Lun 25 Sep - 15:00
Drogues et armes, lorsque les trafics s’en mêlent
Avec Jane Kaldwin
Quand il était venu trouver la garde Opalienne, on l’avait d’abord conduit à un bureau. L’affaire était des plus sérieuses, se souvenait encore avoir pensé Lewën. On l’avait fait s'asseoir et relater les faits, encore. On lui avait demandé s’il était certain de ce qu’il avançait. Sa petite musaboise dans les bras, elle était sa seule preuve.
- Elle me semble en bien bonne santé. Lui avait-on dit.
Il n'avait pas bataillé bien longtemps, on l'avait assez rapidement congédié sans donner suite à son alerte. "Vous n'avez aucune preuve"
Très bien, ils voulaient des preuves ? Ils en auraient. Sans plus tarder Lewën chercha un détective privé, ce n'était pas comme ça qu'il pensait dépenser ses Astras, sa conscience ne pouvait laisser les musaboises subir le sort qu'on leur réservait, et son orgueil ne pouvait laisser l'affront des gardes sans impunité.
Il ne connaissait personne dans le milieu, et ses amis Opaliens ne pouvaient guère plus l'aider.
Une idée saugrenue, pour ne pas dire stupide, traversa son esprit pourtant habituellement cartésien. Et s’il tentait de se procurer la drogue ? Ou mieux, travailler pour le cartel ?
Il secoua la tête à la négative, il n’avait aucune idée de comment approcher un membre du réseau et encore moins d’en faire partie. Il n’avait rien ni personne pour le soutenir, Halie avait retrouvé les contrées plus ressourçantes pour les efforts qu’elle avait subi durant leur mésaventure, et qu’aurait-elle bien pu faire de plus que lui dans ce monde qui n’était pas le sien.
Il décida de s’équiper de sa tenue de “corbeau” cachant son arme et ses cristaux, gardant sa conque dans une poche pour aller “flâner” aux abords des ruelles où la cargaison de musaboises avait été chargée quelques jours plus tôt. Et il en était là, sur le port d'Opale, dans une ruelle où le soleil déclinait pour laisser place aux ombres du crépuscule. Le bâtiment incriminé semblait abandonné, passant la tête devant la fenêtre il ne vit rien... Le vide. La musaboise qu'il tenait dans ses bras se renfrogna, se blottissant de peur sous le bras de son sauveur.
- Ne t'inquiète pas Curie, je ne compte pas te laisser là.
tenta-t-il de la rassurer. Ils étaient ici il y a cinq jours. Vu tout le matériel à déplacer, ils ont dû être prévenus pour avoir quitté les lieux si vite … souffla-t-il à l’animal comme pour réfléchir.
Osant pénétrer dans l’enceinte du lieu, il s’approcha de la porte et empoigna la poignée qui ne résista nullement, les anciens locataires n’ayant pas pris la peine de fermer en partant. Lewën grimaça lorsqu’une odeur âpre agressa ses narines. Revêtant son bec bourré d’herbes filtrantes, il s’avança dans la pièce. Il restait bien une cage ou deux dans l’endroit, pas sûr que cela suffise de preuve pour faire réagir la garde Opaline.
Il regarda Curie et se souvint de ce que lui avait dit l’hespéride sur les sens du rongeur. Une bonne ouïe, et surtout, un bon odorat.
- Serais-tu capable de retrouver leur trace ? Demanda-t-il à la musaboise pour la forme, la déposant près d’un reste de ce qui avait été pour elle une prison pour la lui faire sentir.
L’animal couina de peur avant de vouloir s’échapper, Lewën la blottit dans sa cape en la caressant, peiné de lui infliger ce supplice. Il fallait qu’il se rende à l’évidence, il ne pourrait rien faire. Résigné, il s’accroupit dans l’ombre d’un mur pour observer la scène une dernière fois, révolté et impuissant, se souciant du futur des pauvres bêtes.