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[Event] Assaut sur la tour hantée

[Event] Assaut sur la tour hantée - Page 4 Brandw10
Ven 8 Déc - 18:33

La tour des Ases

Event



- Astronome !

La créature ralentit pour se tourner vers lui dans un flottement flou. Elle répondait à un appel lointain aussitôt oublié. Le Fléau concentra ses efforts sur ses ennemis les plus proches, Nemeth et Ryker couraient en grand danger.

Keshâ le rejoint près du télescope sans se rendre compte de la promiscuité du médecin. Dans un effort, il invoqua un don cristallin et chanta à l'attention de l’Astronome. Sa voix sembla atteindre l’être qui ballota, chacun y allant de ses ressources pour contenir les lames de la créature métallique.
Lewën assista à une autre attaque… de la Brume cette fois contre son futur hôte. Elle l'avait choisit. Il ne se souvenais pas oui même comment il était devenu Portebrume, il pouvait la voir à l'œuvre. Il s'approcha du jeune Epistote :
- Ne lutte pas, souffla-t-il en jetant un œil sur le Fléau. Elle t'a choisit, accepte là, respire et concentre toi, ne t'oublie pas Keshâ … devrait-il lutter pour la dominer dès les premiers instants ?

Curie descendit de son perchoir pour retrouver son maître. De là haut elle avait pu voir la dangerosité de cette chose énorme, dangerosité qui n'était plus à prouver. Elle sauta sur les grilles du sol et fut accueillie par un Max heureux de trouver une nouvelle distraction.
Demi tour toute, la Musaboise bondit entre les jambes de Keshâ avant de remonter le long du télescope. Dans sa fuite elle agrippa un bout de métal. L'interrupteur plat se camouflait dans l'urgence de la situation et n'avait été remarqué plus tôt. Un nouveau son ajouta au brouhaha ambiant, un vrombissement monta le long du télescope.
Curie sauta sur l'épaule de son maître, détestant la sensation de sourde vibration qu’émanait le support métallique. Lewën attrapa Keshâ pour l'éloigner du potentiel danger, ne comprenant d'où venait cette soudaine énergie qui traverse l'objet principal du lieu. Rien d'autre ne semblait s'activer contrairement à sa vision.

Cette information supplémentaire permit de gagner quelques précieuses minutes de répit face à la violence du Fléau. La collaboration de l'équipe contribua à l'échappatoire qu’offrait la distraction à Nemeteh et Ryker. Ce dernier comprit qu’Ezra tentait vainement de se rappeler un passé serein, remplacé par les vices des hommes. Le Patrouilleur entama une litanie qui intrigue d'autant plus Ezra.

Arriveront-ils à calmer la créature au point de s'en faire une alliée ? L’impensable semblait devenir réalité.
Résumé:
Ven 8 Déc - 22:06
Le corps recroquevillé de la Banshee tremble légèrement sur le sol. Peu à peu, elle abandonne sa lutte contre la douleur —elle la connaît si bien, et pourtant chaque pic la surprend encore, chaque fulgurance lui semble nouvelle, et il lui faut recommencer de zéro pour s’en imprégner et espérer l’apprivoiser. Son museau frémit lorsqu’une autre odeur s’insinue, celle d’une putréfaction lointaine, mouvante, mélangée au musc animal. Elle sent la truffe humide se presser contre son épaule, le halètement lent exhaler un souffle chaud sur ses plumes. Ses babines se soulèvent en un sourire crispé. Max a sans doute été pensé comme une arme par les cerveaux désinhibés d’Opale. Mais derrière son regard mort il reste des squames de ce qu’il a été.

« Gentil chien. », fait-elle doucement.

Il sent peut-être qu’elle a traversé les mêmes laboratoires. Qu’elle a été pensée comme un clébard envoyé en éclaireur. Servile. Remplaçable.
Si elle n’avait pas arraché ses chaînes — et la gorge de son geôlier —, seul Max l’aurait traitée comme une sœur d’armes.

Jessamy serre les dents alors qu’elle sent une poigne ferme la soulever. Gémissant, elle se laisse néanmoins porter. Elle voit flou ; son corps lui semble couler sur celui de Nemeth. L’impression de s’effondrer un peu plus à chaque pas, comme la gargouille s’est effritée sous chaque estoc jusqu’à la destruction. Elle obéit, pourtant. S’accroche à l’étreinte qui la maintient dans le monde des vivants. La mutante se sent glisser, d’un bras à un autre, comme un nourrisson que l’on tend. Elle entend la voix masculine glisser pour elle des mots rassurants. Lait de pavot, pour la douleur. Ses lèvres s’entrouvrent pour laisser s’écouler le liquide au goût crayeux dans sa gorge. Sa peau frémit au contact de la main poisseuse d’onguent. En d’autres circonstances, elle aurait peut-être griffé le visage du soigneur.

Mais elle est interrompue par la déflagration qui la traverse. L’énergie d’un monstre de la nature, qui prend racine dans celui qui la soigne. Elle sent la sève se mêler à son sang d’hybride, les dernières bribes du pouvoir du géant d’écorce s’injecter dans ses os. Entend le crachat du canon de Jeremiah s’échouer sur la carcasse d’acier. Battement de cils. Dans un froissement délicat, Jessamy se défait de l’étreinte guérisseuse. Elle s’essuie les yeux du dos de la main, avant d’adresser un hochement de tête à Lewën. Son attention est alors captée par le grincement de la trappe qui propulse la combattante dans les airs. Le corps agile plonge en piqué vers le Fléau, comme une Banshee en plein raid. Mais elle n’atteindra pas sa proie, trajectoire déviée par l’invective.

Astronome. Pendant un instant, le mot laisse leur adversaire dans une torpeur immobile, ses gestes suspendus. Jessamy en profite pour se délester de son sac à dos et de son manteau d’hiver, dévoilant ses bras couverts de plumes. Son regard inquiet vivote entre Nemeth et Ryker, trop proches de l’éventail d’épées. Et alors que les lames s’apprêtent à déferler, c’est la voix d’Artémis qui surgit. Un autre nom qui s’impose : Ezra. Les prunelles carmin de la Banshee dévient vers le squelette qui repose dans sa chrysalide d’acier. Quelque chose se serre dans sa cage thoracique. Elle comprend. L’Astronome est l’enveloppe, et Ezra, la conscience. Sa mâchoire pointe à travers la peau de ses joues aux paroles d’Artémis. Elle aussi a dû être pensée comme une arme, condamnée à se mouvoir dans ce corps froid, meurtrier et solitaire. Plongée dans un abîme de violence, avec le maigre espoir que quelques syllabes bien choisies la remontent à la surface. Les entrailles de Dainsbourg lui reviennent en mémoire, et avec elles le captif réduit en poussière. Lui aussi aurait dû être libéré. Cette fois, Stolos n’était pas là pour tout gâcher.

Le chant de Keshâ’rem la devance, happant son attention. Elle ignore ce que les notes dissimulent, mais elles semblent toucher la gardienne des lieux autant que son public humain, avant de s’évanouir entre les lèvres du jeune homme qui s’effondre dans les bras de Lewën. Mais cette mélopée éphémère suffit à ancrer un espoir d’atteindre ce qui dort sous la cuirasse.

C’est sans doute ce qu’essaie de faire Ryker, dont les syllabes sonnent curieusement à ses tympans. Ezra l’écoute. Elle attend. De sa voix métallique et sans âge, l’Astronome a demandé des instructions. Mais ne réagit pas à l’écoute du vieil uhrois qui tente de lui rendre la raison. Jessamy tique. Il faut creuser plus profond. Ezra est sensible à son nom — le sien, et celui de sa fonction. Elle est sensible à la musique. Il existe peut-être un moyen de la faire émerger de l’abysse.

Une vibration sourde émerge du télescope. Jessamy frémit ; elle s’avance en douceur vers la créature. Se remémore le langage des ailes noires, ancien et vibrant. La langue d’Ezra, et non celle de l’Astronome. C’est à elle qu’il faut s’adresser. C’est elle qu’il lui faut aller chercher. C’est elle qu’il faut aider à s’éveiller. À lutter.

« Bonjour, Ezra.* »

Son timbre grinçant essaie de masquer sa peur face à la myriade de couteaux. Aucun geste ne vient parasiter ce que Jessamy essaie de dire. Elle plante son regard rougeoyant dans celui, factice et impavide, de l’autre créature.

« Reviens parmi nous. Souviens-toi. Réveille-toi, Ezra. »

Ses mots sont hésitants. Les inflexions propres à la langue des célestes meurent dans sa gorge. Mais elle ne flanche pas. Cela vaut la peine d’essayer.

*Les paroles en italique sont énoncées en langue Grigori.

Résumé:
Sam 9 Déc - 12:57
Fais chier, tu te dis en regardant l'équipe tenter de communiquer avec l'engin en ancien urhois charcuté. Tu le vois venir, tu vois venir un deuxième camarade se faire déchiqueter sous tes yeux à force de perdre du temps à discutailler avec cette aliénée. Tous plus inconscients les uns que les autres, ils ont oubliés bien tôt que le cadavre encore fumant du patron repose pas loin de toi, ses entrailles luisantes éclosant hors de sa cage tel un bouquet de roses. Ils ont oublié que l'on poursuit le Régent et que selon Amir, le suspect représenterait une menace largement supérieure à ce qui était prévu initialement. Depuis qu'Artémis est sorti de sa transe, ils sont tous obnubilés par l'idée de pacifier la créature. Mais a-t-on réellement le luxe de nous attarder ici ?

Évidemment, sauver Erza offrirait des perspectives scientifiques intéressantes, faciliterait la réquisition du matériel, mais oublier ainsi le pourquoi de notre présence ici est une faute professionnelle terrible. Même dans le pire des cas où Erza mourrait, il est certain que les savants du Magistère resteraient ravis d'autopsier son cadavre qui doit regorger d'enseignements passionnants ! Alors pourquoi s'emmerder ? Chaque minute que l'on perd nous éloigne davantage d'une fin heureuse à la mission, en plus de nous faire encourir des risques inutiles. Où est ce foutu Régent ? Est-ce lui qui a piraté cette chose ?

- Bah, tu murmures tandis que la silhouette de Ryker vient envahir ton viseur, t'empêchant de trouver une ligne de tir nette. Sans le vouloir, il s'est interposé entre ton canon et la créature. Celle-ci est pour l'instant stabilisée, figée de stupeur, comme un cerf devant les phares d'un camion. A tout moment, la boucherie pourrait reprendre. Baisser ainsi sa garde est un non-sens absolu. Si la force brute ne prend pas, alors il va falloir percer son secret pour la neutraliser, et il va falloir y parvenir très vite. Il faut libérer Erza enfermée dans sa prison d'acier et d'os et le vieil urhois semble donc être la clé.

Tu te souviens du vieil urhois, Jerry ? Cette langue barbare, venant du fond des âges, cet accent agressif qui sied bien à ce peuple arrogant et narquois, tu fus forcé d'en apprendre quelques mots durant ta formation initiale de tartare, au Magistère, c'était il y a vingt ans, un lézard gras et boutonneux voilà ce que tu étais à l'époque. Tu avais alors des cours se rapportant aux multiples peuplades d'Uhr, à leur culture, leurs atouts et leurs failles, et ces foutus grigoris en faisaient partie. Contrairement à certains de tes camarades ici qui semblent fantastiquement bien versés dans les langues étrangères, toi, malgré les cours, malgré les formations, malgré les voyages, ça n'a jamais été ton truc.

Tu as toujours été catastrophique, lorsqu'il s'agissait d'explorer et compatir avec d'autres cultures, lointaines dans l'espace et dans le temps. Les mauvaises langues diront que ça a un rapport avec ta xénophobie latente et ta fierté opaline envahissante. Mais aujourd'hui compatir semble être la condition sine qua none du sauvetage de votre mission. Alors compatissons.

Une indication, un mot ou deux, ça devrait logiquement suffire pour raisonner une machine. Y a pas lieu de construire une vraie phrase ou de se perdre dans un discours émotionnel, l'âme d'Erza doit y être devenue sourde depuis bien longtemps. Les cas de possession assorties à de l'amnésie se résolvent parfois par une seule stimulation bien choisie, un seul mot-clé par exemple.

Tu creuses dans ta mémoire rouillée. Tu déplaces par la pensée des lettres, des sons et des concepts, qui se ramènent timidement à ta conscience. Du vieil urhois tu ne connais que ce que les instructeurs opalins ont bien voulu t'enseigner. Un vocabulaire guerrier, lié au conflit et à la violence, essentiellement, pour t'aider à neutraliser des menaces ailées de son genre si tu en rencontrais par hasard au détour d'une opération. A l'époque, tu étais persuadé que ça ne te servirait jamais, car y a pas des grigoris hostiles à tout les coins de rue en Uhr ; mais voilà que se présente une interro surprise que tu n'avais pas du tout anticipée.

Erza. Comment te calmer ? Tu te joins aux sérénades de tes amis, et déballe, dans un accent catastrophique, presque insultant, un nuage de mots dans lequel tu espères que certains feront mouche.

- Tla'ssal ! Elas al clam, eshim !
(Rendre-toi ! Déposer les arme, soldat !)

Où est Max ? Ben, après être allé aider Jessamy, il est maintenant aux pieds de Lewen, lui livrant un grand sourire et aboyant, impatient que la musaboise ne descende de son épaule. On sait pas trop s'il veut la boulotter ou jouer avec, probablement un peu les deux.

Résumiesss:
Sam 9 Déc - 19:24



Assaut sur la tour hantée

Event


Ryker et Nemeth, au corps à corps avec le Fléau, jouent de tous leurs talents pour rester en vie, quelques secondes, quelques minutes de plus. Un temps précieux qui sera rapidement mis à profit par le reste de l'équipe, finalement bien plus décisive que les combattants. La langue des anges résonne alors, prenant des teintes et des octaves différents selon les protagonistes. Tous s'y essayaient, pour retenir la créature, pour lui porter secours, elle qui venait de pulvériser leur meneur. Pendant un bref instant, le chant se mêle à la myriade de leurs essais. Le Fléau semble comme hypnotisé, hésitant, soudain désintéressé du combat et de ses précédentes cibles. Nemeth reste sur ses gardes, un seul soubresaut agressif pourrait faire voler sa tête. Elle s'écarte lentement, tâchant de ne plus être à portée directe.

Elle est silencieuse, attentive, concentrée sur le Fléau, elle ne s'interroge pas sur l'évidence : elle comprend ce qu'ils disent. Cela n'a pas d'importance, la seule qui en ait, c'est que les mots soient entendu et compris par cette créature. Au mot Eshim, soldat, Ezra s'agite lentement, ses ailes se replient, ses armes se rétractent, elle se recroqueville et s'immobilise, comme en attente. La caravanière attend, prudemment, son arme toujours en main.

- Il y a quelque chose dans son dos.

Elle avait pu le voir pendant son piqué depuis les airs, juste entre les omoplates du Fléau, un dispositif fait du même métal que l'engin au centre de la pièce. Maintenant que l'ancienne grigori était repliée sur elle-même, le panneau était plus visible et accessible. En quelques pas sur le côté, Nemeth et tous ceux qui pouvaient l'observer, comprenaient qu'il manquait un élément. Au centre du dispositif, un espace sphérique vide. Etait-ce sur la machine au centre de la pièce ? Nemeth se risquait à une nouvelle observation de la salle, gardant toujours le Fléau dans en périphérie de sa vision. Un éclat attirait finalement son regard, notamment parce qu'il se baladait.. en aboyant.

Dans la gueule de Max, un long morceau de chair sanguinolente, qu'un anatomiste reconnaîtrait appartenir au plexus brachial, était resté coincé dans ses dents. Emmêlée dans les nerfs du plexus, à cause de la pression qui causa la mort de son précédent propriétaire ou du masticage de l'animal, une pierre luisante dont les dimensions correspondaient un poil trop parfaitement à l'encoche dans le dos du Fléau. Le chien vivait lui sa meilleure vie, tâchant d'attirer l'attention de son futur repas et néanmoins compagnon de jeu, que cela soit la Musaboise ou l'homme sur l'épaule duquel elle se réfugiait.

- Max, hé Max, viens voir par ici.

Difficile de feindre un ton enjoué quand on vient de risquer sa vie et que cela pouvait se reproduire à tout moment pourtant Nemeth s'y risquait avec un certain brio, tout du moins assez pour convaincre un chien mort-vivant. Tapotant la tête du canidé en évitant de peu les pustules suintantes, la jeune femme lui volait son morceau de viande avant de le renvoyer un peu plus loin, délesté de la pierre. Les doigts rouges, l'aramilanne approchait du Fléau au repos, plaçant le cristal dans la cavité qui était vraisemblablement prévue à cet effet. La jeune femme s'écartait de quelques pas, observant la réaction de l'Astronome.

Elle avait, comme le reste du groupe, oublié la présence.. ou l'absence, d'Aharon. Le caravanier avait une mission et cette dernière était claire, trouver le Régent. Depuis qu'Amir avait laissé en suspend sa révélation, lui aussi avait complété sa phrase avec un mot terrible. Si le Régent était le Mandebrume, il était hors de question qu'il dévie de sa mission et qu'il laisse une chance à cet homme, cet être, ce faux dieu, de s'en tirer pendant qu'ils bataillaient avec le Fléau. Amir avait donné sa vie pour qu'ils poursuivent la mission pas pour qu'ils perdent ce précieux temps à combattre un ange déchu, moins encore à tâcher de le raisonner. Aharon était donc monté dans l'escalier de fer et ne s'était pas retourné. Il serait seul pour affronter ce qui suivrait.


Des coups,
étouffés,
brefs,
décisifs.
Le rouge sur la joue hâlée,
le souffle court,
peut-être le dernier,
pour l'un d'eux.


Résumé:


Dernière édition par Chāyā Lelwani le Lun 11 Déc - 12:11, édité 1 fois
Dim 10 Déc - 22:48

Maître du Jeu

Sous vos yeux ébahis, le cristal est attiré par l'encoche dans le dos de l'Astronome, à la manière d'un métal ferromagnétique venant trouver sa place sur un aimant. Solidement arrimé, le cristal pulse d'une énergie emplissant la pièce ; Lewën tu reconnais ces particules de lumière bleues, désordonnées, qui viennent d'être expulsées dans les airs tout autour de vous. L'unité centrale de la Tour d'Yfe, l'interface du Grand Télescope, est revenue à elle-même, à son soi scientifique qui n'a jamais voulu être cette arme, il y a des dizaines de milliers d'années... Un prototype antérieur au Royaume lui-même, antérieur aux guerres qui l'ont opposé à la terre des Hommes et des Nains. Elle ne sait si elle est seulement la première... ou la dernière de cette armée maudite, venue envahir ces terres.

Se redressant, celle que les hommes ont nommé pendant des siècles « le Fléau » pose un regard panoramique sur la pièce... avant de s'attarder sur les restes de votre commandant. Telle la Grigori qu'elle était jadis, pleine de compassion et d'amour, vous la voyez poser une main sur son plexus. Son visage d'acier ne cille pas et pourtant ses manières renvoient à une forme de tristesse.

Elle te regarde alors, Artémis, de sa stature céleste, sans faire le moindre geste. Des mots en vieil uhrois sonnent avec ce même ton féminin métallique, mais bien plus mélodieux :

« - Merci. »

La langue de l’Église n'a pas changé au point où vous ne parviendriez pas, chacun, à la comprendre. Mais il semble évident que ce n'est pas l'institution religieuse qui est derrière la conception d'une telle machine et que sa connaissance du langage n'est pas le fait de sa captivité ; ceux ayant participé aux découvertes de Dainsbourg savent que c'est aussi le dialecte de l'ancienne civilisation qui était à l’œuvre ici. En choisissant de préserver son héritage, vous avez fait le bon choix.

Sitôt redémarrée, l'Astronome commence à pianoter dans les airs : chaque toucher de ses doigts sur les particules iridescentes lui permet de faire naître des interfaces, riches en écritures et en images, censées représenter les étoiles, des calculs mathématiques complexes, des données clefs.

« - Nous sommes en l'an 4000 du calendrier impérial, » déduit la machine en poursuivant ses traitements frénétiques. « Ouf ! Le soleil et la lune sont toujours là ! »

La scène semble surréaliste : devant vos yeux, la machine se comporte davantage comme un être humain qu'en vulgaire robot ; bien que d'origine mécanique, son phrasé reste celui d'une jeune femme qui n'a jamais pu poursuivre sa vie, vieillir et mourir dignement.

Puis enfin, comme arrivée au terme de ses déductions, Ezra vous appréhende à nouveau :

« - Il vous faut faire vite ! Vous devez arrêter celui qui veut perturber la course des astres, il n'a aucune idée de ce qu'il va provoquer ! »

Visiblement l'Astronome sait beaucoup de choses, mais elle semble plus préoccupée par la suite de votre mission. Chaya l'est aussi, en voyant que son partenaire n'est plus là.

Par chance, les premiers d'entre vous à monter l'escalier le retrouvez inconscient. Un homme le toise ; son regard est terrifié mais il semble ne pas vouloir flancher et bloque le chemin.

« - Le Régent m'a ordonné de ne laisser passer personne ! » hurle-t-il en vous voyant tous arriver, saisissant quelque chose derrière lui. C'est une mitrailleuse Dexar et il s'apprête déjà à appuyer sur la gâchette.
HRP:
Mar 12 Déc - 16:04
Au centre de la pièce, Ezra attend. Figée. Jessamy se pince les lèvres ; il leur manque quelque chose pour résoudre l'énigme, et peut-être la libérer de sa condition funeste. Une clé. Elle se dissimule dans le verbe de Jeremiah, dont le Grigori balbutiant parvient à toucher ce qu'il reste de la céleste. Puis dans le geste de Nemeth, qui lui rend son cristal — son cœur.

Eshim.
Le mot souille et pointe du doigt les dits impurs, les ailes blanches destinées à l'éternelle soumission. Jessamy se souvient aussi de sa signification : soldat. Son cœur se serre. En toute logique, les plumes nivéennes d'Ezra l'avaient déjà condamnée, à son époque, à devenir un arsenal. Son intellect, aussi brillant soit-il, n'aurait jamais pu la sauver. Pas sans aide. Alors, quand la machine dépose les armes et les remercie d'une voix atone et pourtant adoucie, la mutante la croit. Elle l'imite en posant une main griffue sur sa poitrine. Son regard vermeil se porte ensuite sur Artémis ; sans lui, l'escouade aurait été plus meurtrie encore.

« Merci. », glisse-t-elle au loup blanc avant de se détourner.

Si le sens des paroles d'Ezra lui échappe, elle se sent pressée par l'inflexion, et le reste du groupe aussi, poussé vers les escaliers de métal. Jessamy enfile le manteau qu'elle avait laissé choir, puis attache de nouveau son sac à dos sur son torse. Sa canne rejoint sa place dans le creux de sa paume ; ainsi, la créature retrouve tous ses membres. Elle est prête à continuer. Ses prunelles balayent la salle nimbée d'une lueur bleutée. Un étrange reflet vient iriser les traces de sang frais laissées par le corps d'Amir. Une grille pour cercueil et sa meurtrière pour gardienne. La mutante adresse un dernier regard à Ezra. Ce combat aura été son dernier — elle l'espère.

Son passage en revue trébuche néanmoins sur une absence. Un pli se creuse sur son front, tandis qu'elle se tourne vers Nemeth.

« Tu n'as pas vu ton ami ? »

Jusque-là, la présence d'Aharon lui a semblé évidente ; et la fureur et l'émotion de leur dernière rencontre lui a ôté l'idée qu'il pourrait disparaître. Le haut des escaliers happe son attention, et un nœud d'anxiété se forme dans ses viscères. Agrippée à la rambarde, Jessamy monte les marches pour trouver le corps inerte de l'Aramilan. Pas mort, cependant — elle l'aurait senti. Son visage se lève pour croiser l’œil unique d'une mitrailleuse, et le regard écarquillé de son propriétaire. Un garde — vivant, pour changer. La terreur qui fait frémir ses syllabes. Face à l'énième obstacle, la mutante montre les crocs.

« Le Régent n'est pas bien placé pour nous donner des ordres. », grogne-t-elle.

Il n'est qu'un obstacle de plus, et bien futile face à ce qu'ils ont dû endurer. À quoi rêve le chef de la cité savante en ne laissant qu'un homme — certes bien armé — pour le protéger ?

« On va faire simple. T'es tout seul, on est neuf. Lourdement armés. Tu ferais mieux d'abandonner avant de finir comme tes collègues. », poursuit-elle.

Le couloir est trop étroit pour qu'ils espèrent échapper aux morsures de l'arme automatique. Elle-même aurait bien du mal à y voltiger, maintenue au sol par la crainte de se cogner à ces murs qui l'oppressent. Jessamy se rapproche de l'un d'eux et se campe sur ses jambes, prête à attaquer celui qui les retient. Au pire, si ses mots ne le figent pas sur place, les autres auront déjà le sursis pour affûter leurs couteaux.

Résumé:
Mer 13 Déc - 15:11



Assaut sur la tour hantée

I tried to be peaceful but then..


Coeur de cristal pour ange de métal. Tombeau de métal pour dragon des sables. Une émotion confuse pulse dans la poitrine de la caravanière alors que le Fléau redevient l'Astronome. L'an 4000 du calendrier impérial, le soleil et la lune toujours là mais, peut-être pas pour longtemps ? Nemeth reste impassible mais cela lui demande un effort considérable. Pourquoi avait-elle furieusement envie de tordre ce cou de métal jusqu'à ce qu'il crache, enfin, -lui au moins-, tout ce qu'il savait avant de les envoyer voir ailleurs ? Elle a des questions, tant de questions, des étourneaux par centaines qui s'envolent dans son cerveau et s'écrasent contre ces mots trop sibyllins, trop pauvres, qu'on leur donnait depuis le début de cette expédition. Peut-être était-ce la malédiction de Demephor qui s’abattait sur elle.

Lorsque Jessamy la questionne sur l’absence d’Aharon, la caravanière réalise la tension qui habite ses membres et cette main verrouillée sur son arme alors que le danger semblait passé. Où était Aharon ? La jeune femme tourne la tête vers les escaliers de fer. Il avait poursuivi la mission. Un dernier regard à l’ancienne grigori et à la plaque couverte du rouge Amir. Que dessinerait-elle de cette scène ? Elle se saisit de son sac avant de s’engouffrer dans l’escalier.

Les marches sont englouties en quelques secondes, débouchant sur un couloir dans lequel gît inconscient l’aramilan. La pulsation reprend, plus forte, dans les entrailles de la caravanière. La banshee tente le dialogue. Combien de fois ont-ils tenté cette approche ? Combien de fois avaient-ils eu de véritables réponses ? Le soldat pointe le canon de la mitrailleuse sur eux mais son doigt n’aura pas le temps de presser la gâchette. L’arme part sur la droite, tourne à 180 degrés pour pointer l’autre bout du couloir, elle emporte le bras de l’épistote dans une torsion incongrue. Et douloureuse. Le craquement est aussi sinistre que l’ombre qui fond sur lui.  

Le pommeau de son épée s’enfonce dans le plexus solaire, le soldat se plie en avant, son visage est cueilli au vol par le genou de l’aramilanne, envoyant valser l’homme contre le mur. Il s’affale lentement, captant dans les prunelles dorées qui se penchent sur lui, l’éclat carmin d’une lueur meurtrière, avant de perdre connaissance.

Nemeth se redresse, elle fait demi-tour, passe entre les membres du groupe pour venir s’accroupir à côté d’Aharon. Elle sort quelque chose de son sac, une fiole qu’elle passe sous le nez de l’aramilan, ses paupières s’agitent, elle met la fiole dans sa main et glisse quelques mots à son oreille avant de se relever.

- Ca ira. Avançons.

Résumé:
Jeu 14 Déc - 16:04

La tour des Ases

Event



Tous parlèrent une langue qui échappa au médecin. Il était loin de ses explorations militaires en quête de cristaux. Les ordres des missions étaient de ramener des artefacts en sécurisant l’équipe, pas de ramener un homme coûte que coûte au péril des vies. Amir, dans son silence, venait de condamner ses subordonnés quitte à compromettre cette mission qui lui tenait tant à cœur. L’homme ne méritait pour autant pas cette fin, subite, horrible, terriblement mémorable.
C’était sans compter sur les ressources des uns et des autres, et aussi étonnant fut-il, Jeremiah fut celui qui entonna le mot de grâce auprès de l’Astronome. Ce type qui ne jurait que par les armes et la force venait de désamorcer l’encodage militaire d’Ezra. Et son chien, aussi inintentionnellement furent ses actions, venait de donner la clé à Nemeth. Il faisait une drôle de collaboration tous ensemble, les uns distillant des informations que les autres s'efforçaient de deviner.
Chaque action avait permis de gagner du temps jusqu’à ce que le loup solitaire révèle les secrets de la Brume. Le vieil Urhois … Lewën ne connaissait aucun mot de ce langage mais se promit d’y remédier s’il se sortait de cette mission suicide.

- Essentielle … lui susurra sa Nebula au coin de son esprit. Lewën tourna légèrement la tête comme pour apercevoir l’entité qui se mua dans un nouveau silence. De quoi parlait-elle ? Il n’eut guère le temps de s'attarder sur son for intérieur, retrouvant le présent de ses camarades d’infortune.

Pour l’heure, l’Astronome retrouvait ses esprits et pianotait sur des particules azur qui irradiaient la pièce, comme dans sa vision. La machine était en route et les aventuriers pouvaient voir son utilité à l'œuvre. Des calculs permirent à l’ancienne Grigori de se situer dans le temps et surtout de se rassurer sur l’astronomie. Les nébuleuses étaient toujours présentes, une inquiétude dont la raison échappait encore à l’ancien militaire Epistote. “Vous devez arrêter celui qui veut perturber la course des astres, il n'a aucune idée de ce qu'il va provoquer !”

- Qu’est-ce qu’il va se passer ? Rétorqua aussitôt le médecin qui ne supportait plus de suivre sans connaître les aboutissants de cette course-poursuite.

Sa réponse pourtant lourde de conséquence fut éclipsée par l’agitation causée par la disparition d’Aharon.

- Il va tuer un Dieu !

Lewën ne put réprimer un frisson cinglant. Les Dieux … Il avait appris à ne pas y croire, son univers se bouleversait pas après pas dans cette aventure sanglante.

Nemeth et Jessamy se ruèrent vers les escaliers en métal, à la recherche d’Aharon. Se séparer n’était jamais une bonne idée, l’homme de religieux venait d’en faire les frais. Le médecin se détourna pour suivre les deux femmes avant de s’attarder auprès d’Aharon. Il lui tendit une fiole pour le requinquer. D’une pensée télépathique il observa une dernière fois Ezra :

- Astronome, l’interpella-t-il par la pensée, Que cherche-t-il ?

Ezra répondit à haute voix, le timbre métallique résonnant sur les parois de l’astrolabe :

- À présent la même chose que tous les imposteurs, prisonniers d'un présent qui n'est pas le leur car leur longévité a été prolongée artificiellement. Il cherche sa place, dans ce monde sinon dans un autre.

Un autre monde ? Ce monde au regard scrutateur empli de vide et de tristesse ? Il n’avait guère le temps de prolonger la discussion, après s’être assuré que l’aramilan tenait sur ses jambes, il rattrapa au pas de course le devant du peloton, pour découvrir des jardins suspendus où tout en chacun restait sur le qui-vive prêt à affronter une nouvelle menace. Le calme les accompagnait jusqu’à une structure centrale au dôme circulaire. Nemeth, en tête de marche, passa la porte forcée. Lewën enjoignit le pas des éclaireurs pour découvrir une nouvelle porte branchée de milles et un fils et commutateurs … A y voir de plus près il n’y avait pas que ça, des artères et des organes se fondaient dans le décor mécanique pour garder en vie un être emblématique de sa patrie. Levant les yeux, le médecin tomba dans le regard usé d’une chouette.

- Êtes-vous avec lui ? tonna une voix caverneuse dans son esprit.

Les pupilles de l’animal se rétractèrent pour sonder l’âme de tous ceux présents autour de sa cage thoracique artificielle. Curie se cacha dans la sacoche voyant en la créature un prédateur naturel.

-  Nous sommes venus le stopper, s’entendit répondre Lewën d’une voix ferme.
- Il n'est peut-être pas encore trop tard dans ce cas., répondit lourdement la créature avant de reprendre dans un souffle épuisé. Même s'il est déjà loin…

Loin ? Comment avait-il pu autant les devancer ? “Il cherche sa place dans un monde sinon dans un autre …” La réponse d’Ezra faisait écho aux paroles de la chouette.

Lewën posa son regard sur le corps mécanique où pendaient des fils arrachés et un panneau brisé. Cette porte, où menait-elle avant d’être détruite ? Il posa sa main sur le métal et sentit les pulsations lentes d’un cœur artificiel qui maintenait la chouette en vie. Une certaine empathie lui serra les tripes, ce corps-là était une prison, impossible à mouvoir. Révélation qui ne tarderait pas à se révéler par la pensée même de la “divinité” qui répondait aux questions d’une Nemeth tout aussi frustrée par les dissimulations de feu leur guide.

- Qui êtes-vous ? s'empressa la jeune femme aux ressources insoupçonnées.  

- Mon nom de naissance vous est inutile mais le nom par lequel les Hommes m'ont longtemps appelé, à un âge maintenant révolu, est Demephor.

A ce nom, Nemeth blanchit autant que cela puisse être possible, ses lèvres bougèrent en une prière silencieuse.

Résumé:
Ven 15 Déc - 11:25
Quelle étrange mission. Erza tout d'abord ; tu ne te croyais pas apte à la pacifier, mais semble-t-il que ce soit bien toi qui l'ait sauvée, en la rappelant à l'ordre. Tout comme toi, elle est un bon soldat bien obéissant, il suffit d'utiliser les bons mots. Et en contemplant quelques secondes l'infernal engin déployé devant toi, en perdant ton regard à l'intérieur de cette passerelle vers un autre univers, en écoutant discourter le malheureux hibou au corps éparpillé, en saisissant les intentions perverses du Mandebrume ; tu commences à percevoir ce sens cosmique se dessiner derrière cette aventure. Cette quête n'est pas "le sommet de ta carrière" car il existe un ciel tout entier par-delà le sommet.  

Tu assembles à toute vitesse les pièces du puzzle, Jérémiah. Ce n'est pas compliqué, nul besoin d'assommer cette créature agonisante de questions. Demephor, un Dieu ; sauf que nous savons, nous autres opalins affiliés au Magistère, que ce titre de "Dieu" est trompeur, que tout est toujours lié de près ou de loin à de puissants artefacts antiques aux capacités démesurées et mal comprises. Tout en cet univers a une source, remonter à la source et la faire sienne c'est comprendre, c'est posséder et c'est dominer. Nous autres opalins, n'avons pas peur du Mystère, nous l'affrontons et nous le conquérons. Opale a faim de savoir, de beauté et de pouvoir, une faim insatiable qui la conduira à engloutir les restes de ce monde.

Le vent a tourné, le Régent est loin, ses méfaits accomplis, mais il te reste une opportunité bien plus vaste pour resplendir, Jérémiah. D'une voix sirupeuse, tentant tant bien que mal de dissimuler tes terrifiantes et pourtant très pures intentions, tu demandes,

- Demephor, quelle est la source de ce pouvoir qui a attiré ce monstre à toi ? Où est-elle maintenant ?
- Mon cristal est resté ici, derrière cette trappe scellée... La parole de la vielle chouette s'introduit dans ton esprit.

Laisseras-tu un tel pouvoir entre les mains de ces idiots sentimentaux et de ces vils magouilleurs, Jérémiah ? A qui préfères-tu le laisser, aux fourbes epistotes ou aux comploteurs aramiliens ? Laisseras-tu s'échapper la promesse d'offrir à Opale le cadeau de la connaissance et de la sécurité, les solutions à tout les problèmes, le statut de sauveur d'Uhr, la gloire éternelle ? Combien de temps les lumières de la civilisation brilleront encore sur ce monde agonisant ? Cela dépend de toi. Toi seul sait quoi faire de ce trésor. Tu sauveras Opale.
Car peut-être que Jérémiah Mortyr n'est pas qu'un simple soldat, tout compte fait, peut-être qu'il est l'Elu d'Opale, le fondateur d'un âge d'or, qui sut attraper l'occasion de basculer dans la légende lorsqu'elle se présenta.
Tu es mon élu, Jerry, c'est toi que la Civilisation a érigé en champion pour la défendre ; alors VA et AGIS, mon enfant.

Quelles questions ? Quelles pensées ? Ton cerveau s'inonde d'une Brume rouge, à travers laquelle tout devient limpide. Seul subsiste ton doux Devoir envers moi, je suis ta Mère et tu sais exactement quoi faire pour me protéger de ces monstres désormais oh bien sûr que tu le sais. Tu arracheras chacune des tripes de cet oiseau s'il le faut pour trouver ce cristal, tu plongeras dans son corps détruit et tu y creuseras avec ta mâchoire et tu ne l'autoriseras à mourir qu'une fois son secret, sécurisé, entre tes mains. Il n'y a pas de Dieux, il n'y a que Moi.

Impossible qu'un tel pouvoir tombe entre des mains étrangères ! Ils l'utiliseront contre nous, pour nous détruire, pour s'emparer d'Uhr ! Ils n'ont pas de vision. Ils n'ont pas tes convictions. Ils écarteront Opale de la course civilisationnelle et plongeront Uhr dans l'hébétement et dans la barbarie !

Profitant de la stupeur générale qui a envahi l'assemblée, tu constates l'inattention de tes camarades qui s'embourbent dans leurs questions, alors tu prends vite conscience que tu es le seul à ne t'en poser aucune. Envahi d'une belle plénitude, tu te précipites sans plus de mots vers la dalle, tenant fermement la grande aile arrachée de l'Astronome, généreusement prêtée plus tôt par Ryker, elle te servira de levier pour faire sauter les obstacles qui se tiennent entre toi et la transcendance.

Malgré le poids combiné de ta fatigue et de ton équipement, c'est léger telle une plume que tu te lances à l'assaut, ignorant les cris les regards, ignorant le choc et la peur, peut-être un oeil extérieur verra un dangereux maniaque déterminé, un vrai opalin cependant verra en toi le champion bâtissant un nouveau mythe fondateur pour sa glorieuse nation, tandis que tu murmures le serment tartare que tes instructeurs te firent hurler il y a fort longtemps lors de ton intronisation, peu avant que tes ainés ne viennent te marquer le dos au fer rouge, ce vaillant écusson du Magistère enfoncé à jamais dans ton cuir.

Je t'ai vu naître et je t'ai élevé, je t'ai vu grandir et te voici devenu ce redoutable outil de justice et de gloire. Je t'aime, Jerry, tu es ma plus belle oeuvre, façonnée avec précision, sculptée avec patience, tu es l'extension parfaite de ma volonté rayonnante. Qu'il est doux, de n'être qu'un instrument au service de la plus belle de toutes les causes, et que l'esprit d'un Homme est léger lorsqu'il n'est habité que par des convictions. Que Maman sera fière, devant son fils devenu un Dieu ! Grâce à toi, mon hymne résonnera dans l'Histoire, pour toujours et à jamais.

Tu plantes brutalement la plume d'acier le long de la trappe puis dans une série de violents coups de levier, la plie et la fait sauter ; exposant les entrailles du Dieu que tu t'apprêtes à remplacer. Le cristal est dissimulé quelque part dans ce méli-mélo de viande divine. Tu frissonnes. Uniquement de l'adrénaline, c'est la seule substance admise dans ton cerveau actuellement et oh la la la elle monte fort, très très fort, gonflant tes nerfs et tes muscles ! Il est l'heure d'en finir ! Quiconque tentera de t'empêcher d'accomplir ta mission sera considéré comme l'ennemi de Maman et tu devras le broyer et me protéger et c'est en les broyant que tu me protégeras.
Broies tes camarades s'ils interfèrent broies-les pour ma Gloire.

Jérésumé:


Dernière édition par Jerry le Ven 15 Déc - 14:01, édité 1 fois
Ven 15 Déc - 13:19
L’opalien avait trouvé le mot juste et avait agi, contre toute attente, en défaveur de la violence inhérente à son origine. Le Patrouilleur souffla, soulagé de voir la créature replier ses ailes. La religieuse réagit à temps et permis à l’ange métallique de retrouver sa vocation première. Ryker frémit face aux deux entités. L’une les avait trompés et s’était faite passer pour une frêle créature pour leur révéler des talents suspicieux … tandis que l’autre arpentait sans frémir la vallée de l’étrange. Sa voix était si humaine … et antique à la fois. Il l’observa, suivit du regard les perles de sang qui sinuaient sur les gravures de son cocon d’acier. Son esprit se refroidissait peu à peu et les effets de l’excitation du combat se perdaient. Il commençait à se rendre davantage compte de ce qui l’entourait. La créature angélique pianota dans une espèce d’illusion qu’il avait parfois observé sur certains cristaux auxquels il avait déjà eu affaire. Le lien avec l’Empire était évident, mais la date le secoua tout de même. Qui était-il face à tant d’histoire ? Et ce qui se déroulait sous ses yeux commençait à le dépasser.

- Toujours … là ? répliqua-t-il, les sourcils froncés.

Il resta pantois, remercia Jeremiah lorsqu’il passa à sa hauteur d’un signe de tête. Mais que disait cette chose ? Ce qu’il avait vu avec les planètes, avec les yeux de cette chose … Son cerveau patinait et ses années à se confronter à des monstres et au tracas du quotidien ne l’avaient pas préparé à cela. Il n’était pas aculturé pour autant. Mais là … là … Perturber la course des astres ? Bon sang, mais ça touchait à des notions qui était si loin pour lui … Qui avait donc un tel pouvoir ? Ils n’étaient que des fourmis au milieu de la Brume. Il laissa ses camarades poser les questions qui leur venaient à l’Astronome mais lui restait coi. Tous ces morts, sans compter Amir. Cette tour et cette présence. Le Liéchi qui rôdait encore aux abords de sa conscience. Non, il devait se concentrer, avancer. Ne pas vaciller. Sa raison ne parvenait pas à entendre, comprendre. Il lui faudrait du temps pour assimiler tout cela.

Les affaires du Portebrume étaient éparpillées un peu partout. Il ne prit pas la peine de s’en préoccuper et ne rassembla que le strict minimum avant de poursuivre la mission. Il en apprenait déjà assez avec les dits et non-dits de la créature. Le reste devrait attendre d’être au calme pour l’intégrer et être capable d’en faire un retour intelligible à Réno. Il soupira et s’engouffra à la suite des autres. Il ne fallut que quelques secondes pour qu’une nouvelle situation ne vienne les contraindre : un envoyé du Régent armé d’une mitrailleuse les attendait. La fragile religieuse s’en occupa d’un geste. Elle, il la retenait. Il s’était laissé avoir pendant toute leur mission, elle était douée … et puissante. Il remonta à sa suite et s’empara de la mitrailleuse : convaincu que la suite lui réserverait encore des surprises. Le Patrouilleur la porta sur le dos, prêt à voir un dragon débouler d’on ne savait où, ou une manticore ou encore on ne savait quelle saloperie. Quoi de plus étrange qu’il n’ait déjà vu dans cette tour qui le rendait cinglé ?

- Tu ne sais pas encore tout … pas tout … mais tu verras … murmura-t-Elle, avide de le déstabiliser une fois de plus. Mais il sentait qu’Elle aussi était perplexe, qu’Elle ignorait des choses et se sentait perdue, aussi.

Ryker s’engouffra à la suite de Nemeth, Jessamy et Lewën. Il découvrit le sommet de la tour où une étrange pulsation faisait vibrer un dôme dissimulé au sein d’un jardin dévoré par le temps. Seules les branches et troncs courbés par la mort décoraient ce qui avait autrefois dû être un endroit de paix. Mais après ce qu’ils avaient vu, plus personne n’y prêtait attention. Il dardait le canon vers les recoins d’ombre, son épée brisée rangée dans son dos. Qu’il le veuille ou non, il commençait à ressembler de plus en plus à Artemis ainsi accoutré. Attirés comme des doryphores par une pomme de terre, le groupe s’échoua sur les vitres ternes du dôme, dans un état trop parfait pour être normal. Une porte en fer était ouverte. Le Patrouilleur inspira, porta la gaine de l’arme sur le côté et glissa sa main sur son épée courte. Quelle nouvelle horreur allait les attendre ? Le Régent, enfin celui qu’il suspectait d’être le Mandrebrume en personne ? Pourtant tout était calme. A part ce bourdonnement incessant …

Une nouvelle vision cauchemardesque s’imposa à eux, en la personnification d’une machine mêlant organique et mécanique. Une aberration qui usait d’une créature qui lui était jusque là inconnue. Sa viande reliée à un dispositif complexe duquel émanait encore des ondes de chaleur qui témoignaient d’une activation récente. Mais le tout avait été détruit avec une force sans commune mesure. Une créature humanoïde et strigiforme qui avait été altérée avec la même cruauté qu’Ezra, que l’eshim qu’ils avaient croisé. Eshim … étonnant que l’opalien connaisse ce terme. Il ne l’aurait jamais pensé versé dans ces arcanes linguistiques. Après tout, lui aussi était un patchwork de ses expériences passées et peut-être que Jeremiah, sous ses traits difformes, cachait bien d’autre choses. Son instinct lui souffla Magistère. Qui n’était pas du Magistère à Opale ? Il n’en savait rien. Il ne les connaissait que peu, trop citadins à son goût. Trop … décalés. L’étaient-ils réellement ? Ou était-ce lui, l’artefact d’un temps ancien ? Corrompu par la Brume ?

La voix qui s’imposa à lui le força à faire un pas en retrait. Dans sa tête, qui s’adressait à la fois à sa part de Malice et à son être véritable. Il frémit, depuis quand cette chose était là ? Quelle était cette porte ? A chacune des questions posées, la voix répondait dans leur crâne. Il percevait ses réponses à des questions qu’il n’avait posées mais dont il devinait la formulation. Elle menait un monologue silencieux qui affaissait ses épaules à chaque révélation. L’Astronome avait donc raison ? Etait-ce … un Dieu ? Déméphor ? Bon sang. Les oreilles du Patrouilleur vrillèrent, sa raison se troubla. Sa conception du monde changeait, se brouillait. Il était descendant de scientifiques, on avait tenté sans succès d’en faire un et il avait fuit dans la Brume à la recherche de son héritage. Il y avait passé dix années à côtoyer un monde qui le dépassait et à chercher à comprendre comment tout cela s’ordonnait. Sans méthode, sans clairvoyance : à la force de ses bras et de son âme. Mais ça, ça … Au moins cela mettait à mal deux choses : les dieux n’étaient que des êtres iconisés et les humains étaient abominables. Avait-il vraiment envie de les sauver ?

- Ma douleur, ma préférence … murmura sa Nebula, elle-même était curieuse des chemins que prendrait la psyché du Patrouilleur à partir de cet instant.

- Mais qu’êtes-vous … murmura-t-il en dehors de ses pensées, peu habitué à la télépathie telle que la maniait Keshâ.

« - Je faisais partie des Hullules. Notre peuple habitait ces terres bien avant que les Hommes n'arrivent, avant la Brume. J'étais leur porte-parole et, à cause de moi, nous nous sommes ouverts à eux et les avons accueillis. Avant de m'en rendre compte, je faisais partie de leur religion, j'étais élevée au rang de Dieu, quand bien même je n'avais aucune idée de ce que cela voulait dire... »

Il marqua un temps d’arrêt. Cette créature … répondait-elle à ses questions ? Etait-elle en vérité le puits du savoir absolu ? Il confirma ce qu’il en avait conclu, bien entendu, mais cela le secoua tout de même. Qu’avait-il besoin de savoir, là et vite. Chacun s’observa, se regarda. Chaque agenda allait se révéler à eux, chaque secret s’émietter : allaient-ils pouvoir se faire confiance ? La créature n’était pas sotte car elle leur révélait à tous la teneur de sa sagesse. Percerait-il les desseins des autres ? Les autres perceraient-ils le sien ? La voix était si ancienne qu’il percevait presque des inflexions de poussière dans des fréquences si profondes qu’elles bouleversaient l’écoulement du temps.

- Où est le Régent ? Que s’est-il passé ?
demanda-t-il de nouveau à voix haute en signe de tempérance pour ses camarades.

« - Il est parti convoquer son armée pour aller vers sa prochaine destination : Zénobie. » reprit la chose, mais aussi tôt une question se formula dans l’esprit du Patrouilleur sans qu’il ne la contrôle. « Ce qu'il y à Zénobie... l'origine. C'est là que la Brume est apparue, née au coeur du centre de recherches, le Laboratoire Demephor. Il a créé, ou appelé, quelque chose qui ne fait pas partie de ce monde, c'est pour cette raison que sa nature échappe à l'Omniscience. Votre seule chance est de le rattraper et de l'empêcher d'arriver à ses fins. Quoi qu'il cherche, il est fort probable que cela se trouve à Zénobie. C'est là que tout a commencé... »

Ses cartes, le livre qu’il avait trouvé dans l’étrange dimension. Il avait aussi tôt pensé à comment s’y rendre, comment le poursuivre. Peu usager de ce type de communication, il laissa perler ses émotions et son inquiétude. Le Régent et le Mandrebrume n’étaient qu’un, il le savait à présent.

- Pardon, mais la Brume est …
se bloqua-t-il, interpellé par cette information. La Brume est apparue en … en … et … Arkanis est … et Dainsbourg …

Le Patrouilleur se bloqua, incapable de formuler clairement la question qui avait toujours donné un sens à sa vie. Sa Quête. Ce pourquoi il arpentait la Brume et pourquoi il avait survécu tout ce temps. Trouver l’origine, trouver le sens. Trop de choses, trop de questions … trop de poids.

« La Brume n’appartient pas à ce monde. Ce savoir ne m’appartient pas. Mais pour Dainsbourg … Le Cercle a fait échapper Arkanis de sa prison sous Dainsbourg. Lorsque Sancta est tombée, le don d'Arkanis qui y était scellé fut volé en secret. Ce don est en vérité passé de main en main au sein du Cercle depuis et ses membres s'en sont servis pour gagner en influence, recruter et renforcer leur réseau au sein d'Epistopoli. Lorsque leur Leader est devenu l'actuel Régent, il a déclenché une guerre avec le pays voisin pour mettre fin au rapport de force de l'Eglise sur le monde entier et placer ses pions loin des feux des projecteurs... au sein de Dainsbourg. Tout a été pensé depuis lors pour infiltrer les souterrains et libérer Arkanis. Seulement le Leader n'avait pas prévu que son corps ait été fossilisé et il a été trahi par ses subordonnés, servant d'enveloppe parfaite pour le Faux Dieu. Par esprit de vengeance et aussi pour masquer sa présence sous les traits du Régent, Arkanis a alors détruit la racine de l'Arbre Divin passant sous la cité pour faire céder la barrière qui retient la Brume et provoquer la catastrophe que vous connaissez … Et non, vos proches sont tous morts. »

Les mots s’entremêlèrent et il recula d’un pas, abasourdi par le couperet qui venait d’enterrer sa quête, sa vie. Il secoua la tête, s’appuya sur son épée pour reprendre le cours de ses pensées. Il venait de prendre un coup d’une telle puissance qu’il ne comprenait pas encore tout, sinon que le Mandrebrume avait tué sa famille. Que le Mandebrume avait pris corps dans le Régent, qui était lui-même un fanatique du Cercle ? Mais quelle corruption œuvrait donc dans les cités … Ne se rendaient-ils pas compte des dommages créés ? Des impacts sur les milliers de vie ? Sur ce monde ? Ces pouvoirs que maniaient les êtres tels qu’Arkanis étaient trop dangereux pour ce monde. Ça, les paroles de l’Astronome. C’était vertigineux … il n’était pas équipé pour cela. Il demandait simplement à protéger le monde, à faire au mieux pour que tous puissent y vivre et y avoir une chance. Il était seul, ou presque. Lestat se faisait discrète, elle intégrait les informations et planifiait avec méticulosité. Il la sentait rôder telle un squale.

« Mon cristal est resté ici, derrière cette trappe scellée... »

Hm ? Quelle était cette réponse ? Et à quelle question ? A qui appartenait-elle ? Mais déjà elle s’effaçait sous la masse des révélations et la douleur qu’elle engendrait en son cœur et son âme. Il ordonnait ses pensées, intégrait ce qui s’était déroulé. Arkanis, Arkanis … Mandrebrume ? Mais à quoi ça rimait, qui était-ce et de quels pouvoirs parlait-il … Mais encore une fois le Patrouilleur débordait de questions et son esprit les formulait à sa place. Ou bien était-ce Elle ? Non … Elle se gardait bien d’interférer jusque-là.

« Arkanis est le nom que s'est donné Nikolaï Svetlanov, un chercheur de l'Empire d'Yfe et membre éminent du Laboratoire Demephor de Zénobie, lorsqu'il est devenu l'un des "dieux". Son don vient du cristal originel lui permettant de manipuler la fabrique de la réalité grâce à l'usage des runes. Il lui permet entre autres d'avoir simultanément jusqu'à six autres dons en inscrivant des runes sur son propre corps, mais les limites de son usage sont ultimement finies par la conception et la connaissance du monde qu'en a son possesseur. »

CLANG.

Le son eut l’effet d’un seau d’eau glacée sur la psyché du Patrouilleur, sonnée par les révélations. Il se retourna et eut l’impression d’un brusque retour à la réalité. Jeremiah tenait la pale de l’Astronome et frappait à s’en user une trappe. Une trappe, une trappe …

Une trappe ?

- Le Cristal ? Omniscience ? JEREMIAH ! hurla le Patrouilleur en essayant d’attraper son épée de ses mains maladroites.

Il chancela, son esprit frappé par la torpeur d’un monde qui se renversait. Ryker tendit la main vers l’opalien et entreprit de s’avancer vers lui alors qu’il enfonçait ses mains dans le dispositif de chair et d’acier. Il attrapa son arme à deux mains et lui hurla de s’arrêter mais tous ses repères envolés, le Patrouilleur trébucha sur le chien putréfié qui s’occupait à renifler des morceaux de viande divine éclatés à terre suite à l’acte du mutant. Il roula à terre en direction de Jeremiah et se macula de chaire, lâcha son épée et glissa de nouveau avant de se relever.

- C’est pour moi. C’est. Pour. Moi. rugit une voix caverneuse dans son esprit.

Agité de soubresauts, le Patrouiller se mordit la lèvre pour tenter de garder le contrôle. Son pouvoir se diffusa et la Nebula s’ancra dans ses membres. Un goût de sang gagna sa bouche et un filet carmin s’en échappa tandis qu’il tentait de se relever. Il attrapa une dague et se lacéra l’avant-bras pour en faire gicler un sang chaud et maculé d’une sorte de Brume ou de fumée liée au froid, on n’aurait su dire. Il se redressa, le tissu en lambeau révéla une série d’entailles similaires et cicatrisées sur sa peau. La douleur, la douleur lui permettrait de tenir. Il serra les dents et se releva avec difficulté. Son arme était dirigée vers l’opalien. Malheureusement, son champ de vision était brouillé et la douleur que lui infligeait sa Nebula dans son crâne ne refluait pas. Il ne put que le pointer, alors que sa part de Brume redoublait d’effort pour prendre le dessus. Dix années, dix années de trop. Dix années de sursis avant de se transformer en Errant.

- Il … il veut s’emparer du Cristal pour … lui ! hurla le Patrouilleur, encore trop loin pour ne serait-ce qu’agir.

Elle reprit ses assauts et lui tira un cri de douleur. Il se prit la tête entre les mains. Jamais sa Nebula n’avait été aussi violente, jamais il n’avait perçu sa santé mentale à ce point vaciller. Il se concentra sur sa douleur, chacune de ses pensées fustigées par la force de la Malice qu’il avait eu le malheur d’héberger.

HRP:
Ven 15 Déc - 16:47



Assaut sur la tour hantée

Au nom de l'harmonie...


Tout ceci était vertigineux. Que faire de toutes ces informations ? Son cœur était resté coincé quelque part entre le Liechi et les Jiangshi dans leur parcours infernal à travers les méandres de la tour. Chaque pas était riche en révélations mais les précipitait toujours plus proches des abysses de la folie.

Et Lewen qui l’enjoignait à ne pas lutter, à accepter. La folie ? Non. Peut-être. Ou plutôt à « L’accepter ». La nausée grandissait ; il en avait le tournis. Et son œil se fit vitreux. Tout son être réprimait fermement la connaissance d’une nouvelle condition qu’il n’était pas en situation de digérer. Comme on serre un corset, il étrangla les indications menant à l’envahissement de son corps par une Nébula et sauta à pieds joints sur les messagers de son inconscient pour les enterrer très profond. Il règlerait ses comptes avec sa conscience une fois dans le Zeppelin. Ou plus probablement, une fois enfermé à double tour dans ses appartement d’Epistopoli. D’ici là, Elle aura possiblement décidé de rester en stase dans ses tréfonds et de ne plus jamais s’éveiller.

Il se laisse trimballer par Lewen et la musaboise jusqu’à ce que le vrombissement du télescope réveille sa curiosité. Et il assiste à l’incroyable métamorphose de la machine de guerre, figée par les baragouins du groupe en Grigori et la restitution de son cristal de contrôle par Nemeth, qui n’a décidément l’air pas si démunie qu’elle aurait bien voulu le laisser paraître. Le Fléau retrouve une étincelle de vie, une ombre de sa personnalité d’antan et projette des iridescences, que le jeune homme se surprend à capturer dans l’œil de son holographe. Le cœur n'est plus à commenter leur progression, il se contente d’enregistrer ce qui se passe autour de la traînée rougeâtre d’Amir.

Lewen avait soulevé des questions métaphysiques. Il était évident que cette mission venait rebattre les cartes de leur vision de l’univers. Cela dit, ce n’était pas ce qui bouleversait le plus Keshâ, prêt à croire à l’inconnaissable et à la maestria de la science comme de la magie. Non, ce qui l’atteignait le plus était la cruauté sans limite des êtres.

La difformité profonde qui a été imposé à Ezra ainsi que la domination implacable de son esprit lui font froid dans le dos. Il ne peut s’empêcher de lui demander alors qu’on l’entraîne vers l’escalier :
-« A qui appartenaient ces yeux immuables que nous avons aperçus au Planétarium dans le trou noir ? »

Ezra délaisse un instant ses consoles et le fixe d’un air entendu sans se départir de sa hauteur céleste ; quoiqu’un peu déformée par ses ailes, désormais tordues, par sa faute. Il sent qu’elle sait très bien de quoi il parle, mais qu’elle n’en dira mot. Sont-ce ces êtres qui lui ont infligé tous ces tourments ? Son âme est libre à présent… jusqu’à ce que de nouveaux tyrans venus d’Urh en viennent à malmener la curiosité qu’elle représente.

Leur traversée rapide de la passerelle confirme que Nemeth a tenté de dissimuler son degré de dangerosité jusqu’à présent. Tous tombent de stupeur devant le dôme où l’œil peine à assembler les éléments qui se présentent à lui. Une porte surmontée de câbles dérangeants, distordus et chromés, mais aussi battants et vivants, comme une immense volaille que l’on aurait éventrée, plantée en haut d’une pique, ouvrant ses côtes et jouant de sordides décorations… tels étaient les éléments qui finirent par former un tout empli de lassitude et de tristesse.

Demephor… pendant que les autres étaient en train d’interroger l’entité - ou devait-on dire la divinité ? - Keshâ s’était replié sur le côté du groupe pour embrasser tout le monde du regard, toujours muni de l’holographe. Nemeth et Ryker faisaient ployer l’Hullule sous leurs questions insatiables, sans considérer que la créature vénérable pourrait avoir des émotions. Lui était frappé à la fois de pitié et de fascination pour la chouette clouée sur le cadre géant. Était-elle la génitrice de sa cité comme le suggérait sa légende et son emblème ? L’amour du savoir. Voilà à quoi on avait réduit cette corne d’abondance. Un objet qui ne peut mourir.

Lui aussi aurait eu beaucoup de choses à demander, mais toutes ses pensées se bousculaient dans l’entonnoir de son esprit sans trouver assez de discipline pour devenir phrases. Il se contentait d’écouter et d’assimiler les informations retentissantes, qui étaient assez nombreuses comme cela. Il tiqua cependant en entendant que le Mandebrume, confirmé Régent, n’était pas la seule haute figure du 13ème Cercle implantée dans les hautes sphères d’Epistopoli.

Il voulait savoir, mais son œil glissa sur le profil de Jeremiah. Il crut y déceler une folle convoitise et se mit à détailler ses camarades sous un autre jour. La perspective de dérober un cristal d’omniscience pouvait transformer n’importe lequel en loup. Il ne pouvait pas accepter l’idée que le Magistère ou les corporations d’Epistopoli s’approprient un tel pouvoir.

Une idée nouvelle émergea. Et s’il devenait le gardien de cette capacité? Elle serait promesse d’une grande destinée. Il en était digne. Il le ressentait dans cette présence souterraine qui se réjouissait depuis ses fondations d’avoir choisi un hôte promis à la grandeur. Son appétit s’alluma. Mais... il recula. Cela ne lui ressemblait pas. Si Seraphah était là, il se battrait pour l’équilibre du monde. Peut-être que la solution serait qu’aucun ressortissant des quatre nations de l’Enclave ne détienne le joyau de Déméphor. Andoria saurait se faire la gardienne silencieuse de ses secrets. Seule l’Alliance pouvait protéger la paix.

Ici, à qui pouvait-il se fier ? Car il faudrait bien faire confiance à quelqu’un. Lewen et Ryker semblaient accaparés par le contact télépathique avec l’Ancien. Il avait des suspicions envers les Aramilans, pour cause que l’Église était responsable des méfaits dans cette tour et voudrait peut-être encore une fois museler la vérité. Jeremiah était la source principale de son inquiétude. Restait Jessamy, qui lui avait prouvé sa bonté.

~ ° Un tel pouvoir ne devrait être détenu par personne. Et s’il existe, il devrait servir l’ensemble de l’humanité. Et non être perverti par l’appât du gain ou la guerre. Si Jeremiah tente quelque chose, m’aideras-tu à l’arrêter ? ° ~

De son côté, l’Epistote tentait de se fondre dans le décor, aux aguets, prêt à saboter toute tentative de Nemeth ou de Jeremiah. Il attendrait que l’un se lance et interviendrait au moment où on l’attendrait le moins. Après tout, même s’il n’avait pas confiance en lui, c’était le moment où jamais de faire un usage surprise de son cristal de spatiokinésie.

Il n’eut pas à attendre longtemps. Car Jeremiah semblait entré en frénésie et martelait la plaque abritant le cristal divin à s’en faire péter les articulations. Sa culpabilité enregistrée sur l’holographe, il rangea l’appareil, recula davantage contre la cloison du dôme en mettant l’équipe entre lui et Jeremiah, avant de s’injecter une potion d’invisibilité.

Ryker avait tenté d’arrêter Jeremiah mais perdait à son tour la raison devant l’ultime tentation. Il n’avait pas le temps de le pacifier tout de suite.
~ ° Jessamy ! Maintenant! ° ~
Il débute aussitôt son chant par l’esprit, pour plus de discrétion sur son pouvoir d’inertie. Cela ne lui autorise qu’un seul destinataire. Il pourra ainsi consacrer toute son action sur Jeremiah, qui, sauf erreur de sa part, n’est pas un dieu et ne pourra le trouver avant de succomber au sommeil. Il réservait à l’Opalien la suite de ce magnifique chant : "la Voie de l'Harmonie", qu’il n’avait pu poursuivre pour Ezra un peu plus tôt.


Résumé:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Lun 18 Déc - 8:00, édité 1 fois
Sam 16 Déc - 23:51

La tour des Ases

Event




Et de nouveau l’accalmie. Heureusement, parmi ses camarades, certains avaient quelques bases dans les langues anciennes. L’Astronome retrouva sa conscience et la terreur s’arrêta. Le vagabond souffla de soulagement et rengaina ses lames. Il observa chacun de ses camarades, tous rassurés et surpris par ce changement soudain. L’image du Reclus effleura l’esprit du Portebrume qui ne put s’empêcher de ressentir quelques regrets. Mais elle fut rapidement balayée par la joie d’avoir pu sauver Erza. Si telle n'était pas sa quête principale, il n’en demeurait pas moins que sauver des âmes perdues le satisfaisait. Alors, quand elle le regarda de sa haute taille, immobile et le visage bien plus adouci, des mots s’échappèrent. Du vieil Uhrois, encore. Si les termes lui étaient inconnus, Artémis crut en déceler le sens et esquissa un léger sourire. Celle qui avait vu les années défiler, son âme lui échapper, les Hommes la transforma, retrouva ses aptitudes premières et pianota dans les airs, comme si de rien n’était.

Le Soleil et la Lune sont toujours là, phrase qui ne cessa de se répéter dans l’esprit embrumé de l’homme aux cheveux d’albâtre. Pas le temps de ressasser ces futilités, l’Eshim pressa le groupe. Le temps pressait. Tandis que tous partirent vers l’ascension de l’ultime étage, le vagabond resta quelques instants auprès le Grigori. Il se demanda comment pouvait-on à ce point détruire la vie d’une personne. Parfois, la mort valait bien mieux qu’une vie aussi misérable. Elle s’était replongée dans son travail de scientifique, mais s’arrêta quelques instants en s’apercevant qu’il restait un nuisible.

« File, Portebrume. Ta tâche n’est pas achevée. », fit-elle mélodiquement. Artémis rebroussa chemin et s’apprêtait à partir d’un pas déterminé. « Prends de toi, Erza. Si on ose une fois encore te causer des torts, hurle mon. Crie-le. Murmure-le. Je viendrais. »

Puis il s’en alla. Lorsqu’il retrouva ses alliés au niveau des escaliers, il put apprécier les compétences de Nemeth, jusqu’ici précautionneusement dissimulées. A l’instar des autres, il avala les marches assez rapidement avant de se retrouver dans un immense jardin dans lequel se trouvait un dôme en son milieu. Et en son sein, se trouvait un horrible et macabre spectacle. Le vagabond reconnut difficilement l’être légendaire se trouvant éventré, suspendu comme un trophée et maintenu artificiellement en vie : un illustre Hullule. Lewen et Ryker n’hésitèrent pas un instant pour obtenir un maximum d’informations. Artémis maugréa. Apprendre que leur quête se soldait finalement par un échec. En dépit des informations qu’ils allaient récolter, tous ces sacrifices n’auront servi à rien. Le Régent, nommé en des temps anciens Arkanis ou encore Nikolaï Svetlanov, semblait avoir échappé à tous. Ils arrivaient bien trop tard.

Puis tout alla si vite. Si Kesha avait disparu du champ de vision de tous, son odorat lui indiqua qu’il était toujours dans cette pièce. Ryker tenta d’alerter le groupe d’un danger. La cupidité des Hommes était désespérante. Le Portebrume se dégoûtait presque d’en faire lui-même partie. Les deux cités précédemment semblaient subjugué par ce lien télépathique avec l’Omniscient, même si le patrouilleur s’y échappa un bref instant, perdu. La disparition soudaine de Kesha n’était liée au hasard. La folie de Jeremiah était le danger imminent. Artémis ne pouvait se fier qu’à une seule personne : Jessamy. Il savait qu’elle ne tenterait pas de s’emparer du cristal divin, notamment parce qu’elle en possédait déjà. Puis aussi parce qu’elle n’était aussi cupide que les autres.

Jeremiah n’était qu’un chien du Magistère. Si Artémis venait aussi de la capitale, il se sentait absolument patriote ou lié d’une quelconque façon à leurs manigances politiques. L’agent opalien était de tous le moins fiable, prêt à tout pour parvenir à ses fins, même à tuer ses partenaires pour obtenir un vulgaire cristal. La vie n’avait donc que si peu de valeurs ? Les enjeux dépassaient sans doute la perte de quelques péquenauds sacrifiables. Dépouiller une personne aussi honorable, alors qu’elle se trouvait actuellement aux portes de la mort. Jusqu’où peut aller la cruauté de l’Homme. Un regard à la mutante, l’homme aux cheveux d’albâtre savait qu’elle ne laisserait pas Jeremiah parvenir à ses fins. Restait Nemeth qui, à la surprise de tous, se trouvait être aussi dangereuse que tous les autres.

Le Change-Peau déploya alors son loup blanc, Œil-De-Nuit, qui tourna autour de lui. Si quelqu’un tente une ânerie, pas de quartier, ordonna Artémis au canidé. Ce dernier grogna en guise d’acceptation. « N’avons-nous pas déjà causé suffisamment de mal autour de nous ? Ta folie empêche probablement d’entendre raison, Jeremiah, mais tu ne sortiras d’ici vivant avec ce cristal. Ce ne sont pas des menaces mais bien une promesse. », dit-il froidement en dégainant son sihil, qui laissa lourdement tomber au sol.

Le temps pressait.

« Cher Demaphor, je me répugne à l’idée de t’utiliser, peut-être contre ta volonté, alors même que tu te trouves dans un tel état. Erza semblait rassurée de voir la Lune et le Soleil. Pourquoi ces craintes ? Que prépare le Régent ? »

Inutile de chercher la moindre émotion chez cette chouette. Son corps était bel et bien mort depuis fort longtemps. On le conservait, on faisait battre son cœur pour l’utilité qu’il avait. Cette scène était absolument abominable. Artémis avait en horreur de devoir solliciter ce pauvre individu.

« Ses intentions me demeurent encore opaques et il prend un malin plaisir à couvrir ses traces en déformant la vérité. Toutefois, ce qu'il compte réellement faire semble être intimement lié au sort de Zénobie et à l'apparition de la Brume il y a deux mille ans. Une catastrophe qu'il a lui-même causée avec ses recherches hérétiques... Peut-être qu'après tous ces siècles de captivité, il a développé une forme de remords. Ou sûrement se considère-t-il encore comme plus qu'un homme, un dieu, et pense-t-il que, car il a le pouvoir, il peut changer la face du monde. Mais tout ce qu'il va parvenir à faire, c'est détruire davantage... Il semblerait que celui que vous appelez Mandebrume veut faire est bien pire encore que ce que j'imaginais. En d'autres mots, cela voudrait dire qu'il chercherait à changer l'ordre des évènements. S'il faisait ça, qui sait quelles conséquences cela pourrait provoquer. Malheureusement, je ne possède des accès qu'à l'Histoire écrite, pas celle à venir... »

Pour faire court, nous avions un type capable de passer inaperçu, de dissimuler son passage et d’agir sans être vu. La prochaine destination du vagabond ne faisait plus aucun doute : Zénobie. Ce voyage ne se fera pas sans préparation, ni seul – même s’il préférerait. Ce sera tout pour le Portebrume. La direction transmise, sa mission pouvait se poursuivre. Le Régent ne se trouvait plus ici mais les aventuriers avaient sa possible localisation. Et une vague idée de ses desseins. Pour le reste, puisque de nombreuses questions demeuraient encore sans réponse, l’homme aux cheveux d’albâtre comptait sur le prochain Omniscient pour y répondre. Tout en prenant soin d’écouter les réponse de l’Hullule, son regard resta orienté vers Jeremiah qui, manifestement, commençait à faiblir.

« Cette situation de m’amuse guère. Mais seule une personne de confiance pourra s’emparer de ce cristal. Et soyez-en sûrs, camarades, des personnes dignes de confiance, je n’en vois pas beaucoup dans cette pièce. », conclut-il en tournoyant lentement son sihil, décontracté, en toisant du regard chacune des personnes présentes.




Résumé :
Dim 17 Déc - 1:40
La tentative de parlementer est tranchée par l’épée : celle de Nemeth, précise, efficace. La trop maigre protection du Régent désormais inconsciente, le bras fracassé par son propre fusil. Jessamy passe à côté de lui sans un mot. Soulagée, quelque part, de ne pas avoir eu à sortir les griffes. Et elle ignore pourquoi, mais ce qui lui fait face n’a pas l’air d’un ennemi.

L’architecture fait étrangement écho à celle qui demeure en contrebas. Ses prunelles suivent le chemin des vertèbres courbées en berceau autour du cercueil d’acier, jusqu’au sommet de la structure ; le réseau sanguin qui connecte ses organes à la mécanique. Rarement elle a croisé regard aussi intense que celui du rapace, prédateur cloué au sol par son corps réceptacle. Un soupir s’insuffle entre ses lèvres. La Tour d’Yfe lui paraît soudain moins délétère : ici, il n’y a guère que des monstres serviles et des oiseaux en cage. Il n’y a que ce qu’elle connaît déjà.

Son bec ne bouge pas pourtant, lorsqu’il lui pose une première question. Elle devine que d’autres l’ont entendu, car c’est Lewën qui lui répond. Sa poigne se ressert sur sa canne : celui qu’ils traquent n’est déjà plus là. L’impasse pour réponse à la douloureuse ascension lui laisse une amertume sur la langue. Une sensation de non-fini qu’elle n’avait pas ressentie depuis Dainsbourg.

C’est pourtant autre chose qui se noue en elle lorsque le nom divin retentit. Elle s’était persuadée d’avoir grandi en un lieu où les Douze n’avaient pas de prise. Qu’elle était née dans des entrailles trop profondes et trop noires pour que leur grâce les atteigne. Elle les a haï pour cela, pour un temps. Mais face à ce qu’il reste du démiurge, elle comprend. Dans cet état, il n’aurait jamais pu l’aider. Et ses autres réponses, vertigineuses, ne font que confirmer ses impressions, et l’ironie qui se dessine : entre les mutants si décriés et les êtres devenus dieux, la ligne est bien mince. Inexistante. Tout dépend de l’époque. De l’expérience. Du spécimen. Tous deux ont été reconstruits, mutilés, emprisonnés pour servir un idéal. Un espoir. Elle pourrait se mettre à nu à côté de cette carcasse meurtrie, mi-animale, mi-machine, et l’on ne verrait que peu de différences.

Les concepts se suivent et ne se ressemblent pas, et tout lui semble trop obtus, trop savant, pour se trouver à sa portée. Mais elle se fait plus attentive lorsque la sainte cité morte refait surface entre les mots de la chouette. Le corps. Son regard se pose brièvement sur Artémis, d’un battement d’ailes. Ils étaient là. Ils avaient vu le vestige de ce que le Mandebrume aurait dû être. Les restes pierreux d’une trahison. À en croire le témoignage du Reclus, les souterrains de Dainsbourg étaient propices à toutes les duperies. Que le Treizième Cercle se déchire, elle n’en a cure. Le seul mensonge qui compte est celui que les Yféens ont construit et qui se trouve en face d’elle. Un mensonge construit sur une agonie. Celle-ci doit prendre fin. Zénobie et Arkanis viendront après.

D’autres pensées se mêlent aux siennes. La voix de Keshâ’rem résonne dans son crâne avec la clarté d’un chant. Jessamy n’ose échanger un regard avec lui, craignant que leur complicité soit découverte. Ses paroles pourraient la faire sourire, en d’autres circonstances. Le rhapsode n’aurait peut-être pas aussi confiance, s’il savait ce qu’elle cachait. Un pouvoir qu’elle ne méritait pas, sans doute, elle qui n’avait jamais eu le désir de servir l’humanité, qui n’avait jamais eu d’autre dessein que celui de lui survivre.

Mais jamais elle ne laisserait un pouvoir entre les mains d’Opale. Pas maintenant qu’elle toise Jeremiah, et qu’elle reconnaît l’ombre sur son visage. Celle qui l’a dévorée pendant des années, qui a démembré le corps de Jelena pour le faire sien, qui a avalé ce qu’elle était pour recracher un être docile, apeuré et sanguinaire. Elle avait l’habitude de voir cette ombre sur un faciès humain ; la retrouver sur celui d’un semblable lui glace l’échine. Elle pensait avoir fait taire Sa voix, il y a six ans.

Pensais-tu pouvoir t’enfuir indéfiniment ?

Sa lèvre inférieure tremble. Le cri de la ferraille. Le hurlement du Patrouilleur. Œil-de-Nuit né de la Brume. Et Keshâ’rem l’appelant.
Maintenant.
Flot de blancheur à l’écume de pourpre et de noir, la Banshee fond sur la trappe. Elle s’attend au pic de douleur qui ne vient pas, étouffé par les soins de Lewën ; une chaleur sourde irrigue ses vertèbres à la place. Avec douceur, Jessamy cale sa canne contre un mur et rattrape le mutant qui s’écroule. Elle croise son regard qui s’affole, s’accrochant à des mirages, alors que ses paupières se ferment doucement. Ses bras accompagnent l’affaissement du reptile ; elle préfère voir l’Opalien rentrer la queue entre les jambes plutôt que mourir d’une mauvaise chute.

« Sans rancune. À plus tard, Jeremiah. », lui glisse-t-elle alors que le sommeil l’emporte.

Alors que les révélations poursuivent leur inlassable route, elle extirpe de son sac une fiole remplie d’un liquide transparent. Glissant une main sous la tête de Jeremiah pour lui entrouvrir la bouche, elle lui dépose quelques gouttes sur la langue, avant de brandir le contenant devant ce qu’il reste de son équipe.

« Toxine de paralysie. Le reste sera pour le prochain idiot qui voudra s’emparer du cristal par la force. », grince-t-elle en se relevant.

Sans plus réfléchir, elle se poste devant la trappe, toisant ses camarades un par un. S’empare de sa canne.

« Vous avez entendu ce qu’il a dit. Je me contrefiche de l’ordre des événements, mais le Mandebrume va finir par tous nous tuer si on le laisse faire. On n'a pas terminé la mission ! », poursuit-elle.

Plissant les yeux, Jessamy se presse un peu plus contre le mur, manquant de s’y coincer les ailes. Sa main cherche la carcasse de métal, où la viande pulse dans un bruit de succion. Sa voix se fait plus douce, alors qu’elle fait sa propre demande à la divinité :

« Hulule, c’est à toi de décider. Ton pouvoir nous aiderait beaucoup, mais je ne sais pas ce que ça te ferait si on te l’enlevait. Est-ce que tu serais prêt à le confier à l’un d’entre eux ? »

Elle aurait tant de questions à lui poser. Mais elle choisit de ne pas s’adresser au puits de connaissance, mais à celui qui le détient. À la chouette, et non au dieu.

Résumé:
Dim 17 Déc - 10:58

La tour des Ases

Event



Les mains de Lewën caressèrent la carcasse de l’hulule. Cet enchevêtrement d'organes et de pistons, une pure folie qui ressemblait trop à celle des hommes.
Alors que Ryker interrogeait Demephor, Lewën laissa le cristal de cognition diffusait son pouvoir entre ses doigts. Les paroles de l’hulule qui résonnaient dans sa tête faisant échos aux visions cristallines.

Je ne suis pas seul, entouré de mes semblables hulules. Je me présente à eux pour défendre une cause qui me semble juste : celle des humains. Nos forces se complètent, en les accueillant sur nos terres je suis persuadé que nous construirons un monde meilleur.
Mes arguments font mouche, le temps défile et nos peuples s'unissent. L'homme puissant qui guide son peuple m'offre une force nouvelle, un cristal de pouvoir. Sa couronne scintille dans le clair de lune alors que je sers le don qu'il me fait.
Pourquoi mon village brûle-t-il ? La forêt cède sous les flammes, les cabanes dans les arbres chutent, embrassant le sol d'un sinistre présage. Des mains puissantes m’entravent et une douleur dans mes ailes envahit mon corps à me paralyser. Une évidence qui m’achève : je ne volerai plus jamais.
Tout est sinistre ici jusqu'à cette lueur blafarde qui se balance au-dessus de moi. Mon corps n'est qu’acier, je ne connaîtrais plus jamais la chaleur d'un corps de chair et de plumes. Seul le froid du métal sera ma destinée. Suis-je encore un être vivant avec ses fils électriques branché d'organes en organes qui me maintiennent en vie ? La douleur est constante, elle m'épuise sans me tuer. Mon existence n'a plus de sens et je n'en contrôle plus rien. Mon esprit ne m'appartient plus, constamment violé par le va et vient des hommes qui épuisent cette dimension qui abrite la connaissance.
Je ne suis plus rien, juste un portail. Je mérite cette souffrance, les miens ne sont plus par ma naïveté. Je les ai mis en danger, je les ai tués d'avoir cru en cette race qui promettait l’entraide. Le pouvoir plutôt que la paix …
Le temps s'écoule, je n'en ai plus la notion. Je ne suis plus rien qu'un livre que l'on feuillette, déchiquette à chaque pas dans mon esprit. Douleur et peine sont mon quotidien. Ça ne cessera jamais.
Pourtant les hommes disparaissent peu à peu, et avec mon esprit se retrouve seul. Solitude, peine et douleur m’asservissent pendant … pendant combien de temps ? Encore combien de temps vais-je supporter cette torture ?
Non… non ! Je ne le mérite pas, je ne le mérite plus. Les hommes … vous m'avez trahi, vous avez fait de moi cette chose sans vie ! Arrêtez. Revenez et libérez moi de ce calvaire. Laissez moi m’éteindre …


La main se détache de la structure métallique, le souffle coupé Lewën est pris de vertiges. Il se rattrape sur le corps de fer. Il ferma les yeux de longues minutes, le discours de l’hulule tambourinant dans son esprit, répondant aux interrogations de ses compagnons. Il ouvrit les yeux avant de plier un genou à terre de faiblesse, ce qui lui sauve probablement la vie. Jeremiah, pris de la même folie des hommes du passé, enfonça une plume d’acier dans la trappe sur laquelle Lewën reprenait des forces pour récupérer le don de la créature.

A bout de souffle le médecin sentit sa Nebula s'agiter.

- Faim… crissa-t-elle dans son esprit.

Elle grandit en lui avant de le posséder un court instant, d'un bon le Portebrume se jeta sur l’Opalin tout proche, mains en avant, absorbant son énergie avec avidité. Cela ne dura que quelques secondes avant que le mutant ne se débarrasse d'un coup d'épaule du corps frêle du médecin. Le coup qu'il reçoit lui permait de reprendre le dessus sur sa Nebula qui siffle sa frustration.

Alors un nouveau travail d'équipe se construisit dans l'urgence, Ryker donna l'alerte, Jessamy bondit sur l'être qui s’écroulait sans raison apparente. Keshâ aussi discret fut-il venait de stopper le traître. Pour la première fois Artémis laissa son loup apparaître pour veiller sur ce beau petit monde.

Le souffle court Lewën se releva proche de la Banshee qui demandait à l’hulule à qui confier son don si précieux, si dévastateur.

Une sourde lutte interne envahit le médecin lorsqu'il reprit ses esprits, la connaissance, sa quête de longues années contre la souffrance d'un être bafoué. Une larme roula sur sa joue sans qu'il ne la sentit, les rhumatismes de sa vision paralysant encore ce corps qu'il avait la chance de posséder.
- Il faut le libérer …

Il leva les yeux vers l’hulule qui plongea son regard dans le sien.

- Je suis désolée, souffla Lewën pour toutes les souffrances qu'à vécu cette divinité déchue.

Il détourna les yeux pour les diriger vers l’organe pulsante l'énergie électrique dans la tête de la chouette. Sa main agrippa les fils qui y étaient branchés.

- Repose en paix Demephor.


Résumé:


Dernière édition par Lewën Digo le Jeu 28 Déc - 17:09, édité 1 fois
Dim 17 Déc - 19:30



Assaut sur la tour hantée

Dieu est mort


La question avait fusé de ses lèvres et déjà elle tremblait de connaître la réponse. Elle avait craint de le deviner en Ezra mais il se tenait devant ses yeux depuis qu’elle avait pu lire les dernières notes de Stolos.

Son regard est profond et mélancolique, si triste. Un volatile écrasé par le poids de son immense rationalité, emprisonné à jamais dans sa propre introspection. L'érudit Maxwell m'a éclairé à son sujet : Hulule. Hulule possède la connaissance, il est l'Omniscient. Le symbole d'Epistopoli, mis en valeur dans son mythe fondateur, était en réalité un Esprit, quelle ironie. N'existe-t-il aucun destin que les Dieux n'ont pas cimenté sur ce continent ?

J'en ai la certitude... il est notre allié. Dainsbourg l'a dévoyé et condamné à ne plus être qu'un simple portail. Mais l'Église elle-même l'a oublié avec le temps. Comme les autres idoles ; de la damnatio memoriae, quelle différence cela fait-il, quand les d*Dieux doivent sombrer dans l'oubli pour être célébrés ?


Hulule et Demephor ne sont qu’un. Un Dieu. Ses entrailles entrelacées aux câbles et métaux d’un portail infernal. Son symbole dévoyé, perverti par la cupidité des Hommes. Par l’avarice de l’Eglise.

Dans les prunelles d’or de Nemeth, le visage de la chouette se déforme, noyée.

Demephor, par sa Connaissance, gratifia les hommes d'une goutte de savoir pour éclairer leur chemin.

Une goutte qui roule sur la joue de la caravanière.

Les questions commencent, les réponses affluent. La pieuse créature sèche ses larmes, elle ne cherche plus à se cacher, Nemeth pleure, Chaya pleure, celle qui a oublié son nom pleure. Un dieu est mort aujourd’hui. Que l’Hulule respire encore ne changera rien à cette vérité. Un dieu est mort. Et beaucoup suivront sans doute. Combien étaient-ils ? Parmi les Douze, parmi les idoles, parmi ceux ayant subi la damnatio memoriae, combien étaient à l’image de l’hulule ?

La jeune femme abaisse les paupières alors qu’une question quitte son esprit pour celui du dieu.

- Depuis quand êtes-vous ici ?

« - La question serait plutôt, depuis combien de temps n'ai-je plus été ici... La trahison de l'Eglise remonte à des siècles de cela. Par peur que je puisse mettre fin à leur illusion en corroborant la vérité des fanatiques, cette place m'a été trouvée. »

Cette place. Nemeth redresse la tête, observe le portail.

- Vers quoi mène ce portail ?

« - Cette porte était le moyen conçu par les hommes pour accéder à la Bibliothèque d'Omniscience, là où sont entreposées toutes les connaissances de ce monde. C'est grâce à elle que l'Eglise parvint à garder son emprise durant des siècles et des siècles. Puis ses dirigeants devinrent fâts ; ils oublièrent cette tour et tout ce qu'elle contient, cessèrent leurs expériences nauséabondes en condamnant derrière eux pour être certains que personne n'en découvrirait jamais la véritable nature. »

Son regard se perd un instant dans le vide entre les linteaux. La Bibliothèque était réelle. Tel que l’avait indiqué Stolos. Mais l'Église avait-elle vraiment oublié son existence ? Peut-être pour un temps, peut-être jusqu’à ce que le treizième cercle ne se réveille. Puisque Aharon et elle étaient ici, puisque Amir était là.. Il était peu probable que l'Église soit encore amnésique. Chaya comprenait mieux pourquoi deux caravaniers avaient été envoyés sur cette mission pour trouver le Régent.

- Quelles sont vos intentions ?  Si le Dieu lui répondait qu’il voulait se venger, deviendrait-elle sa main ? Serait-il encore un dieu si la vengeance le rongeait ?

« - Je n'ai plus d'intentions, je ne suis plus qu'une enveloppe, un être-vivant devenu outil et depuis longtemps ébréché. Je ne souhaite que le repos éternel, chose que Arkanis n'a même pas cessé m'offrir à sa dernière visite... »

L’hulule n’était pas un dieu. Il ne l’avait jamais été. Son seul tort avait été de croire en l’humanité, d’avoir eu foi en une entente équitable entre son peuple et celui des Hommes. Le sujet de préoccupation de ses compagnons se détourne un instant de Demephor pour s’intéresser au Mandebrume, autrefois nommé Arkanis, et ses desseins. Il se dirigerait vers Zénobie, après avoir convoqué son armée.

- Où va-t-il chercher son armée ?

« - Son armée est partout, il s'agit de ses fidèles, infiltrés dans votre société. Dans ce pays que j'ai contribué à créé il y a près de mille ans, en espérant détruire l'Eglise. Mais je n'ai fait que créer un nouveau monstre, j'ai renforcé l'influence de son cercle... Mais aussi dans vos autres structures sociales que je connais malheureusement bien. Si le portail était encore fonctionnel, vous pourriez trouver des informations à leur sujet, malheureusement il l'a détruit en partant, après avoir obtenu les informations qu'il cherchait. Et avec le peu de forces qu'il me reste, cela me prendrait des années, hors le temps presse... »

Le temps pressait, effectivement. Dès que Demephor fut interrogé sur la source de son pouvoir et sa localisation, les esprits s’échauffèrent. Ce qui fut, pour un temps, une équipe, se transforma instantanément en chaos.

Une impulsion à laquelle n’échappa pas Chaya. Une décharge d’adrénaline électrisait ses muscles alors que Jérémiah cédait le premier, comme hypnotisé, il frappait frénétiquement la trappe protégeant le cristal pour la soulever de force. Une pulsion meurtrière vrillait les tympans de la caravanière. Ce cristal ne devait pas tomber entre les mains d’Opale ! Son épée toujours au clair, elle ne laisserait personne s’emparer du cristal.

Personne ?

Pas Opale, cupide et gangrénée par le Magistère et ses expérimentations contre-nature. Pas Epistopoli, la cité de Demephor l’avait trahi, la science faisait artificiellement vivre ses entrailles, prolongeant sa torture et elle était déjà infiltrée par le treizième cercle, le Mandebrume en tête. Xandrie pouvait sombrer dans la révolte en une étincelle, le cristal était un volcan. L'Alliance ne tiendrait pas face aux conflits que pourraient engendrer la possession du cristal, au mieux il serait volé, au pire il deviendrait l'enjeu d'une guerre.

Aramila ?

Chaya comprenait désormais le véritable but de sa mission. L’Eglise attendrait son retour. Elle attendait le cristal. Si Aharon et elle devaient tuer le reste de leur équipe ? Ils étaient sans doute deux pour cette raison. Et s’ils échouaient ? S’ils mourraient en affrontant leurs compagnons de voyage ? Cela signifierait que l’un des survivants avait le cristal. L’Ordre ne les laisseraient jamais vivre.

Jérémiah chancelle, Jessamy fond sur lui comme un oiseau de proie, le rattrape avant qu’il ne s’effondre totalement, seulement pour lui faire ingérer une potion de paralysie. Ryker se débat contre ses propres démons, Artémis les toise, Kesha.. disparaît. Les doigts de la banshee se tâchent de rouge alors qu’elle farfouille les entrailles de la divinité, l’interrogeant sur ses dernières volontés.. Et le médecin approche ses dextres de la dernière ligne de vie de l’hulule.

L’avarice, la peur, la pitié, la servilité.
La folie.
Le chaos.

Ainsi étaient les Hommes.
Ainsi étaient ceux qui avaient trahi l’hulule.
Ainsi étaient ceux qui avaient fait de lui un dieu et l’avait dépouillé de toute dignité.

Ainsi étaient-ils, eux aussi.

Ses doigts blanchissent autour de la garde de sa lame et enfin, Chaya bouge. Elle n’a jamais été loin et c’est en quelques pas qu’elle rejoint ceux qui se sont collés à Demephor et à son portail. Devant Jessamy, elle lâche son épée, effleure le visage de la banshee d’un regard profondément triste avant de lever ses mains. L’une va se poser sur le bras que la mutante a enfoncé dans les entrailles du dieu alors que l’autre se pose sur la main hésitante de Lewen.

- Pouvons-nous être meilleurs ?

L’or se tourne à nouveau vers la banshee et le rubis de ses prunelles.

- Meilleurs que ceux qui ont transformé un être généreux en une machine.

Scientifiques, religieux, fanatiques, fous, les noms pouvaient changer mais les faits restaient dramatiquement similaires. La mutante pouvait comprendre cela, n’est-ce pas ? Arracher le cristal des entrailles de l’hulule, était-ce vraiment ainsi qu’elle voulait acquérir le joyau ? Etait-ce cela qu’elle voulait montrer à l’hulule alors qu’il quitterait ce monde, emplit d’amertume ?

La jeune femme se tourne à présent vers le médecin dont elle avait suspendu le geste. Il n’était que miséricorde pourtant.

- Meilleurs que ceux qui se sont sournoisement déchirés pour obtenir d’un être généreux plus qu’il ne pouvait donner.  

Elle laisse les mots s’envoler, ceux-là ne sont pas pour le médecin mais pour celui qui s’était rendu invisible.

- Peut-on offrir à cet être.. un peu de cette dignité que l'humanité n'a cessé de lui voler ?

Ses mains quittent les bras de ses compagnons.

- Soyons meilleurs. Je vous en prie.

Elle joint ses mains, sa prière n’est plus pour les dieux, elle est pour les Hommes. Pour ceux qui sont là, pour ceux qui peuvent encore changer le cours des événements.

Pour ceux qui peuvent encore choisir, d’être meilleurs.

- J’aimerai faire mes adieux à celui qui était un Dieu pour moi. J’aimerai le faire sans me battre. Nous ne pouvons pas changer le passé, ni les erreurs commises par nos pairs et il est sans doute trop tard pour que Demephor ait encore espoir en l’humanité. Mais il n’est pas trop tard pour nous. Il n’est pas trop tard pour nous comporter autrement que comme des monstres avides.

Sa voix tremble légèrement alors qu’elle s’écarte d’un pas du portail. Pour la deuxième fois de ce terrible voyage, elle décidait de s’en remettre à la Foi. La vraie Foi. Celle qui n’avait nulle besoin de Dieux pour exister. Elle avait eu foi en Lewen lorsqu’il s’était avancé devant le Fléau, le nommant Astronome. Elle devait avoir foi à nouveau, en lui, en Jessamy, en Kesha, en Ryker et en Artémis. Elle levait lentement ses mains jusqu’à son cou, passant le cordon de son collier par-dessus sa tête, dévoilant le pendentif qu’elle portait depuis tout ce temps. Demephor et Lugrilen, esprit de la connaissance et esprit de la volonté, dos à dos sur une même amulette. La jeune femme déposait son offrande aux pieds de l’hulule.

- Je ne peux vous demander pardon pour tout ce que l’Eglise vous a fait. Je ne peux, moi-même, le pardonner. Je ne suis qu’une croyante, Demephor. Je croyais en vous et si vous me le permettez, je continuerai à honorer votre mémoire, à porter votre histoire.

Elle se redressait, levant une main jusqu’au visage du dieu qui n’en était pas un, ses doigts effleuraient à peine les plumes avant de se poser sur le côté de son bec avec respect et tendresse. Depuis quand l’hulule n’avait-il ressenti aucune chaleur ? Depuis quand n’avait-il été traité autrement que comme un outil ?

- Je ne peux changer ce qui a été inscrit mais le futur n’est pas écrit. Puissiez-vous partir en paix, rejoindre les vôtres.

La jeune femme se décale sur le côté pour laisser ses compagnons faire leurs adieux, elle se poste à côté de Jessamy, espérant qu’aucun ne chercherait à dérober le cristal. Ils défilent au chevet de la déité comme des descendants auprès de leur aïeul. Ils laisseraient partir l’hulule, dans la dignité. Dans le calme. C’était la prière que faisait Chaya alors que Lewen débranchait la créature trop longtemps torturée.

Un silence lourd retombe sur la tour. Dans ce jardin mort depuis longtemps. Avant qu’ils ne cherchent à nouveau à s’emparer du cristal ou que Jérémiah ne s’éveille, la caravanière avançait ses arguments.

- Je souhaiterai que vous me confiez le cristal. Je crois qu’avec lui j’aurai une chance d’empêcher l’histoire de se répéter.

Une chance de changer l’Eglise, de l’intérieur. Une chance aussi d’échapper aux caravaniers qui ne manqueraient pas de se lancer à la traque des survivants de cette expédition si l’Eglise avait une quelconque connaissance du trésor que la tour renfermait. Elle avait eu foi en ses compagnons, auraient-ils foi en elle ?

Résumé:
Lun 18 Déc - 0:51
Les câbles tournaient autour du Portebrume et ses yeux laissaient échapper une fumerolle qui allait peu à peu en s’épaississant. Il se tenait la tête et grognait de douleur, se concentrait sur son entaille sur son avant-bras et réduisait ce qui l’entourait à cette maigre parcelle. Il entoura son être autour de la douleur et fit tourner le monde dans cette saignée carmine, imposa la douleur à celle qui chevauchait son esprit. Il la força à partager son fardeau puis il s’apposa la main sur son cœur avec violence. Ryker parut comme soufflé en arrière mais parvint à se relever comme si tout fardeau avait disparu de ses épaules.

- Cinquante-neuf secondes … murmura-t-il, son nez en sang et ses vêtements gorgés de sueur. Cinquante-huit …

Il se releva, fébrile, innocent à ce qui se tramait autour de lui. Le Patrouilleur tituba, ne sachant plus qui était où. Il constata que Jeremiah était à terre, que ses camarades s’agitaient autour de lui. Il s’aida de la porte pour se tenir, conscient que la traversée de la tour avait mis son esprit à rude épreuve. Il parvint dehors, à genoux. Il cherchait quelque chose, ôta ses gants et fouilla à l’intérieur de son armure. Le Patrouilleur attrapa un lacet en cuir qui pendait à son cou et pendant que la cohue continuait à l’intérieur, il ne capta que l’œil inquisiteur d’Artemis à qui il signifia qu’il gérait la situation.

- Quarante-sept …

Il tira un sifflet en métal usé et cabossé. Il le porta à ses lèvres et, à genoux au sommet du monde, il souffla de tous ses poumons. Aucun son n’en sortit. Il répéta deux fois et laissa tomber le colifichet qui dodelina sur sa poitrine. Le Patrouilleur se nettoya le nez, serra les dents pour ignorer l’image en suspens du Liéchi qu’il percevait aux abords de son regard. Si ce n’avait été cette foutue créature … Vingt secondes … il la sentait déjà qui rôdait et reprenait des forces : muselée avec rage. Son propre pouvoir retourné contre elle. Lorsqu’elle tentait de déborder, il n’y avait plus que cette alternative … mais le contrecoup risquait d’être encore plus amer. Soudain, un joyeux trille répondit au Patrouilleur, et le bruit d’un battement d’aile s’imposa à eux. Perçant les ténèbres et la Brume, une étrange créature venait de faire son apparition. Elle tourna autour de Ryker et vint se lover dans le creux de sa nuque, attirée par lui comme par un phare en pleine nuit. La queue de la créature entoura la cage thoracique du Patrouilleur et la respiration de ce denier sembla s’alléger d’une lourde entrave. Il passa ses mains nues sur les plumes écailleuses de la créature qui se frotta contre lui, jouant de son bec recourbé pour picorer les poils de la barbe du Patrouilleur. Les ailes multicolores de la bête battaient de joie, comme face à un ami retrouvé.

- Cinq … murmura-t-il, tout en caressant le Duddo de ses doigts gourds.

A genoux, Ryker prit une grande inspiration et de nouveau le trille du Duddo vint aspirer ses craintes, ses peurs et sa panique. Il se sustenta de la puissance des émotions du Patrouilleur et émit une rassurante lueur bleuâtre qui alla de pair avec une petite langue rouge qui léchait les joues émaciées de son maître et ami. Le Patrouilleur serra les dents et accueillit le retour de sa Nebula avec autant de violence qu’elle en avait eu à son égard. Avec une force mentale implacable, il l’écrasa et la réduit à néant dans un recoin de son esprit. A ne plus entendre que ses cris de rage, étouffés par le réconfort procuré par le Duddo qui drainait en permanence les craintes et la peur démesurée du Patrouilleur. Il se redressa et se releva. Il s’appuya sur ses genoux et se redressa en grimaçant, vidé par l’effort que cela lui avait demandé. La créature iconique de la Guilde se lova contre lui et il fit volteface. Si elle l’avait entendu depuis le haut de la tour, nul doute que le Zeppelin avait dû la voir partir. Peut-être suivraient-ils sa course s’ils étaient encore vivants …

Pour l’heure, le Patrouilleur revint vers le dôme et s’appuya contre le cadre de porte afin de vérifier où en étaient les choses. Il revint à l’instant même où les mains délicates de Nemeth se posaient sur celles de Lewën, prolongeant de quelques instants la vie de la divinité torturée. Il fit un pas, s’appuya sur le cadre et musela avec encore plus de fermeté sa nebula qui s’efforçait de l’attirer vers le cristal. Il comprenait ce qu’elle voulait, il comprenait pourquoi elle désirait si ardemment ce cristal. Si la Brume était une chose attirée ici par le biais de l’homme, torturée et transfigurée par le biais de toutes ces connaissances … il était logique de penser que ses extensions puissent être terrifiées par la suite des événements. Tout comme lui. Le Duddo émit un nouveau trille. Le nouveau compagnon du Patrouilleur sembla faire se hausser quelques sourcils, mais rien de plus : ils étaient déjà au summum de l’étrangeté.

Ryker écouta la douce Nemeth, si on occultait ses talents martiaux et ses pouvoirs magnétiques capables de briser un bras, déclarer ses doutes. Elle avait raison : Demephor méritait la paix, méritait de partir et d’être libéré. Comme ils avaient essayé d’aider l’Astronome en dépit de la mort d’Amir. Ce dernier était mort d’une façon assez sinistre, mettant en valeur la violence que l’Eglise avait su déployer par le passé. Il observa donc Nemeth, sentit son cœur se tordre un peu sous sa douleur et ne put que compatir face à sa détresse. Après tout, les réponses qu’il avait trouvées ici … n’avaient été que déconvenues et le chemin de sa quête n’en devenait que plus cahoteux. Il se surprit à demander pardon à la créature aussi, mentalement. Il l’avait abreuvée de questions, avait faillit céder sous le poids des révélations et s’en retrouvait pantelant sur le parvis de sa porte. La route jusqu’à ce lieu l’avait usé, une décennie de combats et de hargne. Pour trouver un être viviséqué pour seule réponse.

Nemeth emporta ce qui lui restait d’âme et sa tendresse toucha le Patrouilleur, lui qui n’avait pas frémit devant la mort du caravanier ou encore tous ces dangers. Il était un esprit émoussé par les épreuves mais elle avait su l’atteindre avec justesse. Jeremiah avait cédé, lui n’était pas passé loin. Tout avait failli partir au chaos avec la simple possibilité d’accéder à ce savoir. Ils ne l’avaient considéré que comme un outil. C’était vrai. A présent, il … serait libéré de sa souffrance. Le dispositif cessa peu à peu de bourdonner, la tête du Hulule se baissa petit à petit. Ses yeux profonds et sans vie se fermèrent. Le souffle qui animait ses dernières plumes s’amenuisa et se ternit jusqu’à ce que la machine ne s’arrête complètement. A nouveau, le Duddo émit un trille, glissa de l’épaule du Patrouilleur pour aller se percher sur le portique et voleter autour de la dépouille du dieu éteint. La créature s’attarda à faire le tour du dôme, d’où émergeait une tempête d’émotions. A n’en pas douter.

Ryker soupira et ferma les yeux. C’était terminé. Ils venaient d’assister à un événement si rare qu’il n’aurait su dire s’ils avaient été bénis ou maudits. Il se mordit la lèvre, se passa des mains lasses sur le visage. Les conséquences de ce qui venait de se passait ici seraient gargantuesques. Le monde n’était pas prêt pour ce qu’ils venaient d’apprendre, car ces vérités avaient été cachées depuis si longtemps qu’elles en étaient dangereuses. Il venait d’assister aux derniers instants d’un Dieu, d’une créature si ancienne … Il n’en revenait toujours pas, ni de cette histoire de cristal qui avait rendu Jeremiah fou. Ce fut alors que Nemeth s’avança. Brisa le silence. Le cœur du Patrouilleur fit un bond.

- Tout ça … pour ça ? laissa-t-il échapper, d’une voix forte. Penser réellement empêcher l’Eglise de recommencer ? Après ce qui est arrivé à cette Tour ? Après ce qui est arrivé avec le Régent ? Après … tout ce que nous venons d’apprendre ? s’emporta-t-il, indiquant le ciel d’un geste de la main.
Il sentit une puissante colère monter dans sa poitrine. Cette dernière vint gonfler sa voix mais il la musela. Les actes de piété de Nemeth l’avaient touché, mais il avait à présent la très désagréable sensation d’avoir ressenti ces émotions à dessein.

- Bon sang : regardez, Nemeth. Tout ça C’EST l’Eglise. Jamais je ne permettrai que le cristal retombe entre les mains de l’Eglise. Jamais je ne permettrai que quiconque utilise ce pouvoir à l’encontre du bien commun et de la population d’Uhr. La simple possession d’un tel savoir viendrait déséquilibrer les forces en présences. Le pouvoir pervertit. Inlassablement. Deux solutions : le confier à la personne la plus à même de le dissimuler et de le protéger ou le détruire - ce que je doute être possible. Je ne veux pas d’un deuxième Nikolaï Svetlanov. tonna le Patrouilleur, s’étant malgré lui avancé dans le dôme.

Il secoua la tête et jura tout bas.

- Je ne vois que deux candidats, qui nous ont prouvé leurs actes désintéressés tout du long et qui ne possèdent pas d’allégeances douteuses. répliqua-t-il, droit dans les yeux de la croyante. Opale, Epistopoli et Aramila sont hors de la course. Je suis un foutu Mort Gris, pas un pion de la Xandrie : juste un enfant du Contade. Donc je n’en pense pas moins à son sujet
. reprit le Patrouilleur, toujours aussi excédé.

Il ne désirait pas rentrer dans le lard de la jeune femme en insinuant que toute sa mise en scène n’avait servi qu’à les duper car il savait sa paranoïa mise à rude épreuve depuis qu’il avait touché ce foutu fragment de Liéchi. Mais tout de même : l’Eglise qui pensait changer l’Eglise ? N’avait-elle retenu aucune leçon sur ce qui s’était déroulé en ces lieux ? Il frémit de colère.

- La religion est le foutu fléau de ce monde. J’en viendrai presque à comprendre pourquoi ma Nebula me hurle de prendre ce cristal et de disparaître avec lui, à jamais dans la Brume. grogna-t-il, le poing serré.

Et il était encore loin du compte : il n’avait pas eu la chance – si on pouvait appeler cela ainsi – de vivre ce qu’avait traversé Lewën avec sa cognition. Mais tout ce qu’il avait pu découvrir au cours de ses voyages, tout ce qu’il avait pu découvrir ici corroborait ses pensées. Il n’était certainement pas le sel à nourrir de telles pensées envers leur monde, et c’était peut-être une des raisons qui l’avait poussé à arpenter aussi longtemps la Brume.


hrp:
Lun 18 Déc - 9:31



Assaut sur la tour hantée

La Cité Immaculée, gardienne de la paix


Le bataillon vivait un moment historique, presque un morceau de légende. L’incroyable se teintait d’horreur et d’un respect glacé face à l’incompréhensible tourment d’Ezra et du Hulule. Le poids de la sapience de leurs ancêtres les faisaient rapetisser jusqu’à devenir d’insignifiants bambins, tout en retournant leurs âmes comme des gants devant les crimes accomplis.

Cela réveillait le pire comme le meilleur en chacun au moment le plus inattendu. Jeremiah titubait avant de bientôt s’effondrer. Il avait eu le temps de lancer Max à sa recherche. Le canidé promenait sa truffe pestilente dans sa direction en jappant et en tentant de le déconcentrer. Il tenta de lui mordre le mollet une fois ou deux, plus d’une humeur joueuse que dans une posture d’attaque. Heureusement, étant invisible, Keshâ l’esquiva de peu et pu mener à terme le sortilège.

Assez vite, le clébard fétide se désintéressa de cette trace odorante qu’il ne pouvait voir. La scène autour de Déméphor valait le détour. Artemis se révélait être plus sage et protecteur qu’il ne l’aurait cru et déploya un immense loup blanc qui ne semblait pas être une invocation. Jessamy se trouva être une alliée fiable et voyait le danger du Mandebrume au-delà des rixes entre les factions, ce en quoi l’Epistote l’approuvait, tandis que Déméphor déversait des révélations apocalyptiques sur les sombres projets d’Arkanis.

Effectivement, il serait préférable que Déméphor choisisse lui-même son successeur. Peut-être par désintérêt de la race humaine qui l’avait tant bafouée, peut-être pour tester les valeureux qui se présentaient à lui dans ses derniers soupirs, il ne semblait pas vouloir prendre langue sur la question.

Entre Lewen et Nemeth qui faisaient raisonne run espace de compassion et d’attrition, Keshâ réapparut où il se tenait depuis le début, le visage rougis de larmes et les yeux embués. Il s’en voulait d’avoir pensé ne serait-ce qu’un instant à courir plus vite que les autres pour s’emparer du cristal. Demephor, Hullule, quel que puisse être son nom, qu’il soit Dieu ou martyr, méritait plus d’amour et de respect que tout ce qui avait été manifesté par des viols répétés. L’entité avait bu le calice jusqu’à la lie, jusqu’à se désintégrer dans un océan de souffrance infinie.

S’il n’avait jamais été croyant, pas de foi panthéiste du moins, le jeune homme aux cheveux cendrés tenait la vie pour sacrée. Tout autant que le savoir. Voir les deux ainsi profanés était une pure abomination.

- "Soyons meilleurs. Je vous en prie."
-« C’est d’accord Nemeth. Quand Jeremiah s’est élancé, j’ai vu l’horreur arriver. C’est un miracle de voir que nous voulons conjurer la culpabilité de nos ancêtres. Aucun dirigeant n’est présent ici. Nous sommes les seules comptables du destin de notre espèce. Le Mandebrume n’est pas notre plus grand ennemi. Je suis assez ignorant des choses du monde, mais il me semble que nous sèmerions notre propre destruction face à lui et autres menaces en nous avilissant aujourd’hui. »

Il se met à prier avec elle, car pour la première fois depuis des années, une petite flamme s’était rallumée en lui. Après tant d’abus qui avaient délavé le sol de sa conscience de toute espérance, il sentait renaître une foi vibrante dans l’humain. Le futur ne serait peut-être pas que noirceur.

Alors qu’elle rendait hommage à Déméphor, Keshâ’rem ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était pleinement sincère. Car il la soupçonnait déjà d’avoir caché des choses, elle qui se prétendait simple observatrice, à peine capable de se défendre, avait démontré des capacités guerrière totalement hors normes.

C’était un moment étrange de communion. Une scène qui aurait pu être tirée de l’Ahad. Ou d’un Livre à venir. Après toute l’agitation qui s’était emparée des lieux, un sentiment mystique parcourait les aurevoirs, tantôt religieux, tantôt maladroits. Keshâ s’approcha le dernier. Il se tenait timidement devant le Hulule, intimidé par ses souffrances et la patience dont il faisait preuve. Le Duddo tournoyant au-dessus de l’assemblée purifiait l’air de sa pesanteur. Une main posée sur le cœur, il inclina légèrement la tête en guise de révérence.

-« Déméphor… » Un silence accueillit sa gorge sèche. Comme s’il ne pouvait parler. « Je souffre à l’idée de ce que mes ancêtres ont osé faire. Je prie pour que nous fassions mieux, même si je sais que la violence et la peine sont nombreuses dans nos pays… Puissiez-vous enfin connaître la paix. » conclue-t-il en s’inclinant de nouveau.

Il allait se raviser mais lança par télépathie au Hulule.
~° Nemeth est-elle transparente et sincère ? °~
Il sentit les ondes parcourir son esprit pour s’agglutiner sous forme de ressenti.
~° Il me faudrait du temps pour compiler les informations et apporter une réponse complète, jeune humain.  Qui plus est, je ne peux deviner les intentions, seulement connaître les faits. Elle est réellement croyante et Aramilane. En revanche, il est clair qu’elle se présente sous un faux-nom. °~


Comme il voulait finir sur une offrande plutôt que sur une question, il balbutia, de crainte d’embarrasser l’Ancien plus qu’autre chose.
-« Laissez-moi… je voudrais juste... chanter pour vous… » dit-il simplement. Ce serait une façon de célébrer la beauté et d’unir les cœurs plutôt que de partir perclus de douleurs insondables, pensa-t-il. Apeuré par le regard des autres, il ferma les yeux pour être dans son cœur et se mit à chanter un air triste qui évoquait les souvenirs perdus et le renouveau du printemps. C’était une chanson créée après la Révolution Epistote, quand vint le temps de pleurer les morts et d’œuvrer à la reconstruction. Lewen l’avait débranché. Puisse Demephor s’envoler librement parmi les siens.

Les aventuriers offrirent au moins un départ serein à l’Ancien. Ses yeux clos à jamais, la charge de Ryker malmena la sérénité qui habitait les lieux. Il fallut tout son courage à Keshâ pour ne pas reculer devant son feu, quand bien même son regard et ses reproches n’étaient pas contre lui. Plus encore pour oser se prononcer. Il en aller de ses intérêts, peut-être même du destin d’Urh. Maintenant. Ou jamais.

-« Ryker. Vous avez raison. Je crois… pardon, Nemeth. » s’empressa-t-il d’ajouter. « Grâce à vous, nous avons pu offrir un départ plus digne pour essayer de laver une partie des atrocités commises… je crois aussi que vous avez raison à propos du fait de changer l’Église et d’être meilleurs ensemble… »

Il se tourne vers Ryker, rongé par l'appréhension, il se mord la joue.
« Patrouilleur. L’Église a menti. Ne jugeons pas pour autant les croyants qui n’ont pas choisi. Ne soyez pas si dur. Nous sommes dépassés. Les hommes et femmes du passé l’ont sans doute été aussi. La division ne fera que nous affaiblir. Aujourd’hui, nous avons besoin de nous unir.»

Il voyait l'Aramilane secouer pesamment de la tête depuis que Ryker l'invectivait. On devait lui reconnaître la politesse d'une reine pour ne pas interrompre. Mais tous pouvaient voir combien elle était en désaccord et avait d'autres choses à ajouter.

Il hésite, ne se connaissant pas une telle verve. Sans doute que le Duddo perché au-dessus de lui n’est pas étranger à cet élan d’assurance.
-« Il faut quand même dire, Nemeth, que vous nous mentez aussi. Même si vos intentions son pures. Avant son dernier souffle, Déméphor m’a confié que vous aviez une identité d’emprunt. »


Il se tourne enfin vers Ryker et les autres :
-« Les quatre Haute-Cités ne tolèreront pas qu’une autre possède un tel avantage. Mais… Ryker, vous n’êtes pas le seul enfant de la Contade. Epistopoli m’a recueilli après la destruction de ma famille au service de l’Alliance. Je suis fils d’Andoria. L’Andoleïa l’une de mes langues natales, celle dans laquelle vous avez pu m’entendre plus tôt. La Cité Immuable est gardienne de bien des secrets à l’épreuve des temps. Sa neutralité n’est plus en question puisqu’elle abrite l’Alliance. Je m’engage à ramener ce cristal sous votre garde devant les Vénérables élémentaires et les sages de la cité. Quel que soit ce que le futur nous réserve, Urh a besoin d’une réponse unifiée pour ne pas finir comme le Royaume Oublié. C’est une leçon amère dont Andoria se souvient encore. »

Il se tut. Vidé de ses mots, le sang lui fouettait le visage et il luttait pour regarder dans le lointain et ne pas recevoir la fronde directe des regards brûlants de Nemeth et Ryker... et des autres! Ses jambes bourdonnaient et l’évanouissement n’était pas loin.

-"Le cristal ne devrait pas rester dans les mains d'une seule âme."
trancha Lewen, qui soutenait les dires de Ryker. Et il sait qu'il a raison. Au fond, il devait être plusieurs à penser ainsi, au-delà des égos. Cela était-il possible?




Résumé:
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Lun 18 Déc - 21:17

La tour des Ases

Event




Artémis tournoyait toujours son sihil, manifestement prêt à trancher quiconque aurait un comportement désapprouvé. Jeremiah fut immédiatement neutralisé, Jessamy s’en portait garante et il suspectait Kesha d’être l’auteur de cet étourdissement de l’opalien. Le loup grognait. Sentir la présence d’un individu, tout proche de lui, l’agaçait grandement et on pouvait le comprendre. La plus surprenante, une fois encore, fut Nemeth qui se positionna en tête dans la liste des prétendants. Enfin, c’était du moins ce qu’on aurait pu interpréter. Quant aux difficultés de Ryker, le vagabond les connaissait parfaitement. La maîtrise de sa Nebula lui avait pris tellement de temps… à tel point que sa mémoire fut altérée pendant de nombreuses années.

Mais durant ce laps de temps durant lequel il se perdit dans ses songes, le patrouilleur déploya une force mentale pour reprendre la main sur sa nebula. Il était de retour. Et pas qu’un peu. Rapidement, écoutant soigneusement les propos de Nemeth, il intervint et argumenta férocement en donnant sa vision des choses. Les éléments évoqués n'étaient pas inintéressants. Le Change-Peau était même assez d’accord avec de nombreux points. Les éléments s’accélèrent alors. Kesha qui, jusqu’ici semblait peu fiable, se prit d’une grande compassion pour la chouette qu’il débrancha après avoir chanté un air mélancolique. S’il n’était pas un grand expert de la musique, Artémis reconnaissait volontiers qu’il s’agissait d’un beau chant. Et le débat reprit après cet interlude. L’hulule nous avait quitté et l’avenir de son pouvoir se questionnait encore.

Le chanteur était d’accord avec Ryker, mais tempéra son propos à juste titre. Artémis était las de toutes ces discussions stériles. Sa seule motivation à s’emparer de ce cristal était de mettre fin à ces tergiversations et conflits inutiles. L'Homme était un être mauvais, cupide. On ne pouvait rien y faire. Seuls quelques élus pouvaient se démarquer et se partager le cristal pour s’en servir à des fins bien meilleurs que ceux proposés. Sa lame cessa de tournoyer et il décida finalement de la ranger. Œil-De-Nuit se frotta à sa jambe. Artémis se baissa et lui caressa l’échine. Au moins, avec lui, il pouvait êre certain de ne pas subir de trahison.

« Nous devrions cesser ces longues tirades. C’est long. Beaucoup trop long. Nous sommes majoritairement en accord sur le fait que ce pouvoir ne peut aller entre de mauvaises mains. Jeremiah, par exemple, ton curriculum vitae n’est pas recevable. L’idée serait qu’il ne tombe pas dans les mains des grandes puissances, mais bien entre des mains neutres et sans réelles pouvoirs politiques. Alors qui ? Aucune idée. Qui suis-je pour décider de la personne la plus apte pour acquérir un tel fardeau ? Un fardeau, oui. C’est loin d’être cadeau. »

L’homme aux cheveux d’albâtre se tint le menton.

« Si Amir était encore de ce monde, la question ne se serait peut-être même pas posée. Mais il n’est plus des nôtres. C’est donc à nous de prendre la décision pour l’avenir de ce cristal, l’avenir de ce monde. Faut-il le laisser à une seule personne ? Faut-il créer un groupe, composé uniquement de nous autres, dans lequel on ne peut utiliser le cristal que si ledit groupe l’autorise ? Une idée comme une autre. De fait, Nemeth, même si tes intentions sont nobles, je ne suis pas rassuré qu’un tel pouvoir se retrouve une nouvelle fois aux mains de l’Eglise. On a vu ce que ça a donné. »

Pour des raisons évidentes, le vagabond savait que Jessamy ne faisait pas partie des prétendantes. Il ne restait plus que Ryker, Lewen, Kesha et lui-même. Artémis n’était pas intéressé par ce cristal, qu’il trouvait bien trop contraignant, trop lourd à porter. S’il lui arrivait de lire certains ouvrages, ce n’était pas un érudit qui passait des heures dans une bibliothèques. Certaines informations demandaient un temps de recherche bien trop long pour un homme aussi occupé que le loup-blanc. Mais si le cristal devait malgré tout lui revenir, il le dissimulerait et le protègerait coûte que coûte, sans jamais l’utiliser pour ses besoins personnels. Sauf qu’un tel pouvoir pouvait être tellement utile pour secourir le monde, alors le porteur de ce fardeau devait être désigné. Sa lâcheté l’accablait, mais il se savait indigne d’être l’Omniscient.

« Qui ? Comment ? Répondons à ces questions et quittons cette maudite tour. T’en penses quoi, toi ? », conclut-il en frottant sa tête contre celle de son loup. « Ablette doit nous attendre quelque part dans les alentours. »

Ablette, c’était son pégase. Artémis, lui, n’aimait pas perdre son temps et imaginait déjà la suite de ses aventures.





Résumé :
Ven 22 Déc - 20:33



Assaut sur la tour hantée

Tout ça, pour ça.


Tout ça, pour ça.
Tout ça.
Tout ça !
Pour ça.

La colère brule sa poitrine, à lui qui s'insurge. Elle gronde dans sa voix. Elle mord. Ses crocs s'enfoncent si profondément, dans cette âme qui avait cru, pour un bref instant, à un autre dénouement. Il s'avance. Il la foudroie. Elle se tait. Elle le regarde. Elle ne détournera pas le regard, elle ne baissera pas le menton, elle restera, elle encaissera.

- Bon sang : regardez, Nemeth. Tout ça C’EST l’Eglise. Jamais je ne permettrai que le cristal retombe entre les mains de l’Eglise.

Il la toise, de toute sa hauteur, de toute sa colère, de toute cette assurance. Il se tient face à l’Église. Elle est blonde, menue et silencieuse. Surtout, elle est coupable.

- Jamais je ne permettrai que quiconque utilise ce pouvoir à l’encontre du bien commun et de la population d’Uhr. La simple possession d’un tel savoir viendrait déséquilibrer les forces en présences. Le pouvoir pervertit. Inlassablement. Deux solutions : le confier à la personne la plus à même de le dissimuler et de le protéger ou le détruire - ce que je doute être possible. Je ne veux pas d’un deuxième Nikolaï Svetlanov.

Nemeth avait-elle une seule fois agit à l'encontre du bien commun depuis qu'ils étaient ensemble ? Avait-elle mis la vie de ses camarades en danger ? Avait-elle laissé Ryker seul face au Fléau ? Le pourvoir pervertit. Oui, ils sont bien d'accord. Ce n'est cependant pas le seul capable d'un tel dévoiement.

- Je ne vois que deux candidats, qui nous ont prouvé leurs actes désintéressés tout du long et qui ne possèdent pas d’allégeances douteuses.

Il la fixe, intensément, accusateur et seul juge.

- Opale, Epistopoli et Aramila sont hors de la course. Je suis un foutu Mort Gris, pas un pion de la Xandrie : juste un enfant du Contade. Donc je n’en pense pas moins à son sujet.

Mort Gris. Ils l'étaient tous. Tous ceux qui avaient acceptés ou subis l'invasion de la Brume, tous étaient en sursis, pour leur vie mais surtout pour leur conscience. Que ferait la Brume une fois en total contrôle de son hôte, le cristal d'Omniscience entre ses doigts malicieux ?

- La religion est le foutu fléau de ce monde. J’en viendrai presque à comprendre pourquoi ma Nebula me hurle de prendre ce cristal et de disparaître avec lui, à jamais dans la Brume.

Concluait le patrouilleur, frémissant de cette rage qu'il pensait contenue. Etait-ce la Nebula qui tremblait de frustration de voir son hôte évoquer à voix haute sa volonté sans l'accomplir ? Ou était-ce l'homme, qui avait traversé ses horreurs aux côtés de l'aramilanne ? Non. Elle faisait erreur. Il n'avait jamais été à son côté. Cela n'était qu'une illusion. Une malencontreuse circonstance, sans doute.

La colère la transperçait. C'était injuste. N'avait-elle pas montré, qu'elle n'était pas cette Eglise ? N'avait-elle pas prié assez fort pour qu'ils soient dignes ? Pour qu'ils ne s'entredévorent pas pour ce pouvoir ? N'avait-elle pas fait ses preuves en leur confiant sa vie ? Non. Tout cela n'était pas assez.

Tout cela ne serait jamais assez.
Car elle était croyante.

Elle n'aurait pas été aramilanne, elle n'aurait pas été croyante, aucun de ces mots injustes ne seraient venu se planter en elle. Mais parce qu'elle croyait que les Hommes n'étaient pas tout puissants sur ce monde, parce qu'elle croyait, espérait, que des forces plus nobles puissent les guider, elle était coupable de tous les maux de l'Église, complice de toutes ces atrocités. Des atrocités perpétrées bien avant sa naissance, bien avant leur naissances à tous ici. Des atrocités perpétrées par une Église qui n'était même plus celle qu'ils connaissaient. Une Église capable de prouesses technologiques qui leur échappe à tous et d'autant plus à la rustique Aramila.

La colère se déverse. Sur elle. En elle. Elle coule en flots tourmentés mais échoue à la submerger.

Puisque finalement.
Tout cela.
Tout ça.
Est d'une tristesse infinie.

Elle ferme les paupières. Se coupe du monde. Se soustraie à Ryker. Au fiel. À la déception qui tord ses entrailles.

Ainsi,
Ils ne seraient pas meilleurs.

Les paupières s'ouvrent sur l'or du pays des dunes.

- Votre fléau se nomme intolérance. Ce fut celui de cette Église qui pervertit ce lieu de savoirs pour asservir ceux qu'Elle jugeait différents.

Elle resterait droite. Elle ne frémirait pas sous la houle, sous l'orage, sous l’effusion de ce volcan. Parce qu'elle le comprend. Sa colère est légitime. Son indignation justifiée. Pourtant.. pourtant.

- Je ne suis pas cette Église.

Elle n'était aucune Église. Elle n'était qu'une femme. Une chose torturée pour le plaisir des Hommes, bafouée par la technologie, un amalgame de tout ce qu'elle avait vécu. Si similaire à ce qu'ils étaient tous.

- Je ne suis qu'une créature qui vit, qui respire et qui croit. J'ai cru que nous pouvions être meilleurs. Ma Foi, je l'ai placé en vous, pas en l’Église, pas en mon pays, en vous.

Sa main se tend, jusqu'au torse de l'homme. Dans sa paume, un rayon de lumière s'égare, embrasse sa peau avant de disparaitre. Comme s'il n'avait jamais existé. Comme ce bref moment de paix et de communion. Elle abaisse sa main et s'écarte de Jessamy et du cristal. Elle était l’Église dans la bouche d'Artémis aussi. Elle n'avait pas droit au chapitre et ses discours étaient trop longs. Elle se tut donc. Elle n'avait plus rien à dire. Même lorsque Kesha révélait sa fausse identité, elle se contenta de le regarder. Oui, elle avait menti sur son identité. Voyait-il à présent combien elle avait eu raison ?

Dans le monde qui se profilait, elle n'avait sans doute pas sa place. Les accusations pleuvraient bientôt sur tous les croyants de ce continent, et il en comptait beaucoup. Beaucoup alors, seraient l’Église ?

Elle ne répondit pas non plus à son intention d'apporter le précieux cristal derrière les portes de la cité immuable, entre les mains de l'Alliance. Le pouvoir pervertissait les Hommes et rien n'était plus corruptible qu'une organisation humaine. L’Église, les gouvernements, l'Alliance, la caravanière ne savait que trop bien combien tout cela était poreux et fragile.

Le cristal revint finalement au médecin épistote. Le Mandebrume était le Régent d'Epistopolie et c'était entre les mains d'un de ses citoyens que le groupe décidait de placer sa confiance. Chaya ne sourit pas de l'ironie évidente. Lewen était certainement une personne avisée, il saurait faire bon usage de ce pouvoir. Sans doute.

Revenant auprès d'Aharon qui se remettait péniblement de ce qui aurait pu être la fin du deuxième aramilan de cette expédition qui ne jugeait pas leurs sacrifices méritants, Nemeth le soutiendrait jusqu'au dirigeable. Elle passerait le reste du voyage retour à griffonner dans son carnet de dessins.

Les derniers instants d'Amir.
Les derniers instants de l’Église.
Et ce bref moment,
Où ils furent meilleurs.

Résumé:
Jeu 28 Déc - 18:11

La tour des Ases

Event



Les mots de Ryker trouvèrent écho dans les pensées de Lewën, quant à ceux de Nemeth, ils les percutèrent. Tout ce savoir était une source précieuse, si précieuse. Trop précieuse. Qu’en feraient les uns, qu’en feraient les autres, ce n’était qu’en leur confiant le cristal que l’on pourrait le savoir, il serait alors trop tard car tant de connaissances dans leurs mains représentaient une bombe à retardement.

- Artémis a raison, ne perdons pas plus de temps bien qu’il nous en faudrait un infini pour peser le pour et le contre. Nous avons deux solutions : veiller sur ce cristal ou le détruire. La deuxième solution reste la meilleure, mais la plus ardue.

Veiller sur ce cristal … Eux ? Tous ensemble ? Les épreuves qu’ils avaient traversé les avaient unis, oui, mais pour combien de temps ? Leur objectif à peine volatilisé et déjà ils se battaient pour la garde du précieux. Quant à le détruire … Même s’il savait comment faire, arriverait-il à s’y résoudre ?

- Une chose est certaine, il ne faudra en parler à personne. Si la nouvelle se répand, les nations s’empresseront de vouloir mettre la main dessus, et je doute fortement de leurs bonnes intentions, Epistoli y compris. Chacun est à la recherche de pouvoir et de domination sur les autres, l’alliance peine à maintenir l’équilibre, et ce cristal le détient, le pouvoir.

Le médecin ne faisait qu’exposer les faits connus de tout en chacun. Étaient-ce ses paroles ? Toujours est-il qu’un avis naquit dans le groupe, il porterait le cristal. Même Jeremiah ne le contesta guère. Les plus réfractaires se plièrent à l’avis général, Lewën aussi. Cette confiance qu’on lui accorda le toucha. Lorsqu’il prit le cristal dans sa main, il sentit un poids s’abattre sur ses épaules. Non, ce pouvoir là était bien trop grand pour un seul homme. Il lui faudra trouver une solution avec ses pairs de mésaventures, pour l’heure il fallait quitter la tour et ses horreurs, il fallait toujours arrêter le Régent, et pour cela prévenir les autorités de préparer une escouade pour Zénobie. Seuls les Dieux en qui il ne croyait pas jusqu’à présent savaient ce qui les attendait là-bas.

Qui sssuis-je ? crissa la Nebula dans sa tête de sa voix naissante. Curie détourna l’attention en sautant sur son maître pour se blottir sur son épaule dont la hauteur lui permettait d’avoir une vue d’ensemble. Il était temps de partir. Rangeant le cristal divin dans sa dimension de poche, il suivit le groupe sur le toit de la tour. Artémis resta avec eux malgré son envie de monter Ablette pour partir auprès du Zeppelin prévenir de leur départ, préférant garder un œil sur Lewën et les autres. Jessamy utilisa son bâton serti de son nascent pour signaler leur présence au conducteur qui, vigilant à tout signe de leur part, vint les récupérer une quinzaine de minutes plus tard.

Lewën s’installa dans la pièce principale du transport, il s’assit, la fatigue dont l’adrénaline avait cessé de repousser l’assaillait. Il avait l’impression d’avoir fait un cauchemar, un simple cauchemar. Non, tout cela était bien réel. Les images défilées dans son esprit, incubes, corps mutilés, les yeux d’un autre monde, Ezra et … Amir. Ce fut une main sur son bras qui le ramena à la réalité. Ici, sous l'œil de tous ses camarades, il était en sécurité. Qu’adviendra-t-il une fois le groupe éclaté ?

Pour eux, Lewën mobilisa toute l’énergie qu’il put :

-  Posez moi vos questions et je tâcherai d’y répondre. dit-il en sortant le cristal de sa cachette. Il lança un regard à chacun d’eux, Ryker approuva, Artémis veillez tout comme Keshâ, Jessamy, Nemeth … Jeremiah était étonnamment calme.

- Qu’est-ce que le Réplicateur ?

Lorsqu’il se plongea dans le cristal pour répondre à la première question qui fusa, il fut étonné de se trouver dans un lieu familier : une bibliothèque. Comme pour l’aider à trouver les réponses qu’il cherchait, la dimension se réorganisa pour prendre l’apparence de la bibliothèque militaire Epistote où il avait passé de longues heures par le passé. Les étagères étaient faites du même bois, disposées de la même façon à la différence près qu’elles semblaient s’étaler à l’infini. Il passa les doigts sur les tranches des livres qu’il pouvait admirer et sentit qu’il avait conscience de leur contenu sans connaître les détails de ce que ces archives omniscientes contenaient. Il lui fallait chercher par mot clé et fureter plusieurs ouvrages avant de trouver la réponse.

- Le Réplicateur est une machine qui appartient seulement en partie à ce monde. Arkanis l’a fabriqué en espérant trouver un moyen d’utiliser les propriétés exotiques des Limbes pour répliquer de la matière …. Malheureusement la machine a dysfonctionné et la Brume en sortie.

Le médecin n’avait aucune idée du temps qu’il venait de passer dans l’omniscience et sentait déjà l’addiction naître en son sein. N’en laissant rien paraître, il écouta la question suivante en se promettant de mettre des limites. Un rire grinça dans son esprit, sa Nebula se moquait de sa réflexion … Oui, elle savait l’appétence de son hôte, et plus il en apprendrait, plus encore il aurait de questions à assouvir.

Résumé: