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[REQUÊTE] Ad Nauseam

[REQUÊTE] Ad Nauseam Brandw10
Jeu 18 Avr - 19:50

Acte I, scène I

Retrouvons nous, grandioses esprits, découvrons nous, esprit innocent


L’air sentait la poussière. La poussière lourde, encore meuble, martelée longuement par des pas incessants, la paix d’une ville entière troublée par quelques âmes avides. Andoria se tenait fière, citadelle dans la crevasse des terres brûlées, prise d’assaut par les crocs des envieux. Certaines personnes peuvent lire l’avenir dans les nuages, d’autres dans le marc de café. Alors qu’un long filet de fumée s’échappait de ses lèvres rouges, parviendrait-elle à lire leur avenir dans ces ondulations? Secrètement, elle espérait y lire les intentions carnassières de quelques joyeux lurons venus lui faucher l’herbe sous le pied.
Ils étaient arrivés à Andoria depuis moins d’une journée. Un petit groupe, une délégation minuscule, même. Et aussi hétéroclite que diverse. Les Xandriens sont fiers, marchent la tête haute au milieu du sable, de la cendre, troquant la glace pour le sol noir de suie. Mais leur projet secret valait bien toute la suie du monde, et les tâches sombres sur leur joue deviendraient les marques qui peignent les guerriers quand ils seraient auréolés du triomphe des vainqueurs.

Si seulement.

  - Hari est furieux.

Une voix féminine résonnait derrière son épaule, tirant la petite poupée de Xandrie d’un songe éveillé. Lan-Lan tranchait sur l’Immaculée, citée des justes et des enfants de la pluie. Trop colorée, trop rouge, une spinelle mordante sur un lit de calcite. Abritée sous son ombrelle, elle semblait perdue, hors de son décor de velours et loin de ces salons coquets où seuls transpirent arômes nobles et exotiques. Apprêtée de ses atours de Xandrie, elle faisait… Tâche. Une tâche claironnante à l’image des anneaux de jade qui jalonnaient ses cheveux tressés, teintant joyeusement avec chacun de ses gestes comme une comptine ancienne, minérale. Ses yeux vinrent rapidement retrouver ceux de Miyuke, longue figure gracile, habile produit des cours ayant finit son parcours au Conservatoire. L’une comme l’autre se toisait secrètement, trouvant en l’autre la même réponse taciturne et le même désappointement. Pour Lan-Lan, cela se traduisait en un soupir nerveux, et le réflexe de mordiller le bout de sa pipe avec une nervosité qu’elle ne prit pas la peine de cacher.

Elle était en position de puissance sur cet échiquier sauvage. Ses chaussures n’étaient pas celles des nobles aujourd’hui mais celles des monétaristes, jolies souliers cousus d’Astras, d’or et d’aventures… Rentables. Oh, c’était une belle couverture, bien sûr. D’autres ambitions se logeaient sous ce front laiteux. Mais il était bien inutile de les révéler au grand jour.

J’imagine que les nouvelles ne sont guère charmantes. Il me tarde de les entendre. Un sourire jaune sur les lèvres, elle appuyait là où ça faisait mal.

Il fallait dire qu’ils avaient mis les astras sur la table pour aider le Conservatoire dans sa quête de connaissance. Une mission qui d’ordinaire n'intéressait pas beaucoup ses confrères, plus avides d’opérations financières ou d’objets rentables. D’ordinaire, elle aurait suivi sagement - ses affaires, elle les faisait ailleurs. Mais là… L’occasion était trop juteuse, l’objet de ses désirs trop sombre, trop mordant, servi sur un plateau de pitié. L’étude du viscuphage, maintenant, alors que le monde court à sa perte? Après tout, pourquoi pas, finançons le. Finançons-les, vous verrez. Tout est bon pour aider le monde dans ses découvertes, et c’est l’occasion de faire briller la nation, non?
C’était trop beau. Bien sûr, les bouches s’étaient déliées trop vite, l’opération avait fuité.

Opale et Epistopolie ont tous les deux dépêché une délégation. Avoua la scientifique. Leur objectif serait le même que le nôtre.

Miyuke cachait secrètement sa nature d’élémentaire de terre sous une silhouette élégante. Elle était une des trois scientifiques du Conservatoire à partir en quête du monstre. Les deux autres, Lilian et Yuri, devaient encore être en train de négocier le départ à la hâte pour espérer devancer les potentiels concurrents.
Devant ce piètre spectacle, Lan-Lan regardait d’un œil circonspect la tragédie en trois actes, dont le premier consistait en la découverte des racines de son mal.

C’est fâcheux. Ses lèvres s’entrouvrirent à peine, laissant seulement s’échapper un filet de fumée blanche en plus des mots énervés. Très fâcheux.

La vapeur poivrée s’envolait vers les colonnes, s’enroulant avec malice autour de la pierre. Ancienne, ocre, comme toute la ville qui semblait issue des contes qu’elle lisait enfant. Des histoires de princes, de princesses, de brume et d'histoires simples. Mais tout cela n’avait rien de simple. Et des princesses, il n’y en avait plus que dans l’imaginaire des petites filles.
Et notre fille était désappointée. Dans sa main roulait le bout de sa pipe, un épais bloc de bois d’ébène taillé de la forme d’un tigre dont les yeux jugeaient tout, et dont la gueule ouverte crachait sans cesse de grosses louches d’une fumée opaque et blanche. Ce n’était certainement pas du tabac, et ses senteurs boisées et fleuries laissaient supposer qu’il s’agissait d’un mélange savant d’herbes sauvages et rares.

Ne pas se précipiter… Si la situation semblait chaotique, elle ne l’était finalement qu’en apparence. Dans les faits, le jeu était plus doux. Trois factions, trois objectifs, une même cible, loin, au delà des frontières de la brume.

Faites prévenir Hari, nous allons devoir parlementer.

Miyuke releva un sourcil. Lan-Lan, quant à elle, se redressa, rangea son ombrelle, révélant à sa nuque les anneaux ondulants d’un dragon. Huang-Long, salamandre dorée aux écailles aussi brillantes que de l’or. Fidèle ami, obéissant reptile, il ne pouvait pas ne pas faire partie de l’aventure, n’est-ce pas?
Face à l’air surpris de Miyuke, la princesse sourit de plus belle.

Pourquoi cet air interloqué? Votre conservatoire est rattaché à l’Alliance, il serait  mal avisé de ne pas brandir votre drapeau quand vous le pouvez. C’est une expédition dans la brume, qui plus est. Il n’y a pas de concurrence, là bas. Que la mort, si nous nous obstinons. La petite noble sonnait sans doute bien imbue d’elle-même pour sonner ainsi, petite conquérante coquette. Mais le sérieux de sa voix et son visage sage ne laissait rien passer, ni arrogance, ni mépris. Et je suis curieuse de connaître nos ennemis. Cette partie, là, était sans doute la plus sincère de son discours. Qui dit connaître, dit point de pression. Il y avait sans doute un accord à trouver. Et sinon…


Vous feriez mieux de prévenir le reste de notre délégation. Si nous ne trouvons pas un accord, nous allons devoir jouer le jeu de la vitesse. Jeu dangereux, surtout avec trois scientifiques à protéger. Mais quand il n’y a pas d’autres choix, c’est à celui qui avance le plus vite.

Et quelque chose lui disait que ces fous pourraient peut-être se révéler particulièrement habile pour la course de fond.
Lentement, elle inhala une dernière fois une bouffée de ce tabac sucré. Quand on mélange des fous avec d’autres fous, on s’expose à des surprises.

On reprend les mêmes.
Et on recommence.
Ad nauseam.

Résumons:


Dernière édition par Lan-Lan Fà le Ven 2 Aoû - 13:59, édité 3 fois
Ven 19 Avr - 17:29
Beaucoup trop de choses s’étaient passées à Opale. Des choses néfastes telles qu’on pouvait en attendre de la part d’Epistopoli et de sa façade de gouvernement. Mais rien n’échappait à l’œil du Magistère, ni à ses tentacules. Ils avaient livré un portebrume dans les tréfonds du Magisterium, un médecin qui avait participé à une expédition dans la Brume commandée par les quelques dignitaires qui portaient intérêt à l’avenir d’Uhr. Vladimir Von Arendt n’en avait pas fait partie, son supérieur ayant mésestimé l’importance ce qui serait découvert là-bas. Depuis, il avait pressé ledit médecin pour en extraire toute la substantifique moelle et en avait appris des informations d’envergure. L’existence d’un cristal d’omniscience que cet incapable larbin du Tartare n’avait pas été capable de leur ramener. Le cristal lui avait été dérobé, et il savait par qui. Vladimir, le savait. On ne parcourait pas ce monde pendant tant d’années sans en comprendre les coulisses. S’il ne pouvait mettre un nom, il en avait une vague idée et il avait mené ses recherches …

Ce fut donc sur ces mauvaises pensées que la diligence ornée des armoiries de la famille Von Arendt se stoppa à une dizaine de mètres devant les portes de la cité d’Andoria. Bien que le Myste fût de vigueur en Opale, nulle pile n’alimentait l’attelage, mené par des chevaux tout aussi authentiques qu’imposants. Il n’était pas pertinent d’embarquer trop de technologie issue du Myste dans le cadre d’une expédition dans la Brume. Pourtant, de larges véhicules automatisés suivaient la diligence, garnis des couleurs du Magistère et présentant leur sceau. Austères dans leurs armatures de métal, ils étaient tout en angles et ronronnaient en réponse aux lumières bleutées qui émanaient de leurs structures. Pareil détachement n’était jamais bien vu dans des contrées aussi reculées. Le Myste n’y était pas bienvenu, pas plus que l’ingérence d’Opale.

Une silhouette vêtue d’un justaucorps blanc qui le couvrait jusqu’à ses genoux s’extirpa d’un des véhicules à l’arrêt et tonna quelques ordres à la ronde. D’autres individus s’extirpèrent des véhicules et entreprirent d’en décharger les larges coffres. Des caisses métalliques aux relents inquiétants. Cerclée par des verrous mécaniques, elles semblaient contenir un large attirail en vue d’une opération de grande envergure. Rapidement, l’étendard du Magistère fut dressé et plusieurs balises électrogènes furent déployées de façon à repousser et maintenir toute incursion malicieuse. Des individus en armure noire s’affairèrent à déballer un grand nombre d’équipements de mesure qu’ils organisèrent en cercle autour d’une tente drapée du rouge magistérien.

- Baron, votre quartier est déployé. revint informer l’aide de camp qui semblait mener l’organisation du déploiement.

Il frappa au carreau de la diligence. Le pommeau argenté d’une cane écarta le rideau noir qui en protégeait l’intérieur. On devina un visage pâle dans lequel s’enfonçaient des prunelles orangées, surmontées par des sourcils courroucés. Le cocher descendit ouvrir la porte et laissa la place à un noble vêtu avec sobriété. Sa tenue était élimée sur les coutures et trahissait une mode un peu dépassée. Il tira avec lui une mallette usagée surmontée d’un nascent métallique et posa un talon sur le marchepied. Il contempla dans la clarté du jour le camp qui s’édifiait et où, au centre, une tente plus grande et décorée trônait. Vladimir opina du chef.

- Dépêchez-vous, nous devons prendre de vitesse nos concurrents. Hors de question qu’ils nous devancent. J’ai établi un itinéraire jusqu’au Lac, informez les Tartares. tonna-t-il, confiant d’un geste négligeant un parchemins gribouillé d’inscription indéchiffrables.

Il s’avança vers le camp en devenir, se retourna pour observer les murs d’Andoria. Il présageait peu de l’hospitalité de la cité, tout comme il n’avait aucun intérêt à y mettre les pieds si ce n’était pour les vivres nécessaires à leur trajet. Quelques commis chargés d’astras étaient aller s’en occuper avec pour dessein d’en apprendre un peu plus sur cette concurrence qui s’annonçait. Opale était en danger et personne ne semblait s’en soucier. Chacun y allait de ses desseins secrets. Pourtant, le danger était concret : le Mandrebrume se construisait une armée. Pire encore, selon le Tartare Jeremiah, il se rendait à Zénobie. Là où tout avait commencé. Hors de question de se laisser devancer par un arriviste doté d’un pouvoir qu’il ne maîtrisait pas. Vladimir savait que l’urgence était réelle : il fallait créer un contrepoint d’opposition. Un pouvoir propre à défaire leur adversaire. Tout ça dans la déliquescence que vivait Opale à présent. Il n’avait pas vécu si vieux en mettant tous ses nascents dans le même panier, tout comme il n’était pas venu ici par hasard.

- Friedrich, Alonzo. Etablissez-moi un cap sûr, et assurez-vous que le relais soit opérationnel avant notre départ. ordonna le Docteur aux deux autres scientifiques qui émergeaient de la diligence, et avec qui il s’était entretenu de la marche à suivre durant tout le trajet.

- Bien, monsieur. Le Docteur Forth s’attend à de nos nouvelles, dois-je le contacter ? Les premiers tests du projet sont … concluants. Êtes-vous certain de devoir poursuivre aussi loin ? questionna le premier, une sorte de petit blond aux yeux noirs.

Il portait la blouse traditionnelle des Assistants, tout comme son comparse chauve à qui il tira un regard perplexe lors que Vladimir soupira et s’en alla sans répondre. Ils savaient le personnage original et dangereux, mais beaucoup de secrets tournaient autour de lui. Comme pour la plupart des membres haut places du Magistère. Les deux assistants haussèrent des épaules et entreprirent de décharger une partie du matériel de la diligence tandis que le cocher s’occupait des chevaux. Au loin, sur les remparts, on pouvait déjà voir la garde de la cité qui s’agitait en les pointant du doigt. Il n’y avait jamais rien de rassurant lorsqu’une unité du Magistère s’installait à côté de chez vous.

Sous la tente trônait un portique dans lequel était suspendue une grande armure d’où exsudait une odeur nauséabonde. Des bougies parfumées avaient été disposées çà et là, cherchant à gommer l’odeur de putréfaction qui s’en échappait. Vladimir s’approcha de l’armure, tira de son sac une pièce d’armure marquée d’un nascent. Il en dégrafa la protection de torse et révéla une chair livide, scarifiée et gorgée de sutures. Encore chaude. Sans s’en conformer, il glissa la pièce d’armure à l’intérieur de la protection, sur sa face interne, et l’équipement se mit à vibrer. D’un geste précis, il referma le tout et verrouilla l’armure. Les vibrations s’intensifièrent. Puis, au bout de quelques secondes, les bras de l’armure se murent. Puis ses jambes.

- Prométhée, m’entends-tu ?

Silence, puis mouvement de tête. L’odeur s’estompa petit à petit pour ne plus laisser qu’un relent suave de transpiration mêlé d’une teinte saumâtre de sang. Les pièces de l’armure frétillèrent avant de se figer. Les gestes devinrent plus fluides et sous un signe du Spectre, l’armure fit un pas. Une bouffée d’orgueil envahit la poitrine de Vladimir. Si cette aventure dans les tréfonds de Xandrie avait pu servir à une chose, c’était bien celle-ci. Il sourit, posa sa main sur la poitrine de sa création. Bientôt il doterait le Magistère d’une armée à son image.

- Et à ma seule commande … se murmura-t-il, avant de secouer la tête.

Il frémit et ravala ce sentiment qui n’avait fait que s’amplifier depuis que l’existence du cristal d’omniscience lui avait été révélée. Pour la science, pour repousser les limites du possible. L’enrichissement personnel n’était … qu’un co-produit appréciable. Il calibra l’armure, resserra les lanières et conduit plusieurs tests de réactivité. Plusieurs heures s’écoulèrent tandis qu’il finalisait et adaptait les réglages. Puis, une fois qu’il fut satisfait, prit quelques pas de recul pour admirer son oeuvre.

- Parfait. Suis-moi et assure ma protection. ordonna-t-il tout en s’emparant d’un gant garni d’un cristal dissimulé.

Le Docteur s’affaira à s’équiper de ses menus effets avant de confier sa mallette à l’armure qui s’en empara d’un geste trop fluide pour être réel. Il s’engouffra hors de la tente et admira avec plaisir que tout avait été disposé en un temps record, de nombreux câbles s’étalant d’un ensemble d’écrans à quelques batteries de Myste. Des antennes et radars étaient disposés et les deux assistants étaient affairés à paramétrer on ne savait quels ustensiles de mesure. On y découvrait des relevés topographiques, des cartes de la Brume mais aussi des informations sur les diverses créatures et dangers qu’on pouvait rencontrer dans cette zone. Ils s’occupaient autour de l’itinéraire jusqu’au lac établi par Vladimir en identifiant les points de passage et, très certainement, leur propre agenda concernant les échantillons à collecter.

- Ah, Baron ! Tout a été installé, nous sommes prêts. Nos commis ont identifié une présence épistote et xandrienne non négligeable … Eux aussi nous ont repéré et nous avons, comme le Docteur Forth vous l’a ordonné … ahem, demandé … tenté d’établir des liens de coopération avec eux. l’interpella le chauve.

Il semblait suer à grosses gouttes à côté de l’armure qui accompagnait Vladimir, comme si la présence de la créature lui avait suggéré qu’il valait mieux rappeler ses éléments. Au cas où. Coopérer avec les rats de Xandrie ou les parvenus d’Espistote … de belles perspectives en somme.

- Venez-en au fait, Alonzo. Nul besoin de faire de l’exposition. soupira le Baron.

- Il … hum … n’est peut-être pas opportun que le projet vous accompagne. Le test est purement … mécanique.

- Votre esprit est étriqué, cher Assistant. Ne cherchez pas à concevoir les limites d’un ‘Projet’ dont vous ne connaissez que les contours. Tâchez-donc de m’arranger une entrevue avec les dignitaires des autres factions intéressés par notre proie, et expliquez-leur que de notre expédition résultera le salut d’Uhr. Je leur expliquerai personnellement pourquoi il est nécessaire qu'ils cessent toute concurrence et se soumettent à mon autorité.

Vladimir claqua des talons et tourna le dos au pauvre Assistant qui en resta bouche bée. L’armure riva quelques secondes son casque vers lui, comme s’il le jaugeait, puis emboîta le pas du Docteur. Une grande épée lui ceignait le dos. Le Baron lui avait fait revêtir une cape noire qui cachait son dos et battait au gré du vent. Il ressemblait en tout point à un soldat en armure intégrale. Il se déplaçait d’un pas lourd et régulier. On avait presque l’impression qu’il s’exhalait un râle régulier d’elle, qu’elle respirait.

- C’est … de l’humour, non ? commenta le chauve en observant le Baron et sa créature se présenter aux portes de la cité.

- J’espère. Je ne crois pas que les équipes concurrentes obtempèrent face à cette demande. répondit le très blond Friedrich.
Sam 20 Avr - 7:48

Acte I, scène I

La grande vadrouille


Sa main effleurait la pierre poreuse de la colonne avec une forme d’émerveillement. Les sables brûlants avaient été jeté par la fureur des siècles contre les édifices de la Cité Immaculée. Elle était toujours aussi blanche et fière. De toutes les villes qu’il avait pu voir, Andoria était de loin la définition de la splendeur. Son architecture n’était pas seulement belle. C’était trop facile. Elle véhiculait les erreurs et le génie de civilisations depuis longtemps oubliées. Et pourtant bien vivantes, à travers leurs descendants.

Il défit le voile de son turban indigo pour exposer son visage au vent cinglant. Une ombre planante fondit sur lui du bâtiment d’en face. Avec agilité, le petit narangpé avait volé en se servant de sa queue comme balancier et s’était agrippé à sa manche avant de se jucher sur son épaule.

-« Qu’est-ce que tu as encore été dérobé, Nagendra? Ne va pas déjà nous attirer des ennuis. »
Le narangpé avait l’air trop heureux pour plaider l’innocence. Ce qu’il fit quand même. De sa position, Keshâ'rem surplombait un marché et voyait tout un panorama de tours et de coupoles aveuglantes. Si sa peau était plus blanche que la plupart des habitants et ses yeux d’une couleur improbable, son habit se fondait dans le décor.

Ou plutôt non. Car il avait été produit par un tailleur sur recommandation de Seraphah le Flamboyant, connu pour sa démesure. La kurta de soie bleue était tissée de sequin et de fil d’or sur sa partie inférieure, ainsi que sur le liseré autour de son cou. Il n’avait pu embarquer qu’à la condition de se livrer à un défilé, mais était parvenu à obtenir une version plus adaptée au voyage en terrain marécageux. Il avait à présent grande hâte de se rendre à la maison des Lames pour se changer. C’était la maison d’amis de l’ambassadeur. Val avait dû arriver le premier grâce à son hypervélocité. Et les scientifiques l’avaient précédé. Tous étaient partis en trombe d’Epistopoli à bord d’un dirigeable monté sur turbines pour devancer le Conservatoire.

Le pilote les avait déposé à deux lieux de la ville pour éviter d’attirer l’attention ou d’impressionner les Andorians.

Keshâ’rem ne pouvait pas faire l’impasse sur un moment d’émotion en se connectant à la cité de ses ancêtres. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il avait accepté cette dangereuse mission. Sans doute ne serait-il pas là sans sa participation à la mission d'Yfe, ou sans Val'Ihem pour se porter garant de lui.

-« Non ! Mais ne serait-ce pas mon petit renard argenté ? » roucoula une voix chaude un peu éraillée.
Incrédule, Keshâ’rem se retourna pour faire face à la vieille dame.
-« Mao ! C’est incroyable… tu ne peux pas être ici ! »
[REQUÊTE] Ad Nauseam 140h
-« Pourquoi donc ? Je voyageais seule bien avant toi… et je voyagerai encore bien après. » La légende disait que la marchande d’épices d’Epistopoli les enterrerait tous. Elle l’entretenait avec soin. « Et qui est cette ravissante petite chose ? L’as-tu trouvé en chemin ?»
-« C’est Nagendra. Un ami me l’a offert. »
-« Un ami… » se fend-elle d'un sourire espiègle de quelques dents manquantes.
Faisant claquer sa canne sur le pavé, elle fit mine de le contourner par la droite, puis par la gauche pour l’admirer.
-« Tu es devenu un fringuant jeune homme, Keshâ. Mais ce n’est pas une tenue d’aventurier ! »

Il ne saurait donc jamais ce qu’une vénérable vieille femme faisait seule à l’autre bout du monde. Elle avait un réseau commercial étonnant, de sorte qu’elle dénichait toujours les meilleurs thés et les épices les plus fines des quatre coins d’Uhr. Mais il l’imaginait plutôt envoyer des coursiers pour entretenir ses contacts. Elle s’était toujours vantée de ses pérégrinations, mais il croyait qu’elle en inventait la moitié pour le faire rêver. Selon son idée, elle n’était jamais allée beaucoup plus loin que Xandrie.

-« Comment m’as-tu trouvé ? »
Le visage fripé de Mao se para d’une moue conspiratrice alors qu’elle regardait de droite à gauche, l'air zinzin.
-« Les korrigans, mon garçon. Ils sont partout. Personne ne fait attention à eux…
Je sais ce que tu fais là… ah la fièvre de la jeunesse… prend garde à toi ! Et change de tenue… tiens, attend, avant que j’oublie, j’ai quelque chose à te donner et je suis un peu pressée… »


Des innombrables replis de son habit en loques, elle tira un mouchoir brodé replié autour d’un petit coffret. La vieille paraissait des plus excentriques aujourd'hui, pour ne pas dire loufoque.
-« C’est ton héritage. Ne pose pas de question, accepte-le. Je t’expliquerai plus tard. Tu en auras besoin si tu comptes traverser les marais de Drolzin. »
Une expression perplexe se grava sur ses traits.
-« Femme ! » tonna une voix caverneuse.
-« Olah ! Je dois te laisser, mon garçon. Sinon, il se pourrait que j’aie de gros ennuis. »

Keshâ’rem se tourna pour voir à qui appartenait cette voix imposante. Il s’agissait d’un élémentaire de terre, le premier qu’il ait pu voir jusqu’ici. Le temps d’interroger Mao du regard… elle s’était volatilisée.

-« Bonjour étranger », appela l’élémentaire, qui faisait trembler l’escalier de sa démarche à la fois lente et implacable. « Que te voulait cette femme ? Et où est-elle partie ? C’est une bannie. Lui parler est interdit. »
Trop de surprises en peu de temps lui faisaient craindre l'impair. Il était trop stupéfait par ce numéro de Mao. C’était quoi cette scène ?

-« Euh… je ne sais pas. Elle voulait me vendre un peu d’eau fraîche contre deux piécettes. »

L’homme-montagne était assez intimidant. Sept pieds de haut et des traits anguleux invitaient à ne pas l'énerver. Il ne laissait passer aucune émotion. Un long silence s’installa, comme si l’élémentaire avait pris racine et oublié leur conversation. Ou peut-être n’avait-il plus rien à dire. Les élémentaires de terre n’avaient pas l’air de chercher à meubler.
-« mmmh…. Êtes-vous déjà venu à Andoria, Étranger ? Quel est votre nom ? »
-« Euh… je m’appelle Keshâ’rem Evangelisto. Je viens d’Epistopoli. Mais il paraît que je suis né ici. »
Un nouveau silence immuable s’installa. Seules les fentes de calcite au milieu du visage de pierre lui confirmaient que l’élémentaire le regardait. Il semblait avoir de l’autorité au sein de la cité. C'est l'idée qu'il se faisait de son charisme.
-« Evangelisto… Comme le mari d’Aadhya… ces mêmes yeux… » découpa-t-il de sa langue rugueuse.
-« Oui, mais, oui je te dis. Une voiture du Magistère aux portes de la ville, avec toutes leurs tentes ! Ils vont nous envahir ! Elle portait un blason…» piaillait avec une animation une voix d’enfant en contrebas.
Malgré l’intérêt évident de la conversation, le sang de Keshâ’rem ne fit qu’un tour. Cela ne pouvait être une coïncidence. Il ne venait jamais pour rien. Pas question de se faire coiffer au poteau !

Keshâ’rem se pencha dangereusement par-dessus la rambarde et interpela le groupe de gamins :
-« Eyh ! »

L’homme-montagne aussi semblait prêter oreilles à la rumeur, sous des dehors impassibles.
-« Dis-moi, petit… tu es sûr de toi ? Tu peux me décrire l’emblème. »

A grands renforts de gestes les gamins s’exécutèrent dans le chaos. Mais le jeune homme avait un déplaisant sentiment de déjà-vu. Si c’était lui, raison de plus pour s’éclipser immédiatement. Il bondit dans l’escalier.
-« Quand vous aurez un peu de temps… » l’arrêta l’élémentaire, « revenez à la Citadelle et demandez-moi : Arvane. »

Il hocha fortement de la tête mais il était déjà en train de bousculer les citoyens entre les étals pour débouler à la maison des Lames sans être annoncé. Il agrippa la robe du premier scientifique de l’expédition :
« Remballez tout ! On part dans la demi-heure. Opale est ici. »
Des protestations s’élevèrent.
« Mais quel est ce boucan ? Vous n’avez même pas pris la peine de saluer notre hôte… je viens de défaire ma valise… »
-« Vous le voulez votre crocodile ou pas ? »
-« Ce n’est pas un crocodile, c’est un Viscuphage, jeune homme. É-norme Nuance ! »
-« Si vous voulez. Donc, le Magistère est là. On doit partir immédiatement. Où est Val’Ihem ?! On doit être prêts dans moins de trente minutes ! »

Ils avaient tous cassé son instant de communion avec Andoria. Mao, Arvane, le Magistère, le scientifique geignard. Pas même le temps de filtrer ce qui venait de se passer. Il vérifia dans un éclair de lucidité que Nagendra était toujours accroché à son épaule et se souvint qu’il avait cet étrange cadeau de Mao en main…
-« Val !! Où est le guide promis par le maître des Lames ? »
Résumons:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Sam 19 Oct - 3:17, édité 1 fois
Mer 24 Avr - 12:38

Comme ce n’est absolument pas surprenant de tomber nez à nez avec les délégations d’Opale et d’Epistopoli. Qui d’autres sinon ? Aramila ? Laissez-moi rire. Ma chère Lan-Lan envoie cette chère Miyuke nous informer de la situation. Je la remercie mais elle doit probablement voir à mon regard que je m’en cogne un peu. Le roi m’a fait dépêcher en ces lieux qui me sont hostiles, en qualité de représentant de la couronne, mais officieusement comme un soldat de l’ombre devant s’assurer de la réussite de l’entreprise de mademoiselle Fà. Ce n’est pas vraiment un souci, j’ai déjà eu l’occasion de bosser avec elle, c’est une chic femme. Peut-être un poil trop princière, mais comment le lui reprocher étant les rapaces qui lui tournent autour. La présence de Violette m’étonnait davantage. Mais pas tant que ça non plus. Lan-Lan lui a certainement promis une riche récompense, lui offrant probablement une belle avance en signe de bonne foi.

De mon côté, je suis confortablement installé dans ma voiture, peut-être même trop. Le coude plaqué contre le rebord, la tête complètement posée contre la paume de ma main, je m’ennuie terriblement. Je ne recherche pas forcément de l’action, mais au moins de la bonne compagnie. Non. On ne m’offre même pas cette compensation. Je suis voué à obéir et subir les caprices des autres, dans l’ombre, sans rien en retour. Foutue vie d’assassin. Vivement que je quitte cette organisation de malheur et que je mette fin au règne de mon prétendu grand-père, le roi de Xandrie en personne. Je jette un coup d’œil à la scientifique encore présente à ses côtés. « Miyuke, prévenez mademoiselle Fà, je pars me dégourdir les jambes. Le voyage fut bien trop long. Et ces embouteillages m’exaspèrent. Elle comprendra. »

Elle n’a même pas le temps d’émettre la moindre protestation que je suis déjà parti. Puis, me fondant dans la masse, je disparais complètement, largement aidé par mon cristal de Camouflage. Je me faufile aisément à travers la foule, les différentes délégations, reconnaissant partiellement ce brave Vladimir Von Arendt. Est-ce une surprise ? Pas vraiment. Fervent scientifique du Magistère, sa présence n’en est que plus évidente. Il semble mener les opérations de son côté. Comme il est amusant de retrouver ces personnes rencontrées dans ce foutu manoir, ici, à Andoria, dans un contexte complètement différemment. Serons-nous amis ou ennemis ? Difficile de le déterminer. Lan-Lan enrage à l’idée d’être doublée par Opale, ça n’annonce rien de bon. Dommage, car Vladimir, aussi détestable soit-il, pourrait fort bien nous être utile.

Et enfin, Keshâ, lui aussi membre de cette fabuleuse équipe qui a mis fin aux agissements d’un terrible assassin. Un brin mystérieux, assez discret, mais pas moins autoritaire. Il dispose de beaucoup de ressources, j’en suis intimement convaincu. Ce n’est pas le petit aventurier qu’on croise aux abords de la Brume (oui, je pense à moi). Non. Lui, c’est un type qui a vécu des aventures, de véritables aventures au cœur de la Brume, aux côtés de patrouilleurs expérimentés, dans lesquelles sa vie s’est probablement jouée à peu de choses. En d’autres termes, dans tout cet attirail d’individus potentiellement dangereux, le plus terrifiant reste cet Epistolien. Non loin de lui se trouve un élémentaire que j’apprécie particulièrement : Arvane. J’attends qu’ils terminent leur discussion pour l’apostropher.

« Arvane ! Quel plaisir de te re voir ! Probablement le seul plaisir, d’ailleurs… »
« Mmmh. Vous êtes ? », rétorque-t-il d’une voix fort peu complaisante.

Quel idiot ! Je n’ai pas du tout la même allure que la dernière fois. Aujourd’hui, j’ai une longue chevelure blonde, lisse et soyeuse, coiffée en queue de cheval tenue par un somptueux nœud. Après tout, je suis un représentant de la couronne. Quant à ma tenue, je suis malgré tout équipé d’une tenue adéquate pour l’aventure à venir, mais d’une élégance tout de même supérieure. Les bottes, le pantalon et le manteau que je porte, à eux seuls, démontrent que je ne suis pas un simple cocher. Je peux ainsi comprendre qu’Arvane ne m’ait pas reconnu.

« Ne le répète à personne, mais c’est moi, Azur. Mais à ce jour, on m'appelle Geralt d'Omanie. »
« Comment aurais-je pu te reconnaître ? Cette tenue, cette tignasse, ce n’est pas l’homme que j’ai hébergé chez moi. », dit l’élémentaire d’un air songeur.
« Laisse tomber, mon ami. Bien trop long à t’expliquer, même si je suis certain que tu as déjà une vague idée. Puis, rappelle-toi, on me recherchait pour cette foutue carte. C’est probablement toujours d’actualité. Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ? »
« Comme tu le vois, c’est peuplé et bruyant. J’espère que vous allez rapidement trouver ce que vous cherchez. »
« Je l’espère tout autant que toi. »

Quelques échanges cordiaux et nous nous quittons amicalement. Arvane est un chic type. C’est un peu le papa de la Cité, le grand-frère, celui qui règle les soucis de sa famille. Bref, il est temps pour moi de voir ce qu’on peut faire pour accélérer les choses. Je déteste piétiner. Plus vite on s’enfoncera dans le bourbier et plus vite on rentrera. Ou on mourra. Je m’empresse alors de rejoindre celle que je sers au nom de la couronne. Son regard terrifiant, hautain, supérieur, peut bloquer tout individu sensé de l’approcher. Moi, le sens, vous savez ce que j’en fais.

« Mademoiselle Fà. », dis-je simplement pour saisir son attention. « Certains de vos amis semblent représenter les délégations étrangères à la nôtre. Mes instincts me poussent à faire le nécessaire pour définitivement mettre un terme à leur avancée, mais la doxa me dire que nous ferions là une terrible erreur. Mes fonctions ne sont que représentatives et contemplatives. Vous êtes celle qui donnez les ordres. Que décidez-vous, Mademoiselle ?»

J’ai envie de lui dire qui je suis, mais ce n’est pas utile pour l’heure, alors je préfère conserver cette formalité, cette distance entre nous. Apprendre qu’Azur se trouve ici ne rassurerait personne. Sa présence signifie souvent la Mort.

Résumé:
Mer 24 Avr - 20:31

Bordel c'est ça devenir adulte ?

Club des 5 (6)




Quelques jours plus tôt, Quartier Général des Maraudeurs

Dans le bureau du capitanat maraudeur qui depuis les tristes événements qui avaient secoué Opale n’était plus occupé, silencieusement posé sur une chose tout en regardant le ciel et les nuages, Violette était pensive.

Ce bureau… Le sien désormais. Succession avait été faite à travers l’expédition dans les montagnes, est désormais cette salle tout comme cette guilde était sienne. Du moins en théorie car l’absolutisme vis-à-vis de ses troupes n'avait toujours été dans l’histoire qu’une idée tout à fait théorique.

Coup sur coup, par son sauvetage du Roi puis sa nomination, cela faisait étrange au portebrume de passer subitement en moins de quelques mois de l’ombre la plus reculée à la lumière la plus totale. C'était un sacré changement qui à défaut de le faire changer l'oblige tout du moins à être plus sérieuse ne serait ce pour ne pas donner trop d'armes à ceux qui désormais voulait lui nuire ou la tuer.

Cela ne faisait que quelques jours, mais elle comprenait déjà toute la difficulté de ce genre de poste. Le poids des responsabilités, le poids du bilan, la jalousie, le pouvoir, le désir. Elle vivait déjà dans un monde de mort et de sang mais tout devenait si subitement plus concentré. Il lui faudrait du temps pour se fondre parfaitement dans le rôle que celui qui était son mentor et son prédécesseur voulait lui offrir.

Alors que le silence régnait, soudainement la porte s’ouvrait laissant passer un homme avec une pile de lettres à la main. En voyant ce tas, Violette soupira.

… Encore ?

L’homme la regarda.

Oui encore. C’est une des missions du métier. Uniquement se battre c’est pour les souffrir, maintenant vous allez aussi devoir apprendre à communiquer autrement que par les poings.

Cet homme du nom de Siegfried, élémentaire de glace de son état, était ce que l’on appelait un des hommes de l’ombre de la Guilde. Ceux qui se chargeaient de tout le volet administratif indispensable au fonctionnement d’une institution conséquente qui ne pouvait uniquement se reposer sur des imbéciles qui ne pensaient qu’à faire couler le sang et gagner de l’argent. Gestion administrative, réception des missions et des primes, garantie des caisses de la mutuelle des maraudeurs car oui, cette guilde avait sa propre mutuelle interne pour assurer les risques de ses membres confirmés en cas de blessure grave ou de mort.

Eeehhh…

Violette s’affalait sur sa chaise, fatiguée d’avance de la suite. L’élémentaire ne semblait pas s’en offusquer. Il avait l’habitude il fallait dire, en plusieurs siècles d’existence, il avait eu le temps d’en voir des maîtres de guilde différent, la plupart faisait toujours au départ preuve de mauvaise volonté avant de prendre de l’âge. D’aucuns se demanderait pourquoi n’est il pas devenu lui-même maître de la guilde. La réponse était toute simple, il ne voulait pas de cette lumière. Être dans l’arène, très peu pour lui. C’était bien plus agréable et surtout beaucoup plus libre que de son contentant de poste non exposé qui pourtant concentrait des pouvoirs importants.

Surtout si c’était pour devoir répondre à toutes ces lettres insipides de personnes qui désirait comme c’était l’habitude établir des liens avec un nouveau maître d’une grande guilde xandrienne en postulant sur son origine sociale en faisait une cible naïve et peu connaisseuse du jeu. Violette ne l’était pas, mais il fallait avouer que celà lui faisait tout drôle d’un seul coup recevoir de l’attention. La prudence n'empêchait ainsi nullement le fait qu’elle n’y était pas totalement insensible.

En dehors de toutes ces lettres inutiles, il y en a une qui a retenu mon attention, c’est celle des Fà, d’une de leur fille je crois. Regarde ça en priorité.

Il la posa sur son bureau avant de reculer et de partir laissant Violette avec ses devoirs complètement dépités.

Bordel…

Elle baissa alors les yeux vers la lettre de Lan-Lan qu’elle commença à lire. Lan-Lan, celui-ci lui rappelait quelques souvenirs. Madame 100 000. Le spectre machin bidule. Visiblement, elle la demandait pour une mission dans les terres brûlés, pour aller récupérer une saloperie dans les terres brûlés pour des motivations qui lui était purement personnelles et qui pour ainsi dire n’importait que peu la maraudeuse tant que ses motivations n’étaient pas portées contre sa personne.

En soit, en tant que cheffe de guilde, elle pourrait aisément refuser une telle demande même d’une grande famille mais… cela pourrait être utile de faire des liens d’une certaine manière… De plus, elle l’aimait bien. Une des rares personnes à être à la fois riche et pas chiante. Comme ce détestable vladimir, un enculé de première. Cela valait le coup de faire une faveur…

C’est ainsi qu’elle rejoignait l’expédition xandrienne, son rôle et son statut étant différent, Géralt et Lan-Lan pouvaient qu’elle dosait quelque peu ses vices par rapport à ce qu’elle pouvait faire tantôt. Quand bien même elle restait une mercenaire et qu’il fallait éviter de la provoquer ou de lui marcher sur les pieds. Elle se fondait petit à petit dans un rôle assez violent et rebelle pour lui permettre de ne pas se nier mais qui obligeait à certains codes, uniquement avec certaines personnes.

Une fois à Andoria, les dernières préparations pour avancer en terrain hostile tournèrent court quand la Fà rameuta tout le monde en constatant la présence de délégation étrangère ayant le même but qu’elle.

Silencieuse lorsque la noble expliqua la situation, Violette ne put retenir un sourire narquois et amusé quand Azur répondit.

J’te pensais pas si patriote.

Elle soupira avant de hausser les épaules.

M’enfin, s’ils veulent passer devant moi j’les encourage. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Le lac c’est des kilomètres et des kilomètres de marécages hostiles. Et en dehors de la brume, il n’y aucun environnement plus difficile à franchir que ce genre de truc à part les jungles vierges et encore ça se discute. Même un mec expérimenté y va mollo, alors à marche forcée y aura des morts.

La boue, l’eau stagnante, la vase, les sables mouvants, les insectes, l’odeur, les parasites, une végétation parfois très dense, tout ça sans parler des monstres. C’était complexe. Surtout que contrairement à bien des endroits dans la brume, bonne chance pour affronter et esquiver un monstre adaptée aux marécages en ayant les pieds dans la boue et l’eau au genou.

C’était bien pour cela que ça l’étonnait de voir Lan-Lan décider d’aller elle-même sur le terrain accompagnée de scientifiques. Elle comprenait que cela lui tenait à cœur mais à moins d’avoir une carte en main qu’elle ne connaissait pas, ils devaient sans aucun doute clairement sous estimé la rudesse et la complexité de ce genre d’environnement. Les technos’ d’Opale et d’Episto devaient en faire tout autant.

Après… ce serait quand bien même mieux de négocier. Un déplacement groupé, c’est moins de risque de mort dans ce genre de lieu. Mais inutile de s’écraser, en cas de course le premier qui passe risque le plus la mort.

Enfin bon… il faut mettre tous les moyens de son côté…


Elle sortait alors son emblème de capitanat maraudeur avant de le mettre en évidence à son épaule. Un moyen assez simple de conforter Lan-Lan dans les futures négociations. Tout était une question de rapport de force, et la force serait avec ceux qui sont les plus crédibles à pouvoir réussir cette mission. Et le fait d’avoir avec elle, le chef de la plus grande guilde de mercenaire d’Uhr, rendrait bien plus crédible Lan-Lan en lui donnant par incidence encore plus de poids qu’elle n’en avait déjà pour imposer ses vues.

Jeu 25 Avr - 17:51

Acte I, scène I

Plus on est de fou, plus on rit ?


Quelle chaleur… Je n’avais jamais supporté les températures élevées. Et les terres arides ne portaient pas ce nom sans raison. J’avais l’impression que le turban qui entourait mon visage et mes cheveux était contre-productif. L’ample tunique beige qui cachait ma tenue de soldat était en revanche plutôt agréable à porter. Elle maintenait un léger air frais entre le tissu et ma peau. Et elle avait le mérite de masquer ma tenue qui aurait pu faire tache dans la vieille cité. Idéale pour se déplacer librement et glaner les informations des autres délégations en écoutant les échanges des habitants sur mon passage.

Les habitants d’Andoria étaient loquaces. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’une expédition passait par la cité. Bon… Peut-être pas trois dans la même journée. Mais je savais qu’une de mes expéditions était déjà passée ici. Je me souvenais être venu dans la ville, avoir été dans la brume en partant d’ici. Une sensation étrange s’était installée dans mon esprit. C’était comme si je ne connaissais pas cette ville. Les grandes colonnes, les rues pavées, les habitations en ruines… Ce n’était pas un paysage commun. Et pourtant, j’avais l’étrange impression de les avoir oubliées. J’étais venu avec Keir… Dans un flash, un visage masqué par les ombres et à la chevelure d’ébène se dessina dans mon esprit. Mais il disparut aussi rapidement qu’il était arrivé. Non… C’était avec Samy.

Mon second me manquait. Il était efficace et on pouvait compter sur lui. J’avais pu sentir un peu de jalousie en l’abandonnant à Epistopolie. Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas occupé d’autre chose que de former nos nouvelles recrues de la caserne. Entre temps, j’avais été envoyé à droite et à gauche en mission et cette fois encore, c’était sans lui. Au moins, je n’étais pas tout à fait seul. Il y avait quelques scientifiques. Mais surtout, il y avait Keshâ.

Lui aussi, je pouvais compter sur lui. Après tout, nous avions survécu à l’usine des bas-fonds. Une aventure entre la vie et la mort, ça rapprochait toujours. Quelque part, j’étais rassuré de ne pas avoir été envoyé seul ici. Et puis je n’étais jamais très à l’aise en présence de scientifiques. Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans les blouses blanches sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Les militaires et scientifiques étaient probablement trop différents dans leur façon de penser… Il fallait peut-être que je retourne à la maison des lames histoire de ne pas laisser Keshâ seul avec eux…

La maison des lames était en pleine ébullition à mon arrivée. Tout le monde s’activait. Les 5 scientifiques qui nous accompagnaient avaient empaqueté toutes leurs affaires et étaient presque prêts à se remettre en route. Et de ce que je pouvais voir un autre groupe d'individus que je jugeais être des locaux préparaient également leurs sacs. Au milieu de tout cela, le jeune homme aux cheveux blancs appelait mon nom.

- Je suis là. C’est une bonne chose que vous soyez prêt à partir. Opale est là aussi. J’ai vu leur convoi.

- On le sait. C’est pour ça qu’il faut partir vite. On nous a dit que vous aviez un Zeppelin. Ça nous fera gagner du temps. Mais une fois aux portes de la brume, il faudra continuer à pied.

Je jetais un regard interrogateur à Keshâ. Qui étaient ces hommes qui allaient nous accompagner ? Ils n’avaient pas l’air d’être des soldats. J’avais l’impression d’être le seul bras armé de notre expédition. Mais ils ne nous accompagnaient pas sans raison. Ils connaissaient la région et les chemins les plus sûrs pour atteindre notre destination. C’était bien pensé. Le jeune Epistote avait un coup d’avance sur moi et sur le convoi Opalien.

- Très bien. Partons vite avant qu’il ne se passe quoi que ce soit qu’on regretterait. Avec un peu de chance, on sera déjà loin quand Opale et Xandrie se mettront des bâtons dans les roues.

Et aussi vite que nous étions arrivés à Andoria, notre convoi reprit la route qui menait au Zeppelin. Nous n’étions un peu plus nombreux qu’à notre arrivée. Mais les guides ne nous ralentissaient pas. C’était une bonne chose. Les scientifiques n’étaient pas des plus débrouillards. Avec un peu plus de monde, il allait falloir que je sois d’autant plus sur mes gardes. Un convoi d’une quinzaine de personnes pour un seul soldat… Ça n’allait pas être une partie de plaisir si les choses dégénéraient. Et il était impossible de prévoir quoi que ce soit dans la brume. Je me tournais vers Keshâ.

- J’aurais préféré des soldats plutôt que des guides… Mais on devra s’en contenter, j’imagine. Bien joué quand même. Au moins, on pourra peut-être conserver notre avance sur les autres.

Le Zeplin n’était plus très loin. Nous n’avions plus que quelques centaines de mètres à parcourir avant d’être à l'abri et de décoller. Avec un peu de chance, personne ne nous aura vu partir. Et avec encore plus de chance, nous serons arrivés à la frontière de la brume avec une bonne longueur d’avance sur les autres participants. Mon administration n’avait pas arrêté de me rappeler l’importance de notre succès. Ce n’était pas aujourd’hui que j’allais les laisser tomber.


Résumé:
Ven 26 Avr - 9:48

Acte I, scène II

Allons, nous n'allons pas nous faire la guerre, si?


Épines, épines, petites épines… La rose musquée se fane, ses pétales tombent en rafales, mais demeurent les épines…

La comptine lui revenait en tête à chaque pas qu’elle faisait vers les portes de la ville. Une histoire ancienne de romance empoisonnée, de passion toxique, d’avides représailles sous des traits élégants. Dans ta paume glisse la tige, épines, petites épines.

Quand la rose se meurt, quand tes yeux se ferment et que ton souffle s’épuise, seules demeurent les épines.


On pouvait ainsi la suivre dans les rues d’Andoria, les mots quittant ses lèvres en semant derrière elle un parterre de mélodies anciennes et piquantes, ne laissant pour seules écorchures qu’un mantra désastreux. Un feu secret animait ses prunelles mauves, spinelles rieuses qui couraient au devant du danger. Etait-ce l’esprit de la guerre, le besoin irrépressible de mettre le feu aux poudre? Ou tout simplement l’envie de tisser l’histoire et d’être l’instigateur secret de manigances chaotiques. Seul demeurait, en cet instant de solitude, le sourire extatique de pouvoir enfin semer quelques calamités.
Mais comme tout le reste, la joie n’a qu’un temps. Comme les calamités.

En arrivant aux portes de la ville, une première chose attira son attention; Geralt, d’une part, Violette, d’une autre, quelques hommes et femmes des maraudeurs en renfort et Miyuke derrière eux qui revenait avec Yuri et Lilianne, les deux autres scientifiques du Conservatoire qu’il faudrait escorter. Avec elle, la délégation atteignait une dizaine d'âmes: bien assez pour affronter la brume.
Miyuke avait vite fait, Lan-Lan détourna sa route vers eux quand une ombre remarquable l’attira vers un autre spectacle - et quel spectacle. Comme les dictateurs et leur parade militaire, un convoi signé Opale donnait tout ce qu’il pouvait pour voler l’attention. Une débauche de moyens qui lui donnait presque la nausée. Un sourire acide éclaira son visage. Dans la brume, on ne jouait pas à qui avait la plus grande, autant de moyens pour si peu… Ses yeux s’arrêtèrent un moment sur le blason qu’ornait un char. Familier… Trop familier. Se pourrait-il…?

Retrouvant ses comparses, elle ne put retenir une moue désobligée; mais Geralt passa outre pour lui donner un avis… Tout aussi acide.

Monsieur d’Omanie… Murmura Lan-Lan à l’attention de son comparse, garde-fou seigneurial et fine lame bien camouflée sous des airs princiers. Un tableau dont elle avait déjà pu apercevoir l’esquisse, recouverte d’autant de couches que de secrets. Elle mourrait d’envie d’enfoncer ses ongles dans cette peinture, d’arracher de ses propres phalanges son véritable nom, puisque le sien changeait d’une histoire à une autre. Le tigre blanc du roi devait bien cacher son jeu non? Tout le monde porte un masque, en ce bas monde. Mais elle voulait voir le sien tomber. Ne vous rabaissez pas, nous savons tous les deux que vous êtes bien plus qu’un atout contemplatif ici. Mais je comprends votre empressement.

Couper court à leur élan? L’idée était appréciable, même si son exécution n’avait rien de faisable. Du moins, pas sans passer du mauvais côté de la diplomatie. Sang versé, intoxication… Arrêter tout un convoi n’était pas si compliqué. Mais mieux valait rester cordial avant d’en arriver là.
La remarque de la maraudeuse lui arracha un sourire amusé. Violette semblait du même avis - elle gardait un œil luisant d’intérêt sur la mercenaire, dont l’apparence avait un rien changé en quelques mois. Des souvenirs d’Opale - toujours Opale - qui lui avaient coûté un œil. Son aura était celle d’une guerrière, à présent couronnée de son écusson de cheffe. Elle apprécia son renfort discret et sa présence subtile, un geste qui ne passait pas inaperçu pour la monétariste. Avoir le soutien de son groupe avait de quoi griser n’importe qui. Mais dans ces circonstances… Il fallait savoir garder son sang froid.

Votre sagesse vous honore, Violette. Je partage votre point de vue. Elle se félicita intérieurement de l’avoir conviée. Comparé à la débauche de moyens qu’Opale avait mis en œuvre pour leur subtiliser leur butin, ils semblaient bien peu nombreux, petits Xandriens.  

Et pourtant, ils ne manquaient pas de poids. Et elle le savait bien, petite noble aux airs de poupée. Au-delà du renfort des maraudeurs et de la couronne Xandrienne, elle représentait avant tout son client - le Conservatoire, lui-même un rejeton de l’Alliance. Et tenter de siphonner ce précieux consortium diplomatique pouvait coûter cher. Qui pourrait faire un procès à un juge? Vouloir devancer Panoptès dans ses affaires pouvait avoir de sacrées retombées, surtout en connaissance du climat actuel. Alors que la brume rongeait Opale un peu plus chaque jour, et qu’Epistopoli se retrouvait sous le feu garnis du monde pour avoir engraissé son pire ennemi, le Mandebrume, ces deux délégations allaient devoir retrouver leur juste place dans ce débat. Au risque que leurs égos ne viennent les rattraper jusque sur la scène internationale, Lan-Lan était déterminée à ne pas perdre sa vie pour des ambitions puériles. Les siennes? Peut-être. Mais elle était bien trop fière pour le reconnaître.


D’un pas décidé, elle se lança à l’assaut. Légère. Souriante. Accueillante. Mais tout son corps trahissait qu’elle ne tolérerait pas un refus. Ce fichu écusson… Le destin joue parfois des tours curieux. Rapidement toisée par le cortège, elle fit comprendre d’une main indiquant la maraudeuse et le représentant royal, d’une autre, elle révélait la présence de Huang Long à son cou - à lui seul une clef qui ouvre bien des portes - qu’elle n’avait rien d’une spectatrice ordinaire. Pris de court, on les laissa passer sans faire trop d’histoires. Ah? Autant de zèle pour qu’ils fendent le cortège? Cela ne pouvait signifier qu’une chose, les Opalins cherchaient aussi à les rencontrer et étaient ouverts au dialogue. Un bon début.
Toisant du regard cette horde bigarrée, elle cherchait une silhouette familière dans cette marée… Une silhouette détestable.

Docteur Von Arendt! Vous, ici. Elle leva un sourcil, tira ses lèvres dans un sourire faussement ravi en apercevant le bon Docteur. La dernière fois qu’ils s’étaient vu, elle lui donnait un bocal plein de meurtres et de sombres pensées. Le monde est petit, n’est-ce pas? C’est un plaisir de vous retrouver ici. Seriez-vous par hasard le chef de cette charmante délégation?

Son air hautain lui indiqua que oui. Intéressant, donc. On avait libéré la bête de sa cage pour lui permettre de se dégourdir les jambes? Son dernier souvenir de lui était celui d’un mania que l’on force à moitié dans une voiture, plus comme on le ferait avec un prisonnier qu’avec un éminent scientifique.
Sa présence à Andoria supposait qu’on laissait pendant un temps un peu de mou sur sa laisse, assez pour pouvoir chercher le viscuphage - par ambition scientifique, ou personnelle, la chose n’était pas encore très claire. Mais devant cette concordance, il y avait, heureusement, plus d’un levier à tirer.

J’ai moi-même l’honneur de représenter mes clients, le Conservatoire, à l’origine du corps expéditionnaire. Vous n’êtes pas sans ignorer son rattachement à l’Alliance, n’est-ce pas? Murmura-t-elle tranquillement, chassant un mouton de suie qui s’était accrochée sur son épaule.

Un jeu aussi ridicule que charmant, tous ces esprits qui s’échauffent, cette lutte, cette chasse sournoise pour briguer la même chose. Mais une compétition insensée. Ils ne s’affrontaient pas pour un yearrk, mais pour une créature qui aura plus rapidement fait de les éventrer tous, qu’eux de récupérer le moindre échantillon. Se jeter tête baissée dans les marécages pour espérer le voir en premier ne rimait à rien - sauf si l’ambition secrète d’Opale et d’Epistopoli étaient de tuer des hommes.
Elle choisissait ses mots avec calme et minutie, laissant planer au-dessus d’eux l’ombre de Panoptes.

Ne tournons pas autour du pot, nous savons vous et moi que nous partageons le même objectif. Nous opposer serait idiot, et risquerait de mettre en périle votre opération, et la nôtre. Les égos n’ont pas leurs places ici, fussent-ils les nôtres ou ceux de nos nations. Elle leva alors vers lui des yeux scintillant comme des mirages. Et c’est l’occasion parfaite de faire briller votre génie auprès du consortium, n’est-ce pas? Nos scientifiques gagneraient à apprendre de vous.

Il y avait bien plus à gagner que des avancées scientifiques, ici. La diplomatie, la radiance du magistère: se terrer et ignorer la diplomatie revenait à reconnaître, ouvertement, l’hostilité de celui-ci dans le dialogue international. Une prise de décision risquée alors même que le pays sombrait doucement aux mains de la brume. En économisant ses mots, elle distillait sagement la possibilité des retombées d’une pareille alliance pour lui qui cherchait à s’émanciper autant qu’à briller.

Après tout, nous sommes là pour la science. Lui murmura-t-elle sous un sourire polie. Pas pour la guerre.

Elle aurait pu poursuivre si Miyuke ne lui avait pas tiré sur la manche sans manière - Lan-Lan lui montrait déjà un air offusqué lorsque que l’élémentaire lui glissa quelques mots dans l’oreille. Sa main se crispa. Sur sa tempe, une veine palpita plus que d’ordinaire. Comme c’est fâcheux. Elle se retourna discrètement vers Violette et Geralt, tant pour leur verbe que pour leur rapidité.

Le ballon d’Epistopoli se prépare à larguer les amarres…Soit nous les rattrapons, soit ils s’offrent une belle avance.

résumons:
Ven 26 Avr - 19:12

Vivre ou Mourir

Club des 5 (6)




Suivant Lan-Lan, le groupe des xandriens et de l’alliance parvint jusqu’aux Opalins. Il faut dire que ce n’était pas bien difficile dès lors que ces derniers avaient également le désir de parlementer afin d’arriver à un arrangement à l’amiable, qu’importe ce qu’il fut. C’était surprenant de reconnaître dans ce cortège Vladimir, car vu sa nature et sa personnalité, ce n’était sans doute pas ce que la maraudeuse appellerait une mission facile pour lui. Il y avait après tout de grandes chances de se retrouver dans une position inconfortable dans cette histoire. Complexe pour une personne qui tenait à sa fierté et à toujours rester au dessus des autres.

Quoi qu’il en soit, la xandrienne ne commentait pas, laissant le choix à la noble empoisonneuse de se charger de toutes les choses ennuyeuses et liées à l’art des relations humaines. C’était son domaine et sa spécialité après tout, elle n’avait rien à lui apprendre sur ce sujet et c’était même le contraire pour être honnête.

Il fallait lui reconnaître qu’elle avait le don pour être persuasive et flatter les égos. Elle le voyait lorsqu’elle tentait de prendre le strigois dans le sens du poil. Décidément la diplomatie est un art compliqué. Ce n’était elle pas dans sa nature d’être faussement avenante, du moins pas à partir d’un certain niveau.

Assez passive, ce ne fut que lorsque la monétariste l’avertie discrètement des actions des épistote que la maraudeuse se réveilla, hochant la tête avant de répondre rapidement.

M’en occupe.

Le timing était serré s’il était déjà sur le point de partir, mais ce n’était pas infaisable, loin de là. Avec l’hypervélocité, il ne faudrait que quelques secondes pour les rejoindre en ligne droite.

Elle fit alors un geste de la main pour dire aux autres maraudeurs de rester là avant d’inviter Geralt à la suivre d’un signe de tête et de préciser en quelques mots ce qu’elle voulait de lui.

Suis moi, mais j’ai besoin qu’une fois à portée tu restes dans tes ombres et ne te révèle pas.

Elle partait alors à vitesse grand V en ligne droite, générant une légère bourrasque au départ. Pour ne pas ralentir via des détours, elle utilisait son intangibilité pour traverser les pâtés de maison sans avoir besoin de ralentir.

Une fois arrivée, elle tombait nez à nez avec le zeppelin dont on commençait à détacher les amarres. Elle attrapa alors l’un des fonctionnaires du port chargé de détacher le navire par l’épaule avant de le reculer rapidement pour l'empêcher de faire l’irréparable. et de détacher le zeppelin de la terre.

Volonté de l’alliance, ce zeppelin ne doit pas décoller.

Heu ?... hein ?

L’homme n’avait pas l’air de comprendre, mais puisqu’il y avait le mot alliance, il décida de reculer.

Elle se posa alors sur un ponton en précisant quelques petites indications à Géralt.

Toute l’attention sera braquée sur moi. Monte sur le bateau quand tu pourras. Si jamais ils refusent de descendre, sabote le zeppelin de manière à ce qu’il vrille une fois en altitude, je m’occuperais du reste.

Elle était à portée pour maudire n'importe qui après tout.

Le regard de Violette restait braqué sur le zeppelin. Inspirant un grand coup, elle cria en direction des épistotes.

L’Alliance, Xandrie et Opale veulent vous voir pour discuter à terre ! Est ce que vous voulez prendre le risque d’avoir pour ennemi la moitié du continent ou bien vous voulez éviter une confrontation inutile ! A vous de choisir !

Libre à eux de choisir leur destin, néanmoins si Géralt était un minimum compétent, l’un de ces destins risquait sérieusement de finir par une belle explosion dans le ciel d’Andoria.

Lun 29 Avr - 18:26
Passer la porte fut le moindre des tracas. Cependant, face aux derniers événements, toutes les cités commençaient à avoir peur et la rumeur d’attentats avaient poussé le monde à revoir ses consignes de sécurité. Ainsi, il n’était pas aussi aisé d’entrer dans les cités. Encore moins les sièges de pouvoirs qui avaient déjà été durement frappés. Vladimir passa devant la queue qui se faisait et agita d’un air négligent les papiers justifiant de son statut au nom d’Opale. Un des gardes commença à lui dire de se mettre dans le rang mais le casque de Prométhée, pivotant vers lui, sembla lui faire marquer un temps d’arrêt protocolaire. Ajouté à ses armoiries, cela suffit pour que le soldat lui bégaye qu’il pouvait passer. Le Baron ne se fit pas prier et jubila sous les regards courroucés de la plèbe qui attendait. Tout comme il appréciait qu’on se soit chargé de la paperasse pour lui. Il jeta néanmoins un regard arrière sur son camp qui avait pris forme et soupira. Il aurait bien profité d’un aéronef chargé de Myste pour cette expédition, mais le prototype n’était pas prévu pour un test aérien.

Ce fut là qu’il les trouva, la cible de sa petite visite dans la cité. Ceux qu’il savait trouver sur sa trace, ceux qu’il était venu … débusquer. Ceux qu’il avait une envie infernale de titiller car Forth lui avait expressément interdit de leur nuire. Vladimir n’était pas stupide, il avait bien pris mesure de la fragilité actuelle d’Opale. L’exploitation du Myste avait doublé en vue de quadriller la cité de balises et de protections, tout comme la plupart des départements s’étaient affairés à trouver de quoi survivre à l’Apocalypse en devenir. Sa présence ici ne tenait qu’à une chose : il avait conçu la Chose. Il avait trouvé comment … fabriquer de quoi affronter la Brume sans perte humaine. Mais il avait aussi un autre dessein. Ce qu’il avait créé saurait aussi trouver preneur chez d’autres êtres au sein d’Uhr. Le Magistère lui devenait de plus en plus … austère. Pourtant, et cela n’arrivait pas assez souvent pour qu’il le reconnaisse, il fut surpris.

- Dame Fà. lui répondit-il, avec une révérence tout à fait accordée à son statut mais juste un peu trop appuyée pour être ... inconvenante.

Il lui sourit avec ses canines effilées et envahit l’espace avec une fragrance doucereuse de naphtaline. Vladimir releva le menton à la mention de sa délégation et haussa un sourcil, comme si elle avait pu en douter.

- En effet. J’ai ouïe dire que vous étiez mêlée à cette … expédition et je me suis dit que … et bien il serait propice de … joindre nos efforts. commença-t-il, se rappelant les affres de ce sinistres manoir et les talents cachés de la jeune femme. Pour le salut d’Uhr, bien entendu.

Le Baron lui sourit de nouveau. C’était tout sauf naturel chez lui. Conservatoire et Alliance, c’était surtout eux qu’il s’attendait à trouver. Mais la Xandrie, ici ? Qui plus est la famille Fà ? Voilà qui jetait un trouble inquiétant sur cette affaire. Que venait-elle chercher ici ? Quel intérêt pour le Viscuphage ? Le Conservatoire, il comprenait … mais elle ? Ils se toisèrent de leur politesse feinte jusqu’à ce que la jeune femme prenne les devants. Il détestait cela. Elle était plus agile que lui à ces jeux. Autant se montrer ouvert pour découvrir ses desseins. Autant … profiter de cette main tendue pour ne pas s’empoisonner en la croquant.

- Je n’ai jamais eu d’autre but que de coopérer …
mentit-il. Je venais justement ici à cette fin car j’apporte avec moi le salut d’Opale et de la guerre à venir. Vous n’êtes pas sans savoir que le Régent nous a tous trahis et a mené un attentat au cœur même d’Opale ? J’aurai cru que le Grand Sapiarque se serait donné du mal pour éliminer toute idée d’accointance mais … non.

Il croisa les bras tandis que son Tartare fit de même en une pathétique imitation du Docteur.

- Comme vous l’avez annoncé, dame Fà, cette expédition vise le progrès. Et la coopération de nos nations serait du plus bel effet pour raffermir les liens distendus après de pareils … événements. Je ne cherche qu’à protéger Opale, et du salut d’Opale dépend la Xandrie. continua-t-il avec un raccourci un peu trop gros, mais assez suave pour qu’il passe. Il laissa planer le doute sur le 'et inversement' qui ne vint jamais.

Vladimir se lécha une canine sous ses lèvres étirées. Il étudia les quelques individus qui entouraient Lan-Lan. Il savait Epistopoli aussi sur la piste du Viscuphage pour on ne savait quelle raison. Il ne les avait vu nulle part mais ne doutât pas du fait que, eux, l’aient vu. Il n’avait rien fait contre. Tous avaient besoin de voir Opale puissante et active. Bientôt la rumeur de sa création parviendrait aux oreilles des autres nations et, à nouveau, il changerait la face d’Uhr. Il s’apprêta à demander les ressources dont disposait Lan-Lan et à quelle fin elle se prêtait à ce jeu lorsqu’ils furent interrompus par l’arrivée d’une femme longiligne qui lui parla à l’oreille.

- Epistopoli ? Diantre. Ces chiens n’ont donc aucune limite à leur perfidie ? murmura-t-il à voix assez haute pour être entendu. Nul doute que Lan-Lan ait élevé la voix pour qu’il le perçoive aussi.

Ce fut là qu’il remarqua les deux individus postés derrière elle. Suffisamment discrets pour passer inaperçu. Mais l’une d’entre eux, il la reconnaissait. Pervenche, ou quelque chose comme ça. Et l’autre avait un visage familier. Il retenait surtout Pervenche qui avait été mimée par la chimère du Manoir dans sa précédente rencontre avec la Fà. Tiens donc … et cet accoutrement. Maraudeuse ? Eux il les connaissait, tout comme il y avait eu du grabuge chez eux récemment. Nouvel intérêt à coopérer avec la Xandrie, donc. Il lui offrit un sourire vide.

- S’ils désirent se lancer seuls dans la quête du lac, et affronter la Brume sans les protections opalines et les chaînes de ravitaillement du Conservatoire : autant les laisser faire non ? Ils feront de bons appâts pour les dangers de la Brume et nous sécuriseront la voie. Mes assistants sont en train de repérer les lieux et de préparer les balises électrogènes. Des nascents d’écholocalisation ont été déployés et les Tartares ont commencé les premières reconnaissances de la route.
proposa-t-il, tout en restant assez flou pour laisser suggérer de l’impact que pourrait avoir son équipe sur le bon déroulé de la mission.

Non pas qu’il aimât particulièrement coopérer, mais il savait reconnaître un enjeu valable quand il en voyait un. Il n’avait besoin que d’un morceau de la créature après tout. Mais plus que la créature, qui représentait le Graal de sa création, c’était les données qu’il récupèrerait sur le chemin aussi. Peut-être les quelques fragments nécessaires à son amélioration ? Qui savait … Cela lui coûtait mais Forth avait raison en un sens. Il fallait coopérer. Ainsi tous verraient ce qu’était prêt à déployer Opale. Qui de mieux placer pour évaluer sa Chose que ceux qui avaient dû affronter la créature qui en avait été la genèse ? Il ricana à cette idée. Pervenche et Lan-Lan n’allaient pas cesser d’être surprises. Et cet autre gusse au visage familier, là aussi. Il avait l’air important lui aussi. Dommage que le petit Keshô ne soit pas dans les parages lui-aussi … trop occupé à têter le sein de son cher cousin Seraphah, hm ?
Mer 1 Mai - 17:12

Acte I, scène I

Le Mur


Ils étaient deux, dragon spectral et dragon de ténèbres, à fendre la Cité Immaculée. Leur célérité resterait dans les mémoires et ranimerait les mythes. A l’autre bout de la cité, à un quart de lieu des portes, le dirigeable était stationné. Toute l’équipe scientifique entassait à la hâte des caisses et des équipements pour larguer les amarres.
-« Sacrebleu ! … Que sont ces sornettes ?! »
-« Violette ! »
-« Comment ? »

[REQUÊTE] Ad Nauseam Zynh

Toute personne située dans un proche périmètre du Zeppelin Epistote fut immédiatement affectée. En particulier celles liées à une nébula. Elles la sentirent s'éteindre. Plus marginalement, celles qui auraient été en train de faire usage d’un nascent ou de cristaux. Toute magie s’étiolait à une vitesse alarmante, jusqu’à s’étouffer dans l’œuf, aspirée par le Gargan. La fabuleuse chimère occupait quasiment tout l’espace intérieur du ventre rebondi de l’aéronef. Pris de stupeur, Andorians et scientifiques durent se tasser près des parois cloutées de l’appareil.

Légèreté. Presque un vide. C’était donc cela qu’on ressentait une fois libéré de sa nébula. Bien que temporaire, le soulagement était divin pour Keshâ qui découvrait ce rare totem d’invocation pour la première fois. Plus rapide que la réflexion, le totem était apparu dans sa main par spatiokinésie comme une piqûre pavlovienne. Il avait suffi que la voix de Violette retentisse au dehors. Un picotement parcourait déjà son échine, annonçant un prochain vertige à l'utilisation de ces artefacts.

-« C’est une mafieuse. Et maraudeuse. » précisa-t-il comme s’il poursuivait naturellement la conversation.

Il ne savait pas ce qu'elle faisait là. Comment cela pourrait-il être un bon signe? Le Gargan se courbait pour épouser la voûte du plafond, sa queue translucide était d’une longueur infinie. Elle s’enroulait sur elle-même avant de sinuer entre les savants, tenant plus lieu de tentacule. Pour ceux qui se trouvaient les plus proches de la sortie, comme c’était le cas d’Archibald Van Schönbourg-Hartenstein, une tête de chouette était visible. La Sapiarque arborait une moue méprisante en voyant un simili emblème de la Cité des Sciences prendre naissance comme tête du Gargan.

Affectée par l’inconscient de son invocateur, la tête du Gargan rappelait clairement l’Ulule rencontré à Yfe qui n’était autre que Déméphor. A peine stabilisée, une autre tentait de pousser en déformant la peau de son cou, comme si des mains géantes enfermées dans son gosier tentaient de s’en extirper.

-« Excellente initiative, Shantalam. »
-« Hum. C’est Keshâ’rem. »
-« C’est presque ce que j’ai dit. N’est-ce pas Wilberg ? » demanda le zoologue de renom à son disciple.
-« Euh… oui, en effet, Sapiarque Van Schönbourg-Hartenstein. »

[REQUÊTE] Ad Nauseam Wqs7
-« Quelle idée aussi pour un citoyen Epistote de conserver un prénom autochtone… Ne perdons pas de temps… Officier Karmine… activez deux des robots de combats Pacificateur V6 et emmenez-les en ronde pour inspection complète de l’appareil. Passez tout au crible en recherche d’anomalie technique ou d’intrus… les maraudeurs n’agissent que rarement seuls et affectionnent la perfidie… Officier Karmine ?... L’œil de notre guide Suprême, le Grand Sapiarque, est sur vous… soyez digne de notre état-major… donc sans pitié. Rompez, soldat.»

Ce qu’il fallait savoir est que les scientifiques Epistopolitains n’étaient pas des boutonneux terrorisés à protéger. Même s’ils étaient des hommes de tête, ils avaient la fierté et le rang de la noblesse. Plusieurs d’entre eux appartenaient de près ou de loin à l’appareil d’état.

La faction totalitaire versée dans la technologie. Les robots de combats scanneraient les murs en quête de problèmes. Archibald venait de dégainer un Gauss-35. Keshâ n’entendait pour sa part rien à cet arsenal.

-« En tout cas, excellente initiative, mon garçon… j’avais des doutes sur vous… mais l’état-major a insisté sur l’utilité d’un invocateur… je ne peux que remercier l’officier Karmine d’avoir soutenu votre participation. »

Vladimir, Violette… Keshâ’rem commençait déjà à se dire qu’il n’aurait jamais dû accepter ce contrat. Il ne maîtrisait sa nébula qu’à renfort de médication. Mais il comprenait maintenant qu’on l’avait engagé non pas tant pour protéger l’équipage « dans la brume », qu’ « avant la brume ».

Relégué au rôle d’exécutant, le jeune homme regardait le sapiarque ouvrir la porte du Zeppelin tel un pont levis et s’embraser de la lumière crue du désert, face à ce qui devait être Violette. Mais il ne pouvait pas la voir d’où il se tenait. Il n'aimait pas beaucoup cet homme cassant.
-« Vous m’en direz tant, jeune personne. » maugréa le sapiarque face à la maraudeuse.

« Petra. Radio. » Il tendit la main en attendant que sa collègue scientifique lui transmette l’appareil de transmission peu soucieux de faire poireauter la maraudeuse sous un soleil de plomb.

« Transmission. Archibald Van Schönbourg-Hartenstein, sapiarque du comité d’Epistopoli, zoologue et chef de l’expédition scientifique envoyée dans les Terres Brûlées, en escale diplomatique à Andoria… » égrainait-il à l’antenne de leurs alliés à Andoria, qui relayerait immédiatement à travers différents points relais vers l’état-major d’Epistopoli.
« Nous sommes arraisonnés par une… « maraudeuse » - c’est bien le badge de la guilde que je lis sur votre poitrail ? – qui prétend représenter l’Alliance, et à peu près le reste du monde, dont Xandrie et Opale…. Elle semble menacer notre sécurité immédiate et utilise les termes « ennemis » et « confrontation ». Considérez comme casus belli en l’absence de nouvelles de ma part dans de courts délais. »

Relâchant la radio dans la main de Petra qui se tenait à côté de lui, il jaugea le Pacificateur, automate de dernière génération que venait de libérer un autre collègue pour se placer aux côtés du sapiarque.

-«Mademoiselle. Sont-ce des menaces ? Notre nation est souveraine et place la science au sommet de ses préoccupations. Nous sommes venus en paix. Mais comme vous pouvez le voir, en cas de conflit, nous n’hésiterons pas à faire feu. Et quand je parle de feu, je ne parle pas de l’Hypathie, mais des bombardiers qui pourraient se trouver en quelques heures dans les cieux des factions attentant à la sécurité de notre territoire, auquel ce bâtiment est réputé appartenir. »


C’était son introduction, juste histoire de remettre le laboratoire au centre de la métropole.
-« Vous dites donc que que Xandrie et Opale veulent discuter. Fort bien. Wilberg… ramenez des lèvres innocentes, parmi nos amis Andoriens. »

Le jeune Ghassan qui devait avoir à peine dix-sept ans sortit de l’appareil d’une démarche incertaine pour rejoindre le sapiarque. Il était évident qu’il aurait préféré ne pas être mis en lumière.
-« Garçon. Va chercher Opale, Xandrie et l’Alliance. Seulement les hauts dignitaires. Oublie les sous-fifres, la piétaille et la soldatesque. On prendra leur siège comme une offense appelant représailles. En priorité, ramène-moi leur plus brillant scientifique pour m’entretenir avec… Et la personne qui l’a envoyé, elle. »

Se retournant vers Violette, qu’il considérait enfin, il sourit, d’un sourire sans joie. Epistopoli négocierait. Selon ses termes. Sur son territoire. Par clémence. Les quémandeurs feraient le déplacement comme il se doit. Les blâmes seraient consignés avec tous les noms. Elias Van Beck en ferait ce qu’il voudrait. Malgré les fulminations noires, personne dans tout Uhr ne pouvait s’opposer à lui. Sauf peut-être lesdits Caravaniers. Mais on n’allait pas le laisser penser.

Donnant l’air de faire la conversation, il temporisa :
-« Vous devez savoir que l’Alliance est un regroupement coopératif basé sur les hautes cités et certaines cités secondaires… Uhr n’étant pas une fédération, l’Alliance ne régissant aucun état… son pouvoir symbolique ne lui autorise nullement à ordonner quoi que ce soit à un état souverain, en partance vers un territoire neutre… Opale n’est pas capable d’empêcher sa capitale de sauter, ce serait bien drôle de les voir nous dominer militairement à Andoria… Xandrie ?... Xandrie ? … depuis combien de temps arborez-vous ce pin’s ? Une semaine ? »

Archibald était sûrement une raclure hautaine. Mais il allait falloir descendre de deux ou trois tons pour parler à Epistopoli. On ne vient pas prendre otage la plus puissante des factions en prétendant tendre une branche de lauriers. Avant toute chose, Van Schönbourg-Hartenstein attendait le rapport de Karmine.

Résumons:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Sam 19 Oct - 3:28, édité 1 fois
Jeu 2 Mai - 21:11

Peut-on me rappeler ce que je fiche dans un tel bourbier ? Une simple mission de blocage est sur le point de se transformer en crise diplomatique. Voilà où j’en suis dans ma vie de merde. Mes capacités s’annulent subitement et je me retrouve à la vue de tous. Mais personne ne semble encore m’avoir remarqué. C’est une aubaine. Dois-je m’enfuir ? Je passerais pour un gros lâche. Pourquoi ma vie est-elle un tel fiasco ? Pourquoi n’ai-je pas une vie plus simple, plus ordinaire ? Mais quand j’entends le gros Archibald, le grand sapiarque, mes instincts d’assassin reprennent subitement le dessus. Je ne comprends même pas que certains n’aient pas déjà entamé une procédure d’assassinat en son encontre. Le type absolument imbuvable.

Il est grand temps pour moi de mettre fin à cette supercherie. Je suis ici en tant que représentant du roi de Xandrie, et non pas en tant que sous-fifre. Ma parole doit avoir du poids, sous peine de réellement provoquer une guerre contre au moins deux nations. On ne peut se permettre de ramener tout le monde. Le temps que Lan-Lan ou Vladimir n’atteigne le zeppelin, on aurait déjà eu le temps d’entrer dans la Brume. Pas question de perdre davantage de temps, mademoiselle ne nous le pardonnerait pas. Non pas que ça me touche plus que ça, mais elle ira se plaindre auprès de mon grand-père, le roi, qui fera mine de me passer un savon et me fera perdre de mon précieux temps par la même occasion.

“Il est dommageable qu’un si grand personnage, doté d’une si grande intelligence, puisse se rabaisser à de tels raccourcis. Madame Violette ici présente n’a en aucun cas proféré des menaces. Elle a simplement, à sa manière, demandé à votre éminence de bien vouloir annuler l’envol de ce zeppelin.”

Une présentation est sans doute nécessaire.

“Je me présente : Geralt d’Omanie, représentant direct du roi de Xandrie, et donc représentant de la même Cité au sein de l’Alliance. Et comme je l’évoquais précédemment, nulle intention de vous nuire, chers compatriotes epistotes.” Du moins, pour l’instant, bande de sales arrogants prétentieux. “En d’autres termes, monsieur Van Schönbourg-Hartenstein, je ne puis tolérer les accusations que vous nous portez. Nous souhaitons consolider nos alliances, qui plus est avec la plus grande puissance d’Uhr, pour maximiser les réussites de la mission. N’oublions pas que nous partageons des objectifs communs et qu’il serait contre-productif de nous causer des torts, et ce avant même d’avoir débuté.”

En fait, j’en ai déjà ras-la-casquette de cette mission. Je n’ai pas prévu de me retrouver au milieu de tous ces idiots. Autant les brosser dans le sens du poil, qu’on puisse rapidement se tirer d’ici. Jouer au diplomate en carton, c’est drôle deux minutes. Là, j’en ai ma claque. Je dois absolument les rassurer sur le fait que nous n’avons aucune intention de les empêcher de décoller. Par ailleurs, c’est stupide de vouloir les en empêcher. Comment parviendraient-ils à se repérer dans la Brume ? Je veux bien croire que leur technologie est des plus avancées, mais la Malicieuse n’apprécie guère l’intrusion de tous ces gadgets. Au moins, Violette et moi avons eu le mérite de les ralentir un peu. Inutile de les contrarier plus que cela. Ils s’embourberont eux-mêmes en se précipitant.

“Pour vous prouver notre bonne foi, nous allons tout bonnement nous retirer, monsieur Van Schönbourg-Hartenstein. Si vous souhaitez poursuivre en notre compagnie, vous savez où nous trouver. Dans le cas contraire, je vous souhaite bonne fortune.”

Sans même attendre une réponse de sa part, je rebrousse chemin et me dirige vers le rassemblement d’Opale et de Xandrie. Ma camarade maraudeuse n’est probablement pas satisfaite, mais ça aussi, je n’en ai cure. Je souhaite seulement retourner sur Andoria et me prendre une bonne pinte avec mon ami Arvane. Voilà la vie que je mérite de mener. Celle-là et pas une autre. Mais on me contraint malheureusement à vivre une vie bien moins paisible, bien plus risquée. En tous les cas, pour cette situation, je ne pense pas avoir mal agi. Si Epistopoli décide de s’envoler maintenant, ils n’auront qu’une légère avance. Avance qui ne sera que de courte durée, car il risque de rencontrer bien des problèmes à vouloir survoler la Brume et à user d’autant de technologies.  


Résumé:
Ven 31 Mai - 11:54

Acte I, scène III

Autour de la table ronde, discutons, chevaliers


Je n’en attendais pas moins des ressources du Magistère. Minauda la Xandrienne en direction de son nouvel allié. L’idée de la coopération Opaline était aussi charmante que déroutante, mais donnait un poid significativement plus appuyé à leur expédition. Vos efforts seront grandement récompensés, et en cela, vous bénéficierez du même soutien Monétariste que nous apportons déjà au conservatoire. Même si notre renfort est davantage humain, je ne doute pas que vous saurez faire bon usage de ce que nous avons à vous apporter.

Elle observait secrètement, par-dessus son épaule, la lugubre armure qui les surveillait comme une ombre - son odeur était un peu trop forte pour être naturelle, et trop désagréable pour être en bonne santé. Un nouveau jouet entre les mains du scientifique? Si il le fallait, elle lui intimerait de prendre un bain, sans doute un peu de savon résoudrait leur problème.

Quant aux Epistotes… L’idée de les laisser essuyer la première vague est charmante, j’en conviens. Mais plus charmant encore serait de pouvoir bénéficier de leurs atouts, n’est-ce pas? Vous auriez tout à gagner à collaborer - ressources, protection… Marcher sur des cadavres n’a jamais apporté grand-chose de plus qu’un son dégoûtant et un paillasson trop moelleux.

Lan-Lan ne s’arrêterait pas à la fuite. Il lui faudrait une victoire totale, une alliance complète, la reddition des égos. Si ils avançaient ensemble dans la même direction, ils pourraient s’aider mutuellement, s’apporter ensemble. Un groupe, même dissident, demeure un groupe. Et chacun voudrait briller suffisamment pour dépasser son voisin, élevant ainsi le niveau général à son paroxysme. Et bien que ce fut un pari risqué, elle se devait de prendre le risque.

Parfait! Déposa-t-elle pour toute couronne à leur entrevue, ne pouvant cacher un sourire grisant à l’idée de toiser les Epistotes et de, par un prompt renfort, se voir devenir un des premiers consortium scientifique de ce siècle. Cher Baron, me ferez-vous l’honneur de m’accompagner? Une visite chez nos confrères Epistotes s'impose.

En cela, elle lui offrait discrètement l’opportunité d’être l’homme de la situation. Le représentant Opalin, mais également le visage du dialogue, celui qui a accepté, malgré l’opportunité, d’écouter la raison. Le Juste. Un bien curieux titre pour lui qui devait se percer les lèvres au moindre sourire, mais qui, pour une fois, lui irait à ravir.

A peine eut-elle mis les pieds dehors qu’elle entendait déjà un vacarme terrible en provenance des abords d’Andoria - de toute évidence, Violette et Geralt étaient arrivés à bon port. Un bon début qui ne rendit sa route vers l'aéronef que plus excitante… Et inquiétante. Une part d’elle craignait qu’ils aient involontairement déclenché un conflit international, mais elle priait sur leur bon-sens pour ne pas s’être montré trop brut.

Quelques minutes plus tard, elle arriva finalement, sagement accompagnée de Miyuke, de Vladimir, et d’une élégante pervenche qu’elle avait cueillie sur la route. Cette dame se disait guide, semblant tenir Miyuke au bout de ses mains par autant de secrets. Elle semblait fiable, aussi avait-elle consentit à ce qu’ils les accompagnent, consciente qu’elle n’hésiterait pas à la rendre à la Brume à la moindre incartade.
Face à eux, un vaste parterre Epistote. Semblable à eux-mêmes, une grande débauche de moyen, de technologie, de petites leds qui scintillaient de toute part. La Brume n’avait qu’à bien se tenir! Qu’ils disaient. Mais à ce stade, elle ne ferait qu’une bouchée d’eux, avec autant d’efforts pour la percer.

Elle eut rapidement fait de retrouver du regard Azur, et Violette; quels qu'aient été leurs paroles, elles semblaient avoir quelque peu adoucit la situation avec les Epistotes, dont le leader se tenait face à eux avec un rictus sordide. Se pourrait-il, un deuxième Baron Von Arendt? Le loup blanc semblait sinistre, et plus imbu encore de sa personne que son nouveau comparse. Une nouvelle montagne à surmonter… C'était bien son affaire.
Un éclat améthyste vola un instant son attention. Derrière le sapiarque se trouvait l’ombre d’un passé pas si lointain, la poussant une nouvelle fois à croire que le destin était joueur, et que son humour était curieux… Keshâ’rem Evangelisto, lui-même, revenu des cendres du manoir en héros pour accompagner la délégation épistote vers son destin. Elle ne put réprimer un sourire à son attention. Le club des 5 était enfin au complet.
Mais avant toute fête, il fallait mener bataille - Miyuke lui murmura à l’oreille quelques mots, et Lan-Lan prit la parole dans son sillage.  

Veuillez excuser nos manières sans doute un rien cavalière, j’en conviens. Comme l’a souligné le discours conciliant de notre accompagnateur, Monsieur d’Omanie, notre unique dessein était de ne pas vous manquer… Il aurait été dommage que nous n’ayons pas l’occasion de dialoguer de vive voix, n’est-ce pas? Son ton était doux, léger, mais chaque mot était une nouvelle aiguille qu’elle glissait sous sa peau. Un autre loup, comme Von Arendt, mais dont les canines trop longues rayé le parquet. Il n’avait pas son éloquence perfide, et, de toute évidence, il n’avait pas son égo. Un être faudrait mater. Imaginez notre surprise quand on nous rapporta que nos confrères épistotes comptaient s’envoler sans même prendre le temps de nous saluer, nous qui pourtant n’avions nulle ambition belliqueuse. C’est un étrange signal que tu nous envois,

Ego, petit ego, comment bien te flatter? Elle contempla un instant le bougre. Grand, propre sur lui. Un homme de pouvoir, la poigne forte, l’ambition dévorante, sans doute. Un homme à flatter. Un homme à séduire.

Je conçois que nous n’avons pas été présentés… Mademoiselle Fà, pour vous servir. Dit-elle en lui présentant sa main. J’ai rarement l’occasion de collaborer avec de si hauts dignitaires, et scientifiques de surcroît, vous m’en voyez honorée.

Elle attendit doucement que la paume Epistote enferme la scienne, de paume moite à paume moite, pour laisser faire ses charmes… Tout synthétique. En effet, dans le creux de sa paume s’était logée une goutte d’un liquide inodore, invisible.
Il n’y avait qu’un homme à séduire qu’elle voulait à ses pieds, qu’une épine dans ce dirigeable, qu’un loup à dompter: le sapiarque Van Schönbourg-Hartenstein. Aussi, un peu d’aphrodisiaque ne peut pas faire de mal. Si?

Monsieur, loin de moi l’idée d’insulter votre illustre expérience. Mais les bonnes façons, tout comme la raison, nous impose de travailler de concert, et non pas en tant qu’ennemi. Vous comme moi n’êtes pas sans ignorer l’importance de la collaboration, surtout en ces temps si troublés. L’union fait la force, et dans la brume plus encore; notre dessein n’a jamais été l’exclusivité de la découverte, mais la coopération des forces, la convergence des savoirs. Nous rentrerons tous grandis de cette expérience, nos blasons dorés, et des alliances tissés sur la Brume, n’est-ce pas, Monsieur Von Arendt?

Inclure le Baron Opalin était une autre façon de mettre le loup Epistote face à son égoïsme. Si même le Magistère avait jugé bon de coopérer, alors Epistopolie se retrouverait non plus entouré d’inconnus, mais d’ennemis. Une position toujours plus clivante, surtout devant le public. Mais je gage que vous prendrez la meilleure décision, Monsieur Van Schönbourg-Hartenstein. Après tout, nous n’avons toujours entendu que louanges à votre sujet.

C’était bien évidemment faux, il suffisait de regarder autour de lui pour comprendre la malice et la haine que lui vouait son équipage. Mais autant brosser dans le sens de son poil trop épais la bête pour obtenir toutes ses faveurs.
Une fois le charme fait, elle se retourna vers le reste de l’assemblée, face à un public coi de voir une si frêle personne parler autant. Un matadore aristocratique qui voulait voir avancer le problème.

En écoutant sa réponse, Lan-Lan tournait le visage vers l’assemblée - Keshâ était un atout de taille en soit, et elle comprenait aisément le choix du sapiarque de s’être tourné vers lui sur le chemin des marais. Mais avec lui, il y avait autant d’hommes, de femmes, de moyens… De quoi avoir le vertige en regardant les outils de Xandrie, et le convoi d’Opale. C’était tout simplement trop, une armée entière pour entrer dans la brume, perfide Brume, odieuse Brume.
Brume létal.

Il fallait dégrossir leur dessein. Et pour cela, jouer des coudées franches pour décentrer les ambitions, adoucir le trait, déplacer les égos non pas vers l’homme, mais vers la machine.

Mes clients et moi-même avons pour cœur la découverte scientifique, et non la destruction du lieux ou la mise en danger inutile des vies de nos collaborateurs. Plus nous serons nombreux, plus nous prendrons le risque d’avoir des pertes inutiles, des pertes que nous aurions pu épargner. Dit-elle avec calme. Mais votre force n’est pas uniquement dans le nombre. Si vous ne pouvez envoyer d'hommes, prenez des moyens, des machines. Constituons le plus petit groupe possible, seuls les plus forts pourront accompagner les scientifiques. Et armez-les, équipez-les de la technologie de vos nations. Ainsi pourrons nous faire face à la Brume de concert, et s’assurer une opération victorieuse.

Elle attendit doucement, laissant les tigres se disputer le bout de viande, s’imposer, montrer par sa parade qui d’entre eux sauraient être le plus généreux pour les accompagner, pauvre petits scientifiques. Mais il fallait que ce groupe d’élite soit raccourci pour éviter un maximum de pertes.

Oh, mais d’ailleurs… J’espère que personne n’est gêné par ceci. Une simple babiole pour rendre mes rapports à l’Alliance. Son dernier atout. Sa dernière carte. Son holographe, à sa ceinture. Enregistrant tous leurs mots depuis son arrivée dans le dirigeable.  
résumons:
Sam 1 Juin - 14:27
Non, l’idée de coopérer avec Epistopoli ne lui convenait pas. Ces imbéciles feraient certes un superbe appât pour la Brume, ce qui aiderait le strigoï à ne pas subir ses affres. Certes. Mais il plissa les yeux face à une information plus importante encore. Les monétaristes ? Déjà, l’argent n’était pas sa préoccupation. Mais les monétaristes ? Conservatoire et Xandrie. Xandrie et famille Fà. Un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres fines. Intéressant. Très intéressant.

- Il est plus facile de prendre ce dont nous avons besoin sur des cadavres, chère amie. D’autant plus que ce départ précipité traduit une volonté de leur part de nous devancer, non pas de coopérer. Mais ils feront de superbes sujets de test. Tâchez seulement de vous souvenir que seul leur propre profit les intéresse avant de sentir leur lame entre vos vertèbres. répondit-il, en éludant d’un geste de la main cette histoire d’alliance entre les diverses factions.

Il avait déjà eu ce qu’il voulait d’Epistopoli, il avait déjà récupéré la matière nécessaire à ses projets. Ils étaient étriqués et obtus : leurs avancées seraient futiles en comparaison de ce qu’il allait offrir au monde. Leur objectif était centré sur eux-mêmes : c’était ainsi que les loups avaient pu se développer chez eux. Ce ne serait pas arrivé au Magistère. Ils avaient leurs torts, mais jamais un loup ne serait assez fou pour tenter de s’infiltrer dans leur antre.

- Je vous accompagne. musarda-t-il en lui tendant son coude.

Oh, elle allait détester. Tout comme lui n’appréciait pas les contacts, mais elle avait cette fâcheuse tendance de prendre l’ascendant sur leurs relations. Il lui offrait là une entrée … qui aurait de quoi faire réagir n’importe qui. Xandrie qui prend le bras à Opale. Il frémit de plaisir face à l’inconfort que provoquerait cette vision-là, cette petite écharde qu’il enfoncerait dans les occiputs de tous ceux qui oseraient se dresser face à lui. Il était apte à manœuvrer, lui aussi, bien qu’il n’apprécie pas être au centre des attentions. En l’état, il savait qu’elle voudrait avoir l’ascendant sur les relations. Il ne serait pas un suivant dans son ombre. Ils marcheraient en égaux. Tout ce qu’elle obtiendrait serait aussi sa réussite. Elle plaça sa main au-dessus, bien entendu.

Un grognement le ramena au présent, loin de sa toile de machinations. Prométhée avait posé la main sur son arme. Le Docteur lui intima de ne rien en faire d’un geste de la main. Il ne maîtrisait toujours pas les subtilités et tout contact pouvait être vu comme un danger pour Vladimir. Celui-là, en l’occurrence, en était un. Mais pas du type de ceux que la créature pouvait gérer.

La petite délégation finit par arriver aux abords de la troupe épistote. Ridicule petite troupe que le Baron jugea de haut. Il les observa et ne put retenir un rictus. De la chair à Malice. Tout empestait l’électrique, le puant du carburant synthétique. Il n’aimait pas l’électricité, c’était un fait. Mais une autre entité détestait cela : la Brume. Après tout, comment auraient-ils pu créer les Nascents sans cette petite phobie nécessaire ?

Comme il l’avait anticipé, ce fut Lan-Lan qui prit les devants. Ils arrivèrent face à un espèce de grand escogriffe, bardé d’incapables épistotes. Le Baron observa les alentours tout en laissant la main de Lan-Lan sur son bras. Des modèles V6 ? Des fusils Gauss. Tout une batterie d’équipements de détection … mais rien qui ne soit propice à lutter contre la Brume de façon efficace. Entendez là, de façon opaline. Epistopoli avait toujours rêvé d’explorer cet autre monde mais la violence à laquelle ils se confrontaient causait de lourdes pertes. Heureusement qu’ils pouvaient fabriquer ces technologies à la chaîne … Quoi qu’il en soit, c’était Opale qui avait ce monopole. Le Myste était un atout indéniable.

Le Docteur observa Pervenche et Geralt qui semblait avoir déjà échauffé les esprits, mais son regard s’arrêta sur un faciès connu. Méprisé. Le jeune Keshô, empêcheur de première et idéaliste dont l’imbécilité les avait fait passer à côté d’avancées … considérables.

- Prométhée, va prévenir le Tartare. Mimic. ordonna-t-il entre ses dents, assez bas pour que peu puissent l’entendre.

L’armure ne bougea pas. Vladimir jura entre ses dents. L’information semblait mettre du temps à faire son chemin dans la cervelle moisie dont il l’avait doté. A moins que ce ne fussent les souvenirs ancrés dans cette dernière qui restèrent un instant à la surface des pensées de Prométhée ? De voir ces cinq individus ainsi réunis devait faire émerger des pensées chargées d’émotion … C’était à la fois malavisé et extrêmement intéressant. La mort libérait-elle les tissus de ses souvenirs ? Les morts pouvaient-ils se souvenir de la déchéance qui avait précipité la fin de leur vie ? Au bout de quelques secondes, Prométhée s’exécuta pourtant.

- Je rejoins les préconisations de Dame Fà. C’est ainsi que le Magistère opère. Peut-être une des façons qui permet d’éviter au mieux les pertes inutiles et qui maximise les informations recueillies dans la Brume. Mais ce n’est que l’avis de quelqu’un qui possède une expertise du terrain.
commença-t-il en rivant son regard d’opale dans celui du scientifique.

Von Choucroute le regarda de haut. Ses yeux s’égratignèrent sur le sigil du Magistère qu’il portait et sur son visage. Il ne le connaissait pas. Ce n’était pas étonnant. Il ne perdait pas son temps à parader, il ne recherchait que l’efficacité. Ça … et le fait que ses recherches étaient plus souvent cachées qu’étalées au grand public. Mieux valait que ce fut ainsi. Lui, en revanche, il savait qui c’était. Il le détestait déjà bien avant de le rencontrer ici.

- Le Magistère vous salue, Archibald. Enfin, je dois dire Sapiarque c’est ça ? Je ne sais jamais comment m’adresser aux stagiaires de Nikolaï Svetlanov. reprit-il, se demandant s’il avait affaire là à un vrai décideur ou à un pantomime de chef d’expédition : un Sapiarque se devait de savoir, non ? Les autres ignorants ne comprendraient pas grand chose à l'insulte. Ou encore à des corps ‘diplomates’ hébergeant des criminels recherchés par le Magistère.

Il fit un signe du menton pour désigner Keshâ’rem. Il s’était mis à dos le Magistère lors de leur dernière échauffourée. Si ça n’avait touché que Vladimir, encore … mais il avait confronté des Tartares. Il lui sourit. Tartares il y aurait durant cette expédition et il se délectait déjà des interactions. Il ne laissa pas le temps à ses interlocuteurs de réagir.

- Mais Opale, elle, n’est pas là pour décorer les murs d’Andoria. Je n’ai que faire de vos petites lubies propres à générer de la chaire vive pour la Brume. Il se trouve que mon amie a su me convaincre pour vous laisser une petite place dans cette expédition, en dépit des dégâts causés par votre nation à la mienne. Votre grand Sapiarque s’est fait bien silencieux, d’ailleurs. Vous glisserez à Elias qu’il a les salutations du Baron Vladimir Von Arendt lorsque vous le croiserez, hm ?

Façon peu subtile de se révéler tout en méprisant son interlocuteur, qui ne méritait même pas une introduction en bonne et due forme. Il lui sourit et éluda la moindre de ses remarques d’un geste de la main. Pédant et insupportable au possible, ah qu’il aimait exercer son fiel. Il ne répondit à ses remarques qu’avec un petit sourire satisfait. Il doutait fortement que ce type le connaisse. Cela ne rendait les choses que plus délectables : Vladimir était assez conforté dans son égo pour prendre comme un compliment l’ignorance à son sujet. Bien que Forth et Higgs fassent tout pour cacher son existence … ce que beaucoup de personnes ici présentes devaient comprendre, et apprécier, à présent.

Ce fut alors que Lan-Lan révéla son petit coup de … ahem. Le bras du Baron se resserra et il afficha une moue furieuse.

- Bien entendu, Lan-Lan. La transparence a toujours été quelque chose de remarquable … maugréa-t-il, conscient qu’il venait de balancer son nom sur un enregistrement qui ne tarderait pas à tomber entre les mains de l'Alliance ... et puis du Magistère.

De toute façon, il aurait été imbécile de penser que ses actions restent méconnues des autres factions. Il s’était immiscé dans leur terrain de jeu : cela n’aurait été qu’une question de temps. Il soupira lorsqu’il aperçut quatre silhouettes en armure drapées de rouge dans la foule qui commençait à s’amasser autour d’eux. L’odeur nauséabonde de Prométhée lui indiqua qu’il était revenu à ses côtés, en ayant bousculé plus d’une personne au passage.

- Je vous suggère de mettre à plat les conditions de notre coopération et de ratifier un contrat précis en vue des gains relatifs à cette expédition. De façon à s’assurer un partage … équitable. proposa-t-il après s’être légèrement raidit au retour des Tartares.

Il n’était venu que pour une chose. Tout gain supplémentaire serait un bénéfice notable pour le Magistère. Tester Prométhée et … l’améliorer. Le reste serait du bonus. Un bonus substantiel. Et avec les Tartares présents, il était important de bien se comporter. Non, ce n'était pas de la peur. C'était stratégique ... stratégique, oui voilà.


Résumé:
Lun 3 Juin - 15:32

Alors toi

Club des 5 (6)




Azur avait disparu en tant qu’ombre et Violette se contenta d’attendre en croisant les bras, bien contente de faire travailler quelqu’un d’autre à sa place. Quitte à ce que les épistotes se décident à jouer perso et lâchement, rien ne l'empêchait de faire de même non ?

Néanmoins epistopoli semblait avoir été plus prompt à réagir que Violette ne l'imaginait. Elle espérait simplement attirer l’attention, mais elle l’avait eue d’une tout autre manière. En effet, peu après ses paroles à l’égard de la délégation, Violette sentait sa nébula être réprimée, une sensation assez désagréable pour la portebrume qu’elle était, tant cette part de brume en elle était liée à son âme et à son existence.

Fronçant les sourcils sans dire un mot, elle déplia les bras avant de tenter de créer quelque chose dans sa paume avec son pouvoir de surcroissance. Elle y arrivait… mais difficilement. Une affectation partielle donc. Combattante expérimentée faisant, la maraudeuse analysait par réflexe le pouvoir auquel elle était probablement soumise. Abrogation ou une variante. Ce n’était probablement pas un cristal ou un nascent, car une utilisation à distance de ce genre de capacité demandait un pouvoir purifié qui de toute façon provoquait une annulation totale des capacités adverses. Une annulation partielle à distance sans contact était probablement le fruit d’un totem ou du monstre correspondant bien qu’elle n’avait pas grande idée de quel genre de bestiole il pouvait s’agir, ses connaissances en matière de faune et de flore étant très faibles vis à vis de ses connaissances des pouvoirs et de la manière de les combattre.

Elle soupira.

C’était gênant mais pas insurmontable à ses yeux, c’était même plus utile qu’elle sache maintenant qu’ils avaient ce genre de carte à disposition. Elle pourrait prendre quelques contre-mesures préventives contre ce genre de chose par la suite.

Puis vint le sapiarque, qui commença à parler longuement pour se plaindre, critiquer qui il voulait, et même chercher à la provoquer. À mesure qu’il parlait, la cheffe des maraudeuses fronçait de plus en plus les sourcils, ne lui accordant aucune déférence quand bien même il s’était lui-même annoncé comme membre du comité d’instruction. Plus encore, on sentait qu’elle était vraiment tiltée parce que disait le sapiarque, et qu’elle n’avait aucune volonté de le cacher.

En tant que maîtresse de guilde, elle se devait de garder quelques formes diplomatiques et des rapports cordiaux. Néanmoins, les maraudeurs restaient des maraudeurs. Ce n’était pas des monétaristes ou des politiciens qui, avides d’obtenir quelque chose, pouvaient garder les formes en tout instant. Ils pouvaient être cordiaux, voire amicaux quand les formes étaient réciproques, néanmoins jamais on ne les verrait faire la serpillière béate d’un ministre qui leur crachait ouvertement dessus.

D’autant que Violette ne croyait pas vraiment les menaces avancées par l’homme qui de son point de vue surestimait sa propre importance pour sa nation. Certes, si jamais il mourait, cela provoquerait des remous, mais il était peu probable qu’Epistopoli se mette en tête d’attaquer Opale ou Xandrie pour un homme seul. Après tout, ce ne sera pas pertinent au vu de la situation géopolitique actuelle.

Alors qu’elle allait lui répondre immédiatement, Geralt intervint pour parler à son tour en tentant de désamorcer la situation en se présentant comme le représentant du Roi de Xandrie.

Le regard de Violette se tourna vers lui, une certaine surprise pouvait être lue dans son regard.

Ainsi donc notre homme commençait enfin à dévoiler ses secrets. Elle en devenait presque curieuse bien que ce n’était pas le moment.

Après quelques mots pour restituer la situation, il décida de partir en offrant le choix aux épistotes de leurs décisions. Avec ou contre l’alliance des autres nations. La maraudeuse comprenait la manœuvre, mais elle n’avait pas envie de partir comme ça. Elle n’avait pas envie de partir comme un chien la queue entre les jambes, elle se devait de répondre à Archibald avec toute la gentillesse et l’empathie qui était la sienne.

Geralt partait, mais Violette restait, se retournant à nouveau avec le sapiarque qu’elle fusillait du regard.

Prenez mes mots comme vous voulez, je n’en retire aucun. Libre à vous de les interpréter après tout, c’est de votre responsabilité, pas de la mienne.

Elle continua avec un grand sourire parfaitement jaune, salé et acide.

Par ailleurs, puisque vous aimez donner à tous les mots une importance, j’imagine que sir Von Elbeck et le comité d’instruction seront parfaitement heureux d’apprendre qu’en tant que représentant diplomatique d’Epistote de vos propres mots, vous vous amusez sans aucune autorisation à menacer de guerre et de destruction totale vos propres alliés tout en les insultant. Puisqu’en tant que Sapiarque, vos mots sont ceux d’Epistopoli, je me demande ce qu’il se passerait si le Magistère et la couronne xandrienne finissaient par les entendre… Vous devez le savoir j’imagine, après tout ça ne fait pas qu’une semaine que vous êtes sapiarque non ?

Elle n’avait pas l’intention de se laisser marcher dessus plus longtemps. Alors qu’elle allait suivre Geralt après avoir craché suffisamment de poison pour être détendue de sa frustration, elle vit soudainement Lan-Lan et Vladimir venir par ici bras dessus-dessous. Spectacle presque irréel quand on connaissait la personnalité du Strigois, qui devait sans doute détester le contact avec tout ce qu’il estimait inférieur à lui.

Pendant que la noble xandrienne s’évertuait à retourner l’esprit du sapiarque avec les atouts qui étaient les siens, la maraudeuse regardait les alentours, peu désireuse de regarder la danse séductrice que faisait la monétariste à ce porc sur patte qu’était Archibald. Son attention allait ici et là, tantôt sur le groupe épistote, tantôt sur les opalins. Des informations bonnes à prendre, à la fois pour cette mission et pour l’avenir.

Ce n’est finalement que lorsque la noble conclut sur la nécessité de réduire le groupe que Violette se décida d’intervenir de nouveau.

Faut éviter tout ce qui est nascent, technologie, électricité, électronique que sais je. La brume n’aime pas ça et va réagir. Déja que l’utilisation répétée d’un nascent seul suffit à risquer la survie de tout un groupe, vu ce qu’il semble y avoir dans ce zeppelin je n’ose pas imaginer le feu d’artifice qu’il va y avoir et j’ai pas envie d’être au milieu.

Une chose était certaine, si ce navire entrait dans la brume, ce serait sans doute la pire insulte faite à cette dernière depuis des siècles.

Mar 4 Juin - 21:35

Acte I, scène I

Union alchimique


La maraudeuse n’avait pas apprécié la sauce aigre-douce.  Sa main généreuse épandait du citron sur les plaies. Homme de domination, Archibald ne craignait pas les rebuffades d’esprits inférieurs.

-« Je pourrais vous donner d'autres leçons de géopolitique… je me contenterais simplement de dire que vous surestimez la frayeur que peuvent m’inspirer la couronne Xandrienne ou le Magistère. Epistopoli répondra avec tous ses moyens à une attaque contre l’un de ses représentants officiels. La notion d’alliés est toute relative.»


Il manqua de pouffer en repensant à la façon dont le nom Van Beck avait été écorché. Comme il se torcherait des complaintes de personnes si peu éduquées. Gerald d’Omanie se présentait à présent. La bouche tortueuse d’Archibald hésita un instant entre grimace et sourire.

-« Monsieur d’Omanie… je reconnais en vous un émissaire royal. Vous parlez bien mieux que certains de vos intentions. » répondit-il en semblant se radoucir.
Il n’aimait pas ce blanc-bec importun qui venait de mettre à mal son décollage. Cela ne sent jamais bon quand tout un nid de rapaces vous tombe dessus. Les yeux fixes, il semblait dévisager intensément Azur.
-« Un lien de parenté lointain avec Gerald d’Omanie, Shantalam ? »
-« … non, monsieur… » résonna sa voix depuis l'intérieur du Zeppelin.
Les traits pâles et l’allure élancée semblaient suffire au sapiarque pour les ranger dans le même tiroir. A ses yeux, ils devaient partager un petit pourcentage de consanguinité. L’effort de politesse du Xandrien était indéniable et il ne pouvait pas le mépriser vertement.

-« Nous apprécions votre geste, sire d’Omanie. »
L’amabilité relative envers Azur contrastait d’autant plus avec le snobisme qu’il réservait à Violette. Une sans caste. Une vague attente s’en suivit, durant laquelle, le Sapiarque partit s’abriter à l’ombre du dirigeable entourés de ses sbires humains et mécaniques. Il avait assez peu d’égard pour Keshâ’rem, qu’il n’avait pas soulagé de son effort d’invocation du Gargan. Personne ne doutait qu’il lui faudrait tenir une si nécessaire, jusqu’à perdre connaissance, sans jamais apitoyer Archibald.

Assez spontanément, une élémentaire d’air qui faisait partie des Andoriens s’approcha pour lui faire don d’un peu de son énergie, une fois l’invocation rompue. Elle fut imitée avec hésitation par un autre rahnemâ du désert – un élan de solidarité sans doute poussé par le mépris du sapiarque pour celui qui avait « gardé un prénom autochtone ». L’étrange sentiment d’appartenance qu’il ressentit le fit vaciller. Mais cela faisait déjà trop de jeux d'artefact avant même d'être partis.

Quand il sembla évident que la situation se règlerait sans assaut physique, Keshâ’rem libéra le Gargan. La ramure de plumes semblable à Déméphor se repliea sur elle-même, avant que le corps massif et translucide ne s’effondre dans un écheveau de poussières.

Un sursaut accueillit l’arrivée de Lan-Lan et Vladimir bras-dessus, bras-dessous, encadré par Gerald, Violette et deux inconnues. C’était le pompon ! Entre une enquête sur un tueur en série et une expédition zoologique, le tour de compas était complet. Mais il fallait encore se coltiner la même bande. Au moins, cette fois-ci, le jeune Epistote était en retrait et noyé dans le décor. Il offrait une expression sans aspérité pour se dérober à l’étincelle malsaine du magistérien.

Archibald se pencha vers Petra alors que le binôme aristocratique était encore hors de portée.
-«  Quelle est cette… Messaline, Petra ? »
-« Je crois que c’est l’ambassadrice des monétaristes, sapiarque Schönbourg-Hartenstein. Elle est également connue pour être l’héritière d’une grande famille de la noblesse Xandrienne. »
-« Et l’autre ? »
Mais Petra ne connaissait pas l’autre. Et ils approchaient.

« …, notre unique dessein était de ne pas vous manquer… Il aurait été dommage que nous n’ayons pas l’occasion de dialoguer de vive voix, n’est-ce pas? »
-« Tout à fait, tout à fait… » marmonna doctement Archibald en coiffant la pointe de sa barbe.

Le scepticisme se lisait sur ses traits. Il s’agissait là d’une seconde nature. Mêlé d’un déplaisir las, il sortait lui aussi l’huile de sa meilleure diplomatie. Cependant, la susurreuse en faisait des caisses. Le prenait-elle pour un vieil égrillard, à se pâmer des pierreries musicales ?! Lui qui n’était qu’esprit et raison dévoué à sa nation. Pathétique.

Archibald laissa les mots mielleux ruisseler sur une façade impavide qu’il essayait d’agrémenter de ce qui ressemblait à un sourire amène. L’ourlet à la commissure de ses lèvres lui coûtait. Mais il se réjouissait de ne pas offrir d’indices en réaction à ces ronds de jambes.

-« Ravi de faire votre rencontre, mademoiselle Fà. » dit-il sur le ton de la cordialité en saisissant la main gracile de la poupée Xandrienne. Il opina du chef pour la saluer. Ses yeux gardaient le contact avec les spinelles. Malgré des manières qu’il voulait courtoises, on le sentait guindé. L’aphrodisiaque franchit sa barrière cutanée. Son message chimique se propagea comme un électrochoc qui lui donna la chair de poule. Ses pupilles se dilatèrent. Ce qui pouvait paraître comme un instant de confusion revêtait chez lui les airs d’une plongée dans l’euphorie.

Les couleurs avaient l’air plus chatoyantes, l’air frais. Et de petites bulles de gaité montaient dans les méandres de son esprit retors. Quant à la voix de la dame Fà, elle sonnait à son oreillede manière très agréable.
-« Oh, mais je vous donne entièrement raison, dame Fà. La collaboration, c’est important. Rien ne m’est plus cher que la convergence des esprits. » répondit-il d’une voix plus ronde.

Wilberg et un autre savant échangèrent un regard interloqué, ne reconnaissant plus le sapiarque. Archibald se foutait pas mal qu’on le place face à son égoïsme et trouvait encore plus amusant qu’on lui montre Opale ou l’Alliance comme une maman prête à gronder son enfant. Il n’avait pas perdu toute sa tête. Son instinct de survie dévisageait le baron avec un recul prudent.

Derrière ses airs détestables, il était prêt à s’arracher la langue pour faire un compromis. L’aphrodisiaque et l’holographe aidaient... Mais les insinuations de Von Arendt risquaient d’entraîner une sortie de route.
-« Peu m’importe ce que vous dites… » rétorqua-t-il laconiquement. Tant de salive pour si peu de résultats. Archibald n’en était pas moins énervé. Il avait très envie de surenchérir. Très envie. Toutefois, il se dit que cette déclaration marécageuse risquait de l’embourber quant au Régent. Mieux valait ne pas revenir du tout dessus.

Il fut plus difficile à Keshâ’rem de se murer dans le détachement. La créature monstrueuse qu’était Prométhée l’angoissait. Sa boule au ventre revenait. Archibald aurait pu en remettre une couche, mais prendre le sapiarque à rebrousse-poil conduisit à ce qu’il balaye les allégations d’un revers de main.

-« Vous vous êtes présenté comme un homme de terrain. Mais j’ai l’impression que vous avez surtout besoin d’une audience pour cancaner… si vous souhaitez saluer le Grand Sapiarque, je peux vous accommoder et vous déposer à Epistopoli sur le chemin du retour pour vous éviter les écueils des routes xandriennes défoncées. » sourit-il, l’air carnassier retrouvé.

Se tournant vers Lan-Lan :
-« Je crois que nous allons dans le même sens. Vous m’avez convaincu. Si vous savez raccourcir la laisse des éléments turbulents de votre équipage, nous pourrons sans doute nous entendre. »
Il était évident qu’il faisait allusion au baron. Les bad vibes qu’il diffusait n’allaient pas avec la montée aphrodisiaque offerte par l’ambassadrice.

-« Je reprends votre idée de contrat, baron. » offrit-il d'une désignation anonyme.
Son attention la plus minutieuse alla à Muyuke. Il écouta sa vision du projet avec ce qui se rapprochait le plus de la considération dans son caractère.

-« Voici mes conditions :
- Nous publions une étude co-signée avec l’Observatoire. En échange nous assurons le transport et la protection de l’ensemble de l’équipage jusqu’à la frontière de brume à bord de l’Hypathie.
-Les scientifiques et les équipements de sécurité resteront en base arrière pour nous ravitailler et nous soigner lors de notre retour. Nous sauvons ainsi de nombreuses journées de voyages à travers les Terres Brûlées. Il est évident que le plus gros de l’électronique n’a jamais eu vocation à arpenter la brume… »

Ce dernier point soulignait l’intervention de Violette. C’était la première fois qu’il jugeait ses propos factuellement utiles et la regardait de face.
-« Enfin. Epistopoli repart avec des échantillons biologiques pertinents du Viscuphage…
Je serai le seul scientifique Epistote à endosser le risque. L’officier Karmine et l’invocateur m’accompagnent. Quant à nos amis Andoriens, puisque vous semblez avoir une guide, ils sont libérés de leur obligation. Ceux de vos effectifs qui ne prennent pas part à l’expédition nous attendront à Andoria. »
Comme le rapport de l'officier Karmine indiquait que tout était en règle, Archibald adressa un bref signal radio aux tours de contrôles de son état-major pour annoncer la nouvelle donne. Il serait dommage qu'une crise diplomatique parte sur un malentendu en base arrière. Il précisa cependant qu'il contacterait personnellement la tour dès leur sortie de la brume pour mettre à jour son rapport.

Résumons:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Sam 19 Oct - 3:41, édité 1 fois
Mer 12 Juin - 10:56

Que diable avons-nous fait ? Je suis à peu près certain de ne pas avoir pris de coup ou d’avoir été transpercé. Pourtant, complètement aveuglé par une luminosité exceptionnelle, je m’envole vers les cieux dans un espèce de tube lumineux. Des bruits parasites, ressemblant assez aux mécanismes de Vamistul, m’indiquent qu’il est probablement en train de s’envoler à côté de moi.


Pourquoi diable dois-je assister à toutes ces niaiseries ? Un coup dans lame au niveau de la trachée et nous verrons bien s’ils pourront encore jacasser. L’intervention de Vlad, forte amusante, me fait bêtement pouffer de rire. Je sens le regard lourd du pauvre Archibald qui ne sait plus où déverser sa rage. Qu’il vienne m’engueuler, tiens, je saurais bien le recevoir. Toutes ces inutilités ne m’intéressaient pas vraiment. Mes seules préoccupations : les intérêts de Xandrie. Je ne suis pas un patriote endoctriné, ni un fervent soldat du roi – qui est aussi mon grand-père -, mais j’en ai simplement marre de voir ma nation se faire marcher dessus par tout le monde. Heureusement que des esprits vifs, tels que Lan-Lan et Violette émergent et redonnent du poids aux actions du pays.

Néanmoins, malgré toutes ces bassesses, je suis agréablement surpris par la réaction d’Archibald à son égard. Sans compter sur les prouesses physiologiques de Lan-Lan qui agissent sans le moindre doute sur le prétendu homme de la situation. Je me demande si elle n’en a pas déjà usé sur ma personne. Bref, je préfère ne pas y penser. Les « chefs » se décident à mettre des conditions sur leur contrat. On se dirige vers le dirigeable pour avancer jusqu’à la frontière de la Brume. Dieu merci, nous évitons des pertes inutiles. Finalement, dans ce brouillard, le mieux est de voyager léger. Pas beaucoup de monde, très peu de technologies, s’envoler avec l’essentiel vers notre destin.

Dans le zeppelin, les tensions restent toujours présentes, bien qu’elles soient un peu moins intenses que précédemment. Un peu à l’écart, je suis adossé à un mur, observant le paysage à travers un hublot. J’appréhende mon retour dans la Brume. Ce n’est jamais une bonne expérience. Jamais. J’ai pourtant été dans des galères où ma survie ne s’est jouée qu’à un poil de cul, mais la Brume, c’était encore autre chose. Rien à voir. Dedans, je me sens comme un gamin impuissant face à des forces naturelles qui nous dépassent tous. Ils font tous les malins à se faire des déclarations de guerre, mais ce qui nous attend plus loin est encore plus terrifiant.

Le seul point amusant dans cette affaire, c’est de me retrouver une nouvelle fois aux côtés de Lan-Lan, Violette, Vladimir et Keshâ. La dernière fois, on s’est quittés un peu en sales états, aussi physiques que psychiques. Des histoires complètement dingues. Ce qui nous attend n’est pas beaucoup mieux et ça m’amuse de partager ce moment avec eux. Cette précédente aventure a probablement permis à la dame Fà de consolider une « alliance » avec le terrible Von Arendt. Je dis terrible, mais il n’a de terrible que le nom. Mais là encore, même si le groupe est réduit, je ne préfère pas balancer nos liens au grand public. Chaque chose en son temps. Pour l’heure, il nous faut être prêt pour l’entrée dans la Malicieuse. J’en tremble déjà.

L’aéronef entame sa descente. Les landes submergées se présentent à nous. On ne voit plus aucune végétation, plus aucun relief à des kilomètres à la ronde. Bientôt, ce sera nous. Complètement engloutis par ce brouillard. Brrr. Quelle horreur ! Pourquoi diable ai-je accepté d’être ici ? Et dire que je dois rester fier, conserver cette posture impérieuse, alors que je me chie littéralement dessus. Littéral, pour l’instant du moins. Sans déconner, mes dernières aventures ont été si dramatiques en son sein que j’ai encore peur d’y retourner. Moi, Azur, l’un des plus grands assassins du continent. Et contrairement aux autres fois, je suis plutôt bien accompagné. C’est peut-être ça qui m’effraie le plus.

« Comme je le disais plus tôt, voyageur seul et léger est probablement la meilleure chose à faire. », murmuré-je pour n’être entendu des autres.

Certes effrayé, mais impatient d’en finir, je descends le premier. Ma chevelure tangue au gré des bourrasques de vent. Elle nous attend avec impatience. Elle nous appelle et nous tend les bras. Elle a faim. Faim d’humains ambitieux. Trop ambitieux. Mes instincts de tueur s’éveillent, mon regard s’assombrit et mes muscles se raidissent. Ces détails ne sont pas perceptibles, je suis trop bien habillé. Je maintiens mon tricorne à l’aide de ma main pour éviter de le perdre. Vu son prix, ce serait dommage. Je suis rapidement rejoint par le reste de la bande. Une belle brochette d’abrutis avec des pètes au casque, dont je fais partie, tous prêts à sacrifier leur vie pour des découvertes scientifiques pas forcément essentielles. Une sorte de course à celui qui trouve la meilleure connerie, en ayant pris le plus de risques possibles, naturellement. Quelques palpations me rassurent. Mes cristaux étaient en place, ainsi que mes dagues adorées.

« Me revoilà, mon amie. Que nous réserves-tu aujourd’hui ? »

Je préfère laisser les chefs prendre les devants. Je ne tiens pas plus que cela à être remarqué dès le début.


Résumé:
Lun 17 Juin - 12:45

Acte II, scène I

A nous; la Brume


Inspire… Expire…

Sur la nacelle, les yeux face au vide. Le vent dans ses oreilles était assourdissant. Du haut de sa petite suffisance, elle s’était toujours dit qu’elle apprécierait de voler, que ce serait une expérience grisante et qu’elle se sentirait toute puissante, un peu comme Huang-Long quand il dessine dans le ciel ses courbes élégantes.
C’était tout le contraire.

Les larmes aux yeux, elle contenait péniblement une nausée franche à chaque regard vers le sol en contrebas. Le sol… C’était un vaste mot. A la place, une masse vaporeuse s’agitait nerveusement comme un nid de serpents, palpitant avec fièvre sous le dirigeable dont la présence semblait l’énerver plus encore. Le vent soufflait avec férocité, forçant ses yeux déjà humides à se remplir, embuant sa vision avec une force franche. Rien n’allait, ni son vertige, ni la migraine qui pulsait sous ses veines, ni la tension qui animait l’équipe. Du coin de l’oeil, elle surprit Geralt se murmure quelques secrets à lui-même. Un sort de bonne fortune? Une incantation? Elle n’avait jamais été bien croyante. Mais aujourd’hui, alors que ses tresses fouettaient l’a ir autour d’elle en toute liberté, elle avait envie de croire. De prier n’importe qui.
Surtout ne rien montrer.

Elle enterra ce qui restait de ses nerfs en faisant volte face, tournant les talons vers l'intérieur du dirigeable pour échanger quelques derniers mots avec le groupe Andorien.

Nous allons descendre dans quelques instants. Monsieur d’Omanie passera en premier, suivi de Violette et ses agents, nous irons après eux. En parlant, elle frottait frénétiquement le pli de son coude, comme pour chasser mécaniquement les vestiges d’une sale sensation. Les équipes d’Opale et d’Epistopolie descendront avec nous.

Miyuke, Yuri et Lilian se regardèrent tous avec un regard consenti. La situation était des plus rocambolesques, et aux portes de la Brume, Lan-Lan ignorait encore tout à fait si le plus grand danger ne venait pas de ce groupe si hétéroclite. Les tensions entre les Opalins et les Epistotes se lisaient comme le nez au centre de la figure. On parlait de la fierté Xandrienne, mais elle avait la courtoisie de s’effacer face à toute la testostérone dégagée par les scientifiques en chef. Les créatures tapies dans la Brume, finalement, valaient peut-être moins qu’une pique intestine dans ce jeu de pouvoir et de compétition.
Enfin.

La Brume aura rapidement fait le tri.

Mademoiselle Fà? La nacelle est remontée.

Bien. Elle présenta à l’agent de cabine son plus beau sourire quand dans sa nuque se blotissait son reptile aux écailles d’or. Inutile de faire attendre nos chers agents de terrain trop longtemps. Nous sommes prêts.

L’instant d’après, sa main serrait nerveusement la balustrade de la nacelle. Avec eux, quelques scientifiques Epistotes comme Opalins ; tous unis dans le même silence entendu. Un silence d’adieux, de ceux qui partent sans la certitude de revenir. De ceux qui connaissent la Brume.

Inspire.

Etait-ce le vertige qui lui faisait tourner la tête? Elle n’avait jamais connu la Brume. Et à cet instant, elle aurait préféré se retrouver seule face à toute la cour de Xandrie, affronter des wargs à main nue, se voir mariée avec une armée d’enfant, que d’être ici. Les volutes dansaient, affamées. Faméliques. Opaque.

Expire.


Le silence était total. Plus personne n’osait parler, on retenait tout son souffle. Même elle. Même elle…

Souffle bloqué.

Plus que quelques secondes, le monde qu’elle connaissait s’évanouissait, les frontières du visible, du sûr, du fiable, l’horizon de la sécurité n’avait plus de corps. Elle allait connaître le grand frisson, respirer à même la Grande Ennemie. Comme d’autres avant elle, Lan-Lan Fà allait faire ses premiers pas dans le voile obscur et sombre qui avait avalé Uhr.
Et elle fut mangée, comme tout le monde, par la Brume.
Tout était comme étouffé, silencieux. Lourd. L’environnement autour d’elle devint blanc, et les bruits qu’elle percevait devenait rapidement aquatique, ceux d’insectes bourdonnant, de grenouilles, de vent dans des branches. Quand elle inspira une nouvelle fois, l’air était chargé en humidité, et il devint immédiatement pénible de prendre ses bouffées d’air tant elles avaient des relans de vase et de boue nauséabonde, pourrie. La princesse passa nerveusement une main sur son front, sentant déjà la sueur perler sur sa peau laiteuse. Garder son calme allait s’avérer un jeu de patience, mais elle en avait maté d’autres, après tout. Dans cette situation, parvenir à garder son sang froid serait probablement la clef de leur salut.

Mademoiselle Helmael, Monsieur d’Omanie. Elle apercevait leur contour derrière quelques voiles grisâtres. Les autres arrivent bientôt.

Elle offrit une main bienveillante à Miyuke et Lilian, avant de s’élancer pour ouvrir la voie à sa troupe et… Sentir la boue rentrer brusquement jusque dans la toile de ses chaussures. Une moue écoeurée éclaira tout son visage - l’eau des marais remontait jusqu’à ses chevilles - ça ne serait pas étonnant qu’ailleurs, cela devienne pire encore. “Merde” lâcha-t-elle entre ses dents. Elle avait beau porter un pantalon et des bottes, la sensation n’était pas la bienvenue et lui imposait cruellement la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Bien, faisons rapidement le point, indiqua Miyuke alors que la nacelle remontait pour chercher les derniers membres de la troupe. Derrière nous devrait se trouver un terrain plat, nous pouvons monter une base arrière ici. Elle regarda aux alentours - de la boue, de l’eau. Nous devrions être à quelques kilomètres de l’embouchure de la Berenn, sur sa branche la plus fine et la moins puissante. Si nous la retrouvons, nous devrions arriver sur les abords du lac en quelques heures. Néanmoins, nous ferions mieux de monter un camps dés que nous le pouvons, dans un lieu sûr.

Lan-Lan leva un sourcil. Il ne l’était jamais vraiment, en lieux sûrs. Mais elle comprenait là où elle voulait en venir.

Sur le territoire du Viscuphage, nous n’aurons pas ce luxe. Dit-elle avec gravité. Attendons le reste du groupe et mettons-nous en…

... ar-là!

Une voix rauque s’imposa sur la sienne, rapidement suivie par d’autres du même acabit qui n’avait visiblement pas la même prudence que la poupée Xandrienne. La nacelle descendait fièrement, relâchant de son bord les derniers membres de cette riche compagnie. Elle salua d’un regard interloqué la Baron Von Arendt qui avait tout l’air d’un coq en pâte, proche de sa charmante armure puante qui ne le quittait pas d’une semelle. Et dans son sillage, ce fut cinq ombres, capes rouges, qui s’élançaient et prenaient les devants sans consultation de la moindre sorte.
Les fameux tartares… Elle avait pu les observer secrètement depuis le dirigeable. Obscure présence - le plan était simple pour eux: servir de chair à canon, ouvrir la voie, la sécuriser, permettre leur avancée.
Face à l’indignation de certains, Lan-Lan ne broncha pas. Si d’autres voulaient servir de bouc émissaire face à la Sournoise, alors qu’ils le fassent. Elle gardait près d’elle les scientifiques qui étaient déjà en train d’observer autour d’eux, sentant, prélevant.

L’air est nauséabond… Plus que d’habitude.

Ne la connaissant pas beaucoup, elle n’avait pas tout de suite réagit à la remarque de Lilian, chargé de menace - le changement n’est jamais bon dans un terrain connu.
La Brume les observait déjà tous. D’un regard, elle chercha Violette et Azur - elle leur avait conseillé de laisser faire les tartares, à ce stade, cela ne servirait à rien de prendre des risques inconsidérés. Les menaces viendront bien assez vite, autant laisser le risque à d’autres jusqu’à ce qu’il devienne impossible à éviter.

Inspire.
Elle alluma sa propre balise. La Brume ne l’aurait pas si facilement.
Lun 17 Juin - 16:32
Les relents poisseux de la Brume dardaient vers eux leurs appendices inquisiteurs. Ni vaporeux ni liquide, l’entité explorait la nacelle en descente. Auparavant si prolixe, le scientifique opalin était maintenant mutique. Sa mâchoire crispée trahissait sa tension, son teint livide teintait son angoisse d’une appréhension si humaine qu’elle l’en rendait pitoyable. Il se surprit à retenir sa respiration sur une longueur bien trop importante pour un être de chair. Il sentit son vestige chanceler mais tenir bon. Son regard de braise se perdit dans les premiers ressacs de Brume. Il savait qu’il n’était pas le bienvenu. Il le ressentait dans chacun de ses os. Chaque fragment de son essence avait répudié cette origine malicieuse, jusqu’à en faire un combat de tous les instants. Puis le son strident des balises s’imposa et la Brume reflua. Canalisée par l’outil miraculeux, celui-ci chauffa quelques secondes avant de se stabiliser, ayant absorbé la Brume environnante. L’opalin reprit sa respiration lorsqu’il vit la Malice absorbée et sa propre personne portée hors d’atteinte de l’entité.

Autour de lui, les épistotes faisaient savoir de façon équivoque leur dégoût pour le spectacle. Cette technologie qu’ils abhorraient et méprisaient. Pourtant, pendant quelques secondes, ceux qui n’avaient pas ressenti ce petit soupçon de soulagement et de légèreté auraient fait preuve d’une bien mauvaise foi. Combinaison des technologies des deux nations, cette escapade promettait d’être haute en couleur. Vladimir avait accepté d’être véhiculé à bord de leur dirigeable avec un cynisme qui lui était propre : cela permettrait d’éviter que les véhicules ne soient abîmés par le terrain tout comme les dépenses énergétiques ne seraient pas siennes. Il connaissait le Myste, il savait qu’il valait mieux ne pas trop compter sur lui. Chaque pile avait sa durée de vie. C’était d’autant plus vrai quand on connaissait le véritable procédé de fabrication du Myste. Comme lui.

Satisfait d’avoir vu les balises fonctionner, il se détendit et échangea quelques rapides consignes avec les deux assistants déployés pour le seconder. Ils s’affairèrent à inspecter Prométhée et à vérifier ses constantes. Il était étrange pour les autres qu’il soit ainsi le centre de l’attention. Tout comme cette carcasse mutique source d’inquiétude. Les autres Tartares s’étaient contentés de rester dans leur coin, à l’abri des regards. Les œillades courroucées des membres de l’équipage ne cessaient de s’attarder sur leurs nascents, qu’ils arboraient avec une fierté toute relative. A peine la nacelle des opalins fut posée à terre qu’ils entreprirent de se diviser pour inspecter le terrain. L’un d’entre eux, celui qui avait souvent tendance à rester en arrière, s’approcha du Docteur et lui demanda de tendre sa main. Ce dernier accepta de mauvais gré et ils semblèrent échanger quelque chose. Quant au reste … le cornu se positionna en bordure de Brume et tenta de la sonder tandis que celui avec la grande épée entreprit de dégainer celle-ci et de faire face à l’entité.

- Noct et Minos, en repérage. Dès que la voie est sûre, déployez la balise. Par là. ordonna Mimic, qui semblait diriger la petite troupe.

Mimic était un revêtu d’une armure légère mais portait sur son plastron le symbole du Magistère qui le nommait apparemment comme chef de la petite troupe. Il possédait un gantelet orné d’un Nascent mais guère plus. Le cornu opina du chef et baissa sa capuche pour révéler un casque cintré d’un nascent. Il n’était pas réellement cornu mais son équipement bourdonnait d’une énergie confinée. Quant à celui qui répondit au nom de Noct, il resserra sa cape autour d’une armure sombre et donc le poitrail était frappé d’un nascent sombre d’aspect. Il opina du chef, échangea un discret signe d’amitié avec un autre Tartare puis s’enfonça dans la Brume. Cette dernière frémit à son passage et à peine une seconde après, le cornu, Minos, le suivit.

- Docteur Von Arendt, la Brume est récalcitrante mais nous pouvons avancer. vint rendre compte Mimic, d’une voix métallique et calme.

Ce dernier opina du chef et autorisa ses assistants à prendre la suite d’un signe de tête. Les deux hommes se raidirent et commencèrent à déployer leur matériel d’analyse. Ils déchargèrent une mallette marquée d’un nascent, elle-aussi, puis entreprirent de sortir des équipements de mesure similaires à ceux déployés devant les murailles d’Andoria, bien que plus petits et légers. Vladimir soupira et les laissa vaquer à leurs occupations. Prométhée, quant à lui, restait parfaitement immobile. Le temps que le tout soit déployée, soit une dizaine de minutes, une nouvelle zone purgée de Brume s’ouvrit devant eux. Se tenait au centre le Tartare avec son casque à corne. Une aura diaphane l’encerclait lui et la balise qu’il venait d’activer. A quelques mètres de lui, l’autre Tartare en armure étrange avait son épée dégainée et maculée de sang. Il avait visiblement blessé ou occis une créature pour sécuriser cette position. Se dressait donc devant l’équipée un couloir libéré de Brume.

- Blieg, Traque : à vous. ordonna Mimic, avant de prendre leur suite et de se diriger vers le cœur de cette nouvelle zone créée.

Le Tartare à la gigantesque épée ricana et s’aventura de l’autre côté de la zone pour s’engouffrer dans la Brume. Celui qui avait interagit avec Vladimir quelques minutes plus tôt s’approcha de Firedrich et s’empara de sa balise pour rejoindre son camarade au petit trot.

- Docteur, faites-nous signe lorsque vous voudrez procéder au test. proposa le Tartare avant de rejoindre ses camarades et de discuter avec eux.


L’opération semblait rôdée et les Tartares semblaient en maîtriser les risques. Ils n’avançaient pas vite, certes, mais ils connaissaient les dangers de la Brume. Encore plus lorsqu’on arborait des Nascents. Vladimir inspira bruyamment et se frotta le nez. Il marcha quelques mètres dans le sol spongieux. Il maugréa quelques remarques en observant les autres membres de l’expédition mais ne sembla pas faire grand cas du contexte de cette dernière. Ses bottes sales, le déséquilibre du sol ou encore l’air fétide … rien ne semblait l’incommoder. C’était étonnant de sa part, mais une sorte de fièvre auréolait son regard et il se risqua presque à sourire. Prométhée entama de le suivre à quelques mètres. Plusieurs fois, le strigoï se retourna vers lui avec un regard avide. Oui, le test, bientôt le test …

- C’est toujours un plaisir de voir des équipes habituées à l’exploration de la Brume se déployer, n’est-ce pas ? Ah, je ne compte pas le nombre de cadavres épistopolitains que nous avons pu croiser au cours de nos explorations … Mais les Tartares sont là pour ça. Un risque calculé, mesuré … proclama-t-il en s'approchant de Lan-Lan.

Il passa devant les épistopolitains sans marquer la moindre pause et pivota pour observer la mécanique qui se mettait en marche. Le couloir que commençait à dresser les Tartares. Ils faisaient une petite équipe rudement efficace et dont la disparition n’aurait que comme impact la nécessité d’en récupérer les nascents. Quant au Viscuphage … ils ne devraient pas interférer dans la capture de la créature. Sauf nécessité vitale, bien entendu.

- Mes Assistants ont proposé une route cartographiée selon les derniers relevés topographiques de la région, mais je crains que les intempéries à venir ne nous contraignent à avancer lentement.

En écho à sa déclaration, la Brume commença à tourbillonner sur elle-même et les relents putrides des marais de firent de plus en plus forts. Il sentait sa haine. Il la percevait d’ici. La Malice commença à grimper et darda ses doigts fumeux sur le dôme de protection dressé par la balise. Une grosse goutte de pluie s’éclata à quelques mètres d’eux. Puis deux, puis trois … Le Docteur maugréa puis fit signe à Prométhée de se rapprocher. Ce dernier tenait sa besace. Il l’ouvrit et en tira un vêtement de pluie cintré et noir ainsi qu’un parapluie qu’il tendit à sa création. Cette dernière s’en empara et entreprit de protéger son maître de la pluie.

- Sans compter que si la pluie dure, les routes elles-mêmes risquent d’évoluer … Quoi qu’il en soit : en avant. La Brume est déjà assez agacée : inutile de la faire attendre. continua-t-il, un brin angoissé.

Il tira hors de son sac une nouvelle balise et la fourra dans le bras libre de son armure. Il l’activa et le vrombissement vint s’ajouter à celui émis par la balise de Lan-Lan. Bien qu’elle n’ajouta pas grand-chose au pouvoir de la balise de Lan-Lan, il se satisfit de cette nouvelle protection. D’autant plus que Prométhée portait l’objet et le parapluie, garantissant une protection idéale du Docteur. S’il avait semblé comme empoissé et ralentit lors du contact avec la Malice, le Docteur était rasséréné par son absence permise par la balise. Il observa au loin les Tartares qui s’occupaient d’ouvrir une voie. A leurs côtés, les assistants avaient déployé une carte de la zone et s’affairaient à protéger du mieux leurs effets de la pluie. Le Myste n’était pas mis en danger par la pluie, mais les écritures en pattes de mouche de leurs calculs … si. Ils s’affairèrent à continuer leurs relevés. Au bout de quelques minutes, pendant lesquelles le reste des équipes continua de débarquer, Friedrich le blond s’avança vers Vladimir.

- Docteur ! Nous sommes à quelques kilomètres de l’embouchure de la Berenn. Mimic est en train de créer une voie le long de sa branche la plus fine et la moins puissante. Nous devrions arriver aux abords du lac en quelques heures. Nous avons repéré un lieu de camp possible à une heure de marche, dans un bosquet. Les Tartares sont censés nous y conduire. Dois-je leur dire de nous attendre pour le test ?

Vladimir fronça les sourcils. La pluie tombait toujours aussi fort. Peut-être une averse, peut-être pas.

- Il pleut. Nous verrons quand je n’aurai plus besoin de parapluie.

Une nouvelle zone fut soudain dépourvue de Brume au loin.

- Hm. Dame Fà, il va falloir que nous avancions. Archibald, veillez à vous dépêcher, nous n’avons pas le loisir de tout le temps vous attendre. Pendant que mes hommes risquent leur vie pour nous assurer une voie sûre, partagez-nous donc vos informations sur notre cible. Que veut donc la nonchalante Epistopoli au terrible Viscuphage ?

Concernant Lan-Lan, il en avait une idée sans trop en avoir. Mais il n’attendit pas la réponse du Sapiarque pour avancer. Les assistants du Magistère entreprirent de replier le matériel dans la mallette spatiokinétique puis entreprirent de se diriger vers la zone protégée par la Brume. Trois balises pour faire le chemin, donc une portée par Prométhée. Le dégagement des zones promettrait d’être tout autant dangereux que leurs mouvements durant toute cette escapade …

Résumé:
Dim 23 Juin - 4:09

Z'est partiii

Club des 5 (6)




Laissant par la suite Lan-Lan et ses compères étrangers faire leurs arrangements politiques pour savoir qui devait récupérer quoi, ce qui ne l'intéressait personnellement que fort peu tant que les clauses de son propre contrat étaient respectées, la maraudeuse avançait jusqu’au Zeppelin. Tandis que chacun vaquait à ses occupations, soit pour se préparer mentalement ou bien revérifier son équipement, Violette de son côté se contenter de faire une sieste.

Dans ce genre de situation, il était inutile de trop penser, c’était ce fatiguer pour rien. C’était ce que la brume lui avait appris au fil des années. Il était plus efficace pour elle de se reposer pour être pleinement en forme au moment venu, d’autant qu’une fois sur place, il deviendrait assez difficile de reprendre totalement ses forces, quand bien même un camp serait dressé.

Elle ne revint finalement dans le monde des vivants que peu de temps avant l’arrivée non loin de la brume lorsque la monétariste faisait l’appel pour préparer l’entrée dans les marécages.

Suivant Géralt, elle mettait le pied en second dans l’eau terne et les boues, fermant les yeux un instant pour mieux ressentir la réaction de sa nébula. Concentrée dans les affaires internes à Uhr, cela faisait après tout un certain temps qu’elle n’était pas entrée ici malgré ses 8 ans à la parcourir. Il était difficile de sentir ce que pouvait vraiment ressentir sa nébula. Etait-elle même vivante ? Malgré tout, elle ressentait intérieurement une sensation étrange. Presque de libération. Un autre monde, une autre vie, si différente de celle dans les terres des hommes. Commençait-elle à finir par accepter son inévitable destinée ? A mesure qu’elle commençait enfin à pleinement accepter sa nébula, la maraudeuse semblait commencer à accepter la brume elle-même comme pour préparer le jour où elle y finirait sa propre vie.

Mais l’heure n’était pas à l’introspection, reprenant rapidement ses esprits, elle jeta rapidement un œil sur son camarade émissaire du Roi et les autres maraudeurs puis sur Lan-Lan et les andoriens. Comme la xandrienne s’y attendait, la noble allait avoir besoin d’un peu de temps pour pleinement accepter cet environnement, raison pour laquelle la portebrume décida de ne rien dire ou de ne rien commenter. Mieux valait éviter d’enfoncer ceux qui avaient besoin de s’adapter, encore plus quand ils avaient une image, un égo ou un honneur à sauvegarder.

Son attention revint ainsi sur l’environnement et plus particulièrement sur l’eau croupie qui lui arrivait aux chevilles.

Bien, pour l’instant ce n’était pas très profond, donc sans véritable danger, néanmoins lorsqu’on arriverait dans des zones plus humides les choses pouvaient devenir plus complexes. Ne sachant pas si ces camarades de Xandrie étaient tout à fait au fait de ce genre d’environnement, la cheffe de guilde précisait quelques petits points.

Pour l’instant ça va, mais si l’eau monte évitez tout contact entre votre peau et l’eau. Les marais grouillent de millions de sangsues, et elles sont attirées par le mouvement dans l’eau et ce qui remue la vase et la boue. Donc vous pouvez être certains que vous allez en voir un certain nombre nager ou tourner autour de vous. Si jamais vous en chopez une, ne paniquez pas et surtout ne l'arrachez pas. Cela risque d’aggraver la chose et de provoquer une infection. Prévenez-moi ou quelqu’un qui sait y faire avec les parasites.

Elle laissa un petit silence avant de se retourner vers le groupe.

Ah oui, et faites gaffe aussi aux sables mouvants. C’est fréquent dans les marais et non loin des cours d’eau comme les fleuves et les rivières.

Si les civilisations s’amusaient à contourner ou à assécher les marais ce n’était pas pour rien. Ce genre de choses était tout sauf agréable à travers entre un environnement traître et une faune tout aussi vicieuse sans même avoir besoin d’un rajouter le facteur de la brume.

De nouveau en retrait suite à ses avertissements, la demoiselle écouta sagement le plan de la noble avant que les épistotes et les opalins ne se décident à se ramener chacun à leur manière et dans un style bien habituel.

Lan-Lan semblait vouloir les laisser passer devant si c’étaient leurs intentions, Violette ne pouvait que sourire en entendant cela car c’était bien ce qu’elle entendait faire depuis le départ. Les maraudeurs n’avaient pas d’honneur à défendre et surtout ils n’avaient rien à prouver. Si quelqu’un voulait travailler à leur place pour qu’ils puissent se la couler douce, c’était avec plaisir qu’ils se mettraient sur le côté. Après tout c’était déjà ce que Violette avait fait durant l’épisode du manoir. Un bon maraudeur n’agissait que lorsqu’il était dans l’obligation de le faire. Le sens de la nécessité, ou plutôt la capacité à distinguer le nécessaire de l'inutile était la première des qualités du mercenaire.

Se tournant ainsi un instant vers ses propres hommes, elle leur donna l’ordre de ne pas interférer avec les tartares, se contentant simplement de la jouer au cas où défensif et uniquement pour les andoriens et les xandriens. Son contrat ne prévoyait pas de défendre des épistotes et des opalins qui à ses yeux n’étaient que de la chair à canon sacrifiable. Elle n’agirait pour eux que si la survie de son propre groupe était en jeu. Or pour elle en l’état des choses la présence des épistotes et des opalins n'était que subsidiaire.

Alors que la pluie commençait à tomber, Violette écoutait d’une oreille discrète les habituelles petites piques entre opalins et épistotes avant au final d’écouter de manière attentive lorsque Vladimir détailla la suite des événements. Il avait visiblement de ses propres mots, le désir de sacrifier ses propres hommes. Mais bon, cela ne surprenait pas plus que cela la maraudeuse. On ne pouvait pas dire que cela faisait vaciller sa propre boussole morale même si cela la faisait encore plus dédaigner le strigois qui s’adonnait à ses yeux à des plaisirs inutiles où il maquillait son sadisme à travers un pseudo-pragmatisme scientifique qui n’avait rien d’efficace.

Finalement la portebrume n’intervint qu’après les mots du scientifique pour le corriger pour ce qu’il estimait être une voie sûre.

Voie sûre… voie sûre c’est vite dit… Les balises te protègent contre des actions directes de la brume pour éviter de te perdre ou de subir l’aléatoire de l’environnement mais c’est tout. Ce que tu gagnes contre la brume tu le perds en discrétion contre les monstres.

Son œil unique s’arrêta un instant sur la balise portée par prométhée.

Surtout vu le peu de cas que font vos hommes pour la discrétion.

Il fallait dire que de base cette expédition internationale avait tout pour être l’inverse de la discrétion, alors si en plus on ajoutait des balises et des combats à la chaîne, il était probable que toute la région finisse par être au courant de la percée dans la brume.

Soudainement Violette s’arrêta, grâce à son cristal de vision augmenté, elle avait accès à un champ de vision bien plus ouvert que la plupart des gens ici. Elle avait senti quelque chose dans les fourrées qui observaient avant de finalement d’en sortir pour se jeter sans une once d’hésitation sur Prométhée, ou plus exactement sur la balise qu’il transportait.

Note : :

Dégainant alors sa rapière, Violette trancha alors en deux la bête par le biais d’une lame d’air avant de pleinement réaliser de quoi il s’agissait : Un naga.

Le corps effondré et séparé en deux morceaux roulant alors à cause de l’élan dans l’eau trouble.  

Violette fronça les sourcils.

Hum… C’est pas normal ça.

Les nagas quand bien même ils n’étaient pas des créatures totalement stupides étaient réputés pour être assez primitif. Il n’y avait ainsi que peu de chance qu’ils connaissent l’existence et le fonctionnement de balise ignoré même par le commun des mortels civilisés. Surtout que Promothée était loin d’être la personne la plus proche de lui lors de sa tentative d’assaut. C’était comme si quelque chose lui avait intimé l’ordre d’attaquer spécifiquement quelque chose ou quelqu’un.

Elle n’avait pas souvenir d’un monstre capable de manipuler les autres comme ça. A moins que… il y avait déjà une possibilité qu’elle avait vécu d’une autre manière. A la frontière de la brume, il était possible de croiser des errants qui n’avaient pas encore rejoint cette dernière. Si sa nébula correspondait au contrôle ou au domptage, il pouvait alors lancer à l’infini des vagues de monstres et de bêtes sur le groupe tant qu’il avait de la réserve en main.

Si cette théorie était bien réelle, la maraudeuse comprenait mieux la pluie soudaine. Ce groupe avait une certaine puissance de feu, de quoi constituer facilement une petite armée dont toute nation voudrait les services. De face, il n’y avait ainsi que de peu d’entités qui pouvait vaincre de telles combinaisons. Mais quand était il si le groupe se faisait avoir à l’usure, par la fatigue et par l’énervement.

Une pluie pour le ralentir, des monstres pour représenter une menace à chaque instant et…

Bzzzzzzzzzz. Une nuée ou plutôt un nuage noir de moustiques avait semblait-il repérer le groupe.

Pour la beauté de l'immersion


… des insectes pour l’éroder mentalement.

Ven 28 Juin - 17:12

Acte II

Pataugeons insouciants


L’orphelin est bien content d’avoir réussi à réintégrer les aplats de la tapisserie. La plupart des figurants ont laissé les dirigeants avoir leur moment de gloire, à négocier carré.

Le Zeppelin a donc pu décoller dans une paix « cordiale ». Voir ainsi la ville d’Andoria s’éloigner est un spectacle unique. La beauté terrifiante des Terres Brûlées s'étend à perte de vue. On dirait que le souffle d’un dragon brûlant a dévasté le plateau pour n’y laisser que poussières de sable figées en cassures ocre et crème. Ses bras levés, sur le pont, le vent chaud le porte. Il croirait voler. A côté, Lan-Lan a l’air bien plus réservée.

La méfiance reste de mise en rapport à son enchantement visuel. En particulier, il se méfie des tartares aux allures de cauchemar. Leurs casques et leurs armures leur donnent un aspect indéchiffrable. Quant aux autres, il s’attend au pire, mais au moins, il les connaît un peu. Les scientifiques Andorians sont encore ceux vis-à-vis desquels il se sent le mieux, avec Val’Ihem.

L’expédition reste lourde en effectif et lui rappelle un peu trop le départ pour Yfe. A la seule différence que leur objectif est clair et qu’ils sont supposés s’y être préparés. Une part de lui se demande encore s’il était intelligent de venir ici. La quête du viscuphage est sans rapport avec la lutte contre le Mandebrume, ou même la quête des pyramides. Une diversion. Il faut bien gagner de l’argent et asseoir une certaine réputation, peut-être une forme d’indépendance vis-à-vis de Seraphah. Mais il sait, au fond, qu’il est venu pour Andoria. Espérons qu’il n’ait pas à le regretter trop vite. Une nébula non contrôlée dans la brume, voilà qui pourrait être fatal.

A l’instar de certains, il estime judicieux de couper court au spectacle pour se reposer dans sa cabine, tant que c’est possible. Le sommeil ne sera pas au rendez-vous, avec tous ces êtres dangereux à bord… mais le repos est convoité. En chemin, il bouscule accidentellement la guide qui accompagne les Andoriens.

-« Pardon ! Je ne regardais pas où j’allais !... Zareh, c’est ça ? »

La femme a mis un genou à terre. Un de ses bracelets de perles semble cassé. Un brin désolé, il la rejoint à terre pour l’aider à ramasser les ronds de bois. C’est à ce moment qu’elle lui attrape la main, la retourne vers le haut et trace un signe avec son doigt en trois temps, une lune, une croix et un caractère Andoleïa. Les yeux de Keshâ sont figés sur son regard vert, aussi profond que le désert. Le narangpé joue dans le désordre des perles de bois.
~° Qui êtes-vous ?! ~°
~ ° J’ai des réponses à t’apporter. Mais pas ici… °~
Elle se relève en emportant ses perles sans se retourner et se dirige vers sa cabine.
~ ° Je vais entrer en méditation et dormir. Ton niveau de télépathie est-il celui d'un marcheur de rêves?
Interloqué, plus que cela, il est saisi à la gorge. Qui est cette femme qui semble en savoir plus sur lui que Vladimir, de ce geste si intime à sa langue et jusqu’à l’évolution récente de ses capacités cristallines ? Prudent, il répond.
~° En ce moment, je suis incapable de rêver, à cause… à cause d’un médicament. °~
~° Ne le prend pas et essaye quand même. Projette-ton esprit dans le mien dès que tu es prêt. °~
Zareh, ou qui qu’elle soit est déjà hors de vue depuis un moment. Lui est resté planté devant un hublot avec sa paume tournée vers le ciel… Il ne savait que penser. Sa main émettait un léger tremblement suite à l'usage rapproché du cristal de télépathie. Il tenta de le contenir en serrant le poing.

[ Sujet : Marcheur de rêves - en solo]

Il n’arrivait pas à en croire ses yeux et ses oreilles ! Depuis le début ! C’était Mao ! Sorcière. Quel était ce jeu. C’était si bizarre et surprenant qu’il n’arrivait pas à savoir ce qu’il en pensait. Et déjà venu le temps d’atterrir. Il n’avait pas eu le temps de défaire et refaire le tressage complexe de faux cuir et de polymère pour inclure à ses cristaux le leg que lui avait transmis Mao-Zareh. Malgré sa tendance à la fourberie, elle devait être d’une loyauté très forte envers lui pour ne pas avoir gardé pour elle le cristal de sa mère… Il décida de le prendre avec lui à l’intérieur d’un médaillon, attaché à sa ceinture et placé au fond de sa poche. Juste le temps de s’enduire d’huile de carapa pour décourager un peu les nuisibles, il était presque en retard.

Durant la descente, Kehâ’rem se retrouva confiné dans le cirque mené par Archibald et Vladimir, qui élevaient l'action de se regarder en chien de faïence au rang d’art. Keshâ se promit de ne pas risquer sa vie pour eux. Il craignait seulement que la vertu de Val’Ihem ne le conduise à se sacrifier pour des hommes qui n’en valaient pas la peine. Les Epistotes avaient une allure peu glamour. Tous trois avaient revêtu une combinaison adaptée aux marais, c’est-à-dire des bottes en caoutchouc qui remontaient presque comme une salopette jusqu’au niveau de la poitrine, afin de les couper de l’environnement visqueux. S’ils disposaient de combinaisons surnuméraires, pour avoir laissé des collègues à bord de l’appareil, Archibald ne jugea pas utile des les offrir à quiconque.

Personne ne faisait plus d’esbroufe au passage dans la brume. Comme une grande aspiration dans le néant, le silence s'imposa. Le sang qui coulait dans ses veines réagissait à son appel. Une poussée. Non, plutôt une traction. Rejoins-moi. Cette présence, presque langoureuse, qui l’accueillait, là où, avant, il ne ressentait que paranoïa et suspicion. Il devrait se méfier de lui-même à compter de maintenant et de l’attrait de sa nébula pour sa Mère.

Il nota bien le gouffre livide creusant les expressions de Vladimir. Même lui n'était pas de marbre. Seule l'odeur prononcé d'agrumes émise par le pelage de Nagendra le ramenait lui évitait de sombrer dans les nimbes de brumes. Le jeune homme allait proposer de sortir une autre balise de sa dimension de poche, quand Archibald pesta avec dégoût devant cette technologie indésirable… il la garderait en cas d’urgence.

La lente valse des Tartares leur ouvrait la voie. Keshâ’rem n’avait jamais envisagé de progresser ainsi dans la brume et trouvait la stratégie intéressante. Par contre, s’ils devaient fuir en urgence, les Tartares risquaient de tomber comme des mouches en utilisant leurs nascents dans la brume. Ajouté à cela des sables-mouvants ! On était bien ! Archibald et Val’Ihem s’étaient fait étrangement silencieux. Leur attitude une fois dans la brume s’était intériorisée et ils semblaient en état de vigilance accrue.

Il n’avait toujours pas compris le but de Zareh Isfahina dans cette opération.

La pluie les surprit. Comme il s’était voulu prévoyant, Keshâ pris deux parapluies. Archibald s’accapara immédiatement le premier… le jeune homme se sentit donc obligé de partager le sien avec Val’Ihem.

-« Epistopoli doit-elle vraiment justifier de ses intérêts scientifiques auprès de vous ? » toisa Archibald, qui farfouillait dans sa mémoire pour retrouver le nom de son interlocuteur. A vrai dire, Von Shönbourg-Hartenstein avait une démarche tout à fait convenable, ralentie par le balai des balises des Tartares.

« Nous espérons bien évidemment étudier la biologie du viscuphage, ses toxines, ses parasites, mais également son étiologie… il semble que ce super-prédateur ne se contente pas de se nourrir. Il est animé d’une faim inextinguible. En plus, Von Arendt, il aime chasser et suit souvent ses proies longtemps avant de les attaquer pour semer la peur et la désorganisation avant de frapper impitoyablement… »


L'attaque du naga prend tout le monde de court. Sauf Violette qui tranche. L'officier Karmine avait déjà dégainé son épée bâtarde. Il perçoit un regard insistant d'Archibald qui frotte sa tempe.

En plus de la nuée de moustiques, le ciel s'obscurcit soudain, un grondement fracassant retentit : le tonnerre. Un éclat aveuglant juste après. Crevé, le ciel redoubla d'efforts pour déverser deux fois plus de flotte sur eux. Toute l'eau qui n'existait pas dans les Terres Brulées se retrouvait dans les marais. Le sol détrempé commençait déjà dégorgeait alors que l'eau refluait et montait visiblement.

Spoiler:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Sam 19 Oct - 4:04, édité 8 fois