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[PARTIE 2] La dimension corrompue

[PARTIE 2] La dimension corrompue Brandw10
Mer 13 Déc - 18:58

Le soleil point à peine au dessus des montagnes, et vous devinez ses rayons au travers de la brume. Curieusement, vous avez été relativement tranquilles pendant la nuit. Quelques bruits étranges, et la sensation omniprésente que vous êtes sur le point de vous jeter dans la gueule du loup vous auront peut-être tenus relativement éveillés, mais malgré cela, vous avez réussi à trouver un relatif sommeil. Armés et sur le qui-vive, vous voilà prêts à prendre le fort d’assaut.

Hétéroclite petite compagnie que vous êtes… Vos blessures sont à peine fermées. Déployez vos ailes, vos lames, vos dents aiguisées. Valeek se tient fièrement devant vous; et vous allez devoir l’affronter les yeux dans les yeux.

Doucement, sagement, vous suivez le chemin indiqué par la carte que vous venez de subtiliser - croisant de temps en temps un vestige d’un passé lointain, une créature agressive, un bout de ruine. Vous contournez la façade de pierre, ignorant l’oppressante sensation que vous n’êtes pas seuls. Et vous n’êtes pas seuls. Au fond de vous, vous le savez. Vous n’êtes pas seuls.

Après tout, vous avez bien dû le voir, non? Cette pierre qui semblait là sans l’être. Ces yeux lointains qui vous épient, puis apparaissent devant vous avant de se volatiliser. Ce gouffre qui mène vers un abysse dévorant. Cette sensation constante qu’une main effleure votre épaule.

Non, vous n’êtes pas seuls. Au bout de trois heures à serpenter entre les pierres, au détours d’un coin, vous découvrez un passage dérobé qui vous emmène dans le ventre du fort. Enfin, une entrée! Face à vous, ce qui semble être une vieille sortie d’égout. En toute logique, ce tunnel doit donner sur les sous-sols du fort; une échelle vous permettra de remonter, ou un escalier peut-être. Il faudra chercher en hauteur pour trouver l’accès qui vous mènera vers les étages. Mais vous êtes bel et bien là où personne n’a été depuis des siècles.

Vraiment? Ce long tunnel s’étend… Jusqu’à ce qu’une fissure lumineuse ne le coupe en deux. Vous marchez sur une pierre sèche. Passée la lumière, l’eau coule à flot, semblant disparaître tout bonnement dans la lumière. Vous n’êtes éclairés que par la lumière du jour: après cette rupture, les murs sont éclairés par des torches crépitantes. Pire encore: vous jureriez entendre… Des voix? Elles viennent d’un peu plus loin, réverbérées par les courbes de l'égout. Ami, ennemis… Les mots vous semblent indéchiffrables, trop loin pour être compréhensibles. Mais il y a définitivement deux hommes qui parlent entre eux.

Allez-vous avancer… Mais, vers où au juste? Ou plutôt, vers… Quand?

Bienvenue à Valeek…
Sam 16 Déc - 15:41
Posé à l’orée du camp, le Patrouilleur avait observé le livre pendant une partie de la soirée, taraudé par les remarques d’Aelys qui l’accusait de ne pas faire grand-chose. Mais elle ne se rendait pas compte du trésor qu’il avait entre les mains : des cartes, des lieux oubliés depuis si longtemps … En tant que Patrouilleur il tombait régulièrement sur des vestiges de vies passées. Qu’elles fussent récentes ou non, Ryker était un témoin silencieux de tous ces millénaires passés dans la Brume. Il trouvait des ruines, découvrait des cristaux ou antiques technologies qu’il livrait à la Guilde ou à ses commanditaires. Il avait passé plus de temps dans la Brume que nombre de ses contemporains et il luttait en permanence contre sa part de Malice. Mais cela, ce qu’il venait de trouver … c’était incongru. Il reconnaissait l’endroit, connaissait son histoire : Zénobie. Des cartes de Zénobie : il comprenait certains symboles. Le texte, lui, était obscur encore, mais il savait qu’il détenait là quelque chose d’unique. Tout comme le fait qu’il ait pu le trouver dans le fort et à s’en emparer. Cette chose était restée hors du temps. Avaient-ils remonté les époques … ou pénétré dans un endroit censé ne jamais exister … Cela lui rappelait …

- Maël. appela le Patrouilleur, quelques dizaines de minutes après leur retour.

Sur le feu, un chaudron laissait bouillir quelques légumes et le contenu d’une partie de leurs vivres. Aelys, dans un élan de féminisme, avait refusé de s’occupait d’une telle corvée et surveillait Brume et environs. C’était donc Nimrod qui avait accepté de cuisiner malgré sa blessure. Le Patrouilleur avait entrepris de s’occuper du bois et de faire le premier tour de reconnaissance. Mais à présent c’étaient d’autres énigmes qui le taraudaient. Il se rapprocha du Grigori.

- Que pouvez-vous me dire à propos de la Cité Perpétuelle ? lui demanda-t-il de but en blanc.

Simple Patrouilleur, il n’avait entendu que des légendes à propos de ce lieu. Le temps de prendre la personne qu’ils avaient à escorter pour un ignorant diplomate de l’Alliance était révolu. Maël était loin d’avoir besoin d’eux pour se débrouiller et il en savait trop pour qu’il se permette de l’ignorer. Ryker n’était pas du genre à prendre des gants et ce qu’ils avaient trouvé dans cet espace entre les espaces avait de quoi tous les perturber. Il agita son livre devant les yeux du Grigori et illustra par là-même que l’ouvrage était trop bien conservé.

- Cela me fait penser aux légendes qui circulent sur votre cité antique, cher Grigori. Peut-être seriez-vous à même de m’en dire plus ? Vous voyez, j’ai longtemps parcouru la Brume et les écrits que j’ai pu trouver de l’Empire Yféen sont … peu prolixes. commença-t-il, prenant place à côté de Maël.

Il lui exposa quelques-unes de ses connaissances sur le sujet mais était surtout désireux d’entendre ce qu’il avait à lui dire. Ryker alla même jusqu’à lui montrer le livre et les cartes, espérant que le Grigori puisse être à même d’en traduire une partie pour lui. Mais il lui faudrait certainement trouver quelqu’un dont c’était le travail une fois de retour à la civilisation. Le sujet était vaste et toute information apte à les aider à affronter ce qu’ils s’étaient décidé à affronter le lendemain serait bienvenue. Assez fous pour oser se remettre à l’ouvrage, là où de nombreuses personnes avaient déjà échoué. Mais jamais ils n’auraient accepté de revenir, de rendre la carte et de se contenter de cela. Les troubles du fort n’était pas résolus et d’autres pourraient y laisser la vie. La Brume commençait à s’épaissir, il était temps de s’adonner à leurs diverses corvées.

Le groupe s’organisa pour la nuit et les diverses précautions se révélèrent inutiles car nulle encombre ne vint les cueillir. La Brume s’était montrée tatillonne la veille mais curieusement indolente depuis qu’ils avaient récupéré la carte. Les avait-elle testés ? Ils refirent leurs armes, leurs paquetages et le Patrouilleur s’occupa à vérifier tous ses équipements. Il était prêt à affronter l’inconnu aux côtés de la petite troupe hétéroclite. Bien assez vite, Valeek se dressa face à eux : témoin immémorial d’un secret qu’ils s’apprêtaient à affronter. A l’aide de la carte, bien que nimbés de Brume, ils parvinrent à s’orienter, comme si cette dernière se laissait dénuder petit à petit. Elle laissait entrevoir les points de repère, s’amusait à les chatouiller de ses doigts intangibles. Elle exerçait une pression sur eux à la fois douce et empoisonnée qui commençait à émousser leurs esprits.

Des pierres, des façades. Des faux-semblants. Aucun danger : un silence qui les obsédait. Quelque chose dans l’ombre qui jouait aux abords de la conscience du Patrouilleur, des deux sur sa nuque qui lui donnaient des sueurs froides. Puis leur destination, la croix finale sur la carte que tenait Ryker. Une bouche d’égout usée. Qui donc avait laissé cette carte ? Il ne le saurait jamais … et c’était tout aussi inquiétant que d’avoir réussi à arriver jusque-là sans encombre. Chacun son tour, ils acquiescèrent. Il était temps de risquer le tout et de se glisser dans la gueule du monstre. Une torche à la main, Ryker fut le premier à s’y oser. Ils arpentèrent les lieux jusqu’à arriver à une faille qui n’aurait pas dû être là. Une faille sillonnait le tunnel et les aveuglait de sa lumière. Un vent timide s’en échappait et faisait jouer la flamme de la torche du Patrouilleur. Il passa la lumière puis s’arrêta, leva le poing. Aussi tôt il enfonça sa torche dans l’eau et découvre avec stupeur des torches vives. Il s’accroupit pourtant et indique ses oreilles d’un geste. Des voix, plus loin ? Il se retourne et tout semble d’un coup plus … authentique ? Ils étaient passé de l’ombre à la lumière, l’air s’était chargé de senteurs gorgées d’espoir.

- Des voix, je ne comprends pas bien ce qu’ils se disent … attendez, si, je reconnais quelques mots … on dirait du … non, c’est impossible …
Jeu 28 Déc - 2:21

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Il ne s’agit pas de légendes, contredisait Maël d’un air grave.

Il jeta un coup d’œil autour d’eux, rencontrant le regard fixe d’Aelis, qui l’observait en silence. Un peu plus loin, Nimrod avait les mains occupées. Pourtant, Maël savait qu’il les écoutait avec attention. Malgré le temps, la trahison, l’isolement, quelque chose en lui répugnait à partager les secrets de son peuple. Les habitants d’Uhr étaient si ignorants... Les connaissances que pensait posséder Ryker n'étaient que des miettes de l’histoire de son propre peuple. Que connaissait-il vraiment de Zénobie ? D'Yfe ? Pire, de Malkuw'th et des grigoris ? Cependant, la curiosité du Veilleur était piquée. Il se résolut à donner certaines informations, espérant que le patrouilleur accepterait en échange de lui laisser observer cet étrange ouvrage.

L’Instant, prononça-t-il en grigorien, est la cité sur laquelle règne celui que nous appelons le Roi des Rois, ou le Céleste. Lorsque l’existence d’un erelim tire à sa fin, il rejoint la Cité Perpétuelle, un paradis préservé des affres du temps.

Est-ce qu’un simple humain pouvait saisir la profondeur du concept de l’Instant ? Heureux que Ryker partage ses découvertes avec lui, le veilleur feuilleta le livre et observa les cartes avec attention. Pourtant, il ne dit rien. Pouvait-il vraiment faire confiance à ce strigoi ? C'était lui qui inquiétait le plus le diplomate. Par sa réputation, il savait Lestat fidèle à la guilde et doutait que la jeune Aelis comprenne vraiment de quoi il était question. Elle était certes intelligente, mais de l’avis du grigori, son expérience limitée du monde qui l’entourait n’en faisait pas quelqu’un de bien dangereux. Nimrod était plus mystérieux. Acteur de renom d’Opale, se produisant dans les meilleures salles, il n’avait pas le profil d’un aventurier. Pourtant, il se trouvait ici parfaitement à l’aise, même loin des commodités mystiques de la Ville Lumière. Qui était-il vraiment ? Qui servait-il ? Il serait stupide d’étaler ses connaissances sans savoir s’il pouvait vraiment lui faire confiance.

La Cité Perpétuelle, pointa malgré tout l’erelim sur l’une des cartes, désignant ce qui avait été représenté comme un immense cratère. On l’appelait Merka’bah, la Capitale, avant que le Mibassar Ra’ott frappe. Et là, c’est Zaravoda, désigna-t-il en pointant les Monts Alcalins.

Il n’en dit pas plus malgré ce vocabulaire cryptique, laissant plutôt son esprit tenter de faire des liens entre les éléments qu’il déchiffrait. Malgré son cristal d’hypermnésie, sa mémoire était si vaste qu’il avait du mal à faire toutes les connexions, à vraiment comprendre le sens de ce qu’il parvenait à lire. Ce qu’il aurait aimé, c'était se retrouver dans son bureau, pouvoir noter ses observations et ses théories ! Le patrouilleur accepterait-il de lui prêter l’ouvrage pour qu’il puisse l’étudier ? Peut-être le Chancelier serait-il en mesure de l’aider à comprendre les mystères que renfermait ce livre à la fois si bien conservé et si ancien ? Malgré son espoir de pouvoir repartir avec l’ouvrage, il sortit le carnet et le stylo qui ne le quittaient jamais, reproduisant d’une calligraphie soignée les symboles qu’il estimait être les plus importants. Si le patrouilleur ne s’en sortait pas, il lui faudrait absolument récupérer l’ouvrage.

Ils reprirent le chemin de la forteresse dès le lendemain et il accueillit cette fois la Brume comme une vieille amie. Aujourd’hui, elle avait choisi de ramener à son esprit son souvenir. Il la voyait en périphérie de son champ de vision, murmurant sans qu’il ne parvienne à saisir le sens de ses paroles. Une douleur sourde, toujours aussi forte malgré les années, pulsait dans sa poitrine. Le Veilleur, pourtant, résistait à l’envie de s’approcher, conscient du petit jeu que jouait la Brume. À ses côtés, Aelis et Ryker semblaient, eux, parfaitement alertes et il leur fallut s'enfoncer bien davantage encore vers Valeek pour que Maël ne commence à percevoir l’effet de la Brume dans l’expression de leur visage. L’expérience ne faisant pas tout, le diplomate commençait à douter de la nature du patrouilleur, alors que celle de la jeune aventurière, elle, lui était apparue avec évidence la veille.

Avec la carte, ils n’eurent aucune difficulté à éviter les pièges que Valeek leur avait tendus la veille. La Brume, bien que présente, était clairsemée et n’imposait à leurs esprits qu’une pression coutumière qui ne les mit pas à l’épreuve. Ils progressèrent donc sans trop de difficulté malgré les heures qui passèrent avant qu’un changement.

Je reconnais cette langue, affirma le grigori en écoutant avec attention les voix qui leur parvenaient.

Malgré cette affirmation, il était incapable de déchiffrer ce qui se disait, ou même d’identifier avec certitude la langue en question. Seule demeurait la certitude d’avoir déjà entendu ces consonances.

Nous n’avons pas beaucoup d’options. Avançons, proposa le grigori, non sans qu’une ride inquiète ne creuse son front.
Lun 8 Jan - 9:38

La Brume vous a laissé, vous a abandonné le long de ces égouts humides qui n’ont apparemment rien à faire là. Vous n’êtes pas seuls, le long de ce sordide couloir, de l’eau jusqu’aux genoux, l’odeur de la vase vous chatouillant les narines. Vous oubliez presque que, il n’y a pas quelques minutes, vous étiez encore dehors à éviter les curiosités visuelles du fort, ses tours et les ennemis qui y rôdent.

Les voix s’approchent. Vous parvenez nettement à les localiser, ce sont des paroles provenant de votre gauche, un peu après le coude qui se dispute une partie de votre vision. Mais ces voix sonnent pourtant bien humaines, bien… Normales? Un échange de pensée, des éclats de rires…

Un peu trop proches. Brusquement, à la sortie de ce coude, deux hommes humain apparaîssent, l’un armé d’une balayette, et le second tenant un grand sac à la main. Ils semblent habitués au lieu selon leur tenu de toile ciré qui les protège de l’eau. Le premier, très grand, se tient la panse, l’air tranquille et le sourire au lèvre. Tout le contraire sur second et son petit visage à la bouche si mince, si petite comparé à sa mâchoire carrée, et ses cheveux clairsemé sur son crâne presque chauve.
Tout deux s’arrêtent, vous dévisagent. Deviennent livides. Effrayés.

“???????????? ???????????????? ?????????????!!”

“???????? ???????????? ???????????????????? ???????????????????? ?????????????” Celui à la balayette vous met en joue, même si sa menace manque de sérieux.

Cette langue… Curieusement, familière, mais incompréhensible aux oreilles peu habituées. D’où vient-elle? Et que faire de ces deux hommes? Apparemment, pas une menace. Vraiment? Qui sont ils? Où êtes vous? Où allez-vous?

Sam 13 Jan - 17:39

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Il avait l’impression d'être plongé dans un autre monde. Comment pouvait-il y avoir autant d'eau, alors que ces souterrains se trouvaient sous l’un des déserts les plus arides d’Uhr ? Il ne lui avait pas semblé marcher si longtemps... La Brume leur jouait-elle un tour ? Pourtant, elle s’était dissipée, au point d’être totalement imperceptible. Y avait-il réellement une zone dépourvue de Brume au cœur de la forteresse ? Et d’ailleurs, était-ce vraiment les souterrains de la forteresse ? Maël passa un doigt sur la pierre humide du couloir, y goûtant pour s’assurer de sa tangibilité. Le goût rance de l’eau lui prouva que tout cela était bien réel. Mais cela ne contribua pas à le rassurer.

La lumière perça, alors qu’ils devaient pourtant se trouver à des lieues sous terre, achevant de convaincre Maël que des forces puissantes jouaient avec eux. Le bruit des voix, lointain, étouffé par le bruit de l’eau, ne fit que confirmer ses soupçons, et le Veilleur accepta que l’impossible les attendait probablement plus loin. Auraient-ils dû fuir, abandonner Valeek à son sort, comme il l’avait fait, ce jour-là, dans les sous-sols de Svartheim ? Mais ce n’était pas si simple. Ce n’était jamais aussi simple. Et rien ne le passionnait davantage que de plonger au cœur des plus grands secrets d’Adhra.

Les voix finirent par s’éclaircir, permettant à l’érudit de reconnaître le langage utilisé. Ils s’approchèrent encore, tournant le coude pour découvrir deux hommes qui se trouvaient là, visiblement encore plus surpris qu’eux de les retrouver là. L’arme pointée sur leur petite troupe les figea tous instantanément, et Maël leva les mains en signe de paix.

C’est du vieil urhois, murmura-t-il à ses compagnons. Bonjour, prononça-t-il avec un fort accent, hésitant en prononçant dans cette langue qu’il avait plus souvent lue qu’entendue. Nous sommes perdus, affirma-t-il en fronçant les sourcils. Vous pouvez nous aider ? Je demande de l’aide, informa-t-il ses compagnons en leur jetant un regard entendu.

La structure de la langue se rapprochait suffisamment de l’uhrois moderne pour ne pas qu’il hésite trop en formulant ses phrases. Pourtant, il devait sembler bien formel pour ces ouvriers qui s’exprimaient dans un argot marqué. Il aurait voulu leur poser mille questions, comprendre ce qu’ils faisaient là, pourquoi ils s’exprimaient dans une langue aujourd’hui oubliée... Soudain, les pièces du puzzle commencèrent à s’assembler dans l’esprit du grigori. Et si ce n’était pas l’endroit qui n’était pas le bon, mais... l’époque ?

Valeek était le vestige du Royaume Oublié, un lieu qui avait autrefois fleuri là où les Terres Brûlées se tiennent aujourd’hui. Un lieu que les histoires décrivaient comme prospère, grandiose, un lieu dont les seuls témoins demeuraient aujourd’hui les ruines clairsemées et anonymes qu’il avait lui-même explorées à son arrivée dans l’enclave des hommes. Des ruines fortement dégradées, mais dont les vestiges permettaient malgré tout de comprendre à quel point cette société avait été avancée. Suffisamment avancée pour qu’un système d’égout soit mis en place.

Je crois que nous sommes dans le passé, dit-il à ses compagnons. Mes compagnons ne parlent pas votre langue, s’excusa-t-il auprès des deux hommes, espérant que cela suffise à ce que ceux-ci conservent leur calme.

Il ignorait comment cela pouvait être possible, mais ce n’était pas le plus important. Est-ce que ces hommes pouvaient leur donner davantage d’informations ? Ils n’étaient probablement pas très instruits, et leur poser des questions sur l’époque dans laquelle ils se trouvaient attiserait probablement leur méfiance. Peut-être pouvaient-ils malgré tout en apprendre plus ?
Dim 28 Jan - 20:21
Nimrod s'était retenu de ne pas empoisonner leurs rations. L’œil du Patrouilleur ne traînait jamais loin, scrutant indirectement ses faits et gestes ; le Grigori lui-même se méfiait et, dans le fond, c'était compréhensible. Et il ne cherchait pas spécialement à gagner leur confiance, pas plus qu'il ne tenait à s'étendre sur les motifs de sa présence. Il était là, avec ou sans eux. Il valait donc mieux que tout ce petit monde collabore, jusqu'à ce qu'il ait l'occasion d'en faire son festin du moins.

L'aventure avait repris quelques heures plus tôt, le temps de refaire le chemin à travers la Brume et d'arriver jusqu'au fort, ou ce qu'ils supposaient être le fort. Là, un tunnel souterrain les avait guidés jusqu'à la lumière, dans le giron de deux ahuris qui hurlaient en Vieil Uhrois, visiblement décontenancés de voir quatre visiteurs surgir des égouts. Pour des raisons que le Strigoi ne pouvait énoncer devant ses petits camarades et dont il n'était pas tout à fait sûr lui-même, il comprenait parfaitement leur langage et suivait la discussion entre les domestiques et le représentant de l'Alliance.

« - Intéressant.

- T'as entendu ça ? Ils sont perdus qu'y disent, » s'agita le plus grand des deux dadais en donnant un coup de coude dans son comparse. Après un bref ricanement, l'autre compléta enfin :

« - Vous, z'êtes pas du coin, non ? »

S'introduisant dans la conversation, Nimrod alpagua brièvement le Grigori pour lui dire de se méfier dans le plus pur dialecte opalin. Cette histoire de voyage dans le temps ne présageait rien de bon ; cela pouvait encore être un coup de la Brume, ou pire encore...

« - Faisons profil bas.

- Qu'est-c' y dit lui ? 'Parlez quelle langue les drôles ? »

Le plus épais resserrait sa poigne sur sa hampe, persuadé de représenter une menace. Ne lui prêtant pas attention, l'acteur préféra détailler la scène autour d'eux. Les éléments les plus proches étaient criants de réalité, riches en détails... mais un flou recouvrait le fond du tableau. Comme s'ils venaient de mettre les pieds dans une sorte de rêve... Une douleur traversa le crâne de l'opalin qui porta sa main à son front par réflexe, alors qu'il se souvenait de détails cruciaux. Il avait déjà vécu ça.

Alors que Maël brodait un embryon de réponse, couvrant leurs traces et les faisant passer pour de simples touristes, le duo de Patrouilleurs se déplaçait lentement autour d'eux, observait les environs.

« - Ne tardons pas trop. Nous prenons des risques en restant ici, bavarder. N'oubliez pas que nous sommes dans la Brume. »

Bien qu'il n'y en ait aucune trace, ce qui était d'autant plus troublant. Ne feignant plus d'ignorer les deux olibrius sur qui ils étaient tombés, le Strigoi décida d'ouvrir la marche en direction d'un autre tunnel, cette fois-ci en surface, qui passait sous l'un des murs d'enceinte. Il y avait forcément une raison à tout cela et elle se trouvait en profondeur dans le fort ; ils devaient continuer.

La dernière chose dont il avait envie, c'était de faire partie de ces fantômes du passé.
Sam 17 Fév - 10:55
Avec le polyglotte, Ryker se sentait mis de côté. Il percevait quelques accents familiers empruntés çà et là dans les terres grises, mais ce langage était ancien. Il le percevait, comme une branche maternelle de son propre vocable. Le vieil Uhrois. Cela corroborait ce qu’il avait pu comprendre du livre dont il s’était emparé : il y avait là une histoire d’époque que son cerveau peinait à comprendre. Même si Maël avait tenté de lui expliciter quelques notions, cela restait abstrait. L’émissaire de l’Alliance était un puit de savoir, il commençait à le percevoir. Il ne mesurait pas très bien ce que signifiait la vie étendue des grigoris en termes d’expériences … mais il le touchait du doigt. Il se sentait flammèche face à un incendie, d’une existence si brève qu’elle n’en avait que peu de sens. Surtout lorsqu’on arpentait la Brume et qu’une Nebula vous rongeait le crâne.

Face aux deux hommes, ce fut donc naturellement Maël qui prit l’ascendant et s’imposa à eux. Les patrouilleurs avaient posé leurs mains sur leurs armes, la jeune femme s’étant tournée vers Ryker pour déterminer la marche à suivre. Elle le pensait si vieux qu’il se devait de connaître tous les langages ? Il lui répondit d’un haussement d’épaules : il n’était pas plus avancé qu’elle. Cependant, après quelques échanges, le grigori confirma ce que pensait Ryker. Du moins, l’idée qui lui titillait l’encéphale depuis qu’il avait ramassé le livre. Un endroit figé dans le temps. Dans l’Instant ? La Cité perpétuelle … mais … comment ces gens n’avaient pas pu s’en rendre compte ? Etait-ce réellement une illusion, ou une boucle ? Etaient-ils piégés à présent ? Il serra les dents. Perçu sa Nebula qui s’étirait et gagnait ses fibres musculaires. Il se retourna, pouvaient-ils rebrousser chemin ? Non pas qu’il le désira, mais il fallait toujours envisager une voie de sortie …

Le strigoï en profita pour s’emparer de quelques menus détails et avança aux côtés de Maël. Il lui murmura quelques mots qu’ils ne purent entendre. Ryker était trop occupé à se toiser avec le grand escogriffe. Il percevait la tension grimper, ressentait quelque chose qui s’agitait autour d’eux sans qu’il ne puisse percevoir quoi. Son cœur battait de plus en plus fort. Une tension gagnait ses épaules et ses doigts se resserrèrent sur le pommeau de son épée courte. Aelys semblait ressentir la même inquiétude.

- L’Instant. Cela m’étonnerait, gamine. Les gens ici n’ont pas l’air d’avoir conscience de ce qu’il se passe si je me fie à ce que nous a raconté Maël. Un tour de la Brume. Un rêve … ou une boucle ? Avec ce qui nous est arrivé au fort … je crains que ça ne soit qu’un artifice. murmura-t-il, presque tenté d’altérer la scène pour en découvrir l’aspect factice.

Il inspira.

- Elle nous a mené ici. Elle a une raison. Suivons-la.

Il fronça les sourcils, repensa aux miroitants. Ils avaient été poussés là. La Brume avait un dessein, comme toujours. Il avait du mal à la considérer comme une ennemie farouche, après toutes ces années. Après tous ces morts. Cette langueur était commune à de nombreux Patrouilleurs et, selon certains, expliquait quelques Errants. Mais pas lui. Pas encore. Il tira une dague de sa ceinture, écorcha le mur de sa pointe. Le retour de Nimrod le tira de ses songes et conjectures.

- Bien vu, opalin. Nous sommes dans la Brume. Merci de vous en êtes rendu compte. répondit-il tout en reléguant sa dague dans son fourreau. Elle a un dessein : Elle ne fait jamais rien au hasard. Il nous faut, en effet, continuer d’avancer. Pour une fois, nous sommes d’accord.

Il n’appréciait pas Nimrod. Il n’appréciait pas les citadins. Il n’appréciait pas ceux qui donnaient l’impression d’en savoir bien plus, alors qu’ils jouaient le rôle du pauvre hère égaré. Cette suspicion le concernant durait depuis que l’individu, seul aux abords de la Brume, les avait rejoints. Un acteur d’Opale en solitaire dans la Brume. Il semblait trop sagace pour être suicidaire.

- Gamine, comme dans les fosses. proposa-t-il à Aelys en tapotant le pommeau de sa dague.

Elle soupira et leva les yeux au ciel puis se déporta sur le côté de Maël, un peu en retrait. Elle était bien mutique depuis leur départ, mais ils se connaissaient bien assez pour se comprendre sans avoir besoin d’entrer dans les détails. Maël était le seul à pouvoir communiquer avec les inconnus, il fallait assurer sa protection tout en s’assurant d’avoir une voie de sortie.

- Nimrod. Si cet endroit cherche à nous faire revivre des souvenirs, je gage qu’ils seront traumatiques. Je vous conseille de marcher entre Aelys et moi. S’il s’agit … d’une sorte de manipulation du temps, cela vaudra pareil. Nous aurons peut-être besoin des talents que vous nous avez montré hier. Je pense, à cette fin, qu’il serait de bon ton que nous mettions un peu sur la table nos talents respectifs qui pourraient être d’une quelconque utilité dans pareilles circonstances. Histoire de ne pas perdre de temps à sauver ceux qui peuvent se débrouiller par eux-mêmes.

Il lâcha ces quelques mots sans regarder l’acteur, le regard fixé sur le dos du grigori.
Dim 18 Fév - 18:40

Est-ce une boucle? Un souvenir? Encore un tour de la brume pour mieux vous piéger? La brume n’est nulle part, vous ne la voyez pas danser autour de vous. Il n’y a que l’eau dans vos chaussures, l’odeur de fange et d’eau sale qui chatouille vos narines, et les deux êtres d’un autre âge qui vous confrontent toujours. Sont-ils deux fantômes piégés ici pour l’éternité, condamnés à revivre éternellement la même journée ennuyeuse? Si oui, alors vous êtes les premiers visages à altérer leur monotonie, depuis on ne sait combien de temps… Et pourtant.

Vous marmonnez quoi au juste?” Le plus grand des deux vous confronte, agacé. Visiblement, vos messes basses ne lui ont pas échappées. “J’sais pas d’où vous venez vous, mais vous avez l’air louches. Des touristes dans les égouts! Et puis quoi! Z’êtes louches.”

Le géant vous braque du regard, Nimrod, Ryker et la cadette. Votre attitude désinvolte mais tendue ne lui aura pas échappée, et à fureter autour de lui, vous avez fini par attirer son attention. Mais vous aurez aussi remarqué que derrière le coude se trouve un couloir plus long, toujours de ces mêmes égouts, quoique cette-fois ci vous distinguez une trappe et une échelle qui vous permettrait de remonter… Quelque part.

Heu… Bert’, faudrait pas qu’on fasse de vagues… Sinon le boss va v’nir.

Le plus petit a l’air sincèrement inquiet, surtout en toisant Ryker qui passe lentement sa main sur le pommeau de son arme. Un signe de la nervosité du patrouilleur. Rien n’indique qu’il compte dégainer, mais la simple présence de l’arme pour ces deux éboueurs est un indice important: vous n’êtes pas là pour patauger tranquillement dans la boue.

C’est quoi au juste que vous cherchez?” Dit le plus petit, soucieux de temporiser, en s’adressant à Maël. Le plus grand continue de vous toiser, et semble désapprouver qu’on essaye de vous parler avec bienveillance. “Nous on fait que travailler, on a rien sur nous!

Vous n’auriez pas l’idée de les braquer, par hasard? Le plus petit y a songé, lui. Et cette crainte le pousse visiblement à vous aider pour ne pas finir embrocher par Ryker. C’est peut-être l’occasion de poursuivre… Tant que vous n’usez pas trop de la patience de Bert.

J’vous garde à l'œil, vous là.” Les petits chuchotements l’ont sans doute agacé bien plus qu’il ne le montre.

Ven 15 Mar - 11:30

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Maël se renfrogna à l’avertissement de prudence du strigoi. Il savait qu’il avait raison, mais aurait malgré tout aimé tenter de percer le mystère que représentaient ces hommes. En les questionnant avec finesse, peut-être aurait-il pu leur soutirer des informations sur le lieu et l’époque dans lesquels ils avaient atterri ? Cependant, l’attitude méfiante du patrouilleur et de la jeune aventurière, couplée à leurs messes basses, avait amplifié la nervosité des travailleurs, qui n’étaient visiblement pas convaincus par l’histoire que leur servait le grigori. Sans doute l’opalin avait-il raison : il valait mieux ne pas s’attarder. Les deux hommes, irrités d’être ignorés par le groupe, devenaient de plus en plus circonspects. Le plus grand, surtout, leur lançait un regard où se percevait une suspicion qu’il ne tentait pas de cacher.

— La sortie, c’est par là ? demanda alors le diplomate en désignant le couloir derrière eux. Merci, dit-il en adressant un mouvement de tête au plus petit, qui avait nerveusement hoché la tête à la question.

Il adressa un regard à ses compagnons pour leur signifier d’avancer, et ils poursuivirent ensemble leur avancée vers le fond du couloir, dépassant les deux travailleurs qui s’agitaient, les observant avec une méfiance méritée. Préviendraient-ils le fameux chef dont ils avaient parlé ? Le groupe demeurait sur ses gardes, mais visiblement, les deux hommes n’avaient pas l’intention de les poursuivre.

— Autant se mettre hors de leur vue le plus rapidement possible. Cet endroit est suffisamment étrange sans que nous nous attirions des ennuis en plus.

Il pressa le pas sans attendre, le bruit de l’eau clapotant sous ses bottes de cuir résonnant en écho dans le long tunnel. Ils atteignirent sans encombre l’échelle qu’ils avaient aperçue plus tôt. Derrière eux, les travailleurs avaient disparu. Étaient-ils simplement rendus plus loin, ou était-ce un mauvais tour de la Brume ?

— Restons prudents, proposa Maël. Je monte le premier. Attendez mon signal avant de me suivre, il est sans doute préférable que nous ne soyons pas tous sur cette échelle s’il devait y avoir un danger au-dessus de nous.

Sans attendre, le grigori saisit le premier barreau et commença à monter énergiquement jusqu’à atteindre la trappe, qu’il souleva prudemment pour voir ce qu’elle cachait. Maël eut l’impression de changer d’époque à l’instant même où sa tête franchit la limite de la trappe. L’air était sec et chaud, comme il l’avait été depuis qu’ils avaient commencé leur escapade dans le désert brûlé. La pierre avait repris son aspect vieilli. Elle était sèche et pâle, visiblement là depuis des centaines d’années. Résolu, Maël repoussa définitivement la trappe, et celle-ci retomba avec fracas de l’autre côté de ses gonds. Le grigori se hissa dans la pièce et regarda autour de lui, avant de regarder à nouveau la trappe. Celle-ci était bien ouverte, mais ce que Maël voyait au travers n’était pas l’endroit d’où il venait. Inquiet, il se pencha et fit passer sa tête dans l’ouverture. Dès qu’il franchit cette limite, il se retrouva à nouveau dans les souterrains humides d’où il venait, ses compagnons bien visibles.

— Tout est étrange, leur communiqua Maël, mais il ne semble pas y avoir de danger. Montez !

L’endroit était colossal. Les plafonds s’élevaient en voûte à une hauteur vertigineuse et les murs s’éloignaient sans qu’on ne parvienne à voir où ils s’arrêtaient. L’esprit du grigori tentait de trouver une logique dans ce qu’il voyait, sans succès. Partout autour de lui - et de ses compagnons qui le rejoignaient un à un - l’air semblait se fracturer en des centaines de fractales. Les pierres se superposaient sans logique, dans un chaos aussi étrange que dérangeant. Partout, la lumière se reflétait dans d’étranges effets, parfois agissant tel un miroir, d’autres fois dévoilant des couleurs et des images qui n’avaient rien à faire là. Il y en avait partout, du sol au plafond, certaines aux images changeantes et se mouvant selon ce qui semblait être leur propre volonté, d’autres qui demeuraient immobiles et dont les scènes qui s’y déroulaient semblaient plus stables. Tout semblait calme, mais une impression sinistre courut le long de la colonne vertébrale du grigori, qui posa instinctivement sa main sur le pommeau de son épée.

Il y avait quelque chose de vivant, ici.
Ven 5 Avr - 19:54
Cet endroit lui donnait la chair de poule. Un tour de la Brume ? A moins que cela soit la trace de quelque chose encore plus retors. Pareil à des cicatrices de manifestations occultes. Il n’avait que peu de culture en ce sens, mais ce que lui avait conté Maël lui faisait penser à cela. C’était une chance d’avoir le Grigori avec eux. Ça, et ses multiples talents martiaux. Il se racontait que ces êtres étaient vieux, très vieux. Il était logique de penser qu’il ait des talents qui lui soient supérieurs. Le Patrouilleur toisa les deux artistes encasqués et ressentit leur tension sans être à même de la réduire. Ils pouvaient représenter un danger. Il avait déjà vu maints tours de la Malice. Maints tours destinés à abuser les pauvres hères qui s’y perdaient. Lorsque le groupe se détourna suite aux conseils de Maël, il les contourna, sa main prête à dégainer. A peine regarda-t-il de nouveau son chemin qu’il les perdit de vue, comme si le souvenir qu’ils incarnaient avait subrepticement sauté hors de cette réalité.

- Soit … Je vous suis. répondit-il au Grigori, agacé de voir de nouveau cette échelle.

C’était la même, il en était convaincu. Quelque chose était à l’œuvre ici. Entre mystique et prédateur. Dague en main, Ryker se faufila aux côtés de Maël après que Aelys ait claqué sa main tendue. Il perçut comme une distorsion dans l’image, comme si de nouveau le moment qu’ils avaient traversé avait sauté hors de son ornière. Il serra sa dague. Il n’aimait pas ça. D’autant plus que son pouvoir n’aurait aucun effet dessus. Un pur effet de la Brume, donc ? Ou … autre chose ? Mais au moins ils pouvaient revenir en arrière. Un entrelacs d’époques ? Il n’avait jamais vu pareille chose. De quoi y perdre l’esprit.

Le Patrouilleur s’accrocha donc à ce qu’il percevait et vivait. Il leva les yeux et observa la salle dans laquelle ils venaient d’entrer. Des traits de réalité déformée griffaient l’air en une kyrielle de couleurs. Chaque difformité longiligne laissait échapper une scène qu’on devinait du coin de l’œil. Ryker tourna sur lui-même, il devait y en avoir des centaines. Des instants figés dans le temps ? Ou d’autres lieux ? A moins que ce ne fussent des illusions ? Le Patrouilleur jura tout bas, pesta contre le sort et les saloperies magiques. Il rangea sa dague, musarda ses doigts dans ses grigris d’Aventurier. Mais quelque chose le taraudait.

- Il … y a quelque chose de vivant à l’œuvre ici…
murmura-t-il, se faisant écho du sentiment qu’avait déjà capté Maël.

Il entama de dégainer son épée courte, puis se rappela que son attitude avait un peu échaudé les deux inconnus. Il reposa donc son arme, détendit ses épaules mais se garda prêt à dégainer au moindre instant. A l’écoute de ses instincts. Le Patrouilleur regarda ses camarades puis les immenses colonnes de cette pièce qui avait dû autrefois accueillir des pans entiers de l’histoire d’Uhr. Qu’était-ce donc que ce lieu ? Comme si un mage fou avait voulu conserver on ne savait quelle diablerie figée dans l’air sec de Valeek.

Ryker entreprit de faire le tour des lieux, de débusquer ce que son instinct lui dicter de fuir. Il serra les dents, mais il ne découvrit rien. Le Patrouilleur dût se rendre à l’évidence : soit il devenait paranoïaque, soit ce qui trônait ici était bien caché … Il était tant frappé de stupeur qu’il ne perçut pas le silence laissé dans son occiput par sa nebula. Il grinça des dents. Ne restaient que ces centaines de failles, dont une qui leur faisait face, bien droite et lisse. Elle débouchait sur un paysage noir, dans un monde en noir. Rien d’accueillant. Il échangea un regard avec la jeune femme puis soupira. Il lui restait encore quelques bouts de corde.

- Bon. J’ai compris. Je vais devoir m’y coller. Gamine, tiens bien ça. A la moindre tension brutale, vous me ramenez. commença-t-il, chassant toute tentative de réplique d’un geste de la main. C’est mon travail. Il y a un sens à tout ceci, et il va falloir se mouiller pour le trouver.

Il entreprit donc de s’attacher une corde autour de la taille et en donna le bout à la jeune guerrière. Après s’être autorisée une lampée de liqueur, il souffla et passa la faille. D’un coup, le Patrouilleur se retrouva dans l’herbe, jusqu’à la taille. Tout autour de lui, la Brume. Dans la nuit. Il percevait à peine les espaces autour de lui. Dans pareille configuration, il tira son épée courte qui ne fit pas un bruit. Il avança. Sans un bruit. Il fronça des sourcils. Tapa la lame contre son torse. Rien. Un frisson glacé lui parcourut l’échine. Il appela ses camarades. Aucun son. Il entoura son bras libre autour de la corde et tira dessus. Il perçut une résistance. Brume et absence de son ? Parfait piège pour dévorer une proie. Prenant son courage à deux mains, il fit demi-tour en suivant sa corde. Il intima d’une brève traction à Aelys de le ramener en arrière. Une fois. Puis deux.

Il avait un très mauvais pressentiment. Ceux qui s’aventuraient dans les hautes herbes n’en revenaient jamais indemnes.
Dim 14 Avr - 16:06
Il bouillonnait intérieurement, en dépit de la passivité qu'il arborait lorsque ses camarades semblaient sous le choc.

Il ne l'était pas.

Mais une vibration de plus en plus forte sonnait entre ses deux oreilles. Etait-ce son vestige qui essayait, par réflexe, de résister à ce que la raison ne peut accepter ? Une sorte de dissonance cognitive. Ou bien cet endroit voulait-il lui murmurer des mots inaudibles, faire rejaillir des souvenirs enfouis. Il se surprit à serrer les poings si fort que ses doigts avaient laissé des marques rouges, dans sa chair endolorie. Il tenta tant bien que mal de dissimuler ce sentiment de joie, cette impression de toucher au but. Comme si c'était ici que se trouvait la réponse à toutes ses questions. Puis il comprit, bien trop tard.

« - Ne vous aventurez pas dans ces passages ! »

Ce n'était pas le seul danger. Cet endroit, celui de ses rêves, était tout aussi démoniaques. Mais il avait entendu parler des portails ; il les avait longtemps cherchés. S'il pensait un jour en trouver autant réunis au même endroit... cela ne voulait dire qu'une chose : ils étaient déjà de l'autre côté.

« - Il doit y en avoir un qui peut nous ramener dans la réalité, » murmura-t-il en s'éloignant des autres, sans vraiment se soucier du sort de Ryker parti vadrouiller dans les tréfonds de l'espace-temps. « Ou à la bonne époque. »

La pénombre dissimulait la véritable hauteur de l'édifice... qui n'en était pas réellement un. Plutôt une sorte de structure caverneuse dont les motifs semblaient se répéter à l'infini, dans des dispositions différentes... changeantes même. Si le groupe se séparait, jamais ils ne se retrouvaient. Mais le plus inquiétant venait de ces fenêtre, pour la plupart suffisamment larges pour faire passer un chariot. Certaines plus petites, d'autres plus grandes... Il devait y avoir une raison à ça.

Les portails s'adaptent à ceux qui les ouvrent.

Un pouvoir aussi rare que pratique. Mais qui nécessitait une vie entière pour pouvoir être maîtrisé. Il avait enquêté et savait que des connaissances bien plus précises dormaient dans les murs du Magistère, quand bien même il ne pouvait pas trop révéler sa véritable nature. On expérimentait sur des êtres comme lui et il n'était pas véritablement un enfant de chœur ; on ne se priverait pas de le charcuter jusqu'à l'âme.

Quelqu'un ou quelque chose avait ouvert ces chemins... Et sa taille devait désormais être gargantuesque. Sans s'en rendre compte, il s'était beaucoup éloigné de ses camarades, emporté par sa curiosité. En même temps qu'il progressait, il regardait dans les paysages dessinés des éléments distinctifs, espérant dénicher la sortie. Incertain, il crut reconnaître plusieurs fois les hauteurs de Valeek ou encore les pierres du château. Peut-être que les passages n'envoyaient que vers une seule et même destination dont l'aspect variait à chaque fois ? Si c'était le cas, cela voudrait donc dire que...

Un clapotement pratiquement inaudible le sortit soudainement de ses réflexions. Du coin de l'oeil, il vit une forme se muer dans les ténèbres ; par mesure de précaution, il se dissimula lui-même dans la noirceur et envisagea de s'approcher. Le couloir insolite semblait sans fin, mais pas invariable : il devenait plus large, plus haut.

C'est alors qu'il le vit : le regard luisant dans les ténèbres, rivé droit sur lui.
Mar 30 Avr - 8:28

Morcelé, le groupe semble doucement se déchirer, là, entre les portails.

Accouchés des égoûts putrides qui vous semblent tout droit venir d’un temps différent du vôtre, vous voilà piégé dans la vaste structure de pierre. Vous êtes dans les entrailles du fort Valeek, c’est certain - après tout, entre les miroitements, vous apercevez les hautes voûtes de pierre, la vaste structure de ce qui semble être un hall, bâti comme une cathédrale mais dont le seul enjeu est le transit. Tout aurait été plus simple si ça n’avait été qu’une histoire de transit.
Mais en lieu et place de murs de pierre, de tapisseries anciennes et de meubles vermoulus, vous faites face à ce curieux spectacle: partout autour de vous, comme des fenêtres ouvertes vers l’ailleurs, des ouvertures à même le vide donnent sur une myriade d’horizons; des couchers de soleil sur des plaines ou des montagnes inconnues, des couloirs où circulent gardes ou badauds, des chambres, des villes aux silhouettes invraisemblables. Ou des lieux plus familiers.

A première vue, il n’y a pas de sortie. Les miroitements sont si nombreux qu’ils dévorent la seule et unique porte qui donne sur la suite du fort - mais vous le savez, le sentez: c’est dans le fort que se trouve ce que vous êtes venus chercher. Comme un puzzle en de multiples dimensions, le fort semble être un dédale, un labyrinthe de lui-même, et d’autres lieux et temps. Trouver le fil rouge pour le traverser ne sera pas chose facile, mais Ryker, tu commences plutôt bien.

Corde autour du ventre, tu pars dans l’un de ces miroitements à la recherche d’une issue - ou d’une explication. Rapidement, les herbes caressent tes genoux dans cette nuit où seule la brume tamise la pleine lune qui te couvre. Le silence est assourdissant. Assourdissant… Omniprésent. Parle, tente de crier. Aucun son ne sort. La brume les a volées.

Tes pas se retourneront vers la sortie, vers tes camarades de l’autre côté de ce miroitement - la brume s’opacifie, rendant votre vue difficile, et bientôt limitant le contact visuel entre vous aux bout des hautes herbes. Revenir…? Tu ne l’as pas immédiatement remarqué, mais une silhouette se dresse entre la sortie et toi. Une silhouette… Petite. Un gnome, hache à la main, l’air renfrogné, aussi confus et perdu que toi. Il ne semble pas belliqueux… Si?

De ton côté, Nimrod, tu n’en as que faire des aventures de Ryker, ton instinct de ramène des bribes de pensées et de souvenirs enfouis. La peur, la paranoïa, tu es envahi de questions sur les miroitements, leur origine, si ils sont ou non le fruit de vous ou le fruit d’ailleurs, si autre chose n’est pas à l'œuvre dans cette pièce maudite. Piégé par tous ces portails, la sortie n’est pourtant pas accessible - ces portails que tu redoutes tant constituent vraisemblablement la seule issue.
Il glisse… Éternellement.
Par où passer? La porte est dévorée par ces entrées intangibles, la pierre de Valeek semble à jamais trouées par l’espace et le temps. Mais il vous faut continuer.

Il glisse… Et te vois. Une entitée titanesque, longiforme comme un ver, qui glisse entre les portails, entre le néant, faisant miroiter l’air autour de lui. Il est trop imposant pour tenir dans cette pièce, pourtant il y circule. L’oeil ne te quitte pas des yeux avant de retourner au néant - amis? Pas encore. Ennemi? Peut-être.

Un cri d’effroi résonne dans ton dos. Elle a tiré de toutes ses forces en ne le voyant pas revenir, la petite. Elle a voulu le ramener vers vous. Seulement…

Ryker ne revient pas.

La corde qui le liait à vous, oui.

Tranchée.

Lun 13 Mai - 13:33

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Maël observa Ryker entrer dans le miroitement avec un certain détachement, laissant le soin à Aelis de tenir la corde qu'il avait attachée à sa taille. Tout cela... cet endroit, les différentes époques, ces reflets d'autres temps... c'était fascinant. Tout bonnement fascinant. Un frisson parcourut l'échine de l'ange alors qu'il observait avec une attention toute particulière les illusions qui se dessinaient autour de leur petit groupe. Il y avait quelque chose de lourd dans l'air. Quelque chose d'oppressant. La sensation d'être observé. Oh, une angoisse sourde le prenait aux tripes sans que ses yeux ne parviennent à comprendre ce qu'ils voyaient. Pourquoi aimait-il autant la sensation d'être tombé sur quelque chose d'inédit, alors qu'une peur vicérale l'étranglait ? Quelque chose s'infiltrait en lui, dans sa conscience, dans ses mains. Ses plumes le démangeaient.

Lorsque Nimord lança son avertissement, il était tard. Bien trop tard. Ryker avait déjà disparu. Comment le strigoi pouvait-il avoir compris cela ? Et puis, au fond, était-ce important ? Maël l'observa s'éloigner sans plus se soucier de lui. Tiens, était-ce cet endroit qui lui offrait un tel détachement ? Tout son corps hurlait de terreur, mais son esprit, lui, demeurait d'un calme olympien. Fascinant. Il s'assit sur le sol, sortit son cahier de notes et leva les yeux vers la voûte, traçant de la pointe de son crayon les grandes arches de l'endroit, dessinant avec la minutie de ceux qui créent sans compter leur temps. Ombres et reflets prenaient forme sur la page blanche, recréant la scène dans un tableau criant de réalisme. Sa main parcourait la page de façon de plus en plus frénétique, animée par une peur instinctive que son esprit ne parvenait pas à ressentir.

Détaché. Il était totalement détaché. Il observait désormais son corps noircir des pages pour expliquer ce qu'il voyait, retranscrivant par ses mots l'oppressante sensation. Comment pouvait-il parvenir à retranscrire celle-ci, alors que tout ce qu'il ressentait était une profonde indifférence ? Et cette ombre... il la voit. Nimord est loin maintenant, sa silhouette se perdant entre les illusions. Près de lui, qu'est-ce que... Le grigori touche sa gorge. Était-ce de lui que sortait ce cri ? La tête dans le brouillard, le regard doré de Maël se pose sur Aelis. Non, c'était elle plutôt. La corde de Ryker est entre ses mains, son visage exprime une panique intense. Mais Maël n'en a rien à faire. Rien ne l'affecte. Il n'a même pas envie de se demander où est Ryker. Il sait qu'il devrait s'en soucier, mais... il n'y arrive pas.

Les miroitements bougent. Quelque chose se déplace. Rampe insidieusement. Au fond, le diplomate connaît les dangers. Il craint pour son intégrité. Et pourtant, il observe avec désintérêt cette chimère s'approcher. Ah, voilà ce qu'il y voit ! Ça réveille quelque chose en lui. Son âme hurle. Fuis, fuis ! Mais, déconnecté de lui-même, Maël n'obéit pas.

— À plus tard, mes amis, s'entend-il prononcer d'une voix claire.

Pourquoi affiche-t-il une telle sérénité ? Pourquoi un sourire espiègle étire ses lèvres ? Il est là, au sol, avec son papier et son crayon. Il ne fait pas mine de bouger lorsque les regards de ses compagnons se tournent vers lui. Oh, quelle étrange sensation ! Le voilà ailleurs maintenant. D'où venait le miroitement qui l'avait absorbé ? Où se trouvait-il désormais ? Ah... ah ! Le brouillard quitte son esprit. Le grigori saute sur ses pieds, regarde autour de lui. Le miroitement... Il n'est plus à Valeek, il en est convaincu. Mais alors, où a-t-il atterri ?
Dim 26 Mai - 17:45
Quel monde pesant. Le Patrouilleur avait son arme au clair et cherchait ce qui le dérangeait autant. Il y avait là un poids qui alourdissait chacun de ses pas et de ses pensées. Ce paysage herbacé s’étirait à perte de vue et sous le clair de lune, les limbes frémissaient. Une ondée végétale qui chatouillait la Brume et bruissait un silence assourdissant. Ryker regarda sa main et commença à comprendre ce qui l’épuisait en ce lieu. Il se retourna pour contempler la faille par laquelle il était entrée. Un être au nez épaté et aux oreilles poilues le pointa du doigt. Il n’en avait pas beaucoup rencontré, sinon dans les profondeurs, mais il reconnut ce à quoi il avait à faire : un gnome. Le Patrouilleur avisa sa hache rutilante. Il leva sa main en signe de paix mais la créature abattit sa hache sur la corde qui le reliait à ses camarades. Ryker hurla. Du moins sa bouche s’ouvrit et son épée fit un moulinet silencieux. Il se rua à l’assaut du gnome furibond.

D’un coup de pied, il envoya la hache de la créature voler au travers des herbes. L’objet décrivit un arc de cercle avant de se perdre à jamais dans la prairie. Il prit appui puis cueillit le gnome en plein entre-jambe pour l’envoyer décrire un arc de cercle dans ce qu’il restait du portail. Le Patrouilleur roula à terre pour tenter de trouver ce qu’il restait de la corde mais il dût se rendre à l’évidence que les herbes étaient trop denses. Jurant en silence il se retourna et observa l’immensité de la plaine. Quelle autre solution lui restait-il ?

De son côté, Aelis, après l’effroi d’avoir perdu toute trace de Ryker eut la surprise de voir un gnome lui arriver dessus dans un cri de douleur et de panique. Elle fut emboutie par la chose et ce dernier commença à hurler avant que n’émerge Ryker du portail. Il toisa la gamine et s’empara du gnome pour l’emmailloter rapidement et le museler. Il l’avait attaqué, il n’aurait pas de scrupules et peut-être saurait-il quelque chose !

- Tiens-le fort : ce crétin m’a attaqué dans une plaine où le bruit n’existait pas.
ordonna-t-il à la Cadette qui ne lui offrit qu’une grimace d’incompréhension.

Le Patrouilleur leva les yeux au ciel et secoua la tête. Où étaient les deux autres ? Maël était assis à terre à griffonner dans un état second et … l’autre empaffé était aux abonnés absents. Il releva son arme lorsque son regard fut attiré par un miroitement entre les portails. Il y avait là … quelque chose. Quelque chose d’immense et d’anormal. Un frisson courut le long de son échine lorsque les reflets de la myriade de portails serpentèrent sur les écailles d’une forme colossale. Suspendue dans les airs, son corps monumental glissait.

- Par les baloches du Mandrebrume … murmura-t-il, bouche bée.

- A plus tard, les amis.

Hein ? Ryker se retourna à temps pour voir Maël relever la tête et … disparaître. Son crayon tomba à terre. Ce fut tout ce qu’il resta de lui.

- Non mais c’est quoi ce … bordel ? continua Ryker avec une grimace d’incompréhension.

Il secoua la tête et releva son arme. Ses yeux suivirent la fin du titan ophidien qui musait entre les portails. Il regarda Aelis puis le crayon de Maël. Non mais qu’est-ce que c’était que ce bazar ? Où était passé Nimrod ? Il ne le voyait plus ? Il n’y avait que ces ténèbres et ces formes qui miroitaient partout autour d’eux. Ryker se retourna vers le gnome et le pointa de son épée. Il ramassa le crayon de Maël, cible qu’il était censé protéger durant cette mission. Qu’est-ce qui l’avait fait disparaître ? Il dût faire un vrai effort mental pour ne pas sa cervelle implose et s’approcha du gnome. Peu probable qu’il ait la moindre information mais à moins de s’attaquer à cette entité qui lui avait gelé les entrailles …

- Pourquoi m’as-tu attaqué ? Q’est-ce qui se passe ici ?
tonna-t-il, en indiquant tout ce qui se passait autour d’eux.

Si le gnome répondait et n’avait pas la cervelle qui lui coulait par les oreilles, ce serait déjà un pas dans une direction. La bonne, peut-être pas. Mais une direction, au moins. L'autre serait de d'explorer chacun de ces foutus portails pour trouver Maël ... mais il avait comme un arrière-goût de peur panique en envisageant cela. La solution pire encore serait de suivre le serpent ... mais il préférait ne pas l'envisager. Si cette chose avait un lien avec la création des portails ...


Dernière édition par Ryker Lestat le Dim 30 Juin - 11:14, édité 2 fois
Dim 9 Juin - 15:07
Il avait compris. Cet endroit se jouait d'eux. Ou peut-être n'était-ce pas l'endroit, peut-être n'était-ce pas conscient. Il se rappelait à présent, il savait où ce genre de choses se produisaient, il l'avait vécu et le vivait encore, là, maintenant. Perdu dans ces couloirs. L'odeur de moisi, l'éclairage défaillant projetant une lumière jaunâtre, froide, triste. Qu'est que ce l'inverse de la vie, sinon un endroit conservé dans une stase, cimenté par l'absence de ceux censés s'y déplacer, y travailler, y vivre. C'était l'horreur des Limbes.

Étaient-ils dans les Limbes ? Et si oui, à quel moment ? Quand la réalité était-elle devenu le rêve, quand les dimensions s'étaient-elles télescopées l'une sur l'autre. Non, il aurait définitivement perdu l'esprit s'il avait mis un pied dans cet espace mémoriel, qui lui revenait à chaque fois qu'il tuait. Mais le meurtre, la vie qui quitte le corps de sa victime, n'est pas le seul déclencheur.

Où est-il désormais ? Cette chose l'a regardé et il l'a admirée en retour ; il n'y a pas vu une once d'humanité. Mais maintenant le voilà à arpenter un paysage familier. Il ne marche plus, il court à présent. Et un cri perce la nuit. Il glisse entre les vieilles pierres d'une sorte de jardin labyrinthique, sa lame déjà sortie, prêt à frapper. Cette fois-ci c'est un homme, vieux et usé, qui tente maladroitement de lui échapper en se réfugiant entre deux haies. Inutile. L'inconnu se débat, montrant une vigueur impressionnante pour un homme de son âge, mais c'est purement futile. Nimrod sent l'odeur de la végétation alentour s'estomper soudainement, il sait qu'il pourrait se réveiller de ce rêve s'il le désirait. Il sait qu'il pourrait éviter de prendre une vie. Mais il a besoin de cette clé pour sortir de ce cauchemar. Il doit se rappeler.

Le reflet d'argent crève l'obscurité, la lame glisse sous la pomme d'Adam. Le corps s'écroule, le voile tombe. Une injure tonne, audible à plusieurs lieues, et voilà le Strigoï à terre, roué de coups. Ceux-ci meurtrissent son pauvre corps, devraient lui faire ressentir une douleur sourde à chaque assaut. Mais ses yeux sont vitreux. Ton poing s'arrête soudainement, Ryker, maîtrisé par une ombre. Mais ta fureur, elle, n'a aucune limite.

« - Non, j'ai compris, » s'égosille l'opalin après avoir expectoré une gerbe de sang.

Tu ne sais s'il s'adresse à toi. Derrière toi, allongée sur le sol dans une marre de sang, Aelis tente d'appeler ton nom. Mais il ne sort que des gargouillis monstrueux. Sous tes yeux, tu vois le garrot futile de sa main droite sur son cou qui se défait. Elle tombe mollement sur le sol ; Nimrod l'a tuée.

Lui, se relève péniblement. La proximité du mur, au moment de votre lutte, lui permet de tenir debout le temps de retrouver ses esprits. Ce meurtre aura servi, il leur permettra d retrouver Maël. Et de découvrir le secret de cet endroit. Son regard froid scrute la scène, il ne montre aucun signe d'humanité. Enveloppant le hall dans les noirceurs infinies, il trace le chemin jusqu'au seul et unique portail : celui dont il a eu la vision, censé les ramener dans la réalité. C'est là que se trouve Maël.... et la suite de l'histoire.

Jamais il n'en a été aussi proche. Jamais ses souvenirs n'ont été aussi clairs. Il est déjà venu ici. Il venait d'ici. C'était son foyer.

Ce vieillard, c'était lui.
Lun 17 Juin - 18:56

Réalité, illusions, vérités, mensonges. Vous vous perdez tous. Vous êtes déjà perdu.

Aelys gît dans une marre de sang.

Réel, irréel?
Réel.

Nimrod l’a tué.

Réel, irréel?
Réel.

Nimrod part vers un portail, celui de Maël. Celui où il pense le retrouver. Nimrod croit être dans les limbes.

Réel, irréel?
Irréel.

Ryker est seul. Laissé. Abandonné avec le gnome en larme qui pleure sa vie. Face à Aelys. Morte.

Réel, irréel?
Réel.

Maël est dans la neige. Il a froid. Il est seul. Le miroitement l’a amené sur le flanc d’un mont solitaire. La terre gronde. La roche hurle. Une avalanche se prépare.

Réel, irréel?
Réel.

Ryker et le gnome sont seuls.

Réel, irréel?
Irréel.

Nimrod se retrouve dans une forêt obscure. La nuit a tout mangé, la lumière disparu. Le bruit des feuilles, du vent. Rien que le silence.
Puis les mots, les murmures. Le masque. Un nora’sinh. Seul avec lui.

Réel, irréel?
Réel.

Un portail devant Ryker. Celui du gnome, de la chose, de Maël, de Nimrod?

Réel, irréel?

Mer 26 Juin - 13:04

Intrigue
La dimension corrompu

Ft. Nimrod & Ryker
MJ : Lö

Le froid l’assaillit presque instantanément, saisissant contraste avec la chaleur sèche qui l’entourait un instant auparavant. Un vent d’un froid mortel balayait cet endroit d’un blanc immaculé. De quoi faire perdre la tête, si Maël n’avait pas déjà eu l’habitude des étranges lubies de la Brume... et s’il n’avait pas déjà un peu succombé à la folie. Pourtant, son esprit s’était soudainement éclairci. Son livret avait retrouvé sa place à sa ceinture et ses pieds s’étaient ancrés dans le sol, bien que la couverture enneigée ne lui offrît pas une grande stabilité. Il fallut quelques secondes pour que son regard s’adapte à la luminosité crue de cet endroit immaculé. Frissonnant violemment, il observa les alentours alors qu’un grondement sourd résonnait sous ses pieds. Il n’y avait, autour de lui, plus aucune trace du miroitement qui l’avait amené là, et plus aucune trace des compagnons qui l’avaient accompagné jusqu’ici. Il se trouvait sur une montagne, à un endroit qu’il ne lui semblait avoir jamais vu auparavant, probablement très au nord, ou alors loin en altitude, ou... dans une autre dimension, peut-être ?

Un grondement sourd. Un autre. Le regard du grigori se porta vers le sommet, un juron de sa langue natale lui échappa. La neige n’était pas son amie, le froid non plus, et encore moins aujourd’hui. Une cape dormait dans son sac, mais voilà, il manquait de temps. Un craquement sourd résonna sur le flanc de la montagne, et soudain, tout s’effondra. Dans un réflexe primitif, Maël prit son envol, échappant de justesse à l’effondrement du flanc de la montagne. Sous ses yeux, la neige se détacha en grandes plaques, d’abord comme au ralenti, puis dans une fulgurante descente qui balaya tout sur son passage. Maël força sur ses ailes glacées pour prendre davantage d’altitude, échappant à l’improbable houle blanche d’une formidable poussée d’énergie. Ses ailes battirent de toute leur force pour lui permettre d’échapper à l’avalanche qui faisait trembler la montagne. Entouré de particules brillantes qui formaient un mur froid et oppressant, les dents serrées, il lutta de longues minutes pour se maintenir hors de portée des éléments, jusqu’à ce que la neige ait tout emporté, jusqu’à ce que le silence lourd de la neige reprenne son droit.

Se rappelant des enseignements reçus sur l’instabilité de la montagne, il ne se posa pas tout de suite, même si ses ailes tremblaient de cet effort, même si des cristaux se formaient sur ses plumes et gênaient son déplacement. Là, au sommet, quelque chose attira son attention. Un miroitement, ou simplement un reflet de la neige ? Quoi qu’il en soit, il devait rapidement se sortir de cette situation, car le froid était un ennemi redoutable contre lequel il n’avait presque aucune protection. Même si son sac contenait beaucoup de matériel, il s’était préparé à affronter les Terres Brûlées, et non une montagne enneigée... C’est à bout de souffle qu’il se posa sur un promontoire rocheux, espérant éviter ainsi un nouvel effondrement. Après un rapide coup d’œil autour de lui et un frisson incontrôlé qui lui fit presque perdre l’équilibre, il déploya sa cape sur ses épaules, non sans regretter qu’elle soit si légère. Ses ailes trop endolories, il se fondit dans la luminosité pour rejoindre ce miroitement... et s’arrêta, déçu.

Il se trouvait face à une caverne qui n’avait rien de mystérieux : le miroitement qu’il avait aperçu d’en bas n’était rien de plus que celui des cristaux naturels accrochés aux parois. Malgré tout, il s’y engagea, estimant qu’il n’avait pas beaucoup d’autres choix. L’endroit était à peine plus chaud, mais lui offrait néanmoins une protection contre le vent glacial qui sévissait à l’extérieur. Son esprit bouillait des enseignements qu’il avait autrefois assimilés, noyant ses pensées sous un flot d’informations inutiles et d’histoires abracadabrantes sur des événements ayant eu lieu des millénaires auparavant sur le flanc de pareilles montagnes. Des éléments de survie lui revenaient toutefois et il respira profondément pour reprendre son calme malgré l’air glacé qui lui brûlait la gorge. Pourrait-il allumer un feu dans un endroit pareil ? Alors qu’il observait autour de lui pour vérifier ses possibilités, un écho étouffé lui parvint des profondeurs de la grotte. Était-ce simplement le vent qui s’engouffrait dans les tunnels, ou y avait-il quelque chose d’autre, dans cette grotte, avec lui ? Il lui semblait improbable qu’un ours se soit aventuré si haut en altitude, mais d’autres créatures, moins amicales, pouvaient très bien avoir trouvé refuge ici... Malgré ses doigts gourds, le diplomate dégaina son épée. Et avec prudence, il s’avança vers l’écho.
Dim 30 Juin - 11:54
La peur mène à la colère.

Le corps de la jeune femme hoquetait entre les bras du Patrouilleur, qui tenait sa jugulaire entre ses gants souillés de sang. Le liquide perlait entre ses doigts en des gerbes continues tandis qu’il fouillait dans sa besace pour trouver quoi que ce soit qui pu la sauver. Il appuya, marchanda. Il sentait le sang gorger ses tissus et tiédir peu à peu. Il le sentait ruisseler entre ses phalanges et rouiller ses doigts de l’inéluctable destin d’Aelys. Il … pleurait. La serrait contre lui. Il appuya, encore et encore, jusqu’à ce que le bras ballant de la Cadette ne roule à ses côtés. Elle exhala un souffle nimbé de Brume. Un souffle accompagné par la perte de la chose qui la parasitait depuis si longtemps. Une larme coula sur sa joue, se logea dans la cicatrice qui lui mangeait la pommette puis tomba dans le sang qui s’était étalé autour d’elle. Le corps glissa des genoux du Patrouilleur. Il n’entendait plus que son cœur qui battait le rythme dans ses tempes. Une image obsédante et sourde se dessina devant lui. Aux contours épurés devant la myriade de portails. Il leva les yeux. La tête. Un frisson descendit de son échine gagna chacun de ses membres. Se logea dans ses phalanges. Gorgea son être.

La colère mène à la haine.

Il se leva. Le corps d’Aelys bascula et son beau visage s’empêtra dans le sang et la poussière, ses yeux encore ouverts. Elle n’était pas encore passée. Ses lèvres balbutièrent quelque chose et sa main se tendit vers Ryker. Elle tenta de museler sa blessure mais il était bien trop tard. Sa main tendue vers son mentor, elle pleura son nom une dernière fois. Mais il n’était plus là, plus en état de répondre. Ses traits déformés par une profonde haine, il hurla. Il hurla à en faire vibrer les passages nébuleux et lorsqu’il attrapa la forme déviante du meurtrier, il la porta d’un bras en l’air avant de l’écraser au sol. Il le fracassa, arma son poing et frappa. A chaque coup, une insulte proférée dans un uhrois rugueux. Ses yeux écarquillés et une rage sans précédent dans sa vie. Sous ses phalanges craquèrent les os, cédèrent les chaires. Il retira à chaque coup une gerbe du sang mêlé de Nimrod et d’Aelys. Il frappa parfois le sol, entendit la plainte de ses propres os mais il n’en avait cure. Il allait le tuer. Le réduire à l’état de pulpe sanguinolente. Il le ferait souffrir, il briserait chacun de ses os et le livrerait en pâture à la Brume. Ils avaient accueilli ce monstre en leur sein. Les Patrouilleurs chassaient les monstres.

La haine mène à la souffrance.

Plusieurs fois, il entendit quelque chose céder sous ses impacts mais alors qu’il s’acharnait sur le visage du strigoï, il sentit son poing suspendu en l’air. Il hurla et sentit sa nebula rôder en lui, se glisser dans sa rage et la nourrir pour lui donner davantage de force et puissance. Cette manifestation intangible de son pouvoir qui n’avait de conscience propre que celle de la Brume. Que celle de pousser son hôte à l’Errance. De le rapprocher de cette douleur extatique qui ferait de lui un monstre dans cet endroit à jamais. Alors la gangue de ténèbres céda dans un crissement sourd. Ryker se redressa, la bave aux lèvres et hurla le nom de l’assassin qui boitait en suivant sa voie enténébrée. Il dégaina une dague et la lui lança dans le dos. L’arme le frôla alors qu’il perçait le portail et disparaissait de l’autre côté. Elle disparut, elle aussi. Mais plutôt que de le poursuivre, le Patrouilleur se retourna vers le corps sans vie d’Aelys. Il céda, tomba à genoux à ses côtés. Sa rage balayait tout, mais pire encore était sa douleur. Aelys n’avait pas été que sa camarade. Elle était la fille qu’il n’avait jamais eue.

La paix est un mensonge.

Il la prit dans ses bras et la ramena contre lui en hoquetant. Il la berça contre son torse, la serra. Le gnome était encore hagard et ne comprenait pas grand-chose mais la vision du grand homme en armure noire maculé de sang et tenant une femme égorgée sembla achever de le terrifier. Ryker la tenait contre lui, sa chevelure immaculée devenue poisseuse de sang. Le Mort Gris hurla et maudit Nimrod. Il jura le trouver, le tuer. Le faire souffrir. Il se redressa et prit le corps de la jeune femme contre lui. Maël ? Peu importait. Ce monde ? Peu importait. Seule sa rage demeurait. Son cœur qui tambourinait un rythme obsédant. Celui de la vengeance. Celui de la mort. Il assura sa prise sur le corps d’Aelys, qui était étonnamment léger. Il sentait ses poings prêts à céder tant il s’était fait mal à force de frapper Nimrod. Mais il n’en avait cure. La haine le portait. Il passa à côté du gnome sans le considérer. Il n’existait plus dans sa folie et ses larmes. Il se dirigea vers le portail où s’était enfoncé Nimrod. Mourir de la main d’une créature, c’était une chose. De la main d’un ennemi, c’en était une autre. Mais d’une dague perfide d’un être qu’on avait recueilli … cela valait toutes les souffrances du monde.

Il n’y a que la passion.

Le Patrouilleur franchit le portal, guidé par les gouttes de sang laissé par le strigoï. Il ne savait pas si c’était le bon, il ne savait pas si ses sens étaient abusés. Il ne savait qu’une seule chose : Nimrod mourait de sa main. Il mourait après avoir perdu sa chair, son âme. Il mourait destitué de la moindre parcelle de ses pouvoirs et après avoir pleuré chacun de ses actes. Il mourait après avoir imploré, supplié. Il mourait dans le sang, la douleur et la honte. Chaque parcelle de son être serait désacralisée, chaque fragment de ce qu’il était serait anéanti. Par la violence, par la rage Ryker le dépossèderait des dernières parcelles d’humanité qu’il possédait encore. Il le trouverait, et il le tuerait. Avec violence, avec toute la rage que pourrait lui conférer la Brume. Il sentait son parasite s’agiter et tenter de le faire basculer mais l’homme était trop enragé pour ne serait-ce que cédait. Dans un état de colère qui devenait de plus en plus froide, de plus en plus puissante. Ses muscles se gorgeaient d’un vice qu’il n’aurait jamais cru capable. Une violence déchaînée par la mort d’une personne qu’il n’avait jamais pensée aussi chère. Il exhala un souffle froid, tari de toute compassion.

Par la passion, j’ai la puissance.

Là, son odeur. L’odeur ferrugineuse du sang versé.

Par la passion, j’ai le pouvoir.

Là, une silhouette. Une silhouette nimbée de ténèbres factices.

Par la passion, j’ai la victoire.

Là, une mort certaine. Une arme tirée au clair, aux reflets argentés pourfendant les ténèbres.


Lun 15 Juil - 1:45
Le paysage n'avait pas grand chose à offrir. Tant mieux. Le patrouilleur l'avait salement amoché et son cuir chevelu, atteint, perlait en grosses gouttelettes sanguinolentes sur son front, lui cachant en partie la vue. Pour le moment, Nimrod cherchait à s'éloigner de l'homme qui, il s'en doutait, n'avait pas terminé sa besogne ; c'était la première fois qu'il agissait ainsi en public et potentiellement la dernière. S'il ne trouvait pas un moyen de se sortir de ce pétrin seul, toute sa couverture pourrait en pâtir. Du moins, c'était la parole d'un bouseux de la guilde des aventuriers contre la sienne... mais tout de même, mieux ne valait pas trop attirer les soupçons sur lui.

Il cahotait dans ce qui semblait être une forêt, allant de tronc en tronc sur un sentier absent, pataugeant tantôt dans la boue et tantôt dans les feuilles mortes. Les pins s'élevaient haut dans le ciel et dissimulaient toute lumière dans le sous-bois... tant mieux, il pouvait s'épargner d'avoir à utiliser ses pouvoirs pour disparaître. Or, parfois les arbres étaient vicieux et, entremêlés, l'obligeaient à faire des détours. Finalement, il se posa la bonne question : tournait-il en rond ?

« - On est perdu ? » glissa soudainement une voix suave, arrachant un sursaut et un cri de stupeur au strigoi. Il se retourna mais ne constata pas âme qui vive ; ce n'était pas une voix qu'il pouvait identifier, par ailleurs. « Pourquoi trainerait-on dans une forêt au milieu de la nuit ? »

Nimrod se retourna à nouveau, persuadé que la voix avait changé de provenance. Il avait raison et la silhouette de cette chose, qui le taraudait déjà de questions avec un ton neutre, ni réellement féminin, ni masculin, se dessinait dans les quelques rayons de lune qui perçaient à travers l'entrelacs de feuilles de la canopée. Son long cou rétrécissait comme s'il s'était étendu anormalement juste avant.

Un miroitant ? Non. Une sorte de griffon ou de bête douée d'intelligence, en tout cas.

« - Je cherche la sortie.

- Mais existe-t-il seulement une sortie à une forêt ? L'orée toute entière n'est-elle pas une sortie, à condition de la trouver ?

- Alors peut-être pouvez-vous m'indiquer la direction pour atteindre le plus rapidement l'orée.

- Peut-être... »

Le monstre déploya deux grandes ailes noires et entreprit de descendre, par larges battements successifs, à la hauteur de l'acteur. Malgré l'épaisseur de son cou, une fois rétracté, et un pelage dense, il dissimulait mal un corps chétif et des os saillants. Soit cette chose ne se nourrissait pas... soit pas beaucoup, par absence de victimes à dévorer. Il ne se considérait pas comme l'une d'entre elles malgré tout, persuadé de pouvoir se défendre. Avant de se rappeler l'état dans lequel il était du moins, encore bien sonné avec une très probable commotion cérébrale et aucun autre vestige de secours.

« - Que voulez-vous ? » demanda l'opalin en projetant vers le tapis de feuille, d'un geste de la main, le sang qui couvrait ses doigts. Il se vidait moins vite mais toujours assez pour se sentir nauséeux et faible.

« - Des réponses.

- A quoi donc ?

- Des questions.

- Je répondrai à toutes vos questions si vous m'aidez en retour. »

C'était un marché incertain, mais il n'avait pas vraiment d'alliés en ce moment et aucune idée d'où se rendre. Avec un peu de chance, il retrouverait le Grigori en chemin et pourrait le vendre en pâture à cette sorte de charognard... ou encore mieux, récupérer des forces grâce à son sang onctueux.

Le visage emplumé fit mine de réfléchir quelques instants, dans une grimace ridicule, avant d'acquiescer :

« - Je vous guiderai.

- Parfait. Demandez donc et je répondrai pendant que vous ouvrirez la marche. »
Mar 30 Juil - 18:45

Maël, tu as embrassé la montagne, cherché le réconfort dans une grotte. Pris au piège du blizzard, le crachin de glace n’aura su t’atteindre alors que tu naviguais à travers le froid. Curieuse, cette montagne. Elle ne t’évoque rien et pourtant, te parait familière. Comme tant de choses autour de toi, proche et loin, connu et inconnu, réel et irréel. Tu ne saurais bien dire si c’est le froid qui vient engourdir ton esprit ou les heures passées dans la forteresse et la folie.
Un répit, un abri: la caverne se dessine sur le flanc de la montagne, havre de paix parmi les glaces qui se déchirent. Tu t’es faufilé en son sein, bel oiseau d’un autre temps. Pour bien t’accueillir, la grotte pousse un cri qui lézarde à travers la cavité comme une bête en souffrance. Tu n’es pas seul.

Et tu as l’intime conviction que tu déranges quelqu’un. La grotte polie et humide dégage une odeur de poussière forte qui saurait réveiller ton nez endormi; le hurlement s’intensifie. Oh, tu pourrais tenter la fuite, bien sûr - mais curieusement, l’extérieur te semble bien moins accueillant que quoique ce soit que tu puisses rencontrer en ces lieux.

Surtout que,plus loin, derrière le cri, derrière le hurlement désespéré, tu perçois un crépitement… Familier. Le petit frisson que tu as perçu au fond de l’air tout au long de ta présence à Valeek. Le souffle d’un autre temps.

Mais tu n’auras pas le temps d’aller le vérifier. Le cri grossit, grossit, grossit…

Et déjà se dessinent les contours escarpés d’une silhouette gigantesque dans le contour de la grotte: un golem, tonitruant, féroce, énervé, se jette sur toi, comme plongé dans la furie. Il te faudra faire preuve d’habileté pour le ramener à la raison… Ou découvrir ce qui cause cette colère aveuglante.




Ryker, tu es la lame du jugement, l’aveugle main de la mort, le coeur débordant d’une rage sans pareille, une passion faite poison pour emporter avec elle celui qui t’avait dépossédé de la cadette. Tu n’es plus maître de toi, et même la Brume, au fond de ton coeur, se débat pour s’enfuir. Ton objectif est la souffrance - mais pas la tienne, tu souffres assez. Voir mourir ton camarade est ton seul refuge, ton seul abri: tu ne vis désormais plus que pour le tuer.
C’est donc tout naturellement que tu franchis, en apparence, le même miroitement que lui. Oeuvre d’un caprice plus grand, le cadeau aurait été trop beau si tu avais retrouvé ta proie en un battement de cil. Le destin te privera de réunion miraculeuse, tu as toi aussi un fardeau à porter.

Immédiatement après avoir franchi le miroitement qui t’attend, ce n’est pas une forêt qui t’accueille, mais un air de sable, de poussière et de poudre à canon. Autour de toi, une terre fertile et verte écorchée par un champ de bataille, par des coups de fusils, des pistolets sifflants. Un vent chaud balaye les fumées de grands feux de guerre - à l’évidence, ta guerre intérieure n’est rien comparé au carnage dans lequel tu as atterri.

Et le carnage t’a rapidement retrouvé : tu sens dans ton dos la pointe d’un canon qu’on enfonce entre tes omoplates. Puis la même chose dans tes côtes - une deuxième arme qu’on pointe sur toi. Le gnome que tu as croisé est bien lointain désormais - en te retournant très lentement, tu tombes nez à nez avec cinq hommes dont tu reconnaîtrais l’équipement entre mille: des Epistotes, tenant un drapeau ensanglanté entre les mains. Un drapeau… Aramilan.

Ami… Ou Ennemi?” Te murmure le premier. “Comment un chien d’Arami-rien a-t-il pu franchir les lignes?

Ses dents sont serrées, il te tient en joug - tu devras prouver ta valeur. Pour Epistopolie. Pour le Renon. Pour Valeek.





Nimrod as du sang sur les mains. Du sang frais. Du sang sale. La folie l’a-t-il emporté, enfermé? Non. Il avait ça dans le sang depuis toujours.
Et c’est avec ce sang que tu as traversé la forêt, tête sur les épaules, objectif droit devant les yeux: retrouver Maël et en finir avec le groupe de fortune que vous aviez réussi à former. Et tu sembles t’être fait un nouvel ami sur le chemin, un ami de mauvais augure.

La grande chimère a une voix douce, suave - hypnotique. Son bas feutré étouffe le bruissement velouté de ses plumes quand il ne vole pas. Le Nora’Sinh est gracile, animal des ombres et des forêts lointaines, aussi peu connu qu’il est redouté. Mais le voile de mystère n’en fait pas moins un atout si tu parviens à bien le mener du bout de ta baguette.

D’où viens-tu? Où vas-tu?

Le famélique hybride de suit doucement dans la forêt obscure. On ignore bien qui guide l’autre tant il tourne autour de toi. Il se faufile, lézarde, glisse autour de toi pour toujours mieux braquer son masque face à toi - vide d’expression. Les questions vont bon train. “Qu’es-tu?” “Pourquoi est-ce que je sens sur toi une odeur de sang, victime ou bourreau, lequel es-tu?” “Et qu’as-tu à m’apprendre?”. Il te toise, inspecte minutieusement tes réponses - donnant, donnant. Et tu deviens persuader qu’il se nourrit à chacun de tes mots.

Un crépitement presque familier pour tes oreilles, et sur l’horizon se dessine une lumière qui traverse les branches basses et les buissons. Tes yeux te trompent-ils? Un nouveau miroitement qui semble cette fois donner vers une des salles de Valeek.

Où comptes-tu aller? Nous n’en avons pas fini…

L’oiseau n’est pas idiot. Il comprend ton subterfuge, se tient droit entre le miroitement et la sortie, la protège de ses ailes déployées - il te toise, te parle. Te parle toujours… Parviendras-tu à lui parler jusqu’à ce qu’il se lasse? Ou à le convaincre que de l’autre côté se cache peut-être une cible pour tentante?
Nourris-le, ce grand oiseau… Une réponse de travers, et ça peut être la fin.