes … balbutia Smith, les yeux plein de larmes. Il … il y a une colonie à l’Abre-Dieu … nous sommes tous morts … c’est … c’est …


Il continua de hoqueter tandis que l’esprit du Patrouilleur se mit à fonctionner à toute allure. Ce nom ne lui était pas inconnu. Mais le contrecoup de l’utilisation du cristal le cueillit et il préféra se relever que de se laisser un instant de répit.

- Avançons, nous nous rapprochons de la destination. ordonna-t-il, sachant qu’ils n’étaient plus très loin de leur but.

La meute reviendrait, c’était une certitude. Cependant, peut-être pourraient-ils arriver à temps au pied de l’Arbre et glaner les informations dont avait besoin Duscisio. Il releva Harrisson et l’aida à avancer pour qu’il se reprenne. L’homme semblait vraiment perturbé par cette nouvelle, mais ce n’était pas les premières créatures monstrueuses qu’affrontait Ryker. Il poussa le scientifique à leur expliquer davantage ce qu’étaient ces choses tout en continuant à avancer à une allure forcée.

- J’espère que votre gardien en vaudra la peine Duscisio, et que la confiance que nous vouons en vous est bien placée.
lâcha le Patrouilleur après avoir encore cheminé un brin.

Il n’aimait pas la direction que tout cela prenait et il ne cessait de regarder derrière lui. Chaque ombre se muait en slivoïde dans son dos et ce n’était pas lui rappeler un certain Liéchi, ce qui ne l’aida pas à se rassurer.

Résumé:
Lun 5 Aoû - 16:38



Au pied du Châtaigner / Forêt de l'Arbre-dieu

Demephor 1901


La première chose qui surprit le groupe fut son étrange apparence. Dans les yeux de Ryker, Duscisio n’avait rien d’humain et pourtant il connaît sa nature d’élémentaire. Qu’y a-t-il de surprenant, de menaçant ou même de dangereux pour réagir de la sorte. Il ne tient qu’à lui de garder son sang-froid et de rester rationnel.

— Rangez votre arme, patrouilleur. Dit-il dans le plus grand des calmes.

Doucement, la créature de bois qui lui fait fasse retrouve doucement son apparence humaine.

— Ne me dites pas que vous n’avez jamais vu un élémentaire dans sa forme la plus pure ? Ce qui est arrivé est une simple absorption d’énergie vers l’arbre-monde. Je m’y étais préparé.

Depuis le début de l’année, s’abstient-il d’ajouter.

— Et cessez de me voir comme un monstre. Ça commence à être vexant.

Il n’avait pas l’air de paniquer une fois le trouble passé. Il faut dire que la menace de l’épée du patrouilleur est plus inquiétante.
Parler du gardien sans donner la moindre précision, reprendre la route pour aller le rencontrer. Pour lui, c’était hors de question. Trop dangereux, parait-il. Pourtant, le Rosier blanc continue de penser qu’il n’a rien à craindre ici. Dans son esprit, il est toujours chez lui dans la forêt. Vu que sa peau ressemblait à n’importe quelle écorce, même le plus simplet des deux scientifiques aurait tiré la même conclusion. Il pourrait passer inaperçu dans cette immensité. Il n’est qu’une plante avec une apparence humaine. Un élémentaire.
Artémis n’était pas du même avis. En premier lieu, il propose de se séparer. Il est évident que Ryker et Exerus n’ont pas la possibilité ni de retrouver leur chemin vers le camp principal, ni de défendre les deux scientifiques des menaces qui pensent sur eux. Pendant ce temps, Duscisio et lui continueraient vers l’arbre-dieu pour satisfaire le besoin d’information de l’élémentaire. Au moins, le Pendu a le courage d’aller jusqu’à sacrifier sa vie pour le salut de l’humanité.
Inutile d’aller jusque-là, Duscisio pourrait très bien leur proposer d’y aller seul pendant qu’il avance. Si on en croit le temps de sa première connexion, ils n'auront que quelques minutes d’avance. L’apothicaire pourra les rattraper assez facilement une fois la direction indiquée.
Ryker pourrait être en colère devant un tel risque. Si bien qu’il demande vraiment si le jeu en vaux la chandelle.

- Je l’ignore. Et ne pensez pas que vous êtes les seuls à risquer quelque chose ici… fait-il remarquer à Ryker.

La première rencontre lui a été déjà très gourmande. Seulement, il n’y a pas que ce problème qui lui reste à l’esprit. Les autres ont peut-être l’air de penser que la perte d’énergie n’a rien de très risqué pour l’élémentaire. Sauf que lui aussi risque gros. Cette énergie, il s’en sert durant tout l’hiver et la saison qui suit arrive très bientôt. Dans le meilleur des cas, s’il lui en reste un minimum, Duscisio va devoir hiberner cette année. Il ne pourra pas rattraper l’énergie accumulée pendant des mois en quelques semaines.
Il n’en dit rien et se contente de suivre Artémis comme le reste du groupe à la fin de l’échange.
Durant le chemin qu’il leur reste à faire, le protecteur est sur le qui-vive. Il le sent aussi que quelque chose ne va pas jusqu'à entendre la confirmation. Une meute mortelle. Préférant prendre la même crainte que tout le monde, Duscisio se met également sur ses gardes. Même si une grande partie de ses forces lui ont été enlevées, cela ne l’empêchera pas de se défendre. L’élémentaire attend l’analyse des traces laissées entre les arbres et le sol. Il pourrait très bien se connecter aux arbres pour les aider, mais c’est trop dangereux. Il ne peut se permettre de perdre conscience de ce qui se passe autour de lui. Même s’il serait plus facile d’utiliser ces mêmes arbres ainsi que leur racine et leur branche pour combattre la meute qui serait à leur trousse. Et puis, il a toujours l’optique d’économiser ses forces pour la rencontre directe avec le châtaigner.
Si le Yearrk du patrouilleur est invoqué, ce ne sera que pour témoigner de la force de la créature, bien moindre comparée à la menace qui plane sur eux. L’épée à nouveau dégainée, contre un vrai monstre cette fois, il fallait s’attendre au pire. Et le pire arrive plus vite qu’on ne le pense. Personne ne savait ce que c’était et Duscisio se contentait de préparer l’un de ses cristaux accroché au niveau de sa ceinture s’il devait agir.

Sa première réaction fut d’observer Vendieu se faire déchiqueter pendant que le patrouilleur leur ordonnait de fuir.
Dans l’action, Duscisio n’était pas spécifiquement visé. Par souci d’équité, il a été obligé de créer quelques barrières éphémères. L’élémentaire s’assure que le dernier scientifique encore en vie s’enfuit avec Artemis avant de les suivre. Si Ryker semblait être la menace principale, il n’est donc pas étonnant qu’il ne remarque la présence de l’élémentaire qui se contente de repousser les créatures qui tentent de bloquer leur fuite. Ce ne sont pas les plantes qui manquent. Si les ronces ne suffisent pas, il ne se gêne pas pour utiliser quelques branches comme d’une extension de lui-même et leur donner des gifles. Même pendant leur fuite, Duscisio n’est pas directement visé. Comme pour l’Exerus, il l’évite. Ne se prenant ses contre-attaques que par concours de circonstances parce qu’il se trouve sur leur chemin.
La crise terminée après de longues minutes, Ryker finit par les rejoindre. Il s’en sort miraculeusement bien si on oublie la cape et autres détails qu’il pourrait avoir manqués. Détail dont Duscisio finira par laisser passer puisque cela n’est pas terminé. La meute d’insectoïdes est encore sur eux et pourrait fortement se risquer à revenir.
Ils ont le nom de la créature, leur situation et leur objectif. C’est très risqué et l’élémentaire en a conscience… Mais à quel degré ? Tout tourne autour de lui et de sa volonté à rencontrer ce gardien dont il est le seul à connaître l’existence.
Toute la confiance est placée en lui dans cette manœuvre.

— Espérons que nous aurons les informations qu’il nous faut… dit-il sans la moindre certitude. Avançons.

Ils ne sont plus très loin. Si les trois gardes du corps s’assurent d’un minimum de sécurité, cela suffit pour atteindre l’arbre-dieu. Ils ne sont plus que quatre en comptant le scientifique qui est passé de l’euphorie à l’effroi.
Le rosier blanc se tient devant l’immense végétal devant lui. La fourmi qu’il représente face à un tel spécimen est flagrante et jamais ne se sera-t-on approché si près pour un objectif incertain.
Il procède de la même manière que la première fois. Assis en tailleur devant le tronc, il répétera de ne pas approcher de lui pendant la procédure.

— La connexion sera immédiate. Ajoute-t-il. Ça ne devrait pas durer très longtemps…

Il ferme les yeux et déploie une nouvelle fois ses fleurs restantes.
On pourrait s’attendre à une pleine confiance. Les premières secondes, il ne se passe rien. Seulement les premières secondes.

Dans son esprit, l’élémentaire est arraché à son enveloppe corporelle et drainé au sein de l’arbre-dieu. La violence se compare à être écorché vif et son énergie est aspirée bien trop vite pour être naturelle. L’arbre-monde comprend sa nature jusqu’à le rejeter totalement. On pourrait y voir cette vision que l’on a de revoir toute sa vie défiler devant ses yeux pour atteindre la mort. Dans cet élan, il y a tout de même une force de la nature présente dans cet esprit. Duscisio se bat comme un diable pour se maintenir en vie. Durant cette lutte, des images lui parviennent. Il ne saurait expliquer ce qu’il voit. Il y voit le lien entre l’arbre-dieu et les cénotaphes qui s’éteignent et encore ce gardien. Est-ce le même homme au moins ? Beaucoup de données lui sont offertes malgré tout. Seulement, il est expulsé de ses visions avant d’en voir un peu plus.

Du côté physique, ses compagnons ne peuvent que constater la vision d’horreur. Comme la dernière fois, les fleurs tombent une à une. La vitesse n’est pas comparable. Ses fleurs se désintègrent complètement et son apparence change. Tout semble perdu au fur et à mesure que les secondes passent. S’il a pourtant été clair, il a interdit à son compagnon de le toucher. Il n’est pas question de se faire emporter avec lui. Duscisio se montre très combatif alors qu’il peut de son intégralité à une vitesse alarmante. Parmi ses possibilités, il n’y a qu’un seul cristal qui puisse lui sauver la vie. Son cristal d’absorption. Dans les premiers instants, le sursaut va jusqu’à noircir la terre dans laquelle il est encré. Cette terre autrefois fertile n’a plus une once d’énergie au moment où l’absence de couleur entoure ce qu’il reste de l’élémentaire. La douleur, Duscisio ressent la douleur du châtaignier. Son cri aigu et hachuré n’a rien d’humain, il déchire les tympans. Ils repousseront le moindre animal qui avait l’intention de les attaquer pour un temps. Quant aux hommes présents à ses côtés, ils n’ont que leur main pour ne pas devenir sourd. Quand son cri cesse, le résultat est là.

Si Ryker l’avait pris pour un monstre tout à l’heure, il en avait maintenant l’apparence. Il n’a plus de forme stable. Sous ses vêtements d’herboriste, ses bras et ses jambes sont réduits à des amas de ronces qui ne tiennent qu’à un fil. Ses mains comme ses pieds n’ont que pour consistance une ou deux tiges épineuses ou des talons de bois. Les hanches extrêmement amaigries ne tiennent que deux de ses cristaux, dont celui d’absorption qui l’a aidé à garder cette apparence difforme. Puis, il y a son visage. Sa couleur pâle a disparu pour laisser place à une écorce éclatée, donc seuls trois trous forment les yeux et la bouche immobiles et un appendice nasal écrasé. Son magnifique cuir chevelu n’existe plus, ses roses non plus.
Autour de ce qu’il reste de lui, la terre noire sur plusieurs mètres d’envergure témoigne de la nécessité et de la force de caractère qui lui a permis de survivre.

— Je… S’appelle… Duuuuussssss….

Il parle quelques mots seulement. Sa voix de bois et son vocabulaire limité. Il essaie de tendre le bras comme un appel à l’aide, puis laisse deviner une autre direction, qu’est le camp principal. De ses trois mots, il espère se faire comprendre. De ses trois mots, il espère qu’ils ont compris qu’il faut partir, avant qu’il ne s’effondre.
S’ils décident de fouiller, Ryker et Artémis trouveront dans sa sacoche de multiples objets, tous utiles. Des ustensiles d’herboriste aux nombreuses fioles dont la contenance vous reste inconnue. S’ils veulent un outil adapté, ce totem de Felinumbus pourra leur être utile pour transporter l’élémentaire jusqu’au camp. SI on oublie son électrophobie, c'est l'une de leurs meilleures options.

Résumé:

Ven 9 Aoû - 5:32


Coeur d'Uhr


Le secret de cénotaphes

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker, Duscisio




Portrait de famille:

Ses mains s’étaient emparées des tas de papiers chiffonnés avec une déférence proche du sentiment religieux. En tant que scientifique, elle savait le prix qu’il en coûtait que de confier ses observations personnelles aux déprédations de personnes extérieures : ces vautours ! Enfin, qu’Edward Wayken se rassure, ni le Sapiarque Seraphah Von Arendt, ni Ellendrine Brightwidge-Dalmesca ne serait en mesure de le plagier. Soit que leur spécialité soit très éloignée de la sienne, pour l’un, soit que la souffrance de se sentir volé et invisibilisé dans ses travaux soit trop présente, pour l’autr. En plus d’un certain saupoudrage d’intégrité qui conduirait à citer ses sources, le cas échéant.

Elle ne put s’empêcher de soupirer d’aise en entendant qu’elle avait raison, avant de laisser échapper un « mmh » perplexe lorsqu’Edward avança l’idée que le texte décrive l’Arbre-dieu lui-même…

-« Au point où nous en sommes… Uhr et l’Arbre-dieu ne sont peut-être qu’une seule et même entité. Ou encore, Uhr s’est sacrifié et a transcendé son existence en s’incarnant dans cet Arbre pour lui conférer ses propriétés étonnantes ? A part une Mandragore, quel autre géant du règne végétal est capable de telle prouesse ? En effet… les dieux marchent parmi nous. »

Elle limita ici sont rebond sur le commentaire de Muridas évoquant le trépas de Déméphor. N’étaient Ryker et Artémis, Demephor serait sans doute encore en vie et sous la coupe du Magistère, poursuivant une interminable agonie. Et rouvrant une nouvelle ère interminable de viol spirituel. L’arme de l’Omniscience avait été volé. Pour ce qu’ils en savaient, cela ne signifiait pas qu’elle soit définitivement perdue pour les Uhrois.

Les remarques de Nostell renfermaient une grande naïveté. Les idées les plus simples étaient toutefois les meilleures. Comme elle aimait à le dire, nommer les éléments rationnels les plus solides permettraient de faire apparaître l’éléphant caché au milieu du magasin de porcelaine. Même s’il était clair que l’arbre-dieu, roi des forêts, n’était pas un arbre lambda. Un arbre lambda avait besoin d’un peu de terreau, de soleil et de pluie… L’arbre-dieu… était un Ogre. Et les ogres dévoraient.

L’hypothèse de départ qu’elle avait émise avant d’initier le cortège de cette expédition est qu’il avait surtout besoin d’un holocauste.

Ses pensées se répercutaient les unes contre les autres à haute vitesse. Mais en l’absence de nouvel élément, elle avait l’impression d’être folle. La fatigue la tenaillait. Sa migraine ne faisait que devenir de plus en plus lancinante. Nerveuse, elle se massa les tempes. Ce dont elle avait besoin, c’était de preuves. De… voir.

Edward Wayken protesta face à Muridas. Les yeux d’Ellendrine roulèrent à l’unisson sur lui comme ceux d’un rapace. Sa curiosité piquée, elle ne lâcherait plus, même si Muridas se ravisait.

Quand la directrice du département biologique leur demanda de la suivre, elle se mit à saliver abondement. Elle n’en croyait pas ses oreilles ! En faisant bien attention de ne pas glisser sur les planches balisant sommairement l’excavation des cénotaphes, elle s’approcha des racines. Leur seul spectacle était fascinant, à voir les lueurs se déplacer lentement.

Ainsi, le Magistère avait déjà accompli un travail colossal. En creusant, pour exposer les racines et hiéroglyphes totalement inconnus. En les répertoriant et en comprenant la logique d’assignation géographique. Ellendrine contenait ses questions, pour ne pas briser l’élan du docteur Muridas. Suspendue à ses lèvres, elle s’efforçait de respirer profondément.

Muridas déglutit. Ellendrine n’aurait pas être plus surprise. Ainsi, le Magistérium avait encore quelque scrupule, en tout cas le département biologique.

-« Calmons-nous… Docteur Muridas… je crois parler au nom de tous les Uhrois en disant que le travail que vous avez mené ici en si peu de temps est impressionnant. Vous avez mis au jour énormément de nouvelles règles concernant l’organisation du réseau énergétique de l’Arbre-dieu… et tout cela est porteur d’un espoir immense… » entonna-t-elle calmement.

« Je comprends ce qu’implique votre découverte. Mais, il y a peu, nous avions la boule au ventre à l’idée d’une extinction irrévocable. Maintenant, nous savons ce que nous pouvons faire pour combattre cette fatalité. Le temps nous manque. Et les surfaces immenses à prospecter et protéger jouent contre nous… mais en alliant la puissance scientifique des nations du continent, ne pourrions pas protéger les centres névralgiques où affleurent les racines les plus importantes ? Sans doute faudrait-il établir une base permanente au sein même de cette forêt… »

Plutôt prompte à défendre des mesures sociales et d’indulgence, elle espérait ne pas passer pour un monstre froid en se réjouissant d’avoir à se soumettre à des sacrifices. Les dures lois du monde ne leurs offraient pas le luxe de l’émotivité. Dans cette heure décisive, ils devaient faire en sorte que leur main ne tremble pas.

-« Il doit y avoir un moyen d’éprouver les réactions des cénotaphes et de l’arbre afin d’évaluer les quantités d’énergie requises. Pourquoi ne pas commencer à amener ici les condamnés du XIIIème Cercle ? Ils ont condamné Opale. Ce serait une peine légitime que de les forcer à la protéger, au lieu de simplement les éliminer. Ce n’est pas à nous qu’ils appartient de prendre les décisions pénales… mais peut-être que les criminels les plus monstrueux et récidivistes préfèreront aider la communauté plutôt que de passer le reste de leur jour derrière les barreaux… il reviendra à chaque cité le devoir de pourvoir à ses sacrifices. »

Il était trop tôt pour céder au moindre sursaut d’optimisme.

-« J’espère que notre équipe envoyée à l’Arbre-dieu s’en sort bien et pourra nous apporter d’autres indices… de votre côté, docteur Muridas, docteur Wayken, croyez-vous qu’en sus de maintenir le bouclier actuel… l’Arbre-dieu puisse… régénérer, ce qui a été perdu ? Et repousser la brume. Je pense en priorité à Opale. Je n’oublie pas qu’elle est ma patrie de naissance… Mais aussi Ventdune, Dainsbourg et l’ancien royaume nain. »


Spoiler:


Dernière édition par Ellendrine Brightwidge le Ven 11 Oct - 23:29, édité 1 fois
Mar 13 Aoû - 19:18

Cœur d'Urh

Macabre découverte et dilemme moral en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

Partir de plus petit pour voir plus large. Nostell considérait les choses sous cet angle. Et comme cette histoire d'Arbre-Dieu la dépassait complètement, qu'elle n'était pas une scientifique et que cette vocation ne lui disait absolument rien, l'ex-assassine s'essayait sobrement à la théorie. Au risque de paraître stupide, certes. Ce qu'elle ne se reprocha aucunement en constatant, juste après l'échange, en étant invitée avec les autres à voir de ses propres yeux les plus importantes découvertes du site, qu'elle n'était pas si loin de la réalité...
Et c'est ainsi que le mot "sacrifice" prend tout son sens.
Un très vieux squelette coincé dans les racines luisantes de l'Arbre-Dieu. La dernière offrande en date, donc. Un sacrifice épuisé, de toute évidence. D'où le déclin de cette racine liée au cénotaphe...

- ...

Que lui inspirait ce spectacle nauséeux ? Que lui inspirait le discours pragmatique de la Lady sur la solution simple de jeter des condamnées entre les racines de l'Arbre-Dieu afin d'en relancer la machine ? Et enfin, que lui inspirait l'espoir opalien de trouver une autre solution à ce problème de déclin ?
Les yeux verts et froids de la strigoi passèrent d'une tête à l'autre.
Elle avait eu affaire à bien pire, au cours de sa - pourtant si jeune - existence.
Personne n'échappe à la mort. C'est la fin logique de toute chose, non ? de tout être vivant...
Elle leva les yeux vers la cime de l'Arbe-Dieu, bien trop haute pour être observée dans son ensemble.
Un jour, j'y passerai moi aussi. Sans doute même disparaitrai-je avant d'avoir atteint un certain âge. Très souvent, le métier de mercenaire ne permet pas de faire de vieux os. Mais cela me convient, à vrai dire. Je n'ai aucune envie d'entendre ou de voir pleurer quelqu'un tout près de mon lit de mort. Je suis... "allergique" à la peine des autres.
La mercenaire baissa les yeux, fixa le squelette un moment, puis jeta un regard en coin à la botaniste que toute cette histoire avait profondément éreinté.

- Si je peux me permettre : Lady Brightwidge a raison ; nous n'avons pas le temps de dénicher une voie alternative à ce problème. Ici, il est avant tout question d'une course contre la monte sur laquelle repose le destin du monde. La morale peut bien attendre. Elle ne va pas complètement s'éteindre, elle.

Des gens continueraient de la défendre bec et ongle. Des gens qui n'ont que ça à faire, de parler et de défendre les droits des êtres vivants. Des gens qui n'apportent pas suffisamment de solutions, qui supportent les interminables procédures et n'économisent que trop rarement leur salive.
Cynique, la Nostell ?
Oui, peut-être, mais un tout petit peu !
Tandis que son employeuse se questionnait sur la réussite de l'autre groupe et que son optimisme la poussait à concevoir de plus belles choses encore, la strigoi inclina légèrement la tête et se mit à observer pensivement la dépouille gâtée.

- Que se passerait-il si l'on jetait une créature non-humaine là-dedans ? Après l'avoir anesthésié, bien évidemment - il serait dommage qu'elle abime les racines en se débattant. L'Arbre ferait-il la fine bouche ? Ou bien ses racines, mues par un instinct de préservation, se nourriraient systématiquement de la bête ?

Cela valait toujours mieux que d'avoir à sacrifier un être doué de parole. Une offrande moins pénible à entendre. Sauf pour les défenseurs de la faune, et les organisations concernées par leur maltraitance. Sans doute y en avait-il disséminées un peu partout en Urh...


Résumé:
Sam 17 Aoû - 1:46


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker, Duscisio






L'investissement de chacun était palpable. Seraphah restait silencieux, captant que les esprits étaient désormais un peu plus apaisés. Nostell pouvait paraître innocente, mais il était toujours bon de revenir aux fondamentaux. De l'ordinaire, à l'extraordinaire. Parfois, l'information qui nous paraissait anodine, s'éclaire d'une nouvelle nuance. Pas là. Malheureusement. Les questionnements d'Ellendrine face aux trouvailles des chercheurs du magistère résonnaient en lui. Cela semblait poétique...Comme un puzzle dont on ne connaissait pas les réels desseins, ce qui rendait les associations difficiles, si ce n'était impossible.

Il gardait ses réflexions en tête, tandis que Nostell et Ellendrine y allaient de leurs suppositions. La docteur semblait en accord, même s'il n'était pas d'usage que ce soit des scientifiques qui prennent des décisions aussi...sanglante? Parce que les mots n'étaient pas prononcés en ces termes. Le sacrifice pouvait paraitre presque romantique, comme un acte allant de soi...Alors même qu'il n'y avait personne ici qui avait décidé de donner sa vie à tout Uhr. Il ne pouvait d'ailleurs s'empêcher de penser à toute l'humanité, à tous ces êtres doués ou non de paroles, certains vivant cachés, d'autres spoliant leurs prochains en vue de pouvoir, de nourriture...Peu importait la raison sollicitée...il serait difficile de vouloir - pour que tout ça continue - offrir son énergie au point de disparaitre.

Lui-même en tant qu'élémentaire connaissait les cycles de vie et de mort. Comme cette dernière n'était pas à craindre comme l'anéantissement d'Uhr tel qu'on l'a connu jusqu'ici. Mais alors comment procéder? Qu'est-ce qui était réellement attendu par l'Arbre-Dieu? Ne pas avoir de nouvelles de l'équipe dépêchée auprès de ce dernier devenait une tare dans cette discussion qui voulait une solution immédiate alors même qu'on ne coupait pas des têtes sur un coup de tête. Excusez l'expression.

Au moins était-il admiratif tout comme Ellendrine du travail qui avait été effectué par ici en si peu de temps. Il avait pressenti en suivant la docteur qu'il y aurait quelque chose de macabre. Cela n'avait pas manqué. Le temps semblait d'ailleurs particulièrement lourd...Lourd d'une décision qui se voulait être prise, mais pour le moment à l'aveugle. Oui, il y avait là la preuve que des personnes avaient donné leur vie. Mais dans quelle condition? Cela restait un grand mystère pour le moment.

Il écouta Nostell affirmer les paroles de sa patronne. Plus elles parlaient toutes deux, plus Seraphah entrait à l'intérieur de lui...Pour mieux en ressortir: «Les preuves qui sont sous nos yeux montrent un gabarit à priori humain. Si cela avait été un élémentaire, il n'y aurait points eu de squelettes...Mais justement, concernant les cénotaphes où vous n'avez rien trouvé...Il aurait pu s'agir d'élémentaire. L'Arbre-dieu en absorbant leur énergie vitale les aurait désagrégé.» Cela pouvait se tenir. Après tout, ces sacrifices avaient pu être fait par des êtres dévoués à un culte qui prônait le fait de donner son âme comme une rédemption...Ou cela avait pu être simplement un carnage.

«Concernant les animaux si je puis me permettre» commença-t-il en regardant intensément Nostell. «Il y a un silence terrible autour de nous. Au début je mettais cela sur le compte du camps en lui-même...Mais soit les animaux ont fuit, soit ils ont déjà été tué...Ce qui a amené les autres à fuir par esprit de préservation. Par conséquent cela appuierait votre idée que les animaux peuvent subvenir au besoin de l'Arbre...Mais combien d'entre eux faudrait-il pour contenter un cénotaphe? Il conviendrait d'avoir plusieurs dompteurs dépendamment des animaux qui seraient choisi.»

À date il ne montrait aucune sensibilité particulière. Mais il restait touché au fond de lui. De ce navire - Uhr - qui était proche du naufrage dont personne ne revenait.

«Concernant votre proposition Lady Brightwidge, cela est une riche idée. Peut-être devriez-vous, si cela fait écho avec vos idées Docteur Muridas, faire cette proposition sans plus tarder aux décisionnaires.»

Concernant la demande aux scientifiques d'Ellendrine, l'élémentaire était fort curieux de la réponse...Après tout les végétaux n'avaient pas pour coutume de rester pétrifié...


Spoiler:


Dim 18 Aoû - 0:19


S’il connaissait bien les lieux, jamais Artémis n’avait rencontré pareil ennemi. La perte de Vendieu passa presque inaperçue tant le vagabond admirait cette nouvelle espèce protectrice de son environnement. Tous savaient ce qu’ils risquaient en venant ici. Les scientifiques également. Une mort triste, sans doute stupide, mais pourtant inévitable. La curiosité, la passion, poussaient parfois à prendre des risques inconsidérés. Malgré la protection d’aventuriers aguerris, ce voyage restait mortel pour tout le monde. Ryker, en grand seigneur, s’était chargé de faire fuir la meute – ce qu’il réussit avec un certain brio. Au risque de se répéter, le patrouilleur n’était plus le même homme rencontré des mois plus tôt. Un valeureux soldat d’une valeur inestimable. Smith permit au vagabond de retrouver ses esprits.

« Des slivoïdes, hein. Des écrits existent sur ces êtres légendaires, mais n’en ayant jamais rencontré, je les pensais inventées de toute pièce pour des récits d’aventure. », dit l’homme aux cheveux d’albâtre d’un ton qui se voulait relativement neutre, en aucun effrayé comme pouvait l’être le scientifique. A juste titre. Artémis s’occupa d’Harrisson, s’assurant qu’il ne fût pas déchiqueté à son tour. Lorsqu’ils furent tous de nouveau réunis, l’Arbre-Dieu ne se trouvait plus très loin. La présence des slivoïdes n’étaient pas réellement un hasard, ce qui confirmait que quelque chose d’étrange se tramait. Par ailleurs, Duscisio interrompit le groupe en indiquant qu’il pouvait commencer sa mission ici. Face à eux, à quelques centaines de mètre, une immensité démesurée pointait le bout de son nez. Et même s’il l’avait déjà vu à plusieurs reprises, Artémis ne se lassait pas de ce magnifique spectacle.

Comme précédemment, l’élémentaire s’assit en tailleur et reprit sa connexion. Et comme la première fois, son corps se transforma, signe d’une consommation excessive de son énergie. Ce fut un spectacle effrayant quand on imaginait qu’il pouvait y laisser sa vie. Le vagabond esquissa un léger sourire, changeant presque d’avis sur ce qu’il imaginait de cet étrange individu. Mais cette scène devenait insupportable. Le bellâtre n’était plus qu’un tas de branches chétives, carencées et fragiles. Alors que le Portebrume s’approcha pour intervenir, il semblerait qu’il retrouvât ses esprits. Enfin presque. Il bafouilla des mots très peu compréhensibles, ce qui dénotait fortement avec l’éloquence employée auparavant. Il parvint néanmoins à pointer une direction. Le local chasseur se retourna et réfléchit quelques instants.

« Le campement, hein. », murmura-t-il. En se retournant vers ses compagnons, ils convinrent tous qu’il était sage d’y retourner. Ryker et Artémis fouillèrent dans les affaires de leur camarade, dans le but de trouver un remontant à lui administrer, mais les fioles trouvées pouvaient aussi bien contenir du poison qu’une potion de guérison. Ils tombèrent alors sur un totem d’invocation. Ne pouvant se permettre d’être handicapé en transportant une personne, aussi légère pouvait-elle être, ils décidèrent de l’invoquer et furent chanceux de tomber sur Felinumbus. Parfait, songea le vagabond. Ils reprirent tous la route dans la direction indiquée. Mais comme le craignait le Loup Blanc, leurs amis croisés plus tôt les surveillaient. Les slivoïdes n’étaient pas loin et les prenaient en chasse. Un affreux sourire se dessina sur l’aventurier, affligé par un scénario aussi prévisible. Ce fut d’ailleurs grâce à ce dernier que l’homme aux cheveux d’albâtre avait pu s’économiser jusqu’ici.

« Nos amis sont de retour. Exerus, guidez Harrisson et Duscisio au campement. Ryker, cette fois-ci, je te laisse fermer la marche. », dit-il en dégainant son sihil, toujours dans le sillage de ses alliés. L’ennemi n’était visible mais ses sens crièrent sa présence. Ils s’approchaient un peu plus à chacun de leur déplacement. Le campement n’était plus si loin si on ne se trompait pas d’itinéraire. Ce fut la raison pour laquelle Exerus se trouvait en tête. Artémis avait constaté ses connaissances du terrain. S’il ne l’expliquait pas, c’était un fait incontestable. Quant à patrouilleur, il avait mainte fois prouvé sa valeur et sa fiabilité.

« N’ayez crainte, je connais la route. », fit-il en se stoppant sa course et en se tournant face à son destin.

Lun 19 Aoû - 16:18

MJ - Coeur d'Uhr

Une question de moralité ?



Le Docteur Muridas se positionna en léger retrait et laissa les conjectures se dérouler sous les oreilles attentives d’Edward et d’elle-même. L’archéologue lui jeta quelques œillades inquiètes lorsque la proposition d’Ellendrine leur fit à tous réaliser le poids de ce que la situation signifiait. Il n’y avait pas d’échappatoire douce à cette situation. Il n’y avait pas beaucoup de solutions pour le salut d’Uhr, pour son avenir et sa prospérité. Il fallait passer par là, ainsi était le monde depuis l’arrivée de la Brume … pour ce qu’on en savait.

- C’est … en effet une des théories qu’affectionnent certains de mes pairs depuis que l’existence de Déméphor a été … avérée. murmura-t-elle, comme si cette considération du divin dans ce dilemme moral ne venait qu’alourdir le poids de ses mots. Mais vous pourriez tout aussi bien conjecturer qu’il s’agit là d’un don du Mandrebrume que vous ne résoudriez pas le problème, Dame Ellendrine.

Elle était un peu acide, certes, mais rien n’était fait en Uhr pour alléger le fardeau de ses habitants.

- Je vous remercie pour votre considération, Dame Ellendrine. Il se trouve que beaucoup ont contribué à ces études et nous ne faisons que parachever cela à l’aide … de financements obtenus dans le cadre de cette situation urgente pour Opale. Vous avez été exemplaires dans votre investissement dans cette opération : j’aurai bien aimé pouvoir coopérer en amont avec vous tous … mais vous connaissez la situation géopolitique actuelle … et à quel point la destruction des racines a pu projeter Opale dans le chaos. Il nous faut agir vite, comme vous le dites.


Eyiesa fit un pas, s’avança vers eux et observa le corps. Qui avait-il été ? Les tentatives de cognition menée n’avait pas été fructueuses. Seule demeurait la peur immédiate de la mort, comme tout être vivant à n’en pas douter. Mais si cette peur avait permis de protéger Uhr, alors leur faudrait-il honorer le sacrifice de ces ancêtres ?

- Votre idée est pertinente, concernant la protection de ces endroits. Il faudra en effet déployer des forces propres à empêcher cela et protéger les racines. Dans l’optique où … le Treizième Cercle n’a pas déployé ses forces déjà dans ces endroits-là. Je me garderai bien de dispenser des conseils géopolitiques, ce n’est pas mon champ disciplinaire, mais plus nous alertons de monde dans la situation où l’Arbre-Dieu est fragile … plus le risque est grand. Imaginez si le Treizième Cercle avait vent de cette information : n’essaierait-il pas d’en profiter pour … pousser plus loin son audace ? Il convient de renforcer l’Arbre-Dieu, d’assurer sa survie. Je suis certaine de l’allégeance de mes coéquipiers, et vous m’excuserez mais j’ai longtemps douté de celle de votre groupe. Votre intervention est bienvenue, certes, mais le risque est …

Elle ne termina pas sa phrase. Inutile de le répéter, inutile de tourner en boucle. Elle éluda la suite d’un geste de la main.

- Concernant les sacrifices, nous parlons de créatures dotées d’une conscience et d’une force de volonté suffisante pour nourrir l’Arbre-Monde : nous n’avons trouvé que des squelettes humains. Je crains que toute entité touchée par la Brume ne soit nocive en ce sens … continua-t-elle en regardant Seraphah avec un sourire de guingois. Votre idée de choisir des prisonniers condamnés est … intéressante. Elle pose un immense dilemme moral mais demeure intéressante.

Muridas marqua pourtant un arrêt, hésita. Edward prit la parole pour compléter par des éléments de son cru, mais qui semblaient eux aussi le travailler.

- Mais … pourquoi nos ancêtres n’auraient pas procédé ainsi alors ? Punissant des criminels ? Tout porte à croire qu’il y aurait un lien entre la vertu de l’individu et le but de l’Arbre-Dieu dans les traductions. Ce … ce n’est qu’une hypothèse bien sûr et l’histoire pourrait avoir été embellie, mais … imaginez si c’était vrai ? Si dans notre précipitation nous provoquions le basculement total d’Uhr ?

Elyiesa posa une main sur son épaule et l’archéologue se mit en retrait. Il respectait la Docteur, tout comme elle respectait ses avis. Mais la situation restait inédite et cruciale.

- L’Arbre-Dieu semble agir là où il agit toujours depuis sa création : il n’y a eu aucun signe de croissance, mais seulement de régression. Il ne pourra regagner des zones. Pour l’heure, seules les avancées via les balises menées et permises par Opale permettent à notre civilisation de gagner du terrain sur la Brume, mais leur usage reste controversé comme vous le savez certainement. Donc non, je pense que nous ne ferons que soigner les plaies.

La scientifique les invita à la suivre de nouveau dans sa tente et proposa à ses Assistants d’aller leur chercher de quoi boire et se sustenter. Elle s’excusa quelques instants pour aller se rafraîchir et revint avec une vigueur renouvelée, ses cernes davantage mises en exergue par la rougeur de son teint. On leur servit à boire, à manger. Les malles spatiokinétique du Magistère cachaient bien des atouts.

- Concernant les animaux, cela revient à mon point sur conscience et volonté … je ne pense pas que cela suffirait. Loin de moi l’idée d’atténuer l’intellect animal, mais si cela avait été possible, nos ancêtres auraient préféré procéder avec des animaux. Mais toute question de morale mise de côté, comme vous le suggérez, Dame Nostell, il convient de s’assurer ce qui nous permettra les meilleures chances de succès. Des êtres humains, dotés de réelles intentions de préservation. A noter que nous avons trouvé des squelettes avec des traces d’ostéoporose, de calcification ou encore de déstructuration : vieillesse, maladie … cela semble importer peu.  reprit la scientifique tout en leur faisant passer tout un tas de croquis et dessins d’autres cénotaphes.

En effet, d’autres corps avaient été reproduits avec fidélité, montrant des déformations qui trahissaient un état de santé peut être déficient. Du moins, pour quelqu’un versé dans ces connaissances. Sans les annotations et images précises fournies par Muridas, c’était complexe à deviner : chacun sa discipline …


- J’ai peut-être une autre proposition à vous faire pour les sacrifices. Cette question m’a longtemps taraudée mais … Hm. Il se trouve que j’ai justement idée de personnes pouvant correspondre. Au sein du département Biologique du Magistère, nous traitons beaucoup de patients atteints de maladies incurables. Nous réalisons des traitements expérimentaux sur base de nouvelles découvertes ou sur l’utilisation du Myste, la Panacée, avec des résultats souvent … intéressants … mais il existe des maladies pour lesquelles, malheureusement, il n’existe aucune solution à ce jour. Pour ces patients … nous n’avons pas d’alternative que celle que vous pouvez imaginer lors que les médecins ne peuvent plus rien pour eux … et nous non plus. Je vous épargne le détail de l’organisation de la médecine en Opale, mais vous imaginez bien que lorsque ces patients se tournent vers le Magistère pour trouver une solution à leur mal, c’est bien en dernier recours … ou pour aversion envers le Myste et la recherche d’autres voies … ou de façon de mettre un terme à leur souffrance.

Cela pouvait sembler déplacé de la part d’une scientifique versée dans ces aspects mais il convenait de noter que, malgré l’appellation de Docteur, les scientifiques du Magistère n’étaient que rarement des médecins de formation. Voire pas du tout. Elle cherchait ses mots entre la meilleure façon d’expliquer ce qui se tramait dans les murs du Magistère sans non plus se conformer aux dires sur l’aspect sinistre de l’organisation qu’elle s’évertuait à faire grandir.

- Bref, c’est souvent une question de moyens et de dignité. Il se trouve que j’ai pris la liberté de sonder mes équipes et par un biais détourner d’identifier des patients volontaires pour une expérience visant à repousser la Brume. Prêts à sacrifier leur vie pour permettre à Opale de gagner un sursis. Plutôt que des prisonniers du Treizième Cercle … qui pourraient être plus dangereux au final … sans compter qu’il risque d’être compliquer de faire adhérer les nations à votre proposition sans trop en révéler sur la fragilité de l’Arbre-Dieu. Je … je ne suis pas très optimiste sur les entraves que pourraient vous opposer la politique interne de vos nations. Je … je pense qu’il est important que nous avancions de concert pour que cette décision soit commune. Mais …

Un Assistant fit irruption dans la tente et bégaya une excuse que le Docteur Muridas balaya d’un revers de la main. Il vint lui murmurer quelques éléments à l’oreille, puis elle échangea un regard avec Edward qui se leva et accompagna l’Assistant dehors, préoccupé.

- Quelque chose s’est passé : nos relevés se sont affolés. L’Arbre-Dieu a connu une nette augmentation de son activité avant de la voir décroître encore plus rapidement qu’avant. Et le phénomène semble s’amplifier de minute en minute.

Elle se redressa, méfiante. Observa l’assemblée. Un frisson glacé parcourut son échine. Et si …

- Avez-vous des nouvelles de vos camarades partis auprès du cœur de la forêt ? Et … avez-vous toute confiance en … eux ? Nous allons devoir agir vite si nous voulons limiter les dégâts … Je dois rejoindre mon équipe pour comprendre ce qu’il se passe. Je … je vous laisse le choix de la meilleure décision pour sauver l’Abre-Dieu.


Elle se leva, se dirigea vers la porte. Se tourna vers les membres de l’expédition. La lumière de l’ouverte jetait sur elle une aura diaphane, quasi divine. Une auréole dans laquelle jouaient les grains de poussière. Elyiesa prit une courte inspiration, se redressa comme pour se donner le courage d’aller affronter ce qui l’attendait. Jamais situation n’avait été aussi cruciale.

- Et pour sauver Uhr.

Lun 19 Aoû - 17:01
L’Agent du Magistère était agité depuis que l’élémentaire avait entreprit ses tentatives de contact avec l’Arbre-Dieu. Il n’avait pas pipé mot, laissé les aventuriers mener leur exploration mais il n’était pas difficile de comprendre que cette zone de la forêt mettait les nerfs de tous en pelote. Lors de l’assaut des créatures, Exerus avait disparut quelques minutes avant de revenir à l’instant de la deuxième tentative de Duscisio. Son plastron écorché trahissait ses actions. Il semblait avoir eu quelques déconvenues aux alentours avec les créatures. Son masque semblait ébréché et révélait une blessure sur sa joue, ainsi que l’émeraude de son œil droit. Un œil en amande, inflexible. Le Tartare carra les épaules, épongea sa blessure et replaça les mèches noires qui s’échappaient de l’ébréchure.

- D’autres rôdaient. J’ai tué leur chef de meute et cela semble avoir suffi pour l’instant. révéla l’Agent, ce qui sembla tirer un regard étonné du Patrouilleur qui estimait déjà avoir eu sa dose de chance dans son altercation avec ces créatures.

Il observa Exerus puis suivit son regard qui étudiait Duscisio pendant sa connexion. Son œil visible s’étrécit mais il ne dit rien. Puis soudain, il fit un bond arrière et dégaina son arme. Ryker sursauta lui aussi et lâcha un juron à faire pâlir un Jiangshi en dégainant son arme. En lieu et place de l’élémentaire se tenait à présent un être horrifique, constitué d’épines et de tiges rigides. Son visage décharné n’était plus qu’un amas végétal informe qui frémissait et laissait glisser des mots rugueux. Que s’était-il donc passé ? Ryker fut le premier à baisser son arme. Il hésita face à la créature qui lui rappelait de plus en plus les monstres qu’il avait déjà combattu dans la Brume mais se ravisa. Elémentaire ou pas, il restait une créature qui avait besoin d'assistance … non ? Il se baissa, tenta d’obtenir une suite de mots cohérents de sa part mais il fit chou blanc. Il maugréa et se releva pour approuver l’initiative d’Artémis.

- Si y’a un moyen de trouver … comment … lui rendre son état ou j’en sais rien, ce sera auprès de Seraphah. Bordel … mais c’est quoi cette embrouille … Et qu’est-ce qu’il a pu faire pour que ça lui tombe dessus comme ça ? C’est comme si la deuxième connexion avait été … pire. La première lui a déjà coûté pas mal … mais là … j’espère que c’est réversible. continua Ryker avant de sortir de son paquetage une couverture.


Il s’en servit pour emmaillotter l’élémentaire et l’attirer contre lui. A l’aide de son cristal, augmenta sa force physique et se sentit suffisamment fébrile à son contact pour en comprendre l’avertissement. La dernière confrontation avait beaucoup prélevé dans sa réserve, tout comme l’usage intermittent des autres cristaux et la nuit blanche. Il approuva l’idée d’Artémis d’utiliser le totem mais ne put se résoudre à l’utiliser lui : mieux valait préserver ses forces pour un usage futur. Il fallut plusieurs minutes pour parvenir à s’accorder au totem, et l’usage en serait très incertain, mais le félinimbus pourrait au moins aider pour quelques temps. Le Patrouilleur n’était pas sûr que la dépense d’énergie fut nécessaire mais il se remit à l’avis d’Artémis qui fit en fit l’usage. Peu après, il se remirent en route avec Exerus qui patrouillait autour. Il ne cessait de relever des traces pour tenter de retrouver la route mais avec l’assistance d’Artémis et son flair, ils parvinrent visiblement à les orienter dans la bonne direction. Ryker, quant à lui, restait aux aguets et protégeait le fétu de ronces et Smith. Ils trottinèrent pendant près d’une heure avant que l’avertissement ne monte. Ils accélérèrent le pas, Smith arriva vite à ses limites mais il les repoussa, mu par la peur. Puis vint l’évidence qu’il était déjà trop tard. Ils n’étaient plus si loin mais …

- Ne t’avise pas d’y rester. répondit le Patrouilleur, dont la peau couverte de sueur trahissait son état d’épuisement.

Léger moment de silence. Exerus s’avança. Le Tartare se positionna à côté du Loup Blanc. Il défit sa capuche et dégagea son visage du casque abîmé qui ne faisait qu’entraver sa vision. Le nascent avait cessé de fonctionner, rendant son usage superflu à présent. Le Tartare révéla une longue chevelure brune qui tombait en cascade sur ses épaules. Sa peau blanche comme la neige, les joues rouges comme le sang et les cheveux noirs comme le bois d’ébène. Un nez légèrement retroussé et probablement une des plus belles femmes qu’il ait jamais été donné d’apercevoir aux trois hommes de l’expédition, sans compter Duscisio. Elle s’empara d’un bout de tissus et l’utilisa pour attacher ses cheveux et dégaina son arc. Sa voix à présent libre n’était plus transformée par son masque et révélait une étrange douceur dans son ton maintenant qu’elle n’était plus mécanisée ni altérée.

- Le Patrouilleur aura besoin de votre flair pour retrouver sa route, Loup Blanc. Sans mon masque, je ne retrouverai pas mes marques sur le passage, mais votre odorat le pourra. Je m’occupe de ces créatures, occupez-vous de trouver une façon de faire parler l’élémentaire et que cette expédition n’ait pas été inutile. Faites une trace sur les arbres lors de votre passage que je puisse vous retrouver.

Elle encocha une flèche et les contours de son armure se brouillèrent lorsqu’elle s’avança dans les fourrés. Exerus bondit sur les branches d’une simple flexion des genoux puis disparut à leur vue, bénéficiant d’un camouflage presque parfait. Il n’était pas nécessaire d’être devin pour comprendre que les chances d’en sortir étaient extrêmement faibles et si elle venait très certainement de sauver la vie d’Artémis, son choix n’était guidé que par un pragmatisme profond. Son nascent détruit, elle ne pouvait plus retrouver sa route. Ryker n’en était pas capable, Duscisio était hors combat. Ne restaient que les compétences d’Artémis.


Résumé:
Jeu 29 Aoû - 22:10


Coeur d'Uhr


Le secret de cénotaphes

Artémis, Seraphah, Nostell, Ryker, Duscisio




Portrait de famille:

Le docteur Muridas avait raison. Beaucoup d’hypothèses méritaient leur intérêt. Mais en ce jour, seuls les acquis concrets et les décisions efficaces comptaient.

Malgré tout, Ellendrine ne pouvait s’empêcher de réfléchir aux derniers dires. Les ancêtres n’avaient pas procédé par le sacrifice de criminels, selon Edward. La qualité de l’âme importait quelque peu. En plus d’être exempt de brume. L’Arbre-dieu, l’anti-brume. Uhr, la pureté. La pureté du corps, mais aussi celle de l’âme. La pureté serait-elle le véritable bouclier de l’humanité face à la Malice ? C’était un scénario beaucoup trop manichéen pour lui paraître crédible. Pourtant, une telle exigence expliquerait la ferveur religieuse polarisée autour du bien et d’un dieu protecteur.

Elle aurait bien échangé avec Edward, mais une autre fois. Il n’était pas temps.
-« Soigner les plaies serait déjà un soulagement pour tous… mais ne baissons pas les bras. Je me demande depuis un moment si Duscisio serait capable d’utiliser ses capacités pour faire repousser les racines de chaque côté des berges des blessures. Et si une héspéride pourrait l’y aider. Pour autant que nous en sachions, cela n’a jamais été tenté de cette manière."

Il n’était que temps de s’extraire de cette fosse exposant le cadavre et les racines pour recevoir les victuailles si gentiment offertes par les assistants. Ce n’est qu’en croquant dans un grain de raisin qu’Ellendrine réalisa la déplétion de ses ressources, que la colafée avait si bien masqué jusqu’ici.

Plutôt que des criminelles coupables des pires exactions, le Dr Muridas semblait épiloguer en direction de criminels de droit commun, voire de malades… se trouverait-t-il parmi les souffrants des âmes assez désintéressées pour offrir leur vie contre celle des autres ? Sa dernière interrogation, elle n’osa pas la partager à voix haute : le sacrifice devait-il être pleinement consentant ? Elle se doutait que les factions au désespoir n’auraient pas la même manière d’aborder l’urgence de la situation, certaines allant jusqu’à rafler les patients des hôpitaux ou les vieillards dans sur les marchés.

L’exposition du programme de la Panacée lui fit froid dans le dos. Muridas se rendait-elle compte de l’horreur qu’elle leur livrait sans ambages ?

-« Dans tous les cas, je pense que le mieux serait d’expliquer clairement ce à quoi s’engagent les malades et s’assurer qu’ils en comprennent les raisons avant de pouvoir ou non délivrer leur consentement. »

Avant l’interruption critique de l’assistant, Ellendrine eut le temps d’intervenir :
-« Si vous pensez avoir un moyens de gagner du temps pour Opale, allez-y. Mais personne ne peut faire l’économie de la collaboration. Seraphah, ne me racontiez-vous pas que le haut commandement a été soumis à la Purge suite aux attentats d’Opale et la révélation de la trahison… »

Il était toujours délicat de mentionner l’imposture du Régent dans le contexte d’un régime si autoritaire et porté sur le culte de la personnalité. Mais tout le monde pu compléter sa phrase à sa manière.

« Quant à Aramila, vous seriez sans doute surprise du nombre de Justes qui seraient d’accord pour servir d’Oblats à leur peuple, avec la confiance de rejoindre l’Isthe. » dit-elle sans aucune condescendance. Qu’on les pense crédules ou tout simplement vertueux, leur dévotion à leur culture forçait le respect.

« Nous ne pouvons pas non plus ignorer la conflictualité rampante entre les nations d’Uhr. Le périmètre de l’Arbre-dieu et les cénotaphes doit faire l’objet d’un traité international pour qu’aucun cénotaphe ne soit jamais pris pour cible militaire. Cela paraît essentiel, quand bien même les accords devraient rester secrets pour les raisons que vous évoquez. »

Ils n’eurent pas le temps de pousser plus loin ces revendications. La catastrophe leur fut révélée, bien que dans un premier temps, sous une tension palpable, tous soient condamnés à regarder l’excitation d’Edward à l’oreille de Muridas sans savoir de quoi il retournait.

Soudain, l’archéologue repensa aux pétales de roses blanches qui s’effritaient entre ses doigts.
-« Je suis presque sûre que nos amis n’auraient causé aucun mal volontairement à l’Arbre-dieu, même si la confiance est chose diffuse à notre époque… mais… n’avez-vous pas remarqué… toutes les roses de Duscisio ont fané d’un seul coup… sans doute lui est-il arrivé quelque chose d’important… bonne chance Dr Muridas… je crains que seul un sacrifice immédiat ne puisse stabiliser l’Arbre-dieu. »

Sous cette déclaration tonitruante, Muridas disparut théâtralement au milieu d’assistants, les faisant passer pour une fourmilière. De son côté, Ellendrine était au bout de ses ressources.

-« Je dois absolument me reposer. Je ne serai d’aucune utilité à personne dans ces conditions… j’ai bien peur que nous ne tirions à la courte-paille qui servira de repas à l’Arbre-dieu… »

Et sur cette note totalement fataliste, elle termina son repas et sa boisson avant de partir s’écrouler sur un lit de camp aux côtés de Farouk. Ce dernier lève une paupière pour la surveiller. Peut-être qu’à son réveil, le monde tel qu’ils l’avaient connu ne serait plus. Peut-être, la brume serait-elle alors la maîtresse incontestée d’Adhra et de toutes les formes de vie. Si elle ne se réveillait plus jamais, au moins, n’aurait-elle pas à s’en inquiéter.

Il était l’heure de laisser aux autres leur part de génie et d’initiative. Peut-être aussi l’heure de s’en remettre à une part de foi et aux instances supérieures, quelle que puisse être leurs formes au-delà des croyances humaines.


Spoiler:


Dernière édition par Ellendrine Brightwidge le Ven 11 Oct - 23:31, édité 3 fois
Dim 1 Sep - 9:57

Cœur d'Urh

De problème en problème en compagnie d'Artémis, Seraphah, Duscisio, Ryker et Ellendrine

Ce n'était pas évident. C'était même loin, très loin de l'être. L'Arbre-Dieu était un élément naturel complexe. Sa complexité était égale à ses dimensions gargantuesques. Les cénotaphes ne pouvaient vraisemblablement pas être nourris avec de simples bêtes au risque d'empoisonner les racines du grand gardien d'Urh face à la Brume. Et même en arrivant à rétablir la connexion préservative des tombes, il y avait peu de chance de parvenir un jour à écarter significativement l'emprise de la Malicieuse.
Combien de temps prendrait une telle opération ? Nostell n'était même pas sûre de pouvoir vivre assez longtemps pour y assister.
A les entendre, nos diverses propositions relèveraient presque du placébo.
Et même pas du pauvre petit pansement !
Le monde était-il condamné à dépérir avec cet arbre gigantesque ?
Le lieu de la réunion fut déplacé jusqu'à la tante de la principale scientifique. Celle-ci en avait profité pour récupérer un peu de son énergie manquante avant de leur exposer la perspective d'un autre sacrifice, moins immoral que celui de simplement balancer des prisonniers condamnés entre les racines d'un arbre gourmand.
Conférer une utilité à ces ces corps à moitié morts n'est pas une mauvaise suggestion. Ces gens souffriraient-ils davantage ? Doit-on se soucier de ces détails dans une situation aussi urgente que la nôtre ? De modestes sacrifices pour sauver de nombreuses vies. A mon sens, la question n'est pas si épineuse.
Restait cette histoire de conflits entre les différentes nations. Plein de paperasse en perspective ; toujours plus de temps de perdu pour des questions de confiance. Confiance qui n'était pas au beau fixe entre les membres de cette expédition et les Opaliens en charge des lieux.
Nostell se massa discrètement le front.
Même si cela nous concerne tous, je me sens de plus en plus étrangère à ces discussions. Tous ces traités en devenir et ces alliances précipitées... C'est sûr qu'il y a de quoi se montrer méfiant.
Ah ! Attention : nouveau problème.
Un assistant avait fait irruption dans la tante pour chuchoter quelque chose à l'oreille de sa supérieure hiérarchique.
Cette dernière parut tout de suite en moins bonne santé que tout à l'heure.
Un métier vraiment pas facile, de toute évidence. Force à cette femme épuisée par un stress quasi permanent.
Il y avait eu du mouvement - énergétique - du côté de l'Arbre-Dieu. Et, naturellement, on remettait en cause l'activité des quelques personnes envoyées sur le terrain.
Cela ne se serait pas bien passé ? Encore une mauvaise surprise à poser au sommet d'une pile de catastrophes aussi haute que branlante.
Comme d'habitude, la mercenaire ne laissait rien transparaître de ses émotions. Elle pensait plus qu'elle ne s'exprimait, et c'était peut-être mieux ainsi ; le moral était au plus bas parmi les différentes partis. La fatigue se faisait ressentir chez tout ce beau monde. La strigoi bâilla dans sa main, regarda une dernière fois les autres, puis sortit de la tente en silence.
Si personne ne se bouge pour sauver ce monde à l'agonie, je devrais peut-être me dévouer en expédiant le corps d'un type que j'aurais laissé à moitié mort dans le trou prévu à cet effet. Ce serait forcer la main du Magistère et me faire quantité d'ennemis importants - pour peu que l'on me prenne la main dans le sac. Mais tout ceci, n'est-ce pas ce qu'on appelle la rançon du succès ?
Succès que la mercenaire ne cherchait pas, et ce pour des raisons personnelles.
Si les Ombres de la Main se mettaient à ses trousses après avoir eu vent de son geste, elle ne tarderait pas à rejoindre dans l'autre monde, en tant que déserteur et meurtrière, le scientifique qu'elle aurait agressé pour nourrir les cénotaphes.
En tant que mortel, notre égoïsme est pétrifiant.
Elle soupira avant de se fondre dans la nuit.


Résumé:
Mar 3 Sep - 23:29


Une femme. Une si belle femme se cachait derrière un masque si effrayant. Le vagabond écarquilla ses yeux en la voyant s’approcher de lui. Elle affirma que c’était son rôle de se sacrifier pour la réussite de la mission, que le Portebrume était le seul à pouvoir guider les autres au campement. Artémis détourna la tête. Exerus ne survivrait pas à un tel affrontement, surtout sans ses nascents. Et elle n’avait pas tort sur le reste. Se tenant toujours aux côtés de la ravissante et redoutable guerrière, il s’imaginait guerroyer avec elle plutôt que de l’abandonner à son sort. Malheureusement, la raison devait le guider davantage encore que ses principes, et donc poursuivre sa route en direction du campement.

« Comment t’appelles-tu ? », demanda l’homme aux cheveux d’albâtre, ne laissant aucun doute quant à la réponse qu’il attendait : le véritable nom du tartare. Mais sans grand étonnement, cette dernière répondu simplement : « Exerus. ». Artémis sourit à pleines dents et se retourna vers la petite troupe qui l’attendait. « Dans ce cas, Exerus, puissent les dieux te donner une issue de sortie. Je reviendrai une fois la mission accomplie. ». Et il s’en alla sans un mot. Il indiqua la direction à suivre avant de se remettre à la course. Ils entendirent des bruits des affrontements qui se déroulaient au loin, jusqu’à ce que ces sons ne disparaissent complètement. Non parce qu’ils s’achevèrent, mais parce que la dense végétation finit par les camoufler.

Le vagabond inspecta l’état de l’élémentaire, méconnaissable. Dans cet état, il n’était plus d’aucune utilité et ne semblait pas être en mesure de décrire ce qu’il avait vu. Les chercheurs ne pourront rien en tirer. Pourtant, il restait la seule personne vivante à être entrée en communication avec l’Arbre-Dieu, devenant ainsi un véritable trésor pour le monde entier. Pauvre créature, songea l’aventurier. Plus personne ne te laissera en paix à présent. Alors qu’ils avançaient, éloignés du danger, Artémis continuait de guider dans une sorte de semi-présence psychique. Ce retour entraînera forcément des nouveautés, des découvertes. A quels prix ? Exerus avait déjà donné de sa personne. Peu de chance de la revoir un jour. Le Portebrume n’était pas un sentimental, c’était du moins ce qu’il pensait en songeant à tous ceux qui étaient morts auprès de lui, mais il n’avait pourtant jamais oublié ces derniers, abandonnés pour lui permettre de poursuivre la mission.

Le campement était visible. Ils avaient réussi à le retrouver et l’atteindraient sans souci. Le Loup-Blanc ne ressentait plus aucun danger, aucune trace de leur bourreau. On leur ouvrit les portes du campement, accueillis par des tartares, qui n’exprimaient évidemment rien. Se « balader » comme ils l’avaient fait et revenir en vie, avec une telle fatigue accumulée, relevait du miracle. Mais comme dicté par un fort sentiment de culpabilité, il rebroussa chemin après s’être assuré que Duscisio était entre de bonnes mains. Et ce fut Ryker qui s’interposa, le poussant presque pour l’empêcher de poursuivre sa quête suicidaire. Les deux hommes se connaissaient bien. Quelqu’un d’autre aurait pris son poing en pleine figure. Le poing serré, le regard sombre, Artémis resta figé face à son comparse. Immobile. Il resterait ainsi encore quelques longues minutes.

La Mort. C’était le prix à payer pour quiconque l’accompagnait dans ses aventures.


Mar 3 Sep - 23:34


Coeur d'Urh


Conquête Sacrée

Artémis, Ellendrine, Nostell, Ryker, Duscisio






Aelan ne cessait de bouger tandis que les propos de la docteur résonnait dans sa tente. Le trou, ayant servis de tombe n'était pas si loin. Et cela se ressentait au sein de la discussion qui s'en suivait. L'élémentaire commençait à comprendre qu'il n'y avait pas eu d'élémentaire, simplement car tous ceux touchés par la Brume seraient néfastes pour l'arbre. Tandis qu'Ellendrine participait activement à la conversation, son regard se porta sur le reste de fleur qu'il lui restait de Diuciscio. Que s'était-il donc produit? Est-ce que l'Arbre l'avait attaqué, ayant eu l'impression d'avoir été attaqué par son contact? Est-ce qu'en tant qu'élémentaire touché par la Brume, il était automatiquement "mauvais", comme si sa nature avait été détournée et qu'il n'y avait donc pas là d'évolution, mais une involution?

Il était songeur, se rattachant à la voix de la scientifique et de l'archéologue qui soulevait un point concernant les Hespérides...Leur nature n'avait pas été embrumée...Elles seraient peut-être des alliées non négligeables. Il eu le temps d'acquiécer et de précisément qu'Epistopoli avait pris des solutions drastiques suite au Mandebrume. Ce dernier était comme une balafre au milieu du visage, venant impacter la réputation de la Citée et du commandement de cette dernière. «Si je venais à en parler, cela serait uniquement à Elias Van Beck qui a à coeur comme nous tous ici, la survie de l'arbre...Pour le reste, je doute qu'il y ai le moindre traitre dans nos rangs. Une fois suffit.» Et pas la moindre fois.

Pour la suite, il nota les tensions présentes face à l'autre partie du groupe. Il semblait que les nouvelles que l'assistant venait d'annoncer n'étaient pas rassurantes. Quand la docteur prit la parole, il comprit en quoi c'était alarmant. Il était bien entendu en accord avec le fait d'amener des malades à l'Arbre. En tant que médecin les documents présentés lui étaient assez clairs...Toutefois, le temps semblait compter, et ils ne pouvaient se permettre d'attendre de rapatrier qui que ce soit. Il allait falloir agir avec leurs propres moyens, la docteur et son équipe disparaissant.

Son regard se posa sur Ellendrine et Nostell. Cette dernière s'éclipsa suite aux paroles de sa patronne qui bottait au lit. De son côté il n'avait pas besoin de dormir, ni de manger qui plus est. Seul avec Maelström, ce dernier prit la parole: «J'ai entendu le professeur Herald se plaindre de son arthrose...Ainsi que la botaniste Avira de...» Maelström se tut de lui-même. Seraphah avait baissé la tête. Il réfléchissait. Mais surtout, il ne semblait pas en accord avec le fait de donner en pâture des personnes ayant des compétences chères à Epistopoli et au monde. Quand son regard retomba dans celui du Porte-Brume, il sembla acquiécer en partie: «Nous pouvons leur exposer la situation...Aucun ne porte la religion aramilane, mais le bon sens qui nous est parvenu avec les faits et l'urgence de la situation, devrait aussi leur sauter aux yeux...» Un silence court. «Et si l'un d'eux ne se porte pas volontaire, tous les autres seront en accord pour le sacrifice.» Il ne voulait pas de cela...Mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas voir tout Urh sombrer sous la Brume.



Spoiler: