Dim 20 Aoû - 23:21
Le Destin lui-même est incertain
Ft. Horace
« Tu ne devrais pas. »
Il n’y avait que lui pour me parler ainsi. Que lui pour me dire ce qu’il valait mieux pour moi. Un sourire lacunaire souleva mes lèvres. Cela faisait 10 ans que nos pas ne se quittaient plus. Un courant d’air pour moi et pourtant…
« Je ne crains rien Maelström. » Cette confiance aveuglante...C’est cela qu’il s’apprêta à dire avant de détourner les yeux et commencer à faire son sac. Je n’avais pas besoin de lui demander ce qu’il faisait. C’était une évidence. Pas tant qu’il était mon ombre, mais qu’il voulait veiller sur moi. Frisson. Fugace. Comme elle avait voulu veiller sur moi. Sauf que les années ne retirent rien à ma forme, tandis qu’il n’en est rien pour vous humain. Ce qui me laisse à chaque fois dans une crevasse, à ne pas savoir si je devais tant m’attacher, ou rester loin de vos affaires que j’emporterai un jour dans mes cendres.
___
La Basse ville. Mauvaise idée. Je l’avais su au moment où j’avais lu le bout de papier où une écriture de mouche me donnait rendez-vous en personne au Triton Barbu. Un nom de mauvais goût comme beaucoup de choses quand la vie n’avait plus de sens. Je me devais toutefois d’y être. La promesse de récupérer un témoignage des ruines de Dainsbourg était trop aguichante. Mon assistant, Maelström, m’avait mis en garde. La demande était trop précise : Je ne remettrai le témoignage qu’à Seraphah Von Arendt en personne. Un piège. Loin des grandes voies. Loin de mes habitudes. Arrogance. Je l’étais en partie. Même si beaucoup me croyait avant tout inconscient ou ignorant. Après tant de siècle, ce n’était pas possible de l’être encore pour ces choses-là. J’avais appris que la souffrance faisait agir d’une façon peu brave.
Une cape me recouvrait. Ström portait une tenue plus courante. Il n’avait pas une longue chevelure à planquer faute d’attirer l’attention. Quitter la Haute Ville avait été aisé. Pour le reste, nous avions des faveurs à faire respecter ce qui nous valut de parvenir dans la gorge de la Basse Ville assez rapidement. Heureusement, il ne pleuvait pas, ce qui aurait annulé l’opération. Dans la foule, nous glissions, Maelström la main sur sa dague si jamais quelqu’un nous voudrait ombrage. Rien de tout ça ne se manifesta. Il n’y avait que pétarades lointaines, musique assourdissante de certains commerces et surtout lumière aveuglante et parfois clignotante. C’était le cas du Triton Barbu. Un genre de bouiboui vendant du bric-à-brac de ferraille. Nous pénétrèrent dans les lieux. Je sentais la tension chez Ström, il devait analyser le moindre son. De mon côté, c’était de mon regard que je tentais de percer le mystère de celui m’ayant demandé. Il n’était pas n’importe qui si il avait su qui était Ström pour moi.
« Par ici. » Un toussotement s’ensuivit. Ström me précéda après m’avoir lancé un regard sévère. Il n’aimait pas ce qu’il entendait. Il n’aimait pas voir que cette ville se gangrenait à l’intérieur des poumons de ses habitants. L’homme que nous découvrîmes possédait une main mécanique, un double menton, et une transpiration dérangeante. Son regard restait toutefois vif quand il nous dévisagea. Il n’était pas le piège auquel je m’attendais, mais il pouvait aussi ne pas être seul. « Je ne croyais plus que vous alliez venir. ». Mon visage n’exprima rien. Je n’étais pas là pour être en sympathie avec lui et pourtant…
Les choses ne se déroulèrent pas comme prévues. Il ne me demanda pas de l’argent comme je m’y attendais. Il ne semblait pas non plus vouloir attenter à nos vies. Il me montra une blessure béante à la cuisse et me demanda si je pouvais faire quelque chose. Il ne voulait pas d’une autre prothèse. Il ne voulait pas être amputé. Et il n’y avait aucun chirurgien digne de ce nom dans les alentours. Ström commença à être nerveux. Agir sur cet homme pouvait me demander 20 minutes comme 2 heures...les complications ne se prévoyaient pas. Mon regard tomba dans celui de mon assistant. Il savait. Il passa une main dans ses cheveux l’air nerveux. Il hocha de la tête tout en allant faire un tour dans le magasin, s’assurer qu’il n’y avait personne d’autres. Pendant ce temps-là, j’ouvrai la boîte pour préparer les outils. « Puis-je voir le témoignage? » Il hésita. Puis doucement écarta sa veste de son torse et je pus voir un parchemin en sortir. Je décidais de faire confiance, de ne pas vérifier que ce n’était pas un faux papier. Il savait que je pourrais le tuer aussi sûrement que lui venir en aide comme j’étais entrain de faire.
J’étais tout à mon travail. Un quart d’heure? Quand je sentis la déflagration plus que je n’entendis le bruit assourdissant d’une bombe artisanale qui venait d’exploser dans la rue, détruisant une partie de la boutique et sans doute autre chose alentours. Je fus projeté contre un mur qui céda suite à l’impact. Pendant un instant j’étais totalement déboussolé, miraculé de ne pas avoir perdu connaissance. Soudainement, le clair se fit. Les bruits n’étaient plus assourdissants. Maelström était face à moi. Il n’avait rien. Il posait une main sur mon épaule et m’expliqua la situation. Il me montra le témoignage dans sa main, me montra l’homme qui n’avait pas survécu et il voulait que l’on parte. Éclat. Je t’avais entraperçu dans mon champ de vision. L’attaque n’était pas contre moi, peut-être contre cet homme de la boutique ou aucun rapport. Mais toi tu étais étendu là. Je me levais et titubais jusqu’à m’agenouiller pour sentir ton pouls. Présent. Je décidais contre l’avis de mon assistant de t’emmener à l’hôpital de la Haute ville. Il y avait eu assez d’un mort ce soir.
Il n’y avait que lui pour me parler ainsi. Que lui pour me dire ce qu’il valait mieux pour moi. Un sourire lacunaire souleva mes lèvres. Cela faisait 10 ans que nos pas ne se quittaient plus. Un courant d’air pour moi et pourtant…
« Je ne crains rien Maelström. » Cette confiance aveuglante...C’est cela qu’il s’apprêta à dire avant de détourner les yeux et commencer à faire son sac. Je n’avais pas besoin de lui demander ce qu’il faisait. C’était une évidence. Pas tant qu’il était mon ombre, mais qu’il voulait veiller sur moi. Frisson. Fugace. Comme elle avait voulu veiller sur moi. Sauf que les années ne retirent rien à ma forme, tandis qu’il n’en est rien pour vous humain. Ce qui me laisse à chaque fois dans une crevasse, à ne pas savoir si je devais tant m’attacher, ou rester loin de vos affaires que j’emporterai un jour dans mes cendres.
___
La Basse ville. Mauvaise idée. Je l’avais su au moment où j’avais lu le bout de papier où une écriture de mouche me donnait rendez-vous en personne au Triton Barbu. Un nom de mauvais goût comme beaucoup de choses quand la vie n’avait plus de sens. Je me devais toutefois d’y être. La promesse de récupérer un témoignage des ruines de Dainsbourg était trop aguichante. Mon assistant, Maelström, m’avait mis en garde. La demande était trop précise : Je ne remettrai le témoignage qu’à Seraphah Von Arendt en personne. Un piège. Loin des grandes voies. Loin de mes habitudes. Arrogance. Je l’étais en partie. Même si beaucoup me croyait avant tout inconscient ou ignorant. Après tant de siècle, ce n’était pas possible de l’être encore pour ces choses-là. J’avais appris que la souffrance faisait agir d’une façon peu brave.
Une cape me recouvrait. Ström portait une tenue plus courante. Il n’avait pas une longue chevelure à planquer faute d’attirer l’attention. Quitter la Haute Ville avait été aisé. Pour le reste, nous avions des faveurs à faire respecter ce qui nous valut de parvenir dans la gorge de la Basse Ville assez rapidement. Heureusement, il ne pleuvait pas, ce qui aurait annulé l’opération. Dans la foule, nous glissions, Maelström la main sur sa dague si jamais quelqu’un nous voudrait ombrage. Rien de tout ça ne se manifesta. Il n’y avait que pétarades lointaines, musique assourdissante de certains commerces et surtout lumière aveuglante et parfois clignotante. C’était le cas du Triton Barbu. Un genre de bouiboui vendant du bric-à-brac de ferraille. Nous pénétrèrent dans les lieux. Je sentais la tension chez Ström, il devait analyser le moindre son. De mon côté, c’était de mon regard que je tentais de percer le mystère de celui m’ayant demandé. Il n’était pas n’importe qui si il avait su qui était Ström pour moi.
« Par ici. » Un toussotement s’ensuivit. Ström me précéda après m’avoir lancé un regard sévère. Il n’aimait pas ce qu’il entendait. Il n’aimait pas voir que cette ville se gangrenait à l’intérieur des poumons de ses habitants. L’homme que nous découvrîmes possédait une main mécanique, un double menton, et une transpiration dérangeante. Son regard restait toutefois vif quand il nous dévisagea. Il n’était pas le piège auquel je m’attendais, mais il pouvait aussi ne pas être seul. « Je ne croyais plus que vous alliez venir. ». Mon visage n’exprima rien. Je n’étais pas là pour être en sympathie avec lui et pourtant…
Les choses ne se déroulèrent pas comme prévues. Il ne me demanda pas de l’argent comme je m’y attendais. Il ne semblait pas non plus vouloir attenter à nos vies. Il me montra une blessure béante à la cuisse et me demanda si je pouvais faire quelque chose. Il ne voulait pas d’une autre prothèse. Il ne voulait pas être amputé. Et il n’y avait aucun chirurgien digne de ce nom dans les alentours. Ström commença à être nerveux. Agir sur cet homme pouvait me demander 20 minutes comme 2 heures...les complications ne se prévoyaient pas. Mon regard tomba dans celui de mon assistant. Il savait. Il passa une main dans ses cheveux l’air nerveux. Il hocha de la tête tout en allant faire un tour dans le magasin, s’assurer qu’il n’y avait personne d’autres. Pendant ce temps-là, j’ouvrai la boîte pour préparer les outils. « Puis-je voir le témoignage? » Il hésita. Puis doucement écarta sa veste de son torse et je pus voir un parchemin en sortir. Je décidais de faire confiance, de ne pas vérifier que ce n’était pas un faux papier. Il savait que je pourrais le tuer aussi sûrement que lui venir en aide comme j’étais entrain de faire.
J’étais tout à mon travail. Un quart d’heure? Quand je sentis la déflagration plus que je n’entendis le bruit assourdissant d’une bombe artisanale qui venait d’exploser dans la rue, détruisant une partie de la boutique et sans doute autre chose alentours. Je fus projeté contre un mur qui céda suite à l’impact. Pendant un instant j’étais totalement déboussolé, miraculé de ne pas avoir perdu connaissance. Soudainement, le clair se fit. Les bruits n’étaient plus assourdissants. Maelström était face à moi. Il n’avait rien. Il posait une main sur mon épaule et m’expliqua la situation. Il me montra le témoignage dans sa main, me montra l’homme qui n’avait pas survécu et il voulait que l’on parte. Éclat. Je t’avais entraperçu dans mon champ de vision. L’attaque n’était pas contre moi, peut-être contre cet homme de la boutique ou aucun rapport. Mais toi tu étais étendu là. Je me levais et titubais jusqu’à m’agenouiller pour sentir ton pouls. Présent. Je décidais contre l’avis de mon assistant de t’emmener à l’hôpital de la Haute ville. Il y avait eu assez d’un mort ce soir.
Lun 21 Aoû - 18:38
Horace réajustait d’un mouvement d’épaule son long manteau noir, entre deux rires. Accompagnés par Lyse et Dim’, le trio de joyeux lurons quittaient le stratoport comme ils aimaient le nommer. La matinée avait été éreintante pour l’équipage de la Rapière, pleine de contraintes et de soucis évitables notamment qui renforçait le sentiment bien plus que naissant au sein de l’équipage, gangrenant la loyauté due au capitaine. Depuis trop longtemps, le vieillard grabataire n’était plus dans ses beaux jours, ayant largement dépassé l’automne de sa vie. À peine arrivée sur les docks, les marins avaient croulé sous les ordres et les directives confus, sans oublier les énormes oublis administratifs qui mettaient en difficulté toute la troupe. Eh oui, même les contrebandiers se devaient d’être parfois en règle. Du moins, une partie.
La marchandise légale avait succinctement été déchargée, et acheminer à bon port, légitimant la présence du Zeppelin à Epistopoli. Du moins, en apparence, la vérité résidant ailleurs. Dans la cale sombre du navire, à l’abri du soleil et des curieux, logeait la véritable venue de leur présence. Des biens d’une grande valeur, que certains qualifiaient d’inestimable qui, portant, avait non seulement été estimés, mais promis à un gros poisson des bas quartiers. Lors des pillages des cieux, l’étape la plus délicate était la revente. Combien de fameux brigands du ciel n’ayant pas d’égale durant les assauts finissaient tout de même fauché par manque d’investissement lors des recels. Le sang construisant les légendes mais ne fournissaient pas de quoi remplir les assiettes, du moins pas dans cette profession.
Dans ce domaine, seule la confiance prévalait, aussi bien pour les acheteurs que les vendeurs. Se créer une réputation fiable était primordial, et la Rapière en jouissant d’une suffisante pour se prêter à des transactions osées. Habituellement, Horace était forcément de ceux envoyés pour escorter les marchandises. Sa connaissance des bas quartiers en plus de sa relative ancienne en faisait un candidat tout désigné. Pourtant, cette fois-ci, il en fut exempt, pour son plus grand plaisir. Horace, renommé Béliard Vril depuis son entrée dans la piraterie, se réjouissait d’esquiver habilement les longues procédures barbantes. Il avait volontiers troqué les interminables palabrement de crabes tentant de négocier le prix le plus avantageux pour à la place, une escapade entre amis. Une clope au bec, la tête rentrée dans les épaules pour de protéger des bourrasques s’infiltrant dans le moindre interstice, le trio quittait les docks pour emprunter les artères principales les menant dans l’endroit qui les avaient vu naître, les bas quartiers. Le dernier Dolls, Lyse et Dim’ étaient originaires de la même strate sordide, sans jamais s’être croisé auparavant, du moins avant leurs entrées au sein de la Rapière. Issue d’histoire différentes mais banal pour les rats d’Epistolopi.
Horace en tête pour ouvrir le passage à travers la foule remplissant les ruelles polluées, le gaillard devait jouer des coudes pour se frayer un chemin, provoquant quelques réactions plus ou moins virulentes, toutes partageant néanmoins des volées de noms d’oiseaux. Lyse s’amusait jovialement de la situation tandis que Dim’ se régalait en découvrant des coins de son enfance.
« Attendez, je dois faire un p’tit détour, faut qu’on passe par Bagrand. »
S’exclama le nostalgique en pointant de son index fin l’une des intersections. Le dernier Dolls haussa mollement les épaules, un brin contrarié de devoir faire attendre son estomac qui réclamait famine, et son gosier qui exigeait de boire. Cependant, loin de lui l’idée de rouspéter en si bonne compagnie. Après une poignée de coups d’épaules offertes généreusement aux audacieux refusant le passage au trio, ils parvinrent à Bagrand. Ce coin était renommé ainsi à cause d’une vieille légende relatant les constructions dantesques et inventions mirobolantes d’un scientifique ayant possédé un atelier dans la ruelle.
« Bon, c’par où ?
-Là. Continue tout droit. »
La rue, malgré l’heure tardive demeurait bondée. Les éclats de voix résonnaient dans ce coin étroit. Lyse, le regard plonge dans celui d’Horace récitait comme à son habitude une histoire savante avec une conclusion suis e voulait comique. C’était rarement le cas, mais Béliard se forçait à rire de bon cœur, une véritable coutume désormais. Tout allait pour le mieux, Dim’ les précédaient de quelques pas. Aucun nuage à l’horizon, du moins façon de parler au vu des émanations nauséabondes émergeant des cheminées gargantuesques d’industrie.
La paix du train-train quotidien. L’instant d’après, le chaos et le funeste. Une violente explosion retentit, semblant secouer jusqu’au fondement de la terre. Du moins ce fut l’impression des survivants. Le souffle fut redoutable, spectaculaire à l’instar de la boule de feu. En un instant, une boutique et ses voisins avaient volé en éclats, de transformant en décombres tout en projetants des morceaux fatals pour quiconque les rencontrant de plein fouet. Les hurlements furent déchirants tandis que la poussière retombait lentement, laissant apparaître petit à petit le mortel charnier. Au sol, un sinistre constat. De nombreux corps, mutilés, ensanglantés à qui plusieurs membres manquaient. Des survivants sur lesquels la faucheuse se penchait… Horace avait, comme les autres, été frappé. La chance avait été son bouclier, sa chance portait un nom. Lyse.
Allongés sur le dos, les oreilles vrillant encore d’un bruit strident, le pirate ouvrit les yeux, l’espace d’un instant, admirant l’œuvre macabre du terroriste. Sur lui reposait désormais pour l’éternité ce qu’il restait de Lyse. Défigurée, le visage en lambeau figé dans une dernière expression d’effroi, le large troue dans sa gorge ne laissait que peu d’hésitation quant à son sort. Le dernier Dolls balaya du regard la scène d’où il était, cherchant Dim’, en vain.
Le simple fait de garder les yeux ouverts était proche de l’insurmontables. Usant de ces dernières forces dans un baroud d’honneur misérable, il repoussa la carcasse de Lyse qui s’effondra sur le sol poussiéreux nimbé de rouge…
« Putain… faut que… »
L’effort puisa ses dernières forces…. Le froid et les ténèbres l’enserrant de nouveau.
Délicatement, ses paupières s’ouvrirent. Horace resta un moment perdu, ne sachant pas même où il était, qui il était et comment était il arrivé là. Ce ne fut qu’après plusieurs minutes que la conscience lui revient, le bougre se contentant de respirer. Avec la conscience s’accompagna la douleur. Son corps entier le faisait souffrir, mais tout semblait dérisoire en comparaison du mal ressentis au niveau de son cœur implanté. En dépit des douleurs, le jeune homme porta la main à sa poitrine, suffocant, toussant, une quinte de toux à sen décoller les poumons. Plus que la douleur, c’était la peur qui guidait ses relations. Depuis combien de temps était-il étendu là ? Depuis combien de temps n’avait il pas prit ses médicaments ? Qui l’avait recueilli ? Où étaient ses affaires ? Tant d’interrogation qui s’ajoutait à son inquiétude grandissante. Horace ne s’attardait en rien sur le décor, sur les machines nécessaires à sa survie… non, le blondinet ne cherchait qu’une chose, sa dose lui permettant de revoir une aube supplémentaire.
Pareil à un animal blessé, Horace s’agitait, tentant de communiquer avec qui ce fut. D’une voix faiblarde, presque grésillante, ce qu’il essayait de crier n’était que murmure.
« Qui est la.. p’tain… y’a quelqu’un ? »
La marchandise légale avait succinctement été déchargée, et acheminer à bon port, légitimant la présence du Zeppelin à Epistopoli. Du moins, en apparence, la vérité résidant ailleurs. Dans la cale sombre du navire, à l’abri du soleil et des curieux, logeait la véritable venue de leur présence. Des biens d’une grande valeur, que certains qualifiaient d’inestimable qui, portant, avait non seulement été estimés, mais promis à un gros poisson des bas quartiers. Lors des pillages des cieux, l’étape la plus délicate était la revente. Combien de fameux brigands du ciel n’ayant pas d’égale durant les assauts finissaient tout de même fauché par manque d’investissement lors des recels. Le sang construisant les légendes mais ne fournissaient pas de quoi remplir les assiettes, du moins pas dans cette profession.
Dans ce domaine, seule la confiance prévalait, aussi bien pour les acheteurs que les vendeurs. Se créer une réputation fiable était primordial, et la Rapière en jouissant d’une suffisante pour se prêter à des transactions osées. Habituellement, Horace était forcément de ceux envoyés pour escorter les marchandises. Sa connaissance des bas quartiers en plus de sa relative ancienne en faisait un candidat tout désigné. Pourtant, cette fois-ci, il en fut exempt, pour son plus grand plaisir. Horace, renommé Béliard Vril depuis son entrée dans la piraterie, se réjouissait d’esquiver habilement les longues procédures barbantes. Il avait volontiers troqué les interminables palabrement de crabes tentant de négocier le prix le plus avantageux pour à la place, une escapade entre amis. Une clope au bec, la tête rentrée dans les épaules pour de protéger des bourrasques s’infiltrant dans le moindre interstice, le trio quittait les docks pour emprunter les artères principales les menant dans l’endroit qui les avaient vu naître, les bas quartiers. Le dernier Dolls, Lyse et Dim’ étaient originaires de la même strate sordide, sans jamais s’être croisé auparavant, du moins avant leurs entrées au sein de la Rapière. Issue d’histoire différentes mais banal pour les rats d’Epistolopi.
Horace en tête pour ouvrir le passage à travers la foule remplissant les ruelles polluées, le gaillard devait jouer des coudes pour se frayer un chemin, provoquant quelques réactions plus ou moins virulentes, toutes partageant néanmoins des volées de noms d’oiseaux. Lyse s’amusait jovialement de la situation tandis que Dim’ se régalait en découvrant des coins de son enfance.
« Attendez, je dois faire un p’tit détour, faut qu’on passe par Bagrand. »
S’exclama le nostalgique en pointant de son index fin l’une des intersections. Le dernier Dolls haussa mollement les épaules, un brin contrarié de devoir faire attendre son estomac qui réclamait famine, et son gosier qui exigeait de boire. Cependant, loin de lui l’idée de rouspéter en si bonne compagnie. Après une poignée de coups d’épaules offertes généreusement aux audacieux refusant le passage au trio, ils parvinrent à Bagrand. Ce coin était renommé ainsi à cause d’une vieille légende relatant les constructions dantesques et inventions mirobolantes d’un scientifique ayant possédé un atelier dans la ruelle.
« Bon, c’par où ?
-Là. Continue tout droit. »
La rue, malgré l’heure tardive demeurait bondée. Les éclats de voix résonnaient dans ce coin étroit. Lyse, le regard plonge dans celui d’Horace récitait comme à son habitude une histoire savante avec une conclusion suis e voulait comique. C’était rarement le cas, mais Béliard se forçait à rire de bon cœur, une véritable coutume désormais. Tout allait pour le mieux, Dim’ les précédaient de quelques pas. Aucun nuage à l’horizon, du moins façon de parler au vu des émanations nauséabondes émergeant des cheminées gargantuesques d’industrie.
La paix du train-train quotidien. L’instant d’après, le chaos et le funeste. Une violente explosion retentit, semblant secouer jusqu’au fondement de la terre. Du moins ce fut l’impression des survivants. Le souffle fut redoutable, spectaculaire à l’instar de la boule de feu. En un instant, une boutique et ses voisins avaient volé en éclats, de transformant en décombres tout en projetants des morceaux fatals pour quiconque les rencontrant de plein fouet. Les hurlements furent déchirants tandis que la poussière retombait lentement, laissant apparaître petit à petit le mortel charnier. Au sol, un sinistre constat. De nombreux corps, mutilés, ensanglantés à qui plusieurs membres manquaient. Des survivants sur lesquels la faucheuse se penchait… Horace avait, comme les autres, été frappé. La chance avait été son bouclier, sa chance portait un nom. Lyse.
Allongés sur le dos, les oreilles vrillant encore d’un bruit strident, le pirate ouvrit les yeux, l’espace d’un instant, admirant l’œuvre macabre du terroriste. Sur lui reposait désormais pour l’éternité ce qu’il restait de Lyse. Défigurée, le visage en lambeau figé dans une dernière expression d’effroi, le large troue dans sa gorge ne laissait que peu d’hésitation quant à son sort. Le dernier Dolls balaya du regard la scène d’où il était, cherchant Dim’, en vain.
Le simple fait de garder les yeux ouverts était proche de l’insurmontables. Usant de ces dernières forces dans un baroud d’honneur misérable, il repoussa la carcasse de Lyse qui s’effondra sur le sol poussiéreux nimbé de rouge…
« Putain… faut que… »
L’effort puisa ses dernières forces…. Le froid et les ténèbres l’enserrant de nouveau.
*
* *
* *
Délicatement, ses paupières s’ouvrirent. Horace resta un moment perdu, ne sachant pas même où il était, qui il était et comment était il arrivé là. Ce ne fut qu’après plusieurs minutes que la conscience lui revient, le bougre se contentant de respirer. Avec la conscience s’accompagna la douleur. Son corps entier le faisait souffrir, mais tout semblait dérisoire en comparaison du mal ressentis au niveau de son cœur implanté. En dépit des douleurs, le jeune homme porta la main à sa poitrine, suffocant, toussant, une quinte de toux à sen décoller les poumons. Plus que la douleur, c’était la peur qui guidait ses relations. Depuis combien de temps était-il étendu là ? Depuis combien de temps n’avait il pas prit ses médicaments ? Qui l’avait recueilli ? Où étaient ses affaires ? Tant d’interrogation qui s’ajoutait à son inquiétude grandissante. Horace ne s’attardait en rien sur le décor, sur les machines nécessaires à sa survie… non, le blondinet ne cherchait qu’une chose, sa dose lui permettant de revoir une aube supplémentaire.
Pareil à un animal blessé, Horace s’agitait, tentant de communiquer avec qui ce fut. D’une voix faiblarde, presque grésillante, ce qu’il essayait de crier n’était que murmure.
« Qui est la.. p’tain… y’a quelqu’un ? »
Mer 23 Aoû - 21:11
Le Destin lui-même est incertain
Ft. Horace
Les bruits étaient assourdissants. Maëlstrom voulut les éloigner de moi. Je l’en empêchai. Il oubliait. Que j’existais bien avant lui, bien avant cette forme humaine. Il oubliait. Que derrière cette sensibilité qu’il décelait, il y avait une intelligence ardente qui avait su s’agripper à cette vie qui se voyait souffler comme une simple bougie. C’est ainsi qu’il y a quelques années j’avais commencé à voir chacune de ces vies humaines : des bougies. Tandis que les automates étaient des lucioles à mes yeux. Des lucioles artificielles. Soupir. Mon regard glissa devant moi. Tu étais étendu là. Tes constantes se portaient bien. Strom restait près de toi pour pas que ton corps ne se renverse encore.
« Pourquoi le prendre avec nous? »
Il y en avait eu pleins d’autres des bougies à la lueur incertaine. J’avais vu le sang qui maculait ses habits. J’avais vu les chairs qui maculaient le sol. Je n’avais pas de réponse à donner. Pourquoi toi? Par un geste que beaucoup jugerait sain alors qu’il n’était qu’égoïsme. Je ne changerai jamais la face de cette humanité dont je ne faisais pas partie. Je n’étais pas un sauveur. J’étais un témoin.
_____
Scan. Analyses. Résultats. Rien d’alarmant. Un coup de chaud qui aurait pu être fatal. Rien de cassé. Juste le coeur automate. Les médicaments pour palier aux effets indésirables comme preuve supplémentaire.
J’étais assis non loin de toi. .Seul Il n’avait pas voulu rester. Il devait déjà essayé de trouver ton identité. Il allait se renseigner auprès du port, vu que tu semblais y avoir des habitudes au vue de certains papiers en ta possession. Pour les armes, même si Maëlstrom insistait pour dire que tu es quelqu’un de peu fréquentable, je me disais que tu étais quelqu’un qui voulait parer à toute éventualité. Plutôt une qualité quand on connaissait un temps soit peu les environs.
Un hôpital n’était jamais silencieux. Il y avait sans cesse des « bip », des « soupirs de machine » qui venait rappeler que la vie, même celle en torpeur, faisait du bruit. Au-dessus de toi, un écran jouait la sarabande de tous tes organes vitaux. Même ce coeur qui te maintenait en vie, se portait bien. Les médecins d’urgence t’ont fait un shot médicamenteux dès ton arrivée. De quoi tenir 24h d’après leurs dires. Mais ça tu ne connaissais pas. Pas sous ce format. Un format liquide qui pouvait même être administré pour un 48h, voir 72h...Peu de personnes avaient besoin de ça dans cette partie du monde. La majorité avait des organes à la dernière pointe technologique. Mon regard s’assombrit. Penser à ces différences me donnaient l’envie d’aller dans la brume et de lui demander de tous nous engloutir. Après tout, je ne la craignais pas. C’est elle qui m’avait donné vie, à moins que je ne sois une part d’elle qui s’est prise pour un feu? Encore aujourd’hui cela me reste flou.
Du coin de l’œil je perçus un mouvement. Celui d’une respiration qui se réveille. « Tout va bien. » Je me lève et me place à côté de toi. Les lumières bleues donnaient à notre échange un côté intime et distant à la fois. Je n’aimais pas ce genre d’ambiance. Je posais une main sur ton avant-bras et laissais nos regards se trouver. « Je suis Seraphah. J’étais présent lors de l’explosion. Nous vous avons amené à l’hôpital. » J’ai toujours eu un débit de parole posé. Une voix qui servait aussi bien au milieu de la brume qu’auprès de patient avant ou après une opération. Une voix qui donnait l’envie qu’on l’écoute, notamment lors de pourparlers.
Ici, c’était différent. Ici tu étais dans un endroit totalement inconnu, habillé d’une robe de patient. Je n’étais pas un visage familier. Et bien que j’étais loin d’inspirer le rejet, j’étais un élément neutre loin de tout ce qui devait t’importer réellement dans la vie.
« Surtout ne vous inquiétez pas. Nous avons pris soin de votre coeur. Vous avez reçu une dose pour les prochaines 24h. » Je retirai doucement ma main, si ton bras ne m’avait pas échappé entre temps. « Étiez-vous accompagné? » Cette pensée avait martelé mon esprit pendant ton inconscience. Je n'avais vu personne de vivant autour de toi. Étais-tu seul? Ou ai-je devant moi un être endeuillé?
Maëlstrom avait peut-être raison. Je n’aurai pas du t’emporter avec nous. Ta liberté te serait vite rendue.
« Pourquoi le prendre avec nous? »
Il y en avait eu pleins d’autres des bougies à la lueur incertaine. J’avais vu le sang qui maculait ses habits. J’avais vu les chairs qui maculaient le sol. Je n’avais pas de réponse à donner. Pourquoi toi? Par un geste que beaucoup jugerait sain alors qu’il n’était qu’égoïsme. Je ne changerai jamais la face de cette humanité dont je ne faisais pas partie. Je n’étais pas un sauveur. J’étais un témoin.
_____
Scan. Analyses. Résultats. Rien d’alarmant. Un coup de chaud qui aurait pu être fatal. Rien de cassé. Juste le coeur automate. Les médicaments pour palier aux effets indésirables comme preuve supplémentaire.
J’étais assis non loin de toi. .Seul Il n’avait pas voulu rester. Il devait déjà essayé de trouver ton identité. Il allait se renseigner auprès du port, vu que tu semblais y avoir des habitudes au vue de certains papiers en ta possession. Pour les armes, même si Maëlstrom insistait pour dire que tu es quelqu’un de peu fréquentable, je me disais que tu étais quelqu’un qui voulait parer à toute éventualité. Plutôt une qualité quand on connaissait un temps soit peu les environs.
Un hôpital n’était jamais silencieux. Il y avait sans cesse des « bip », des « soupirs de machine » qui venait rappeler que la vie, même celle en torpeur, faisait du bruit. Au-dessus de toi, un écran jouait la sarabande de tous tes organes vitaux. Même ce coeur qui te maintenait en vie, se portait bien. Les médecins d’urgence t’ont fait un shot médicamenteux dès ton arrivée. De quoi tenir 24h d’après leurs dires. Mais ça tu ne connaissais pas. Pas sous ce format. Un format liquide qui pouvait même être administré pour un 48h, voir 72h...Peu de personnes avaient besoin de ça dans cette partie du monde. La majorité avait des organes à la dernière pointe technologique. Mon regard s’assombrit. Penser à ces différences me donnaient l’envie d’aller dans la brume et de lui demander de tous nous engloutir. Après tout, je ne la craignais pas. C’est elle qui m’avait donné vie, à moins que je ne sois une part d’elle qui s’est prise pour un feu? Encore aujourd’hui cela me reste flou.
Du coin de l’œil je perçus un mouvement. Celui d’une respiration qui se réveille. « Tout va bien. » Je me lève et me place à côté de toi. Les lumières bleues donnaient à notre échange un côté intime et distant à la fois. Je n’aimais pas ce genre d’ambiance. Je posais une main sur ton avant-bras et laissais nos regards se trouver. « Je suis Seraphah. J’étais présent lors de l’explosion. Nous vous avons amené à l’hôpital. » J’ai toujours eu un débit de parole posé. Une voix qui servait aussi bien au milieu de la brume qu’auprès de patient avant ou après une opération. Une voix qui donnait l’envie qu’on l’écoute, notamment lors de pourparlers.
Ici, c’était différent. Ici tu étais dans un endroit totalement inconnu, habillé d’une robe de patient. Je n’étais pas un visage familier. Et bien que j’étais loin d’inspirer le rejet, j’étais un élément neutre loin de tout ce qui devait t’importer réellement dans la vie.
« Surtout ne vous inquiétez pas. Nous avons pris soin de votre coeur. Vous avez reçu une dose pour les prochaines 24h. » Je retirai doucement ma main, si ton bras ne m’avait pas échappé entre temps. « Étiez-vous accompagné? » Cette pensée avait martelé mon esprit pendant ton inconscience. Je n'avais vu personne de vivant autour de toi. Étais-tu seul? Ou ai-je devant moi un être endeuillé?
Maëlstrom avait peut-être raison. Je n’aurai pas du t’emporter avec nous. Ta liberté te serait vite rendue.
Ven 25 Aoû - 16:47
Horace cligna des yeux un bref instant, l'effroyable impression de redécouvrir chacun de ses sens l'assaillant de toute part. Tout lui semblait trop fort, le volume sonore, la luminosité tamisée, les bips sonores pourtant normalement rassurant paraissait pareille à des coups de marteaux ayant confondu son cervelet avec une enclume, chaque impact raisonnant dans sa caboche. Ce ne fut qu’après une poignée de secondes qu'il percuta. Il n'était pas seul. Un étranger, curieusement familier, se tenait à ses côtés, une main apposée sur son avant-bras, délivrant des paroles curieusement apaisante, dans d'autres circonstances. Si le visage du bougre lui rappelait quelque chose, ce n'était pas le fruit du hasard. Récemment, l'équipage avait reçu des consignes concernant cet énergumène dont ils ignoraient jusqu'alors beaucoup. Mais, dans tout ce tumulte, le dernier Dolls ne fit pas immédiatement le rapprochement, du moins pas encore. Même si les mots de son sauveur étaient nimbés de bienveillance et de douceur, le pirate n'en tint aucunement rigueur, son instinct de survie martelant à son esprit embrumé qu'il était en plein traquenard. Seraph' se présentait avant de s’inquiéter du sort des potentiels accompagnant du malandrin, débordant de bonne intention et une volonté sincère de bien faire... La réaction fut soudaine. Horace roula rapidement pour atterrir sur ses gambettes tremblotantes, mettant le lit entre lui et la créature aux cheveux flamboyants.
Les sens en alerte, ridicule au possible engoncé ainsi dans sa robe de patient, le blondinet paraissait misérable. Le simple mouvement effectué, normalement basique, avait réveillée des douleurs insoupçonnées en son être, forçant une certaine crispation de sa mâchoire. Stabilisant son équilibre incertain d'une main appuyée sur le juke-box ne possédant que « bip bip » dans son répertoire, le marin des cieux pointa de son index l'élémentaire.
« Écoute mon gars, s't'as dans l'idée d'faire d'moi un cobaye, j'arracherai tes cordes vocales avec mes dents avant d'faire passer ta langue dans l'trou pour t'en faire une cravate. Où sont mes affaires ? »
L'affreux ressentiment d’être nu, totalement dépouillé traversait le cœur métallique de l'améliorer. Le jeune homme avait depuis une poignée d'années prit l'habitude d'avoir forcément son colt logé a sa ceinture, ou du moins à portée de main, son poids rassurant permettant un peu plus d'effronterie et d'insolence. Ses yeux furetaient à travers la pièce, le gaillard ayant troqué toute lucidité pour une forme de panique maîtrisée. Un tel lieu, une telle bienveillance, tout cela étaient étranger au jeune loup de mer, qui se sentait comme acculé, se réfugiant dans des instincts bestiaux. Petit à petit, ses souvenirs faisaient surface. Le port, la ruelle, Lyse, Dim', l'explosion. Béliard dut réprimer une envie soudaine et sourde de violence qui tirait sa force d'une haine viscérale agrippant ses tripes. Encore une fois, le destin avait fauché des camarades en un claquement de doigts. Intérieurement, l'hère se jura d'exiger des comptes du taulier une fois dans l'au-delà, si au-delà il y avait.
« Ils sont morts. S'toi qui a déclenché l'explosion ? Tu étais présent et pourtant t'n'as rien ? T'm'explique où j'suis ? C'qui ton « nous » qu't'évoques ? »
Les questions grêlaient bien plus rapidement que son rythme cardiaque, ce qui relevait du difficile tant la machine s'affolait, la faute à un cerveau carburant, s'ébouillantant devant tant d’incompréhension, imagninat des scénarios plus effroyable les uns que les autres. Cependant, machinalement, la minutieuse invention se mit à réguler le flux sanguin tandis que Béliard analysait son environnement. Nul doutes sur la fonction de sa chambre, prodiguer des soins. La lumière bleue, quelques secondes auparavant trop vive se retrouvait désormais bien plus agréable, une fois son état léthargique délaissé. L'espace d'un instant, le jeune homme se questionna sur la réalité de ce qu'il vivait. Peut-être était il mort et il se trouvait dans un drôle de lieu entre le paradis et l'enfer, le fameux Seraph' se chargeant de lui expliquer les règless de ce monde nouveau. Après tout, quelles étaient les probabilités de survivre ? Son corps, comme son visage était couvert d’égratignures plus ou moins profondes, la faute aux éclats provoqués par le souffle dantesque de la bombe.
Horace secoua mollement la tête, essayant de chasser ses macabres pensées. Peu lui importait l'image qu'il renvoyait, seule comptait les réponses qu'allait lui fournir l'inconnu qui n'en était pas vraiment un, si sa mémoire cessait de lui jouer de bien vilains tours. Presque essoufflé, sa respiration accompagnait les bips de plus en plus rapprochés, la cadence étant plus élevée que durant son sommeil forcé.
« Attends, t'm'as filé quoi pour mon cœur ? Vous m'avez fouillé ? »
La colère comme l'inquiétude se mélangeait, donnant un étrange ton à sa voix, une sorte de concoction réunissant l'angoisse, l'impatience et la nervosité. Son visage fermé, sourcils froncés, le blondinet fusillait du regard celui à qui il devait la vie. Quel ingrat.
Les sens en alerte, ridicule au possible engoncé ainsi dans sa robe de patient, le blondinet paraissait misérable. Le simple mouvement effectué, normalement basique, avait réveillée des douleurs insoupçonnées en son être, forçant une certaine crispation de sa mâchoire. Stabilisant son équilibre incertain d'une main appuyée sur le juke-box ne possédant que « bip bip » dans son répertoire, le marin des cieux pointa de son index l'élémentaire.
« Écoute mon gars, s't'as dans l'idée d'faire d'moi un cobaye, j'arracherai tes cordes vocales avec mes dents avant d'faire passer ta langue dans l'trou pour t'en faire une cravate. Où sont mes affaires ? »
L'affreux ressentiment d’être nu, totalement dépouillé traversait le cœur métallique de l'améliorer. Le jeune homme avait depuis une poignée d'années prit l'habitude d'avoir forcément son colt logé a sa ceinture, ou du moins à portée de main, son poids rassurant permettant un peu plus d'effronterie et d'insolence. Ses yeux furetaient à travers la pièce, le gaillard ayant troqué toute lucidité pour une forme de panique maîtrisée. Un tel lieu, une telle bienveillance, tout cela étaient étranger au jeune loup de mer, qui se sentait comme acculé, se réfugiant dans des instincts bestiaux. Petit à petit, ses souvenirs faisaient surface. Le port, la ruelle, Lyse, Dim', l'explosion. Béliard dut réprimer une envie soudaine et sourde de violence qui tirait sa force d'une haine viscérale agrippant ses tripes. Encore une fois, le destin avait fauché des camarades en un claquement de doigts. Intérieurement, l'hère se jura d'exiger des comptes du taulier une fois dans l'au-delà, si au-delà il y avait.
« Ils sont morts. S'toi qui a déclenché l'explosion ? Tu étais présent et pourtant t'n'as rien ? T'm'explique où j'suis ? C'qui ton « nous » qu't'évoques ? »
Les questions grêlaient bien plus rapidement que son rythme cardiaque, ce qui relevait du difficile tant la machine s'affolait, la faute à un cerveau carburant, s'ébouillantant devant tant d’incompréhension, imagninat des scénarios plus effroyable les uns que les autres. Cependant, machinalement, la minutieuse invention se mit à réguler le flux sanguin tandis que Béliard analysait son environnement. Nul doutes sur la fonction de sa chambre, prodiguer des soins. La lumière bleue, quelques secondes auparavant trop vive se retrouvait désormais bien plus agréable, une fois son état léthargique délaissé. L'espace d'un instant, le jeune homme se questionna sur la réalité de ce qu'il vivait. Peut-être était il mort et il se trouvait dans un drôle de lieu entre le paradis et l'enfer, le fameux Seraph' se chargeant de lui expliquer les règless de ce monde nouveau. Après tout, quelles étaient les probabilités de survivre ? Son corps, comme son visage était couvert d’égratignures plus ou moins profondes, la faute aux éclats provoqués par le souffle dantesque de la bombe.
Horace secoua mollement la tête, essayant de chasser ses macabres pensées. Peu lui importait l'image qu'il renvoyait, seule comptait les réponses qu'allait lui fournir l'inconnu qui n'en était pas vraiment un, si sa mémoire cessait de lui jouer de bien vilains tours. Presque essoufflé, sa respiration accompagnait les bips de plus en plus rapprochés, la cadence étant plus élevée que durant son sommeil forcé.
« Attends, t'm'as filé quoi pour mon cœur ? Vous m'avez fouillé ? »
La colère comme l'inquiétude se mélangeait, donnant un étrange ton à sa voix, une sorte de concoction réunissant l'angoisse, l'impatience et la nervosité. Son visage fermé, sourcils froncés, le blondinet fusillait du regard celui à qui il devait la vie. Quel ingrat.
Lun 28 Aoû - 15:03
Le Destin lui-même est incertain
Ft. Horace
Fragilité. Le corps humain l’était indéniablement. Les « bip » qui se voulaient rassurant pouvaient d’un instant à l’autre se mettre à vriller. Comme si la vie hurlait face à son combat contre la mort. J’aimais pourtant voir ces deux là comme des alliées. L’une reprenant la main tandis que l’autre avait fait son œuvre. Je me demandais quelle était la tienne. Qu’avais-tu accompli jusqu’ici? À quel point ton existence te tenait-elle à coeur? Est-ce que toi aussi tu avais des obsessions? Est-ce que toi aussi tu avais envie de te fondre dans la brume? Pourtant ce n’était pas le genre de question que je te posais. Ce n’était pas ce genre de choses qu’on avait envie de conscientiser à peine les yeux ouverts, l’esprit pas totalement de retour. Alors oui, j’ai été surpris. Surpris de tant d’énergie qui se déployait alors même que tu revenais à peine à ta conscience. Observation. Je sus que ton système nerveux était défaillant. La survie respirait de chacun de tes pores. Savais-tu parfois trouver le repos?
Le lit comme rempart, ton doigt comme accusation. Mon visage garda son masque d’impassibilité pendant que j’écoutais tes récriminations. « Vos affaires ont été lavé. Vous les récupérerez dès votre sortie. » Information. Aucun affect dans ma voix. Il n’en était rien de ton côté. Compréhensible. Après tout tout était étranger par ici.
J’entendais que ta mémoire n’était pas altérée. Bon signe. Même si tu était bel et bien endeuillé, même si tout ce qui comptait ici était avant tout ta vie. Après tout, c’était celle qui restait. « Tu es à l’hôpital de Sancta. Des soins t’ont été prodigués. » L’unique hôpital de la ville. Cela te donnerait au moins une indication de où tu te trouvais dans tout Epistopoli. Je reculais de quelques pas jusqu’à ce que mon dos touche le mur. Je te laissais ainsi plus d’espace si cela te permettrait de te sentir mieux. « J’étais accompagné par mon assistant que tu rencontreras peut-être. » Je ne me sentais pas en danger. J’étais en territoire conquis et aucune eau à l’horizon. Je passais outre pour le moment ta question concernant mon état. Ma nature me protégeait plus que n’importe quel bouclier. J’avais pris le temps de remercier la Brume pour Maelström, du fait qu’il était moins proche de l’explosion et qu’il était tellement attentif au son qu’il a su se mettre en sécurité. Tout comme toi, son corps pouvait à tout instant se faner.
« Bien sûr que nous vous avons fouillé. Personne n’entre dans cet hôpital sans qu’on ne connaisse son identité. » C’était cela avant tout que l’on recherchait. « Nous n’avons pas trouvé la votre. » Tu restais un inconnu. Pourtant tu avais reçu tous les soins adéquats à ton état en arrivant. « Comment dois-je vous appeler? » Je ne faisais pas de trait d’humour. Tu venais de perdre des amis, des collègues...tout dans ton expression me montrait que tu me prenait responsable pour ce carnage. « Je n’étais pas la raison de cet attentat. Je ne suis pas assez important. » Et si même cela avait été le cas, ceux ayant déposé la bombe artisanale ne connaissait nullement ma nature. Cela a et aurait été inefficace contre ma personne.
À ce moment-là, une infirmière entra dans la chambre. Elle eu un temps d’arrêt, ne sachant comment réagir face à toi. « Tout va bien Jenny. » Je me dirigeai vers elle afin d’attraper le plateau de nourriture. « Au vue du rythme cardiaque, nous avons supposé qu’il était réveillé... » Elle te regardait du coin de l’oeil, vérifiant que tu n’allais pas lui sauter à la gorge. « Et c’est la réalité. Il est bel et bien réveillé et je suis sûr qu’il appréciera pouvoir manger. » Mon regard l’intima à se retirer. Elle partit avec empressement avant que je ne vienne déposer le plateau sur le lit. « C’est pour vous. » Je me reculais à nouveau comme face à un animal sauvage. « Même sans avoir trouvé vos médicaments, nous aurions constaté votre coeur mécanique. C’était important d’en prendre soin, vous comprenez. » Nommer l’évidence. Afin que tu te rendes compte que tu étais loin d’être un cobaye pour moi. Cela me donnait tout de même un panel de ce que tu pouvais fréquenter au quotidien. « Je vous en prie. » Je te montrais le plateau. Il s’y trouvait de la viande accompagné d’une garniture de pommes de terre et de légumes verts.
«Nous vous avons fait une injection pour votre coeur, vu que vous étiez en incapacité de prendre vos médicaments. C'est un mélange de plusieurs plantes alchimisées qui se trouve être beaucoup plus efficace que les médicaments que vous avez. Au besoin, je pourrais faire en sorte que vous repartiez avec une dose.» Bien sûr que cette alchimie comportait d'autres substances que des plantes. Ces dernières étaient pour ta partie humaine, le reste pour le côté robotique de ton être.
Le lit comme rempart, ton doigt comme accusation. Mon visage garda son masque d’impassibilité pendant que j’écoutais tes récriminations. « Vos affaires ont été lavé. Vous les récupérerez dès votre sortie. » Information. Aucun affect dans ma voix. Il n’en était rien de ton côté. Compréhensible. Après tout tout était étranger par ici.
J’entendais que ta mémoire n’était pas altérée. Bon signe. Même si tu était bel et bien endeuillé, même si tout ce qui comptait ici était avant tout ta vie. Après tout, c’était celle qui restait. « Tu es à l’hôpital de Sancta. Des soins t’ont été prodigués. » L’unique hôpital de la ville. Cela te donnerait au moins une indication de où tu te trouvais dans tout Epistopoli. Je reculais de quelques pas jusqu’à ce que mon dos touche le mur. Je te laissais ainsi plus d’espace si cela te permettrait de te sentir mieux. « J’étais accompagné par mon assistant que tu rencontreras peut-être. » Je ne me sentais pas en danger. J’étais en territoire conquis et aucune eau à l’horizon. Je passais outre pour le moment ta question concernant mon état. Ma nature me protégeait plus que n’importe quel bouclier. J’avais pris le temps de remercier la Brume pour Maelström, du fait qu’il était moins proche de l’explosion et qu’il était tellement attentif au son qu’il a su se mettre en sécurité. Tout comme toi, son corps pouvait à tout instant se faner.
« Bien sûr que nous vous avons fouillé. Personne n’entre dans cet hôpital sans qu’on ne connaisse son identité. » C’était cela avant tout que l’on recherchait. « Nous n’avons pas trouvé la votre. » Tu restais un inconnu. Pourtant tu avais reçu tous les soins adéquats à ton état en arrivant. « Comment dois-je vous appeler? » Je ne faisais pas de trait d’humour. Tu venais de perdre des amis, des collègues...tout dans ton expression me montrait que tu me prenait responsable pour ce carnage. « Je n’étais pas la raison de cet attentat. Je ne suis pas assez important. » Et si même cela avait été le cas, ceux ayant déposé la bombe artisanale ne connaissait nullement ma nature. Cela a et aurait été inefficace contre ma personne.
À ce moment-là, une infirmière entra dans la chambre. Elle eu un temps d’arrêt, ne sachant comment réagir face à toi. « Tout va bien Jenny. » Je me dirigeai vers elle afin d’attraper le plateau de nourriture. « Au vue du rythme cardiaque, nous avons supposé qu’il était réveillé... » Elle te regardait du coin de l’oeil, vérifiant que tu n’allais pas lui sauter à la gorge. « Et c’est la réalité. Il est bel et bien réveillé et je suis sûr qu’il appréciera pouvoir manger. » Mon regard l’intima à se retirer. Elle partit avec empressement avant que je ne vienne déposer le plateau sur le lit. « C’est pour vous. » Je me reculais à nouveau comme face à un animal sauvage. « Même sans avoir trouvé vos médicaments, nous aurions constaté votre coeur mécanique. C’était important d’en prendre soin, vous comprenez. » Nommer l’évidence. Afin que tu te rendes compte que tu étais loin d’être un cobaye pour moi. Cela me donnait tout de même un panel de ce que tu pouvais fréquenter au quotidien. « Je vous en prie. » Je te montrais le plateau. Il s’y trouvait de la viande accompagné d’une garniture de pommes de terre et de légumes verts.
«Nous vous avons fait une injection pour votre coeur, vu que vous étiez en incapacité de prendre vos médicaments. C'est un mélange de plusieurs plantes alchimisées qui se trouve être beaucoup plus efficace que les médicaments que vous avez. Au besoin, je pourrais faire en sorte que vous repartiez avec une dose.» Bien sûr que cette alchimie comportait d'autres substances que des plantes. Ces dernières étaient pour ta partie humaine, le reste pour le côté robotique de ton être.
Jeu 31 Aoû - 18:57
Le calme reposant de son hôte était sacrément contagieux. La façon posée dont il faisait pleuvoir ses réponses, nullement inquiétée par les réactions du sauvageon laissa le pirate un brin pantois. Dans un univers où la violence était régulièrement, si ce n’était uniquement la réponse, voir ainsi un gaillard, droit devant, effroyablement serein, perturbait le garçon des rues. Chaque question eut une réponse, et pas une fois le pirate l’interrompit, se contentant d’essayer de déchiffrer le langage corporel de son bienfaiteur. Qui diable était ce type qui réfutait toute complicité avec l’attentat perpétré plus tôt ? L’épouvantail, par son côté longiligne, laissa échapper un soupir de soulagement quand il apprit qu’il n’avait point quitté Epistolopi. Curieuse réaction, car en vérité ce n’était gage d’aucune garantie, mais l’idée d’être toujours dans sa ville natale avait un côté étrangement réconfortant.
Bien évidemment, la question de son identité fut évoquée. Que dire, que répondre. Mentir, bien évidemment. Horace Dolls avait laissé place à Béliard Vril depuis bien longtemps désormais, autrefois manteau et maintenant seconde peau. L’infirmière qui débarqua, les bras chargés de « mets délicieux », n’interrompis la discussion que succinctement avant de disparaître à nouveau, avaler par les couloirs de l’hôpital. Immédiatement, le ventre du bougre se mit à gargouiller. À peine l’élémentaire à crinière de feu fit un pas de recul qu’Horace se jeta sur le plateau, dévorant plus qu’il ne mangeait. Que ce fut un plat réalisé par un grand chef renommé ou par un débutant dénué de talents culinaires. L’intégralité fut rapidement engloutie sans même en déguster la moindre potentielle subtilité dans le choix des saveurs. Son estomac, un tyran, réclamait.
Sourcil froncé, la bouche encore pleine, et après s’être assuré par un regard par-dessus son épaule que le duo restait bien uniquement un duo, le pirate se mit à répondre lui aussi.
« Ta tronche m’dit quelqu’chose, c’va m’r’v’nir. T’bosses dans quoi ? »
Le dernier Dolls tapota un instant sa poitrine, là où se trouvait la machine infernale le maintenant en vie depuis plusieurs années. Avec en plus un signe de tête se voulant révérencieux, la voix fatiguée du marin rebondit contre les murs.
« Merci pour les médocs. Il m’faudra du rab histoire d’pas claquer trois pas plus loin qu’hosto. Et.. »
Le gaillard tapota sa main droite pleine de miette sur sa cuisse; chassant celle-ci avec dédain, avant de simplement la tendre vers Seraph’, un grand sourire aux lèvres.
« J’me nomme Béliard Vril, transporteur d’marchandises pour société d’export. J’peux avoir mes fringues ? Au faite… S’quoi l’blase d’ton accompagnateur ? »
Le visage de son interlocuteur triturait sa mémoire. Horace était sûr et certain de l’avoir déjà aperçu mais où ? Un rival de la loge ? Un dealeur ? Un camé ? Comment était-il parvenu à apercevoir cet élémentaire qui de toute évidence, au vu des bonnes manières, de la posture et du langage, n’était pas un habitué des bas-fonds ? Comment expliquer que son esprit lui martelait l’idée qu’il l’avait déjà vu. Le blondinet, ayant délaissé en apparence tout le sauvage de la rue, essayait tant bien que mal de se remémorer le…
Un éclair traversa sa caboche. Un contrat. Tout lui revint en mémoire comme une illumination providentielle. Peut-être était ce le fait d’avoir mangé, ou quoi que ce fut d’autre, mais Béliard se souvenait. Récemment, l’équipage avait reçu une demande pas si courante d’enlèvement sur personne. Bien qu’habitué aux rançons, leurs victimes étaient quasi exclusivement des marins subtilisés à des navires piller et vaincu. Les enlèvements sur terres relevaient d’une tout autre organisation et logistique. Plus périlleuse, apportant son lot de problème comme un magot suffisamment intéressant pour susciter leurs attentions. Seraphah. Quel curieux et somptueux hasard. Le destin s’amusait avec les âmes, et Béliard n’allait certainement pas laisser filer l’opportunité. Cupide comme pas deux, et comme le disait l’adage souvent scandé par la loge Félonne : tout pour nous, rien pour les autres.
Après s’être raclé la gorge, le blondinet, enfilant son masque le plus amical possible, fit une proposition.
« Merci en tout cas, de m’avoir sauvé la vie. J’ai été un p’tit peu ingrat mais c’tait la peur d’être dans un guet-apens. J’vous en dois une. Accompagner pour sûr l’port qu’j’vous présente mon patron, il aura j’en suis sûr d’quoi vous r’mercier, avec des avantages que peut offrir une compagnie de transport ! »
Bien évidemment, la question de son identité fut évoquée. Que dire, que répondre. Mentir, bien évidemment. Horace Dolls avait laissé place à Béliard Vril depuis bien longtemps désormais, autrefois manteau et maintenant seconde peau. L’infirmière qui débarqua, les bras chargés de « mets délicieux », n’interrompis la discussion que succinctement avant de disparaître à nouveau, avaler par les couloirs de l’hôpital. Immédiatement, le ventre du bougre se mit à gargouiller. À peine l’élémentaire à crinière de feu fit un pas de recul qu’Horace se jeta sur le plateau, dévorant plus qu’il ne mangeait. Que ce fut un plat réalisé par un grand chef renommé ou par un débutant dénué de talents culinaires. L’intégralité fut rapidement engloutie sans même en déguster la moindre potentielle subtilité dans le choix des saveurs. Son estomac, un tyran, réclamait.
Sourcil froncé, la bouche encore pleine, et après s’être assuré par un regard par-dessus son épaule que le duo restait bien uniquement un duo, le pirate se mit à répondre lui aussi.
« Ta tronche m’dit quelqu’chose, c’va m’r’v’nir. T’bosses dans quoi ? »
Le dernier Dolls tapota un instant sa poitrine, là où se trouvait la machine infernale le maintenant en vie depuis plusieurs années. Avec en plus un signe de tête se voulant révérencieux, la voix fatiguée du marin rebondit contre les murs.
« Merci pour les médocs. Il m’faudra du rab histoire d’pas claquer trois pas plus loin qu’hosto. Et.. »
Le gaillard tapota sa main droite pleine de miette sur sa cuisse; chassant celle-ci avec dédain, avant de simplement la tendre vers Seraph’, un grand sourire aux lèvres.
« J’me nomme Béliard Vril, transporteur d’marchandises pour société d’export. J’peux avoir mes fringues ? Au faite… S’quoi l’blase d’ton accompagnateur ? »
Le visage de son interlocuteur triturait sa mémoire. Horace était sûr et certain de l’avoir déjà aperçu mais où ? Un rival de la loge ? Un dealeur ? Un camé ? Comment était-il parvenu à apercevoir cet élémentaire qui de toute évidence, au vu des bonnes manières, de la posture et du langage, n’était pas un habitué des bas-fonds ? Comment expliquer que son esprit lui martelait l’idée qu’il l’avait déjà vu. Le blondinet, ayant délaissé en apparence tout le sauvage de la rue, essayait tant bien que mal de se remémorer le…
Un éclair traversa sa caboche. Un contrat. Tout lui revint en mémoire comme une illumination providentielle. Peut-être était ce le fait d’avoir mangé, ou quoi que ce fut d’autre, mais Béliard se souvenait. Récemment, l’équipage avait reçu une demande pas si courante d’enlèvement sur personne. Bien qu’habitué aux rançons, leurs victimes étaient quasi exclusivement des marins subtilisés à des navires piller et vaincu. Les enlèvements sur terres relevaient d’une tout autre organisation et logistique. Plus périlleuse, apportant son lot de problème comme un magot suffisamment intéressant pour susciter leurs attentions. Seraphah. Quel curieux et somptueux hasard. Le destin s’amusait avec les âmes, et Béliard n’allait certainement pas laisser filer l’opportunité. Cupide comme pas deux, et comme le disait l’adage souvent scandé par la loge Félonne : tout pour nous, rien pour les autres.
Après s’être raclé la gorge, le blondinet, enfilant son masque le plus amical possible, fit une proposition.
« Merci en tout cas, de m’avoir sauvé la vie. J’ai été un p’tit peu ingrat mais c’tait la peur d’être dans un guet-apens. J’vous en dois une. Accompagner pour sûr l’port qu’j’vous présente mon patron, il aura j’en suis sûr d’quoi vous r’mercier, avec des avantages que peut offrir une compagnie de transport ! »
Dim 3 Sep - 1:57
Le Destin lui-même est incertain
Ft. Horace
Oubli. Ce n’était pas faute d’avoir été attaqué dans les rues, d’avoir du affronter des monstres, perdre des amis...Mon être semblait toujours oublier la violence qui existe partout sur les terres. Comme si le beau était bien plus intéressant à mirer, à ne surtout pas quitter des yeux, que toute autre vilenie. Alors oui, un calme persistant semblait m’entourer, mais ce dernier ressemblait plus à de la glace qui mettait une protection contre le reste du monde. Privilèges. Des hauts placés. J’en conviens. Quand on a un endroit où personne ne peut rentrer sans prévenir, c’est beaucoup plus facile d’être moins en vigilance. Plus facile d’avoir cette posture décontractée. Sans compter que tu venais de perdre des proches, et que tu ne connaissais pas les lieux. Alors que j’y avais mes habitudes, au point de connaître quasiment toutes les personnes y travaillant. Oui, ça demandait de la mémoire, mais en tant que diplomate c’était un non négociable.
Le reste de l’échange fut l’espace prodigué pour te nourrir. Mon regard se permit de vaquer au-delà de toi pour ne point t’importuner d’une insistance malaisante. Mais l’aurais-tu seulement remarqué? Ce n’est que lorsque tu m’adressas la parole que mes yeux se reposèrent sur toi tandis que ta question restait autant dans l’air que le parfum que je portais. Se pouvait-il seulement que tu connaisses mon visage? Je n’étais pas un homme d’affaire important qui aurait des usines en ville, ni même un scientifique dont le nom et l’image aurait défié la chronique...J’étais un diplomate, plus connu des dirigeants extérieurs que du peuple d’en bas. Alors j’étais dubitatif et je mis du temps avant de t’accorder une réponse partielle : « Dans plusieurs choses...mais cela m’étonnerait qu’on se soit croisé. Je suis chirurgien chercheur. » Je n’aimais pas affiché mes fonctions diplomatiques plus que de mesure. Et encore moins ma place au sein du comité. « Je demanderai à ce qu’on vous en fournisse en sortant alors...Mais rien ne presse, sauf si vous voulez vous empresser de rejoindre votre emploi...Mais je peux faire envoyer un messager afin que personne ne prenne votre absence comme un abandon de poste. »
Étais-tu à ce point important à ton patron, au point de vouloir m’y emmener pour recevoir une récompense. « J’entends votre envie de me remercier, mais je ne vous ai pas tiré de là pour ça. » À dire vrai, ce point était toujours obscure. Pourquoi avais-je voulu sauver l’unique âme qui semblait encore vivre et qui s’avéra avoir déjà eu le coeur brisé? La question comportait la réponse, et c’était sans aucun doute ce qui m’avait valu durant mes siècles d’existence des alliances non voulues et surtout hétéroclites au final. « Si vous voulez vraiment me remercier, si vous me racontez un peu de vous...Au besoin je peux demander une suite à votre repas? Après tout, vous devez prendre des forces. »
J’attendis ta réponse afin d’appeler l’infirmière à l’aide du téléphone interne mural ou de laisser là ce projet. « Je suis surpris que vous vous souveniez que je n’étais pas seul. Il s’agit de Maelström, mon assistant. » Il était probable que tu l’aies aperçu lui. Il savait mener différents commerce dans la basse ville, notamment quand je suis en quête d’information. Tout se marchande, tu dois le savoir bien mieux que moi. « Pour les fringues, on vous les fournira au moment de partir...ils aimeraient vous garder encore quelques heures, si ce n’est une bonne nuit...Je présume que vous allez refuser cette hospitalité? » Vu ton empressement à vouloir récupérer tes affaires et rejoindre ton patron. Quant à Maelström, d’un instant à l’autre il pouvait être de retour. Après, à quel point il avait réussit à trouver des informations sur toi en particulier...quoiqu’à partir de ceux qui t’accompagnaient.
« Je reconnais mon indiscrétion, mais cela fait longtemps que vous avez ce coeur-ci? » Je ne te dévoilais pas toute ma pensée, mais je me demandais à quel point il pourrait être perfectionné si les grands d’Epistopoli se donnait la peine de prendre davantage soin des habitants. « Je ne peux qu’imaginer la souffrance que vous avez du endurer...Cela peut encore vous faire souffrir? » Tu ne pouvais pas connaître ma nature d’élémentaire. La majorité du monde ne la connaissait pas parce que c’était une information qui pouvait fuir quand cela faisait trop longtemps que je restais à un endroit. Ce genre de question n’était pas là pour te mettre mal à l’aise, mais bel et bien car je ne pourrais jamais savoir ce que cela faisait. Je ne pouvais même pas savoir ce que cela faisait que d’avoir une famille ou d’être un Orphelin. Mes parents sont la Brume. M’a-t-elle abandonné?
Le reste de l’échange fut l’espace prodigué pour te nourrir. Mon regard se permit de vaquer au-delà de toi pour ne point t’importuner d’une insistance malaisante. Mais l’aurais-tu seulement remarqué? Ce n’est que lorsque tu m’adressas la parole que mes yeux se reposèrent sur toi tandis que ta question restait autant dans l’air que le parfum que je portais. Se pouvait-il seulement que tu connaisses mon visage? Je n’étais pas un homme d’affaire important qui aurait des usines en ville, ni même un scientifique dont le nom et l’image aurait défié la chronique...J’étais un diplomate, plus connu des dirigeants extérieurs que du peuple d’en bas. Alors j’étais dubitatif et je mis du temps avant de t’accorder une réponse partielle : « Dans plusieurs choses...mais cela m’étonnerait qu’on se soit croisé. Je suis chirurgien chercheur. » Je n’aimais pas affiché mes fonctions diplomatiques plus que de mesure. Et encore moins ma place au sein du comité. « Je demanderai à ce qu’on vous en fournisse en sortant alors...Mais rien ne presse, sauf si vous voulez vous empresser de rejoindre votre emploi...Mais je peux faire envoyer un messager afin que personne ne prenne votre absence comme un abandon de poste. »
Étais-tu à ce point important à ton patron, au point de vouloir m’y emmener pour recevoir une récompense. « J’entends votre envie de me remercier, mais je ne vous ai pas tiré de là pour ça. » À dire vrai, ce point était toujours obscure. Pourquoi avais-je voulu sauver l’unique âme qui semblait encore vivre et qui s’avéra avoir déjà eu le coeur brisé? La question comportait la réponse, et c’était sans aucun doute ce qui m’avait valu durant mes siècles d’existence des alliances non voulues et surtout hétéroclites au final. « Si vous voulez vraiment me remercier, si vous me racontez un peu de vous...Au besoin je peux demander une suite à votre repas? Après tout, vous devez prendre des forces. »
J’attendis ta réponse afin d’appeler l’infirmière à l’aide du téléphone interne mural ou de laisser là ce projet. « Je suis surpris que vous vous souveniez que je n’étais pas seul. Il s’agit de Maelström, mon assistant. » Il était probable que tu l’aies aperçu lui. Il savait mener différents commerce dans la basse ville, notamment quand je suis en quête d’information. Tout se marchande, tu dois le savoir bien mieux que moi. « Pour les fringues, on vous les fournira au moment de partir...ils aimeraient vous garder encore quelques heures, si ce n’est une bonne nuit...Je présume que vous allez refuser cette hospitalité? » Vu ton empressement à vouloir récupérer tes affaires et rejoindre ton patron. Quant à Maelström, d’un instant à l’autre il pouvait être de retour. Après, à quel point il avait réussit à trouver des informations sur toi en particulier...quoiqu’à partir de ceux qui t’accompagnaient.
« Je reconnais mon indiscrétion, mais cela fait longtemps que vous avez ce coeur-ci? » Je ne te dévoilais pas toute ma pensée, mais je me demandais à quel point il pourrait être perfectionné si les grands d’Epistopoli se donnait la peine de prendre davantage soin des habitants. « Je ne peux qu’imaginer la souffrance que vous avez du endurer...Cela peut encore vous faire souffrir? » Tu ne pouvais pas connaître ma nature d’élémentaire. La majorité du monde ne la connaissait pas parce que c’était une information qui pouvait fuir quand cela faisait trop longtemps que je restais à un endroit. Ce genre de question n’était pas là pour te mettre mal à l’aise, mais bel et bien car je ne pourrais jamais savoir ce que cela faisait. Je ne pouvais même pas savoir ce que cela faisait que d’avoir une famille ou d’être un Orphelin. Mes parents sont la Brume. M’a-t-elle abandonné?
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum