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Les chants anciens d'Andoria

Les chants anciens d'Andoria - Page 2 Brandw10
Dim 10 Sep - 18:23



Les chants anciens d'Andoria

Ft. Keshâ'rem Evangelisto

Les chants anciens d'Andoria - Page 2 Maelst10
C'est Maelström qui s'exprime dans cette réponse.




« À te dire vrai, je viendrai te chercher. Je t’indique juste où je vis au cas où tu aurais besoin de quoi que ce soit. » Ce n’était pas Seraphah qu’il convenait de déranger mais lui. Cela faisait partie de ses fonctions le peu de fois où un invité était présent. Il faisait l’intendance d’une certaine façon. Avec toi, les choses allaient prendre un chemin beaucoup plus prononcé qu’avec les invités habituels qui avaient leurs propres habitudes au sein de ce monde que tu étais entrain de découvrir. Tout comme lui autrefois. Il avait été saisi par cette tour qui ne bougeait pas sous l’appel du vent. Il avait toujours vécu dans de la pierre, les bougies comme unique compagnes. Alors qu’ici, à Épistopoli, tout était beaucoup plus saisissant, et au-delà des murs de cet hôtel, beaucoup plus froid aussi. Il s’était habitué. Comme toi qui avait vu de magnifiques paysages jusqu’à t’échouer sur les rues malfamées aux horizons enfumées.

Il observa ton regard qui contemplait la multitude de livres qui se trouvait là. « Tout dépend de tes goûts...Tu as un genre de prédilection? » De son côté, sa préférence allait sur les ouvrages d’un explorateur du nom de Mielo Lewis. C’était un fin mélange de vécu et de détails sur tout ce que l’on pouvait trouver dans la brume. Même si Maelström était habitué à vivre dans son corps l’aventure, il aimait se renseigner techniquement, tout en ayant un brin de romance. C’est ainsi qu’il passa près de toi, saisit un des livres dudit auteur et te le tendit : « L’un de mes préférés. Je ne sais si tu connais l’auteur. » Pour le reste, il ne fut nullement étonné que tu ne connaisses pas ce type de baignoire. Après tout, ce n’était pas aussi courant que les douches, et encore à Epistopoli.

Il te dépassa pour se rendre à la salle de bain. Même s’il était toujours des plus accueillant dans son ton et ses manières, on pouvait deviner le prédateur en lui, prêt à riposter à tout instant, à se saisir d’une des dagues qu’il portait sans cesse sur lui. Son expression savait se fermer, ses yeux ne rien laisser paraître comme la sentinelle qu’il avait été autrefois. L’entrainement avait été rude, mais son esprit était beaucoup plus en acier que ses dessins – délicats – ne pourraient jamais le laisser deviner.

Il actionna plusieurs leviers et un bouton une fois rendu près de la baignoire. De l’eau commença alors à se déverser dans la baignoire avec son lot de vapeur. Elle était assez chaude en se déversant, mais cela pouvait vite se déliter. « L’eau est apportée de façon très conventionnelle...par des personnes. » Les baignoires étaient choses rares contrairement au douche. Il savait que tout était en voie d’amélioration et sur le coup, ces baignoires demandaient une certaine main-d’oeuvre. C’est ainsi que certaines chambres n’en avaient pas. Il laissa le soin à l’eau de monter à son rythme et vint te rejoindre dans la chambre, s’adossant face à toi qui était entrain de retirer tes chaussures.

« Ma chambre est comme celle-ci...mais avec une décoration différente. Demain je pourrais te faire visiter mes appartements si tu veux. » Il se souvenait de la découverte sans cesse renouvelé qui avait été la sienne en arrivant au Marquis. Il fallait croire que Seraphah ne connaissait pas le terme d’homogénéïté, étant donné que chaque appartement avait son ambiance propre. Au-delà d’avoir été secouru par un médecin au milieu de la Brume, il s’était alors rendu compte que sa vie allait changer du tout au tour. Peut-être comme la tienne. Après tout, il semblait que l’élémentaire avait des plans pour toi pour t’installer si près de lui.

« Je travaille pour Seraphah, pas pour l’hôtel. Et quelque chose me dit que tu risques de passer pas mal de temps avec moi demain, plus qu’avec lui. » Après tout, même s’il ne lui avait pas encore donné d’instructions, étant donné que tout cela était imprévu, il savait comme le diplomate avait plus d’une affaire à gérer. « J’espère que cette perspective ne te déplait pas. » Toujours un brin taquin dans le fond, car il poursuivit : « Je vais attendre avec toi que la baignoire soit à bonne température avant que tu t’y glisses...Je ne sais si tu es habitué à dormir seul ou avec du monde...dans mon cas c’était la seconde option, donc ça m’avait fait drôle la première nuit dans un tel endroit. » Une façon de te montrer qu’il n’a pas connu que cette opulence, bien au contraire. « Si t’as des affaires à récupérer dans ton chez toi, tu peux t’y rendre par toi-même, à moins qu’on envoie quelqu’un, à ta convenance. »

Maelström avait toujours eu un côté bon vivant avant que la Brume ne le choisisse comme porteur...Mais il ne pensait pas devoir user de paroles plus que cela dans le courant de son existence. C’est suite à sa mort, comme il aimait parler de ce moment où il quitta les sentinelles car elles le pensaient voué à la mort justement, qu’il a du faire preuve d’esprit. Parfois, il se demandait s’il aurait été aussi proche de l’élémentaire sans cette compétence qu’il avait en lui sans le savoir. « Je ne sais pas encore ce que Seraphah va te proposer...mais sache que ce sera payer. Personne est parfait, mais il a tendance à bien faire les choses. » Il connaît beaucoup trop de choses sur le dirigeant et il a vu comme ce dernier peut être parfois cruel pour un regard extérieur quand ses intérêts sont en jeu. Mais au moins, il a su garder un côté humaniste que d’autres hommes d’affaires n’ont plus depuis longtemps.

Mar 12 Sep - 4:58



Les chants anciens d'Andoria

Ft. Séraphah Von Arendt



Tout ce dont Keshâ avait besoin d’un cet environnement étranger est un peu de clarté et des points de repères. Bien que Seraphah l’ait attiré à lui, il semblerait que Maëlstrom soit amené à jouer un rôle central dans sa vie s’il devait cohabiter avec les résidents du Marquis. Un sourire d’assentiment. Il ne voudrait pas le déranger, mais note consciencieusement qu’il y est autorisé, si jamais…

Devant la bibliothèque, il avait l’air concentré et indécis. Son esprit se voulait éponge avide d’histoires et de sciences, que seules des parcelles prononcées à la volée venaient effleurer. D’une terrible frustration, c’est tout un pan du monde dont il était jusqu’à il y a peu isolé. Un sourire distant s’étala sur ses lèvres, une joie d’enfant.

-« Des aventures dans la brume », comme celles que lui contaient son père.

En recevant le libre de Mielo Lewis de la main de Maelstrom, ce dernier n’avait pas idée du précieux cadeau qu’il venait de lui faire. Outre le fait de ne pas avoir à parcourir des heures la bibliothèque avant de jeter son dévolu sur un récit obscur qu’il n’était sûr ni de comprendre ni d’apprécier, entrer en contact avec cet auteur par une main amicale était un phénomène nouveau pour lui.

Keshâ’rem secoua la tête pour signaler qu’il découvrait l’auteur, tout en soulevant l’épaisse couverture reliée de cuir. Le lettrage moderne et délicat fait d’ombrage du titre se dupliquait sur la première page « Cœur de Brume », suivi d’une citation en italique dans une langue étrange sur laquelle il buta, avant de comprendre que ce n’était pas écrit en sanctain : « Qui longe vult, cor infantis inveniet », déchiffra-t-il du bout du doigt.

Il lui faudrait du temps le lendemain pour partir en quête de réponse sur ce sous-titre intriguant.

Habitué désormais à être une courge ignorante des usages du monde et à tout découvrir, Kesh’â observait maintenant la maîtrise remarquable qu’avait Maëlstrom des secrets de la tuyauterie de la chauffeuse-à-eau sous compression cristalline. Le dangereux sexy assassin, dagues à la ceinture lui préparait un bain princier avec de l’eau arrivée par porteur -il découvrirait le lendemain avec soulagement que l’équipe d’entretien disposait d’un charriot à roulettes qu’elle transportait des sous-sols jusqu’aux étages grâce à l’ascenseur de service.

-« Avec plaisir. » répondit-il, non sans ambiguïté, ne sachant pas exactement ce que Maëlstrom avait derrière la tête en l’invitant à visiter sa chambre.

« Non, au contraire. Je trouve cette situation assez étonnante. Mais finalement, je me sens bien en suivant le sens du courant pour le moment. Et je te trouve vraiment agréable de tout m’expliquer avec patience et de veiller à ce que je sois bien. »
D’une certaine manière, Keshâ était rassuré de voir que Maëlstrom non plus n’était pas de ce monde et qu’il avait su s’y adapter malgré son ignorance des codes et ses origines modestes. Au moins, lui ne le jugerait pas. Plus surprenant encore était cette tendresse fraternelle de faire attention au moindre détail, quoi que ses frères se soient montrés jadis beaucoup plus acerbes.

-« J’ai l’habitude de dormir entouré. Mais pas bien entouré… En même temps, l’espace a l’air tellement grand ici, je ne sais pas comment ça va être de passer toute la nuit seul en silence. »
Il ignorait s’il allait se sentir agoraphobe ou bien s’effondrer dans le néant.

« Je ne veux pas paraître fainéant ou incapable, mais j’ai un peu peur de retourner là-bas tout seul. Si c’est possible d’en charger, je veux bien. » Il n’était pas question pour lui de vider le logement que lui avait payé Reyes. Il ne savait pas où allaient leur collaboration, ni entre lui et Reyes, ni entre lui et Seraphah. Diversifier ses possibilités était sans doute ce qu’il y avait de plus sage. Par contre évacuer la pension pour de bon était une nécessité critique.
Il le saurait bien assez tôt. Pour le moment, tout avait été dit. Mieux valait profiter de ces bribes de vie de palace tant qu’il le pouvait. Un vagabond sait mieux que personne que nul ne sait de quoi demain sera fait.

Déboutonnant les premiers boutons de sa chemise avec paresse, il couvrit sa bouche dans un bâillement, avant de se diriger lentement vers la salle de bain. Sans ses chaussures corrigeant sa jambe courte, il était moins à l’aise pour marcher, mais réussissait sur quelques pas à ne pas donner l’impression de boiter. Ses lombaires accusaient pourtant le coup de la journée, ce bain magique allait lui faire tellement de bien ! Sa chemise retomba sur le pas de la porte de la salle de bain. Peut-être

Maëlstrom eut-il le temps d'entrapercevoir les filaments ocres zébrant sa peau de leur entrelacement sous sa scapula droite. A n'en pas douter, ils étaient la marque de la Petite Rouille qui frappait la peau de nombreux ouvriers de la basse-ville de son sceau délétère. Non mortelle, elle suscitait néanmoins l'opprobre et le mépris de la part des nantis. Eut-il le temps de détecter également ce large croissant de lune rose vif qui traversait son épaule gauche, cicatrice récente obtenue lors de son duel à mort à bord du Zeppelin pirate? Il se défit du reste de ses vêtements avant d’entrer dans l’eau dans un soupir de bien-être, se délectant des merveilleux flacons qu’il pouvait voir sur le rebord en céramique. Il ne s'habituerait que trop vite à cette vie de château.

-«Bonne nuit, Maëlstrom » dit-il depuis la baignoire au portebrume resté de l’autre côté dans la chambre.