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[Requête] Les meurtres du sous-bois

[Requête] Les meurtres du sous-bois  - Page 3 Brandw10
Lun 22 Jan - 16:55

Le début de l'acte final

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





A chaque mot que prononçait le tueur, le mystère devenait alors plus dense. L’histoire était déjà complexe, à mesure que le groupe parvenait à saisir de nouveaux éléments pour trouver les réponses, elle le devenait encore plus. Ainsi était fait le monde, un ensemble chaotique d’une complexité si fine qu’elle en devient alors totalement inutile à bien des égards.

Beaucoup de problèmes, beaucoup de questions… pour si peu ?

Tandis que Vladimir faisait encore des siennes, tout autant par son pragmatique si froid qu’il devenait humain que par la guerre d’égo que celui-ci voulait commencer avec l’antagoniste du jour, il n’obtient de ce qu’il cherchait qu’un simple sourire de la part de Marianne. Un sourire plein de pitié, le même qu’un adulte ferait un enfant qui tenterait dans une situation ridicule et adorable de bomber le torse par principe pour garder sa fierté devant sa mère.

Vladimir… Il semble qu’à mesure que la distance entre vous et ce cher Higgs grandit, votre orgueil et votre égo en font tout autant. A moins que ce trait de caractère incarne ce qui vous a permis de survivre dans les ténèbres et face au temps. Après tout, la résilience est un trait de notre espèce. N’est ce pas ?

Quoi ? Il savait. Ce type semblait finalement bien plus informé que prévu. Certes, il était coutume pour qui inventait des pièges de se renseigner sur ceux qui devraient y être soumis. Néanmoins, peu de personne était en mesure de pouvoir savoir ce qui se passait à l’intérieur même du Magistère. Encore plus quand on parlait d'événements aussi sensibles. Il était presque évident pour le pseudo-strigois que ce tueur le connaissait… personnellement… Néanmoins, il aurait beau fouiller dans sa mémoire. Rien. Il n’y avait alors que peu d'indices sur ce que cette personne pouvait ou aurait été pour Opale. Après tout, l’assassin n’allait pas se dévoiler comme ça bien que la fuite de cette nouvelle information était parfaitement volontaire de sa part.

Initialement le chevalier avait prévu d’aller liquider Elmire et la comtesse qui se devait d’être achevé conformément aux règles décidés par le créateur mais malheureusement pour lui, quelqu’un avait décidé que les choses devaient se passer différemment. En effet, Azur, après avoir échoué une première fois à poignarder le comte, décide de trancher le bras du chevalier pour lui voler son épée. Le geste et la technique furent si parfait que le chevalier lui même n’avait rien vu venir, ne pouvant après coup que constater les dégâts avant de pleinement se retourner vers le xandrien, l’air de vouloir en découdre.

(100 contre 2, Azur tu peux terminer le chevalier comme tu le désires que ce soit dans un duel epic ou bien une humiliation terrible).

Une fois l’être d’encre mis hors de combat par le valeureux Azur, Marianne avec son éternel sourire commença à applaudir.

Hoho… Ce n’est pas terminé malheureusement…

Enfin si. Tout du moins après qu’Azur eut vaincu le chevalier, l’encre et les tableaux commencèrent à se désagréger. Néanmoins le tueur ne semblait pas pour autant totalement dépourvu face à cette situation impromptue. Derrière elle, le majordome, jusqu’ici totalement discret et inanimé se mit à bouger, sortant de ses entrailles deux pistolets ensanglantés jusqu’ici totalement dissimulés.

Seuls les plus rapides étaient en mesure de le voir, mais pour une personne, il était déjà trop tard. Le majordome tira une balle en direction du bassin d’Elmire, celle-ci faisant partie des rapides avaient toutefois eut le temps de se liquéfier en être de Magma pour ignorer les attaques physiques. Néanmoins la suite, elle ne l’avait pas prévu.

Lorsque la balle traversa son corps, celle-ci explosa, la coupant en deux au passage, si bien que tout le haut de son corps tomba au sol, ses jambes étant elles totalement désintégrées par la petite explosion. Si elle ne disposait pas de son pouvoir, elle serait morte mais dans tous les cas, Yu’er était désormais hors de combat car il lui faudrait du temps pour régénérer.

Malgré la victoire, la situation était devenue encore plus terrible. Certes, il s’agissait sans aucun doute de la dernière carte du tueur sans avoir à se révéler lui-même. Mais cette carte était d’une dangerosité qui surpassaient tous les autres. Un arme dotée d’un nascent qui appliquait un effet d’auto-destruction sur ses balles. Cette dernière était capable de tuer en un coup tout ce qui ne pouvait pas devenir intangible ou résistant.

Le majordome toutefois n’avait pas l’intention de laisser le temps au groupe de prendre des contre-mesures. Quasi dans le même temps, le cadavre pointait sa seconde arme vers un des murs et tira. La balle le percuta avant de générer une force d’attraction qui attirait tout ici sauf le majordome et Marianne vers l’impact.

Deux douilles tombaient au sol, le bruit d'armes qui se rechargaient. Dans la cohue générée par l’attraction tandis que chacun devait éviter Yu’er qui n’avait d’autre choix que de rester un être de magma, deux nouvelles personnes étaient ciblées.

Elmire et la comtesse n’avaient plus que 10 secondes à vivre.

Lun 22 Jan - 22:42

Assassinats multiples

L'envol de Nergal


Les esprits les plus fragiles ne sont pas ceux que l’on croit. Il avait suffi au magistérien d’être déstabilisé dans sa suprématie pour vibrer d'une rage froide. Le sourire poli de la poupée Xandrienne s’était mue en indifférence résignée lorsqu’il s’agissait de sacrifier la vie de ses nobles compères, comme l’on envoie son pion à la capture du fou de son adversaire sur un plateau d’échecs. Pas plus d’une heure auparavant, ses mains graciles berçaient encore celle de la comtesse en la cajolant pour son courage dans les affres d’êtres mère à la tête d’une grande famille de Xandrie. Quant à Gerald, ce dernier avait bien caché son jeu. Mais à ne rien savoir, on peut dire qu’au moins on n’était pas déçu.

Alors quand Vladimir s’approcha, d'une prédation sans entrave, de la comtesse Lua, il se dressa entre lui et elle. Malgré son aura malfaisante, il demeura immobile. Ses mots le terrifiaient. On aurait dit se dérivait plus lui-même que le tueur.

A ce degré d’horreur, le pire est que Keshâ n’était même plus surpris du dénouement. Il se porta auprès de la comtesse. Cependant, il ne pouvait rien faire pour l’aider à part l’empêcher de retirer la lame dans cet environnement précaire.

Monstre ! Tous se fichaient des Lua. N’importait que leur gloire. Leur argent. Leur divertissement. Il se sentait bien seul au fond de cette fausse avec les Lua à se démener pour les aider. Depuis le début, il soupçonnait un membre de la famille d’être le commanditaire et le tueur de se jouer d’eux en sécurité, quand bien même se trouverait-il « dans la pièce ».

La réaction de Yu’er fusa avec une flamboyance digne de Seraphah. Vladimir présumait manifestement de son influence, car s’il devait lui arrivait malheur, tous prêteraient serment sur les Douze qu’il avait été victime du tueur. L’officière du Guet para un nouvel assaut, cette fois-ci de Gerald qui révélait une célérité surnaturelle.

Des abjectes rebondissements de colliers étrangleurs du tueur aux multiples tentatives d’assassinat émanant des protecteurs, un éclair le traversa : c’est une maison de fou !

Une maison de poupée où tous s’agitent et s’entre-tuent. A quoi cela sert-il d’avoir autant de pouvoir si c’est pour se comporter comme un animal enragé ? Lui aussi était coupable, c’est vrai.

Il avait tué de ses propres mains. Mathieu. Un innocent. On l’y avait contraint, contre sa propre vie. Il avait choisi. Il savait maintenant qu’il le referait encore si sa vie en dépendait. La leçon avait été douloureuse. Mais elle en véhiculait une autre aujourd’hui. Même au milieu de ce carnage, il avait encore le choix de ce qu’il ferait ensuite.

La situation semblait perdue. Pourtant, s’il s’était donné autant de mal pour acquérir un peu de savoir et des cristaux, c’était pour ne plus être aussi faible et inutile. Même si tous les membres du clan Lua s’était trahis et se détestaient. Ils étaient encore une famille. Demain pouvait tout changer. Tant qu’ils respiraient. Ce ne serait jamais le cas de sa mère et de son père qu’ils n’avaient pu sauver. Cette fois, ça pouvait être différent. Il ne se rachèterait pas pour la mort de Mathieu, mais ça irait dans le bon sens, au moins.

-« Yu’er ! » invectiva-t-il alors que Gerald venait de prodiguer ses menaces crues et que le chevalier se chargeait de lui. Il tenta de se redresser pour remettre la comtesse dans les bras du comte Lua. « Peu importe les actes commis. La vie humaine a de la valeur pour moi. Voulez-vous que votre famille survive ? » lança-t-il « Oubliez les autres ! Travaillez avec moi. Sortons d’ici. »

Un totem dans chaque main, un flot de ténèbres s’enroula autour de ses membres tel un serpent et un vent furieux bouscula les casiers à bouteilles et les chandelles dans l’espace confiné à l’arrivée de la gargouille ténébreuse et du félinimbus.

L’alliance de fortune avec l’une des complices du tueur aurait pu fonctionner. L’enjeu n’était plus de gagner, de résoudre l’enquête, d’être meilleur qu’untel ou de gagner de l’argent. Il fallait survivre. Avec ceux qui avaient encore un semblant de raison et la volonté éventuelle de se racheter. Il leur suffirait de sortir de ce nid de vipères, de regagner le salon et de lancer un tabouret à travers une fenêtre pour aller se blottir à l’extérieur dans des rideaux en attente de secours. Peut-être même qu’il se trouvait une dépendance sur le domaine. Sinon, le labyrinthe les abriterait des vents glacés tandis qu’il appelait le pégase.

Mais son plan partit aux oubliettes. Car tandis que Gerald massacrait le chevalier, Ernest plongeait ses mains dans ses entrailles pour en tirer deux armes sanguinolentes. Le majordome cribla Yu’er, qui parvint à survivre grâce à son affinité élémentaire avec le magma, mais se trouvait hors service. Puis, tous tombèrent en désordre à la suite d’un nouveau tir aux propriétés brumiques, un nascent ! Il roula de justesse pour éviter une croûte incandescente de magma qui retomba sur un fut de chêne dont le bois commença à grésiller.

Déjà, Ernest tirait à deux reprises. Keshâ n’eut pas le temps de concevoir qui était la cible de ces tirs. Cramponné à ses totems, il lança le félinimbus pour projeter la première silhouette, Elmire, tout juste réveillé par le vacarme. Elle s’envola de l’autre côté de la pièce, presque dans le couloir de sortie. Dans le même temps l’ombre evanescente se cristallisa en gargouille aux ailes arquées en berceau au-dessus du comte et de la comtesse. Malheureusement, la puissance de la balle explosive détacha un gravat de bonne taille de la chimère et la comtesse Lua le reçu à l’épaule dans un bruit sinistre.

Il n’était plus l’heure de faire preuve de palabre et méthode, quand tout se joue. Il avait rengainé le félinimbus et s’injecta une potion de vélocité pour charger Ernest avec sa dague par le flanc. La soif de sang n’était pas dans son ADN, mais l’élan de survie le poussait à découper les bras et les jambes des deux animations s’il le fallait pour les neutraliser.

Sauf qu’encore une fois, tout ne se passa pas comme prévu. Son élan kamikaze s’arrêta nette dans une détonation assourdissante à bout portant. Ernest n’avait pas eu le temps de viser le buste ou la tête, mais l’avait atteint dans la jambe. Il s’était déjà fait tabasser, mais jamais il n’avait éprouvé une telle douleur. Son corps élancé bascula face contre terre dans un cri. Le choc le tétanisa d’abord comme un grand coup de poing dans l’estomac. Puis, passé la surprise, ce fut une grande décharge électrique le long de sa cuisse et se son bassin.

Instinctivement, il se cramponnait à son arme et son totem en rampant vers l’abri le plus proche : la grande table. Mais Marianne lui barrait le passage. Sans même compter Vladimir, qui le faisait hésiter à rebrousser chemin vers Ernest. Dans un vertige hoquetant entre deux battements de cœurs, il redevint ce jeune homme à peine sorti de l’enfance que la vie n’a pas épargnée. Puis dans un dernier élan, une ombre furieuse se jeta sur lui et le souleva pour bondir au-dessus de la table, non loin d’Elmire.

La gargouille au profil aquilin le tenait dans ses bras, prête à abattre ses ailes pour les protéger. Keshâ regardait sa jambe dégouliner de sang. Il allait falloir faire quelque chose rapidement pour cette blessure. Du coin de l’œil, il tentait de voir si Yu’er reprenait forme humaine et si la famille du comte était toujours dans l’équation. Sonné, il ne laisserait pas aller l’invocation tant que le danger serait aussi imminent. Son front se trempait de sueur et ses tempes pulsaient d’un vertige saisissant. Mais il n’avait pas d’autre choix que de tenir. Et s’il le fallait, de fuir avec Elmire.

Spoiler:
Mer 24 Jan - 23:47

Bang bang

You shot me down


Mécanismes savants, rouages élaborés… Tous en route pour l'abattoir. C’était l’impression qu’elle en avait, à voir le tueur s'acharner à revenir vers eux, vagues infernales, ayant toujours la réponse parfaite à la moindre de leur tentative. Conserver son masque devenait de plus en plus dur face aux visages effrités des Xi. Keshâ’rem, dernier joyau d'innocence, semblait lutter contre un courant trop fort, face à un groupe d'individualités sournoises, arrogantes - oiseau tombé dans un nid de vipères. Il en était presque inspirant…
Contrairement à Vladimir et Gerald qui semblaient avoir décidé de concert d’arrêter de maintenir la moindre apparence. Bas les masques - oui, mais les leurs. Le bon docteur Von Arendt qui n’avait jamais été que fidèle à lui-même se mit finalement à sortir de ses gonds. Fini le bon docteur qui n’avait jusqu’ici distribué que paroles sournoises et remarques acides. Maintenant, il était tout en nerf et en attaque perfide. A bien y réfléchir, elle le préférait comme ça. Cependant, elle n’approuvait pas sa cible.

Face à elle, la comtesse tombait - pauvre femme, coquille vide. Quelle injustice. Elle n’avait rien demandé. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère de Yu’er qui montrait, elle aussi, son vrai visage. Quel que fut le dessein du tueur, il avait réussi à déchaîner les passions ce soir. Ne pas montrer ses failles… Discrètement, elle s’en alla auprès de la comtesse, cherchant des ressources pour éponger son sang, trouver un ressort pour sauver sa vie. Au-delà des apparences, Lan-Lan ne pouvait pas - ne voulait pas - laisser ce sort infâme s’acharner contre elle. Risible ou bienveillant? Elle agirait dans l’ombre; dans le chaos, pour redonner à cette femme des minutes de vie.

Les esprits fusaient vite; ses longs doigts fins s’agitaient sur ce qu’ils pouvaient tandis que Mariane n’avait de cesse de les narguer. Comme un cheveux sur la soupe, il semblerait que ses rapports avec le Docteur ne soient pas complètement anodins. Et Gerald, ce cher Gerald… Il se révélait enfin. Admirablement, avec panache, avec passion, peut-être bien le clou du spectacle. Bas les masques, qu’il disait, mais ce n’était décidément pas celui du tueur. C’étaient les leurs. Et Monsieur du Dains portait visiblement le plus flamboyant des visages. Encore discrète, la Fà admira l’assassin porter fièrement ses couleurs, cherchant à s’en prendre au comte sans manières, arrêté in extremis par sa fille - décidément, une épine dans tous les pieds.
Son esprit courait vite, à Gerald. Pense plus vite, nous nous retrouverons à mi-chemin. Tu vois comme moi ce qui pourrait brûler. L’encre, ça brûle, non? Si nous flambons tout, le tueur n’aura plus rien pour nous menacer. Les grands esprits se rencontrent… En quelques mouvements, il avait désarmé le chevalier qui se tenait penaud.

Tout ceci sonnait étrange, comme une mauvaise musique, une harmonie dissonante. Une note manquait… Maintenant, cela ne faisait plus aucun doute: l’assassin n’avait jamais fait partie de la famille, et pourtant il les avait à l'œil depuis le début.

Keshâ, de son côté, avait agit au bon moment, sortant tout ce qu’il pouvait d’invocations pour semer vent et adrénaline, veillant comme un garde sur la famille morcelée. Enfin l’heure d’agir de concert.

Le tueur était acculé. Lan-Lan aiguisait ses crocs, prêtes à humer les douces fumées de la libération.
Mais comme toujours.
Le tueur avait réponse à toutes leurs questions.

BANG

Qu’importe où il vise. La balle explose, souffle tout. Yu’er, toute de lave vêtue, répandue partout sur les murs. Elle eu à peine le temps d’éviter le souffle chaud du magma qui s’écrasait à quelques centimètres de son visage.

BANG


Tous unis, attirés inexorablement par l’impact. Elle entendit un os se briser lourdement - pas le sien. Celui de la comtesse. Pauvre femme…Tu ne mérites pas cet acharnement. Le tueur avait ses coupables désignés, il ne partirait pas sans les emporter avec lui.

Admirable, cette fougue, cette passion dévorante pour ses idées. On ne pouvait pas le lui retirer: ce tueur, quoiqu’il soit, n’était pas de ceux à s’avouer vaincu. Ils n’avaient pas le temps de reprendre leur souffle, une nouvelle salve était déjà en préparation, il fallait agir vite… Et cette rapidité venait de Keshâ, leur cheval fou, toujours premier à agir. Finalement, il devenait inspirant, ce jeune homme plein de bonnes volontés. File, jeune homme. Je m’occupe des Xi pour toi. Bang.
Il tomba au sol, fauché dans son élan, répendant derrière lui et sur la table brisée au sol des gerbes de sang. Même l’acharnement ne pouvait rien contre leur tueur, visiblement. Il fallait à tout prix agir rapidement, avant la prochaine salve. Son sang ne fit qu’un tour.

D’abord… La comtesse. Ses doigts s’affairaient sur l’encre qui coulaient tout autour d’eux en larges flots - il avait vraiment peinturlurer toute la maison, le bougre. C’était bien son affaire: d’encre, elle créa assez d'exsudat pour recouvrir l'œil de la comtesse, avisant d’un regard à son mari qu’il s’agissait là d’une aide, et non d’un poison. Le liquide naturellement sécrété par le corps pour cicatriser et fermer les plaies. Avec un os brisé, nul doute que son organisme ferait le choix de l’os plutôt que de l'œil - lui donner un coup de pouce ne pourrait pas faire de mal, non?

Keshâ a raison, une vie est une vie.” Murmura-t-elle à toute la famille. Ce qu’elle comptait faire? “Je vais vous mettre à l’abri, c’est devenu beaucoup trop dangereux pour vous ici. Suivez moi, j’ai besoin que vous restiez groupés, et que vous agissiez vite. Nous parlerons de toute cette situation plus tard… L’essentiel, c’est de sauver votre peau.

Heureusement pour elle, la famille semblait prête à la suivre sans poser plus de questions. Trop choquée, trop menacée, trop perdue - il n’y avait plus rien à sauver à part leurs vies, et l’espoir de pouvoir un jour recoller les morceaux. Poussant un soupire, Lan-Lan aida d’une main le comte à glisser sa femme contre son épaule, d’une autre main elle ramassait son bras pour la porter à son tour. Ming aidait Elmire, quant à Yu’er… Elle devrait d’abord se recomposer. Désolée, jeune fille, ton tour devra attendre.
La belladone n’était pas dupe: elle aurait besoin de renfort, son seul sang ne tiendrait pas longtemps face à deux nascents montés sur des armes à feu. Une fois que la comtesse fut installée, elle attrapa deux bouteilles de vin au passage - du vin, il ne le resterait pas longtemps. En cas d’urgence, elle aimait avoir la marge de manœuvre de choisir ses substances en assez grande quantité. Et une bouteille pleine, c’était autant une ressource qu’une arme de jet.

Et dans ce chaos… Ce n’était pas de trop. Ernest, Ernest… Alors, c’était bien toi? Tu t’es fait oublié, mais n’était-ce pas toi dont le visage avait été volé? Le tueur avait dû subtiliser son corps après l’avoir tué, cela ne relevait pas de la simple animation. Qu’étais-tu? Spectre, portebrume? Ses armes ne sortaient pas de nulle part; des nascents, cela ne pouvait venir que de leurs meilleurs ennemis, ces chers Opaliens qui tenaient Xandrie dans le creux de leur main. Et ce rapport à leur scientifique du Magistère… Mais elle n’avait pas le temps de s'appesantir plus longtemps.

Ce fut un plaisir Gerald, mais je vais devoir vous laisser entre ces mains expertes; le feu peut attendre.” Elle passa la main sous le ventre de Huang-Long. “Il va falloir que tu prennes des risques mon ami… Mais je sais que tu ne me décevras pas. Files, dévis moi ces armes, le temps que nous puissions passer.” Elle se retourna ensuite vers la famille Xi. “Tenez vous prêts.”

Un souffle. Ils n’auraient pas plus de quelques secondes s' ils voulaient passer… Assez pour que la famille se rue vers l’escalier où elle espérait bien trouver la porte miraculeusement réapparue. Un souffle, c’était plus qu’assez. Elle fit le premier pas: Huang s’élança jusqu’à Ernest, son corps translucide trahissant son état intangible. Il savait ce qu’il faisait, main droite des Fà depuis quelques siècles. Au même instant, Lan-Lan, la comtesse sur l’épaule, avança brusquement vers les escaliers, suivi de ceux qui le pouvaient - elle ferait le compte plus tard, c’était d’abord une lutte contre le temps. Et Huang… Se retournant, elle eut à peine le temps de le voir enrouler les bras du majordome écorché pour soudainement reprendre son état tangible, attirant de son poids les deux armes vers le plafond. Victorieux, petit reptile, il filait déjà par les murs… Elle le retrouverait bien assez vite - l’essentiel était là, Ernest avait perdu son appui et tombait déjà vers l’arrière, leur offrant assez de temps pour filer vers la porte.

La porte! Curieuse impression que de se réjouir de retrouver un meuble comme une vieille amie. “Keshâ, suivez-nous, votre heure n’a pas sonné.” Dit-elle à sa hauteur, la porte en vue. Il saignait abondamment, mais avait mérité son repos. Avec un peu de chance, elle pourrait l’aider aussi comme elle avait aidé la comtesse. “Allons nous mettre à l’abri.” Sa voix était curieusement tranquille, savant mélange de sang-froid et de maîtrise. A présent, elle laissait la comtesse aux soins de son mari, occupée à monter quatre à quatre les marches sombres, bien éclairée par son propre nascent.

A mi-hauteur néanmoins, la voix de ce cher Monsieur von Arendt l’interpella, réclamant non pas son aide, mais celle de Huang-Long, pour lui rendre un service de la plus haute importance. Enfin, pour lui, surtout.

Mais bien sûr, il vous faudra autre chose?” Dit-elle mielleusement. Après avoir regardé son reptile comme un vulgaire bout de viande ou un trophée sur un mur, elle ne put s’empêcher de penser que c’était culotté d’exiger son aide. “Donnez-lui cinq minutes - survivez d’ici là.” Elle croisa le reptile du coin des yeux. Il était particulièrement nerveux… Très. Trop. Ce n’était pas normal - elle le connaissait suffisamment pour qu’il ne perde pas son flegme dans pareille situation. Il y avait quelque chose chez l’écorché qui l’avait perturbé…  “Prenez garde, quelque chose cloche avec notre bon majordome.”

A l’instant où elle prononça ses paroles, un bruit d’os sourd se répandit dans la cave entière. Il n’y avait pas de temps à perdre, il fallait mettre tout le monde à l’abri, et vite. Après une légère bataille avec la porte fermée pendant laquelle elle avait rouvert sa plaie, la serrure céda, la porte s’ouvrit sur le salon qui lui semblait lointain, si lointain, comme si elle l’avait quitté des années plus tôt, comme si c’était une toute autre maison. Le silence les accueillit. Une maison immobile. Sécurité précaire. Instinctivement, elle chercha les yeux du comte.

Fuyez, sortez immédiatement avec votre famille. Allez trouver un abri dehors, abritez les vôtres. Sauvez votre vie: mais ne croyez pas que cela s’arrêtera là.” Elle soutenait son regard noir. Sa femme qui vivait un tel calvaire, un fils qu’il semblait haïr… Elle n’avait plus aucune estime pour lui. “Oh, ne vous inquiétez pas, nous ramènerons votre fille. Mais cette histoire remontra au guet le moment venu. D’ici là, reprenez des forces, veillez sur votre femme.” Elle n’avait pas oublié sa promesse: elle, et elle seule, aurait le soutien des Fà… Si Shizo ne décidait pas qu’ils méritaient tous une geôle. Après tout, ils avaient invité le monstre eux-même, lui avaient fait un nid bien douillet pour s’entretuer calmement.

Elle ignorait si elle agissait par pure politesse, ou parce qu’elle avait besoin de souffler deux minutes. Du coin des lèvres, elle donna à Huang l’instruction de récupérer les affaires de ce cher Docteur - pourvu pour lui qu’il n’ait pas ramené tout son laboratoire. Huang était un beau spécimen, mais toutes salamandres a ses limites. A vos risques et périls, cher Docteur.

Keshâ, par ici.” Dit-elle finalement au jeune ingénu. Il était peut-être celui qui s’en sortirait le plus amoché. Impassible, elle lui intima de lui montrer sa jambe - à ce stade, elle était bien incapable de douceur, et elle ne pourrait probablement pas lui montrer autre chose que tout ce qu’elle était: une Fà. Rapidement, elle regarda sa main coupée, le sang jaunâtre qui s’accumulait dans sa paume. Immédiatement, le liquide passa de jaune à incolore, et elle le répandit une première fois sur la plaie à vif. Autant aider la coagulation le plus rapidement possible. Une fois l’opération terminée, elle changea de nouveau les nouvelles gouttes dans sa main. Elle n’avait pas sa seringue, ce sera donc à l’ancienne: pliant la paume, elle en laissa tomber quelques gouttes directement sur la blessure. “C’est un anti-douleur. Il ne pourra pas complètement vous soulager mais au moins, il aidera un peu. Maintenant écoutez bien. Vous pouvez soit fuir avec les Xi, les mettre en sécurité, ou bien vous pouvez me suivre. Gerald est rapide, et ce cher Docteur nous cache encore son jeu, mais ils méritent bien un dernier coup de main. Non?

Dans les deux cas, il aurait raison. Fuir, rester: il prendrait la meilleure des décisions. Quoique… Il ne semblait pas dénué de ressource. Ce serait bien dommage de perdre un jeune homme si surprenant. Quoique! Un sourire poussa sur son visage de porcelaine; la nuit n’était pas finie. Elle aiderait Keshâ avec les premiers soins, puis se mettrait en action pour ses propres desseins... Huang serait bientôt sur le retour. Quant à elle, elle comptait maintenant ses deux bouteilles pleines, et son lance-flamme n’était qu’à quelques mètres. Un peu de patience, Messieurs, menez la danse encore quelques minutes. Bientôt, elle reprendrait la valse. Oh oui, qu’elle aimait danser.
Résumons:
Ven 26 Jan - 0:56
Le strigoï se figea. Ses pupilles s’étrécirent et il riva son regard vers la création qui marqua son attaque d’un sourire mesquin. Personne ne semble réagir autour de lui, ne percevant pas la gravité de ce qui venait de se produire, ni l’ampleur du désarroi dans lequel cette créature venait de le jeter. Le secret le mieux gardé depuis près de cinq siècles. La seule vérité qui soit à même de museler le Docteur et de le fédérer aux objectifs du Magistère sans risquer qu’il ne s’égare de nouveau dans tout ce qui faisait la sinistre réputation de l’organisme. Il retint un geste de recul, masqua la peur qui tentait de le secouer sous un sourire aussi faux qu’il était mauvais. Le Spectre eut pour premier réflexe de fuir, mais ses réflexes aiguisés par le temps le maintinrent face à sa proie. Il était impossible que ce fut un hasard, ce tueur avait … quelque chose d’opalien. Comment pouvait-il savoir ? Comment …

Mais il n’eut pas le loisir d’en penser davantage que Geralt révéla soudain des talents inexplorés après s’être attaqué au Comte, avec peut-être la même intention que Vladimir de débusquer le tueur en cherchant à perturber son jeu. Il trancha le bras du chevalier d’un geste si fluide que Vladimir ne parvint pas à l’observer. Le Docteur recula malgré lui tandis que le noble bedonnant jouait avec l’épée. Il s’occupa ensuite de mettre fin à la créature comme si elle n’était rien. Encore un à cacher son jeu ? Bon sang, mais ce n’était pas une enquête, c’était une mascarade. Cette famille et ses faux-semblants, puis les autres invités. Les yeux du strigoï s’étrécirent. Tous ici étaient plus qu’ils le signifiaient. Avec ce qu’avait révélé le tueur, il en était certain : il n’y avait aucun hasard dans cette pièce et cette partition qu’ils jouaient tous.

Le monde se désagrégea autour d’eux, mais cela ne dura pas longtemps car l’étape suivant du jeu sadique se révéla. Les encres se désagrégèrent, le monde factice s’effaça pour laisser place aux murs du sous sol. Le majordome, quant à lui, se déplia pour révéler deux armes ensanglantées munies de cristaux que Vladimir identifia sans mal. Il recula de plusieurs pas pour se rapprocher d’une colonne de la pièce. Une balle perça Yu’er et la projeta à terre. La pauvre fille s’écrasa lamentablement, paya ses excès et se retrouva muée en lave pour sa propre survie. Ernesto pointa le second mousquet vers le mur le plus proche. Vladimir s’écarta, se tint au pilier. La force d’attraction faillit le faire lâcher mais il avait suffisamment anticipé : il était assez sagace pour estimer les effets des nascents. D’autant plus que leur usage le renseignaient sur une chose : la créature qui les maniait était vivante car ils puisaient dans son énergie.

La Comtesse fut aspirée et hurla de nouveau de douleur, ainsi que toute la petite famille. Ils n’étaient qu’à quelques encablures de la mort, tandis que le reste des invités s’activait. Le jeune Keshâ en profita pour révéler encore de nouveaux talents qui confirmèrent les hypothèses de l’opalien. Lui aussi avait un talent certain pour l’hypocrisie, il s’accordait bien avec cette famille. Il joua avec ses totems, ce qui n’arrangea rien. Il n’en récupéré qu’une balle dans la cuisse qui tira un sourire à Vladimir. Comme un gosse qui se faisait rabrouer après avoir sorti ses plus beaux jouets. Si ce tueur était capable d’obtenir de tels renseignements au sein du Magistère … alors il n’avait rien à craindre d’un petit roquet d’Epistopoli. Et il le prouva. Il ne dut son salut qu’à sa gargouille ténébreuse qui le tira de ce mauvais pas. Mieux valait qu’il ne tombe pas à court d’énergie sur le cours du chemin …


La ‘douce’ demoiselle Fà, quant à elle, brillait par sa discrétion. Pendant que les combats se résolvaient, le Docteur cherchait la moindre faille dans laquelle s’insérer pour préserver son secret. Il observait les éclats échouer et le majordome se jouer de leurs jeux. La xandrienne s’occupait de la famille, toujours persuadée qu’ils étaient importants dans cette pièce dressée par le tueur. Elle porta les survivants, les guida vers la sortie. Sa créature venait une fois de plus se révéler utile en détournant les tirs et l’attention de leur adversaire. Le Comte les observa monter, hésita sur la marche à suivre. Il entreprit de se retrousser les manches et s’avança vers les escaliers. Elmire tressaillit en le voyant s’approcher d’elle, Xi eut un geste de protection envers elle. Prompts à oublier leur place.

- Faites-moi parvenir ma trousse par l’aide de votre assistant, dame Fà. Nous en aurons besoin. ordonna-t-il à Lan-Lan, qui lui répondit avec un soupçon d’amabilité. En effet, et c'est bien ce que je compte régler.

En sinistre écho, le son de la lacération des chairs du majordome fit frémir la salle. S’il avait conjecturé qu’il y avait quelque chose d’étrange, avec cette pictographie du tueur portant le masque du majordome, il ne s’attendait pas à pareil spectacle. Malgré lui, il entrouvrit la bouche, émerveillé par le simple fait de ne pas comprendre cette chose qui lui faisait face. Son esprit surchauffait et il percevait les jointures usées de son vestige réagir à la menace présente. Geralt venait de s’élancer vers la créature nouvellement formée. Une chose faite de chair et dos, aux épines dorsales maculée de sang. Deux paires de bras saillaient de ses côtés, l’une munie des armes et l’autre de griffes acérées. Sa tête macrocéphale était garnie d’épines, tout comme chacun de ses membres. De nombreux yeux garnissaient la bête. Elle se dressa et fit fouetter sa queue d’os et de tendons.

- Retenez bien ceci. Tout cela ne cessera que lorsque le coupable sera trouvé. A défaut de choisir librement, ce sera pour protéger vos vies. tonna la création.

Puis elle affronta Gerald. C’était peu dire. Il avait si facilement écrasé le chevalier … mais là, là il se fit éliminer avec une si grande simplicité que c’en était risible. La bête le mis à terre avec une violence démesurée. Une violence que le Docteur se savait incapable de surmonter seul.

- Les jeunes de nos jours.... Trop d'orgueil assurément... Fort heureusement je ne suis pas assez implacable pour tuer gratuitement… lâcha la chose.

Lorsque le coupable serait trouvé …. Ne l’était-elle pas ? Elle se tourna alors vers Vladimir. Ce dernier ne frémit pas, lui fit face.

- Inconséquence de ta part ou tu as une doléance pour être encore devant mes yeux ? siffla-t-elle de sa gueule garnie de crocs.

Qu’était-ce que cette chose ? Un mutant ? Un portebrume transformé ? C’était d’une précision, un trait si net. Il sentait l’odeur. Il percevait ce qu’était cette chose d’ici. Il savait d’où elle venait. Il ne pouvait en être autrement. Vladimir observa le guerrier qui venait de se faire humilier. Il était à terre, ne bougeait plus. Il n’était pas mort, mais … ce n’était qu’un coup de semonce. Le Docteur carra les épaules et affronta les yeux de la bête. Yu’er s’attendait au pire. Elle grognait de douleur, serrait les dents pour se recomposer. Pourtant, elle n’était pas prête à cela. Le risque en valait la peine.

- J'aimerai discuter, maintenant que mes 'camarades' ont fui. Tu as visiblement accès à des données qui ne devraient pas être ... disponibles. Ni pour personne d'autre que le directoire du Magistère. entama le strigoï, ses manches au-dessus de ses coudes et ses doigts graciles prêts à tout.

- Je comprends je comprends... Je pourrais répondre à tes questions, mais j'imagine que tu cherches à temporiser. Je pourrais y répondre... Peut-être... Si tu m'offres la tête d'un des membres de cette famille protégée par tes comparses. Exception fait de Yu'er puisqu'elle est déja hors d'état de nuire héhé...

Le Docteur haussa un sourcil. C’était … si facile ? Il plissa les yeux, observa Geralt. Puis Yu’er. Un sourire en coin s’épancha sur ses traits. Quelque chose commençait à se former dans son esprit. Une idée, une impression. Un sentiment qu’il n’avait pas … ressenti depuis bien longtemps. Le frisson parcourut son échine tandis que son regard se fit un peu plus mauvais qu’à l’accoutumée.

- Temporiser ? Ne m'insulte pas, Spectre. J'ai déjà montré que je n'avais pas d'intérêt pour ceux-là, ni pour ces jeux. Mais là, là je dois avouer que tu ... et bien tu es bien plus intéressant que je le pensais. C'est de la vraie chair ? Du département des Sciences biologiques ? Bon sang ... et ça se serait passé sous mon nez ? conjectura-t-il, presque prêt à faire un pas de plus.

Il ne jouerait plus, il en avait assez : il l’avait déjà prouvé. Mais les informations qu’avait lâché Marianne sur lui … Il ne pouvait laisser cela passer, il ne pouvait prendre ce risque. Comment cette chose avait pu savoir ? Où se situait la fuite ? Sa place était-elle compromise ?

- Plus d'intérêt ? Le monstre s'approcha quelque peu, surplombant Vladimir de sa hauteur. Tu te penses différent j'imagine. Délié de ce monde, délié des autres. J'avoue être curieux également. Est ce ta nature qui t'as fait perdre ton humanité ou bien n'en avais tu pas depuis le départ ?

L’Opalien inspira. Il leva la tête, observa la créature maintenant qu’elle n’était plus qu’à un bras de lui. Il l’avait approchée bien plus que n’avait pu Geralt. Il avait établi ce qu’aucun n’avait pu faire avant lui : un dialogue. Ces êtres superficiels qui ne pensaient qu’au travers de leur supposé système de valeur, incapables de voir plus loin que leurs besoins. Des primates. Cette chose voulait en savoir plus sur lui. Il l’intriguait. Certes. Elle se sentait du même acabit que lui, de la même essence. Mais elle ne le comprenait pas.

- Non, ils ne servent pas le progrès. Et en effet, je suis différent : tu devrais le savoir. Personne n'avait songé à enfermer une Nebula dans un réceptacle ... non ? expliqua-t-il, dévoilant à demi-mot l’un de ses secrets les plus marquants.

Vladimir soutient les regards, même si son vestige réagit chimiquement en lui envoyant tous les signes du danger. Révéler qu’il était dans cette fabrique depuis le commencement était risqué, d’autant plus avec deux paires d’oreilles indiscrètes. Mais ce point était si … questionnant qu’il ne risquait pas d’être intégré par des profanes. Si la créature était bien ce qu’il pensait, alors elle réagirait.

- L'humanité est un frein. Je l'ai laissée là-bas pour ne pas m'en encombrer. Et toi, Spectre. Pourquoi tout ceci ? Tant d'efforts ... mais je ne comprends pas pourquoi. Tu sais des choses qui pourraient changer la face d'Uhr.


La bête rit légèrement. Elle avait des réactions très humaines pour ce qu’elle était. C’était une création amusante. Une mutation … stimulante.

- La peur de ressentir, la peur d'aimer, la peur de perdre je suppose. Le désir de raison pour garder le contrôle, pour obtenir ce que l'on désire... Voilà ce qui paradoxalement... est profondément humain. lâcha-t-elle en reculant.

Première créature du manoir face à laquelle cette chose reculait. N’en déplaise aux imbéciles dépourvus d’intellect, qui ne possédaient que leurs corps désuets pour faire barrage à l’impensable. Il avait établi un contact. Cette histoire de meurtre passait au second plan, il y avait bien plus à trouver dans cet échange qu’il ne l’aurait cru.

- Mais dis moi. Pourquoi devrais je "changer" la face d'Uhr. Dans ta logique rationaliste ou tout acte doit avoir un sens et une méthode efficace se pose indéniablement la question du pourquoi faire une action. Pourquoi quelque chose devrait changer ? Tu le sais sans doute mieux que moi. Souvent, le progrès ou le changement n'apporte pas que du positif, Opale en est bien la preuve... reprit-elle, ne sachant si elle était curieuse ou taquine. Mais je vois que tu me considères comme un portebrume. Qu'est ce qui te fais dire ça ?

N’avait-elle pas voué son appartenance aux Spectres ? A moins qu’elle ne parle d’un autre lien de filiation ou de subordination ?

- Parce que toi, tu ne me sembles pas l'avoir abandonnée. Qu'il reste quelque chose au fond, de cette humanité. Pour beaucoup, c'est une raison valable. Quant à la question de mon pourquoi : parce que je peux, parce que personne ne l'a fait. Parce que je veux savoir quelles sont les limites de ce monde : n'en es-tu pas curieux ? Comment le deviner si personne n'ose essayer ?

Vladimir s'arrêta, songeur. C'était en réalité une bonne question, mais l'éthique ne semblait pas un frein pour lui. Pas pour le Magistère. Qui en doutait ? L’échange commençait à durer, à tourner autour du pot. Les minutes s’égrenaient, les jambes de Yu’er repoussaient.

- Il y a beaucoup de possibilités sur ce que tu es. Mais un Spectre, ça je le pense. Portebrume, j'en doute. Mutant, pourquoi pas. Mais cela n'explique pas ce que tu sais, ni comment : peu importe qui tu es, d'où tu viens et à quelle fin. Tu sais des choses. Beaucoup de choses. C'est cela qui m'intéresse. Vois-tu, Spectre, là est la beauté de l'inhumanité.

- Je le conçois et je le comprends. Après tout nous appartenons au même monde. Néanmoins il n'y a d'inhumanité nulle part. L'immoralité elle même est le fruit de l'humanité. Il n'y a bien que l'amoralité qui pourrait s'en exclure. Néanmoins l'amoralité est incompatible avec le fait de penser et d'avoir conscience de soi. Dès lors que l'on est, nous devenons par essence des êtres moraux. reprit la créature, traduisant un niveau d’érudition propre à pousser le Docteur à la préférer à ses comparses.

Elle était érudite, proposait des analyses de concepts trop complexes pour être ignorés par un homme de science tel que lui.

- Pour le reste, des informations que tu as, il semble évident que je viens moi même du magistère, en l'occurrence du même département que le tiens. J'y ai passé longtemps après tout. Bien que nos intérêts divergent. Je n'ai aucun intérêt pour ce monde, seul l'Homme, l'Être m'intéresse. Ainsi, si tu te poses des questions existentielles, sache que la technologie et la physique ne m'intéressent pas, seule la biologie et son versant spirituel à travers l'esprit et l'âme ont mes faveurs.

Département du Myste ? Un Spectre sur lequel il avait lui-même expérimenté ? Non, cette chose lui aurait voué de la haine autrement. Mais c’était comme si … la recherche de cette créature complétait la sienne. Sauf qu’elle n’était pas assez érudite pour comprendre que les deux se rejoignaient. Il ne comprenait pas comment il avait percé le mystère de l’âme … pour transcender la technologie. Il se tuait à le répéter : tout prenait racine dans les Limbes. Son propre mystère, la raison de son existence. Les Spectres.

- Oui, je l'avais bien compris ainsi. Cela n'en reste pas moins intéressant. T'as-ton laissé échapper à dessein ? lui demanda-t-il, direct. Il y a beaucoup à comprendre sur l'Homme aussi, mais cela n'est pas mon intérêt. Est-ce pour cela que tu testes les limites ? Que tu cherches les inflexions de l'Esprit et de l'attachement ? Nous pourrions débattre longtemps, mais je crains que nos champs d'intérêt soient radicalement différents ...

Ah, les sciences sociales ... mais encore une fois il cherchait autre chose que les simples mots. Il était presque amusant de voir qu’ils étaient si semblables. Un confrère échappé ? Excommunié ?

- Quelle expérience essaie-tu donc de parachever ici ? Hm. Les mises en scène pour déguiser le mode opératoire ? Voir jusqu'où l'Homme peut aller et à quel point sa psyché peut se tordre ?
Vladimir marqua un temps de pause. Je retire ce que j'ai dit. C'est intéressant. Quelles ont été tes découvertes ?

Il fallait aller chercher là où il aurait le plus de chance d’apprendre des informations supplémentaires. Il le savait, il était pareil. Comment amener un scientifique à se livrer ? Comment amener un homme de pure science à se perdre ? Le temps avançait, et les pions se mettaient en place. Il savait que les autres n’en resteraient pas là. Il les percevait ramper au-delà de son champ de perception. Il en frissonnait.

- Oh non, loin de là... Je ne suis pas aussi sadique au point de me complaire dans la souffrance d'autrui. Je cherche tout simplement à parachever ma méthodologie. J'ai tout ce qu'il faut pour ce qui concerne le corps. Mais comment peut-on observer de manière scientifique une âme. Les sciences sociales ont leur intérêt, mais un empirisme fondé sur l'Homme n'a pas d'intérêt à mes yeux. L'existence des spectres prouvent qu'il existe une âme qui se dissocie du corps. Mais pourquoi certains pouvoirs se transfèrent par le biais de l'esprit, tandis que d'autres se transfèrent par le biais du corps. Quel est le lien entre le corps et l'esprit. Qui préexiste à qui ? Ce sont des questions existentielles. Qu'est que nous sommes en clair. lui demanda-t-elle, bien que ce fut une question rhétorique.

Une question si évidente, mais un mode opératoire … qui laissait le scientifique perplexe. Cela prenait de plus en plus la tournure d’une conversation entre confrères. Car à la question de la créature, il avait une réponse.

- Mais comment étudier une âme ? Quelque chose d'immatériel. Il y a bien le spiritisme à travers une utilisation complexe, l'hypersensibilité également. Mais ça reste imparfait. Je cherche à créer des outils de mesure et des ordres grandeurs liés à l'aspect métaphysique de l'être humain. Pour cela il me faut tester des situations caricaturales qui encouragent à ressentir de puissantes émotions et à utiliser des pouvoirs. Peur, doute, attachement, pitié. Tout a été fait pour que chacun des membres de cette petite aventure ressente un panel d'émotion varié. continua la chose, toujours aussi volubile.

- Mais il faut un contexte pour que les choses soient sincères. Et les biais cognitifs m'arrangeaient. Les gens ont une facilité à prendre au sérieux les scénarios où ils sont face à un tueur fou. La folie justifie bien des choses pour le grand monde, car il est difficile d'accepter que l'horreur puisse être fait de manière rationnelle et réfléchie. Ne considère-t-on pas nos dirigeants les plus sanglants comme fou ? poursuivit-elle en se livrant, elle haussa les épaules.

Le Docteur opina du chef.

- Je vois. Je vois ce que tu cherches à faire. Mais ce que tu proposes n’offre aucun outil, aucune échelle. L’environnement n’est pas contrôlé et les biais externes viennent parasiter les conjectures possibles. Vois-tu : il existe une façon de mesurer une âme. Tu devrais le savoir, si tu étais là lors des expériences du Dr Kotveik. Il y a vingt-quatre ans … lui répondit-il, les bras croisés. Il est dommage que nous nous soyons rencontrés ainsi : j’aurai pu t’éviter des erreurs et t’apporter des réponses à tes questions. Tout comme il serait appréciable de se rencontrer en face. Car je gage que pour la suite, les autres te laissent agir comme tu l’entends. C’est le problème lorsque tu agis en environnement peu contrôlé. Pourquoi avoir pris tant de risques ? Si tu échoues, personne ne pourra poursuivre tes recherches.

Vladimir haussa les épaules. Cela faisait un long moment qu’ils discutaient à présent.

- Les Limbes contiennent la réponse à tes questions. Je peux te montrer comment y accéder. Tu y verras le poids de l’âme et la puissance de l’Esprit. Sans artifices. Toutes ces émotions, tous ces égarements … tout cela et plus encore.

Résumé:
Ven 26 Jan - 21:46

Ernesto le lourdeau

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad




La soif de combat de cet homme était telle qu’elle lui coûtera probablement la vie. Un jour. Maintenant qu’il avait toute l’attention du chevalier, il lui fallait un certain courage pour assumer son impulsivité et gérer le combat. Défiant son adversaire de sa longue épée, il lut sur ses traits un mauvais sourire, qu’il comprit quand il vit la lame se liquéfier. La mine atterrée, l’assassin comprit avec logique que cette lame était aussi une pure création. Quelle déception ! pensa-t-il. Il ne se découragea pas pour autant et dégaina ses deux dagues. Les faibles lueurs lumineuses tenues par les quelques bougies encore debout permirent de voir ce sourire machiavélique sur ce visage jugé angélique quelques instants plus tôt. Les muscles de ses jambes se contractèrent, puis il bondit comme un félin en direction de sa proie, à toute vitesse. Dans ses déplacements, Azur surpassait son adversaire, mais ses coups n’étaient pas d’une grande efficacité, puisque le chevalier récupérait aussitôt.

« Tu dois forcément avoir un cœur. Un noyau. », souffla l’assassin pour lui-même.

S’en suivit une offensive du dark night que l’assassin tenta tant bien que mal d’esquiver, plongé dans ses réflexions. Et l’éclair survint. Une idée. Il se figea et écarquilla les yeux tant elle était évidente. Pendant ce temps, la lame de l’ennemi s’approchait à toute allure en direction de son visage. Pointant son doigt vers celle-ci, le temps se figea et l’arme toucha le doigt du blondinet. L’instant suivant, l’apprenti sorcier courut bien trop rapidement et découpa tout ce qu’il pouvait découper. Il sautait et coupait. Il courait et coupait. Tout y passait. Chaque portion du grand chevalier finissait hachée menue. Puis l’explosion. Seul point négatif : le blondinet fut teinté d’encre et cela ternissait sa belle chevelure.

« Une bonne chose de faite. », dit-il en tentant de se retirer l’encre sur lui.

Alors, le petit Ernesto révéla sa véritable nature, un énorme et horrible monstre que l’on ne pouvait réellement décrire. Impressionnant, pensa l’assassin face à cette grotesque transformation. L’homme-lige tenait à faire le point sur les démarches à suivre. Quelle était sa mission initiale ? Enquêter, comprendre ce qu’il se tramait, arrêter les agissements criminels du tueur en série. Si tout n’était vraiment clair, sa mission demeurait la même, à savoir d’appréhender cette chose dangereuse. Il fallait d’abord tester un peu les capacités de cette monstruosité. Et le jeune homme allait bien évidemment regretter cette phase de test. Lorsqu’il s’élança à toute vitesse pour l’abattre, le blondinet fut bien accueilli. Ernesto le saisit, et là, ce fut la tornade de mandales. De toute sa vie, jamais l’assassin n’avait pris une telle déculottée. Quand le monstre se lassa de son jouet, il le jeta le sur le côté et s’occupa ensuite de Vladimir.

Allongé au sol, inerte, l’assassin royal inspirait et expirait de toutes ses forces, recherchant désespérément de l’air. Un peu plus loin, il entendait partiellement les deux hommes discuter pas nécessairement intéressantes. Au fond de lui, il espérait voir Vladimir tenir la discussion le plus longtemps possible. C’était long, mais sa respiration ralentissait peu à peu, son énergie revenait progressivement. Il commença par toucher son visage, enflé. Son adversaire, même s’il l’avait épargné, ne l’avait pas épargné. Il avait cet horrible sentiment de s’être fait rosser par son aîné. Les chandelles et le bougies ne fonctionnaient plus, la pièce quasiment plongée dans l’ombre. Parfait, songea le gamin avant de disparaître dans les ténèbres.

Lorsqu’il réapparut, il saisit rapidement la queue de son adversaire, le fit tournoyer pour le projeter contre le mur. Hélas, le scélérat parvint à freiner son envol à l’aide de puissante queue. Tandis qu’Azur se dématérialisait, une attaque l’atteignit au niveau du bras avant de plonger dans les ténèbres. Néanmoins, cette attaque te permit de comprendre que cette queue avait une particularité et ressemblait davantage à une moelle épinière que réellement à une queue. D’une feinte maladroite pour attirer le regard de la bête, Azur sortit des ténèbres pour sectionner ce qu’il pensait être la moelle épinière. Et il y parvint, le bougre ! Mais quelle ne fut pas sa désillusion quand il vit le bout sectionné se resouder au corps principal. Le tout fut ensuite renforcé.

« Mec, tu triches. »

Disparition. Et cette fois-ci, l’assassin ne revint pas. Il devait panser sa plaie et songer à une stratégie. La moelle épinière n’était finalement pas le point faible. L’énergie venait d’ailleurs. Quelques observations lui seraient nécessaires. Ernesto avait renforcé sa queue, délaissant forcément autre chose en contrepartie. Bonne ou mauvaise idée de sa part, il était trop tôt pour affirmer quoi que ce soit. Tapis dans l’ombre, tu observais chaque déplacement, chaque détail qui pouvait t’aiguiller. Mais ton adversaire devait savoir que le danger planait au-dessus de sa tête.

« Je suis toujours là, mon petit Ernesto. »



Sam 27 Jan - 0:29

L'inflation tout ça...

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Arrivant presque à son terme, l’histoire commune qui vivait ce groupe se divisait de nouveaux. Ceux qui avaient décidé de revenir à la surface, ceux qui ont contraire, peu importe leurs raisons, avaient décidé de rester dans les profondeurs.

BRANCHE VLADIMIR - AZUR

Le moins qu’on pouvait dire, c’était que pour la première fois depuis le début de cette soirée, le tueur sans nom était quelque peu embêté par la situation. En soit, il ne craignait fondamentalement pas grand-chose tant qu’il ne tentait rien d’extravagant, en revanche Azur par sa simple existence restreignait en grande majorité ses mouvements, et notamment la capacité qu’il avait à pouvoir suivre ceux qui avaient décidé de fuir.

Lorsqu’avait été sectionné la moelle épinière plantée dans le sol, il avait perdu le contrôle de ce corps. S’éloigner reviendrait à laisser sans protection le lien entre ce corps et sa conscience. Problématique. D’autant plus que ce problème était insoluble au vu des capacités de l’assassin. Sa dématérialisation, tout comme son invisibilité, était gênante.

Hum… les organes de ce corps ne sont pas adaptés pour ce type d’adversaire…

Il commença à sourire.

Félicitations xandrien… Je dois dire que tu sais jouer à merveille le rôle auquel tu te destines…

Il n’était pas dupe vis à vis des provocations de l’assassin, néanmoins il se devait d’agir d’une certaine manière, c’est à dire totalement imprévisible tant son style était unique au monde.

Il tourna un instant, une partie de ses yeux vers Vladimir scrutant rapidement les réactions de ce dernier pour voir ce qu’il faisait. Il savait bien que ce spectre était différent du reste du groupe et qu’il était apte à faire des choix en toute indépendance si jamais les bons arguments étaient mis sur la table comme une autre personne. Néanmoins, il ne pouvait être sûr de rien en l’état actuel des choses. Rien n’était plus incertain que l’être et ses intentions.

Sans rien dire de plus, une partie de ses tentacules foncèrent sur Yu’er la plantant de toute part avant de la traîner rapidement vers lui. Celles-ci brûlaient et fondaient à cause du magma mais pas suffisamment rapidement pour qu’elle puisse être libre.

Lache moi !

Je crains que ce ne soit pas possible demoiselle…

Une fois à portée, il planta un de ses bras dans son corps. La soldate comprenant ce qu’il tentait de faire essaya de se débattre mais il était trop tard. Une main calcinée et à moitié fondue sortait de son organisme avec dans ses mains un cristal rougeoyant. Le corps de la xandrienne redevient alors immédiatement humain. Coupée en deux, Vladimir et Azur ne pouvaient que la voir mourir douloureusement le temps que son cerveau meurt, ses organes coulant au sol lentement.

Le monstre ne lâchant pas son sourire, attrapa alors le demi cadavre de Yu’e d’un de ses bras encore indemne.

Gaspiller c’est mal…

Une partie du corps du monstre commença alors à s’ouvrir quelque peu, laissant transparaître sa chair ainsi qu’une partie de cette fameuse moelle épinière, des terminaisons nerveuses commençant à en sortir pour entrer dans le cadavre incomplet de la jeune femme qui se greffait à l’amas de chair déja composée d’une horreur innommable et d’Ernesto. Le monstre venait de gagner deux bras de plus… et une tête…

Pendant quelques secondes, le cadavre de Yu’er fut envahi par de multiples spasmes avant que la demoiselle ouvrit les yeux avec une expression faciale en tout point similaire à celles qu'affichent Ernet et Marianne.

La pseudo Yu’er se redressa alors, balançant d’un geste du bras ses cheveux en arrière avant de croiser le regard du pseudo Ernest.

Mmm… Pas mal… J’aime bien ce corps… peut être que je devrais repartir avec celui ci…

Avec les bras d’Ernest, il prit dans ses mains le visage de Yu’er et l’embrassa sur les lèvres.

Elle a une bonne plastique… Ça peut être utile…

Enfin… Il y avait déjà d’autres choses à régler.

Ernest se redressa, évaluant un instant la position de Marianne avant de lever le bras, une sphère de magma se matérialisa au-dessus de lui.

Petit fantôme… J’espère que ton cristal est purifié.

Le magma devint incandescent supprimant ainsi une bonne partie de l’ombre présent dans la pièce.

Pendant qu’Ernest restait focalisé sur le magma. Yu’er se tourna vers Vladimir.

Professeur. Si vous n’avez aucune intention de m’affronter et de mourir ici, je ne saurais trop vous conseiller de reculer.

Quelques secondes après. Une pluie de lave frappa la pièce entière, évitant uniquement le monstre et Marianne. Face aux variations de lumière produites, les ombres où se cacher en étaient durablement affectées. Et dieu sait qu’Azur aurait besoin d’aller vite pour ne pas connaître la douleur qu’était de toucher de la roche en fusion.

BRANCHE KESHA ET LAN-LAN

Tandis que la noble et le gueux réfléchissaient à quoi faire par la suite entre revenir au combat ou bien fuir définitivement pour exfiltra les membres de la famille Lua, le comte lui n’avait pas l’intention de les laisser réfléchir pour lui. Sans demander sans reste, il se présenta à la porte, avant de l’ouvrir pour percuter une personne qui se trouvait derrière.

Cheveux blancs, yeux rouges, cigarette dans le bec. D’un regard neutre et blasé, elle observait silencieusement le comte.

Vous ?... Vous êtes pas morte…

Sans même répondre, la maraudeuse leva le pied avant de lui mettre un coup d’une force si surnaturelle, qu’elle le projeta à l’autre bout de la pièce, lui brisant deux côtes au passage.

Bouge de là et t’approche pas de moi.

Le comte, plié en deux, tenta péniblement de répondre.

Pourquoi ? En bas…

Ouais j’sais mais c’est pas mon problème.

Les maraudeurs s’ils avaient la réputation d’être les plus efficaces des mercenaires avaient aussi la réputation d’être des gens traîtres, déloyaux et qui n'hésitaient pas à retourner leurs vestes quand ils le voulaient. Violette n’était pas une exception à ce qu’était la nature de sa guilde.

J’crois que t’as un peu sous-estimé le prix de la mission nan ? Si tu veux une prestation va falloir penser à revoir la prime. En attendant j’suis une grande justicière et si rien n’est fait mon devoir et mon amour pour Xandrie m’oblige à t’arrêter pour meurtre.

Elle souriait de manière malsaine et ironique pour sa dernière phrase. A ce stade pour qui connaissait bien le milieu, ce qui se passait était évident. Initialement la maraudeuse avait accepté le contrat du comte mais… elle avait de toute évidence reçu une contre-proposition du tueur. Si jamais le comte voulait s’éviter un adversaire supplémentaire, il allait devoir faire une contre-proposition à la contre-proposition.

Quoi ? Je n’ai rien fait !

Hééé… T’es sûr de ça ? Mmmm alala je suis assailli par le doute. Je dois réfléchir.

Elle dégaina son épée, faisant un geste en l’air qui provoqua une bourrasque qui fendit le sol en sol à 5m, marquant une ligne.

Laissez-moi le temps. Vous êtes dangereux, donc si vous dépassez cette ligne je devrais me défendre contre votre tentative de meurtre à mon encontre.

Du théâtre pour des raisons purement juridiques. Le comte avait deux choix, la payer pour qu’elle trahisse une seconde fois quelqu’un cette nuit ou bien attendre que le tueur vienne le voir.

Lun 29 Jan - 11:24

Dame de trèfle, dame de pic, joker et rois

Echec et mat


A si peu de choses près.

Son plan était presque parfait. Assurer ses arrières, apparaître comme la douce noble en quête de rédemption, parvenant à éviter à ses voisins pourtant pêcheurs parmis les pêcheurs de rencontrer un sort funeste. D’intriguante, elle devenait bienveillante, déjouant tous les soupçons, resserrant les liens - sans pour autant négliger la justice. Contrairement aux autres, elle avait gros à jouer - et plus à perdre qu’à gagner dans cette entreprise. Elle jouait à domicile, ce soir, et il en allait de l’avenir de sa lignée d’être une sainte plutôt qu’un diable - les apparences sont trompeuses pour ceux qui s’admirent un peu trop devant le miroir, mais c’était bien la carte des bienfaiteurs qu’elle devait abattre, au risque que son égo et ses impulsions ne brûlent toute leur couverture. La vipère en elle criait famine, mais elle devait malgré tout sauver les apparences. N’était-elle pas, ce soir, la douce voisine venue aider par altruisme une pauvre famille dans la détresse?

Doux, personne ne l’était. Pas même Keshâ dont elle soignait encore la blessure. Il aurait besoin de repos, c’est certain, mais elle avait au moins pû lui apporter un peu de vigueur. Jeune homme troublé, désabusé, les pensées comme des vagues tempétueuses qui s’écrasaient sur une plage morcelée. En qui avoir confiance? Sur quelle épaule se reposer? Il a de la ressource, des armes insoupçonnées - jeune, fougueux, un rien naïf, mais pour l’instant, c’était une pierre coupante et brute qui ne demandait qu’à être polie. Un couteau qu’il fallait simplement savoir manier… En fixant la blessure, elle regardait ailleurs, l’intriguante. Sur quel bouton appuyer, quels mots utiliser, comment mieux le convaincre. Depuis le début de la soirée, il était allé de déception en déception, perdant de sa superbe, fringant dans ses atours de nobles qui s’ignore encore quand elle l’avait croisé sur le pas de la porte.
Il n’avait fait qu’avaler des couleuvres depuis le début de la soirée. Et se raccrocher à une corde: sauver au moins ceux qu’il considérait innocent de tous les monstres qui rôdaient dans ce manoir. Autant dire tout le monde. Un brin d’espoir qu’elle avait ravivé elle-même en permettant à l’essentiel des Xi de revoir le rez-de-chaussée.

Elle le sentait; c’était une alliance précaire, et bien qu’elle ne pouvait pas prétendre l’avoir pleinement amadoué, elle pouvait sentir un rien de confiance. Elle comptait bien le garder sous la main pour abattre qui que… Quoi que ce soit qu’il y ait à la cave. Aussi, ce statut quo lui allait suffisamment. En quelque mot, elle lui expliqua ce qu’elle comptait faire: remonter chercher deux trois bricoles, assez pour redescendre et au moins handicaper leur assaillant. La remontrance du jeune homme pour leur camarade était palpable, un rien et il les abandonnerait à leur sort. Aussi préféra-t-elle se concentrer sur leur ennemi commun plutôt que sur le semblant de solidarité qui existait entre eux. Un bien grand mot qui englobait tant les faux semblants que l’instinct de survie.

Mais le comte… Ce fichu comte qui ne devait penser qu’à sa petite personne, et qui n’avait de vertueux que l’image qu’il avait de lui-même, s’empressa de les devancer, de foncer lui-même pour tenter d’échapper à quoi, la justice? Il l’avait bien mérité, le minimum aurait été de ne pas choisir la fuite; Il n’était en rien le pauvre lapin face au loup. Le loup, il l’avait charmé, invité chez lui, payé pour supprimer l’engeance de celle qui partageait sa couche et à qui il avait donné un autre enfant. C’était une ordure, de la plus basse espèce.

Croyez-vous aux histoires de fantômes? Vous feriez bien. Blanche comme la nuit, c’est bien un fantôme qui les attendait. Un fantôme aux yeux rouges, aux cheveux blancs, et à l’addiction marquée pour la nicotine. Elle n’osait pas encore imaginer le visage de Keshâ en découvrant celle qu’il semblait déjà affectionner. Violette, en chair et en os, cette fois-ci… C’était bien sa veine. Elle n’aspirait qu’à remettre dans le droit chemin l’équipe des bas-fonds… Bien. Deux cailloux dans sa chaussure, il suffit de les jeter.

°Invisibilité et improbables stratégies°. La voix de Keshâ raisonna dans son esprit, une mise en garde de l'acabit de la dame qui suçotait sa clope. Encore mieux. Maintenant, elle avait presque la confirmation qu’il s’agissait d’une fine lame, et d’un adversaire qu’il valait mieux avoir de son côté qu’en face. Elle raya définitivement la possibilité d’aller au combat - de toutes façons, elle ne comptait en rien s’y frotter. Trop d’effort, peu de rendement, et pour un idiot de comte qui s’aimait plus que sa famille: le bon choix était de le laisser à son sort. °Pistolets°. Hum… Donc fine gâchette plutôt que fine lame.

Mademoiselle, pourrais-je savoir ce que cette monstruosité vous paye pour ainsi virer de bord?” Lan-Lan s’était avancée à leur hauteur, et ignorait complètement le comte qui lui lançait des œillades appuyées. Reste à ta place, pourceau. Je n’ai que faire de ton sort, je ne le fais pas pour toi. “Tout s’achète, dans ce bas monde. Et heureusement, j’ai de quoi vous faire changer d’avis de nouveau…Au lieu de ces hommes, travaillez pour moi.” Son visage d’ange rayonnait des lueurs dorés des astras, elle était assise sur des sommes considérables par sa guilde et sa famille. Si la maraudeuse était bien renseignée, elle saurait qu’elle était sincère.

La maraudeuse eut l’air de réfléchir intensément, prise dans un faux dépourvu - elle aimait déjà le personnage; intéressée, ignoble. Elle avait également intérêt à être efficace. Et quand la semonce tomba, Lan-Lan leva simplement un sourcil. “A ce prix, j’espère pour vous que vous les valez.” Dit-elle simplement en levant la main. “Bien! Bienvenue à mon service. Seulement, n’attendez pas à être payée avant que le contrat ne soit rempli: le tueur devra rendre l’âme ce soir, par votre main ou l’une d’entre nous, je m’en fiche. Pourvu qu’on réussisse. Vous serez payée à ce moment là.

Avancer l’argent après: voilà la vrai valeur des monétaristes. Donnant, donnant. Hmpf, c’était tout de même un prix, mais les gros titres des gazettes leur rendront bien. C’était suffisant pour elle: elle attira Violette dans sa suite pour lui raconter leurs aventures en détail, espérant nourrir sa nouvelle arme d’assez d’info pour qu’elle rattrape son retard. En chemin vers les étages, elle avait une cible: ses effets. “Keshâ, je vous ramène quelque chose? Tant que j’y suis.” Elle ignorait encore les intentions du jeune homme, si elle avait pu le galvaniser et le compter parmi ses troupes. Quelque chose lui disait qu’il n’en avait pas fini avec cette famille, surtout avec un père aussi rustre. “Je vous confie les Xi jusqu’à notre retour.”

Une énième façon de lui donner les responsabilités - pendant ce temps, elle termina de renseigner la femme de main, récupérant au passage son lance-flamme et quelques fioles. Prochaine étape: la cave.
Celle-ci se découpait assez rapidement sur la ligne de son horizon. Avec elle, d’obscurs cris provenant des profondeurs du bâtiment. Pense, Lan-Lan, réfléchit… Tu as tant d’armes à ta disposition. Tant d’armes… Mais bien sûr! Elle retrouva Huang sur le chemin, fidèle assistant qui avait accompli sa basse besogne pour Vladimir - elle était curieusement satisfaite de la retrouver en vie, comme si elle avait pensé un instant que le docteur l’aurait sacrifié sans vergogne. C’était sans doute le cas… Seulement, il n’avait pas dû en avoir l’occasion. Mon ami, tu as encore du travail.
Et dans un cadre des plus… Sulfureux. A son horreur, la topologie de la cave avait changé: Yu’er avait été intégrée, à première vue, à ce qui ressemblait maintenant à un amalgame de chair, d’organes, de membres, une monstruosité innommable qui aurait fait frémir n’importe quelle coeur sensible. “Ecoeurant…” Souffla-t-elle. Et autour de lui, de la lave, de la lave à foison, des gerbes rouges qui recouvraient tous les murs. Azur semblait avoir complètement disparu - brûlé vif? Non, Monsieur du Dains; Certainement pas. Il vous est interdit d’expirer maintenant, pas avant la grande envolée lyrique qui clôturerait ce conte.

Mais la princesse avait sa cible; Huang, tu seras l’extension de mon bras; immédiatement, elle somma le reptile d’aller lui récupérer une des deux armes utilisées par Ernest et gisant au sol, heureusement épargnée par la lave. Sur son canon, le nascent d’explosion brillait faiblement. Huang était un serpent de confiance, en trois gestes il attrapa dans ses pattes l’arme pour la déposer dans sa paume. Huang, tu mérites bien une ribambelle des viandes les plus fines de Xandrie une fois que la nuit serait finie.

A terre, tous.” Lan-Lan, son oeil vibrant, braqua l’arme sur le monstre. Et fit feu.

Une grande cavalcade de sang, de feu: dans l’explosion, le torse du tueur fut exposé, révélant en dessous un trou béant et des chairs exposées. Mais cela ne semblait rien lui faire, pas même le ralentir. Déjà, des bras repoussaient sur les côtés de sa blessure. Merde. D’un autre geste, elle frappa une de ses deux bouteilles, faufilant son doigt dans l’ouverture pour changer le vin en… Paralysant. Jésus de voiles obscures, l’alchimiste avait fait son affaire, lançant dans la plaie une bouteille pleine de ce liquide clair qui eut rapidement fait de le ralentir. Encore un petit effort, habile troupe. Un petit et il serait achevé…
Alors que Huang s’enroulait autour de son cou, Violette arrivait à sa hauteur.

"Il m'a déja fait le coup une fois. C'est un pantin. Ça ne sert à rien de frapper dedans. C'est une combinaison parfaite qui renaîtra toujours tant que son auteur a de l'énergie. Tranchez le, il se soignera, tranchez la moelle, elle se reconnectera. C'est comme pour les malédictions, tant que la source n'est pas atteinte, il continuera en boucle."

Fine gâchette, et fine informatrice. Un large sourire acide s’étira sur le visage de poupée de la fille Fà. Tous les pions étaient en place - Tour, Fou, Cavalier, Reine, Roi. L’heure de l’échec et mat approchait, un dernier effort était requis… Discrètement, elle regarda son nouveau jouet. Il ne restait que trois balles… À utiliser habilement. Son oeil vint caresser du bout des yeux le deuxième nascent. Peut-être que son rôle allait venir, finalement…?


Résumons:
Sam 17 Fév - 12:37
Les échanges étaient devenus intéressants, très intéressants. Suffisamment pour que le scientifique puisse espérer en tirer quelque chose. Il n’avait pas pour dessein de faire de lui un allié à part égale, bien entendu : cette chose était un monstre. Mais il possédait des savoirs qui seraient utiles. Son esprit imaginait une cage assez solide pour le contenir. Il approchait peu à peu de la vérité concernant cet être : c’était un Spectre. Bien entendu, mais un Spectre de Portebrume. Un mélange intéressant qu’il avait déjà réussi à théoriser plusieurs fois. Il ne pensait pas avoir participé à la création de celui-là, bien trop éloigné de son secteur. Mais il le connaissait assez pour avoir appris son secret. C’était dangereux, trop dangereux pour qu’il vive en dehors de son propre contrôle. Il sentait un vice chez cette chose dénuée de toute éthique. Une facette commune qu’il espérait pouvoir manipuler.

Geralt était à la fois une plaie et d’une grande aide. L’individu révélait son jeu petit à petit, faisant passer cette incarnation pour une mauvaise blague. Des talents qu’il avait pu déceler chez certains tartares, agrémentés de pouvoirs qui n’étaient pas dotés à tous. Encore un qui cachait son jeu. Mais par ses actions il mettait peu à peu à jour les talents cachés de la création. En pleine discussion, il était réapparu pour sectionner la queue de la chose qui cessa de fonctionner pendant quelques secondes. Avant que le membre ne se rattache à elle. Un sourire amusé s’esquissa sur les lèvres fines du strigoï.

La créature reprit son mouvement et darda sa dizaine d’yeux sur Vladimir qui, pour toute réponse à la question muette, croisa les bras, sa sacoche à ses pieds. Les tentacules du Spectre le frôlèrent avant d’aller s’enfoncer dans le corps magmatique de Yu’er. Le Docteur s’écarta de quelques pas, sa sacoche en main. Il n’en devinait qu’aisément l’issue : il aurait voulu la même chose à sa place. Il fouilla dans sa sacoche, profita de l’instant occupé de leur tortionnaire. Il ne frémit pas lorsqu’il en tira le cristal et condamna la jeune héritière à mourir dans une flaque de sang et de tripes. Il ne ressentit que la faim à l’odeur du sang qui s’épanchait. Noir et visqueux. Il s’immisça entre les planches imparfaites de la pièce. Mais la suite le fascina particulièrement. Un usage biologique d’un pouvoir méconnu qui lui ouvrit l’esprit sur de nouvelles perspectives expérimentales. Une chimère … parfaite ?

- Que c’est grossier … murmura-t-il, lorsque les lèvres d’Ernesto touchèrent celles de la jeune femme.

Il secoua la tête et recula encore un peu, jusqu’à ce que la chose de l’interpelle. Il ne savait à quel jeu il jouait, vraisemblablement quelque chose de subtil pour débusquer Geralt et le mettre à mal. Il prit note de son avertissement et n’eut que le temps de se protéger derrière une colonne. Plus le temps s’écoulait, plus le retour à la discussion semblait compromis. La température grimpa en flèche, le corps du Strigoï ne relâcha aucune goutte d’eau. Quelques pans de sa peau de parchemins semblaient rougir un peu, peu habituée à pareil traitement. Il soupira lorsque Lan-lan fit son entrée, suivie de Violette : la vraie ? Vladimir plissa les yeux. Elle semblait connaître cet individu. Le vent tournerait-il ?

- Yu’Er est morte. Il a le cristal. leur annonça-t-il, sa main dans son sac. Il ne paraissait pas attristé le moins du monde par cette nouvelle.

Le fougueux et suicidaire Keshô en profita pour faire son retour, dans un geste coordonné avec Lan-Lan. Cette dernière avait récupéré une arme avec son maudit dragonnet et avait ouvert le feu, tout en aspergeant la créature d’une dose de substance encore trafiquée. La bête s’était arrêtée quelques secondes, donnant le temps à la gargouille du jeune homme de se jeter sur elle et l’éviscérer avec une rage décuplée. Le Docteur serra les dents. Le temps était venu de faire un choix.

- Violette. Vous semblez le connaître. Qui est-il ? Comment l’avez-vous connu ? la questionna-t-il, une paire de lunettes dans ses mains.

L’Opalin fixa les lunettes sur son crâne et les resserra. Elles étaient larges et couvraient ses yeux en des globes similaires au faciès d’une chouette.

- J’en sais rien et c’est pas mon problème. C'est un client, mais j’suis pas payée pour raconter ma vie. Je sais juste c'est que c'est un Portebrume avec une Nebula chimère parce qu'il m’a a brisé les ovaires car j’en ai une aussi.

Il secoua la tête, la gamine était toujours aussi vulgaire.

- Donc ce corps est son vrai corps ? continua-t-il, tout en ajustant les lunettes sur ses yeux.

- Aucune idée. Je l’ai jamais vu comme ça en tout cas.

Vladimir opina du chef. Il avisa la créature qui commençait à partir en lambeaux sous les coups répétés de la chimère. Il écarta les pans de sa sacoche et enfonça ses deux mains dedans. Il raidit son dos et en tira une machine imposante, bien trop grosse pour être contenue dans la besace. Il passa ce qui ressemblait être un canon en bandoulière sur son épaule et accrocha le dispositif de ses deux mains. Il fit glisser le canon au-dessus d’une flaque de magma et une flammèche s’alluma à son bout. Le Spectre actionna la gâchette et un bruit de succion se fit entendre.

- Désolé, mon ami. Mais vous savez : le vent. murmura-t-il à l’attention de la jambe qui demeurait encore debout, à observer la chimère.

Puis il actionna le Lance-Flamme et un épais nuage de flammes engloba les chaires de la créature qui se rétractèrent au contact de la chaleur pour noircir en quelques secondes à peine. La chimère impliquait de la matière vivante, malléable. Il fallait le forcer à changer de stratégie. Il purgea la salle et coupa son engin qui s’épuisa dans un sifflement strident. Ne restait plus qu’un tas carbonisé. Le silence s’étira. Ce n’était pas fini. La lave ne se solidifiait pas et un trou demeurait là où la jambe s’était retrouvée plantée dans le sol.

- Keshô, creusez par là. Où il s’est enfui : nous n’avons pas eu le cœur. ordonna-t-il au jeune homme, sans se rendre compte qu’il écorchait continuellement son nom.

Un bras s’échappa alors de l’endroit pour essayer de s’emparer de la créature de Keshâ’rem : le tueur se dissimulait dans le vide sanitaire. Vladimir le laissa se débrouiller : il y avait plus grave qu’un tour de cache-cache pour l’instant. Il s’avança vers les morceaux calcinés et entreprit de les terminer pour y chercher les cristaux mais il aurait été surprenant de les y trouver. Une fumée noire commença à remonter le long des murs et à garnir le plafond de la pièce. Le Docteur tourna sur lui-même puis lâcha sa gâchette, percevant les yeux calmes de Marianne. Ils se toisèrent, tandis que les autres s’occupaient de trouver un lien avec les corps caché dans le vide sanitaire.

Le sol trembla. Le Docteur écarta les pieds et perçu les dalles frémir sous son poids plume. De minces rais orangés saillirent des jointures. Vladimir redressa la tête lorsqu’un coup de feu retentit derrière lui pour aller faire voler en éclat le crâne de Marianne. Il assista, comme il s’en doutait, à une utilisation similaire aux pouvoirs de Yu’er. Cette dernière reconstitua sa tête dans un mélange de fragments magmatiques. Puis, sans que Vladimir ne perçoive comment – bien qu’il se doutât du pouvoir d’autodestruction donné par le nascent de l’arme – la moitié supérieure du corps de Marianne explosa. Tranchée en deux, elle s’affaissa et la moitié supérieure de son corps roula à terre, nimbée de magma. Les doigts de sa main se desserrèrent pour révéler le cristal magmatique, tandis qu’à terre, sa mâchoire abîmée par le tir de Keshâ laissait apercevoir trois cristaux. Animation, sucroissance et un autre pouvoir qu’ils n’avaient pas encore eu l’occasion de voir ? Si la propriété chimérique était celle du Portebrume, comme le suggérait Violette.

- Ahhh. Hasardeux, improbable... mais soit.... soupira la chose, dépitée.

La lave s’immisça d’un coup dans la pièce et entreprit de les noyer, une rivière les sépara du corps de Marianne. Il était si proche des cristaux … si proche … Il serra les dents, observa autour de lui. Keshâ était occupé auprès du trou, Lan-Lan encore loin avec Violette. Le corps de leur adversaire cherchait à se recomposer à l’aide du magma.

- Geralt, au lieu de vous terrer comme un pleutre, rendez-vous utile et sectionnez moi ces appendices pour rompre le contrôle. Nous savons tous les deux que vous en êtes capable, et que vous nous cachez d'autres tours ...
ordonna Vladimir, avant d’attraper sa besace et d’y renfoncer son lance-flamme et ses lunettes.

Les dalles du sous-sol s’affaissaient mais bien moins sous le poids plume du Strigoï. Il garda sa stabilité, attendant que l’assassin ne se manifeste. Puis, des ombres, il surgit pour sectionner le bras tenant le cristal de Yu’er. L’appendice vola en l’air et le corps de Marianne se matérialisa de nouveau, libéré de tout magma. Un jet de sang macula la pièce et s’orienta pour frapper Geralt dans les jambes, le privant de la suite de ses actions. Le Docteur pesta. Marianne tituba pour aller chercher le cristal : seule garantie de survie pour elle.

- On n’est jamais mieux servi que par soi-même. grommela-t-il, prenant appui sur les dalles branlantes.

Le cristal élémentaire avait glissé hors des doigts inanimés de la main sectionnée et avait rebondi tout proche de Marianne. Ce dernier jeta sa sacoche loin de la lave et d’un bond improbable traversa la lave qui les séparait. Il roula à terre et passa sous la garde de Marianne. Des pics acérés constitués de sang frappèrent la pierre là où il s’était trouvé une fraction de seconde auparavant. Le Docteur se releva dans le même mouvement et se déporta d’un pas sur le côté pour éviter l’attaque suivante de Marianne. Le troisième cristal, le troisième pouvoir ? Cette dernière tenta de nouveau de l’atteindre grâce à son sang, tandis qu’elle s’emparait de son membre sectionné à la recherche du cristal.

- Vous cherchez ceci ? la toisa-t-il, cristal magmatique en main.

Ses prunelles opalines luirent lorsque le cristal s’activa. Un vent chaud s’exhala de lui et il serra le poing. Il leva son autre main et dans un geste de chef d’orchestre, il solidifia toute la lave qui les menaçait. Les dalles cessèrent de trembler, les reliquats mordorés se ternirent. Puis une lueur orangée gagna sa peau et un sourire malsain se glissa sur ses traits.

- J’en déduis que la procédure standard du Magistère de gestion des déchets vous inquiétait, très chère incarnation. Que ce qui se trouvait sous cette salle doit déjà être calciné par la lave depuis la perte de contrôle du cristal. Qu’il ne reste plus que ce corps mutilé, vos trois cristaux et votre Nebula. continua-t-il, des flammes crépitant sur sa peau. Avez-vous une dernière requête à adresser au Magistère ?

Des larmes de magma commencèrent à perler sur sa peau et à creuser des sillons qui le changèrent peu à peu en un être élémentaire à l’instar de Yu’er. Puis il sauta en direction de Marianne, une sorte de lame de magma constituant son bras.

Il ne se passa pourtant rien. Une grêle de billes brûlantes s’abattit sur Marianne qui pu voir le Docteur de retour de l’autre côté de la pièce, ramassant sa sacoche pour y glisser sa main. Il n’était plus recouvert de lave et remontait les escaliers comme si cela ne lui avait pas demandé plus d’effort qu’une banale discussion. Il n’en était, bien entendu, rien. Mais les apparences étaient tout pour quelqu’un tel que lui. Il arriva à hauteur des deux femmes.

- Vous sentez-vous capable de vous en occuper maintenant ? Je n’ai pas vocation à interférer dans des affaires aussi triviales.

Résumé:
Mar 20 Fév - 1:50

Finissons-en !

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad




Beaucoup d’événements. La situation se complexifiait à mesure que les offensives touchaient l’ennemi. Tapis dans l’ombre, Azur prit le soin d’observer les différents assauts, attendant patiemment une ouverture pour se lancer. Le retour de Violette, les diverses actions de Keshâ, Lan-Lan et la conversation quelque peu instructive entre Vladimir et l’ennemi numéro un du moment. Mais malgré toutes ces tentatives, celles d’Azur y comprit, cet ennemi se tenait toujours fièrement face à eux. Fier, en pleine possession de ses moyens, prêts à faire payer les péchés de certains. Pourquoi diable continue-je à me battre, se demanda l’assassin en répondant à l’appel du scientifique.

Des flots de lave naissaient du sol, mais part des mouvements d’une extrême habilité et une vitesse étonnante, l’assassin parvint à les éviter. Maintenant face à l’ennemi, le blondinet décida de passer à la vitesse supérieure et lui trancha le bras sans la moindre hésitation. Opération réussie : le cristal tomba et l’individu se rematérialisa. La fin semblait heureuse. Hélas pour Azur, malgré la perte de sang, rien ne changea. Au contraire, le bras tranché se changea en aiguille et prit l’homme-lige en chasse, le blessant sévèrement au niveau des jambes. Azur pesta mais il n’était pas encore mort.

Les ombres revenues, il décida de se réfugier dans les ténèbres pour ne plus ressentir la douleur. Non pas qu’il craignait la douleur, puisqu’il avait été entraîné pour l’apprivoiser, l’accepter. La suite pouvait appartenir à tout un chacun. Que pouvait encore faire ce modeste assassin sans ses jambes ? Et surtout, où frapper ? Aucun point faible ne semblait se présenter à eux. La moelle épinière le paralysait quelques instants, le temps de la resouder en cas de rupture. Ce petit laps de temps pourrait certes être utile, mais que faire ensuite ?

De ce monde, il observa son environnement. Le sac du membre du célèbre Magistère attira son attention. Il devait bien contenir des objets utiles et intéressants, non ? Ainsi, en retournant le monde réel, usant de son cristal de camouflage, la voix du blondinet retentit dans ce qu’il restait encore de ce sous-sol.

« Von Arendt, balancez une arme utile pour un infirme, je m’occupe de la réception et de l’utilisation. »

Ce dernier dut se demander ce que l’assassin avait en tête, puisqu’il sembla hésiter quelques instants. Mais il finit par le faire tant bien que mal. Il jeta l’arme dans les airs. Dans un numéro d’équilibriste, Azur se mit en équilibre sur les mains et, usant de son cristal de force, il se projeta dans les airs réceptionna l’arme prêté par le scientifique. En pleine descente, tandis que le corps du blondinet resta invisible, l’arme restait visible et se tint face à sa cible. Les flammes de l’enfer sortirent de l’appareil et s’abattirent sur l’ennemi.

Le spectre fut consommé par les flammes, les cristaux restants tombèrent comme des pièces de monnaie, disparaissant dans le magma refroidissant. Mais étonnement, la chose réussit à se regénérer. Comme une sorte de mutation. Un être répugnant, une immondice qui rampait désespérément vers l’homme-lige, se faisant lentement consumer par le feu. Pas un véritable danger en somme, il suffisait d’attendre qu’il brûle entièrement. Cependant, Violette ne put s’empêcher de gâcher ce moment en signalant que cet être pouvait prendre possession d’un des corps des membres de la famille encore présents.

« Vous avez entendu, camarades ? Au travail. », fit-il avant de s’éclipser une nouvelle fois dans les ténèbres.

Sans ses jambes, Azur ne pouvait transporter personne avec lui. Il préféra rester auprès d’eux, dans l’ombre, prêt à surgir si quelque chose venait à les mettre en danger. Il s’en remettait naturellement à Keshâ, Lan-Lan et Vladimir pour finir le travail. De son côté, il s’assura de protéger les cibles du meurtrier.

Pourquoi diable suis-je encore ici, se demanda-t-il.
Résumé:
Mar 20 Fév - 10:12

L'inflation tout ça...

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





La situation était chaotique et bordélique mais par un hasard de circonstance, de coup de génie et d’une certaine dose de chance, la situation se retournait aussi brutalement que les joueurs enchainaient des réussites critiques.

Le spectre avait perdu le cristal de magma qu’il venait de récupérer, perdant de faire son avantage sur le terrain grâce aux actions combinées des héroïques Azur et Vladimir. Le calvaire ne s’arrêta pas là pour autant pour lui, car Azur bien que blessé par le sang manipulé par l’hémomancie venait de récupérer un lance flamme qui particulièrement bien conçu par le génial Vladimir consumait dans les flammes le tueur avait une efficacité jamais vu pour une arme de ce type.

En fait, c’était tellement efficace que même Violette en étant surprise au poids d’en lâcher un sifflement d’admiration. Pour des gens peu habitués aux arts du combat, se lance-flamme n’était rien, Azur lui-même n’y verrait sans doute rien car étant plus un assassin qu’un combattant expérimenté habitué des échanges de lames. Pour un maraudeur c’était différent.

En effet, chez les combattants purs, le feu était un élément mal aimé. La pyromancie était pratique pour le spectacle et pour gonfler les muscles, pas pour se battre. Cet élément n’ayant qu’un apport défensif très faible contrairement aux autres, tout comme une létalité à désirer ou encore sa dispersion rapide qui empechait de pouvoir l’utiliser aussi efficacement que les autres à distance. Bref, selon les dogmes des maraudeurs ce n’était pas un élément à privilégier, donc voir le bilan d’Azur avec un vulgaire lance-flamme était assez étonnant à leurs yeux.

Quoi qu’il en soit, le monstre se consumait. Pour toute personne qui s’y connaissait un peu en anatomie, autant dire tout le monde ici pour des mauvaises raisons si ce n’était Kesha, il était évident que le spectre n’y survivrait pas. Enfin, son corps n’y survivrait pas. Un spectre n’avait pas besoin d’un corps valide pour survivre, le seul moyen de le tuer était de détruire toute son enveloppe charnelle, et le feu aussi puissant soit il n’était pas un incinérateur par nature.

Peu importe, dans tous les cas, il ne serait bientôt plus en capacité de se mouvoir. Tout le monde l’avait compris, le spectre également. Avant de perdre ses cristaux à cause des flammes, il avait décidé de jouer un dernier coup de poker, usant une dernière fois de sa surcroissance pour se créer des bras afin de devenir un être rampant sans jambe qui se précipitait vers Azur.

Celui-ci usant de ses ombres l’esquivait mais Violette lui rappelait que l’histoire n’était pas encore terminée.

Te tires pas maintenant ! C’est une nébula chimère ! S’il récupère un corps, le nôtre ou celui de se famille faudra recommencer !

Le monstre se retourna alors vers la porte, souriant à pleine dent malgré son visage noirci par les flammes avant de foncer en direction de Violette et Lan-Lan. Renforçant ses appuis, la maraudeuse renforça ses appuis au sol avant de dégainer son arme, générant ainsi une salve d’air destiné à renvoyer le monstre de l’autre côté de la pièce.
Réussite à 30 (Hypervélocité II) : 49

C’était tendu mais le monstre avait été stoppé dans son élan, celui ayant dû prendre ses propres appuis pour résister à une bourrasque qui était puissante.

Bon.

Elle se retourna vers Lan-Lan.

Pas besoin de le combattre tout de suite, il s’affaiblit tout seul. On décale pour l'instant la princesse.

Réussite à 30 (Hypervélocité II) : 34

Sans vraiment attendre une réponse, elle attrapa Lan-Lan pour la porter et se mit à courir. De toute façon, à moins que la noble désire l’empoisonner, elle n’avait pas vraiment son mot à dire face à quelqu’un qui cumulait les cristaux de renforcement physique. Surtout qu’elle était bien plus rapide que Lan-Lan pour détaler vers les étages supérieures. Vladimir de son côté, il se démerderait.

Le monstre de son côté avait été quelque peu sonné par le vent et reprenait ses esprits, commençait toutefois assez lentement à reprendre sa course pour poursuivre le groupe vers la surface, sauf si Vladimir trainait auquel cas il comprenait qu’il n’y a pas de solidarité pour les spectres et qu’il apprendrait ce qu’est coexister à deux dans une sorte de corps horrifique.

(18)

Autre problème pour lui, il n’y avait pas non plus de solidarité entre les membres du groupe, sauf pour ceux qui payaient Violette bien entendu.

Pour ralentir le monstre tout en détalant avec Lan-Lan, elle dégaina une bourrasque vers le plafond qui commença à tomber indistinctement sur ce qui était derrière.

Mar 27 Fév - 7:41

Jusqu'en enfer

Je t'aime un peu, beaucoup, passionnément...


Ça commençait à bien faire toutes ces histoires sordides et ces pitreries hideuses. Après s’être raffistolé la jambe aux prix de grimaces avec l’aide de la jeune alchimiste et d’un linge noué très serré, il s’avérait épuisé. La balle était ressortie. Et l’entrée fracassante de la véritable Violette ne laissa pas le temps de le célébrer. Elle ne l’avait pas vu car il s’apprêtait à redescendre sur le conseil de Lan-Lan et il se demanda un instant s’il n’allait pas se décider à lui fendre la caboche par surprise.

Mais elle semblait avoir mis à jour de nouvelles sorcelleries cristallines des plus redoutable et Lan-Lan choisit d’acheter ses services. Comme souvent, elle ne fit pas grand-chose pour mériter ses écus, tandis qu’en bas, la situation devenait dantesque. Il ne savait plus trop ce qu’était cette créature chimérique aux multiples appendices, mais finit par lancer Nergal la lacérer jusqu’à creuser ses entrailles comme une hélice furieuse, sans parvenir à débusquer d’organe vitale ou de source d’énergie. Son esprit pris dans les brumes du cauchemar ne se rendait pas compte de l'irréalité dans laquelle il avait basculé.

Alors que la gargouille parvenait à arracher le nascent d’attraction des mains de la créature difforme, un bras géant surgit du sol pour l’attraper, qu’il n’évita que par une fulgurance instinctive. Certains des autres enquêteurs paraissaient être dans un état misérable, mais la furie de la situation ne laissait que peu de place à l’empathie pour ces charognes. Il en éprouvait bien plus pour ce qui semblaient être les restes de Yu-er.

Le fait que le Spectre cynique se soit permis de s’approprier son pouvoir l’énerva. Ces jeux perfides méritaient représailles. Ainsi tira-t-il avec le nascent par le trou laissé par le bras. Cela aurait pu être une bonne idée si une mer de magma en fusion ne dormait pas sous leurs pieds. Collée au plafond, elle altéra l’équilibre précaire des dalles de la cave qui se lézarda de lueurs écarlates. Le sol menaçait de s’affaisser sous ses pieds. Dire que les lieux n’étaient plus sûrs était un euphémisme amusant, face à l’urgence d’un naufrage enflammé.

Sur le point d’évacuer, Keshâ se retourna une dernière fois et son regard accrocha par hasard l'air amusé de Marianne. Sa sale face réjouie, il ne pouvait plus la voir. Sans qu’il s’en rende compte, il pointa le flingue en direction de son front et le moins qu’on puisse dire est que le tir fit mouche. Pour un tireur néophyte, il lui fit éclater la mâchoire, révélant par accident de précieux joyeux de pouvoir incrustés dans son ossature mousseuse d'hémoglobine, alors que d’autres saltimbanques chanceux lui tranchaient le bras magmatique.

Un combat de haute voltige s’en suivit. Mais l’abomination ne voulait pas crever, devenant centipède enflammé. L’assassin de ténèbres se dissipa et Vladimir détala, comme Violette, non sans menacer de faire de cette cave son tombeau à renforts de débris. Le Gerald avait carbonisé avec efficacité les restes corporels et tout le monde avait débarrassé le plancher sans laisser d’hôtes potentiels autre que lui pour la torche vivante qu’était devenu le spectre arachnide.

Dans une fièvre onirique, il clopina vers le couloir de sortie en laissant Nerval planter ses serres de pierres à travers lui. L’acharné ne se laissait pas aller au trépas et tentait de le suivre. Mais Keshâ l’ignorait avec résolution en tournant toutes ses pensées vers le contrôle de son invocation. Son souffle hoqueteux dans les vapeurs toxiques s'évertuait à actionner ses bras sur la rambarde pour le hisser, marche après marche, malgré sa jambe blessée. La mâchoire de la gargouille claquait autour de la tête de la chimère, toujours hors d’atteinte, mais elle emporta néanmoins avec délice un ou deux de ses bras rôtis à point.

Keshâ s’extirpa enfin des escaliers de la cave, d’où remontait une épaisse fumée noirâtre dans le salon. Il ricanait encore en repensant à la déclaration de Gerald prétendant « aider les survivants » alors qu’il se proposait lui-même de les réduire en bouillie tout en lançant :

-« Il arrive, alors si ce n’est pas trop vous demander de pousser quelques objets lourds devant la porte, bien que je n’aie pas d’argent pour vous payer cette bonté… »

Une demande à l’ironie révérencieuse à l’endroit de la maraudeuse. De son côté, il était en train de faire basculer une bibliothèque en travers de la porte, regardant à regret son contenu de porcelaine s’amonceler – sans doute une collection de la comtesse. Si personne ne se bougeait, il se sentait prêt à tirer une balle d'attraction vers la porte pour finir le travail. Tant pis s'ils venaient tous s'écraser contre le mur.

Il ne voyait pas trop ce que la gargouille faisait, mais lui demandait par la pensée de continuer de jouer à « je t’aime un peu, beaucoup, passionnément à la folie, pas du tout » avec les bras de la chose en furie, comme on égraine les pétales d’une fleur à sa promise. Le feu consumait lentement la chair dans une odeur insoutenable, la cuirasse de pierre de l’invocation, elle, ne faisait que noircir par endroit.

La volonté de faire souffrir avait rarement été aussi présente à son esprit, comme ne le laissait pas présager son apparence vacillante. Mais cette créature maléfique avait fait ressortir le pire. Si le feu ne détruisait pas tout, il demanderait à son crâne spectral n°1 s’il avait envie d’un compagnon n°2 et le moyen de s’assurer de contenir ce nouveau venu dans son vestige cramoisi.

Ensuite, peut-être le placerait-t-il en quarantaine dans une boîte à chaussures au fond d’une cave poussiéreuse pendant deux ou trois ans pour lui faire les pieds… Peut-être alors en aurait-elle assez de s’entendre discourir. Alors peut-être seulement viendrait-elle compléter la symétrie décorative de sa chambre en ornant son autre table de chevet.

Un peu à bout d’énergie, il laissa la gargouille s’effondrer de tout son poids sur le résidu monstrueux de l’autre côté de la porte et se dirigea sans cérémonie vers les fenêtres du salon en boitant. Il avait toujours boité, après tout. Les semelles confectionnées par le bottier de Seraphah lui avaient juste fait oublier cette réalité. Galvanisé par un cocktail chimique dédié à la survie, c’est à peine s’il sentait l’amertume de la douleur.



Spoiler:
Lun 4 Mar - 9:13

Les bons investissements

Astras, ouvrez les portes de la victoire


Ses bras pâles s’étaient accrochés sous les mèches de suie. Emportée comme une princesse, la course n’était pas des plus confortables, mais elle n’avait pas non plus à se plaindre. Parfois, la survie reposait sur le bon cheval. Tout n’était qu’affaire d’investissement, après tout. Et dans un groupe où s’affrontent les égos, et les caractères, il fallait parfois se frayer un chemin dans le domaine des alliances, même si chaque dalle y avait la couleur des astras. Avait-elle parié sur le bon cheval?
Ses yeux lavandes suivaient l'immondice écartelée alors que Violette la soulevait et l’amenait vers l’étage, faisant fi des autres survivants. Sa position était des plus avantageuse, au regard de la situation. Aussi la princesse ne broncha pas, tout juste sourit-elle avec une once d’arrogance en crochetant ses longs doigts derrière la nuque de la maraudeuse. Puisses-tu nous sortir de là, tu as toute ma confiance.

Quid de ses comparses? Keshâ’rem semblait déjà faire un retour de flamme - s’emportant à l’aide de sa gargouille - heureusement qu’il possédait ce totem d’invocation, habile manieur, et pour rendre à César ce qui appartient à César… Elle leur était bien utile. Non, c’était bien ce cher Gerald qui l’assombrissait quelque peu. Il avait été de loin la plus grande victime du tueur, même s' il avait également été son plus grand bourreau. Oeil pour oeil, ses espoirs d’une nuit couronnée d’un franc succès diminuait. Qu’importe, pourvu qu’elle préserve les apparences - la créature rampait, cherchait le salut lamentablement. Un chant du cygne désolant, sanguinolent…

Violette finit avec panache, les conduisant dans un semblant de sécurité alors que Keshâ prenait les devants pour la ralentir et leur permettre de respirer un peu dans le salon. La partition touchait-elle à sa fin? La gargouille terminait son ouvrage, et son invocateur perdait de plus en plus ses couleurs, un filtre sépia trahissait une forte anémie. Il fallait en finir vite… L’idée de laisser au tueur son tombeau brûlant ne lui plaisait qu’à moitié. Mieux valait en finir avec les dépouilles au plus vite au risque de se retrouver hanté. Ou bien… Ce maudit spectra aura vite fait de trouver sa nouvelle coquille chez les participants.

Un instant.” Dit-elle froidement quand la bibliothèque allait barrer la porte. Un regard de part et d’autres, chacun était là, et elle était assez certaine que de Dains en aurait profité pour se cacher parmis les ombres du rez-de-chaussée plutôt que de rester dans la cave calcinée à s’étouffer dans la fumée. “Laissez-moi une seconde, je vais m’occuper de cette chose une bonne fois pour toute. Limitons l’accès aux corps, ce sera déjà ça de pris.” Elle remarqua un instant une lueur fébrile dans le regard de la maraudeuse qui lui tira un sourire ironique. “Si vous avez peur de perdre votre salaire, surveillez la porte et inquiétez-vous si je ne reviens pas. Ou si je reviens dans un état second.” D’un regard, elle indiqua le dragon qui s’était installé sagement sur un bas-relief. Il serait le parfait indicateur si elle venait à servir d’hôte.

Serpentine, ondulant, la Fà enfila son masque, se laissa un instant attendrir par la situation, passant une main sur sa tempe pour appuyer sa - fausse - détresse. Sacrifice altruiste? Il fallait bien donner un rien de charme à cette scène critique. Ses yeux, eux, étaient pourtant bien sombres, bien froids. D’une main, elle déchira un pan de sa jupe - quel dommage, un tissu d’une si belle facture, réduit à servir de vulgaire foulard… Une fin à la hauteur de l’artisan, sans doute - qu’elle vint déposer devant son visage avant de se glisser derrière la bibliothèque, s’engouffrant dans un nuage de fumée sombre et noir… Irrespirable.

Huang-Long posa son petit crâne d’or sur ses pattes. Le sommeil le guettait. Après cette farce, il pourrait enfin dormir…

Ses intentions n’avaient dû échapper à personne: la dernière chose qu’elle avait pris soin de leur montrer était le canon de l’arme qui s’engouffrait derrière elle. Faire exploser cette maudite chose, qu’on n’en parle plus. Sous les vapeurs goudronneuses, son coeur battait la chamade, riche de l’adrénaline de la mort et de l’attente. Une fois qu’elle fut entièrement dans l’obscurité, la main qui tenait le tissu s’ouvrit pour dévoiler son visage nue. Au moins, elle protégerait son secret… Les vapeurs d’incendie et d’alcool brûlé coulèrent dans sa gorge comme un épais bitume. Enfin seule. Les masques tombent.

Seule, vraiment? Elle entendait un bruit désespéré, la chair qui rôtie, le souffle qui se contorsionne, la vie qui brûle. Aussitôt, elle fit feu. La détonation résonna dans la cave qui prenait des airs de cathédrale - l’acoustique y était remarquable. Conséquence immédiate, le corps fut projeté, l’explosion ayant abîmé ce qui restait de la bâtisse pour l’enfermer sous un tas de gravats. Prise au piège, inerte. Toisant la fumée, Lan-Lan glissa doucement dans le silence des flammes et le crépitement des barriques pour vérifier l’état de leur sournoise nuit. Tout ce qui restait de mort dans cette cave était inhabitable… Rien que le spectre ne pourrait utiliser contre eux, à moins qu’il aime le charbon et l’odeur de porc trop cuit.

Elle finit par revenir vers sa petite victime, s’agenouillant avec une fascination étrange devant le petit corps déformé. Quelle curiosité, ce pouvoir… D’où pouvait-il bien venir? Lentement, elle passa le doigt sur une patte, l’ébauche d’un visage tordu. Inerte. Mort. Ou plutôt… Vide? Ce tueur avait bon dos, il avait eu la chance de tomber sur pareil spécimen.
Un pouvoir des plus immondes, et pourtant… Si beau. Pouvoir contorsionner ainsi la chair était de toute beauté, et de tout écoeurement.
Bang.

On n’est jamais sûr de rien.

Le deuxième coup ne provoqua rien de plus qu’une énième explosion, qui finit de coincer la bête sous d’autres gravats, tout en fragilisant un peu plus les fondations de cette maison d’Usher qui finirait bientôt détruite, si ils s’acharnaient ainsi. Mais il n’y avait plus de familles à sauver, pas plus qu’un manoir vide hanté de sordides égos, et de tristes secrets. Finalement, il valait peut-être mieux le détruire.
Satisfaite, elle passa une main sous sa tresse, époussetant rapidement la suie qui y était tombée, ajuste rapidement sa tenue pour laissez supposer que l’incendie l’avait plus touchée qu’en réalité. Elle se sentait espiègle - la suite ne pourrait qu’être grandiloquente. En absence de corps ne restait qu’un être intangible contre lequel il serait dur de lutter, et quoi de mieux qu’un combat contre l’invisible? Les prochaines minutes seraient probablement délicieuses. Mais ingénue, tu ne devrais pas te montrer tout de suite. Frappant sa poitrine quelques instants, elle se força à tousser tout ce qu’elle pouvait avant de remettre son tissu devant sa bouche et sortir de là comme si elle venait de lutter contre l’asphyxie.

Il est mort…” Souffla-t-elle, révélant aux yeux de tous un regard larmoyant. “Mais je voudrais en être sûre… Docteur Von Arendt?” Une longue complainte sirupeuse, mêlé à des yeux de biches.

L’Opalin était des plus amusants à observer. Un monstre de suffisance, monstrueux dans les actes et dans la parole. Mais si entier qu’il en devenait presque…
Il lui rétorqua une phrase digne de lui. Suffisante. Elle cacha un large sourire sous le morceau de soie. “Oh, vous savez, je n’y connais rien… Votre illustre connaissance de la médecine pourrait nous aider. Que faire, sans vous? Vous devriez aller voir. Vous seul pourrait nous confirmer que nous sommes finalement libérés de ce monstre.”

Qu’il refuse ou non, elle avait un autre objectif. Le spectre allait probablement s’en aller vers ses affaires, à défaut de chercher un nouvel hôte. Il fallait retrouver la famille d’une part, et d’une autre…

Huang-Long, conduis-moi à ce que tu as vu plus tôt.” Elle n’avait toujours pas élucidé ce pan de l’histoire. Et si elle devrait brûler un autre corps ou toute une réserve, ainsi soit-il.

Lun 18 Mar - 21:18

Ce sera pour une autre fois, spectre.

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad



Non loin de tous les autres, l’assassin se rematérialisa sur un des confortables fauteuils, les jambes en vrac. Il les identifia rapidement. Aucune fracture, aucun ligament déchiré, « seulement » des plaies assez denses, l’entravant le temps d’une bonne convalescence dont il n’avait pas le luxe actuellement. Ses camarades avaient relativement bien travaillé. L’ennemi semblait maintenant enfoui sous les décombres du sol. Le seul accès, à savoir cette porte, était maintenant barricadée. Le jeune homme aux cheveux de suie se demanda si cela ne suffisait pas. Un emprisonnement éternel n’était-elle pas pire que la mort ? Mais les gravats ne suffiront pas à l’enfermer éternellement. Ce que désirait ce spectre, c’était bel et bien de s’emparer d’un corps humain, en pleine possession de ses moyens. Il devait certainement ramper comme un minable pour nous atteindre de nouveau, dans l’espoir de prendre possession de l’un de nous. Epuisé, lassé, le blondinet voulait absolument en finir.

« Soyons honnêtes, on ne pourra pas le tuer. Nous avons neutralisé tous les corps qu’il utilisait et le voici maintenant à poils. Sa seule chance est de s’emparer de l’un d’entre nous. Etant donné nos états, je dirais que ce n’est pas tout à fait impossible, alors je suggère de nous préparer intelligemment. »

S’il passait pour l’idiot du village impulsif, qui agissait à sa guise, il arborait maintenant une attitude bien plus sage, voire presque autoritaire. Affalé sur son fauteuil, on le croirait à moitié mort sous cette pénombre. Dans l’ombre, c’était ici qu’il se sentait le mieux. De la position de ses acolytes, on pourrait croire qu’il avait pris dix ans dans la tronche, tant il semblait épuisé. Fallait dire que cet adversaire n’avait rien de commun. Sans déconner. Si l’on m’avait informé de la présence d’un tel monstre, j’aurais supplié le roi de ne pas m’y envoyer, pensa-t-il entre deux discours.

« Même si vous avez tous été courageux et efficaces, celui que le spectre rêverait de posséder, c’est moi. N’y voyez aucune insulte ou sursaut d’orgueil de ma part. Je l’ai insulté tout le long, harcelé sans relâche, physiquement attaqué au corps à corps, puis encore harcelé comme le ferait un moustique l’été… Son bourreau, c’est moi. Il va vouloir me posséder. »

Il se tut quelques instants, s’assurant d’être bien certain de vouloir se lancer dans une telle entreprise.

« De ce fait, je suggère d’être un appât, abandonné par les siens en raison des blessures reçues. Elles ne sont pas si graves que cela mais méritent un temps de convalescence. Faible, mais heureux de me voir inerte, il me sautera dessus. Je disparaitrais dans les ténèbres au dernier moment. Ce sera à vous de jouer pour le capturer. », fit-il complètement las de la situation.

D’un geste de la main, il invita ses alliés à se dissimuler où il le pouvait. Le spectre devait le croire seul. L’assassin se laissa complètement aller sur le confortable dossier de son fauteuil. Ce manoir n’avait rien de réjouissant, mais son meublier était d’une qualité certaine. Dommage qu’elle fût autant endommagée par cette satanée mission. S’il le pouvait, Azur se serait surement allumé une mèche, alors qu’il ne fumait pas, mais seulement pour se donner le style des héros fantasy qu’il lisait quand le temps le lui permettait. Au lieu de ça, complètement amoché, il frôlait avec l’inconscience et résistait au sommeil avec un acharnement insoupçonné. Mais son repos s’approchait. En effet, le spectre approchait enfin.

Du redoutable ne restait plus qu’une espèce de cerveau visqueux transmuté, rampant lamentablement depuis les sous-sols, dans lesquels le groupe avait tenté de l’enterrer. L’assassin tant redouté était bien loin à présent. Après quelques coups d’œil, le regard de ce dernier se figea naturellement vers le blondinet, à moitié inconscient sur son merveilleux fauteuil. Un beau lit de mort, songea soudainement l’assassin dont les forces s’amenuisaient. Dans ce genre de situation, les paroles n’avaient guère d’utilité et les deux hommes le comprirent. Azur crut percevoir un vilain sourire sur les traits de cette substance visqueuse qui s’approchait de lui. Quand elle fut suffisamment proche de sa cible, ce qui restait du meurtrier sauta en direction de l’homme-lige, visant les entailles au niveau de ses jambes pour s’y infiltrer. Un dernier éclat de lucidité, de bravoure, brilla alors dans les yeux de l’homme aux cheveux de suie. Si le spectre le remarqua, il était bien trop tard. En une fraction de seconde, alors qu’il était à un cheveu de se retrouver un corps, Azur se décomposa totalement en ténèbres et disparut totalement dans l’obscurité.

L’instant suivant, sans qu’il ne pût comprendre quoi que ce soit, le bout de cervelle se retrouva enfermé dans un bocal. Probablement à tout jamais. Du moins, ce fut qu'espérât l'assassin du plus profond de son être. Un spectre capable de posséder des corps puissants, de les équiper de puissants cristaux et d’œuvrer pour le mal, pouvait être particulièrement dangereux. Ici, il le reconnaissait sans effort, ils avaient eu beaucoup de chance.
Mar 19 Mar - 9:26

Tic tac tic tac

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Fin numéro 5 sur les 7 possibles


Tic tac tic tac

Loin du tumulte des sous sols, le silence est de manière continue brisé par le roulement d’une pendule.

Le spectre n’est plus, ou plutôt il est où sous une autre forme. Difficile de tuer un spectre après tout, il s’agit bien parmi toutes les races de la seule exempte de limite biologique. Cela ne la rends pas pour autant totalement invincible et ce groupe de fortune l’a montré aujourd’hui.

Désormais enfermé dans un bocal, l’heure est de décidé ce qu’il faut faire de lui ? Le tuer en détruisant totalement son enveloppe corporelle ? Au nom de quoi ? De la justice ? Un tel être doit détenir des connaissances qu’il serait bien triste de perdre pour quelque chose d’aussi désuet que venger une si banale famille xandrienne…

Question morale, question pragmatique, ceux qui voudraient y participer trancherait. Ce n’était en tout cas absolument pas le cas de la maraudeuse qui n’avait aucun interet personnel dans ce qu’était et incarnait le spectre. De toute manière il était probable que cette question soit un faux débat et que ce soit Vladimir qui est la main de par son poids politique ou financier qui pouvait faire flancher une grande partie des présents. Azur grace à ses pouvoirs pouvaient bien théoriquement s’enfuir avec, mais blessé comme il était, tout cela couplé à une grande utilisation de son énergie vitale au cours de cette nuit, il serait tout de même dangereux de tenter une perçée en solitaire dans le grand nord xandrien en plein début de la période hivernale.

C’était la fin. Mais était ce toute la fin ? Le spectre avait parlé, mais sans doute pas assez pour comprendre tout les tenants et aboutissements de cette histoire. Ou lorsqu’il le ferait, peut être que ce serait déja trop tard… Des questions restaient sans réponse, et cela resterait le cas aujourd’hui.

Tic tac tic tac…

Un pendule brise le silence. Soudain plus rien. Le mouvement étant stoppé par une main d’acier et de rouage.

A suivre ?


Lun 25 Mar - 19:56

L'affaire est dans le s...Bocal

La fin d'une ère.


Le souffle coupé. Prête à fendre. Féline fleur sauvage, Lan-Lan Fà avait senti le vent tourner quand, s’incarnant depuis les ombres, Mr du Dains était apparu, visiblement blessé et diminué au milieu du groupe. Son plan était habile mais non sans danger. Elle l’observait avec un silence mesuré et respecté. Il n’avait plus grand chose de l’ingénue surfeur qui chevauchait un tapis plein d’encre quelques heures plus tôt.
La cheffe de la famille Fà n’était pas insensible à cette valeurs - le sens du sacrifice avait tendance à se perdre, de nos jours. Courir après le pouvoir sans pouvoir faire de concession ou en laissant d’autres tomber à sa place devenait une habitude dans ce monde sans pitié. Elle n’avait pas non plus à rougir, elle en profitait bien quand elle le pouvait. Mais si elle devait tomber, ou porter sur son dos sa famille, elle l’aurait fait sans hésiter.

Cela vous honore, Geralt.’ A ce stade, il était clair qu’il n’y avait pas de Geralt, ni même de Dains. Il avait démontré des capacités qui relevaient davantage de l’athlète que du noble, des capacités qui ne pouvait qu’intéresser une maîtresse des poisons et des manigances. Mais encore faudrait-il qu’il survive à son coup. “Je vais vous aider.

S’il désirait être l'appât, alors elle serait l’alchimiste. Mettre des substances en bouteille, c’était son truc, non? Bon, c’était plutôt rare que ses contenus lui répondent et puissent tenir des conversations. Mais une fois n’était pas coutume. C’était rafraîchissant… Rapidement, elle s’en allait aux cuisines récupérer ce qu’elle pouvait de pots, de bocaux, en glissant un dans les griffes de Huang-Long qui flairait déjà la fin de l’histoire.

Elle en était presque mélancolique.

Un couinement sinistre. Le bruit humide et répugnant de la chair, les contractions d’un organe qui n’est pas sensé se mouvoir. Le tueur si mystérieux, si terrifiant, le cauchemar des enfants de Xandrie qui apparaissait comme une bête blessée, prête à tout pour prolonger cette existence difforme à grand renfort de corps écorchés. Pitoyable. Le grand meurtrier n’était qu’un lamentable morceau de chair. Un bocal ferait l’affaire… Maintenant, il fallait agir. Être sensible à l’instant. Lire les signaux dans les réflexes de Geralt, saisir l’instant où il se rendrait dans les ombres.

Le bon moment… Le bel instant. La petite mort. D’une main habile, elle abattit le bocal avec une certaine légèreté, enfermant à jamais la créature dans sa nouvelle prison de verre. Il venait peut-être de là, et là il retournait. La fin de l’histoire…

Quel gâchis.” Se murmurait-t-elle. Il était bien trop grandiose, bien trop avide. Il en avait trop fait. Les vrais meurtriers se font un trou, font des enfants, s’engraissent… Et finissent même par devenir rentable avec le temps. “On dirait bien que tu es perdant, mon cher.” Avec culot, elle tapota sur la vitre. Un papillon sous cloche.

La nuit touchait enfin à sa fin, la belle affaire! Le bocal à la main, la belladone trouvait enfin le moment de s’étirer, remettant en place sa jupe déchirée, et caressant de l’autre main le dos scintillant de Huang-Long qui venait retrouver sa place autour du cou noble. Voilà une bonne chose de faite… Maintenant, que faire de toi, petit tas de chair? Rapidement, elle entama de proposer ses services à Geralt, lui offrant le même remontant que le jeune Keshâ. D’ailleurs…
Un mot de Keshâ vint chatouiller son esprit. Il avait été prompt à juger, apparemment. Si il lui reconnaissait des talents de bienfaitrice, alors elle avait habilement joué son rôle jusqu’au bout.

Vous êtes prompt à juger, jeune homme, mais il est bon de ne pas se fier aux couvertures des livres, n’est-ce pas?” Lui murmura-t-elle, mystérieuse, songeuse. Oui, il fallait mieux ne pas juger les apparences. Surtout chez les Fà.

S’agrippant à la flasque, elle minaudait - un musc, animal, inondait presque la pièce. Le musc de la testostérone. Vladimir, Keshâ’rem, Geralt… Elle sentait bien l’intérêt de ses trois compères pour le tas de chair presque crevé. Il n’y avait bien que Violette pour ne pas s’y intéresser ouvertement - elle était encore heureuse de l’avoir engagée, elle était riche de capacités, cette maraudeuse. Et face à trois monstres de ressources, elle se sentait forte d’avoir une alliée si l’un d’entre eux s’avérait trop avide.
Avec un détachement, Lan-Lan se retourna, s’élança vers les cuisines pour revenir avec son bocal, et une bouteille d’un vin ouvert qui traînait là. “Messieurs, à la vôtre. Nous voilà victorieux.” Elle en avala prestement une gorgée qui lui fit autant d’effet que de l’eau. Mais le goût était suffisamment proche de la victoire pour la satisfaire. En reposant le flacon, elle regarda le bocal plus intensément. A qui te confier, petit monstre?

Le choix le plus noble aurait été le jeune Keshâ’rem, le seul dont on pouvait encore jurer de la noblesse d’esprit. Toute la soirée, il n’avait été motivé que par la survie de la famille, quoiqu’ils aient commis et fait. Nul doute qu’il aurait eu des aspirations juste pour ce tueur, et qu’il aurait fait en sorte qu’il retrouve sa juste place dans ce tableau obscur.
Quant à Geralt? Elle ignorait tout de lui. Il pourrait très bien vouloir lui redonner des forces, l’élever, le conditionner, et en faire un toutou pour de sombres desseins - ou pour rendre hommage à son alter en un trophée de chasse. Ce serait le cas, sans doute. Oh, il avait le plus souffert, aussi était-elle persuadée que si il obtenait le flacôn, par pure revanche, le bout de chair connaîtrait un sort pire que la mort. Mais quelle triste sort ce serait.
Violette? Elle était sûre qu’elle n’aurait rien à y gagner à part de l’argent. Et elle la payait déjà bien assez.

Non, pour elle, le meilleur choix était…

Ce monstre vient de chez vous, Von Arendt. Reprenez cette infâmie et ramenez-le dans l’éprouvette où vous l’avez créée. Nous avons déjà bien assez d’un noble docteur Opalin à Xandrie, pas besoin d’en avoir un deuxième dans les pattes.” Elle n’avait toujours pas plus de respect pour le noble Opalin, mais elle reconnaissait sa valeur… Et surtout, ses connaissances. Il y avait des desseins qui couraient dans cette tête rousse, des rêves de grandeurs, des rêves de mystes… Et il fallait bien tisser sa toile, ne pas avoir peur d’attraper les insectes les plus gros. Détestable, certes… Mais mieux valait être son ami que son ennemi. Assez naturellement, elle lui tendit le bocal et son maudit contenu. “Il fera un sujet de premier choix, j’en suis sûre.”

Restait une zone d’ombre pour elle, qui avalait une nouvelle gorgée de son rouge breuvage. “Je m’en vais avertir les Xi de leur destin. Dès demain, leur cas sera sur le bureau du Guet..”

Se faisant, Lan-Lan se leva, laissa la bouteille derrière elle. C’était bien du vin. Un vin subtile, mais un vin. “Bon vent, Messieurs Dames… Et si le mauvais sort le souhaite, à bientôt.”
Mer 27 Mar - 13:43
Voilà qui sonnait le glas. Le Docteur avait brillé, comme toujours. Un peu secoué malgré tout, il avait découvert de nombreuses facettes chez les individus censés ne passer qu’une soirée d’investigation dans un manoir isolé, entre reflux magmatiques et sordides histoires vengeresses. La suspicion s’était mêlée des desseins secrets et avaient ourdi de lourds complots entre les différents acteurs de ces actes … La mort, elle aussi, avait livré son dû et récolté plus qu’il n’en fallait. Cependant, elle restait parcimonieuse et trop de témoins demeuraient au goût du Docteur. Trois témoins qu’il pensait ne pas pouvoir … gérer pour l’heure. Quelques autres qui auraient le temps de voir les sombres cachots se dessiner sur eux.

Vladimir regretta de ne pas avoir embarqué de pile à Myste dans ses effets, afin de calmer les ardeurs du Spectre, mais chacun des acteurs se proposa une solution pour gérer cette histoire et cet effet. Geralt se sentit l’âme du sacrifié, il lui laissa sans équivoque. La Fà se fit la cheville ouvrière de l’acte en suspens. Le Docteur, lui, n’avait eu qu’une parole à destination de ces derniers lorsqu’ils lui avaient demandé l’état de la créature avant la course au bocal.

- Il est évident que dans le cadre d'un organisme capable de s'hybrider par anamostose des néophytes chercheront à briser les membres avant le système nerveux central ... la preuve en est. leur avait-il livré.

Un avis médical, condescendant mais qui traduisait en substance une seule chose. La créature pouvait s’hybrider à volonté. Le cerveau était le point faible. Il y avait donc un cerveau en vadrouille. De là à dire qu’il était l’instigateur du succès de cette capture … il n’y avait qu’un pas qu’il avait volontiers franchi. Ainsi, lorsque tout se déroula comme prévu et que sur sa suggestion, le bocal se vit rempli de formaldéhyde polymérisé, il trouva logique que le tout lui revienne.

- En effet, Dame Fà. Cette créature n’aurait jamais dû en sortir. Je mènerai l’enquête et veillerai à ce que l’inconséquent qui l’a laissé s’enfuir connaisse … un châtiment mérité. lui répondit-il avec un sourire qui fit étinceler ses prunelles opalines.

Le Spectre n’avait pas encore révélé tous ses pouvoirs et il doutait qu’il ait pu s’enfuir si aisément du Magisterium. Sans que cela ne soit révélé qui plus est. Il y avait eu là une faille dans la sécurité à un niveau qu’il jugeait intolérable. Tout comme il était … fortuit que ce soit lui qui ait été attiré par cet événement en Xandrie. Il n’y avait pas de hasard, il était assez bien placé pour le savoir.

- Nous savons gérer les Spectres et les Vestiges, nous verrons comment traiter celui-ci. Pour information, cher Geralt, apprenez qu’un courant électrique peut permettre d’en gérer une grande partie. Enfin, vous êtes visiblement xandrien, mais je peux vous inviter à venir en Opale. Nul doute que les Tartares auraient … un fort intérêt à côtoyer un combattant expert tel que vous. reprit-il, avec un sourire qui sous-entendait beaucoup de choses propices aux capacités de Geralt - dont il ne savait pas grand chose de plus que ses talents.

Oui, ce dernier s’était révélé être un menteur et un combattant redoutable. Il y avait quelque chose à creuser là. Le strigoï posa le bocal sur un canapé, en attendant de trouver un boîte à sa hauteur. Cher camarade Spectre, vous aviez perdu. La défaite n’était pas douce entre les mains du bon Docteur. Quelques têtes tomberaient, et quelques places influentes se libèreraient. Il se tourna vers le jeune Keshâ. Il le toisa puis l’ignora. Cet individu était trop bien doté en pouvoirs incongrus. Il le ferait surveiller. Peut-être, même, veillerait-il à faire évoluer sa course vers un désespoir des plus … propice au Magistère. Car il ne fallait pas oublier que, après tout, le Magistère, c’était lui. Quoi qu’en dise Opale, quoi qu’en dise le Conseil. Quoi qu’en disent ceux qui le tenaient en laisse.

Les premiers rayons du Soleil dardèrent leur lumière au travers des vitres du salon à moitié affaissé, jetant leur arrogance au visage de ceux qui avaient passé une nuit plutôt mouvementée. L’opalin soupira, ajusta ses habits. Son vestige accusait le coup mais il n’en ressentait aucune fatigue. Dormir, manger … du temps perdu. Il observa les larrons, savait que son véhicule ne tarderait pas.

- Je vous laisse juge avec le Guet du traitement de cette famille. Il demeure trois morts imputées à cette nuit : l’héritière, les deux serviteurs. Le Comte, sa femme et leur fils sont saufs. Mais leurs tracas sont loin d’être terminés.

Le Docteur soupira et n’eut pas besoin d’aller plus loin pour que son sous-entendu soit perçu de tous. A la charge de cette famille de rester discrète, mais il y avait fort à parier que le Comte n’allait plus faire parler de lui avant un long moment, tout comme sa femme et son fils. Vladimir supporta le regard de Lan-Lan, comme si un échange discret se tramait entre eux. Les masques étaient en place à nouveau, chacun avait pu avoir un aperçu de ce qui se tramait derrière durant cette nuit où ils étaient tombés. Ils se toisaient, sachant pertinemment ce qui se cachait derrière ces faciès. Adversaires … partenaires … A voir.

Les rayons de Soleil perlèrent sur sa peau d’albâtre, tandis que le temps s’étirait entre eux. Puis vint le moment des ombres qui occultèrent la lumière naissante et qui projetèrent leur rythme effréné sur la façade de la bâtisse. Ils n’avaient eu que peu de temps de répit, l’heure de tirer sa révérence était venue. Un soupçon de lassitude se dessina sur les traits du scientifique, ses épaules s’affaissèrent de quelques centimètres. Pour ceux qui n’étaient pas encore partis, il était temps de tirer sa révérence. Un soupçon de compassion ou de considération l’emporta, à moins que ce ne fut purement utilitariste. Il se tourna vers ceux qui restaient.

- Je vous conseille de partir d’ici au plus vite. J’ai ouïe dire qu’un incendie avait calciné cette demeure et qu’il ne restait aucun témoin de comment cela avait pu se produire. Une mauvaise maîtrise d’un cristal purifié magmatique, qui sait … conclut le Docteur, à l’instant précis où un lourd coup fut porté contre la porte du manoir.

Les Tartares étaient venus le récupérer. Son escapade prenait fin. En quelques instants, une troupe de soldats aux uniformes sans symboles envahit le manoir et vint encadrer le Baron. Ils se ruèrent rapidement aux étages et entreprirent de faire le tour du bâtiment en épandant des liquides nauséabonds. L'un d'entre eux, visiblement gradé, s'approcha de lui.

- Docteur Von Arendt, veuillez me suivre je vous prie. Le Directorat n’a pas approuvé votre déplacement, vous êtes convoqué au Magisterium sur le champ.

Il posa une série de questions précises et efficaces comme on l'attendait d'une créature de son genre. Le tueur, le bocal, la procédure de contention. Ils s'emparèrent du bocal et entreprirent de le stocker dans leurs effets, faute de mieux. Ils étaient venus récupérer le Docteur, pas mener une guérilla contre un Spectre.

Vladimir soupira. Une nuit d’aventures. Et une troupe armée jusqu’aux dents pour le rapatrier dans sa niche dorée.



Dernière édition par Vladimir Von Arendt le Mer 27 Mar - 20:31, édité 1 fois
Mer 27 Mar - 18:43

David contre Goliath

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad



Il était temps de cesser de niaiser. Ainsi s’injecta-t-il une potion de guérison. La sensation de piqûres d’aiguilles répétées le cuisait tandis que les berges de la blessure entamaient un processus anormalement accéléré de guérison.

Le jeune orphelin aurait pu contester le discours de Gerald de Dains. Mais Keshâ’rem ne vint pas contrarier l’oblat du groupe et lui laissa le rôle d’agneau.

Le spectacle de l’homoncule en bouillie était répugnant. Grâce aux explications de Vladimir et du tueur, Keshâ’rem en aurait plus appris ce soir sur les spectres et le pouvoir de chimère que durant toute sa vie. La belle Lan-Lan captura la chose comme l’on cueille un papillon.

-« Vous avez raison, dame Fa. J’ai été trop rapide à vous juger. Sans vous, nous n’aurions sans doute pas connue la même issue à la fin de cette nuit. Je vous présente mes excuses. »

Gerald avait l’air épuisé de ses blessures et de cet ultime subterfuge. Et le dénouement du drame fut sonné par Lan-Lan. Mais il avala sa salive de travers lorsqu’elle livra son intention de confier le Vestige au Magistère.

Si Seraphah ne devait pas être content qu’il soit parti enquêter en solo, il serait hors de lui quand il apprendrait qu’un Von Arendt avait encore gagné en nuisance.

Quand la noble Xandrienne quitta la pièce, il la suivit pour grimper l’escalier à grandes enjambées vers sa chambre. La toile vierge gisait toujours sur le lit au côté de son sac, qu’il récupéra avant de redescendre.

Il avait l’air empressé de quitter les lieux au plus vite. Dans l’entrée, la porte frappa. A sa surprise, Tatianna était déjà là, à côté de son pégase.

-« Tatiana ! Tu as fait tellement vite. »

-« Je n’ai pas beaucoup dormi à cause de toi. J’étais sûre que tu allais allonger la liste des victimes du tueur. Personne ne voulait me croire à la taverne. Tout le monde a parié contre toi. Je vais me faire une petite fortune… »
-« Pardon… » la coupa-t-il. Elle avait l’air sincèrement soulagée de le retrouver vivant alors qu’il n’était pour elle qu’un inconnu.
-« Je te payerai le double pour ton dérangement nocturne. »
-« Le triple ! »
-« … d’accord, le triple… Je vais avoir besoin qu’on aille tout de suite dans le labyrinthe avec Véloce, pour emmener la Comtesse se faire soigner dès que possible. Elle est blessée. »
Le froid humide du petit matin les mordait jusqu’à l’os. Keshâ’rem partit aux côtés de la rouquine et du pégase qui l’était tout autant. Les premiers rayons de l’aurore venaient de percer. A peine eurent-il atteint la muraille végétale du labyrinthe que des Tartares se présentèrent aux portes du manoir.
-« Oh non ! » murmura-t-il.
« On doit faire quelque chose. »
-« Comment ça "on"? Tu ne voulais pas voir la Comtesse ? »
-« Plus maintenant. Quelqu’un d’autre va s’en occuper. Écoutes attentivement. »

Les soldats étaient en train de déverser du liquide inflammable méticuleusement dans les nombreuses ailes du manoir. Aller savoir ce qui se tramait dans la bâtisse depuis l’extérieur. Le Von Arendt se tenait sur l’esplanade au-dessus de l’escalier de pierre, surmonté de colonnades devant l’entrée.

Un coup de feu retentit à droite à travers une fenêtre. Une partie des Tartares partit voir si leurs homologues de la bâtisse avaient ouverts le feu sur quelqu’un. Les autres purent entendre l’une des plus belles voix d’Urh s’élever depuis les cieux. Depuis son poste d’observation sur l’avant-toit, Keshâ était perché en retrait sur une colonne. La seringue d’énergie retomba à côté de sa cuisse. Trop tard pour rebrousser chemin.

Il avait pensé au début que tout serait facile, qu’il trouverait Vladimir seul à faire son paquetage. Tatiana et Véloce faisaient diversion depuis l’arrière du manoir. Mais les Tartares avaient une volonté aguerrie et malgré son Chant et le shot d’énergie, ils étaient presque tous debout, quoique complètement ensuqués. Il visait particulièrement Vladimir par l’esprit.
Dieux ! Changement de plan. Idée suicidaire numéro 2.

Le jeune homme allait se laisser tomber du toit pour semer la pagaille en bas avec sa gargouille, au moment où un froissement d’ailes survint dans son dos, suivi des sabots de Véloce.

-« Attend. Mais qu’est-ce que tu fais ! »
-« Le Magistère ne doit pas emporter ce paquet. Sais-tu ce qu’il contient ? C’est le vest… »
-« Je m’en fou Keshâ… Je m’en vais. Tu as quinze secondes pour te décider à me suivre… ces hommes, ce ne sont pas de simples soldats ! Ce sont des Tartares. Et ils m’ont tiré dessus !"
-« Mais… »
-« Tu avais l’effet de surprise. Mais ton plan a échoué. Ils ne dorment pas. Il faut savoir choisir ses combats. Nous ne sommes que deux. Même si tu réussis, ils nous poursuivront jusqu’au bout… C'est la conclusion. Aller… »

A contre-cœur, l’Epistote enfourcha la monture derrière elle. Il était sûr que cela aurait pu fonctionner. Le moment était passé. Les hommes attirés par la diversion sur le flan du bâtiment étaient venus en renfort et se regroupaient autour de l’entée tandis que ceux de l’intérieur avaient fini par se joindre pour renforcer leurs positions.

L’avantage est que l’arrière du manoir était laissé vacant parce qu’ils s’attendaient à un assaut. Il lâcha une grenade aveuglante pour faire bonne mesure en demandant à Tatiana de couvrir ses yeux et ceux de Véloce, avant d’invoquer la gargouille aux allures de rapaces. Nergal volait derrière eux de sa silhouette de pierre dans le soleil levant. Son corps les couvrait, tout comme le corps de la bâtisse

Un regard amer en arrière, Keshâ’rem était déçu, tout en se disant que son compère lui avait sans doute éviter d’aggraver la situation par une bêtise irrécupérable. Peut-être seraient-ils tous les deux morts à l’heure qu’il était s’il s’était entêté. D’ailleurs, un éclair blanc frappa la gargouille, qui bâtit de l’aile et s’écrasa au moment où ils pénétraient le couvert forestier.

-« Continue Tatiana. Vole entre les arbres jusqu’à être hors de portée et de vue pour de bon. On reprendra de l’altitude plus tard."
-« Et pour ta comtesse ? »
-« Je pense que tu ne pourras pas prendre le risque de revenir. Mais si tu connais quelqu’un, ce serait gentil de notre part de lui envoyer un transport rapide pour recevoir des soins au cas où elle serait toujours coincée là. Il y aura une prime. »
-« Plutôt deux fois qu’une ! »
-« Tu serais pas une cousine de Violette ? » ironise-t-il.
-« C’est qui ça ? »
-« Oublie… pour quatre fois ton prix, peux-tu m’assurer d’arriver avant eux à Xandrie et de m’échapper en sécurité ? »
-« J’ai de nombreux cousins. Xandrie, c’est une grande famille. Les Opaliens nous prennent pour des bouseux. Mais si tu veux disparaître, ils ne te trouveront pas... dis, qu'y avait-il finalement de si important dans cette boîte?»
-"Tu veux vraiment savoir? Ce qu'il reste du tueur à la rose. Sa cervelle... mais quelque chose me dit qu'on n'a pas fini de parler de lui."
-"Euuurk".

Les flammes crépitantes explosaient les vitres du manoir au loin, léchant les façades de cette perle d’architecture Xandrienne.
« Ne sois pas déçu. Le Magistère gagne toujours. Il est tout puissant. Un jour, Xandrie se libèrera. Tu perds, aujourd’hui. Mais demain, on verra. »