Jeu 24 Aoû - 10:51
Travail d'influence
Violette & Arno
Les derniers événements me tenaient éloignés d'Aramila pour quelques temps, que tout se tasse autour du Concile. J’étais rentré à Etyr, la main bandée et cachée, pour continuer à couvrir la seconde partie de ma nuit en cellule. La première, comme toute information s’était déjà répandue comme une traînée de poudre jusqu’au hameau. Je voyais bien les regards et les messes basses, si ça pouvait faire discuter dans les chaumières, soit.
Je devais passer à autre chose, j’avais voulu trop faire et je m’étais brûlé les ailes. J’imaginais la déception qu’aurait eu mon père et celle que devait avoir mon frère de me voir mettre en péril sa conquête politique. C’était ma mère qui accusa le coup, elle était la seule à être restée et à prendre la barre pendant mes déplacements, pauvre femme. Ma petite entreprise avait jeté un voile sur notre commerce, nous n’étions peut-être pas si respectables que ça et ça allait se faire savoir.
Les jours passèrent, le temps de ne plus sentir la douleur lancinante dans mes doigts et de laisser les choses se tasser. Je regardais dépité notre petit hangar, il était presque plein d’épices et peu de commandes qui partaient ou alors je revenais avec presque autant de marchandise que je partais.
“C’est ma faute, je vais trouver un moyen de rattraper ça. On va se refaire, je ne laisserais pas la mémoire de père s’éteindre.”
Je fermais les yeux, éloignant l’image du paternel enchaîné sur une chaise dans un cachot, et je reprenais mon œuvre. La routine s’installa à nouveau comme une punition. Non pas que je n’aimais pas être à la maison, mais tout me rappelait mes échecs ici.
Et puis un jour, je découvris une série d'entailles dans l’un des arbres bordant la propriété. Un signal, un lieu, une heure. Petits picotements dans la main toujours bandée. Enfin on me permettait de reprendre du service. Je me rendais donc dans le hameau suivant à la nuit tombée, un peu plus loin que d’habitude. Je m’installais à la taverne locale, commandant une chope de bière tiède en la saisissant d'une façon peu orthodoxe. La journée avait été chaude, on sentait encore cette lourdeur dans l’air, cette chaleur dans la terre et la lassitude dans les quelques paroles échangées par les deux trois fermiers qui peuplaient le lieu après leur labeur.
Je n’eus pas à attendre longtemps pour que le tavernier se rapproche de moi. Il m’indiqua ce que j’avais à savoir, ce pourquoi on m’avait appelé. Ma situation particulière devait me permettre de passer sous les radars. La lente déchéance de notre ferme devait signer notre fin, sauf qu'apparemment on avait aperçu une silhouette grise et qu’elle s'intéresse à un certain commerce, peut-être une porte de sortie pour nous ?
Je comprenais aussi le sous texte. Si elle venait de l’étranger, c’était l’occasion d’étendre l’influence de l’Ordre par delà les frontières, même si ça signifiait se parjurer dans des entreprises à la limite de la légalité.
Si l’Ordre a besoin de ça…
On me faisait comprendre qu’il y avait des chances de croiser cette étrangère dans les parages très prochainement, je finissais mon verre avant de me diriger vers le puits pour me rafraîchir le visage. J’allais attendre, laissant mes oreilles écouter les conversations à portée d'écoute.
Dernière édition par Arno Dalmesca le Lun 20 Nov - 10:42, édité 3 fois