Dim 8 Oct - 4:46
Un rêve bleu
Ft. Séraphah Von Arendt
A la faveur du massage de l’aponévrose épicrânienne, Keshâ pouvait réfléchir à leur échange sous couvert d’anonymat. Echappant au regard de braise d’un Séraphah aux multiples épithètes, il se disait de plus en plus qu’il n’arrivait pas à lui trouver anguille sous roche.
-« C’est un peu bizarre. Je veux dire, tout ce qui est advenu et si vite. J’ai encore du mal à me dire que tout soit possible vu d’où je viens. Mais je crois que je vous apprécie. Alors, oui, j’aimerais rester auprès de vous. »
-« Il semblerait. » confirma-t-il en voyant la flamme de Seraphah s’enhardir à l’idée d’organiser une sorte de défilé.
Son bienfaiteur lui apprenait maintenant qu’il s’intéressait à lui pour lui-même et non plus seulement à cause que quelque serment ancestral voué à son père, fantôme de ses souvenirs flétris. On le trouvait donc intéressant. Si son esprit était en lutte face à ce concept, il ne se voyait pas nier ce qui ressemblait au plus haut point à un compliment valorisant ; ce qui aurait rendu la situation un peu ridicule. Incapable de se voir à travers les yeux de Seraphah, il essayait de se convaincre que ce dernier voyait bel et bien quelque chose et se contentait de profiter de ce sentiment de reconnaissance.
A ce jour, Seraphah défiait les pronostics qu’il avait pu échafauder sur la suite de sa visite au Marquis. On avait eu beau le baigner et l’habiller comme une concubine, personne n’avait encore exigé ses faveurs. Tout le monde semblait généreux en politesse et en présents. Tous les choix semblaient se tourner vers lui. De tout cela, il avait bien peu fait l’expérience.
-« … d’accord. » lâcha-t-il après une explication tandis que Seraphah lui profilait un rôle de cantateur assistant ses mélodies au piano. Cette fresque commençait à dessiner quelques écheveaux d’angoisse dans son esprit, à l’idée de chanter en public par exemple. Mais il n’osa pas trop s’en défendre après toute l’estime que lui avait porté son hôte, qui poursuivait de toute manière ses propos. En fait, il n’arrivait toujours pas à saisir pourquoi Seraphah n’avait pas trouvé mille autre chanteurs ou mille autre enfants à éduquer plutôt que lui. La haute-ville devait regorger d’esprits brillants pourvus de compétences scientifiques et poétiques au-delà de tout ce qu’il saurait démontrer.
-« Il y aurait beaucoup de choses à dire plus tard sur ces sujets, je pense. Mais, revenons à ce que vous disiez avant. Vous voulez que je chante devant un public ? Je n’ai jamais fait cela. Et si j’étais pétrifié de peur et que je perdais ma voix ? »
Ses mains jouaient maintenant avec le vert d’absinthe que lui avait proposé Seraphah sans le porter à ses lèvres. L’odeur piquante que dégageait le liquide lui laissait imaginer que ses esprits tourneraient à la première gorgée. Et il ne voulait pas manquer le manège de toutes les pistes entrouvertes par la conversation.
-« Évidemment, ça me ferait très plaisir d’entendre parler de mon père. Même quand il était là, il ne restait jamais très longtemps avant de repartir en mission. Il racontait beaucoup de ses histoires, bien sûr, mais s’occupait principalement de l’entraînement de mes frères aînés. Et lorsqu’il me parlait, je devinais qu’il y avait tout autant de choses qu’il ne nous disait pas que de celles qu’il nous partageait. Maintenant que je suis grand, je comprends qu’il essayait de nous protéger. Il y a parfois des choses qui nous ont choqué. En parler est comme ouvrir une seconde blessure sur l’ancienne. »
Ces fois-là, Keshâ se passait de mots et étreignait son père, de caractère bourru comme beaucoup d’hommes rendus solitaires malgré les apparences par la perte de trop nombreux compagnons.
Enfin ! Seraphah vendait la mèche sur la véritable raison de son arrivée théâtrale, revêtue de sa cape, dans la veille gare abandonnée.
-« Je ne comprends pas vraiment ce que vous dites… je n’ai rien contre le sacré… j’ai seulement du mal à voir exactement ce que vous mettez derrière vos mots. »
Les paroles faisaient écho dans sa tête, lui laissant imaginer le pire. Car malgré la délicatesse de son hôte, il semblait déterminé à le faire taire. Son expression changeante montrait un intensif processus de réflexion par ricochet en de multiples direction, sans que l’on puisse en définir l’émotion dominante.
-« Il y a plusieurs choses qui me dérangent dans ce que vous dites. Pouvez vous précisez : saviez-vous qui j’étais avant de venir me rencontrer hier soir ? … Et en quoi le Chant est-il si dangereux pour devoir être préservé de toute écoute accidentelle ? … s’il porte du savoir, peut-être que celui-ci peut venir toucher le cœur de ceux qui n’en ont plus ? »
Dans ces circonstances, Keshâ ne voulait plus jouer l’autruche. Seraphah l’avait plus que bien traité. D’ailleurs, de mémoire d’homme, on ne l’avait jamais aussi bien traité. Pourtant l’élimination semblait avoir été une option. Comment un tel revirement pouvait-il s’opérer si facilement ?
Sa main porta finalement à ses lèvres le breuvage brûlant pour se donner du corps. Difficile de trouver cela bon, mais cela faisait diversion avec sa timidité. Leur proximité physique était bien plus étroite que la veille, ce qui rendait l'aura de Seraphah d'autant plus intimidante dans cette atmosphère veloutée.
-« Savez-vous que vos demandes semblent contradictoires? D’un côté, vous me demander de rester caché, ce que j’ai toujours fait et ce que je continuerais encore à faire si vous n’étiez pas intervenu - car je ne sais rien de tout ce qui peut intéresser les profanes dont vous parlez et que le Chant a toujours été mon univers secret... De l’autre, vous voulez faire de moi un chanteur autour de vos convives, Que suis-je donc censé chanter pour eux ? »
Une rasade anesthésiante d’absinthe déferla dans son gosier pour lui permettre de finir sa charge.
-« En fin de compte, je crois que oui, pour le sacré. Peut-être que cela m’aiderait néanmoins à mieux me situer si vous vouliez bien m’expliquer plus en détails ce que ces chants ont de sacré pour vous et ce que vous redoutez tant. Quand on ne chante plus quelque chose, on le fait disparaître. Ce n’est sûrement pas ce que vous voulez. »
Les Aramilans, eux, faisaient tout le contraire, lors de grandes célébrations de masse.
-« C’est un peu bizarre. Je veux dire, tout ce qui est advenu et si vite. J’ai encore du mal à me dire que tout soit possible vu d’où je viens. Mais je crois que je vous apprécie. Alors, oui, j’aimerais rester auprès de vous. »
-« Il semblerait. » confirma-t-il en voyant la flamme de Seraphah s’enhardir à l’idée d’organiser une sorte de défilé.
Son bienfaiteur lui apprenait maintenant qu’il s’intéressait à lui pour lui-même et non plus seulement à cause que quelque serment ancestral voué à son père, fantôme de ses souvenirs flétris. On le trouvait donc intéressant. Si son esprit était en lutte face à ce concept, il ne se voyait pas nier ce qui ressemblait au plus haut point à un compliment valorisant ; ce qui aurait rendu la situation un peu ridicule. Incapable de se voir à travers les yeux de Seraphah, il essayait de se convaincre que ce dernier voyait bel et bien quelque chose et se contentait de profiter de ce sentiment de reconnaissance.
A ce jour, Seraphah défiait les pronostics qu’il avait pu échafauder sur la suite de sa visite au Marquis. On avait eu beau le baigner et l’habiller comme une concubine, personne n’avait encore exigé ses faveurs. Tout le monde semblait généreux en politesse et en présents. Tous les choix semblaient se tourner vers lui. De tout cela, il avait bien peu fait l’expérience.
-« … d’accord. » lâcha-t-il après une explication tandis que Seraphah lui profilait un rôle de cantateur assistant ses mélodies au piano. Cette fresque commençait à dessiner quelques écheveaux d’angoisse dans son esprit, à l’idée de chanter en public par exemple. Mais il n’osa pas trop s’en défendre après toute l’estime que lui avait porté son hôte, qui poursuivait de toute manière ses propos. En fait, il n’arrivait toujours pas à saisir pourquoi Seraphah n’avait pas trouvé mille autre chanteurs ou mille autre enfants à éduquer plutôt que lui. La haute-ville devait regorger d’esprits brillants pourvus de compétences scientifiques et poétiques au-delà de tout ce qu’il saurait démontrer.
-« Il y aurait beaucoup de choses à dire plus tard sur ces sujets, je pense. Mais, revenons à ce que vous disiez avant. Vous voulez que je chante devant un public ? Je n’ai jamais fait cela. Et si j’étais pétrifié de peur et que je perdais ma voix ? »
Ses mains jouaient maintenant avec le vert d’absinthe que lui avait proposé Seraphah sans le porter à ses lèvres. L’odeur piquante que dégageait le liquide lui laissait imaginer que ses esprits tourneraient à la première gorgée. Et il ne voulait pas manquer le manège de toutes les pistes entrouvertes par la conversation.
-« Évidemment, ça me ferait très plaisir d’entendre parler de mon père. Même quand il était là, il ne restait jamais très longtemps avant de repartir en mission. Il racontait beaucoup de ses histoires, bien sûr, mais s’occupait principalement de l’entraînement de mes frères aînés. Et lorsqu’il me parlait, je devinais qu’il y avait tout autant de choses qu’il ne nous disait pas que de celles qu’il nous partageait. Maintenant que je suis grand, je comprends qu’il essayait de nous protéger. Il y a parfois des choses qui nous ont choqué. En parler est comme ouvrir une seconde blessure sur l’ancienne. »
Ces fois-là, Keshâ se passait de mots et étreignait son père, de caractère bourru comme beaucoup d’hommes rendus solitaires malgré les apparences par la perte de trop nombreux compagnons.
Enfin ! Seraphah vendait la mèche sur la véritable raison de son arrivée théâtrale, revêtue de sa cape, dans la veille gare abandonnée.
-« Je ne comprends pas vraiment ce que vous dites… je n’ai rien contre le sacré… j’ai seulement du mal à voir exactement ce que vous mettez derrière vos mots. »
Les paroles faisaient écho dans sa tête, lui laissant imaginer le pire. Car malgré la délicatesse de son hôte, il semblait déterminé à le faire taire. Son expression changeante montrait un intensif processus de réflexion par ricochet en de multiples direction, sans que l’on puisse en définir l’émotion dominante.
-« Il y a plusieurs choses qui me dérangent dans ce que vous dites. Pouvez vous précisez : saviez-vous qui j’étais avant de venir me rencontrer hier soir ? … Et en quoi le Chant est-il si dangereux pour devoir être préservé de toute écoute accidentelle ? … s’il porte du savoir, peut-être que celui-ci peut venir toucher le cœur de ceux qui n’en ont plus ? »
Dans ces circonstances, Keshâ ne voulait plus jouer l’autruche. Seraphah l’avait plus que bien traité. D’ailleurs, de mémoire d’homme, on ne l’avait jamais aussi bien traité. Pourtant l’élimination semblait avoir été une option. Comment un tel revirement pouvait-il s’opérer si facilement ?
Sa main porta finalement à ses lèvres le breuvage brûlant pour se donner du corps. Difficile de trouver cela bon, mais cela faisait diversion avec sa timidité. Leur proximité physique était bien plus étroite que la veille, ce qui rendait l'aura de Seraphah d'autant plus intimidante dans cette atmosphère veloutée.
-« Savez-vous que vos demandes semblent contradictoires? D’un côté, vous me demander de rester caché, ce que j’ai toujours fait et ce que je continuerais encore à faire si vous n’étiez pas intervenu - car je ne sais rien de tout ce qui peut intéresser les profanes dont vous parlez et que le Chant a toujours été mon univers secret... De l’autre, vous voulez faire de moi un chanteur autour de vos convives, Que suis-je donc censé chanter pour eux ? »
Une rasade anesthésiante d’absinthe déferla dans son gosier pour lui permettre de finir sa charge.
-« En fin de compte, je crois que oui, pour le sacré. Peut-être que cela m’aiderait néanmoins à mieux me situer si vous vouliez bien m’expliquer plus en détails ce que ces chants ont de sacré pour vous et ce que vous redoutez tant. Quand on ne chante plus quelque chose, on le fait disparaître. Ce n’est sûrement pas ce que vous voulez. »
Les Aramilans, eux, faisaient tout le contraire, lors de grandes célébrations de masse.
Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Lun 23 Oct - 15:58, édité 1 fois
Dim 8 Oct - 19:33
Un rêve bleu
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
C’était rapide. Voilà ce que tu soulignais avant de lui accorder ta confiance. Ton envie de rester à ses côtés. Il aurait difficilement compréhensible pour l’élémentaire qu’il en aille autrement. Tu avais bien été traité et il avait cru comprendre que rien de particulier ne te retenait ailleurs. Toutefois, tes interrogations étaient légitimes. Pourquoi toi plus qu’un autre? Pourquoi avec autant d’ardeur? Il y avait indubitablement la connexion à ton père. S’il avait entendu ta voix sans pouvoir faire de plus amples connexions, sans doute n’aurait-il pas tenu à ce que tu deviennes l’un de ses employés d’une certaine façon. Mais même, il y avait un au-delà du lien. Tu étais jeune, très jeune pour Seraphah. Et il percevait déjà une différence notable en toi, qu’il ne trouvait que difficilement. C’était déjà arrivé, mais tout le monde n’avait pas besoin d’un protecteur. Même s’il ne se considérait pas ainsi envers toi malgré toute l’apparence.
« Tout s’apprend Kesha’rem. Absolument tout. Puis avant de chanter devant une foule, vous chanterez pour moi. Puis mon cercle élargi. Nous irons en étape. Mon but est de vous voir vous épanouir, et non l’inverse. » Il ne demandait pas. Pourtant cela sonnait comme une demande. Il croyait indéniablement en toi, et...en vous. Un vous qui n’avait pourtant pas de réelle forme jusqu’à présent. « Vous aurez un professeur de chant...et cela veut dire qu’il vous aidera à faire face aux oreilles que vous ravirez. »
Il t’écouta concernant les souvenirs que tu avais concernant ton père. « Vous faîtes preuve d’une belle sagesse et compréhension de l’humain pour votre âge...Cette maturité n’est pas commune. » Il nota que tu étais ouvert à ce qu’il s’ouvre concernant ce qu’il se souvenait de ton père. Faire revivre des personnes qui avaient compté pour lui, lui était une tâche agréable.
Contrairement à la tournure de la discussion. Tu semblais avant tout soucieux de bien comprendre les aboutissants de la demande du diplomate concernant ton chant. Et sans doute aurait-il mieux valut en effet, qu’il te décrive ce que signifient tes propos et en quoi ils pourraient être utilisés à mauvais escient. Le regard ambré se plissa, comme en miroir au tien. Il observait le moindre de tes gestes, cette façon soudaine que tu as eu de boire à ton verre qui faisait paradoxe avec le jeu plus nonchalant que tu as eu précédemment avec ce dernier. Quand tu déposas à ses oreilles tout ce qui te paraissait trop flou, Seraphah eu un sourire d’une douceur déconcertante. À dire vrai, il y avait une forme de bienveillance qui semblait déterminée son être. Il se leva en poussant un soupir : « Vous avez raison. Mon feu m’a fait aller trop vite. » Sa passion, sa volonté de garder secret ce qui était si précieux. Il fit quelques pas dans le salon, son kimono lui faisant comme une traine qui caressait le sol. Il y avait quelque chose de non ordinaire dans cette scène. « Je ne savais pas que vous étiez le fils d’un de mes anciens amis en venant à votre rencontre. Ce qui m’a charmé, c’est réellement votre chant. » Il s’arrêta à proximité d’un chandelier, son regard venant se déposer dans le tien, tandis qu’il ajouta : « Puis votre regard à la fragilité bien plus tenace qu’il n’y paraissait. Vous êtes à l’image d’une orchidée, qui sait quand et à qui dévoiler sa beauté. » Il en faisait trop. C’est ce que Maelström aurait dit. Mais Il était « trop ».
« J’aimerai que vous chantez, parce que votre voix peut enchanter des vies. Mais pas que vous déclamiez au premier venu ces chants sacrés, chantés à la chaleur d’un feu aimant...N’est-ce pas dans de tels moments que votre mère vous les as transmis? Tous ces moments ont une valeur à vos yeux, et elle vous a tant aimé que c’était une de ses façons de vous le montrer. Peut-être ne connaissiez-vous pas le sens de ces mots, mais je suis persuadé qu’elle les connaissait. » Il fit une pause, une main venant se loger dans sa chevelure comme pour se donner contenance. Ses yeux te quittèrent pour trouver un confort dans les flammes, avant qu’il ne murmure, plus qu’il ne chantait avec de légères variations : « L’aube est venue, ils se mirent nus, leurs corps comme réceptacle, ils vainquirent tous les obstacles, de part ces gouttelettes, ils transformèrent leurs têtes, rien d’effrayant, de dérangeant, juste suffisant, pour voir la vie autrement. » Le silence retentit ponctué de quelques crépitements. Les flammes semblaient pendant un instant plus grandes, insistantes. Illusions? « Je vous décrirai le reste de votre chant. Mais sachez qu’il s’agit d’une recette pour ouvrir l’esprit à de plus grandes connexions et connaissances. Ils l’avaient utilisé à Andoria...et certains osèrent ce qui amena à sa ruine la citée... » Il leva le menton, son regard replongeant dans le tien. « J’ai été élevé à cet endroit, et on nous inculqua cette loi du secret auprès des étrangers...Parce-que si nos propres sages ont pu en faire mauvais usage, qu’en serait-il des citoyens d’Epistopoli la folle des technologies? » Devait-il t’expliquer concrètement sur quoi cela pouvait déboucher? « La personne qui vous fait chercher est une femme ambitieuse sous couvert d’historienne...elle vendrait ce type d’informations au plus offrant. Les astras n’ont jamais fait tourner le monde, mais bel et bien la connaissance. Et ils le savent. Cela vous suffit-il pour comprendre en quoi il n’est pas bon de partager de telles connaissances? »
Il se radoucit. À savoir que son feu sembla intérieurement se calmer quand il reprit. « Bien entendu que je veux pas que ces chants s’éteignent, bien au contraire. Mais uniquement pour ceux qui sauront se préserver de la folie du pouvoir. » Ceux qui sauront apprécier la sonorité. « Vous ne trouverez pas beaucoup de personnes qui parlent cette langue...parce-qu’une langue c’est une série de symbole. Une langue qui reste parlée par peu d’individus s’assurent que chacun porte les mêmes valeurs en lui. J’ai besoin de m’assurer de cela auprès de vous avant de vous apprendre à la parler couramment. »
Il resta debout, la lumière jouant dans sa chevelure tandis qu’il attendait ton retour à tout ça ainsi que tes autres éventuelles questions.
Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Lun 6 Nov - 17:20, édité 1 fois
Dim 15 Oct - 0:27
Un rêve bleu
Ft. Séraphah Von Arendt
Mi-figue mi-raisin, Keshâ n’était pas tout à fait rassuré à la perspective de chanter pour un auditoire. L’intrusion de Maëlstrom et Seraphah dans son repaire la veille marquait l’arrivée des premiers témoins de son art, qu’il ne pensait jusque là pas mériter plus d’attention que cela.
-« Vraiment ? J’aurais droit à un professeur ? » se fit-il écho.
Cette perspective ci l’enchantait beaucoup plus. Aussi doué que l’on puisse être, il y avait toujours des limites à la pratique en autodidacte. Décidément entre son précepteur de lecture, l’entraînement martial et le chant, son quotidien allait commencer à ressembler étrangement au cursus éducatif des enfants bien nés, malgré son retard.
Keshâ prit pour lui la remarque de Seraphah sur sa maturité émotionnelle. Surtout qu’il en trouvait la plupart des humains totalement dépourvu, y compris parmi les régnants.
-« Vous aussi Seraphah semblez faire preuve d’intelligence. Mais aussi de compassion. Je crois que c’est encore plus rare parmi nos dirigeants. »
Ils étaient au cœur de ce qui les avaient réunis. Tandis que Seraphah déployait sa silhouette avec majesté en laissant s’écouler au sol un flot d’étoffe rouge miroitant, il fut saisi par sa majesté. Qu’un être aussi beau ait pu être charmé par quelque chose qui émanait de lui était accablant et merveilleux à la fois. Mais il confirmait à Keshâ qu’il ne vivait pas qu’à travers l’ombre de son défunt père. L’allégorie florale par laquelle il le décrit le laissa coi. Profitant de l’espace laissé vacant sur le canapé à capitons, il adopta une posture moins formelle en s’étalant sur l’accoudoir. Il ne savait que penser de ses déclarations, mais ne pouvait s’empêcher de boire ses paroles avec fascination.
L’absinthe et ces mots suaves avaient le pouvoir d’animer ses souvenirs, qui prenaient forme dans son esprit. Il revoyait en effet sa mère autour d’un feu dans une clairière où il campait juste tous les deux. Sa voix grave et envoûtante caressait les oripeaux de nuits pour les tisser de lumière dans les braises de leur feu de camp. Des formes violines comme ses yeux s’y dessinaient et semblaient danser pour raconter son histoire à l’enfant qu’il était alors.
Sans mettre de mot dessus, Keshâ vivait depuis dans sa chair l’essence du sacré. La voix profonde de Seraphah se surimposa à ces fantômes de mémoire perdue pour traduire le même refrain qu’il chantait lui-même il n’y a pas si longtemps. Comme un oubli, soudain retrouvé, le sens symbolique des mots frappa ses yeux agrandis. Et de cette même magie qui habitait sa mère, les flammes bougies semblèrent s’iriser d’ambre et grandir l’espace d’un instant.
Il comprenait mieux à présent la demande d’exclusivité du secret émise par Seraphah sur les Chants d’Andoria. L’histoire ne devait se répéter et livrer à la bêtise des outils trop puissants pour des consciences mal aiguisées. La suite de l’argumentaire le frappa encore plus. On ne parlait pas d’histoire poussiéreuse et de combats passés. Quelqu’un de la noblesse le cherchait activement, lui, aujourd’hui. A cause de ces chants. Assurément, les scientifiques Epistotes seraient prêt à piétiner la terre entière dans leur course folle vers la connaissance.
-« Je ne savais même pas que quelqu’un me connaissait dans la haute ville. Mais, d’après ce que vous m’avez raconté, l’idée qu’elle me retrouve fait froid dans le dos. »
A entendre Seraphah, les hommes de leur époque étaient des fous dangereux, avides et prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Keshâ n’en avait jamais vraiment douté. Il se découvrait seulement porteur d’une flamme fragile et précieuse qu’il fallait garder dissimulée au creux de sa paume dans la tourmente de leurs appétits.
Il regardait l’homme roux jouer avec son abondante chevelure, un peu sonné par ces révélations. Il n’avait pas vraiment de questions, mais se devait de rassurer Seraphah sur sa raison et sa discrétion.
-« Je comprends mieux maintenant votre hâte à me trouver et à me changer d’endroit. Je me demande encore comment cette historienne a pu me trouver, ou plutôt comment elle a pu ne pas me trouver jusqu’ici si je comprends ses motivations. Mais vous pouvez être sûr que je ferai très attention à partir de maintenant. Je ne veux pas trahir l’héritage de ma famille pour des gens qui ne le respecteraient pas. »
Keshâ se redressa contre le dossier du canapé pour faire face à Seraphah.
« Alors, m’apprendrez-vous cette langue ? Quelle est son nom d’ailleurs ? M’en direz-vous plus sur son histoire et sur le peuple qui la portait, son savoir et ses échecs ? »
Une faim tenance chargeait dans son esprit. Il y avait dans l’air comme un parfum d’injustice, de quelque chose qu’il aurait du posséder, ou plus précisément qu’il avait peut-être possédé et qu’il n’avait plus.
-« Tout à l’heure, vous aviez l’air d’être comme ma mère. Êtes-vous… comme une sorte de prêtre ? Arrivez-vous à transformer le monde avec votre Chant ? »
-« Vraiment ? J’aurais droit à un professeur ? » se fit-il écho.
Cette perspective ci l’enchantait beaucoup plus. Aussi doué que l’on puisse être, il y avait toujours des limites à la pratique en autodidacte. Décidément entre son précepteur de lecture, l’entraînement martial et le chant, son quotidien allait commencer à ressembler étrangement au cursus éducatif des enfants bien nés, malgré son retard.
Keshâ prit pour lui la remarque de Seraphah sur sa maturité émotionnelle. Surtout qu’il en trouvait la plupart des humains totalement dépourvu, y compris parmi les régnants.
-« Vous aussi Seraphah semblez faire preuve d’intelligence. Mais aussi de compassion. Je crois que c’est encore plus rare parmi nos dirigeants. »
Ils étaient au cœur de ce qui les avaient réunis. Tandis que Seraphah déployait sa silhouette avec majesté en laissant s’écouler au sol un flot d’étoffe rouge miroitant, il fut saisi par sa majesté. Qu’un être aussi beau ait pu être charmé par quelque chose qui émanait de lui était accablant et merveilleux à la fois. Mais il confirmait à Keshâ qu’il ne vivait pas qu’à travers l’ombre de son défunt père. L’allégorie florale par laquelle il le décrit le laissa coi. Profitant de l’espace laissé vacant sur le canapé à capitons, il adopta une posture moins formelle en s’étalant sur l’accoudoir. Il ne savait que penser de ses déclarations, mais ne pouvait s’empêcher de boire ses paroles avec fascination.
L’absinthe et ces mots suaves avaient le pouvoir d’animer ses souvenirs, qui prenaient forme dans son esprit. Il revoyait en effet sa mère autour d’un feu dans une clairière où il campait juste tous les deux. Sa voix grave et envoûtante caressait les oripeaux de nuits pour les tisser de lumière dans les braises de leur feu de camp. Des formes violines comme ses yeux s’y dessinaient et semblaient danser pour raconter son histoire à l’enfant qu’il était alors.
Sans mettre de mot dessus, Keshâ vivait depuis dans sa chair l’essence du sacré. La voix profonde de Seraphah se surimposa à ces fantômes de mémoire perdue pour traduire le même refrain qu’il chantait lui-même il n’y a pas si longtemps. Comme un oubli, soudain retrouvé, le sens symbolique des mots frappa ses yeux agrandis. Et de cette même magie qui habitait sa mère, les flammes bougies semblèrent s’iriser d’ambre et grandir l’espace d’un instant.
Il comprenait mieux à présent la demande d’exclusivité du secret émise par Seraphah sur les Chants d’Andoria. L’histoire ne devait se répéter et livrer à la bêtise des outils trop puissants pour des consciences mal aiguisées. La suite de l’argumentaire le frappa encore plus. On ne parlait pas d’histoire poussiéreuse et de combats passés. Quelqu’un de la noblesse le cherchait activement, lui, aujourd’hui. A cause de ces chants. Assurément, les scientifiques Epistotes seraient prêt à piétiner la terre entière dans leur course folle vers la connaissance.
-« Je ne savais même pas que quelqu’un me connaissait dans la haute ville. Mais, d’après ce que vous m’avez raconté, l’idée qu’elle me retrouve fait froid dans le dos. »
A entendre Seraphah, les hommes de leur époque étaient des fous dangereux, avides et prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Keshâ n’en avait jamais vraiment douté. Il se découvrait seulement porteur d’une flamme fragile et précieuse qu’il fallait garder dissimulée au creux de sa paume dans la tourmente de leurs appétits.
Il regardait l’homme roux jouer avec son abondante chevelure, un peu sonné par ces révélations. Il n’avait pas vraiment de questions, mais se devait de rassurer Seraphah sur sa raison et sa discrétion.
-« Je comprends mieux maintenant votre hâte à me trouver et à me changer d’endroit. Je me demande encore comment cette historienne a pu me trouver, ou plutôt comment elle a pu ne pas me trouver jusqu’ici si je comprends ses motivations. Mais vous pouvez être sûr que je ferai très attention à partir de maintenant. Je ne veux pas trahir l’héritage de ma famille pour des gens qui ne le respecteraient pas. »
Keshâ se redressa contre le dossier du canapé pour faire face à Seraphah.
« Alors, m’apprendrez-vous cette langue ? Quelle est son nom d’ailleurs ? M’en direz-vous plus sur son histoire et sur le peuple qui la portait, son savoir et ses échecs ? »
Une faim tenance chargeait dans son esprit. Il y avait dans l’air comme un parfum d’injustice, de quelque chose qu’il aurait du posséder, ou plus précisément qu’il avait peut-être possédé et qu’il n’avait plus.
-« Tout à l’heure, vous aviez l’air d’être comme ma mère. Êtes-vous… comme une sorte de prêtre ? Arrivez-vous à transformer le monde avec votre Chant ? »
Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Lun 23 Oct - 15:57, édité 1 fois
Dim 15 Oct - 21:58
Un rêve bleu
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Miroitements. Quand il te regardait c’est ce qu’il percevait. Comme si ton aura hésitait à se saisir de toute la place qu’elle pouvait prendre. Au moins percevais-tu désormais la raison du secret. Afin de préserver l’homme de ses propres folies. Comme si l’opulence était un objectif en soi, alors même que la Brume pouvait décider à tout moment de tout décimer. À chaque fois qu’il y pensait, il souriait. Chercher le pouvoir coûte que coûte et par n’importe quel moyen pour espérer se protéger de ce qui était bien plus grand que soi. Mais tout cela était bien loin de toi. Même s’il comprenait que tu avais du tout faire pour survivre, il ne voyait pas l’arrogance du pouvoir pointer sa flamme dans ton regard.
Il s’approcha de toi tandis qu’il sentait ton feu intérieur s’enflammer face à la perspective de devenir détenteur de cette langue et tout ce qu’elle pouvait par la suite t’offrir. C’était la seconde fois qu’il ressentait cela à ton contact : cet entrain, cette passion, qui venait comme aviver le sien qui ne connaissait dans le fond que ce dialecte-ci. « Je vous apprendrai le Andoleïa. C’est un dialecte appris par les érudits, comme une langue trop hautaine pour se livrer au bavardage des quotidiens. » Il se souvenait quand il vivait à Andoria les bibliothécaires qui aimaient ce dialecte secret pour parler devant ceux qui n’avaient pas accès à la connaissance. Il avait appris cette langue aussi sûrement que l’uhrois, ce qui lui amenait la prétention de n’avoir aucun accent quand il devait parler d’autres langues d’Urh.
Il s’assit tout près de toi, plus près que précédemment. Ton parfum lui parvint, tandis qu’il prenait entre ses mains les tiennes et te murmurait : « Je vous transmettrai tout ce que je pourrais...cela aide à ce que ma mémoire ne s’estompe pas trop rapidement. » Raconter encore et toujours et ne jamais s’en lasser. Parce-que cela rendait vivante toutes ces connaissances qu’il absorbait pour ensuite les offrir à la Brume. Ses yeux possédaient une couleur ambré très intense à cet instant, à se demander si les flammes qui vous entouraient n’avaient pas grandit pour venir s’y refléter. « Non, je suis bien loin de pouvoir changer le monde avec mon chant...qui reste bien humble par rapport au votre. » Il posa un bras sur le dessus du canapé, vous offrant ainsi une perspective beaucoup plus intimiste. Il s’ouvrait à toi en ce geste, tandis que son autre main dessinait des arabesques sur l’arrière d’une de tes mains. Il semblait faire ce geste machinalement, malgré le fait que la lenteur du geste évoquait une véritable caresse.
« Je suis heureux que vous partagez ma vision du sacré. Que vous comprenez le sens de tout cela. Pour beaucoup l’appât du gain est plus important que tout le reste. Certains ne se rendent même pas compte qu’ils condamnent leur propre existence en acceptant d’être un boulon d’une machination plus grande. » Il avait conscience que le choix était aussi un luxe et que pour élever, même de quelques astras, leur situation, certains acceptaient de jouer l’unique rôle qu’on leur proposait. Sans doute as-tu pu être de ceux-là, il ne le savait pas, et ne te jugerait pas non plus. « Je sais que le système est bien rôdé, et que tout le monde n’a pas le choix. Mais quand on l’a, tout comme vous à cet instant, c’est honorable. » Et cela lui faisait du bien. Tout comme tu remarques sa compassion...bien qu’il ne se voyait pas tout à fait ainsi. « Je ne sais si je suis un être compatissant ou si j’agis en fonction de mon propre intérêt...Ne me jugez pas trop rapidement Kesha’rem. Dans un sens comme dans un autre. » Honnêteté. C’était avant tout ce qu’il était que ce soit dans ses extravagances que dans ses gestes plus ténus comme dans cette proximité.
« Maintenant que vous connaissez vos futures fonctions auprès du Marquis, je tenais aussi à vous préciser que l’entraînement commencé avec Maelström va se poursuivre. Si pour une raison ou pour une autre vous êtes amenés à venir avec nous en expédition, il vous faut absolument savoir combattre, ou du moins vous défendre. » Sa main cessa ses allers et venues sur ta peau, afin de rejoindre les filaments de sa chevelure, comme pour replacer les rebelles derrière son oreille. « Avez-vous des questions? Je n’aimerai pas vous retenir plus que nécessaire. Je suis certain que la journée a déjà été bien remplie. » Il se saisit du verre d’absinthe pour l’amener à ses lèvres tout en prêtant attention à tes paroles.
Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Lun 6 Nov - 17:20, édité 1 fois
Lun 23 Oct - 4:30
Un rêve bleu
Ft. Séraphah Von Arendt
Keshâ se sentait… vivifié.
Outre le fait d’avoir un estomac bien rempli, la peau douce et des habits de choix, il ressentait le soulagement indescriptible d’avoir mis le doigt sur ce qui lui avait toujours manqué depuis tant d’années. Son âme criait famine de son identité oubliée. Il ne prenait pas encore toute la mesure que sa rencontre allait prendre, au-delà de celle guidée par l’opportunisme financier.
On lui offrait une passerelle vers ses racines, à la fois par l’incarnation d’Andoria et de sa culture, bien vivante en Seraphah, pour représenter sa mère et par la narration des souvenirs pour rappeler son père. Il n’était pas question ici que d’adieux sanglants à la hâte jamais cicatrisés, mais d’un sentiment de reconnexion à sa lignée et à son but profond. Quelque chose de plus grand que lui qu’il ne parvenait pas encore à embrasser par la pensée. Une continuation, le nouveau cycle d’une roue qui dans un sursaut semblait avoir fait ellipse et cessé de tourner.
-« Depuis longtemps, j’ai honte de mon inculture et de mon ignorance. Ce cadeau représente beaucoup pour moi. »
Seraphah parlait tout de même d’une langue d’initiée, qui ne semblait pas accessible à tout un chacun. Il ignorait pourquoi elle faisait intrinsèquement partie des fibres de son histoire, mais il concevait une peine immense d’ignorer son héritage et de n’avoir reçu que peu d’instruction.
Touchée par une forme nostalgie, ses yeux s’étaient faits humides, et il ne perçut qu’à rebours l’approche de Seraphah si près de lui. En même temps, quelque chose semblait s’être apaisé en lui.
Dans la manière de cueillir ses mains et de l’envelopper de sa présence, il y avait un aspect réconfortant mais aussi de dérangeant. Il se sentait vulnérable, plus même que lors de rapports plus violents qu’il avait pu entretenir par le passé.
Sa mémoire ? Encore une référence à son « grand âge » qui avait de quoi étonner.
-« Et pourtant, l’espace qui vous entoure a l’air différent, comme magnifié. Je vous aurais cru si vous m’aviez dit que vous pouviez. »
C’était déjà la deuxième fois ce soir qu’il avait la ferme impression de sentir la luminosité s’altérer comme par magie. Peut-être était-ce à mettre sur le compte de ce béguin que l’on ne pouvait qu’avoir face à un être aussi somptueux. Son âme était loin d’être pieuse et vertueuse. Il avait des pensées salaces et concupiscentes. Pourtant, il se sentit prit de court par le geste de Seraphah qui semblait caresser sa main d’une manière créative. Cela lui procurait du plaisir. Mais un plaisir différent. Il n’y avait en apparence rien de bien grave, mais c’était pourtant très intime. Il ne savait donc comment se comporter et ses joues rosirent généreusement.
Ses yeux lavandes se perdait dans l’ambre de l’élémentaire, qui en disait bien plus que ses mots n’auraient su.
-« J’ai longtemps été un boulon. Peut-être plutôt un clou qu’on enfonce. Peu importe… j’espère qu’à votre service, je pourrais trouver un sens plus élevé à mon existence. » Il fut surpris par l’ambiguïté de la réponse de l’homme flamme. Peu de gens détrompaient les autres lorsqu’ils leur accordaient des gages de confiance. Mais en même temps, il lui demandait de ne pas non plus le condamner. Pensait-il avoir des raisons d’être méprisé ?
-« C’est d’accord, je suppose. J’attendrai avant de me faire une idée plus objective. »
Keshâ était content à l’idée de revoir Maëlstrom à l’entraînement régulièrement. Il le serait sans doute moins en s’éveillant avec des courbatures dantesques dans tout le corps.
-« Cette idée me plaît. » répondit-il innocemment, sans imaginer qu’il aurait besoin de se battre très bientôt sans personne pour assurer ses arrières. Il ne s’agissait ici que d’apprendre à faire preuve de combattivité pour montrer son sérieux.
C’était tout. Seraphah était parvenu à bout des mises à jour qu’il voulait lui transmettre.
-«Vous avez raison. Je suis fatigué. Mais c’était une très bonne journée. Je ne voudrais pas non plus m’imposer. Mais j’apprécie beaucoup ce moment en votre compagnie... Une question pratique : Quand vais-je commencer les cours de chants ? Ah… et recevrais-je de l’argent personnel en dehors de mon hébergement ? J’aimerais aussi savoir s’il y a des journées fixes où je devrais travailler. Est-ce que j’aurais du temps libre ? Si oui, j’aimerais bien pouvoir retourner un ou deux jours par semaine dans la basse-ville au début, car je ne peux pas abandonner tous ceux que je connais aussi soudainement. »
C’était une manière détournée de pouvoir continuer à occuper son logement à la Lionne Rouge et de suivre ses leçons de lecture tout en collectant ses instructions pour Ekiel et en relançant quelques informateurs.
Ses yeux se baissèrent avec timidité. Il n’osait pas demander ce qui lui passait par la tête. Sa main reposant sur le dossier s’avança finalement pour se poser sur l’avant-bras de Seraphah.
-« Il y a bien quelque chose d’autre… Seraphah. Je me fais peut-être des idées. Mais il y a des incohérences dans ce que vous dites. Vous êtes vraiment spécial, n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas si jeune que vous en avez l’air, comme le disait Maëlstrom. Vous savez, j’ai déjà rencontré un strigoï. Si c’est votre cas, je ne vais pas être effrayé et je ne vous jugerai pas. »
Son âge, sa prestance, sa fortune étaient autant d’indices. La thèse du strigoï ne suffisait pas à expliquer ces effets de lumière, mais c’était l’hypothèse la plus plausible qu’il avait pu échafauder.
Outre le fait d’avoir un estomac bien rempli, la peau douce et des habits de choix, il ressentait le soulagement indescriptible d’avoir mis le doigt sur ce qui lui avait toujours manqué depuis tant d’années. Son âme criait famine de son identité oubliée. Il ne prenait pas encore toute la mesure que sa rencontre allait prendre, au-delà de celle guidée par l’opportunisme financier.
On lui offrait une passerelle vers ses racines, à la fois par l’incarnation d’Andoria et de sa culture, bien vivante en Seraphah, pour représenter sa mère et par la narration des souvenirs pour rappeler son père. Il n’était pas question ici que d’adieux sanglants à la hâte jamais cicatrisés, mais d’un sentiment de reconnexion à sa lignée et à son but profond. Quelque chose de plus grand que lui qu’il ne parvenait pas encore à embrasser par la pensée. Une continuation, le nouveau cycle d’une roue qui dans un sursaut semblait avoir fait ellipse et cessé de tourner.
-« Depuis longtemps, j’ai honte de mon inculture et de mon ignorance. Ce cadeau représente beaucoup pour moi. »
Seraphah parlait tout de même d’une langue d’initiée, qui ne semblait pas accessible à tout un chacun. Il ignorait pourquoi elle faisait intrinsèquement partie des fibres de son histoire, mais il concevait une peine immense d’ignorer son héritage et de n’avoir reçu que peu d’instruction.
Touchée par une forme nostalgie, ses yeux s’étaient faits humides, et il ne perçut qu’à rebours l’approche de Seraphah si près de lui. En même temps, quelque chose semblait s’être apaisé en lui.
Dans la manière de cueillir ses mains et de l’envelopper de sa présence, il y avait un aspect réconfortant mais aussi de dérangeant. Il se sentait vulnérable, plus même que lors de rapports plus violents qu’il avait pu entretenir par le passé.
Sa mémoire ? Encore une référence à son « grand âge » qui avait de quoi étonner.
-« Et pourtant, l’espace qui vous entoure a l’air différent, comme magnifié. Je vous aurais cru si vous m’aviez dit que vous pouviez. »
C’était déjà la deuxième fois ce soir qu’il avait la ferme impression de sentir la luminosité s’altérer comme par magie. Peut-être était-ce à mettre sur le compte de ce béguin que l’on ne pouvait qu’avoir face à un être aussi somptueux. Son âme était loin d’être pieuse et vertueuse. Il avait des pensées salaces et concupiscentes. Pourtant, il se sentit prit de court par le geste de Seraphah qui semblait caresser sa main d’une manière créative. Cela lui procurait du plaisir. Mais un plaisir différent. Il n’y avait en apparence rien de bien grave, mais c’était pourtant très intime. Il ne savait donc comment se comporter et ses joues rosirent généreusement.
Ses yeux lavandes se perdait dans l’ambre de l’élémentaire, qui en disait bien plus que ses mots n’auraient su.
-« J’ai longtemps été un boulon. Peut-être plutôt un clou qu’on enfonce. Peu importe… j’espère qu’à votre service, je pourrais trouver un sens plus élevé à mon existence. » Il fut surpris par l’ambiguïté de la réponse de l’homme flamme. Peu de gens détrompaient les autres lorsqu’ils leur accordaient des gages de confiance. Mais en même temps, il lui demandait de ne pas non plus le condamner. Pensait-il avoir des raisons d’être méprisé ?
-« C’est d’accord, je suppose. J’attendrai avant de me faire une idée plus objective. »
Keshâ était content à l’idée de revoir Maëlstrom à l’entraînement régulièrement. Il le serait sans doute moins en s’éveillant avec des courbatures dantesques dans tout le corps.
-« Cette idée me plaît. » répondit-il innocemment, sans imaginer qu’il aurait besoin de se battre très bientôt sans personne pour assurer ses arrières. Il ne s’agissait ici que d’apprendre à faire preuve de combattivité pour montrer son sérieux.
C’était tout. Seraphah était parvenu à bout des mises à jour qu’il voulait lui transmettre.
-«Vous avez raison. Je suis fatigué. Mais c’était une très bonne journée. Je ne voudrais pas non plus m’imposer. Mais j’apprécie beaucoup ce moment en votre compagnie... Une question pratique : Quand vais-je commencer les cours de chants ? Ah… et recevrais-je de l’argent personnel en dehors de mon hébergement ? J’aimerais aussi savoir s’il y a des journées fixes où je devrais travailler. Est-ce que j’aurais du temps libre ? Si oui, j’aimerais bien pouvoir retourner un ou deux jours par semaine dans la basse-ville au début, car je ne peux pas abandonner tous ceux que je connais aussi soudainement. »
C’était une manière détournée de pouvoir continuer à occuper son logement à la Lionne Rouge et de suivre ses leçons de lecture tout en collectant ses instructions pour Ekiel et en relançant quelques informateurs.
Ses yeux se baissèrent avec timidité. Il n’osait pas demander ce qui lui passait par la tête. Sa main reposant sur le dossier s’avança finalement pour se poser sur l’avant-bras de Seraphah.
-« Il y a bien quelque chose d’autre… Seraphah. Je me fais peut-être des idées. Mais il y a des incohérences dans ce que vous dites. Vous êtes vraiment spécial, n’est-ce pas ? Vous n’êtes pas si jeune que vous en avez l’air, comme le disait Maëlstrom. Vous savez, j’ai déjà rencontré un strigoï. Si c’est votre cas, je ne vais pas être effrayé et je ne vous jugerai pas. »
Son âge, sa prestance, sa fortune étaient autant d’indices. La thèse du strigoï ne suffisait pas à expliquer ces effets de lumière, mais c’était l’hypothèse la plus plausible qu’il avait pu échafauder.
Ven 27 Oct - 22:55
Un rêve bleu
Ft. Keshâ'rem Evangelisto
Le présent semblait énorme. Tu vins même le souligner par tes paroles. Au-dela de simplement t’apprendre une langue, il venait combler ce qui t’avait toujours manqué depuis que tes pas t’ont mené à Epistopoli et ont fait disparaître tes souvenirs. L’élémentaire se demanda un instant si cela était de l’ordre du naturel...si tu avais simplement vécu un traumatisme émotionnel qui t’avait fait tout oublier, ou si quelqu’un avait agit sur ta personne pour que tu oublies tout. C’était à ses yeux assez perturbant, car tu avais un frère avec qui il aurait été simple de continuer d’échanger. Au lieu de cela, il avait eu la sensation – quand tu parlais de ce dernier – qu’il était devenu avant tout un étranger.
Il avait noté cette émotion qui s’était inscrite dans ton regard. Les flammes étaient venues sécher tes larmes, elles ne purent ainsi prendre plus de place. La nostalgie restant un voilage suffisant en cet instant. « Si vos parents avaient été auprès de vous, vous n’auriez rien oublier de votre culture. » Une façon d’affirmer qu’il s’agissait en effet de ta culture et que tu pouvais à tout moment vouloir la réclamer comme ton dû.
Pour le reste, il était vrai qu’il aurait pu être l’un de ces conteurs magiciens des mots. Il l’était dans sa fonction de diplomate, mais rien qui n’excellait son maniement des touches blanches et noires...comme si ses doigts dansaient à l’image de son feu quand ce dernier se montrait à la lune. « Même un diamant peut devenir un boulon dans les mains des ignorants. » Après tout, quel avenir aurais-tu pu espérer dans les bas-fonds? Il en avait croisé des jeunes adultes de ton âge cherchant la paix là où la survie primait. Tous n’avait toutefois pas ton don, et tout le monde n’avait pas la capacité de l’élémentaire pour le voir et vouloir le chérir.
Aux questions de praticité les réponses fusèrent : « Dès demain un professeur de chant sera là pour vous. Si je ne m’abuse, l’entraînement avec Maelström est aux aurores, et vous aurez une belle heure pour vous préparer à chanter. Fort heureusement, vous aurez des journées de libre...je n’apprécierai pas que vous vous sentiez prisonnier du Marquis. Il doit rester un endroit de plaisirs quel qu’ils soient. » Son regard se porta à nouveau sur la pièce alentours, avant de revenir cueillir le tien : « Oui, vous verrez cela avec Maelström, il vous emmènera sans doute à la banque d’ici quelques jours pour que vous puissiez mener votre vie sans attendre après nous. » Le temps nécessaire pour t’obtenir des papiers, et ainsi une fois citoyen, un compte bancaire digne de ton nouveau statut.
Son regard glissa sur ta main qui venait de se poser sur son bras. À l’écoute de ta dernière question, ses caresses sur ta main cessèrent et un immense sourire fit jour sur son visage. « Bien sûr que non...je ne suis nullement un strigoï. » L’idée avait l’air de beaucoup l’amuser. « Peu ont ma prestance. » Certain qu’il n’était pas avare de compliments envers sa personne. « Il vaut mieux que vous connaissiez ma nature...après tout, il y a certaines choses que je ne pourrais jamais faire en votre compagnie...comme prendre un bain. » Il se redressa dans le canapé, se tournant le plus possible vers toi de façon à ce que son buste et son visage te fassent face. Pour se faire, son genou gauche s’était plié et poser sur le siège entre vous. Il leva alors son index, son regard ambré émanant une immense bonté, avant que tu ne vois cet index tendu devenir flamme... « Tout mon être est de feu... » Il leva alors un second doigt...qui prit feu à son tour. Il était très attentif à ta réaction, arrêtant tout s’il te voyait effrayé. Mais même sans cela, sa petite démonstration cessa, les flammes disparurent au profit de ses longs doigts de pianiste.
« Je suis un élémentaire de feu...et en cela j’ai beaucoup plus que votre âge...vous vous en doutez sans doute en raison de mes manières, n’est-ce pas? » Et des incohérences dont tu avais parlé sans les nommer. « Après suis-je si spécial? Cela dépendra de qui vous avez l’habitude de fréquenter. » Est-ce que cette réponse allait amener d’autres questions? En tous les cas, il ne semblait pas pressé de se retirer, son regard se posant sur le livre de botanique de la forêt de Jade. Cela aussi pourrait faire naître des questions.
Dernière édition par Seraphah Von Arendt le Lun 6 Nov - 17:19, édité 1 fois
Lun 6 Nov - 17:02
Un rêve bleu
Ft. Séraphah Von Arendt
En contemplant les cils veloutés de Seraphah, Keshâ se disait qu’il avait bien de la chance. Il ignorait encore si sa naïveté légendaire était à l’œuvre, mais il ressentait pour la première fois depuis longtemps l’étau autour de sa gorge se déserrer. En lieu et place d’un malaise permanent, un espace s’ouvrait. Un espace sur aujourd’hui, un point d’interrogation sur demain. Il était fait de parfum de lumière tamisée. De promesses et de mots apaisants.
« Si vos parents avaient été auprès de vous, vous n’auriez rien oublier de votre culture. »
-"Maintenant que vous êtes là, je vais pouvoir m’en rappeler."
Douce pensée. Il n’osait y croire, mais en cette nuit, il avait la sensation que le monde lui voulait du bien. Le soulagement le libéra d’une forte tension accumulée au fil des années. Ses paupières se faisaient plus lourdes.
Keshâ ne savait s’il serait un diamant ou un boulon entre les mains de Seraphah, il avait néanmoins le sentiment qu’il ne serait plus aussi seul qu’il avait pu l’être jusqu’à présent. Aucun des deux ne réalisait sans doute à cet instant que leur présence ébranlerait les terres ancestrales, soulevant la poussière dans leur quête de connaissance afin de contribuer à l’œuvre du monde en cet âge de chaos. Les Terres Brûlées étaient le berceau de secrets anciens, enfouis dans le sable et les mémoires à dessein. Le Chant qu’il faisait résonner serait le véhicule de leur quête à travers le temps pour s’élever ensemble.
Dès demain, il recevrait son enseignement en chant. En revanche, Seraphah réalisait-il la torture de devoir se lever après l’entraînement que lui avait fait subir Maëlstrom pour une autre session ? Ses muscles étaient ceux d’un humain et protestaient par avance à l’idée de regagner sa chambre par les méandres du grand escalier.
Il regarda Seraphah éventer son hypothèse selon laquelle il serait de la race des Strigoi. Il n’avait pas l’air fâché le moins du monde et l’idée semblait même lui plaire, même si Keshâ constata qu’il n’avait pas une petite estime de sa présence. En cela, le vagabond ne pouvait lui donnait tord. Il succombait un peu plus à chaque instant à la perfection de sa personne, qu’il instillait dans son environnement jusqu’au moindre détail de sa décoration.
Un pli de perplexité naquit soudain au coin de ses yeux. Il ne pourrait jamais prendre de bain avec lui ? C’était bien l’idée la plus étrange qu’il aie jamais entendu. L’homme était séduisant et Keshâ aurait pu se l’imaginer. Mais en tant que son employeur, l’idée qu’il évoque cette hypothèse comme une impossibilité devenait loufoque.
A nouveau, le prestidigitateur maniait les ambiances et le ton de la conversation. Il était parvenu à l’éveiller par surprise, à nouveau concentré sur son regard ambré qui lui faisait face. Ses yeux concentrés sur l’index du magicien, avec la même fièvre que ceux d’un enfant, s’agrandirent soudain quand le doigt sembla prendre feu, passant des ténèbres à la lumière. Plus que cela, il était fait de flamme ! Elle oscillait en léchant l’air de droite à gauche !
Un deuxième doigt vint ponctuer une nouvelle expression, de sa bouche arrondie. Il n’était pas frayeur, plutôt stupéfaction. Jamais, il n’avait assisté à telle prodige. Il ne pensait même pas que de telles créatures existent réellement, autrement que dans les histoires que l’on pouvait raconter aux enfants.
-« Oui… » bredouilla-t-il, d’une voix sans souffle.
Il se reprit. « J’ai du mal à y croire, même en l’ayant vu… vous pourriez le refaire. Cette fois, je me concentre mieux. » Assurément, Seraphah était très spécial aux yeux du jeune Keshâ. Il y avait aussi du jeu et du merveilleux dans sa demande renouvelée.
La conversation se poursuivit un temps. Seraphah n’avait pas l’air si jaloux des secrets de sa nature à bien y regarder une fois qu’il était en confiance. Ils parlèrent aussi de cet étrange livre qui trônait sur la table et qui faisait jusqu’à son arrivée l’objet de toutes les attentions de l’élémentaire. La forêt de Jade, un monde si éloigné, à peine palpable, qui semblait peuplé de créature aussi extraordinaire que Seraphah, rapporté au règne végétal. Dryade et Trent, poisons et remèdes fabuleux, lianes rebelles. Seraphah lui confia l’origine de son intérêt, en lui montrant un coffret précieux en argent ciselé, dont l’intérieur était tapissé d’un velours cardinal rembourré. Y était niché une graine cossue. De Trent, selon lui. Son but scientifique était rien de moins que de la faire germer.
Forts de ses révélations, il avait beaucoup à assimiler. La journée avait été longue et éreintante. Les émotions chargeaient son jeune cœur et sans même s’en rendre compte, au milieu d’une pensée, sa tête dodelina et il finit par s’assoupir, sa tête roulant sur le dossier du canapé en velours. Presque droit dans les bras de Seraphah.
« Si vos parents avaient été auprès de vous, vous n’auriez rien oublier de votre culture. »
-"Maintenant que vous êtes là, je vais pouvoir m’en rappeler."
Douce pensée. Il n’osait y croire, mais en cette nuit, il avait la sensation que le monde lui voulait du bien. Le soulagement le libéra d’une forte tension accumulée au fil des années. Ses paupières se faisaient plus lourdes.
Keshâ ne savait s’il serait un diamant ou un boulon entre les mains de Seraphah, il avait néanmoins le sentiment qu’il ne serait plus aussi seul qu’il avait pu l’être jusqu’à présent. Aucun des deux ne réalisait sans doute à cet instant que leur présence ébranlerait les terres ancestrales, soulevant la poussière dans leur quête de connaissance afin de contribuer à l’œuvre du monde en cet âge de chaos. Les Terres Brûlées étaient le berceau de secrets anciens, enfouis dans le sable et les mémoires à dessein. Le Chant qu’il faisait résonner serait le véhicule de leur quête à travers le temps pour s’élever ensemble.
Dès demain, il recevrait son enseignement en chant. En revanche, Seraphah réalisait-il la torture de devoir se lever après l’entraînement que lui avait fait subir Maëlstrom pour une autre session ? Ses muscles étaient ceux d’un humain et protestaient par avance à l’idée de regagner sa chambre par les méandres du grand escalier.
Il regarda Seraphah éventer son hypothèse selon laquelle il serait de la race des Strigoi. Il n’avait pas l’air fâché le moins du monde et l’idée semblait même lui plaire, même si Keshâ constata qu’il n’avait pas une petite estime de sa présence. En cela, le vagabond ne pouvait lui donnait tord. Il succombait un peu plus à chaque instant à la perfection de sa personne, qu’il instillait dans son environnement jusqu’au moindre détail de sa décoration.
Un pli de perplexité naquit soudain au coin de ses yeux. Il ne pourrait jamais prendre de bain avec lui ? C’était bien l’idée la plus étrange qu’il aie jamais entendu. L’homme était séduisant et Keshâ aurait pu se l’imaginer. Mais en tant que son employeur, l’idée qu’il évoque cette hypothèse comme une impossibilité devenait loufoque.
A nouveau, le prestidigitateur maniait les ambiances et le ton de la conversation. Il était parvenu à l’éveiller par surprise, à nouveau concentré sur son regard ambré qui lui faisait face. Ses yeux concentrés sur l’index du magicien, avec la même fièvre que ceux d’un enfant, s’agrandirent soudain quand le doigt sembla prendre feu, passant des ténèbres à la lumière. Plus que cela, il était fait de flamme ! Elle oscillait en léchant l’air de droite à gauche !
Un deuxième doigt vint ponctuer une nouvelle expression, de sa bouche arrondie. Il n’était pas frayeur, plutôt stupéfaction. Jamais, il n’avait assisté à telle prodige. Il ne pensait même pas que de telles créatures existent réellement, autrement que dans les histoires que l’on pouvait raconter aux enfants.
-« Oui… » bredouilla-t-il, d’une voix sans souffle.
Il se reprit. « J’ai du mal à y croire, même en l’ayant vu… vous pourriez le refaire. Cette fois, je me concentre mieux. » Assurément, Seraphah était très spécial aux yeux du jeune Keshâ. Il y avait aussi du jeu et du merveilleux dans sa demande renouvelée.
La conversation se poursuivit un temps. Seraphah n’avait pas l’air si jaloux des secrets de sa nature à bien y regarder une fois qu’il était en confiance. Ils parlèrent aussi de cet étrange livre qui trônait sur la table et qui faisait jusqu’à son arrivée l’objet de toutes les attentions de l’élémentaire. La forêt de Jade, un monde si éloigné, à peine palpable, qui semblait peuplé de créature aussi extraordinaire que Seraphah, rapporté au règne végétal. Dryade et Trent, poisons et remèdes fabuleux, lianes rebelles. Seraphah lui confia l’origine de son intérêt, en lui montrant un coffret précieux en argent ciselé, dont l’intérieur était tapissé d’un velours cardinal rembourré. Y était niché une graine cossue. De Trent, selon lui. Son but scientifique était rien de moins que de la faire germer.
Forts de ses révélations, il avait beaucoup à assimiler. La journée avait été longue et éreintante. Les émotions chargeaient son jeune cœur et sans même s’en rendre compte, au milieu d’une pensée, sa tête dodelina et il finit par s’assoupir, sa tête roulant sur le dossier du canapé en velours. Presque droit dans les bras de Seraphah.
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