Mer 1 Nov - 15:24
Il n’était pas rare que les Patrouilleurs fussent envoyés dans la Brume quérir quelconque artéfact lorsque pareille demande ne justifiait pas une expédition. Cependant, il n’était pas de coutume que ces derniers réalisent aussi la livraison des objets collectés. Ainsi Ryker trouva assez cavalier la façon dont les administrateurs de la Guilde lui avaient révélé ce petit détail alors qu’il revenait, crasseux, d’une expédition mouvementée dans la Brume. Il y avait eu des exulos, et pas mal d’événements impromptus durant le périple et il n’avait rêvé que d’un bain chaud et d’un repas copieux durant son retour. Quitte à prendre un ou deux jours, il avait décidé de se les octroyer et avait mandé une diligence pour le trajet jusqu’à Epistopoli. Une ville qu’il avait en horreur, ce qui était certainement dû à sa passagère clandestine qui n’appréciait pas de s’éloigner tant de la Brume. Encore mieux, il devait aller dans la Haute Ville, dans un certain hôtel ‘Le Marquis’. Un endroit plutôt bien famé, à la réputation de luxe et de dorures. Un endroit parfait pour un Patrouilleur comme lui.
Le trajet se passa plutôt avec confort, jusqu’à arriver aux portes de la cité où Ryker fut inspecté avec peu de ménagement. Les Morts Gris n’étaient pas très bien vus de la populace et la crainte qu’ils inspiraient allait de pair avec la méconnaissance de leurs fonctions réelles au sein de la Guilde. Touchés par la Brume, maudits par la Malice. Les rumeurs allaient bon train et nul doute que son passage par la grande porte susciterait quelques émois. Le Patrouilleur, quant à lui, frémit en voyant les aberrations mécaniques qui l’entouraient. Il sentit sa Nebula pester de rage et cracher à l’attention de toutes les horreurs qu’il apercevait et il eut bien vite l’impression de ne pas être à sa place en pareille cité. Tout ici criait technologie et vice. Cela le renvoyait bien des années en arrière, à un temps qui lui semblait être une autre vie. Peut-être que c’était là que prenait racine son malaise. Epistopoli ne lui était pas inconnue, ses parents y avaient autrefois noué de nombreuses connaissances selon ce qu’on lui avait conté. Ils étaient scientifiques, après tout. Lui n’était que peu versé dans ces arts, il savait juste qu’ils étudiaient quelque chose lors que la Brume avait pris Dainsbourg.
Il soupira en passant les autres enceintes de la cité, lorsqu’il montra une fois de plus son habilitation et que son colis fit tiquer la douane. Une fois de plus. Il perçut la méfiance lorsqu’il leur révéla son métier, mais peut-être savaient-ils, automates ou augmentés qu’ils étaient, le sort que leur réserverait la Brume si elle les découvrait. Il ne leur offrit qu’un sourire gêné, leur monde et le sien n’étaient pas faits pour se côtoyer. Le Patrouilleur se fit indiquer la suite par les contrôleurs et put admirer la différence notable entre les quartiers. Pas de doute, il était dans la Haute Ville. Tout semblait si … vide et froid. Loin de la crasse et de la chaleur des autres quartiers. Comme toujours, la civilisation était source de ségrégation. Il finit, après plusieurs dizaines de minutes de marche où il fit se retourner les passants, par arriver devant sa destination. En effet, l’endroit était grand. En effet, l’endroit était prestigieux.
- Pas vraiment le genre de taverne que je fréquente … ça c'est clair.se murmura le Patrouilleur, dans son armure de cuir usée et avec son épée qui dépassait de son dos.
Il posa la main sur le pommeau de son épée courte, se lissa un peu ses cheveux ondulés et sa barbe. Il se sentait mal à l’aise, comme une sorte de furoncle sur un visage de porcelaine. Ryker poussa la porte et entra dans l’hôtel où tout sentait bon, à part lui. Il se dégageait de l’aventurier une odeur âcre de cuir et de transpiration. Ces fragrances avaient depuis longtemps marqué son armure et sa cape et on pouvait aussi y percevoir un soupçon de terre mêlée d’hémoglobine. Il était rare que ses expéditions ne se passent sans verser le sang. Il s’approcha, dans un fracas métallique, du comptoir. Personne, c’était bien sa veine. Une clochette trônait devant lui, mais il se demanda bien à quoi cela pouvait bien servir. Il se posa au comptoir, comme il l’aurait fait dans une auberge du bord de la mer de Brume, puis observa les clefs et tout le fatras de décoration. Tout cela était bien trop aseptisé. Il manquait les chants du fond de taverne, ainsi que l’odeur de pot-au-feu qui cuisait au fond dans une marmite. La bière, les rires. Ici, il n’y avait qu’un bourdonnement incessant propre à la ville qui ne semblait incommoder personne.
Après quelques secondes à attendre sans âme qui vive, mis à part les clients au nez retroussé sur les banquettes immaculées de l’entrée, le Patrouilleur se racla la gorge. Une fois, deux fois. Puis il laissa ses doigts courir sur le comptoir. Ses gants de cuir restèrent intacts : pas la moindre trace de poussière. Bon sang, cet endroit ne vivait donc pas ? Il commença à jouer avec l’espèce de petite sonnette et l’activa par hasard. Le son ricocha dans le hall d’accueil et fit émerger du tréfonds des bureaux une créature guindée dans un accoutrement … inhabituel.
- Bonjour monsieur. Bienvenue au Marquis, monsieur. En quoi puis-je vous aider à vous repérer dans la ville ou vous indiquer un tailleur, monsieur ? minauda l’hôte, tout en fronçant aussi son nez.
Ryker laissa passer l’insulte en se redressant. Toujours cette image de rustaud, comme si les gens qui n’appartenaient pas à leur strate sociale étaient tous de parfaits idiots. Leur monde était bien éloigné du sien, où la mort était la seule égalisatrice.
- Bonjour. Non, je suis là pour affaire. Je dois livrer ceci… fit-il en posant un paquet assez large sur le comptoir, qui déversa une quantité anormale de poussière sur ce dernier. En main propre à votre patron. On m’a dit de mander un certain ‘Maëlstrom’, lui saurait me guider. J’ai fait tout le trajet depuis les Terres Brûlées jusqu’ici : je peux encore attendre un peu.
L’hôte d’accueil haussa un sourcil puis, comme si cela venait de faire connecter deux informations dans son cerveau, s’excusa un instant avant de s’éloigner et de se saisir d’un combiné pour y parler dedans d’une voix préoccupée.
Le trajet se passa plutôt avec confort, jusqu’à arriver aux portes de la cité où Ryker fut inspecté avec peu de ménagement. Les Morts Gris n’étaient pas très bien vus de la populace et la crainte qu’ils inspiraient allait de pair avec la méconnaissance de leurs fonctions réelles au sein de la Guilde. Touchés par la Brume, maudits par la Malice. Les rumeurs allaient bon train et nul doute que son passage par la grande porte susciterait quelques émois. Le Patrouilleur, quant à lui, frémit en voyant les aberrations mécaniques qui l’entouraient. Il sentit sa Nebula pester de rage et cracher à l’attention de toutes les horreurs qu’il apercevait et il eut bien vite l’impression de ne pas être à sa place en pareille cité. Tout ici criait technologie et vice. Cela le renvoyait bien des années en arrière, à un temps qui lui semblait être une autre vie. Peut-être que c’était là que prenait racine son malaise. Epistopoli ne lui était pas inconnue, ses parents y avaient autrefois noué de nombreuses connaissances selon ce qu’on lui avait conté. Ils étaient scientifiques, après tout. Lui n’était que peu versé dans ces arts, il savait juste qu’ils étudiaient quelque chose lors que la Brume avait pris Dainsbourg.
Il soupira en passant les autres enceintes de la cité, lorsqu’il montra une fois de plus son habilitation et que son colis fit tiquer la douane. Une fois de plus. Il perçut la méfiance lorsqu’il leur révéla son métier, mais peut-être savaient-ils, automates ou augmentés qu’ils étaient, le sort que leur réserverait la Brume si elle les découvrait. Il ne leur offrit qu’un sourire gêné, leur monde et le sien n’étaient pas faits pour se côtoyer. Le Patrouilleur se fit indiquer la suite par les contrôleurs et put admirer la différence notable entre les quartiers. Pas de doute, il était dans la Haute Ville. Tout semblait si … vide et froid. Loin de la crasse et de la chaleur des autres quartiers. Comme toujours, la civilisation était source de ségrégation. Il finit, après plusieurs dizaines de minutes de marche où il fit se retourner les passants, par arriver devant sa destination. En effet, l’endroit était grand. En effet, l’endroit était prestigieux.
- Pas vraiment le genre de taverne que je fréquente … ça c'est clair.se murmura le Patrouilleur, dans son armure de cuir usée et avec son épée qui dépassait de son dos.
Il posa la main sur le pommeau de son épée courte, se lissa un peu ses cheveux ondulés et sa barbe. Il se sentait mal à l’aise, comme une sorte de furoncle sur un visage de porcelaine. Ryker poussa la porte et entra dans l’hôtel où tout sentait bon, à part lui. Il se dégageait de l’aventurier une odeur âcre de cuir et de transpiration. Ces fragrances avaient depuis longtemps marqué son armure et sa cape et on pouvait aussi y percevoir un soupçon de terre mêlée d’hémoglobine. Il était rare que ses expéditions ne se passent sans verser le sang. Il s’approcha, dans un fracas métallique, du comptoir. Personne, c’était bien sa veine. Une clochette trônait devant lui, mais il se demanda bien à quoi cela pouvait bien servir. Il se posa au comptoir, comme il l’aurait fait dans une auberge du bord de la mer de Brume, puis observa les clefs et tout le fatras de décoration. Tout cela était bien trop aseptisé. Il manquait les chants du fond de taverne, ainsi que l’odeur de pot-au-feu qui cuisait au fond dans une marmite. La bière, les rires. Ici, il n’y avait qu’un bourdonnement incessant propre à la ville qui ne semblait incommoder personne.
Après quelques secondes à attendre sans âme qui vive, mis à part les clients au nez retroussé sur les banquettes immaculées de l’entrée, le Patrouilleur se racla la gorge. Une fois, deux fois. Puis il laissa ses doigts courir sur le comptoir. Ses gants de cuir restèrent intacts : pas la moindre trace de poussière. Bon sang, cet endroit ne vivait donc pas ? Il commença à jouer avec l’espèce de petite sonnette et l’activa par hasard. Le son ricocha dans le hall d’accueil et fit émerger du tréfonds des bureaux une créature guindée dans un accoutrement … inhabituel.
- Bonjour monsieur. Bienvenue au Marquis, monsieur. En quoi puis-je vous aider à vous repérer dans la ville ou vous indiquer un tailleur, monsieur ? minauda l’hôte, tout en fronçant aussi son nez.
Ryker laissa passer l’insulte en se redressant. Toujours cette image de rustaud, comme si les gens qui n’appartenaient pas à leur strate sociale étaient tous de parfaits idiots. Leur monde était bien éloigné du sien, où la mort était la seule égalisatrice.
- Bonjour. Non, je suis là pour affaire. Je dois livrer ceci… fit-il en posant un paquet assez large sur le comptoir, qui déversa une quantité anormale de poussière sur ce dernier. En main propre à votre patron. On m’a dit de mander un certain ‘Maëlstrom’, lui saurait me guider. J’ai fait tout le trajet depuis les Terres Brûlées jusqu’ici : je peux encore attendre un peu.
L’hôte d’accueil haussa un sourcil puis, comme si cela venait de faire connecter deux informations dans son cerveau, s’excusa un instant avant de s’éloigner et de se saisir d’un combiné pour y parler dedans d’une voix préoccupée.