Mar 16 Jan - 15:19
Le destin avance en quête de sens
Ellendrine - Duscisio
Un attentat… des morts… que dire… Comme d’autres, la guilde des maraudeurs avait beaucoup perdu pendant l’attentat d’Opale. Des hommes, des vétérans, un chef. Toute sorte de chose qui avait pour trait de laisser n’importe quelle guilde dans une situation de pleine incertitude pour l’avenir.
Violette également dans cette histoire avait perdu.
Elle avait perdu un œil. Elle avait perdu un second père, celui qui lui avait appris le métier, appris la vie quand son père biologique l’avait quitté pour rejoindre l’autre monde à l'âge de ses 12 ans.
Cette nouvelle perte, la xandrienne l’avait subit de plein fouet. Sa vie de maraudeur lui avait appris qu’il était inutile de faire confiance et de lier d’amitié à qui que ce soit. De toute façon, les gens finissaient par mourir et ceux qui vivaient assez longtemps finissaient forcément par te décevoir ou te trahir. Il n’y avait pas de place pour la confiance et l’attachement pour ceux qui naissaient, grandissaient, vivaient et mouraient une lame dans la main. Telle était l’histoire tragique et continue de la plupart des hommes d’armes, que ces derniers fassent couler le sang des monstres ou des hommes.
Une conviction renforcée par l’influence tardive de sa nébula, cette dernière octroyant pour son hôte un dégoût inconscient des autres et de ses semblables. La vie d’un portebrume était semé d’embûche, ce n’était pas pour rien qu’elle finissait souvent très mal. Un pied dans la brume, l’autre dans ce qui lui restait d’humanité. Une vie de contradiction et d’opposition qui ne fait jamais du bien à l’esprit.
Pour autant, la pure inhumanité, la pure indifférence envers qui que ce soit restait plus une théorie qu’autre chose. Nul ne pouvait être indifférent à tout, ressentir, juger, aimer, haïr. C’était le propre de l’âme, de la conscience et des émotions fussent elles les plus négatives qui soient.
Violette avait pourtant travaillé à son idéal de négation humaine. Elle avait rejeté, elle avait embrassé une solitude constante, une acceptation de son destin funeste, elle avait changé de nature et de personnalité en se créant un personnage repoussant qui que ce soit jusqu’à ce que ce dernier finisse par devenir la réalité, sans doute fortement aidée par la nébula et la faiblesse de la maraudeuse pour les produits stupéfiants et l’alcool. Mais aujourd’hui, face à la mort de ce chef, elle était presque au pied du mur.
Que devait-elle faire ? Quoi qu’elle fasse, tout se terminait de la même façon. Les gens mourraient, elle était la seule à survivre. Seule survivante, elle souffrait. Une vie à enterrer les morts, par impuissance, par effet de sa nébula ou de ses propres décisions.
Elle ne savait pas quoi penser. Quoi qu’elle fasse, tout finissait pareil. Une boucle sans fin de nihilisme, de souffrance et de désespoir. Elle réfléchissait mais ne trouvait pas de réponse.
Sans doute parce qu’il la connaissait bien, feu chef de la guilde des maraudeurs avaient toutefois eu la présence d’esprit de lui laisser une lettre testamentaire. Difficile de savoir ce qu’il pouvait y être écrit, elle ne l’avait pas révélé, se contentant d’un lacunaire “un but” à ses camarades.
Un but… Oui c’était peut être ça. Jusqu’ici Violette n’avait jamais pensé de sa vie au fait d’avoir un objectif. Il fallait dire que survivre quand on était maraudeur ou criminel, c’était déjà bien. Elle avait alors réfléchi un certain temps, lisant et relisant cette lettre avant de se décider, elle se présenterait elle-même à l'élection du chef des maraudeurs.
Enfin… élection… un bien grand mot vu la nature de la guilde. Disons qu’il s’agissait d’une méthode pour éviter de s’entretuer suite à des événements sombres et très coûteux dont plus personne dans l’organisation ne veut entendre parler. Ici pas de vote, pas de démocratie. Seule règle la loi du plus fort et du plus méritant, le faible n’a pas son mot à dire. Le fauteuil serait à celui qui parviendra en premier à réussir une mission particulièrement complexe et dangereuse donnée par les anciens de la guilde. A savoir ramener à Xandrie la fleur nommée Dame des Lacs, fleur rare qui pousserait dans les hauteurs du continent.
Chacun s’organisait ensuite comme il voulait, et personne ne saurait non plus au courant d’éventuels accidents à plus de 3000 mètres d'altitude. Ces montagnes étaient réputées pour être inexplorées et donc dangereuses après tout.
Violette le savait alors, elle avait besoin d’une personne qui s’y connaissait en exploration. Les montagnes étaient en effet un milieu très spécifique qu’elle ne connaissait que peu vis à vis des forêts, des steppes ou de la toundra. C’est pourquoi elle usa des guildes d’informateurs et de messagers pour trouver une personne motivée qu’importe ses raisons pour venir faire un bout de chemin avec elle. D’autres annonces avaient également été envoyé, cette fois ci pour des résultats plus aléatoires mais il semblait qu’une autre personne avait décidé de s’engager dans l’expédition.
Ainsi, toutes ces personnes étaient attendues dans une auberge non loin du port fluvial de la cité de doucerive. Violette était tranquillement posée à une table en attendant de voir les fous ou les courageux qui avaient envie de tester leurs mollets.