Mer 24 Juil - 0:34
MJ - Coeur d'Uhr
Au coeur de la forêt sont honorés les anciens
Les scientifiques eurent tôt fait de faire leurs paquetages, la plus grande partie des équipements resterait sur place et ferait office de témoin pour les prochains imprudents qui oseraient s’aventurer dans la forêt. Le Docteur Muridas parut glisser sur les remarques des uns et des autres. Elle ouvrit bien la bouche face aux critiques d’Ellendrine mais chassa cette remarque d’un geste de la main. Elle passa outre l’insulte faite à son propre domaine de prédilection, passa outre la désinvolture de la jeune femme face l’urgence de la situation.
- Vous êtes … bien entreprenants. conclut-elle, à mesure que le fantasque groupe d’aventurier faisait des siennes pour exposer sa vision de la situation.
Elle observa la scientifique pendant de longues secondes, lorsqu’elle photographia les Cénotaphes. Plissa les yeux lorsqu’elle jeta une nouvelle fois un œil par-dessus l’épaule des équipes pour tenter de glaner la moindre parcelle d’information. C’était … très malpoli. La Docteur se concentra sur ses hommes, dont certains paraissaient encore secoués par leur échauffourée. Elle s’approcha de l’un d’eux, qui avait la tête entre les mains, et lui murmura quelques mots de réconforts qui l’aidèrent à se relever et à reprendre le compte de sa mission. La faiblesse n’était pas commune au sein du Magistère. Mieux valait passait le balais, et éviter que cela se reproduise pour leur sécurité à tous. Elyesa observa le camp.
- Quant aux morts, je crains que nous n’ayons pas le temps de les enterrer. Ce qui importe, ce sont les … données. Il y a plus à jouer ici que ne le valent chacune de nos vies. De vos vies. continua le Docteur, à l’attention autant de ses propres hommes que de la troupe d’aventuriers.
Elle fit deux trois signes et les Tartares s’activèrent. Exerus s’approcha d’elle, ils échangèrent quelques paroles à voix basse. Le nouveau coup de semonce adressé par Seraphah la fit soupirer. Elle grinça des dents, leur offrit un sourire de façade.
- Merci pour votre compassion. Nous savons exactement ce que nous faisons ici, mais il est fort aimable de vous en préoccuper. répliqua-t-elle, son amabilité devenant petit à petit de plus en plus glaciale et cinglante.
Elyesa observa la troupe de scientifiques étrangers, puis les quelques siens.
- Non, nous n’avons pas d’équipe proche de l’Arbre. Mais nous n’avons pas besoin d’y accéder pour comprendre ce qui s’y passe : la faune y est bien plus dangereuse et quelque chose rôde là-bas que même mes agents ne peuvent affronter. Il serait malavisé d’y aller sans y être préparés. De mon côté, je n’ai besoin d’aucun relevé sur place. Mais si votre ami élémentaire peut s’y connecter et … glaner des infos, cela peut vous aider en effet. Cependant, je tiens juste à préciser que ce phénomène qu’il a observé n’en sera que plus fort sur place. Il n’est pas toujours sain de s’enfoncer dans les méandres d’un être-vivant millénaire … avertit-elle, tandis que Duscisio s’avançait vers elle.
Avec stupeur, et un peu de gêne, elle le sentit prendre sa main et ne s’y déroba pas. Mais ce contact la fit frissonner et la décontenança plus que ne sembla la satisfaire. Elle leur souhaita bon courage puis entreprit de mener sa propre équipe auprès du camp principal. Elle échangea de nouveau quelques mots avec l’agent Exerus, qui s’en alla, lui, avec l’équipe en destination de l’arbre.
- Je vous accompagne. Il serait malavisé qu’Opale ne fournisse pas de main à l’effort. expliqua l’agent de sa voix métallique et monocorde. Ce n’était pas une justification, mais un fait : il ne leur en laissa pas trop le choix.
De l’autre côté, la troupe fut rapidement encadrée par l’agent Ceros qui s’avança avec son armure d’or et de vert pour ouvrir la marche … et pour la fermer ? Deux agents aux parures identiques ? Cela expliquait peut-être quelques étranges tournures de phrase … L’un d’entre eux avait cependant de larges griffures sur son armure. Quoi qu’il en fût, la petite troupe profita d’un chemin au sein de la végétation qui avait été emprunté plusieurs fois mais qui commençait déjà à redevenir sauvage. Ils marchèrent quelques centaines de mètres. Ils se repéraient dans la nuit grâce à des lanternes à capote, tout ce qui y avait de plus classique. Les équipements du camp avaient été rangés dans des dispositifs équipés de nascents de spatiokinésie pour faciliter leur transport. Le reste, trop gros, avait été abandonné là.
Il leur fallut le reste de la nuit et quelques heures du petit matin pour rejoindre le camp principal, avec plusieurs arrêts et détours commandés par les Tartares expérimentés. Chacun des aventuriers y alla de son commentaire, mais les agents Ceros n’étaient pas aussi affables que leur première rencontre et il ne fallut pas longtemps pour comprendre qu’il ne valait mieux pas les contredire. Ils obéissaient à Muridas, mais guère plus. Avant de voir le camp, ce fut la pointe d’un immense Cénotaphe que les explorateurs purent apercevoir, puis vint la rencontre d’un troisième Ceros qui les accueillit et les mena au camp. Ce dernier n’était pas beaucoup plus grand que celui dont ils venaient, mais il y avait plus de monde et davantage d’armes. Quelques équipements bourdonnaient et ronronnaient en livrant des relevés autour desquels s’activaient d’autres scientifiques. Il y avait aussi un groupe qui avait élu domicile au pied du grand cénotaphe et qui héla Muridas dès son retour. L’un d’eux, un grand blond aux yeux d’acier, lui fit un amical signe de la main et leva une liasse de papiers devant elle.
- Ely ! Ely ! On a trouvé ! Les .. les cénotaphes sont la clef !
Il s’approcha et la prix dans ses bras, puis se ravisa et s’excusa tout bas avant de remarquer le reste de l’équipe.
- Heu … Docteur Muridas, je … n’avais pas vu que vous avions des … heu invités. Ahem, excusez-moi : je suis Edward Wayken, et vous êtes ?
Après ces quelques bévues, les présentations furent faites et on les mena à la tente principale. Une odeur assez forte régnait dans le camp mais personne ne semblait s’en préoccuper. Le groupe était exténué de son trajet et le manque de sommeil avait creusé des cernes chez tous. Des lits leur furent proposés, tandis que les scientifiques échangeaient leurs conjectures. Elyesa paraissait exténuée, comme tous, mais elle tenait bon. Au bout d’un certain moment, on lui livra une tablette qui compilait les résultats des différents tests menés auprès des Cénotaphes. Elle les convoqua tous dans la tente principale où elle tint conseil avec Edward et quelques scientifiques émérites. Ainsi que le groupe d’aventuriers.
- Les cénotaphes, sont le dernier rempart contre la Brume. Or, nous avons pu traduire quelques points. Cela parle d’un sacrifice, et d’une solution pour endiguer la Brume. Certains fragments mentionnent Zénobie, et un laboratoire mais ça semble … surréaliste. reprit Edward.
- Si la traduction des inscriptions ne ment pas, allié à mes relevés … nous sommes faces à un dilemme. Les chiffres sont sans appel : la vitalité de l’Arbre-Dieu n’a jamais été aussi basse. Et il ne cesse de décroître. Tout comme les Cénotaphes mais à un rythme inférieur. La destruction des racines a laissé … des traces irréversibles … conclut-elle, dépitée. L’énergie vitale de l’Arbre-Dieu est en chute libre. Dainsbourg, Opale … tout ça n’est que le début : bientôt tout toute Uhr sera envahie par la Brume.