Lun 13 Nov - 1:47
La Symphonie Silencieuse
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Ambiance
La vie avait ses propres plans. Ses propres infinis qui venaient aspirer chaque être vivant. Chacun vaquait à ses occupations. À savoir occuper sa vie. Seraphah ne voyait pas le temps qui passe tandis que ses études en psychiatrie avançaient. Tandis que Maelström lui faisait un énième rapport. Son esprit enlaçait l’information afin qu’elle ne le quitte jamais. C’est ainsi qu’avec les siècles, cela était devenu une jungle infinie qui ne trouvait de grâce que lorsque ses doigts retrouvaient la sécurité des touches du piano. Chaque chose à sa place. Un temps qui n’existait plus. Voilà ce dont il avait de plus en plus envie au cours de cette journée qui les rapprochait – avec Maelström – de leur escapade à Aramila. Est-ce qu’elle était dangereuse? Assez pour la préparer. Assez pour aller trouver une personne recommandable, mais peu recommandable. Il fallait être peu nombreux, mais efficace.
Il se tenait le visage nonchalamment pendant que son assistant et ami lui nommait les prochains invités du Marquis. « Bien, très bien. Ils ont les plus belles suites, ils auront tout ce qui va à leur préférence, et ensuite ils seront à même de renégocier les routes marchandes Svetlounia et Maritcha. C’est qu’Epistopoli a perdu bien trop de marchandises les derniers temps et le peuple a besoin de ces épices et légumes. » Bien sûr, tout cela avait été vu avec Élias, même si Seraphah avait à coeur que les négociations soient à leur avantage. Au-delà du continuel « un peuple en colère est un peuple dangereux », il n’appréciait pas qu’il y ait tant de clivage entre la basse et la haute ville. S’il n’était pas aussi occupé par ses nombreuses affaires du moment, sans doute serait-il plus présent dans la Basse-ville, même si on lui disait que c’était une mauvaise idée. Pour lui, de la séparation naissait les souffrances. Il suffisait de voir comment les hommes considéraient la Brume. S’ils la voyaient comme une part d’eux, ils s’en porteraient bien mieux.
Il se redressa au moment où Ström allait s’éclipser. Son regard d’ambre se porta dans le velouté vert du sien. « Comment vas-tu actuellement? Nous avons tellement moins de temps ensemble, à parler d’autres choses que les affaires quand nous sommes en ville. » En expédition les choses étaient plus simples. Bien sûr, qu’il avait la crainte de le voir disparaître, mais ici...il disparaissait à ses oreilles tellement souvent. Maelström sourit. Cela lui allait bien. Il s’approcha de l’élémentaire et porta une main sur son épaule. Qui soutenait qui? « Je vais suffisamment bien. Tu sais bien que depuis ton arrivée dans ma vie, Dhumra se fait silence... » Seraphah acquiesça avec un large sourire. « Est-ce que tu apprécies notre nouvelle compagnie? » Le regard rieur, celui du porte-brume le fut en écho. « On va dire que c’est un élève assidu bien malgré lui...À ce sujet, j’allais oublier. » Il déposa sur la table les papiers d’identité du jeune homme qui vivait désormais sous le même toit qu’eux. « C’est parfait. Un vagabond de moins sous notre toit. » Et surtout la possibilité pour toi d’être reconnu dans cette partie de la ville et où que tu sois.
___
Maelström refermait à peine la porte de l’appartement de Seraphah qu’il te croisa. La dernière fois que vous vous étiez vus c’était le matin même, à 5h. Il était désormais pas loin de 17h. Il eu une brève pensée à l’attention de Seraphah qui avait l’air d’avoir oublié son rendez-vous avec toi. « Alors depuis ce matin comment vas-tu? » Il porta sa main sur ton épaule, tandis que son regard venait caresser les prunelles du tien. « Je n’aimerai pas te retenir en tout cas, je te laisse entre de bonnes mains. » finit-il après avoir entendu ce qu’il en allait de ton état. Alors qu’il avait déjà fait quelques pas, il te lança : « Je te suggère de frapper et d’entrer sans attendre. » Seraphah n’était pas du genre à prêter attention aux tapotements à sa porte.
____
Quand tu entras, tu retrouvas le salon munit d’un piano, avec une vue splendide sur la ville. Aucune trace de l’élémentaire. Il fallut quelques minutes pour ce dernier rapplique et qu’il s’exclame : « Kesha’rëm! Je m’excuse de mes quelques minutes de retard. C’est que j’ai quelque chose pour vous. »
Il s’approcha de toi avec un calme olympien, sa longue chevelure battant au vent, faisant compétition à son étoffe légère de couleur rouge et blanche en ce jour. Arrivé près de toi, il te tendit une enveloppe. « Cela vous revient désormais. Prenez-en soin. »
Sans attendre que tu ne l’ouvres, il se dirigea vers le piano. Après tout, c’était en partie pour cela que tu te trouvais là. S’il voulait que tu sois près à son retour d’Aramila pour une soirée en petit comité, il ne fallait pas tarder.
Ven 17 Nov - 2:26
La Symphonie Silencieuse
Ft. Seraphah Von Arendt
Les entraînements le laissaient fourbus et nauséeux. Mais, c’étaient les douleurs de la vie. Là où le travail à la chaîne, l’agressivité et un stress constant le condamnaient à une lente érosion, ces petites brimades contribuaient à le rendre plus souple et plus alerte. Ainsi, bien qu’endolori, Keshâ ne se plaignait pas de ses contusions. Elles allaient avec une santé qu’il n’en avait jamais connue. Il se flattait même lorsqu’il se déshabillait devant le miroir de voir quelques changements appréciables, selon lui ; ne serait-ce que de ne plus voir ses côtes et d’avoir mis un peu de chair par-dessus ses pommettes.
Son maître d’armes, en revanche semblait prendre un peu trop de plaisir à le torturer aux aurores. Était-il nécessaire de ponctuer à chaque son échec à parer son bâton d’un balayage le jetant à plat dos ?
Des maltraitances que Keshâ acceptait de bonne guerre, dans le cadre idyllique de cette serre géante suspendue au-dessus d’Epistopoli. D’autant que les séances étaient suivies d’une douche brûlante dans la salle de bain collective du gymnase, où il avait tout loisir de polir son regard sur le fessier de son entraîneur.
Ses journées étaient rythmées par l’étude de l’Andoléïa et du Chant, mais aussi d’un peu de géographie et de botanique de sa propre initiative. Malgré ces occupations passionnantes et éreintantes, il était loisible de songer et arpentait souvent les couloirs de l’hôtel. Par proximité d’âge plus que par affinités réelles, il avait fini par entrer en discussion à plusieurs reprises avec une jeune fille dont la famille venait souvent pour négocier à Epistopoli. Elle avait 18 ans, portait des jupes courtes bariolées et s’appelait Lycia Cassandre. Bien que polie est très instruite, son visage reflétait constamment passablement ennuyée. Cette poupée malcommode avait d’ailleurs la réputation de faire pleurer les employés et de fatiguer ses interlocuteurs de manière générale.
Quand elle avait appris que Keshâ venait du caniveau, un pli de pitié était venu son front diaphane. Cependant, elle semblait apprécier sa compagnie prolétaire, laissée pour compte de ses aînés. Ceux-ci étaient pris dans de profondes conversations au fumoir ou autour d’un billard, un verre de cognac à la main. Et, bien que Lycia passe son temps à médire froidement sur les compétences en repassage des femmes de chambre et de la qualité des broderies des rideaux, en tout point inférieurs à ceux des tisserands Opaliens, il va sans dire, la compagnie d’une personne de son âge était rafraîchissante. Keshâ avait à son tableau d’honneur l’exploit que personne n’osait imaginer depuis longtemps : lui arracher un sourire.
Elle n’avait cependant pas eu le courage d’endurer sa compagnie en cet après-midi, où il avait passé trois heures à préparer des pâtisseries dans les cuisines du Marquis. Après être devenu la coqueluche des équipes en cuisine par on ne sait trop quel tour de force dont ce gamin des rues pouvait avoir le secret, plusieurs commis lui fournissaient tout ce qu’ils pouvaient demander avec entrain. Il remontait ainsi le couloir vers les appartements de Seraphah avec une grande part de Phylénois, quand il tomba nez-à-nez avec Maëlstrom. Le portebrume jeta un œil surpris au dessert décoré de pistaches, de pralins et nappé d’un coulis de baies violines très réputées du Val Céleste.
-« Je vais bien. J’ai préparé un gâteau avec une amie. »
Pris de court, il ne voyait pas quoi ajouter, mais restait toujours hypnotisé par ses yeux perçants. Maëlstrom n’entendait pas le ralentir, disait-il en posant une main sur son épaule. Dans le contexte de leurs entraînements, le contact était toujours reçu de manière plus vigilante. Ici, des fourmis parcoururent tout son bras l’espace d’un moment. Avant de disparaître, l’index de Maëlstrom vint récolter un peu de crème qui était restée sur sa joue, devenue cramoisie, avant de goûter le gâteau. Il esquissait déjà plusieurs pas dans le couloir.
-« Délicieux ! »
Le jeune homme suivit le conseil de son ami et frappa poliment avant d’entrer dans le grand salon. La pièce était vide, et d’autant plus spacieuse qu’elle n’était plus habitée par la magnifique présence de Seraphah. Il contempla quelques instants la baie vitrée, le piano et son grand miroir juste au-dessus, avant de s’approcher du canapé près des fenêtres. Il déposa avec précaution l’assiette sur le plateau en verre de la table basse avant de s’asseoir. Que pouvait bien faire cet élémentaire au caractère capricieux ? Un sourcil surpris s’éleva lorsqu’il entendit quelques pas feutrés sur le tapis à côté de lui. Seraphah avait sinué en silence, mais sa présence inonda aussitôt les lieux de couleurs et de charmes.
-« Ah tiens ? Quoi donc ? »
Lui remettant l’enveloppe avec un mélange de solennel et de mystère entendu, Seraphah partait déjà pour jouer de la musique et ce, sans attendre qu’il sache de quoi il parlait.
-« D’accord. Pendant que j’ouvre l’enveloppe, ne voulez-vous pas profitez d’un moment de détente ? Je vous ai apporté un Phylénois. Il est difficile de faire plaisir à un homme qui a déjà tout, mais je l’ai préparé moi-même, avec quelques bons conseils ! » Le chef Xavier y était tout de même pour beaucoup dans son succès.
Il récupéra l’assiette pour l’approcher de Seraphah sur une des nombreuses consoles meublant ce salon-continent. A son tour, il s’occupa d’ouvrir l’enveloppe et d’en ressortir un courrier ainsi qu’un grand étui de cuir vert sombre. Il n’eut pas besoin de lire les documents pour reconnaître le format du passeport Epistopolitain, mais ne semblait pas comprendre pourquoi cet artefact administratif avait atterri dans sa main. En soulevant la reliure, frappé du symbole de la chouette, il reconnu sa photo, frappé d’un cachet officiel, de son nom et de toutes ses informations personnelles.
Durant un long moment, il resta ébahi. Aucune pensée ne venait rider l’onde de son esprit. En face de la case « adresse », il était inscrit : « suite 224, hôtel Le Marquis – Epistopoli ». Ses doigts délaissèrent le passeport pour déplier lentement le courrier, qu’il déchiffra comme une décision légale d’attribution de la nationalité Epistopolitaine par naturalisation sous clause de garant émérite de l’ordre des Grands Sapiarques.
-« Seraphah… Ca veut dire, que ce sont de vrais papiers ? Comment dire ? C’est officiel ? Je suis citoyen ? » émit-il, incrédule.
Pendant que son esprit éperdu n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles, Seraphah s’était glissé prêt de lui pour s’emparer de l’assiette. Keshâ lui lança un très long regard. Presque aussi long que le regard détaillant ses traits, que Seraphah avait posé sur lui lors de leur toute première rencontre. Puis, sans rien dire, le jeune citoyen s’approcha et enfouit son visage dans la chevelure rousse, tout en enlaçant longuement l’élémentaire. La transition pouvait paraître mécanique mais l’on ressentait malgré tout son émotion dans la pression qu’il plaçait dans son étreinte.
-« Merci. »
Son maître d’armes, en revanche semblait prendre un peu trop de plaisir à le torturer aux aurores. Était-il nécessaire de ponctuer à chaque son échec à parer son bâton d’un balayage le jetant à plat dos ?
Des maltraitances que Keshâ acceptait de bonne guerre, dans le cadre idyllique de cette serre géante suspendue au-dessus d’Epistopoli. D’autant que les séances étaient suivies d’une douche brûlante dans la salle de bain collective du gymnase, où il avait tout loisir de polir son regard sur le fessier de son entraîneur.
Ses journées étaient rythmées par l’étude de l’Andoléïa et du Chant, mais aussi d’un peu de géographie et de botanique de sa propre initiative. Malgré ces occupations passionnantes et éreintantes, il était loisible de songer et arpentait souvent les couloirs de l’hôtel. Par proximité d’âge plus que par affinités réelles, il avait fini par entrer en discussion à plusieurs reprises avec une jeune fille dont la famille venait souvent pour négocier à Epistopoli. Elle avait 18 ans, portait des jupes courtes bariolées et s’appelait Lycia Cassandre. Bien que polie est très instruite, son visage reflétait constamment passablement ennuyée. Cette poupée malcommode avait d’ailleurs la réputation de faire pleurer les employés et de fatiguer ses interlocuteurs de manière générale.
Quand elle avait appris que Keshâ venait du caniveau, un pli de pitié était venu son front diaphane. Cependant, elle semblait apprécier sa compagnie prolétaire, laissée pour compte de ses aînés. Ceux-ci étaient pris dans de profondes conversations au fumoir ou autour d’un billard, un verre de cognac à la main. Et, bien que Lycia passe son temps à médire froidement sur les compétences en repassage des femmes de chambre et de la qualité des broderies des rideaux, en tout point inférieurs à ceux des tisserands Opaliens, il va sans dire, la compagnie d’une personne de son âge était rafraîchissante. Keshâ avait à son tableau d’honneur l’exploit que personne n’osait imaginer depuis longtemps : lui arracher un sourire.
Elle n’avait cependant pas eu le courage d’endurer sa compagnie en cet après-midi, où il avait passé trois heures à préparer des pâtisseries dans les cuisines du Marquis. Après être devenu la coqueluche des équipes en cuisine par on ne sait trop quel tour de force dont ce gamin des rues pouvait avoir le secret, plusieurs commis lui fournissaient tout ce qu’ils pouvaient demander avec entrain. Il remontait ainsi le couloir vers les appartements de Seraphah avec une grande part de Phylénois, quand il tomba nez-à-nez avec Maëlstrom. Le portebrume jeta un œil surpris au dessert décoré de pistaches, de pralins et nappé d’un coulis de baies violines très réputées du Val Céleste.
-« Je vais bien. J’ai préparé un gâteau avec une amie. »
Pris de court, il ne voyait pas quoi ajouter, mais restait toujours hypnotisé par ses yeux perçants. Maëlstrom n’entendait pas le ralentir, disait-il en posant une main sur son épaule. Dans le contexte de leurs entraînements, le contact était toujours reçu de manière plus vigilante. Ici, des fourmis parcoururent tout son bras l’espace d’un moment. Avant de disparaître, l’index de Maëlstrom vint récolter un peu de crème qui était restée sur sa joue, devenue cramoisie, avant de goûter le gâteau. Il esquissait déjà plusieurs pas dans le couloir.
-« Délicieux ! »
Le jeune homme suivit le conseil de son ami et frappa poliment avant d’entrer dans le grand salon. La pièce était vide, et d’autant plus spacieuse qu’elle n’était plus habitée par la magnifique présence de Seraphah. Il contempla quelques instants la baie vitrée, le piano et son grand miroir juste au-dessus, avant de s’approcher du canapé près des fenêtres. Il déposa avec précaution l’assiette sur le plateau en verre de la table basse avant de s’asseoir. Que pouvait bien faire cet élémentaire au caractère capricieux ? Un sourcil surpris s’éleva lorsqu’il entendit quelques pas feutrés sur le tapis à côté de lui. Seraphah avait sinué en silence, mais sa présence inonda aussitôt les lieux de couleurs et de charmes.
-« Ah tiens ? Quoi donc ? »
Lui remettant l’enveloppe avec un mélange de solennel et de mystère entendu, Seraphah partait déjà pour jouer de la musique et ce, sans attendre qu’il sache de quoi il parlait.
-« D’accord. Pendant que j’ouvre l’enveloppe, ne voulez-vous pas profitez d’un moment de détente ? Je vous ai apporté un Phylénois. Il est difficile de faire plaisir à un homme qui a déjà tout, mais je l’ai préparé moi-même, avec quelques bons conseils ! » Le chef Xavier y était tout de même pour beaucoup dans son succès.
Il récupéra l’assiette pour l’approcher de Seraphah sur une des nombreuses consoles meublant ce salon-continent. A son tour, il s’occupa d’ouvrir l’enveloppe et d’en ressortir un courrier ainsi qu’un grand étui de cuir vert sombre. Il n’eut pas besoin de lire les documents pour reconnaître le format du passeport Epistopolitain, mais ne semblait pas comprendre pourquoi cet artefact administratif avait atterri dans sa main. En soulevant la reliure, frappé du symbole de la chouette, il reconnu sa photo, frappé d’un cachet officiel, de son nom et de toutes ses informations personnelles.
Durant un long moment, il resta ébahi. Aucune pensée ne venait rider l’onde de son esprit. En face de la case « adresse », il était inscrit : « suite 224, hôtel Le Marquis – Epistopoli ». Ses doigts délaissèrent le passeport pour déplier lentement le courrier, qu’il déchiffra comme une décision légale d’attribution de la nationalité Epistopolitaine par naturalisation sous clause de garant émérite de l’ordre des Grands Sapiarques.
-« Seraphah… Ca veut dire, que ce sont de vrais papiers ? Comment dire ? C’est officiel ? Je suis citoyen ? » émit-il, incrédule.
Pendant que son esprit éperdu n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles, Seraphah s’était glissé prêt de lui pour s’emparer de l’assiette. Keshâ lui lança un très long regard. Presque aussi long que le regard détaillant ses traits, que Seraphah avait posé sur lui lors de leur toute première rencontre. Puis, sans rien dire, le jeune citoyen s’approcha et enfouit son visage dans la chevelure rousse, tout en enlaçant longuement l’élémentaire. La transition pouvait paraître mécanique mais l’on ressentait malgré tout son émotion dans la pression qu’il plaçait dans son étreinte.
-« Merci. »
Lun 27 Nov - 2:59
La Symphonie Silencieuse
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
À peine t’avait-il remit l’enveloppe que tu venais déposer ce Phylénois à fière allure. L’élémentaire eut un sourire et se leva, alors même que tes yeux commençaient à découvrir le contenu de l’enveloppe. Il s’approcha de toi afin d’aller se saisir du gâteau. « Maelström vous a parlé de mon goût envers les sucreries à ce que je vois? À moins que vous ayez un très bon flair. » Ses paroles étaient légères, bien loin des émotions qui se bousculaient à l’intérieur de toi en constatant que tu avais entre tes mains tes papiers d’identité. Ces derniers avaient été simples à obtenir pour quelqu’un de son acabit, ce qui faisait qu’il n’en faisait pas toute une histoire. Le monde allait ainsi, il fallait de la paperasse pour permettre à une personne d’exister dans le système. Il avait toujours trouvé cela navrant. Comme si naître à la vie ne suffisait pas, comme s’il fallait prouver qui l’on était, alors même qu’il n’était pas toujours évident d’être notre moi profond, celui qui ne se montrait pas, non pas par honte ou par peur, mais par totale inconscience de son existence.
À tes paroles il s’immobilisa à tes côtés. Vos regards se croisèrent et son sourire affiché eut un frémissement. Ta sincérité le toucha en plein coeur, avant même que ce ne soit son corps qui se retrouva collé au tien, ta tête s’enfouissant dans sa chevelure comme l’aurait fait un chaton cherchant refuge. Mais ce n’était pas ça que tu recherchais. Ton étreinte était forte d’un remerciement qui allait au-delà du « merci » que tu prononças. Avec grâce, et suite à quelques secondes d’arrêt face à l’impact, il porta ses bras autours de toi, une main venant se loger sur ta nuque en un signe de soutien. Il comprenait que ce dernier avait du te manquer durant toutes ces années dans les bas fonds d’Epistopoli. Vous restèrent là quelques minutes, avant que Seraphah ne vienne à te murmurer : « Vous êtes bel et bien citoyen, comme cela aurait toujours du l’être. » Tu sentis la pression de sa main sur ta nuque devenir plus légère, et d’un geste doux il se libéra de ton étreinte avec une touche d’humour. « Quelle torture de venir me tendre une part de gâteau et m’empêcher de m’en saisir. » L’ambre de son regard agrippa les violettes du tien avec une affection sincère.
Il se saisit de l’assiette et prit une cuillerée. Il se tenait l’air solennel tout en dégustant ta préparation, son regard se fermant un instant, mettant l’accent sur la longueur de ses cils qui offraient une délicatesse et une intensité à son regard. « Hmmmm...J’avoue que c’est l’un des meilleurs Phylénois que j’ai pu goûter. Est-ce que le chef vous a aidé dans la manœuvre? Un petit peu quand même non? » Il reprit une bouchée d’une façon moins théâtrale, avant de retourner vers le piano, déposant l’assiette non loin de ce dernier. « Alors dîtes moi, est-ce que vos différents enseignements se passent bien? N’hésitez pas à me dire s’il y a quelque chose en trop...ou pas assez peut-être? » Il s’installa sur le siège faisant face au piano, et t’intima de le rejoindre. Le cours en duo ne commençait pas encore. Il tenait à prendre de tes nouvelles.
« Je voulais aussi vous confier que d’ici deux semaines nous partons à Aramila pour une affaire importante avec Maelström...nous risquons d’être absents pendant un mois et demi au meilleur des cas...Cela vous fera du repos, même si vous aurez possiblement des exercices pour vous entretenir sur plusieurs niveaux. » Il te glissait cela pour te prévenir et que tu ne sois pas choqué de te retrouver seul après tant d’attention. « Je suis vraiment satisfait que vous ayez pris vos marques au Marquis aussi rapidement...Vous êtes appréciés par de nombreuses personnes. Moi en premier lieu d’ailleurs. » Son regard exprimait une grande douceur en cet instant...à moins qu’il ne s’agisse que de bienveillance? Depuis ton arrivée, jamais l’élémentaire ne t’avait paru fourbe, que du contraire, alors sauras-tu reconnaître la différence?
Mar 5 Déc - 2:19
La Symphonie Silencieuse
Ft. Seraphah Von Arendt
-« Maëlstrom ne m’a rien dit. Ce sont les commis qui m’ont donné des indices. »
Le contenu de l’enveloppe le déstabilisait. Il avait toujours vécu sans penser au lendemain, car il avait le ventre creux et ses journées étaient dures. Les lendemains ne faisaient qu’amener que plus d’âpreté et de désarroi pour les gens de son espèce jusqu’à tordre les corps et transformer les esprits en des ombres chétives. Mieux valait profiter de ce qu’on avait encore.
Au mieux serait-il parvenu à finir pas trop amoché en citoyen reconnu autour de la trentaine, s’il n’avait pas fini mutiler à l’usine ou tailladé dans une rixe aléatoire. Tout ce autour de quoi il s’était construit et tout ce contre quoi il avait lutté était soudain caduc, sans pertinence. C’était à la fois un soulagement et un terrible choc.
Tout avait été si facile, pour Seraphah. On aurait pu croire qu’il ne respirait plus tant son immobilité était complète, mais après un laps de temps conséquent, il finit par s’éloigner de l’élémentaire.
L’humour de Seraphah était bienvenue car Keshâ s’était fait muet et se sentait plus misérable que jamais. Sa main dans sa nuque lui paraissait d’une douceur et d’une chaleur infinie contre laquelle il se laissait entièrement aller.
Seraphah s’en retournait à la dégustation promise se prêtant parfaitement au jeu avec une spontanéité qu’il était plaisant à voir dans son attitude.
Keshâ se piqua tout à coup d’une bouffée d’orgueil.
-« Ah mais non ! J’ai réalisé chaque étape de mes mains. Mais sous supervision et avec les meilleurs conseils. »
Serapha s’approcha du piano, lui rappelant alors la raison première de sa venue. Il dut réguler son émotion pour revenir sur un registre de conversation plus courante.
-« J’ai beaucoup de chance d’avoir accès à des formations d’une si grande qualité. J’essaye de me montrer à la hauteur de cet investissement. L’entraînement avec Maëlstrom est rude. Mais vous m’avez convaincu de m’accrocher. »
C’était un euphémisme. Certains jours, il tenait à peine sur ses jambes, son corps étant parsemé de nombreux bleus et de crampes cuisantes. A force de ne pas subir les limitations de la physiologie humaine, l’élémentaire en oubliait qu’une personne sans condition physique n’était pas apte à recevoir sans transition une formation athlétique quotidienne. Cependant, en rien il n’aurait admis y éprouver de la peine, de peur que son mécène en soit déçu et revienne sur sa décision de le garder à ses côtés. La peur de l’abandon était trop forte.
« C’est le meilleur professeur qui soit et j’aime vraiment être avec lui. »
Ses pensées dérivaient immanquablement quand on parlait de son maître d’arme, c’est ainsi que pour y couper, il mit fin au silence et continua. »
« Les cours de lecture et de chants sont tout ce que j’ai toujours rêvé et j’essaye de mon côté de me cultiver… je crois qu’il y a énormément de sujets à approfondir, mais c’est bien assez pour le moment. »
Keshâ vint prendre place sur le banc matelassé aux côtés du musicien aux doigts déliés, toujours impressionné par sa grande stature.
-« Allons-nous apprendre un peu l’andoleïa aujourd’hui ? »
Le nouveau citoyen Epistote tenait également à étancher sa soif de curiosité envers son bienfaiteur et montrer son intérêt pour lui.
-« Et vous ? Comment se passent les affaires du monde ? Je n’ai aucune idée de ce que peut faire un diplomate. Je sais seulement que vous êtes extrêmement occupé. »
Assez rapidement, Seraphah en vint à développer son dessein évasif de partir à Aramila avec Maëlstrom. Les prunelles lavande de Keshâ reflétaient le feu de l’élémentaire et il aurait été bien difficile de deviner quelle idée se cachait derrière.
Après un temps d’intégration, ses lèvres s’étirèrent en un léger sourire.
-« C’est vrai que cet endroit est merveilleux et que je m’y plait. » reconnut-t-il en inclinant légèrement la tête.
-« Mais… » car il y avait un mais suspendu dans l’atmosphère.
« Un mois et demi ? C’est très long… »
Surtout s’il doit être prolongé. Que ferait-il tout seul ? Certes, il se sentait bien au Marquis, au point de renâcler à en sortir pour retrouver dehors ce bourbier hostile dans lequel il s’était débattu toute sa pauvre vie en oisillon fragile. Il ne pouvait cependant imaginer le vide laissé par Seraphah et Maëlstrom, prendre ses petits déjeuners luxueux et vivre ainsi dans une cage dorée, sans but.
-« Est-ce que je ne pourrais pas simplement venir avec vous ? Je saurai me rendre utile. »
Quel que soit cette affaire importante, il saurait aider. Faire la cuisine, le ménage ou transmettre des messages. Peu importe.
-« Vous m’avez dit que je pourrai voyager. Ce serait l’occasion de sortir d’Epistopoli. »
Mer 27 Déc - 1:38
La Symphonie Silencieuse
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Certains disaient qu’il en faisait trop. Qu’il montrait à tout à chacun comme il avait le bras long. Pourtant, dans la tête de l’élémentaire, les apparences n’avaient pas d’importance. Ni même ce qu’il pouvait ou non faire. Par la force de ses actions et de ses contacts, il était parvenu à ce poste de dirigeant au sein d’Epistopoli. Mais rien qu’il n’avait réellement voulu si on lui posait la question. On était quasiment venu le chercher, parce-qu’on sache ou non qu’il était sur cette terre depuis plusieurs siècles, sa sagesse, sa volonté d’aider son prochain et son réseau arachnéen, était une denrée qu’on ne pouvait laisser s’évader uniquement au sein de la Brume dans des expéditions toutes trop risquées pour perdre une telle ressource. Il n’était pas dupe de cela. Qu’il était bien plus souvent apprécié pour cela, que pour qui il était en réalité. Sans doute que toi aussi tu te ferais une image de lui et resterais à la surface, parce que le feu n’était pas palpable...il était brûlant.
Maelström avait cette particularité qu’il n’avait jamais eu peur de se brûler à son contact. De perdre la vie. Il considérait que Seraphah l’avait aidé, lui avait sauvé la vie, et qu’il lui donnerait cette dernière s’il le fallait. Parce-que sans l’intervention de l’élémentaire, il serait mort depuis longtemps. Mais pour toi, il en irait autrement. Oui, il venait te faciliter la vie, mais cette dernière tu la devais à tes propres efforts, et cela il le savait et n’irait jamais dire les choses autrement.
La légèreté qui vint après la première fourchette, t’amena à défendre ton travail, ce qui lui arracha un sourire. Il appréciait que tu te sois donné cette peine pour lui, malgré ton emploi du temps digne du fils d’un roi. Mais il ne se considérait pas ainsi, et toi non plus. La connaissance était une clef fondamentale pour évoluer dans ce monde. Surtout dans son monde à lui. Il ne pouvait avoir à ses côtés un ignorant, parce-qu’il avait perçu ta soif d’apprendre, et il allait sans dire que si tu voulais travailler à ses côtés, il en serait enchanté. Mais une chose à la fois et pour le moment c’était avec attention qu’il t’écoutait parler de ton maître d’armes. Cela ne lui avait pas échappé qu’un flirt se jouait entre vous deux. Le peu de mots que l’un comme l’autre prononçait à l’égard de l’autre, était une preuve suffisante à ses yeux.
Pour le reste, il était ravi que tous ces cours étaient à ton goût, même s’il entendait que tu étais encore affamé. « Pour l’andoleïa, nous nous réserverons un autre moment si vous le voulez bien...à moins que nous dînons ensemble ce soir... ». Son regard ambré ne put s’empêcher de se gorger de ta svelte beauté. Les traits de ton visage étaient fins, ta peau d’une clarté lunaire. « Actuellement je reçois certains patients avec des problématiques mentales...Il s’avère que je note des comportements que j’associe à des pathologies afin d’ensuite rechercher quelle substance pourrait aider à retrouver un équilibre...C’est un travail passionnant... » Les balbutiements de la psychiatrie... « Pour mes fonctions de diplomate je rencontre cette semaine plusieurs représentant d’autres villes avec qui nous établissons des contrats, notamment pour rapatrier plus de nourritures pour éviter une trop grosse hausse de prix... » Son parler était des plus sérieux vu le sujet, et il ajouta : « Je ne souhaite pas vous alourdir avec ce genre d’informations...C’est le genre de métier qui se vit, plus qu’il ne se raconte, croyez-moi. »
Alors que tu plaidais ta cause pour venir à Aramila avec eux, l’élémentaire eut un doux sourire, avant que sa main ne vienne se poser sur ton épaule et glisser le long de ton bras jusqu’à ta main où elle élut domicile. « Cela ne sera pas un voyage de croisière...je doute Kesha’rem que vous ayez déjà les aptitudes que je recherche, même si l’entrainement avec Maelström y contribue. S’il vous plait, ne le prenez pas mal voulez-vous. Je tiens à vous. » À ces derniers mots, ses yeux avaient plongé dans les tiens, te faisant sentir que cela était sincère.
Sans plus de retenue, il libéra ta main et porta les siennes sur les touches du piano. Il débuta le cours de chant après t’avoir demandé de te mettre debout. L’exercice était simple, il appuyait sur une touche et il te demandait de reproduire la note entendue par ta voix. Il testait ton oreille musicale. C’est ainsi qu’il fit plusieurs aller retour du do ré mi au fa sol la si do.
Une fois cela fait, il joua sur les basses afin de percevoir jusqu’à quelle note tu pouvais descendre, et bien entendu, l’exercice se joua dans les aigus. Parfois il venait chanter lui-même pour te donner un exemple palpable. Une autre fois, il se levait, te demandait de tenir une note, et après permission posa une main dans ton dos, t’amener à te tenir plus droit, ou au niveau de tes épaules afin d’ouvrir ton thoras et permettre ainsi au souffle de mieux circuler. Tout cela fut précéder et la conscience à apporter au niveau de ton bas ventre, parce que le chant devenait venir de cette zone pour éviter de fatiguer tes cordes vocales.
C’est ainsi que pendant plus d’une heure, vous alterniez les exercices de techniques vocales. « Vu que c’est la première fois, il me fallait prendre connaissance de ta voix, même si je sais que toutes ces choses votre professeur de chant vous les a montré. Il était essentiel que nous fassions connaissance musicalement de cette façon-ci. Maintenant que l’échauffement est plus que chaud, je vais vous demander de chanter l’Oeil du Phoenix (prononcé en Andoleïa.) Ne vous laissez pas distraire par le piano, je vais venir soutenir votre chant. » Bien sûr, à terme les paroles devraient être changé afin que ce qui est sacré et secret le reste loin de toute oreille indiscrète.
Ven 29 Déc - 2:21
La Symphonie Silencieuse
Ft. Seraphah Von Arendt
Une moue impatiente se forma sur ses traits quand il apprit qu’il n’y aurait pas de leçon d’Andoleïa. Tant d’autres choses étaient déjà au programme. Il se savait chanceux d’accaparer autant une personnalité si demandée. Depuis presque toujours, il vivait dans un sentiment de manque et d’insécurité permanent. En plus de lui apporter la santé et le calme, il y avait dans ce que proposait Seraphah quelque chose de plus, que Keshâ’rem avait du mal à définir, mais qui s’apparentait au sentiment de joie se trouver chez soi.
Le seul hic est qu’il ne semblait avoir d’existence réelle qu’à l’intérieur des murs du Marquis, comme une poupée de cire que l’on promènerait dans sa maison miniature.
-« Ca me ferait très plaisir de rester avec vous jusqu’au dîner, qu’on apprenne l’andoleïa ou non. Si c’est ce que vous voulez… » s’empressa-t-il d’ajouter.
Les explications de Seraphah sur la psychiatrie et la diplomatie étaient si étrangères à tout ce que Keshâ pouvait se représenter du monde qu’il peinait à l’imaginer. Tout ce sur quoi Seraphah se penchait avait néanmoins l’air inspirant.
-« D’accord. On a de la chance d’avoir des personnes réellement investies comme vous. J’imagine que c’est loin d’être la règle générale parmi les dirigeants. Peut-être qu’un jour, vous changerez vraiment les choses pour le peuple à force de détermination. »
L’élémentaire l’avait rejoint et glissait lentement ses doigts fins le long de l’étoffe noire à demi transparente qui recouvrait ses bras. Certains auraient craint ce contact, une fois informés ce dont était capable le toucher de Seraphah de par son contrôle du feu. Une part de lui le redoutait, tout en ne voyant en lui qu’une infinie douceur. Sa main se referma sur la sienne comme un éteignoir de sa passion. C’est son feu qui s’éteignit, avec la protection que lui offrait le sapiarque. Comment était-il censé vivre des années en attente de pouvoir vivre vraiment. Il avait passé sa vie à se cacher et à fuir. Il était désormais sauf, mais réduit à l’état de poupée d’intérieure. Un bel oiseau chanteur.
-« Je… » Sa phrase resta en suspens comme s’il n’avait jamais su comment la terminer. Elle retomba sur une incertitude. « Merci. De prendre soin de moi. Et d’être si bon. »
Il n’en ressentait pas moins une forme de chagrin, de savoir qu’il avait raison sur la gêne qu’il représenterait et sur son inefficacité en mission. Pourtant, même si ce fut un désastre, il était parvenu à infiltrer par lui-même, sans moyens, ni expérience, la Rapière, le zeppelin pirate, ainsi que la Cour des Miracles. En être ressorti indemne ne témoignait-il pas en soit d’une certaine débrouillardise ?
-« Je sais que vous avez raison. » souffla-t-il, pensif, en perdant son regard dans le néant au détour de celui de Seraphah. Une partie de lui était résignée. L’autre ne faisait que confirmer la rationalité du discours entendu, sans pour autant rendre les armes, quant à sa participation à l’épopée aramilane. Parce que, folie ou non, elle comptait bien embarquer.
Le jeune homme se plia sans mot dire à l’exercice musical proposé. C’était un garçon bien élevé qui entendait prouver que le temps employé à le former portait ses fruits. Si son oreille était instinctive, il était cependant apparu qu’il lui était difficile de collaborer avec un instrument ou tout autre équipier de chant, de par son parcours de musicien solitaire. Le simple fait de ne pas émettre lui-même la note avec l’instrument l’induisait en erreur pour la reproduire. Par chance, ce n’était pas son premier essai.
Maître Giacometti n’avait pas encore déterminé si sa tessiture relevait de celle d’un ténor ou d’une haute contre. Les considérations techniques lui échappaient et c’est encore ce sur quoi il devait le plus mettre l’accent. Le musicien était toutefois parfaitement certain qu’il était plus aisé au jeune homme de maîtriser une gamme de son aigüe et qu’il lui faudrait travailler pour enrichir et moduler ses sons graves. Le maître de musique ne savait pas à quoi il avait échappé durant sa puberté avec la transformation de sa voix !
A ce moment, son timbre était plutôt cristallin. Un peu surpris par le contact de Seraphah, quelques frissons le parcoururent. Il rechignait à redresser pleinement les épaules, trop habitué à ne pas attirer l’attention. Mais il put sentir l’appui et la solidité que ses fondations pouvaient puiser dans le sol pour augmenter sa puissance vocale selon ses conseils.
Keshâ’rem ne pouvait qu’acquiescer au raisonnement de l’élémentaire. Chanter restait encore quelque chose de difficile à assumer devant quelqu’un d’autre. Surtout pour être observé, disséqué, touché, corrigé. Le sentiment d’avoir de la chance d’être ainsi considéré et de valoriser son talent venait contre-balancer ses doutes et renforcer l’étrange intimité de la situation. Il n’en avait pas fait mention, mais Seraphah venait de le tutoyer, ce qui était une franche transgression à son étiquette habituelle et ne faisait que confirmer le pouvoir absolu de la musique pour unir les idées et les formes.
-« J’aime entendre quelqu’un d’autre que moi prononcer ces mots dans cette langue… je vais essayer de ne pas décaler le rythme. »
Il fallait dire qu’après des années d’autarcie, il avait pu déformer la rythmique comme un radeau dérive imperceptiblement d’un rivage jusqu’à s’en éloigner complètement. Peut-être Seraphah serait-il assez virtuose pour s’accommoder de ses variations personnelles. Il préférait se concentrer sur le fait de ne pas perdre l’articulation et la suite des syllabes.
Keshâ vint se placer à côté du piano, les mains jointes le long du corps. La tête ballante et les yeux clos, il inspira un moment, de peur que la chanson ne se dérobe à lui. Il n’aurait pas été capable de réciter l’œil du Phénix ou de l’expliquer. Dès qu’il entonnait la mélodie, s’il était pleinement concentré et ne laissait aucune pensée parasiter la circulation de son émotion, son corps savait simplement aligner les mots et les intonations avec fluidité, comme si son être portait l’empreinte de la musique.
Pour cette raison, il pratiquait dès que possible, même en silence, en se repliant en lui-même, de crainte de se réveiller un matin et d’être vidé de toute mémoire des Chants d’Andoria.
Son rituel achevé, son attitude avait changé et son aura se faisait plus pénétrante. Il en oubliait presque la présence de Seraphah juste à côté de lui. Le piano vint néanmoins se rappeler à lui. Après un ou deux couplets, il s’arrêta net. Son esprit était vierge, ses lèvres se figèrent au milieu d’une syllabe, pareilles à un tourne-disque dont l’aiguille serait sortie de piste.
-« Désolé… Je vais recommencer du début. »
Ven 29 Déc - 2:58
La Symphonie Silencieuse
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Ton expression ne lui échappa pas. Cette moue. Il ne savait pas réellement comment l’interpréter. Il était bien loin de se douter que tu vivais le martyr de la poupée, étant donné que tu étais libre de tes mouvements, encore plus maintenant que tu étais en règle avec les autorités. Seraphah n’obligeait personne. Ne retenait personne. Ou si peu. Quand le cœur l’emportait sur la raison. Quand les conditions devenaient plus pesantes que l’inconditionnel dont il était friand. Malgré cette incompréhension quand à l’origine de cette expression, il rebondit sur tes mots qu’il trouvait bien trop courtois, bien trop ternes. « Ai-je été rabat-joie? Je ne sais jamais quand je le suis, surtout quand ma journée est particulièrement chargée...Osez me dire voulez-vous ce que vous, vous voulez réellement. Cela m’aidera à vous satisfaire si cela est dans mes cordes? » Une façon de détendre tes traits, du moins il l’espérait en cet instant précis.
Concernant tes paroles sur les changements que plusieurs personnes telles que lui pourraient apporter en ce monde, il y avait un quelque chose d’agréable à l’oreille mais que très peu réaliste. C’est ainsi qu’il sourit avant de poursuivre sur le sujet de ta venue. Il préférait taire les sujets qui demandaient avant tout d’agir pour en observer l’issue. Comme il observa l’issue de cette hésitation qui se termina en ce qui ressemblait pour le diplomate, en de la politesse. Pas qu’il s’en plaindrait, mais cela rejoignit sa sensation précédente...comme un non-dit, un quelque chose qui n’osait pas. Pas encore il l’espérait.
De son côté, il ne pouvait imaginer que cette décision, prise de façon arbitraire, pouvait avoir un impact attristant sur celui que beaucoup voyaient au sein du Marquis comme son protégé.
Le cours de musique, ou devrait-on dire de collaboration musicale se déroula sans ombrage. Il nota que tu tiquas à te redresser, mais il avait conscience que cette posture ne devait pas t’être naturel à toi qui avait du te cacher durant toutes ces dernières années. Qui plus est, la posture du chanteur était une attention à tout instant, une nécessité afin de projeter sa voix sans se faire mal à soi qui se cultivait. L’élémentaire comprenait un peu mieux ton envie de parler l’Andoleïa en sa compagnie à la vue de tes paroles quand il prononça en cette langue le nom de la chanson que vous partagiez ensemble. Le début fut magnifique, l’élémentaire devant tout autant que toi se concentrer pour ne pas se laisser submerger par ton chant...qui s’arrêta net. Les notes du piano moururent et vous reprîtes à nouveau...Ce jeu dura plusieurs fois, jusqu’à parvenir – après conseils de Seraphah - de te concentrer uniquement sur ton souffle, sur ton ventre, délaissant un moment le piano pour venir poser une main sur ce dernier, l’autre au niveau de ta nuque, pour que tu te redresses et ressentes toute la puissance qui est tienne.
Ce qui vous amena à partager un moment de pur délice, où le piano venait se mêler à ta voix, cette dernière insufflant toute l’émotion de ce chant qui racontait l’épopée d’un homme devenu dragon et qui continuait à prendre soin des siens malgré leur indifférence, malgré sa solitude...jusqu’au jour où une personne le vit, au-delà de sa forme, et qu’il put reprendre forme humaine. C’est ce que te raconta Seraphah après que le silence ait repris ses droits et que tu sois venu t’asseoir auprès de lui. « Merci pour votre chant Keshrâ’rem. Merci d’avoir cultiver votre héritage malgré la séparation d’avec votre mère. » Malgré l’abandon, malgré la vie qui a été la tienne...voici tout ce que contenait les paroles de l’homme au regard ambré face à toi. Ses iris étaient telles deux sphères d’or qui captivaient, autant qu’il l’était de tes cercles violacés.
« Je n’ai pas pris le temps de vous le demander...Mais comment vous sentez-vous maintenant que le Marquis est devenu votre chez vous? Est-ce que vos allers et venues dans la Basse-Ville sont plus faciles qu’auparavant? Est-ce que...en vous demandant cela je me montre prétentieux que de prétendre qu’ici c’est mieux pour vous? Après tout, je ne sais rien de ceux qui comptent pour vous...Il y en a, n’est-ce pas? » L’ignorance. Il l’affichait sans gêne, avec une infinie sincérité.
Lun 22 Jan - 21:48
La Symphonie Silencieuse
Ft. Seraphah Von Arendt
Dire toute la vérité est parfois difficile quand l’écart social se creuse. Avec toute la volonté du monde, sa relation avec Seraphah ne pouvait être complètement horizontale. Il aurait froid et faim sans son bon vouloir. Qui plus est, qui n’avait jamais réellement demandé à Keshâ ce qu’il voulait ses dernières années ? Lui-même avait-il seulement eu le temps de se le demander ? Tout n’était qu’obligations, soumission, adaptation. Le changer de décor n’abattait pas les murs porteurs de sa construction personnelle, aussi lui était-il difficile de parler sans détours.
-« Non, bien sûr que non. »
Il semblait néanmoins que son bienfaiteur exige qu’il formule clairement ses phrases, ce qui n’allait pas sans une certaine souffrance de son côté.
-« Je voudrais bien rester avec vous pour dîner. »
Le jeu musical avait le mérite de dépasser le monde des hommes et de s’adresser à chaque cellule au-delà de tout concept et de toute forme. Il n’y avait plus de honte ou d’embarras, plus de limites, de préjugés d’être trop ou pas assez. Ainsi, les conseils du mélomane permirent au jeune homme de s’immerger plus en profondeur dans son souffle et de s’accorder le droit à l’erreur, sans se laisser perturber par le piano. A dire vrai, après quelques gammes, il ne savait plus trop qui de sa voix ou du piano entraînait l’autre à sa suite dans un parcours mélodieux, s’alimentant l’un l’autre.
A la faveur de ce moment privilégié où leur relation prenait un tournant plus personnel, il ne se rendait pas encore compte. Que cet écrin protégé n’était qu’un leurre. Que toutes les journées ne passeraient pas comme les grains d’un sablier, pareilles aux autres. Paisibles et studieuses. On l’avait extrait d’un cloaque pour de bonnes raisons. Elles étaient autres que musicales, comme l’élémentaire à la sagesse éprouvée l’avait tout de suite nommé.
Il hocha de la tête en conscience.
-« Ces airs me permettent de me sentir à nouveau proche d’elle, malgré son absence... je ne sais pas si je peux m'attribuer le mérite de préserver un héritage alors que je l'ai fait par égoïsme, pour ressentir à nouveau son amour. »
Se yeux se fixèrent sur la symétrie monochrome des touches de piano. Les longs doigts de Seraphah les caressaient toujours avec une finesse propre à sa personne. Ses questions avaient toujours cela de troublant qu’il ne semblait pas dissimuler d’intentions cachées. Mais dire la vérité donnait l’impression de se mettre à nu et de s’offrir à quelqu’un en position de le détruire et de l’humilier pour de bon. Il pourrait le rejeter dans le caniveau en décriant les souvenirs auxquels il s’accrochait, ou même les idées qui faisaient sa personnalité réelle.
-« Je… franchement, il n’y a rien à critiquer dans votre accueil ou cet endroit. Tout est parfait. Et de loin préférable à tout ce que j’ai connu. Je n’ai juste pas l’habitude de me sentir en sécurité. Cela me donne toujours l’impression que j’ai manqué quelque chose et que je dois rester en vigilance. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec vous. C’est une habitude… dont je ne sais que faire. »
N’importe qui se prosternerait pour avoir autant de confort et de sécurité dans la basse ville. Depuis le peu de temps qu’il était là, sa santé s’améliorait à vue d’œil et toutes les négligences accumulées lui revenaient pour réclamer qu’on prennent à présent soin d’elles.
-« Des fois, j’ai peur d’y retourner. Alors que j’ai « toujours » vécu là-bas. »
On s’habitue à son enfer quotidien, à être martyrisé, torturé par la faim, le froid, l’épuisement, les maladies. Le corps et l’esprit se plient à toutes les réalités pour survivre. Maintenant, il ne voyait pas comment il avait pu endurer si longtemps une telle aliénation. Il n’y revenait que pour servir Ekiel selon leur contrat. Enfin, il répondait moins dernièrement, aussi ne retournait-t-il dans la basse ville que pour faire acte de présence à son logement de la Lionne Rouge au cas où il le contacterait.
Ce manège resterait-t-il nécessaire ? En tout cas, c’était un prétexte pour s’échapper. Même si tout était plus beau et rassurant ici, il n’y avait aucun repère une fois Maëlstrom et Seraphah partis.
-« Je n’ai personne là-bas. Une ou deux sympathies tout au plus. Et beaucoup de menaces. Mais c’est tout ce que je connais. Des fois, j’ai l’impression que la misère est gravée sur mon visage et que tout le monde peut la voir en permanence. Peu importe ce que je porte, ou ce que je dis. »
Loin de lui l’ingratitude, dans ce sentiment paradoxal de chance et d’exil, à ne pas trop savoir à quoi s’arrimer, quel serait son but dans ce nouvel endroit, sauf à être la création de ce fabuleux mécène.
-« J’ai seulement besoin d’un peu de temps. »
Il se refermait sur une forme de pudeur pour cette saleté qui semblait imprégner jusqu’au dernier recoin de son esprit. Souffrance, peur, mort, incertitude, maltraitance, acharnement, proie. Elles perduraient bien après la disparition de leurs avatars dans le monde matériel pour hanter son âme. Comment faire pour devenir un homme nouveau ? Comment laisser couler ses séquelles dans les eaux du passé ? Quand tout son esprit n’est que le résultat d’une blessure. Du vide perpétuel de l’instant présent étiré à l’infini au requiem de la survie, se trouvaient à présent un torrent d’intersections, de choix, de lieux peuplés de gens gais et fortunés riant forts, de spectacles, d’aventures… il en avait le tournis.
-« Parlez-moi plutôt de tous ces beaux projets que vous avez. En ce qui concerne la musique. A quoi ressemblera la première représentation à laquelle je vais prendre part ? Jouerez-vous aussi du piano ? Combien de personnes seront conviées ? »
A cela, au moins, son esprit pouvait se raccrocher sans tomber dans les turpitudes de ses émotions.
-« Non, bien sûr que non. »
Il semblait néanmoins que son bienfaiteur exige qu’il formule clairement ses phrases, ce qui n’allait pas sans une certaine souffrance de son côté.
-« Je voudrais bien rester avec vous pour dîner. »
Le jeu musical avait le mérite de dépasser le monde des hommes et de s’adresser à chaque cellule au-delà de tout concept et de toute forme. Il n’y avait plus de honte ou d’embarras, plus de limites, de préjugés d’être trop ou pas assez. Ainsi, les conseils du mélomane permirent au jeune homme de s’immerger plus en profondeur dans son souffle et de s’accorder le droit à l’erreur, sans se laisser perturber par le piano. A dire vrai, après quelques gammes, il ne savait plus trop qui de sa voix ou du piano entraînait l’autre à sa suite dans un parcours mélodieux, s’alimentant l’un l’autre.
A la faveur de ce moment privilégié où leur relation prenait un tournant plus personnel, il ne se rendait pas encore compte. Que cet écrin protégé n’était qu’un leurre. Que toutes les journées ne passeraient pas comme les grains d’un sablier, pareilles aux autres. Paisibles et studieuses. On l’avait extrait d’un cloaque pour de bonnes raisons. Elles étaient autres que musicales, comme l’élémentaire à la sagesse éprouvée l’avait tout de suite nommé.
Il hocha de la tête en conscience.
-« Ces airs me permettent de me sentir à nouveau proche d’elle, malgré son absence... je ne sais pas si je peux m'attribuer le mérite de préserver un héritage alors que je l'ai fait par égoïsme, pour ressentir à nouveau son amour. »
Se yeux se fixèrent sur la symétrie monochrome des touches de piano. Les longs doigts de Seraphah les caressaient toujours avec une finesse propre à sa personne. Ses questions avaient toujours cela de troublant qu’il ne semblait pas dissimuler d’intentions cachées. Mais dire la vérité donnait l’impression de se mettre à nu et de s’offrir à quelqu’un en position de le détruire et de l’humilier pour de bon. Il pourrait le rejeter dans le caniveau en décriant les souvenirs auxquels il s’accrochait, ou même les idées qui faisaient sa personnalité réelle.
-« Je… franchement, il n’y a rien à critiquer dans votre accueil ou cet endroit. Tout est parfait. Et de loin préférable à tout ce que j’ai connu. Je n’ai juste pas l’habitude de me sentir en sécurité. Cela me donne toujours l’impression que j’ai manqué quelque chose et que je dois rester en vigilance. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec vous. C’est une habitude… dont je ne sais que faire. »
N’importe qui se prosternerait pour avoir autant de confort et de sécurité dans la basse ville. Depuis le peu de temps qu’il était là, sa santé s’améliorait à vue d’œil et toutes les négligences accumulées lui revenaient pour réclamer qu’on prennent à présent soin d’elles.
-« Des fois, j’ai peur d’y retourner. Alors que j’ai « toujours » vécu là-bas. »
On s’habitue à son enfer quotidien, à être martyrisé, torturé par la faim, le froid, l’épuisement, les maladies. Le corps et l’esprit se plient à toutes les réalités pour survivre. Maintenant, il ne voyait pas comment il avait pu endurer si longtemps une telle aliénation. Il n’y revenait que pour servir Ekiel selon leur contrat. Enfin, il répondait moins dernièrement, aussi ne retournait-t-il dans la basse ville que pour faire acte de présence à son logement de la Lionne Rouge au cas où il le contacterait.
Ce manège resterait-t-il nécessaire ? En tout cas, c’était un prétexte pour s’échapper. Même si tout était plus beau et rassurant ici, il n’y avait aucun repère une fois Maëlstrom et Seraphah partis.
-« Je n’ai personne là-bas. Une ou deux sympathies tout au plus. Et beaucoup de menaces. Mais c’est tout ce que je connais. Des fois, j’ai l’impression que la misère est gravée sur mon visage et que tout le monde peut la voir en permanence. Peu importe ce que je porte, ou ce que je dis. »
Loin de lui l’ingratitude, dans ce sentiment paradoxal de chance et d’exil, à ne pas trop savoir à quoi s’arrimer, quel serait son but dans ce nouvel endroit, sauf à être la création de ce fabuleux mécène.
-« J’ai seulement besoin d’un peu de temps. »
Il se refermait sur une forme de pudeur pour cette saleté qui semblait imprégner jusqu’au dernier recoin de son esprit. Souffrance, peur, mort, incertitude, maltraitance, acharnement, proie. Elles perduraient bien après la disparition de leurs avatars dans le monde matériel pour hanter son âme. Comment faire pour devenir un homme nouveau ? Comment laisser couler ses séquelles dans les eaux du passé ? Quand tout son esprit n’est que le résultat d’une blessure. Du vide perpétuel de l’instant présent étiré à l’infini au requiem de la survie, se trouvaient à présent un torrent d’intersections, de choix, de lieux peuplés de gens gais et fortunés riant forts, de spectacles, d’aventures… il en avait le tournis.
-« Parlez-moi plutôt de tous ces beaux projets que vous avez. En ce qui concerne la musique. A quoi ressemblera la première représentation à laquelle je vais prendre part ? Jouerez-vous aussi du piano ? Combien de personnes seront conviées ? »
A cela, au moins, son esprit pouvait se raccrocher sans tomber dans les turpitudes de ses émotions.
Sam 2 Mar - 3:25
La Symphonie Silencieuse
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
url=https://youtu.be/4rcg1ubkAeo?si=z28GCEN03PpZEfC4]Ambiance[/url]
Certains actes se devaient d'être égoïstes pour avoir une portée plus universelle. L'élémentaire pourrait poursuivre pour souligner le fait que cet héritage, sa préciosité au-delà de ton ego, aurait pu te rester encore interdit un bon moment si tu n'avais pas croisé sa route. Voyait-il là le signe du destin? Il aime à le penser, même s'il était loin d'être du genre romantique avec le premier venu.
Il notait malgré lui ta façon d'être à chaque nouveau pas qu'il t'intimait de faire. Comme ce qui résonnait plus comme un aveu que comme un souhait, quand tu lui indiquas vouloir rester auprès de lui pour le diner. Et pour la suite, il inclina doucement son visage, ses cheveux glissant sur ses épaules venant masquer un instant son visage tandis qu'il se saisit d'une de tes mains, avant de plonger son regard dans le tien. «Vous aurez tout le temps dont vous avez besoin avec moi.» Fin sourire, tandis que ta main retrouvait sa liberté. Il n'était pas du genre à s'épancher quand un coeur voulait garder le silence.
Il se redressa en vue d'aller rejoindre le canapé. C'est à ce moment là que tes questions surgirent, assoiffées d'en savoir plus sur cette soirée qui semblait t'animer d'un nouveau feu. «J'ai énormément de projets en lien aux arts. Mais concernant notre projet, cela sera une soirée d'environ une centaine de personne, ici même au Marquis.» L'ambre de son regard chercha tes prunelles afin d'y lire la moindre émotion passagère. Il marcha de son pas à la fois léger et solide dans le sol, comme si rien ne pouvait l'atteindre, avant de s'asseoir, jambes croisées et de poursuivre. «Il y aura un pianiste pour le plus grand de la soirée, et à un moment vous et moi ferons notre entrée...Des habits assortis sont d'ailleurs en préparation, en espérant que vous apprécierez.»
Un véritable spectacle. Comme les stars de la soirée. «Mais d'ici là, j'aimerai que vous chantiez devant des invités plus restreint...afin de vous accoutumez à un public...» Attentif. Au moindre de tes gestes. Comme un félin, même quand ses yeux ne te regardaient pas directement, il restait en contact à ton être. Après tout, vous étiez loin d'avoir des habitudes toutes faites, et il était donc loin encore de savoir d'avance tes futures actions. Le genre de lien qu'il a développé avec Maelström soit dit au passage. «J'ai plusieurs connaissances amatrices de musique qui seront en ville avant que nous ne devons partir à Aramila, j'espère que vous vous sentirez prêt.»
Il continua à te donner des détails concernant votre représentation en commun. Tu découvris que votre répertoire s'élèverait à pas moins de 4 chansons, donc environ une demie-heure. De quoi faire le show, sans importuner les invités qui peuvent s'adonner à d'autres activités. Tu appris ainsi qu'une salle de billard est à disposition, ainsi que des ailes plus intimistes. Ces dernières n'étaient ouvertes qu'aux invités qui en faisait expressément la demande. À ce sujet, Seraphah glissa: «Je dois bien avouer que cette fascination des humains m'a toujours échappé.» Cela voulait-il dire qu'il n'y participait jamais? Alors même qu'il semblait dévoiler énormément de choses le concernant, il restait mystérieux sur certains aspects malgré lui. Une différence de nature.
«Sans vouloir me montrer indiscret, j'ai cru saisir que vous tombez sous le charme de Maelström n'est-ce pas?» Clarification. Et une façon de montrer que la discrétion à l'un comme à l'autre n'était pas votre fort. «Il n'est pas très bavard de son côté pour ce genre d'affaires. Et oui, j'aime à savoir ce qu'il se passe sous mon toit.» Non par désir de contrôle, mais bel et bien que ce genre de relation, pouvait déteindre dans les affaires de plus grandes importances.
Ven 8 Mar - 19:16
La Symphonie Silencieuse
Ft. Seraphah Von Arendt
Le jeune homme se sentait toujours aussi fébrile et en même temps attiré en présence de Seraphah. Il était comme un soleil brûlant illuminant chaque lieu où il se trouvait. L’aristocrate ne faisait que souligner ses qualités et le couvrir de bienfaits presque trop dorés pour être vrais, le dernier en date étant son acte de citoyenneté Epistote. Mais l’esprit de Keshâ’rem avait toujours fonctionné sous un logiciel d’âpreté et de victimisation. Il lui faudrait sans doute plus de quelques jours pour s’ajuster à cette chaleur sans se sentir aveuglé.
-« C’est merveilleux. Et étourdissant. »
Il n’aurait pu rêver mieux, mais une part de lui ne se sentirait jamais digne d’être adulé. La saleté et la misère vous collent à la peau et le souvenir de la faim ne s’efface jamais complètement.
-« J’ai hâte de voir quel costume vous nous avez préparé. » ajouta-t-il amusé. Il savait le goût de l’esthé sûr, mais peut-être un peu intense et grandiose pour le commun des mortels. Même par l’esprit, l’orphelin ne pouvait dépeindre une scène qui rende honneur à ce que serait sans doute la représentation façonnée par l’âme de Seraphah. Rien de ce qu’il avait pu voir ces quinze dernières années n’aurait le panache et le luxe de ce qu’il devait préparer.
Il se prêtait au jeu de la conversation, qui lui donnait l’impression d’être en train de regarder les nuages dans une prairie en inventant des contes de fées. Tout ceci ne lui paraissait pas très palpable mais le faisait rêver, aussi se laissait-t-il gagner par l’enthousiasme.
-« Prêts ou pas, vos amis musiciens seront déçus si je me défile. Il faudra bien faire le grand saut. »
Quand Seraphah lui donnait les quatre morceaux qu’il voulait chanter avec lui, tout devint tout à coup très concret et il se sentit assez effrayé. Pourtant, une forme d’excitation commença à naître sans son ventre. C’était une soirée incroyable qui s’annonçait, joyeuse et animée. Il essaya de boxer méchamment la partie de lui qui rabâchait qu’il en était indigne.
La fin de leur entretien le laissa pantois. Quand il parla de Maëlstrom, il sentit ses joues s’empourprer avant même d’avoir essayer de parler. Comment pouvait-il être au courant de quoi que ce soit. Il n’avait pourtant rien essayé, se contentant de rêver et de baver en silence. La tête lui tourner tout à coup et le silence se prolongea sous le regard de feu de Seraphah.
-« Oui… enfin. Il est très beau... Encore plus beau avec ses cicatrices et ce qu’il cache dans ses silences. »
Il n’allait pas tenter d’expliquer quoi que ce soit, trop sûr de s’embourber dans sa gêne face à son mécène, au charme duquel il n’était d’ailleurs pas non plus insensible. Allait-il lui en vouloir de créer des diversions dans son entreprise ou de se montrer assez orgueilleux pour s’adonner à ces frivolités alors qu’on lui offrait l’étude, la carrière et les perspectives ?
Il en resterait là de ces aveux. Son teint cramoisi était suffisamment éloquent.
Cette soirée agréable à dîner avec Seraphah permit de briser un peu plus la glace, chacun s’apprivoisant autour d’un bon repas. Désormais citoyen, Keshâ’rem, orphelins des bas-fonds Epistotes n’était plus. Mais celui qu’il était à présent un concept flou encore en évolution. Et celui qu’il deviendrait un sujet de spéculation hasardeuse. Tout ce qui comptait était que les jeux étaient ouverts et qu’il touchait pour la première fois à la possibilité de grandir et s’accomplir.
En revanche, une marotte venait de naître en lui : convaincre par tous les moyens le Sapiarque de le laisser les accompagner dans sa mystérieuse quête à Aramila. Cela conduirait à un conseil taquin de Maëlstrom, visant plus à le décourager qu’à le renforcer sans son idée : se procurer un cristal de pouvoir par ses propres moyens pour prouver sa valeur sur le terrain. Ce défi le conduirait vers des risques imbéciles auprès de la pègre en col blanc dans les industries de la basse-ville et un casino clandestin, où il défierait la malchance pour prendre en main son destin en dérobant in extremis un cristal de télépathie.
-« C’est merveilleux. Et étourdissant. »
Il n’aurait pu rêver mieux, mais une part de lui ne se sentirait jamais digne d’être adulé. La saleté et la misère vous collent à la peau et le souvenir de la faim ne s’efface jamais complètement.
-« J’ai hâte de voir quel costume vous nous avez préparé. » ajouta-t-il amusé. Il savait le goût de l’esthé sûr, mais peut-être un peu intense et grandiose pour le commun des mortels. Même par l’esprit, l’orphelin ne pouvait dépeindre une scène qui rende honneur à ce que serait sans doute la représentation façonnée par l’âme de Seraphah. Rien de ce qu’il avait pu voir ces quinze dernières années n’aurait le panache et le luxe de ce qu’il devait préparer.
Il se prêtait au jeu de la conversation, qui lui donnait l’impression d’être en train de regarder les nuages dans une prairie en inventant des contes de fées. Tout ceci ne lui paraissait pas très palpable mais le faisait rêver, aussi se laissait-t-il gagner par l’enthousiasme.
-« Prêts ou pas, vos amis musiciens seront déçus si je me défile. Il faudra bien faire le grand saut. »
Quand Seraphah lui donnait les quatre morceaux qu’il voulait chanter avec lui, tout devint tout à coup très concret et il se sentit assez effrayé. Pourtant, une forme d’excitation commença à naître sans son ventre. C’était une soirée incroyable qui s’annonçait, joyeuse et animée. Il essaya de boxer méchamment la partie de lui qui rabâchait qu’il en était indigne.
La fin de leur entretien le laissa pantois. Quand il parla de Maëlstrom, il sentit ses joues s’empourprer avant même d’avoir essayer de parler. Comment pouvait-il être au courant de quoi que ce soit. Il n’avait pourtant rien essayé, se contentant de rêver et de baver en silence. La tête lui tourner tout à coup et le silence se prolongea sous le regard de feu de Seraphah.
-« Oui… enfin. Il est très beau... Encore plus beau avec ses cicatrices et ce qu’il cache dans ses silences. »
Il n’allait pas tenter d’expliquer quoi que ce soit, trop sûr de s’embourber dans sa gêne face à son mécène, au charme duquel il n’était d’ailleurs pas non plus insensible. Allait-il lui en vouloir de créer des diversions dans son entreprise ou de se montrer assez orgueilleux pour s’adonner à ces frivolités alors qu’on lui offrait l’étude, la carrière et les perspectives ?
Il en resterait là de ces aveux. Son teint cramoisi était suffisamment éloquent.
Cette soirée agréable à dîner avec Seraphah permit de briser un peu plus la glace, chacun s’apprivoisant autour d’un bon repas. Désormais citoyen, Keshâ’rem, orphelins des bas-fonds Epistotes n’était plus. Mais celui qu’il était à présent un concept flou encore en évolution. Et celui qu’il deviendrait un sujet de spéculation hasardeuse. Tout ce qui comptait était que les jeux étaient ouverts et qu’il touchait pour la première fois à la possibilité de grandir et s’accomplir.
En revanche, une marotte venait de naître en lui : convaincre par tous les moyens le Sapiarque de le laisser les accompagner dans sa mystérieuse quête à Aramila. Cela conduirait à un conseil taquin de Maëlstrom, visant plus à le décourager qu’à le renforcer sans son idée : se procurer un cristal de pouvoir par ses propres moyens pour prouver sa valeur sur le terrain. Ce défi le conduirait vers des risques imbéciles auprès de la pègre en col blanc dans les industries de la basse-ville et un casino clandestin, où il défierait la malchance pour prendre en main son destin en dérobant in extremis un cristal de télépathie.
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