Mar 12 Sep - 3:43
Prêt pour les hauteurs
Ft. Ekiel Reyes Zadicus
S’il y avait bien une chose à laquelle Keshâ'rem n’était pas préparé, c’était bien à voir ses vœux exaucés. D’une manière ou d’une autre, on l’avait entendu. Son existence précaire s’était vu changée si vite, que son travail à l’atelier et ses visites sur les étales du marché lui paraissaient iréelles, comme s’il s’éloignait lentement à bord d’un train et regardait à travers une fenêtre ces scènes familières pour la dernière fois. Même les remontrances et les menaces lui glissaient dessus sans l’atteindre.
Mais rien n’était encore fait. Il devait se décider et donner une réponse ferme et définitive à Reyes. Après quoi, il n’y aurait plus de retour en arrière. C’était comme faire un pas en avant dans le vide, sans savoir si l’on va tomber ou si après le sentiment d’aspiration viendra l’élévation glissant sur les vents ascendants.
Il n’est pas confortable de quitter ce qui est acquis. La nouveauté est source de dérives. L’ultimatum retentissait. Le jeune homme repensait avec fièvre aux moments complices qu’il avait partagé avec ce strigoi inconnu. Quelles seraient ses exigences réelles concernant les missions d’informations et d’assassinat ? Fatigué de la misère, il était prêt à en payer le prix et à se livrer d'esprit et de chair. Pour s'élever. Pour prospérer, ne pas finir comme ces itinérants malingres ayant perdu la raison à force de froid et de solitude en quêtant une pièce quand ils n'avaient plus la possibilité de travailler.
Trois jours s’étaient écoulés. L’appréhension avait été croissante. L’enthousiasme également. C'était allé très vite et doucement à la fois. Le temps se voulait lancinant, projetant toutes ses chimères morales. A aucun moment il n’avait envisagé de ne pas le retrouver à l’Aspharos. On verrait bien ce qui en ressortirait s’il obéissait aux exigences de Reyes, mystérieux Xandrien de son état. Quand il poussa la porte, il était encore tôt et peu de clients se trouvaient là. Le patron des lieux afficha une moue entendue, signe qu’il se souvenait bien du boucan infernal qu’ils avaient fait tous les deux malgré la musique pour tenter de couvrir les bruits de leurs ébats. Ces deux zozos étaient-ils venus réitérer l'exploit?
Cette fois, il savait à quoi s’attendre et avait prit le temps de s’apprêter pour paraître à son avantage. L’onguent floral de sa production embaumait plus fort sur sa peau, il avait pris soin de lui, quelques bracelets et accessoires superposés lui donnaient un peu moins le style d’un errant famélique et plus celui de la jeunesse poison. Ses yeux s’étaient même vus rehaussés d’un coup de crayon invisible sur la muqueuse inférieure pour l’assombrir de son marron et faire ressortir la clarté de leurs reflets lépidolite.
Lorsqu’il aperçut la silhouette sculptée de Reyes attablé au fond de l’établissement, un sourire confiant étira le coin de ses lèvres, avant qu’il ne quitte son immobilité pour le rejoindre.
-« Bonjour Reyes » dit-il comme une brise légère. « Je n’étais pas sûr de te revoir. Au lever du soleil, les rêves disparaissent. J’espère que je t’ai un peu manqué. » ajouta-t-il non sans audace pour un caractère timide dans l’ensemble.
Mais rien n’était encore fait. Il devait se décider et donner une réponse ferme et définitive à Reyes. Après quoi, il n’y aurait plus de retour en arrière. C’était comme faire un pas en avant dans le vide, sans savoir si l’on va tomber ou si après le sentiment d’aspiration viendra l’élévation glissant sur les vents ascendants.
Il n’est pas confortable de quitter ce qui est acquis. La nouveauté est source de dérives. L’ultimatum retentissait. Le jeune homme repensait avec fièvre aux moments complices qu’il avait partagé avec ce strigoi inconnu. Quelles seraient ses exigences réelles concernant les missions d’informations et d’assassinat ? Fatigué de la misère, il était prêt à en payer le prix et à se livrer d'esprit et de chair. Pour s'élever. Pour prospérer, ne pas finir comme ces itinérants malingres ayant perdu la raison à force de froid et de solitude en quêtant une pièce quand ils n'avaient plus la possibilité de travailler.
Trois jours s’étaient écoulés. L’appréhension avait été croissante. L’enthousiasme également. C'était allé très vite et doucement à la fois. Le temps se voulait lancinant, projetant toutes ses chimères morales. A aucun moment il n’avait envisagé de ne pas le retrouver à l’Aspharos. On verrait bien ce qui en ressortirait s’il obéissait aux exigences de Reyes, mystérieux Xandrien de son état. Quand il poussa la porte, il était encore tôt et peu de clients se trouvaient là. Le patron des lieux afficha une moue entendue, signe qu’il se souvenait bien du boucan infernal qu’ils avaient fait tous les deux malgré la musique pour tenter de couvrir les bruits de leurs ébats. Ces deux zozos étaient-ils venus réitérer l'exploit?
Cette fois, il savait à quoi s’attendre et avait prit le temps de s’apprêter pour paraître à son avantage. L’onguent floral de sa production embaumait plus fort sur sa peau, il avait pris soin de lui, quelques bracelets et accessoires superposés lui donnaient un peu moins le style d’un errant famélique et plus celui de la jeunesse poison. Ses yeux s’étaient même vus rehaussés d’un coup de crayon invisible sur la muqueuse inférieure pour l’assombrir de son marron et faire ressortir la clarté de leurs reflets lépidolite.
Lorsqu’il aperçut la silhouette sculptée de Reyes attablé au fond de l’établissement, un sourire confiant étira le coin de ses lèvres, avant qu’il ne quitte son immobilité pour le rejoindre.
-« Bonjour Reyes » dit-il comme une brise légère. « Je n’étais pas sûr de te revoir. Au lever du soleil, les rêves disparaissent. J’espère que je t’ai un peu manqué. » ajouta-t-il non sans audace pour un caractère timide dans l’ensemble.
Mer 13 Sep - 13:40
Prêt pour les hauteurs
Trois jours, s'était le délai qu'Ekiel avait donné à Keshâ pour prendre une décision, qu'elle soit positive ou négative. Le jeune homme pensait ne pas avoir les épaules assez solides pour assumer ce genre de responsabilités, mais le Strigoi était persuadé du contraire. On ne suit et ne surprend pas un Strigoi en plein repas sans avoir un minimum de courage et de couilles, connaissant les risques encourus. Le suceur de sang avait fait le choix de l'épargner et en un sens, il ne le regrettait pas, puisqu'il avait passé un agréable moment et une nuit tumultueuse.
Ces trois jours étaient passés rapidement, le ministre n'ayant pas eu une minute à lui, entre repas mondains, rendez-vous d'affaires, visites de complexes et sa rééducation. Aussi appréciait-il de s'échapper quelques heures en direction des bas quartiers. Il avait revêtu pour l'occasion une tenue des plus modestes afin de se fondre dans la masse. Epistopoli et ses écarts de rangs sociaux. Ils étaient plus flagrants qu'en Xandrie, sans doute à cause des robots qui avaient remplacé un peu partout les êtres vivants. Eux n'avaient pas besoin de repos et pouvaient travailler jour et nuit sans relâche. Un constat qui avait vite amené les dirigeants d'Epistopoli à exclure l'humain au profit des machines, du rendement et de l'accroissement de leurs richesses.
La misère était-elle qu'Ekiel pensait qu'une révolution serait peut-être une bonne chose pour remettre de l'ordre dans tout ça. À chaque coin de rue, on dénombrait une multitude de mendiants, pickpockets et autres truands. Il valait mieux rester sur ses gardes, savoir se défendre et être armé.
Lorsqu'il passait la porte de la taverne, cette dernière était tranquille, loin de l'agitation qui régnait trois soirs plus tôt. Ekiel s'était dirigé au fond de l'établissement, s'installant de telle sorte qu'il puisse avoir une vision panoramique sur l'ensemble du rez-de-chaussée. Tout en attendant que son amant d'une nuit arrive, il avait commandé un whisky et le sirotait sereinement. Rien ne semblait pouvoir l'ébranler, pas même la remarque que le tenancier lui avait faite, concernant les évènements de la dernière fois. Le Strigoi s'était contenté de lui rappeler qu'il avait été grassement rétribué. Après quoi, l'individu avait eu une grimace, comprenant qu'il aurait mieux fait de la fermer.
Keshâ'rem passait le pas-de-porte et Ekiel remarquait immédiatement que ce dernier s'était âpreté afin d'être à son avantage. Une fois près du Strigoi, une odeur florale venait frapper les narines du ministre qui détaillait alors l'humain plus en détail. Il s'était soigneusement préparé pour paraître moins miséreux et l'effort pouvait être souligné. Il annonçait ne pas penser avoir la chance de le revoir et demandait s'il lui avait manqué, ce qui faisait hausser un sourcil à Ekiel. Un geste de la main, l'invitant à prendre place en face de lui.
“Quand je donne un rendez-vous, je l'honore, sache-le. Pour le reste, j'ai été pas mal occupé, mais il me sied de te revoir."
Un signe au tenancier qui accourait.
“Prend ce qu'il te plaira."
Une fois commande passée et l'aubergiste éloigné, le Strigoi prenait une lampée de whisky et demandait.
"Ne tournons pas autour du pot. As-tu pesé les pour et les contres de ma proposition ? Ta décision est-elle prise ?"
Il dardait ses iris bleus dans celle lavande de Keshâ, avant que de son bras greffé, il ne vienne pianoter sur la table. Il semblait que cette fois, l'homme n'est pas beaucoup de temps devant lui.
Codage par Libella sur Graphiorum
Jeu 14 Sep - 1:16
Prêt pour les hauteurs
Ft. Ekiel Reyes Zadicus
Tout ce qui se trouvait derrière le paravent de mystère présenté par Reyes lui était obscur. Il ne pouvait imaginer la cavalcade des rendez-vous et la pression des fonctions publiques qui étaient les siennes. Ce qu’il put constater en revanche fut une attitude plus fermée et cassante qui rappelait clairement le cadre de leur rencontre du jour, malgré ce qui avait pu se passer entre eux auparavant.
Sensible aux émotions d’autrui, Keshâ se sentit tout de suite plus intimidé par cette tournure directive et hocha simplement de la tête. Avec toutes les victuailles qui lui avaient été offertes, il ne tenait pas spécialement à commander si le cœur n’y était pas et n’avait pas d’amour particulier pour l’alcool. Tout juste pour le luxe de sortir du quotidien et pour les vitamines demanda-t-il :
« Un verre de jus de fruits exotiques, s’il vous plaît. » Du moins, si une telle chose pouvait être servie dans ce type d’établissement. « Sinon, de l’eau. »
Il se composa une expression beaucoup plus neutre, en observation de ce qu’on lui demandait. A peine le serveur parti, Reyes allait déjà droit au but en réclamant une réponse succincte. On ressentait son impatience souterraine à travers son pianotement nerveux sur le bois, même s’il affichait une façade imperturbable.
Sa gorge se serrait et s’asséchait sous le poids impérieux de son regard, heureusement, sa boisson arriva bien vite sur un plateau pour les interrompre. Du jus de wassaï mélangé à de l’ « hibiscus ». Il y trempa les lèvres pour se mouiller la gorge.
Sa décision était prise. Mais au moment de l’exprimer à voix haute, il ressentait un sursaut d’hésitation à l’idée de s’être complètement trompé et d’être sur point de commettre une terrible erreur. Travailler pour quelqu’un sans connaître son identité, c’est se frotter à des réseaux occultes qu’on n’appréhende pas du tout, risquer de croiser des ennemis sans le savoir et devenir une sorte de fusible pour sa hiérarchie. Combien de vagabonds sautaient ainsi chaque année, ou même chaque mois, dans le réseau de Reyes ? Les recrutait-il tous de la même façon ? S’il changeait d’avis maintenant, le strigoi reviendrait-il sur son geste pour éliminer un témoin gênant ?
-« C’est d’accord. » appuya-t-il sans maintenir Reyes trop longtemps en haleine. Il se faisait plus avare en mots et ses remous intérieurs passaient au tamis.
Il n’avait pas grand-chose à rajouter. Toujours aussi autoritaire et charismatique, Reyes ressemblait à un directeur d’école sévère dérangé par la convocation d’un garnement. Keshâ’rem attendait prudemment de voir la suite des événements.
Sensible aux émotions d’autrui, Keshâ se sentit tout de suite plus intimidé par cette tournure directive et hocha simplement de la tête. Avec toutes les victuailles qui lui avaient été offertes, il ne tenait pas spécialement à commander si le cœur n’y était pas et n’avait pas d’amour particulier pour l’alcool. Tout juste pour le luxe de sortir du quotidien et pour les vitamines demanda-t-il :
« Un verre de jus de fruits exotiques, s’il vous plaît. » Du moins, si une telle chose pouvait être servie dans ce type d’établissement. « Sinon, de l’eau. »
Il se composa une expression beaucoup plus neutre, en observation de ce qu’on lui demandait. A peine le serveur parti, Reyes allait déjà droit au but en réclamant une réponse succincte. On ressentait son impatience souterraine à travers son pianotement nerveux sur le bois, même s’il affichait une façade imperturbable.
Sa gorge se serrait et s’asséchait sous le poids impérieux de son regard, heureusement, sa boisson arriva bien vite sur un plateau pour les interrompre. Du jus de wassaï mélangé à de l’ « hibiscus ». Il y trempa les lèvres pour se mouiller la gorge.
Sa décision était prise. Mais au moment de l’exprimer à voix haute, il ressentait un sursaut d’hésitation à l’idée de s’être complètement trompé et d’être sur point de commettre une terrible erreur. Travailler pour quelqu’un sans connaître son identité, c’est se frotter à des réseaux occultes qu’on n’appréhende pas du tout, risquer de croiser des ennemis sans le savoir et devenir une sorte de fusible pour sa hiérarchie. Combien de vagabonds sautaient ainsi chaque année, ou même chaque mois, dans le réseau de Reyes ? Les recrutait-il tous de la même façon ? S’il changeait d’avis maintenant, le strigoi reviendrait-il sur son geste pour éliminer un témoin gênant ?
-« C’est d’accord. » appuya-t-il sans maintenir Reyes trop longtemps en haleine. Il se faisait plus avare en mots et ses remous intérieurs passaient au tamis.
Il n’avait pas grand-chose à rajouter. Toujours aussi autoritaire et charismatique, Reyes ressemblait à un directeur d’école sévère dérangé par la convocation d’un garnement. Keshâ’rem attendait prudemment de voir la suite des événements.
Ven 15 Sep - 8:51
Prêt pour les hauteurs
Ekiel était très abordable comme il y a quelques jours à peine et parfois comme aujourd'hui, il semblait plus hermétique à vouloir se monter courtois et ouvert. Sa fonction prenait le pas sur l'individu et cela se ressentait par la distance qui se trouvait présentement entre Keshâ et le Strigoi.
Toutes émotions étaient reléguées au second plan et pour cause, pour Ekiel, elles n'étaient que faiblesses. Un homme dans sa position devait se montrer fort, juste et intransigeant. Et présentement, il était cet homme-là. Bien loin de l'individu avec qui Keshâ avait passé une soirée et une nuit. C'était comme si deux personnes cohabitaient dans un même corps.
Sa voix, son regard, sa façon de se tenir, tout son être, tout démontrait qu'un large fossé les séparait. Pourtant, il était là, se tenant en face de Keshâ, alors qu'il aurait pu, aussi bien, passer à autre chose. Il y avait sans doute bien une raison à tout cela, non ?
Son amant commandait un verre de jus de fruit et Ekiel ne cillait pas. Se pouvait-il que l'humain n'apprécie pas ce genre de breuvage ? Il pouvait le concevoir, car tout le monde n'était pas enclin à apprécier l'alcool. Il sentait Keshâ sur la retenue, comme intimidé par le Strigoi. Qui ne le serait pas face à une personne déterminée. Ekiel était impressionnant lorsqu'il se tenait ainsi et il n'y avait rien d'étonnant à se sentir passer sur le grill. D'avoir la sensation que le moindre mot ou le moindre geste étaient décortiqués et passés au crible. Après la réponse par l'affirmative de son amant, Ekiel demeurait silencieux de longues minutes et cessait de pianoter sur le plateau de la table. Un soupir et il lançait
"J'ai senti comme une légère hésitation dans ta voix. Vouloir travailler pour moi implique certains engagements. Certains ne l'ont pas compris et en ont payé le prix fort. D'autres, par contre, ont su tirer parti de la chance qui leur était étonnée."
Il sortait alors de la poche intérieure de sa cape, une clé, une bourse d'astras assez conséquente qu'il déposait au centre de la table.
"Voici une clé qui ouvrira la porte de ton futur logement. Pension la Lionne rouge, située à la limite de la basse ville et des quartiers modestes. Appartement 5, second étage. Et ceux-ci pour subvenir à tes besoins. Vêtements, nourriture et j'en passe. Alors, je le demande une dernière fois. Es-tu certain de ton choix, Keshâ'rem ? Car une fois à mon service, il te sera impossible de faire machine arrière."
Codage par Libella sur Graphiorum
Sam 16 Sep - 4:23
Prêt pour les hauteurs
Ft. Ekiel Reyes Zadicus
Sous le regard immuable de Reyes qui ne le lâchait pas d’un battement de cils, il lui était difficile de faire face. Son assurance semblait fondre comme neige au soleil. Le verre pourpre de wassaï et d’hibiscus lui offrait un semblant de contenance alors qu’il se réfugiait dans son amertume.
Déglutissant avec peine, Keshâ se faisait aussi lisse et transparent que possible pour n’offrir aucune prise aux pics de la volonté adverse qui le scrutait, comme un entomologiste dépiauterait les ailes d’un insecte à la lumière de sa loupe. Le sentiment de malaise s’accroît dans son estomac. Il se sent tout petit et la dureté du bois se fait étrangement ressentir sous ses ischions. Il se contente de rester posé sur ses fesses, le temps se fait long. Enfin, Reyes reprend langue.
Son discours n’est pas des plus rassurants. On croirait les mots du diable en personne, auquel il est sur le point de troquer son âme contre cette bourse et cette clé négligemment jetées entre eux sur la table. La main de Keshâ s’abat sur la bourse pour la dissimuler, tandis qu’il tente de jeter un regard inquiet alentours sans attirer plus l’attention. Par chance, ils sont assez isolés dans la pénombre et les clients sont toujours peu nombreux.
-« Je ne sais pas si tu te rends bien compte de comment les choses évoluent ici, Reyes. Loin de mon idée de te donner des cours de pauvreté. Mais les sapiarques se désintéressent de plus en plus du peuple et mécanisent à une vitesse affolante les usines. De bons ouvriers perdent leur source de revenus à la pelle et la colère gronde. Plus que jamais, on tue pour quelques astras… la ville va sombrer dans l'hystérie complète si ça continue. »
Il craignait presque de voir le patron sortir un fusil de sous le comptoir, fermer les portes de l’établissement et convaincre deux ou trois roublards opportunistes armés de queue de billard de leur régler leur compte contre une partie de cette bourse. Même les honnêtes gens, père de famille, fils affamés, se mettent à commettre des actes impensables depuis quelques temps. Les gangs sont de plus en plus virulents. Les Xandriens des guildes noires recrutent à tour de bras et n'ont qu'à se pencher pour ramasser les meilleurs profils pour eux.
Il reprend une longue respiration pour en revenir au sujet principal.
-« C’est justement parce que je me rends bien compte de l’engagement que cela représente et de la générosité dont tu as fait preuve envers moi que ma décision est bien pesée. Je sais que j’ai de la chance vu ma condition d’avoir ce choix, mais je pense que je serais justement irresponsable si je n’étais traversé par aucune vague d’hésitation. Tu ne crois pas ? J'espère que tu comprends que je suis juste quelqu'un de réfléchi. »
Reprenant nerveusement une gorgée de son jus de fruit astringent, il poursuivit en baissant les yeux.
« Et aussi, tu m’intimides. »
Il se força néanmoins à planter ses prunelles janthines dans celles de Reyes.
-« J’en suis certain, Reyes. Ma loyauté t’es acquise. Je garderai tes secrets. Et je t'aiderai à en acquérir de nouveaux. »
Pour sceller la transaction d’homme à homme, il tandit sa main au-dessus de la table et attendit qu’il la lui serre, avant de faire glisser la bourse et la clef sur ses genoux pour formaliser la transaction.
Raisonnable ou pas, il serait fou de refuser. Avec cette clef sous les yeux, il ne pouvait souffrir l’idée de continuer à vivoter dans cette pension où on essayait plus ou moins de le tuer suivant les jours. L’amélioration de sa vie était à effet immédiate, la mort une éventualité de toute façon. Cette clé et cette bourse avaient cependant toutes les chances de la différer et de lui offrir plus de dignité.
Déglutissant avec peine, Keshâ se faisait aussi lisse et transparent que possible pour n’offrir aucune prise aux pics de la volonté adverse qui le scrutait, comme un entomologiste dépiauterait les ailes d’un insecte à la lumière de sa loupe. Le sentiment de malaise s’accroît dans son estomac. Il se sent tout petit et la dureté du bois se fait étrangement ressentir sous ses ischions. Il se contente de rester posé sur ses fesses, le temps se fait long. Enfin, Reyes reprend langue.
Son discours n’est pas des plus rassurants. On croirait les mots du diable en personne, auquel il est sur le point de troquer son âme contre cette bourse et cette clé négligemment jetées entre eux sur la table. La main de Keshâ s’abat sur la bourse pour la dissimuler, tandis qu’il tente de jeter un regard inquiet alentours sans attirer plus l’attention. Par chance, ils sont assez isolés dans la pénombre et les clients sont toujours peu nombreux.
-« Je ne sais pas si tu te rends bien compte de comment les choses évoluent ici, Reyes. Loin de mon idée de te donner des cours de pauvreté. Mais les sapiarques se désintéressent de plus en plus du peuple et mécanisent à une vitesse affolante les usines. De bons ouvriers perdent leur source de revenus à la pelle et la colère gronde. Plus que jamais, on tue pour quelques astras… la ville va sombrer dans l'hystérie complète si ça continue. »
Il craignait presque de voir le patron sortir un fusil de sous le comptoir, fermer les portes de l’établissement et convaincre deux ou trois roublards opportunistes armés de queue de billard de leur régler leur compte contre une partie de cette bourse. Même les honnêtes gens, père de famille, fils affamés, se mettent à commettre des actes impensables depuis quelques temps. Les gangs sont de plus en plus virulents. Les Xandriens des guildes noires recrutent à tour de bras et n'ont qu'à se pencher pour ramasser les meilleurs profils pour eux.
Il reprend une longue respiration pour en revenir au sujet principal.
-« C’est justement parce que je me rends bien compte de l’engagement que cela représente et de la générosité dont tu as fait preuve envers moi que ma décision est bien pesée. Je sais que j’ai de la chance vu ma condition d’avoir ce choix, mais je pense que je serais justement irresponsable si je n’étais traversé par aucune vague d’hésitation. Tu ne crois pas ? J'espère que tu comprends que je suis juste quelqu'un de réfléchi. »
Reprenant nerveusement une gorgée de son jus de fruit astringent, il poursuivit en baissant les yeux.
« Et aussi, tu m’intimides. »
Il se força néanmoins à planter ses prunelles janthines dans celles de Reyes.
-« J’en suis certain, Reyes. Ma loyauté t’es acquise. Je garderai tes secrets. Et je t'aiderai à en acquérir de nouveaux. »
Pour sceller la transaction d’homme à homme, il tandit sa main au-dessus de la table et attendit qu’il la lui serre, avant de faire glisser la bourse et la clef sur ses genoux pour formaliser la transaction.
Raisonnable ou pas, il serait fou de refuser. Avec cette clef sous les yeux, il ne pouvait souffrir l’idée de continuer à vivoter dans cette pension où on essayait plus ou moins de le tuer suivant les jours. L’amélioration de sa vie était à effet immédiate, la mort une éventualité de toute façon. Cette clé et cette bourse avaient cependant toutes les chances de la différer et de lui offrir plus de dignité.
Mer 20 Sep - 15:30
Prêt pour les hauteurs
La remarque faite par Keshâ sur les Sapiarques et sur le comment les choses se passaient ici, raisonnait désagréablement aux oreilles d'Ekiel qui posait sur le jeune homme un regard plus dur. Pour qui, se prenait-il, pour lui donner des leçons. Il ne savait que trop ce que c'était d'être pauvre et d'en souffrir, pour l'avoir été lui-même très longtemps. Il avait su gravir les échelons de la société, mais n'en oubliait pas pour autant d'où il venait. Aussi était-il un peu tranchant en réponse.
"Je sais exactement ce qu'il se passe et ce qu'endure le peuple d'Epistopoli, tandis que les grands de votre faction vivent paisiblement et aisément dans leurs tours d'Ivoire. La cité court à sa perte. D'ici peu, vous allez vous révolter et tout cela finira en bain de sang. Contre leurs machines, vous ne ferez pas le poids et n'aurez aucunes chances. Il est temps pour toi, de partir d'ici et le plus tôt possible sera le mieux, crois-moi."
Il terminait son verre d'une traite et le posait sèchement sur la table, ne lâchant pas Keshâ de son regard.
"Si je pensais que tu encoures un quelconque risque, je ne t'aurais pas donné cette bourse aussi ouvertement. Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi cet emplacement, ni l'heure du rendez-vous. "
Par la suite, le jeune homme lui expliquait pourquoi il acceptait la proposition. Il était évident que l'argent en était le moteur, puis le fait de pouvoir sortir de la misère et enfin parce qu'il savait qu'une chance pareille avait peu de chance de se reproduire. Keshâ était sûr de lui, affirmant que sa loyauté était acquise au Strigoi et qu'il garderait ses secrets. De toute façon, s'il le trahissait, il savait pertinemment comment cela finirait. Voici qu'il tendait la main à Ekiel comme pour sceller son engagement. Une main dont Ekiel s'emparait sans une once d'hésitation. Une poignée de main ferme et sans équivoque. L'affaire était donc entendue. Dorénavant, ces deux là étaient liés par un accord.
"Détends-toi, nous sommes dans le même bateau désormais. Une personne se rendra chez toi chaque début de semaine en fin d'après midi, afin que tu poursuives ton apprentissage de la lecture et de l'écriture. Si le jour et l'heure ne te conviennent pas, fait lui savoir, elle se calquera sur ce qui t'arrangera le mieux."
Ekiel commandait un autre verre à l'aubergiste. Il semblait moins froid qu'il ne l'était un peu plus tôt. Une fois servit et l'homme repartit derrière son comptoir, l'homme d'État ajoutait à l'attention de son amant.
"J'espère ne pas mettre trompé, car il m'ennuierait de voir notre collaboration s'arrêter brusquement. Tu t'es montré très habile et prometteur dans un domaine précis et j'entends poursuivre sur la lancée. Après, je comprendrai que tu refuses. Mélanger plaisirs et affaires ne donne jamais rien de bon, mais je suis curieux de découvrir tes autres vices cachés."
Un petit sourire en coin.
" Après tout Keshâ, c'est toi qui m'as avoué aimer quand c’était coriace, voire un peu méchant et sale. Que si l’envie m'en prenait, je pourrais te surprendre quand je voudrais."
C'était présentement ce que le Strigoi était en train de faire, le surprendre, soufflant le froid puis le chaud. Restait à savoir son interlocuteur serait réceptif ? Si la réponse était négative, Ekiel ne lui en tiendrait pas rigueur, puisqu'il n'y avait nul attachement entre eux. Juste une partie de jambe en l'air qui avait été à la hauteur. Et puis dégoté un autre amant ne serait pas un problème, il fallait bien l'avouer. Puis comme si la question ne s'était jamais posée, il enchaînait l'air de rien.
"J'ai une première mission à te confier. Trouver toutes les informations tenues secrètes sur la famille Oystein. Creuse le plus profond possible, quitte à remuer la boue. Trouve aussi les noms des prétendants de la demoiselle de la famille et fait moi un rapport précis sur chacun d'entre eux. Train de vie, fortune, tout. Certains s'y intéressent de près et je pense que c'est par intérêt plus qu'autre chose. Il m'ennuierai que cette famille devienne la risée de la société Epistopolienne, parce qu'on s'est joué d'eux et que leur entreprise tombe entre de mauvaises mains."
Codage par Libella sur Graphiorum
Mer 20 Sep - 19:50
Prêt pour les hauteurs
Ft. Ekiel Reyes Zadicus
Le regard dru et le ton cinglant lui firent baisser les yeux. Il sembla se rapetisser tout en se repliant dans le silence tandis que les mots déferlaient sur lui. Peut-être même lui faisait-il même un peu peur en évoquant le bain de sang inexorable face à l’impasse de leur trajectoire de société. Personne ne s’y écoutait. Chacun n’oeuvrait que pour ses intérêts, ce qui ne pouvait augurer que les ténèbres. Peut-être même valait-il mieux faire partir des premières victimes que de survivre pour voir le charnier quand la poussière retomberait.
Keshâ restait un peu tétanisé par la brusquerie du geste. Au fond de lui, il n’était pas d’accord avec Reyes et le trouvait par trop imprudent, mais il ne lui opposa aucun mot ni aucune rebuffade. L’évidence était qu’ils avaient de la chance pour aujourd’hui, ou que Reyes avait en partie raison. Car personne ne semblait avoir tourné un œil avide vers leur conversation.
Avec sa posture du jour confrontante, il était difficile de faire face à Reyes. Mais Keshâ avait son honneur et tenait à ce que les choses soient claires et scellées de manière respectable par une poignée de main, qui lui écrabouilla un peu les métacarpes.
Il se radoucit un peu quand Reyes revint sur les avantages que lui accordaient leur accord, sur un ton qui lui paraissait un peu moins âpre mais toujours aussi terriblement pragmatique. Keshâ ferait bon usage de ces leçons de lecture et du privilège d’avoir un précepteur privé, quand bien même se montrerait-il aussi sévère et impitoyable que son employeur.
-« D’accord, je ferai des efforts pour mettre en pratique mes exercices tous les jours avec constance. » Il retoucha finalement à son verre de jus de fruits pour le terminer. Les mots rentre-dedans de Reyes lui avaient jusque là glacé l’estomac.
Le vagabond avait bien du mal à établir des frontières, ne connaissant pas les siennes. Elles étaient souvent le fruit d’une conquête et du fait accompli par des inconnus, des colocataires ou des employeurs de passage dans sa vie bringuebalante. Aussi, se satisfait-il d’être l’objet des caprices de Reyes qui joue avecr ses humeurs. A l’image d’une figure paternelle pourvoyant à ses besoins et à la ressemblance de son frère maltraitant, il se fondait en autorité masculine. Que pouvait-il imaginer de différent ?
-« Je voudrais bien continuer comme avant. Je vais faire de mon mieux pour conforter ton choix. »
Son ton était loin d’être aussi léger qu’en arrivant à l’Aspharos , ne sachant pas trop à quoi s’en tenir. Il semblait moins spontané, mais le terrain de la séduction lui était plus familier et lui permettait au moins de se positionner. Cela faisait plus sens dans son existence. A ses yeux, c’était avant tout pour cela que Reyes s’était approché de lui et voudrait conserver son service, en plus des résultats indispensables à tout travail. Il n’envisageait pas que ses qualités inhérentes puissent suffire.
-« J’espère que tu sauras abuser de cet aveu que je t’ai fait. Sous mes airs angéliques, mes vices sont nombreux. » Sa posture se fit imperceptiblement plus invitante, alors qu’il toisait les mains de Reyes de toutes ses imaginations.
Du moment que quelqu’un voulait bien de lui, il ne pouvait pas se plaindre de l’inconfort d’une dynamique de relation et que celle-ci soit déséquilibrée. On le quittait toujours, il le savait bien. La brutalité et la souffrance valaient mieux qu’un silence sans fin. Sans passion, sans chaleur. Il vouait son amour à ce qui lui permettait de sentir en vie. Et il fallait bien le dire, une partie de jambes en l’air réellement à la hauteur, ça ne court pas les rues.
Enfin, il apprenait pour quelle mission il allait être engagé dans l’immédiat. Cela n’avait pas l’air facile. La famille Oystein sonnait familièrement à son oreille, comme il travaillait dans le domaine des prothèses. Il savait que c’étaient des magnats bien implantés depuis des générations et pionniers de la robotique. C’était d’ailleurs indirectement ORI Corp qui était responsable de la vague de chômage sans précédent depuis plusieurs années suite aux fermetures de postes dans les usines. Mais les renseignements qu’ils demandaient seraient difficiles à collecter dans les bas-fonds. Etait-ce une manière de le tester?
Keshâ restait un peu tétanisé par la brusquerie du geste. Au fond de lui, il n’était pas d’accord avec Reyes et le trouvait par trop imprudent, mais il ne lui opposa aucun mot ni aucune rebuffade. L’évidence était qu’ils avaient de la chance pour aujourd’hui, ou que Reyes avait en partie raison. Car personne ne semblait avoir tourné un œil avide vers leur conversation.
Avec sa posture du jour confrontante, il était difficile de faire face à Reyes. Mais Keshâ avait son honneur et tenait à ce que les choses soient claires et scellées de manière respectable par une poignée de main, qui lui écrabouilla un peu les métacarpes.
Il se radoucit un peu quand Reyes revint sur les avantages que lui accordaient leur accord, sur un ton qui lui paraissait un peu moins âpre mais toujours aussi terriblement pragmatique. Keshâ ferait bon usage de ces leçons de lecture et du privilège d’avoir un précepteur privé, quand bien même se montrerait-il aussi sévère et impitoyable que son employeur.
-« D’accord, je ferai des efforts pour mettre en pratique mes exercices tous les jours avec constance. » Il retoucha finalement à son verre de jus de fruits pour le terminer. Les mots rentre-dedans de Reyes lui avaient jusque là glacé l’estomac.
Le vagabond avait bien du mal à établir des frontières, ne connaissant pas les siennes. Elles étaient souvent le fruit d’une conquête et du fait accompli par des inconnus, des colocataires ou des employeurs de passage dans sa vie bringuebalante. Aussi, se satisfait-il d’être l’objet des caprices de Reyes qui joue avecr ses humeurs. A l’image d’une figure paternelle pourvoyant à ses besoins et à la ressemblance de son frère maltraitant, il se fondait en autorité masculine. Que pouvait-il imaginer de différent ?
-« Je voudrais bien continuer comme avant. Je vais faire de mon mieux pour conforter ton choix. »
Son ton était loin d’être aussi léger qu’en arrivant à l’Aspharos , ne sachant pas trop à quoi s’en tenir. Il semblait moins spontané, mais le terrain de la séduction lui était plus familier et lui permettait au moins de se positionner. Cela faisait plus sens dans son existence. A ses yeux, c’était avant tout pour cela que Reyes s’était approché de lui et voudrait conserver son service, en plus des résultats indispensables à tout travail. Il n’envisageait pas que ses qualités inhérentes puissent suffire.
-« J’espère que tu sauras abuser de cet aveu que je t’ai fait. Sous mes airs angéliques, mes vices sont nombreux. » Sa posture se fit imperceptiblement plus invitante, alors qu’il toisait les mains de Reyes de toutes ses imaginations.
Du moment que quelqu’un voulait bien de lui, il ne pouvait pas se plaindre de l’inconfort d’une dynamique de relation et que celle-ci soit déséquilibrée. On le quittait toujours, il le savait bien. La brutalité et la souffrance valaient mieux qu’un silence sans fin. Sans passion, sans chaleur. Il vouait son amour à ce qui lui permettait de sentir en vie. Et il fallait bien le dire, une partie de jambes en l’air réellement à la hauteur, ça ne court pas les rues.
Enfin, il apprenait pour quelle mission il allait être engagé dans l’immédiat. Cela n’avait pas l’air facile. La famille Oystein sonnait familièrement à son oreille, comme il travaillait dans le domaine des prothèses. Il savait que c’étaient des magnats bien implantés depuis des générations et pionniers de la robotique. C’était d’ailleurs indirectement ORI Corp qui était responsable de la vague de chômage sans précédent depuis plusieurs années suite aux fermetures de postes dans les usines. Mais les renseignements qu’ils demandaient seraient difficiles à collecter dans les bas-fonds. Etait-ce une manière de le tester?
Jeu 21 Sep - 8:50
Prêt pour les hauteurs
Ekiel était un peu moins sec et distant qu'il ne l'était en arrivant. Sans doute commençait-il à laisser de côté les contraintes et autres obligations de la charge qui était la sienne. Il savait qu'il se montrait très différent de la personne que Kesha avait rencontré quelques jours au parant, mais ce n'était plus l'inconnu d'une nuit qu'il avait présentement devant lui, mais son patron et comme tout patron, il se montrait ferme et exigeant. Exigeant, il l'avait toujours été aussi bien avec lui-même qu'avec autrui. Il ne tolérait ni l'échec, ni la médiocrité, ni la paresse. Rigueur et discipline étaient les fers de lance du ministre.
Keshâ lui affirmait qu'il ferait tout son possible pour que les leçons données lui soient profitables. Qu'il mettrait en pratique chaque jour ce qu'il apprendrait. Ekiel sentait qu'il avait une réelle volonté de progresser et cela le confortait dans son choix. L'individu voulait s'en sortir et c'était une excellente chose.
"J'ai confiance en toi, Keshâ. Savoir lire et écrire t'ouvrira des perspectives que tu ne soupçonnes même pas. Un avenir brillant, t' es destinée si tu t'en donnes les moyens et ces moyens, je te les offre en échange de quelques contreparties. Alors certes, cela ne sera pas rose tous les jours de devoir œuvrer pour moi, mais cela te garantira une sécurité et un certain confort. Je suis exigeant, et j'aime que les choses soient bien faites. "
Le jeune humain se voulait rassurant, assurant qu'il voulait que tout soit comme avant et qu'il ne le décevrait pas. Le Strigoi avait un sourire.
"Si je pensais que cela ne soit pas le cas, je ne t'aurais pas fait une telle proposition et ne t'aurai pas accordé une certaine confiance."
La situation devenait plus légère et la tension établit entre eux s'estompait progressivement à mesure que la discussion se poursuivait. Il est vrai qu'Ekiel par sa façon d'être était impressionnant et il n'avait même pas besoin d'ouvrir la bouche pour l'être. Sa posture, sa manière de se mouvoir, de vous regarder, vous faisait paraître tout petit à côté de lui. Mais c'était dans sa nature même de paraître ainsi à vos yeux. Keshâ lui confirmait alors que ces vices étaient nombreux et le Strigoi haussait le sourcil tout en se frottant le menton.
"Intéressant. Nous verrons ce qu'il en est vraiment, plus tard. Concernant ma demande, je sais que la chose ne sera pas aisée de trouver ce qui est inavouable sur la famille Oystein. Parmi la caste des personnes qui ont perdu leur emploi au sein des différents complexes, en cherchant bien, tu devrais trouver des informations susceptibles de me satisfaire. Ingénieurs, secrétaires, comptables, n'omet rien, ni personne. Je veux connaître la moindre faille et toutes personnes susceptibles de leur nuire. S'il faut graisser quelques pattes n'hésite pas si tu penses cela nécessaires. Emplois tous les moyens possibles, intimidation, violence, vols, meurtres, ne recule devant rien. Si jamais tu te sens, pour quelques raisons que ce soit en danger, r fait le moi savoir immédiatement. J'engagerai des hommes de mains pour couvrir tes arrières."
Ekiel regardait la pendule fixée au-dessus du comptoir et affichait une légère moue. Il était temps pour lui de regagner les hautes sphères. Il avait un rendez-vous important qui ne pouvait souffrir d'aucuns retards. Il se levait, et posait un dernier regard sur Keshâ.
"Je te laisse trois semaines pour me trouver toutes ces informations. En attendant, fait attention à toi. Il serait fâcheux que je perde mon informateur dès sa première mission. As-tu quelques chose à me faire savoir avant que je ne quitte les lieux ? "
Codage par Libella sur Graphiorum
Jeu 21 Sep - 17:03
Prêt pour les hauteurs
Ft. Ekiel Reyes Zadicus
Le jeune humain se demandait bien sur quelle observation se fondait la confiance que voulait lui témoigner le puissant strigoi. Il n’avait pu percevoir que sa vulnérabilité et la précarité de son existence. Lui-même ne s’accordait que peu de crédit, y compris dans ses domaines d’excellence.
Se concentrer sur un objectif immédiat et mesurable à travers ses rendez-vous du lundi pour apprendre à lire était une marche très positive pour amorcer un changement dans l’équation de sa vie, jusqu’à peu dans l’impasse. Mais combien ce serait difficile d’enquêter et de se remémorer toutes ses déductions et tous les indices en apparences les moins connectés les uns aux autres sans être capable de rédiger un rapport proprement. Ou d’éplucher des articles et des missives avec une lenteur éléphantesque la nuit tombée. Pour sûr, ayant déjà accepté la bourse et la clef venant de Reyes, il devait opérer dès à présent des changements drastiques et sans retour pour se donner la moindre chance d’aboutir.
A commencer par démissionner de l’atelier prothésiste Duran & Duran Fils. Ses anciens lieux d’emplois pourraient être des ouvertures pour tenter d’obtenir des informations, ou au moins l’aiguiller vers un angle d’attaque.
Keshâ écoutait les conseils de Reyes. Pour sûr, il devrait s’inventer un nouveau degré de résilience et dépasser en partie sa tendance à l’auto sabotage, réinventer sa manière de penser pour se trouver des ressources et émulsionner les bas-quartiers pour extraire quelque chose d’utile de ses gesticulations. Il n’était pas sûr de savoir par où commencer. Trois semaines paraissait un délai totalement délirant pour suivre autant de pistes en manquant autant d’expérience. Entre identifier les ennemis ayant la capacité et la volonté de nuire, en apprendre tout simplement davantage sur les membres de la famille Oystein, leurs habitudes, leurs fréquentations et débusquer les prétendants éventuels et leurs intentions cachées… il y entrevoyait un labyrinthe de lieux et de possibilités qu’il ne pourrait pas toutes explorées. A l’évidence, il n’aurait pas le luxe de l’infiltration d’un lieu de travail, ou de gagner la confiance d’un agent pour recueillir ses confidences autour d’un café.
D’ailleurs, Reyes l’encourageait à se montrer expéditif. Mais s’il devait agir lui en tant que détective, avec la confiance de Reyes selon ses propres mots, il ne pouvait accepter de transgresser d’emblée certains vestiges moraux. A commencer par tuer. Il n’était pas prêt à vendre son âme de manière inconsidérée. Intimider. Rien ne témoigne qu’il en soit capable, en tout cas pas en pointant un couteau sur une carotide. On en revenait à se montrer créatif. Penser. Ce n’était pas en imitant quelqu’un que l’on devait trouver sa voie mais en faisant de manière tellement personnelle que personne d’autre ne pourrait parvenir aux mêmes conclusions.
Au pire, en cas d’échec, comme Reyes n’avait pas l’air de rigoler, il serait peut-être encore temps de mettre son plan d’origine à exécution. Plutôt que d’attendre sagement à la Lionne Rouge de se faire éliminer par un autre sbire venu effacer les traces gênantes, il pourrait toujours s’évaporer en tombant au bon moment du haut d’un pont sur un train de marchandises en direction de Xandrie et utiliser les fonds récupérés pour atteindre les marches de Dainsbourg, comme il en rêvait depuis longtemps. Sinon, restait aussi l’option de faire appel à la très peu fréquentable Cour des Miracles, qui avait des yeux et des oreilles dans beaucoup trop d’endroits pour qu’on puisse se l’expliquer. Mais il n’avait pas très envie de finir dans une cuve de myste et de se voir greffer des mandibules de calypède par R.
-« Comment puis-je entrer en communication avec toi si j’ai effectivement besoin de renforts rapides ? » demanda-t-il succinctement en sentant le temps restant que lui allouait Reyes s’égrainer à travers son regard braqué sur la pendule.
Déjà Reyes se levait, partant pour un autre impératif affaireux, après avoir semé un vent de révolution dans son existence insignifiante.
-« Non. Rassure-toi, je n’ai pas envie de mourir. J’espère seulement que tu ne seras pas trop déçu si je n’ai pas le temps de lever l’intégralité des poissons au bout de mes lignes de pêche à l’information. Je pressens que tout cela peut aller dans beaucoup de directions. »
Ce n’était pas tant pour s’excuser par avance que pour s’assurer du réalisme de la requête, qui pourrait appeler de prochains déploiements pour creuser davantage. A ce jour, il doutait grandement de ses possibilités de réussite, mais tout était tellement nouveau qu’il en était étourdi et que ses pensées répétitives n’avaient pas encore réussi à le caser en situation de paralysie.
Sur ce, l’homme d’affaire se retira en le laissant à ses pensées fulminantes.
Étape 1 : d’abord, découvrir sa piaule, son QG. Oui, ça c'est bien. Un bon début.
Étape 2 : démissionner. L'éclate.
Étape 3 : s’acheter une tenue un peu plus bourgeoise pour être capable de fréquenter aussi les classes moyennes. Veston et chaussures neuves obligent. Il essayerait de lister les pistes les plus intelligentes pour commencer dès le lendemain.
Étape 4 : ne pas se faire tuer.
Se concentrer sur un objectif immédiat et mesurable à travers ses rendez-vous du lundi pour apprendre à lire était une marche très positive pour amorcer un changement dans l’équation de sa vie, jusqu’à peu dans l’impasse. Mais combien ce serait difficile d’enquêter et de se remémorer toutes ses déductions et tous les indices en apparences les moins connectés les uns aux autres sans être capable de rédiger un rapport proprement. Ou d’éplucher des articles et des missives avec une lenteur éléphantesque la nuit tombée. Pour sûr, ayant déjà accepté la bourse et la clef venant de Reyes, il devait opérer dès à présent des changements drastiques et sans retour pour se donner la moindre chance d’aboutir.
A commencer par démissionner de l’atelier prothésiste Duran & Duran Fils. Ses anciens lieux d’emplois pourraient être des ouvertures pour tenter d’obtenir des informations, ou au moins l’aiguiller vers un angle d’attaque.
Keshâ écoutait les conseils de Reyes. Pour sûr, il devrait s’inventer un nouveau degré de résilience et dépasser en partie sa tendance à l’auto sabotage, réinventer sa manière de penser pour se trouver des ressources et émulsionner les bas-quartiers pour extraire quelque chose d’utile de ses gesticulations. Il n’était pas sûr de savoir par où commencer. Trois semaines paraissait un délai totalement délirant pour suivre autant de pistes en manquant autant d’expérience. Entre identifier les ennemis ayant la capacité et la volonté de nuire, en apprendre tout simplement davantage sur les membres de la famille Oystein, leurs habitudes, leurs fréquentations et débusquer les prétendants éventuels et leurs intentions cachées… il y entrevoyait un labyrinthe de lieux et de possibilités qu’il ne pourrait pas toutes explorées. A l’évidence, il n’aurait pas le luxe de l’infiltration d’un lieu de travail, ou de gagner la confiance d’un agent pour recueillir ses confidences autour d’un café.
D’ailleurs, Reyes l’encourageait à se montrer expéditif. Mais s’il devait agir lui en tant que détective, avec la confiance de Reyes selon ses propres mots, il ne pouvait accepter de transgresser d’emblée certains vestiges moraux. A commencer par tuer. Il n’était pas prêt à vendre son âme de manière inconsidérée. Intimider. Rien ne témoigne qu’il en soit capable, en tout cas pas en pointant un couteau sur une carotide. On en revenait à se montrer créatif. Penser. Ce n’était pas en imitant quelqu’un que l’on devait trouver sa voie mais en faisant de manière tellement personnelle que personne d’autre ne pourrait parvenir aux mêmes conclusions.
Au pire, en cas d’échec, comme Reyes n’avait pas l’air de rigoler, il serait peut-être encore temps de mettre son plan d’origine à exécution. Plutôt que d’attendre sagement à la Lionne Rouge de se faire éliminer par un autre sbire venu effacer les traces gênantes, il pourrait toujours s’évaporer en tombant au bon moment du haut d’un pont sur un train de marchandises en direction de Xandrie et utiliser les fonds récupérés pour atteindre les marches de Dainsbourg, comme il en rêvait depuis longtemps. Sinon, restait aussi l’option de faire appel à la très peu fréquentable Cour des Miracles, qui avait des yeux et des oreilles dans beaucoup trop d’endroits pour qu’on puisse se l’expliquer. Mais il n’avait pas très envie de finir dans une cuve de myste et de se voir greffer des mandibules de calypède par R.
-« Comment puis-je entrer en communication avec toi si j’ai effectivement besoin de renforts rapides ? » demanda-t-il succinctement en sentant le temps restant que lui allouait Reyes s’égrainer à travers son regard braqué sur la pendule.
Déjà Reyes se levait, partant pour un autre impératif affaireux, après avoir semé un vent de révolution dans son existence insignifiante.
-« Non. Rassure-toi, je n’ai pas envie de mourir. J’espère seulement que tu ne seras pas trop déçu si je n’ai pas le temps de lever l’intégralité des poissons au bout de mes lignes de pêche à l’information. Je pressens que tout cela peut aller dans beaucoup de directions. »
Ce n’était pas tant pour s’excuser par avance que pour s’assurer du réalisme de la requête, qui pourrait appeler de prochains déploiements pour creuser davantage. A ce jour, il doutait grandement de ses possibilités de réussite, mais tout était tellement nouveau qu’il en était étourdi et que ses pensées répétitives n’avaient pas encore réussi à le caser en situation de paralysie.
Sur ce, l’homme d’affaire se retira en le laissant à ses pensées fulminantes.
Étape 1 : d’abord, découvrir sa piaule, son QG. Oui, ça c'est bien. Un bon début.
Étape 2 : démissionner. L'éclate.
Étape 3 : s’acheter une tenue un peu plus bourgeoise pour être capable de fréquenter aussi les classes moyennes. Veston et chaussures neuves obligent. Il essayerait de lister les pistes les plus intelligentes pour commencer dès le lendemain.
Étape 4 : ne pas se faire tuer.
Ven 22 Sep - 14:18
Prêt pour les hauteurs
Ekiel s'était attardé quelques instants de plus afin de laisser le choix à Keshâ de lui poser quelques questions s'il le jugeait nécessaire et les questions tombaient comme il semblait s'y être attendu.
Il posait une main sur l'épaule du jeune homme et l'étreignait doucement.
"Je ne pense pas que tu ais besoin de renfort dans l'immédiat, mais sache qu' une personne a été engagée pour veiller sur toi. Tu ne t'apercevras même pas de sa présence. A la moindre anicroche, elle interviendra. Ton changement de vie et de quartier, va susciter de l'intérêt alors autant éviter que certains petits curieux ne viennent t'importuner et mettre leur nez dans ce qui ne les regarde pas. Si lors de ta mission tu te retrouves en mauvaise posture, déclenche ceci."
Il déposait sur le plateau de la table, un dispositif miniature de localisation.
"Ceux qui travaillent pour moi te retrouveront très rapidement et viendront à ton aide, sans poser de question. Ne leur en pose pas non plus. "
Kesha lui faisait part de ces craintes de ne pas pouvoir réunir dans les temps les informations nécessaires et le Strigoi secouait la tête.
" Je ne te demande pas l'impossible Keshâ, juste de rassembler tout ce que tu jugeras bon de me faire part. Je sais que les pistes vont partir dans tous les sens, mais tu sauras faire la part des choses pour me relater le plus importants. Le principal étant que j'obtienne le maximum d'informations dans ce temps imparti. Si part la suite, je juge nécessaire de creuser plus profondément et bien nous creuserons encore. Aussi ne te met pas la pression plus que nécessaire. Je connais tes lacunes et combien il te sera difficile de retenir tout ça pour m'en faire part. Mais d'ici ces trois semaines, tu auras aussi progressé alors cela ne m'inquiète pas plus que ça."
Il retirait sa main.
"Fait attention à toi en attendant. Je passerai surement chez toi, un jour prochain, voir si tu es bien installé."
Et sans plus attendre, le Strigoi quittait la taverne, lançant au passage quelques astras au tavernier pour les consommations
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