Mer 19 Juil - 21:28
Les mines englouties part. 1
Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan
Retrouver son corps fut aussi douloureux qu’appréciable. Il put rattacher sa jambe de métal pour continuer l’aventure plus sereinement. Elizawelle les interpella, Lillie étouffa sa surprise en découvrant les êtres qui monopolisaient les entrailles de la mine. Malgré ses lunettes, tout en plissant les yeux, Lewën ne distingua que des formes floues à cette distance. Il ne pouvait que faire confiance à ses partenaires. La Xandrienne les apostropha ce qui eut pour effet de rameuter un groupe au bout du pont, la masse floue devint plus dense.
Le coup d’épaule de Lillie l’incita à l’imiter, Lewën leva les mains à son tour et tenta une approche qui l’avait, par le passé, permis d’obtenir les bonnes grâces d’humains. Qu’en était-il des gobelins ?
- JE SUIS MÉDECIN, NOUS SOUHAITONS JUSTE SOIGNER D'ÉVENTUELS BLESSÉS ET LES RAMENER À LA SURFACE SI BESOIN. Sa voix ne portait pas autant que celle de Lillie, l’ouïe des gobelins sembla pourtant l’entendre.
Le bruit répétitif, qui n’était autre que celui des pioches, s’essouffla pour laisser place à un lointain débat de sons gutturaux que couvrait le courant résonant. Une des créatures s’avança sur le pont jusqu’à son tier avant de s’adresser aux groupes d’aventuriers de sa voix râpeuse.
- TOI LE MÉDECIN, TU VIENS.
Ce n’était pas une invitation, non. C’était un ordre. L’Epistote consulta ses partenaires du regard, il n’était pas difficile de comprendre l’avis de tout le monde. C’était une mauvaise idée. Peut-être qu’Opale se suffirait d’une telle explication dans sa mine : des gobelins ont envahi le lieu. Le scientifique savait bien que non. Il fallait toujours apporter des preuves, étayer ce qu’on avance. S’il y avait des gobelins, que faisaient-ils là ? Combien étaient-ils ? Leurs intentions étaient-elles mauvaises ? En l’état, le trio ne pourrait satisfaire aux exigences de leur mandataire. Oui, bien que non recrutée par la Guilde Lillie était maintenant autant impliquée qu’eux, et s’ils devaient avoir une récompense, Lewën entendait bien la partager avec la femme qui s’était montrée plus qu’aidante à leur égard. Enfin, s’ils sortaient d’ici en un seul morceau …
Voyant que rien ne se passait le gobelin insista :
- SI LE MÉDECIN SOIGNE KWYGI, MOI RELÂCHERAI LES MINEURS !
Ah. Les choses se compliquaient. Il y avait réellement d’autres humains sous terre, en prise avec ses créatures qui plus est. L’évidence des minutes précédentes s’étiola.
- Je crains que nous n’ayons guère le choix, s’adressa-t-il à ses coéquipières. Elizawelle, as-tu assez d’énergie pour faire intervenir le Jaguar au besoin ? souffla-t-il.
Il s’avança prudemment, posant un pied sur le pont flottant, puis l’autre fictif. Les planches de bois tanguaient sous sa démarche boiteuse, il se tint fermement aux cordes, priant pour que rien ne cède. Il sentit le pas de l’une de ses partenaires qui remua la passerelle ce qui déclencha aussitôt des protestations chez les possesseurs des lieux.
- NON, s’énerva le gobelin à l’autre bout qui claqua bruyamment la langue à l’attention de ses camarades. QUE LE MÉDECIN !
Au loin, les êtres s’agitaient. Certains partirent et revinrent quelques minutes plus tard avec une masse plus grande qu’eux, menaçant de la laisser tomber dans le gouffre. Une bruit de peur résonna contre les parois.
- SI VOUS NE FAITES PAS C’QU’ON DIT, LUI MOURRA ! menaça-t-il l'humain prisonnier.
Lewën tourna légèrement la tête vers Elizawelle et Lillie pour les inviter à faire ce que disait la vile créature d’un hochement de tête. Une fois seul sur le passage, il le traversa. A peine arriva-t-il de l’autre côté qu’on le fit tomber à terre pour lui fouiller sac et vêtements. Il fut démuni de son arme et de ses cristaux, l’appréhension lui saisit l’estomac.
- Ce sont mes instruments pour soigner. dit-il d'un ton qui se voulut neutre à l’attention d’un des hominidés qui s'accaparait de ciseaux, de son masque, de bandes et de tout ce qu’il trouvait d'intéressant dans la besace.
- Nous rendre à toi si tu as besoin pour soigner Kwygi. répondit celui qui s’était imposé comme le chef du groupe.
Lewën put observer les êtres à la peau verdâtre, aux oreilles pour la plupart longues et affutées. Ils étaient une quinzaine autour de lui, et sûrement bien plus dans les galeries où on lui imposait d’avancer. Sur les côtés, des roches blanchâtres aux veinures grises étaient amassées dans des brouettes. Le dépigmenté n’avait jamais vu un tel minerai et n’avait aucune idée de son utilité. Après un long couloir aménagé par les créatures, on le poussa en avant dans une tente d’où une odeur de pourriture stagnait. Un gobelin était allongé là, haletant.
- Kwygi attaqué par mineur; lui a perdu beaucoup de liquide. La blessure est grande. dit-il en soulevant le tissu faisant office de pansement.
La plaie n’était pas belle à voir, gangrénée, Lewën savait que le le bras du gobelin était condamné, si ce n’était la créature elle-même.
- Je vais avoir besoin du matériel que vous m’avez retiré, et de mes cristaux.
Le chef grogna sans esquisser un mouvement. Lewën dû se justifier pour tout récupérer.
- Le masque et mes gants vont me permettre de le soigner sans risquer de le surinfecter. Il était trop tard pour cela, peut-être même le gobelin contracté une septicémie. Je vais devoir nettoyer sa plaie, j’ai besoin des ciseaux, de l’alcool dans ce petit flacon que votre ami tient là, et de bandes. Quant aux cristaux, ils vont me permettre de lui transfuser de l’énergie pour l’aider à guérir. Vous n’allez pas aimer mais il me faudra des volontaires pour partager votre essence vitale avec … Kwygi.
Un nouveau grognement accueillit sa tirade.
- Vous êtes armés, je suis sans défense. Au moindre signe de menace sur votre ami vous serez bien plus rapide à m’abattre. Croyez-moi, je suis médecin, pas assassin.
D’un mouvement de tête, le chef fit signe à ses comparses d’obtempérer. Lewën récupéra une bonne partie de ses affaires et surtout, ses précieux cristaux.