Qui chasse qui ? +18

Mar 1 Aoû - 22:29

Qui chasse qui ? +18

Epistopoli, ces beaux quartiers, ces gens aisés, ces réceptions et dîners fastueux, tout cela n'était rien quand la faim de sang humain se faisait sentir. Vous rappelant votre nature profonde, celle d'un prédateur. Voilà des heures qu'elle tenaillait Ekiel et qu'il ne parvenait pas à en faire abstraction, malgré toute sa bonne volonté. Et ce dîner qui n'en finissait pas de s'éterniser, encore et encore. Les mondanités... parfois, elles lui étaient si pesantes qu'il en regrettait presque sa vie d'autrefois, quand il était un inconnu parmi tant d'autres, pouvant œuvrer comme bon lui semblait. Après, il était conscient de la chance qui s'était offerte à lui lorsqu'il avait croisé la route de Vladimir. Sans lui, il ne saurait pas là où il en était actuellement. Sa position était enviable et beaucoup n'avaient pas apprécié son ascension. Une ascension bien trop rapide aux regards de certains et suspicieuses pour d'autres, mais peu importait. Lui, le gamin des bas fonds d'Opale était respecté et reconnu. Toutes les factions le connaissaient de nom et le savaient incorruptible.

Il était près de minuit et après un rapide passage par le manoir Oystein pour se changer, le Strigoi était ressorti aussitôt, discrètement, en quête de nourriture. Sous le couvert d'un long manteau noir à capuche, il avait gagné, à pied, les quartiers sombres de la cité. Des quartiers dans lesquels aucuns nobles sains d'esprit ne s'aventuraient sans raison valable ou sans une escorte armée. Il était en chasse, mais pas de n'importe quelle proie. Non, il lui fallait un sang de qualité. Alors exit les camés au myste ou autres substances illicites, de même que les poivrots ou les malades. Leur peau n'avait pas la même odeur que celle d'une personne saine et il savait les reconnaître.
Ô bien sûr, il y avait des clubs clandestins où des adeptes des Strigois offraient leur sang en échange que quelques astras ou simplement par plaisir et adrénaline. La fascination que les Strigois exerçait était une réalité et beaucoup ne les côtoyaient que dans le but de satisfaire leurs pulsions. Parfois, certains y laissaient la vie lorsque les prédateurs ne pouvaient se résoudre à contrôler leur soif. Se nourrir était une chose, mais ne pas franchir la limite de non-retour, une autre. Deux possibilités s'offraient à Ekiel, Trouver un club ou bien se laisser tenter par l'ivresse de la chasse. La décision fut vite prise. Les bas fonds grouillaient de trafiquants et truands en tous genres. Contrebande, trafique de prothèse, prostitutions, tous les corps de métiers plus ou moins douteux et honnêtes se côtoyaient sans être inquiétés. L'éclairage de cette partie de la ville était quasi inexistant. Seul ci et là subsistaient quelques lampadaires éclairant faiblement certains coins de rue.

Voici que soudainement un groupe d'adolescent surgissait de nulle part, et que l'un deux bousculait Ekiel tentant de lui faire les poches. C'était sans compter sur l'habileté de notre ami qui déjouait habilement la manigance. Dans la bousculade, sa capuche glissait, révélant un visage harmonieux ou regard bleu azur, pénétrant, durant l'espace de quelques secondes. Quelques secondes suffisantes pour qu'une personne se demande ce qu'un homme comme lui pouvait faire ici ? Il était trop charismatique, trop parfait pour venir de la fange d'Epistopoli.

Ekiel rajustait sa capuche prestement et reprenait sa route, furetant dans l'espoir de trouver de quoi se repaître. Et là, il la sentait avant même de pouvoir l'identifier. Sa proie se tenait à quelques mètres de lui, dans cette foule dense qui ne cessait d'aller et venir. Il la suivait jusqu'à ce qu'enfin, elle se retrouve seule et isolée. Le moment était venu, il fallait faire vite et user de son don afin de contraindre sa victime à se donner à lui sans réserves, sans crainte. Un regard, quelques mots et voici que la magie opérait, laissant le champ libre au Strigoi. Sous le faible halo de la lune, deux canines se dessinaient, plus pointues et plus longues qu'elles n'auraient dû l'être. Il se penchait sur sa victime, lui souriait et curieusement, elle lui rendait son sourire avant de fermer les yeux. Comme si tout cela était naturel, mais rien ne l'était. Pas même lui. On ne discernait rien de malveillant dans son expression. En fait, son visage aurait pu être celui d'un ange, avant que ses canines ne viennent se planter avidement dans la jugulaire de sa victime.
Soudain, des larmes lui montaient aux yeux et sa vision toute entière se tintait de rouge, comme s'il savait qu'il ne pourrait pas étancher sa soif avant de la laisser aux portes de la mort. Et puis, il y avait ses vilaines petites dents pointues qui le rendaient plus inquiétant et plus fascinant. Une belle personne, avec ce que d'autre appellerait un épouvantable défaut. Etre né Strigoi.
Soudain, Ekiel apercevait leurs reflets dans une devanture. Dans les histoires, on affirmait toujours que les fantômes, les vampires, les esprits et tous ceux dont l'âme appartenait au diable ne se réfléchissaient pas. Foutaise !

Il buvait, appréciant le sang chaud qui se rependait dans son organisme et qui en demandait toujours plus. Entre ses bras, la femme devenait plus molle qu'un simple chiffon à mesure que sa vie s'étiolait peu à peu. Cette sensation de satisfaction n'avait pas d'autre pareil et seul un vrai Strigoi pouvait savoir ce que ressentait Ekiel en cet instant précis. Une dernière gorgée et il cessait la purge avant qu'il ne soit trop tard. Il glissait quelques mots à l'oreille de la femme, qui à son réveil aurait tout oublié de cet incident. Il la déposait un peu plus loin et s'éloignait quand soudain, il sentait une présence. Il se tournait brusquement et son regard croisait celui d'un jeune homme. Depuis quand était-il là ? L'avait-il suivi ? Il essuyait d'un revers de main le sang qui coulait à la commissure de ses lèvres avant d'esquisser un sourire. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas été pris sur le fait. La partie devenait tout de suite plus intéressante à ses yeux.

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Jeu 3 Aoû - 18:23

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

-« Oh ça va, fait pas mine. On sait tous les deux que t’aimes ça. »

L’homme sortit de la salle de bain en reboutonnant ses habits tandis que Keshâ s’essuyait la cuisse avec un linge humide.
C’était le fils du contre-maître de l’atelier. Nul ne peut prétendre garder sa fraîcheur d’âme et son innocence et faire long feu dans les quartiers malfamés d’Epistopoli. Chacun y est remplaçable, en état de survie, y va de son petit arrangement pour surnager du bourbier et repousser l’échéance. C’est un brisoir où le rêveur est le distrayant infortuné. Il reboutonna à son tour sa chemise en prenant bien soin d’épaissir les plis de son foulard bleu marine pour cacher les rougeurs à son cou, avant de rassembler d’une main fébrile les quelques victuailles dans un sac de toile.

Du troc. Voilà ce que c’était. Tout simplement. Une relation transactionnelle contre un peu de quiétude. Il éloignait les marauds bagarreurs en les plaçant sur des postes plus difficiles à l’atelier, comme à la fonte de matériaux d’anciennes prothèses. Parfois, comme c’était le cas aujourd’hui, il lui donnait une belle pièce de viande et des fruits frais. Keshâ savait bien qu’il avait raison.

Il avait aimé. Pourtant, il ne l’aimait pas, lui. Il n’aimait pas la manière dont il le considérait, lui parlait ou lui faisait sentir son ascendant sur lui. Il ne le trouvait même pas beau. Mais il n’aimait pas non plus avoir faim ni se faire harceler ou dépouiller par ses ennemis. Cet homme le protégeait de cela, au moins partiellement. Il l’attirait dans son animalité. Sa manière de l’arracher par surprise à son travail, pour l’envoyer avec élan dans un cagibi et le soumettre à ses désirs le rallumait. A ce moment, il s’abandonnait totalement et se sentait vibrer d’énergie. Comment ne pas être accroc à cette intensité quand tout le reste paraissait fané autour de lui ?

De mornes fantômes sans visages arpentent les rues. Les perspectives, inexistantes, labourent les cœurs. Quant aux paroles vidées de leur sens, elles finissent par être tues. Le silence est le roi des habitants hagards qui s’enfoncent toujours plus bas sous le poids des bottes de la noblesse. Les sachants.
Mal à l’aise dans cet instant de transition, Keshâ se relève avec dignité et s’approche à pas mesurés vers la porte avant d’être arrêté :

« Bon, ben à la prochaine pti’cul ! Et continue à bien garder ta langue et à bosser dur. »

La pomme qu’il mastique consciencieusement a tout de même un goût amer d’enfermement. Pourtant c’est bien l’elixir du soleil qui passe dans sa gorge. Il est déjà bien tard dans la nuit quand il se promène le regard vide parmi les passants camés. Son radar intérieur ronronne dans sa routine, prêt à repérer un regard insistant ou un geste menaçant dans son dos. La blancheur nimbée de ses cheveux avance doucement au-dessus des pavés en défaut d’éclairage. Ces rues sont des coupe-gorges. Mais victime ou non, il est un enfant du quartier, ce qui le lui rend familier et lui accorde un statut de relative neutralité. Keshâ préfère cet espace ouvert à la pension où il sait que son butin de fruits lui sera immédiatement dérobé. Tout sera grignoté avant qu’il ne rentre.

Des pick-pockets tentent de détrousser un inconnu sous cape. Il changerait bien de trottoir s’ils n’étaient pas déjà distraits, au cas où une tranche de lard fumé les intéresse. On sait heureusement qu’il n’a jamais rien à voler. Le visage de l’inconnu apparaît soudain et l’orphelin marque sans s’en rendre compte un arrêt. Splendide obscurité de ce visage aux traits sculptés. Sa bouche n’est pas mordue par la dureté du mépris et ses yeux bleus transpercent l’âme de pureté. On devine tout de suite que tant de beauté n’a pas été souillé par les assauts d’Epistoli. Si fugace sur son passage, l’inconnu à la peau noire ne le laisse pas moins pantois, comme un rêve éveillé surgi dans la grisaille.

Son trognon tombe dans une rigole d’eau croupie alors qu’il se prend à bifurquer pour le suivre de loin comme une ombre au pas léger. Il se demande au fond où il va, pourquoi lui-même le suit, comme une distraction dans cet endroit qui n’en offre pas. C’est dangereux de se mêler des affaires des autres. Il le sait bien. Mais respirer est dangereux. Dormir est dangereux. Tout est dangereux, alors le dangereux devient un peu fadasse parfois dans son système d’alarme.

Il se demande d’abord s’il surprend un homme de la haute à s’encanailler dans un amour interdit pour tromper l’ennui. Quand il perçoit l’éclat des dents pointues, un mélange d’appréhension et d’incrédulité se dispute ses idées. Il a bien entendu parler des Strigois, source de certains fantasmes plutôt sales chez lui. Mais à ne jamais en voir, il doutait presque de leur existence réelle à Epistopoli. Le jeune homme devrait avoir le bon sens de tourner les talons discrètement, de retourner dans la masse fugitive.

Il s’approche à l’inverse en silence, sans un souffle, habité par une fascination sublime. Un soupçon de peur le traverse à l’idée que cette femme pourrait mourir. Quelque chose ne tourne pas rond dans son esprit, obnubilé par la pureté sculpturale des traits du Strigoi mêlée à sa pulsion agressive. Sa douceur, presque déplacée, mais tellement gracieuse. Il sent la chaleur lui monter aux joues.

A ce moment, il reçut la charge du regard frontal du prédateur, délaissant son repas. Son attention portée sur lui le fit vaciller, mais il ne cilla pas. A vrai dire, il n’aurait pas pu esquisser un mouvement s’il l’avait souhaité. Son esprit confus soudain braqué dans la lumière, il ne pouvait plus du tout réfléchir. Partir, rester, dire quelque chose ou prétendre être un fantôme comme tous les autres traçant leur chemin le dos rond ? Le statut quo était insoutenable.

A quelques mètres du corps, il finit par couler le regard sur la femme alanguie.
-« Elle est… morte ? » dit-il d’une voix peu sonore.
Avant même que le vampire ait pu produire la moindre contraction musculaire, Keshâ ajouta laconiquement.
« Je ne suis pas quelqu’un d’important. Je ne dirai rien à personne. »

Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mer 9 Aoû - 1:09, édité 1 fois

Dim 6 Aoû - 21:41

Qui chasse qui ? +18

Sourire aux lèvres, le Strigoi détaillait le jeune homme qui venait de le surprendre en plein repas. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne le laissait pas indifférent. Il était beau. Ses traits étaient fins et délicats, sa chevelure claire et ses yeux possédaient une couleur singulière magnifique. Il devait mesurer à vue de nez un bon mettre soixante-dix, mais ne semblait pas très charpenté. On ne pouvait pas tout avoir. Il contrastait entièrement avec Ekiel. Ce dernier restait figé à quelques pas du Strigoi, paraissant ne pas vouloir se résoudre à passer son chemin , malgré ce à quoi il venait d'assister. À l'observer plus en détail, ses vêtements n'étaient plus de première jeunesse et étaient bien élimés par endroit. Sans doute appartenait-il à une caste inférieure, comme Ekiel l'avait été jadis.
Voici que tout à coup, une voix s'élevait, le questionnant sur l'état de la femme, ajoutant qu'il ne dirait rien à personne. Pourquoi, s'inquiétait-il de son sort ? Il devrait plutôt penser à lui et à ce qui pourrait lui arriver. À moins que cela ne soit qu'un prétexte pour faire connaissance. Ekiel avançait d'un pas ou deux, gardant une distance de sécurité. Ses anciennes habitudes ne l'avaient jamais quitté et ici dans les bas fonds, elles revenaient au grand galop. Un bref coup d'œil sur son dîner et il revenait toiser Keshâ'rem.

" Elle vivra. Tous n'ont pas cette chance."

Le timbre de voix était doux et envoûtant.

"Je suis le premier. Le premier de mon genre que tu rencontres, n'est-ce pas ?"

Il penchait légèrement la tête sur le côté, passant la langue sur ses canines avant qu'elles ne se rétractent. Keshâ'rem restait immobile, comme fasciné. Le buveur de sang savait qu'intérieurement le jeune homme avait pensé à fuir dans un premier temps, mais n'avait pu s'y résoudre. Ce pouvoir naturel que possédait Ekiel sûr autrui, il s'en délectait. Grâce à sa nature, son magnétisme était tel qu'on ne pouvait lui échapper. Tout chez lui était fait pour plaire. Son apparence, le timbre de sa voix, sa façon de bouger, son grain de peau, jusqu'à son odeur. Quiconque pouvait susciter un réel intérêt pour lui, devenait une proie potentielle. Et c'était sans compter sur le pouvoir dont il pouvait faire usage, comme il venait si allégrement de le faire sur sa victime, qui s'était donné à lui sans un cri. La petite phrase qu'ajoutait le petit curieux tirait un petit rire au Strigoi.

" Si je le décide, tu ne diras effectivement rien. Plus rien."

Un long silence et il ajoutait.

" Tu m'as suivi, et voilà où nous en sommes. Tous deux dans cette ruelle sombre où deux choix s'offre à moi. T'éliminer ou bien me servir de toi comme je me suis servi d'elle."

Il se frottait une seconde le menton, réfléchissant à une autre option. Option qu'il avait envisagé depuis quelques minutes déjà.

" A moins que tu n'aies mieux à proposer. "

Ekiel lui donnait une chance, infime certes, mais une chance. Il n'avait pas envie de le tuer. Boire le sang de la fille avait étanché sa soif pour quelque temps. Et puis il fallait bien se l'avouer, éliminer un si beau minois serait du gâchis. Une petite voix lui murmurait qu'il y avait mieux à faire. Avec de la chance, l'individu pourrait lui être utile.

"Alors ? Que décides-tu ?"

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Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Ven 1 Sep - 20:54, édité 1 fois

Lun 7 Aoû - 1:37

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Le strigoi se dresse face à lui. Si Keshâ’rem n’a pas fui, c’est bien sûr car il est médusé par l’étendu des pouvoirs surnaturels de cette créature prédatrice. Et non en aucun cas car le garçon serait capable de pensées morbides avec une addiction coupable pour la contemplation de la douleur. Allons donc, Keshâ est majeur depuis longtemps. Si ses nerfs tremblent le long de sa cage thoracique et de ses reins, si un frémissement éclair remonte le long de son échine, c’est d’un mélange de désir teinté de frayeur à l'idée d'être assujetti à cette même douleur.

Il n’en croit pas ses yeux. Son regard l'englobe encore plus grandement que ses pupilles le laissent paraître lorsque le strigoi se confirme semeur de mort, nouvelle incommensurable, quand il a témoigné plus de douceur et d’attention à sa victime que beaucoup de ses amants envers lui.

A sa voix presque charnelle s’impose par addition la proximité physique du vampire, qui s’approche de lui avec une lenteur étudiée. De sa hauteur et ses vêtements raffinés, il pourrait sortir d’un conte imprimé dans un livre encore trop bien pour Keshâ, vêtu de ses immuables chemises blanches froissées et de son pantalon noir vieilli aux allures de pyjama.
-« Oui. » dit-il avec gravité, dans une syllabe qui lui coûte en souffle.

Les frontières de ses sens semblent brouillées autour de lui, perdues dans des brumes qui ne devaient rien au myste ou la malice. Tandis que ses yeux d’améthyste scrutent avec attention la langue du strigoi et le phénomène de rétractation de ses canines, son rythme cardiaque se fait irrégulier et rapide. Terrifié et brûlant.

" Si je le décide, tu ne diras effectivement rien. Plus rien."
Le strigoi le laissa suspendu a ses mots et à l’aridité du désert azuréen de ses yeux.

Survivre était une force souterraine impérieuse et inextinguible. Keshâ savait qu’il ferraillerait jusqu’au trépas pour s’en sortir. Mais une partie plus sombre de son être murmurait que succomber entre ses bras forts en humant son parfum serait une mort si douce. Si ouatée.

C’était à son tour de faire languir les mots. Tout en soutenant le regard du prédateur, il n’était pas provocation, juste ce qu’il faut de masque intimidé. La pudeur de la proie. Une goutte d’eau poisseuse sinue de la naissance de ses cheveux blancs sur sa nuque et commence à tracer un sillon salé dans son dos. Mais l’attaque ne vient pas. Le strigoi a d’autres plans.

Il ressemble à un élève recevant la leçon de son professeur, sage comme une image. Malheureusement, que peut bien offrir un jeune homme crasseux à un homme riche emprunt de pouvoir et de parfum capiteux ? Rien d’autre que son sang, apparemment.

Le charisme du chasseur pèse sur sa poitrine. Il a vaguement conscience devoir défendre son sort et tente de rassembler son courage en poussant sur sa voix pour la rendre plus audible.

-« Je peux sans doute vous être utile, de façon ou d’une autre selon qu’il vous est loisible. Je pourrais peut-être vous informer -je connais beaucoup de monde ici (quoi que ce ne soit pas forcément vrai)… Ou bien travailler pour vous… Je sais faire plusieurs choses utiles dans nos métiers... Monsieur. »

Alors qu’il lisait peu, le jeune homme espérait au moins avoir formulé sa réponse dans un langage qui paraisse éduqué. Pousser sa chance au bord du suicide serait double folie si le strigoi décidait de le drainer à blanc pour un manque de finesse verbale.

S’il devait périr ici, au moins ce serait une mort pleine de panache. Le mieux que l’on puisse espérer en tout cas lorsque l’on vivait au ban de la bonne société. Mieux qu’une vie d’usure, de renoncement, de vigilance constante à guetter le coup de poignard vicieux et gratuit. Mieux qu’une vie sans amour et sans satiété.

Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mer 9 Aoû - 1:10, édité 2 fois

Mar 8 Aoû - 22:23

Qui chasse qui ? +18

Si Ekiel n'avait pas pu s'élever dans la société, nul doute qu'il ressemblerait à ce jeune homme, à moins qu'il n'ait finis sous les coups de son géniteur bien avant d'atteindre l'âge adulte. Il suffisait d'un rien pour changer un destin. Un coup du sort, une opportunité, la bonne personne au bon moment. Un simple grain de sable dans l'engrenage du temps et de l'espace et bam, tout était chamboulé. Comme cette nuit.
Ni lui qui Keshâ ne semblaient destinés à se rencontrer et pourtant, ils se trouvaient l'un en présence de l'autre. Tout ça parce que l'individu aux yeux améthyste avait commis la folie de le suivre. Une folie qui pouvait causer son trépas, le temps d'un battement de cils.

Keshâ ne paraissait pas avoir peur du Strigoi et paraissait même fasciné par le suceur de sang. Une fascination qui en bien des cas pouvait se montrer morbide ou ressembler à une sorte d'addiction. Nombreux étaient ceux, qui étaient fascinés par ces humains à la longévité exceptionnelle. Beaucoup les enviaient et les jalousaient, mais vivre autant de temps pouvait être une bénédiction comme une malédiction. Pour Ekiel qui avait traversé des décennies, cela s'apparentait plutôt à une bénédiction. Il avait assisté à tant de chose, qu'il ne pouvait les conter toutes.

Cette nuit, une nouvelle page s'écrivait avec, pour acteurs, nos deux protagonistes. Tout à coup, le jeune homme prenait de l'assurance, affirmant avec aplomb qu'il connaissait du monde et qu'il pourrait lui être utile d'une façon ou d'un autre. C'était mignon de le voir ainsi tenter de sauver sa vie. Le Strigoi notait que Keshâ choisissait soigneusement ses mots pour lui plaire. Comme s'il souhaitait être à la hauteur de ce monsieur de la haute, verbalement parlant. Un effort louable, il fallait le souligner, mais inutile. Il ne s'était pas rendu dans les bas fonds pour se retrouver en présence d'autres comme lui. Non, il cherchait la simplicité et de personnes sans faux semblant.

“Avant de m'être utile à quoi que ce soit, il serait de bon ton de me donner ton nom. Je me nomme Reyes."

Il ne mentait pas puisque c'était son second prénom.

“Dis-moi. Y a-t-il un gourbi dans le coin dans lequel nous pourrions boire un verre et discuter ? Il va de soi que c'est moi qui régale. "

Le Strigoi se sentait d'humeur généreuse et avenante. De toute évidence, il était suffisamment rassasié pour proposer à Keshâ de poursuivre la discussion ailleurs que dans cette ruelle.

"Je suis de nature discrète et je passe inaperçu dans vos quartiers, me fondant dans la masse. Alors qu'est-ce qui a suscité chez toi de l'intérêt pour en venir à me suivre à travers les rues ? Je suis curieux de le savoir."

Le voici tout près de Keshâ, lui tournant autour tel le prédateur qu'il était. Allant jusqu'à passer une main d'une épaule à l'épaule, alors qu'il se trouve dans son dos, comme pour juger de la marchandise. Puis le voici face à lui. Le parfum envoutant et capiteux d'Ekiel venant frapper les narines de Keshâ. Maintenant qu'il se trouve si près, il peut voir à quel point ses pupilles sont azurées. Si bleu qu'on pourrait aisément s'y perdre.

"Tu sais que tu es à croquer. Et je ne parle pas simplement du fait de me nourrir. Bien que tu dois avoir un goût délicieux si j'en crois l'odeur de ta peau."

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Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Ven 1 Sep - 20:55, édité 1 fois

Mer 9 Aoû - 0:58

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Un point de non retour semble franchi. Non, il l’est depuis la seconde exacte où Keshâ s’est détourné de son trognon de pomme pour suivre l’inconnu dans la rue. Le strigoi lui a jeté son regard. Et il se rend compte seulement maintenant qu’il ne le laissera plus partir. Le sort en est jeté.
Plus que son apparence, c’est cette hauteur immuable, cette autorité à laquelle il se soumet. Reyes.
-« Je m’appelle Keshâ’rem. Mais tout le monde dit Keshâ. »

Étrange intimité que cette échange de prénoms dans une ruelle boueuse au dessus du corps de la victime assoupie de Reyes. Si Kesha’rem n’a jamais pris beaucoup le temps de songer aux implications de la vie des strigoi, il s’est déjà imaginé recevoir leur morsure implacable et voluptueuse. La perspective de tutoyer l’un d’entre eux le fait passer d’un quotidien insipide à ce qui ressemble pas mal au parfum de l’aventure.

Il hésite une seconde sur le nom du pub pour aller discuter. La perspective d’être invité est assez réjouissante et permettra aussi de digérer plus lentement ce qui vient de se passer.
« L’Aspharos est un pub dont on dit beaucoup de bien. C’est un endroit de jeu et de musique mais le bruit est acceptable. »
Keshâ ne pouvait décemment pas lui révéler qu’il avait le coup de foudre pour sa beauté vénéneuse, mais le voir apparaître au milieu des manants aux dentures déchaussées n’était pas vraiment passé inaperçu. Malgré sa discrétion et son pas léger, Reyes avait cette prestance épurée vibrante de noblesse.
-« Tu… Reyes… je veux dire vous êtes très habile pour vous fondre dans la masse. Mais je suis curieux et observateur. J’ai tout de suite senti que vous étiez différent. »

De là à penser qu’il avait suivi un homme suspect vêtu d’une cape commettre un crime en s’exposant à la mort pour espér le erséduire, il n’y avait qu’un pas. On sait bien ce qui préside à la pensée des garçons... A dire vrai, Keshâ lui-même ne savait sans doute pas lui-même quelle mouche l’avait piqué. Peut-être un cri de révolte contre la banalité.

Le drôle de tour de manège autour de lui donne le tournis. Cela fonctionne plutôt bien pour le déstabiliser d’une manière très différente à présent. Sa peau frémit du contact inattendu de ses doigts par-dessus ses vêtements. La décharge se propage dans son dos en un éclair. Son corps y répond d'un imperceptible mouvement vers l'avant, ce qui le surprend. Qu'il se sent quiche avec son sac de toile, sa tranche de lard et ses précieux fruits à la main.

"Tu sais que tu es à croquer. Et je ne parle pas simplement du fait de me nourrir. Bien que tu dois avoir un goût délicieux si j'en crois l'odeur de ta peau."

Bien que la réplique soit digne d’un de ces romans à l’eau de rose qu’il a pu tenter de déchiffrer en cachette dans une bibliothèque, elle est pleine de ses effets. Il n’est pas né de la dernière pluie, on lui en a promis de belles, il a marché, mais il a envie de tout envoyer paître et de foncer. Sa soirée ressemble à ses rêves mouillés, de ceux qui sont inavouables.
Sa langue essaye vaguement de bredouiller quelque chose. L’esprit n’a pas plus de succès.
-« D’accord ! Si on allait à l’Aspharos pour croquer, je veux dire pour trinquer !"

Lui qui s’imaginait déjà la proie du strigoi, visualise maintenant de ses propres mots le bel homme flairer l’odeur derrière son oreille et mordiller doucement son cou… Les regards étant plus évocateurs que tout autre chose, il finit par rompre et prendre l’initiative de marcher en direction du pub qui devait se trouvait à quelques minutes de marche, étourdi par ce feu allumé en lui.

Mar 15 Aoû - 22:35

Qui chasse qui ? +18

Le prédateur s'amusait énormément de la situation, la trouvant un rien excitante. Il se demandait si son interlocuteur ressentait la même chose. Sans doute que oui, sinon il n'aurait pris les jambes à son cou depuis un moment déjà. Keshâ'rem avait un, je ne sais quoi qui plaisait au Strigoi, au point de vouloir poursuivre leur échange. En temps normal, il aurait fait en sorte que le jeune homme oublie ce qu'il venait de voir, mais là, il voulait pousser plus avant, allez donc savoir pourquoi.

"Keshâ'rem."

Répété d'une façon suave et sucrée. L'invitation n'était qu'un prétexte. En d'autres circonstances, il n'aurait jamais eu lieu. Il fallait se l'avouer, le Strigoi n'était pas du genre à invité le premier venu. Il se trouvait dans une faction autre que la sienne, alors pourquoi ne pas tenter la chose pour un soir.
Voici que Keshâ se trouvait un rien déconvenue quant à la proposition d'aller boire un verre. Très vite pourtant, il proposait un pub, qui selon lui avait une bonne réputation. Une bonne réputation pour les gens de son état. Quand serait-il s'il venait à mettre les pieds dans un établissement de la haute ? Un choc certainement, mais point n'était la question.
Le Strigoi écoutait les paroles de Keshâ et haussait le sourcil à l'évocation d'être différent. Une question se posait. Les vêtements qu'ils portaient qui l'avaient-ils trahi ? Ces derniers étaient de facture ordinaire, mais peut-être un peu trop neuf pour trainer ici.

"Curieux, je le constate. Quant à l'observation, c'est une qualité non négligeable lorsque l'on vit dans la basse ville. Cela doit-être utile dans bien des cas."

Ekiel avait senti le jeune homme frémir sous ses doigts et cela lui avait procuté du plaisir. Une réaction pareille n'était pas dû à la peur. Éprouvait-il une attirance pour sa personne ?

"Dis-moi Keshâ. J'ai l'impression que tu serais prêt à me suivre jusqu'au bout de Uhr. Je me trompe ? Mais allons donc croquer un morceau. Je te suis."

Le Strigoi emboitait le pas à Keshâ, le plus simplement du monde, avant de cheminer à ses côtés, comme deux compères le feraient. Il ne leur fallait pas longtemps pour parvenir à l'Aspharos. L'endroit était miteux comparé aux établissements qu'Ekiel fréquentait, mais il s'en moquait. Des endroits comme celui-ci, jadis, il en avait fréquenté pas mal. Malgré l'heure tardive, le lieu était bondé. Quelques regards se posaient sur eux, sans plus. Des clients comme les autres en somme. Dégoté une table ne serait pas une mince affaire, mais quelques astras glissés au maitre des lieux discrètement, suivis que quelques mots et voici que soudainement une table leur était proposée et nettoyé à la hâte.

"Deux pintes de ta meilleure bière et apporte-nous de quoi manger."

Ce n'était pas pour lui, mais pour Keshâ, qui ne devait pas manger tous les jours à sa faim. Ni une ni deux, le tenancier s'exécutait rapidement. À présent installés, Ekiel se calait au dossier de sa chaise et allongeait ses jambes sous la table.

"Alors, parle-moi un peu de toi ? "

Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Ven 1 Sep - 20:55, édité 1 fois

Jeu 17 Aoû - 6:26

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Une part de lui le trouvait agaçant. On voyait bien que Reyes ne doutait de rien. Il avait la beauté, la richesse et même un bout d’éternité en tant que strigoi. Des femmes, des hommes, il en ramasse à la pelle. Keshâ’rem ne se fait aucune illusion à ce sujet. Enfin, peut-être pas des garçons aux yeux lavandes. Il a au moins ça pour lui qu’il ne parvenait pas à ne pas aimer. Et en même temps il aimait le trouver agaçant. Il contredisait de toute façon rarement ses amants. Il aimait bien ne pas avoir les commandes, au fond.
-« J’aimerais bien avoir d’autres armes que celle de l’esprit, que ce soit par la taille ou par mon caractère. Ou tout simplement, ne pas avoir besoin de m’en servir… »
Un brin de lassitude dans un souffle. Un instant le soufflet de la séduction retombe de son côté, pour laisser planer le voile de l’âpreté de sa condition d’éternel survivant dans de pauvres conditions.
-« Est-ce si difficile à deviner ? A peu de choses, il se pourrait que la réponse soit oui. Je n’irai peut-être pas me perdre à Opale, mais si je pouvais passer les postes de contrôle, j’irai bien plus au nord vers Xandrie. »
Éclat de pure franchise qu’il pourrait regretter. S’il savait à quel point il serait délicat pour Reyes d’être percé à jour, peut-être se serait-il abstenu. S’il possède un quelconque destin, celui-ci devra passer à travers Xandrie pour retourner à Dain. Il suspecte bien l’origine Xandrienne de Reyes, pour y avoir séjourné avec sa famille et en reconnaître certains accents chez le strigoi, mais ne voulait pas spécialement y faire référence.

A travers les rues sordides, il savoure l’incongruité d’être suivi par un strigoi, de son plein gré. Il faut dire qu’il est absolument canon. Apparemment, ce jugement semble réciproque, même si Keshâ n’a jamais vraiment comprit ce que l’on pouvait trouver de désirable à son corps. Pour lui Reyes est un 10 sur 10. Non, même plutôt un 11. Et lui ? Quoi ? Un petit 5 ? Trêve ! Il veut bien taire ses objections et son auto-sabotage pour profiter du temps offert en si charmante compagnie.

L’Aspharos. Un peu un taudit, mais en même temps, un taudis de velours et de cuivrerie. Une antre interdite où Keshâ n’a jamais vraiment pu pénétrer faute de quelque sou à y dépenser. Ses maigres écus, il les collecte et les entasse en secret pour le jour où il trouvera le courage de s’équiper pour traverser Urh en sens inverse, une fin savamment remise aux calendes Epistotes.

C’est fou, comme tous les problèmes s’évanouissent face à l’argent. En deux minutes, les voilà assis, ans transition et Reyes leur commande ce qu’il convient pour lui d’appeler un banquet. Un repas chaud et complet. Lui qui n’a pas l’habitude de boire de l’alcool est prêt à prendre le risque de se saouler pour faire honneur.
-« Merci de m’inviter. C’est très apprécié. » souligne-t-il avec dignité.

Le plat fumant posé devant lui, il se fige, sentant son estomac bondir en lieu et place de son cœur et ses yeux s’illuminer et baver derrière le masque marbré de son visage de craie.
"Alors, parle-moi un peu de toi ? "
La question se répercute dans ses pensées. Il a déjà saisi sa fourchette en prenant de force une attitude mesurée face à son assiette. Il doit se contenir pour ne pas la fixer et tout dévorer sur le champs. Après avoir mâchonné une ou deux bouchées en réfléchissant, il se dit que finalement, il y av ben peu de choses à dire sur son compte. S’il le lui disait de but en blanc, il y avait un risque que Reyes se lève et le laisse en plan. Ce qu’il ne souhaite pas du tout, non, non non ! Il se doit d’enjoliver un peu, hein ?

-"Reyes, je ne sais pas trop ce que tu voudrais savoir." murmure-t-il d'un air ingénu. "Je vie une existence assez semblable à celle de toutes les personnes des quartiers populaires. Je vis de petits emplois précaires, j’essaye de garder espoir. J’ai pour moi quelques petites habileté manuelles, j’aime beaucoup apprendre, mais n’en ai pas vraiment les moyens…"
Son appétit ne faisait qu’enfler depuis la dernière bouchée, il s’autorisa à arracher son regard des lèvres charnues de Reyes, pour amasser une petite fournée dans son assiette et la mastiquer.
"Ma famille était faite d’aventuriers. Il ne reste plus personne à part moi. Je crois que ce que je voudrais vraiment, c’est leur ressembler. Mais en même temps je suis coincé ici et je n’ai pas vraiment le courage d’agir. »
Une gorgée de bière acheva de le mettre à l’aise dans la moiteur de l’Aspharos, le rose lui revint aux joues pour animer ses traits d’un éclat de vitalité renforcé.

"Certains ne sont juste pas fait pour briller. Par contre… j’aime assez l’obscurité, à ma façon. »
Son regard tamponna celui de Reyes pour refléter son azur, sa main vint légèrement effleurer la sienne nonchalamment. Il était la prudence incarnée dans les travées escarpées et les ruelles enténébrées, mais se savaient délibérément imprudents dans les jeux de dragues et de perversité. On ne pouvait pas dire qu’il débordait d’assurance, étant empreint de cette part de maladresse qui confinait à une forme d’art, laissant toute la part d’initiative conquérante au strigoi. Car c'était bien cela qu'aimaient les dominants, quelqu'un sur qui exprimer leurs instincts.
-« En fin de compte, je crois qu’on sait tous les deux que ce n’est pas mon histoire qui t’intéresse le plus… Mais toi, as-tu envie de lever un peu le voile sur tes occupations ? Je pense que tu ne voudras pas tout me dire. Mais, sans mentir il y a bien quelque chose que tu puisses partager pour satisfaire mon envie."

Sam 26 Aoû - 19:42

Qui chasse qui ? +18

Il est vrai que dans une certaine mesure Ekiel pouvait être agaçant. Pas dans sa façon d'être, mais grâce à sa race et de ce que dame nature lui avait donné. Car il fallait bien le reconnaître, tout le monde ne recevait pas les mêmes atouts à la naissance. Il avait eu la chance de naître Strigoi avec tout ce que cela comporte comme avantages. Parce que oui, il se savait privilégié. Les avantages reçus lui avaient servi de nombreuses fois, pourtant il n'en abusait pas outre mesure. Alors oui, au cours de sa vie, si longue soit-elle, il avait eu et aurait des amants et des amantes, parfois les deux de concerts, mais jamais, il n'avait jugé bon de se fixer avec une personne en particulier. Pourquoi faire ? Pour se voir aimé, puis haït lorsque cette dernière vieillirait et pas lui.

Il écoutait les réponses de Keshâ attentivement comme s'il s'agissait d'un haut dignitaire ou d'un noble. Il avait toujours eu cette faculté à mettre tout le monde à l'aise quel que soit leur rang, et cela, depuis sa plus tendre enfance. Et aujourd'hui encore, malgré ses hautes fonctions, il ne dénigrait pas ceux ou celle en face de lui. Il prenait le temps de parlementer avec eux, peu importe leur statut. On lui avait souvent reproché de ne pas mettre de barrières entre lui et ceux d'en bas. Il se voulait accessible pour tous et dernièrement cela lui avait coûté cher, très cher, puisque désormais, il usait d'une prothèse haut de gamme en guise d'avant-bras.

" D'autres armes que celle de l'esprit ? Avoir de l'esprit n'est pas donné à tout le monde et peu savent en user à des fins utiles. Tu m'as tout l'air du genre dégourdi et très débrouillard. Je dirais que tu te situes au-dessus du panier de la populace qui est présente ici . Quant à avoir une arme, une vraie, je suis certain que tu sais où t'en procurer une à moindres frais. Si ça se trouve, tu as les capacités de la fabriquer par toi-même, mais il t'en manque peut-être les moyens en ce qui concerne la matière première. Pourtant, il n'est pas rare de voir des vendeurs aux coins des rues qui proposent des armes fabriquées par leur soin. Avoir une arme quand on vit ici est nécessaire, pour ne pas dire primordiale. "

Le Strigoi notait le soufflement comme si le jeune homme voulait voir sa vie changer un beau jour. Comme s'il aspirait à autre chose, ailleurs. La suite lui prouvait qu'il avait raison puisqu'il avouait que suivre le Strigoi ne serait pas bien difficile. Ce qui attirait un sourire en coin sur les lèvres d'Ekiel. Opale était prononcée et le regard du prédateur se faisait plus sombre tout à coup, comme si ce mot représentait pour lui, la pire des factions.

" Opale et sa décadence sans demi-mesure. Je n'y vais que par nécessité et encore à reculons. Mais certaines obligations l'imposent, hélas. Xandrie n'est pas un Eldorado comme beaucoup le pensent, mais il est tout à fait possible d'y prendre un nouveau départ et de changer de vie. Comme tu dois t'en douter, je viens de là-bas, bien que mon accent ne soit pas si prononcé que ceux natifs de cette faction."

Ils marchaient sans se soucier dès qu’en-dira-t-on ou des regards qu'on pouvait poser sur eux. En fait, ils semblaient seuls ou monde. À bien le regarder, le garçon n'était pas mal du tout, avec un petit truc en plus qui faisait qu'on aurait bien envie d'y goûter, sans parler de manger. Peut-être se laisserait-il tenter, qui sait ? La suite des événements le dirait.

Alors oui, la taverne était un taudis, mais dans ce qui se fait de haute-gamme. Les cuivres, des tentures, des alcôves, cela ressemblait plus à un bordel qu'autre chose. Mais un charmant bordel, si on peut dire. Les victuailles servies, Ekiel notait rapidement la façon dont Keshâ les regardait. Nul doute qu'il ne devait pas manger à sa faim chaque jour. Ce soir au moins, il se remplirait le ventre. Une journée de plus les bas fonds est toujours un jour de gagner à vivre.

" Ne me remercie pas. Je ne nous voyais pas venir ici et ne rien commander. On nous aurait mis dehors en un rien de temps. Et puis autant se fondre dans la masse et faire comme tout le monde afin de ne pas attirer l'attention outre mesure. Mange, ne te prive pas. Quand nous en aurons fini, tu repartiras avec un baluchon de victuailles et peut-être plus. "

Voici que comme demandé, Keshâ commençait à lui parler de lui, lui narrant sa vie. Certes pas folichonne, comme tous ceux qui vivaient ici, mais au moins, il s'en sortait plus ou moins bien en effectuant des petits boulots comme il disait si bien. Des petits boulots qu'Ekiel imaginait très bien pour avoir eu une vie similaire autrefois. Une vie de misère, de dur labeur et pour quoi ? À peine quelques astras pour subsister.

" Tu es habile de tes mains et tu aimes apprendre. Voilà qui est intéressant. Sais-tu lire et écrire ? Auquel cas, il se peut que je loue tes services un jour prochain. Avoir des contacts dans les quartiers populaires est toujours utile et puis ça te permettrait de gagner quelques astras. Je suis plutôt généreux quand les informations récoltées sont bonnes et intéressantes, sache-le."

Keshâ se livrait un peu plus entre deux bouchées, parlant de sa famille disparue et dont il était le dernier de la lignée. Il avouait aimer leur ressembler, mais tant qu'il serait ici cela ne serait pas possible. En fin de compte, il ne lui fallait qu'une opportunité, comme lui en avait eut une, un jour.
Il mentionnait la lumière, mais avouait préférer l'obscurité à sa façon et le Strigoi eut un léger rire.
Une gorgée de bière et Ekiel reposait sa pinte sur la table dans un bruit sec.

" Je vois. L'obscurité qu'est la mienne est somme toute bien particulière. "

Son attitude, sa gestuelle, tout laissait à penser que le Strigoi était ouvert à toutes démarches de séduction, mais qu'il ne ferait clairement pas le premier pas. Pas ce soir du moins. Il voulait voir, jusqu'où pouvait aller l'humain. Voir s'il aurait l'audace de tenter de se rapprocher de l'interdit et du danger et si oui dans quelle mesure. Voici que leurs regards respectifs s'accrochaient et que des doigts rugueux venaient effleurer la main d'Ekiel. Main qu'il ne retirait pas, comme pour le mettre au défi d'aller plus avant dans son approche de séduction. Provocateur, le Strigoi se penchait au-dessus de la table, sourire en coin et lançait de but en blanc.

" Allons, c'est tout ce dont tu es capable ? Je te pensais plus audacieux, Keshâ. "

Et comme pour le tenter, une main glissée sous la table venait se glisser entre ses jambes, tandis que la discussion se poursuivait comme si de rien était.

" Mes occupations m'ont amené à Epistopoli pour affaires. Des affaires délicates, mais pleines de promesses. Si elles aboutissent, elles amèneront du changement en Xandrie. Comme tu t'en doutes déjà, je ne suis pas des bas quartiers, j'évolue dans d'autres sphères, mais je n'en oublie pas pour autant d'où je viens. Avant, j'étais comme toi, mais depuis tout à changer. Changer au point que si je le désirais, tu verrais ta vie changée également. As-tu seulement envisagé un jour que cela soit possible, Keshâ ?"

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Lun 28 Aoû - 17:51

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Était-ce une impression trompeuse ou Reyes était animé de bonnes intentions envers lui ? En tout cas, Keshâ’rem ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu en confiance. Il le flattait un peu, c’est ce qu’il pensait car Keshâ ne se voyait pas si débrouillard et son discours sur la nécessité de porter une arme le convainquit d’être incapable. S’en procurer une serait une chose mais il se sentirait si incongru en la pointant 'sur quelqu'un. Pire, il lui paraissait insurmontable de s’en servir pour ôter une vie.

-« Tu te fais une haute idée de moi. Mais c’est vrai qu’il faut être adaptable pour survivre ici. »
En voyant sa réaction à l’évocation d’Opale, Keshâ fut surpris, comme Epistopolis est une cité alliée. Mais tout fit sens quand Reyes confirma sa faction d’origine. Un oiseau bien exotique et voyageur que voilà. A part des contrebandiers, il en voyait bien peu qui aient une connaissance de première main aussi étendue du monde.
-« Je n’ai jamais fréquenté de Xandrien", si tu vois ce qu’il veut dire, avec ce léger sourire.
« En tout cas, j’espère que tu te sens plus à ton aise à Epistopoli. »

Dans l’Aspharos, Keshâ ne se faisait en effet par prier pour savourer le repas généreux qui lui était offert. Il mangeait souvent froid et de manière spartiate. Un plat chaud servi à table et de la bière, c’était bombance ! A priori, Reyes pouvait se permettre sans problème une telle générosité, il avait l’air de ne pas trop s’attacher à la matière, mais en même temps, il restait difficile de ne pas imaginer devoir quelque chose en échange d'un cadeau dans des quartiers où l'altruisme fait figure de mythologie et ou le moindre service appelle un double retour d'ascenceur. Se pouvait-il que le geste soit purement désintéressé ? Certes, il le trouvait mignon, et voulait peut-être son sang avant de le passer à la casserole, mais un acte gratuit, c’était difficile à intégrer pour son système nerveux. Certains avaient pu l’inviter ainsi, mais son hôte ne lui faisait pas sentir le poids sous-entendu de sa dette. Recevoir était ainsi une expérience nouvelle, ce en quoi Reyes l’intriguait d’autant plus.

-« C’est vraiment grand prince. Comme quoi, je ne suis peut-être pas fou de t’avoir suivi. »
Malgré lui, la douce chaleur de la satiété se distillait dans ses extrémités et un vent de bien-être émoussait un peu les angles de sa vigilance. Depuis quand n’avait-il pas respiré librement en se laissant aller contre un dossier confortable ? Il paraissait si moelleux, ses épaules s’abaissaient imperceptiblement avec toute la tension dans son cou qu’il ne savait même pas avoir accumulé. Grand soupir.

Mais voilà que Reyes, tout à le complimenter, mit le doigt directement là où ça faisait mal. Sur sa plus grande honte. Une douce amertume quand il lui proposait dans la même phrase une main tendue et l’opportunité d’adoucir son quotidien par un travail moins harassant et peut-être même plus motivant. Ses yeux se baissèrent sur son assiette, laissant glisser une mèche de cheveux sur son profil comme pour tenter de le dérober à la vue, tandis que ses mains tenaient fixement ses couverts de part et d’autre de son plat.

-« Non… Je ne sais pas lire ni écrire. Enfin, un peu. Pas complètement. J’ai oublié. »
A vrai dire, il avait su, mais son éducation s’était faite nomade et pas forcément dans l’ordre habituel. Interrompue abruptement à ses 12 ans pour ne laisser place qu’à la survie immédiate, tout avait rouillé dans son esprit. Plus tard, sur l’étal d’un bouquiniste, il s’était découvert une étrange affinité pour les entrelacs en langue ancienne d’un manuscrit de l’église rédigé en pré-urhois. Mais son agilité avec les caractères de la langue commune n’était pas complète.
-« Je sais déchiffrer… mais je serais heureux de prendre des missions. »

La brèche dans son émotion ne lui donnait pas envie de s’attarder trop longtemps dessus. C’était la faim, une beaucoup plus charnelle et obscène que celle de l’estomac qui l’avait attiré vers le strigoi aux dents tranchantes. Et non pas sa débrouillardise, son esprit ou son analphabétisme. Il s’ouvrit tout à coup avec beaucoup plus d’insolence et un regard frontal vers Reyes avec des intentions sans ambiguité sur la suite du repas. Immobile, il ressentit un tressaillement lorsque sa main pleine vint englober son sexe et ses bourses avec une pression délicieuse. Une chaleur intense tordit sa poitrine alors qu’il écoutait Reyes parlait travail. Il leur inventait une familiarité de part leurs origines modestes et, quoi ? Lui proposait de révolutionner sa vie. De tout ce charabia, Keshâ braquait surtout son regard velouté, buvant la caresse licencieuse sur son corps, tout en laissant son autre main promener très lentement à l’intérieur de la cuisse de Reyes.

Il ne pouvait pas croire qu’il fut possible de sortir de la misère si facilement. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Si c’était vrai, il ne pouvait pas prendre le risque de se montrer cassant et de rejeter une proposition. Tant que rien n’était tangible, il ne se ferait pas d’espoirs. Rester ouvert était le mieux qu’il saurait faire. « On verra bien quand on y sera » se dit-il en compromis cynique.
-« Les promesses de ces affaires m’ont l’air réjouissantes » dit-il en soutenant un double discours alors que son caleçon prenait de l’expansion.

« Epistopoli et Xandrie ont besoin de mains puissantes pour manier les situations délicates… cela doit demander de la poigne et de l’autorité.» joua-t-il, tout en étant impressionné par le récit de cet inconnu, dont il peinait à prendre la mesure de la stature internationale, mais il décida de sauter à pied joint dans le jeu.
-« Nous allons avoir un gros problème. » Ses battements de cœurs grimpaient et son souffle se contenait encore, tandis qu’il osait enfin une main inquisitrice pour retourner une exploration grivoise sur les formes de Reyes, déjà en pleine possession de son intimité. « Non, deux, en réalité. »

Des regards réprobateurs glissèrent furtivement sur eux, mais tous les trafics étaient permis dans la basse-cité et l’on pouvait bien passer quelque déviance homosexuelle affichée en public à un client fortuné. Keshâ se fichait des remarques, bien plus accaparé par ses sensations vivifiantes et aussi la proposition, il faut le dire, déstabilisante de Reyes.
« Non. Je crois que je me suis toujours interdit de penser à ce genre de changement. Pour me protéger. Ne pas être déçu. Car cela paraît fou. Je ne sais pas si tu es un beau-parleur, car tu sais parler, mais d’une manière ou d’une autre, avec toi, j’espère ne pas être déçu ». argua-t-il en ajoutant une pression sans équivoque sur les organes de Reyes qu’il enserrait légèrement entre ses doigts.
Son plat bien qu’alléchant était mystérieusement passé au second plan…

Mar 29 Aoû - 18:50

Qui chasse qui ?+18

Ekiel exerçait une lente caresse sensuelle qui n'avait que pour but, d'exciter le jeune homme et ce qu'il sentait dans sa paume, ne faisait que le conforter dans son choix de ne pas l'avoir tué sur le champ alors qu'il avait été découvert en plein festin.

" Je ne pense pas me tromper. Vivre dans les bas quartiers demande une certaine habileté et de la débrouillardise. Peu survivent dans de telles conditions. Seuls les plus forts s'en sorte, à moins d'avoir quelques protecteurs bien entendu, dans ce cas, la donne est changée. "

Le Strigoi accentuait sa caresse, comme si de rien était, et buvait une gorgée de bière de son autre main.

" Jamais de Xandrien. Oh, je vois, ça sera une première fois, si je puis dire. Les premières fois sont toujours plus exquises et excitantes. N'es-tu pas de mon avis ?"

Il se passait la langue sur les lèvres d'un air gourmand, son regard plongé dans les mirettes lavande de Keshâ.

" Tu sais que certains tueraient pour avoir des yeux d'une telle couleur. Ce n'est vraiment pas commun. Cela doit te permettre d'attirer bon nombre de conquêtes dans ton lit, sans compter ce que je sens sous mes doigts. Il semblerait que dame nature ait été généreuse avec toi de ce côté aussi. "

Ekiel délaissait alors subitement le service trois pièces de Keshâ pour reprendre une posture plus descente. Devenir le centre d'attraction de la taverne, même l'espace de quelques minutes ne lui plaisait pas. Il répondait alors franchement sur le fait d'être à Epistopoli.

" À mon aise, je le suis où que j'aille. Je n'ai aucun mal à m'adapter à mon environnement. Et puis cette cité est fascinante sous bien des aspects. "

Une œillade en coin qui en disait long.

" La technologie qui est ici est incroyable, je ne m'en lasse pas. Découvrant chaque jour de nouvelles prouesses plus incroyables les unes que les autres. Mais je ne t'apprends rien, puisque tu vis ici. Cela fait partie de ton quotidien. Bien sûr, il y a certains lieux où tu n'as pas accès comme la haute-cité, mais j'espère qu'un jour ton statut s'améliora suffisamment pour que tu puisses en jouir."

Ekiel le regardait engouffrer le repas. Il était évident qu'il n'avait pas mangé à sa faim depuis quelques jours. Un plat chaud, mangé autour d'une table avec une bonne bière et une compagnie pour le moins charmante. Voilà qui devait changer le quotidien de Keshâ. L'homme le remerciait à sa façon pour le fait de pouvoir repartir par la suite avec suffisamment de nourriture et Ekiel avait un geste de la main nonchalant. À l'évocation de ne pas être fou de l'avoir finalement suivi, le Strigoi eut un léger rire.

" Et moi, peut-être pas si fou de t'avoir proposé de croquer un morceau. Disons que cela nous plaît à tous deux. Détends-toi, personne ne te jettera dehors tant que je serai avec toi. Alors prends tes aises et laisse-toi aller. Mange, boit et après, nous aviserons."

La conversation se poursuivait et Ekiel apprenait que Keshâ ne savait pas lire ni écrire, enfin si un peu. Qu'il avait oublié. Oublier, comment pouvait-on oublier ? Sans doute, cela était-il dû au manque de pratique et du peu de manuel qu'il avait du avoir entre ces mains. Une lacune ennuyeuse en soi, mais pas insurmontable.

" Je vois. Navré de t'avoir ramené à de douloureux souvenirs. Te plairait-il de combler tes lacunes en la matière ? Si oui, je pourrais y pouvoir, puisque tu sembles vouloir accepter les missions que je pourrais te confier."

Voici que tout à coup, une main glissait sur la jambe du Strigoi, s'enhardissant, remontant doucement jusqu'à son entre-jambe avant de saisir l'objet de sa quête. Il osait enfin. Comme quoi, il n'avait pas fallu grand-chose.

" Deux gros problèmes en effet et je pense qu'il va falloir trouver une solution pour arranger ça dans les plus brefs délais. Quant à ne pas être déçu, il n'y a qu'une façon de le savoir. Suis-moi d'ici quelques minutes. " »

Ekiel quittait la table et s'avançait jusqu'au comptoir, glissant quelques mots au tenancier qui lui indiquait l'étage et raflait quelques astras au passage en échange d'une clé. Sans un regard, Ekiel se dirigeait vers le palier supérieur, savant pertinemment que Keshâ le rejoindrait. Il arpentait un couloir miteux sans croiser âme qui vivent et arrivait devant la porte indiquée par le gérant. Il glissait la clé dans la serrure et découvrait une chambre sordide, meublée d'un lit et d'un fauteuil. Le lit avait au moins le mérite d'avoir des draps propres. Une petite lucarne donnait sur la rue. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le confort était sommaire. Mais peu importait le confort compte tenu de ce qu'Ekiel voulait faire. Il ne manquait qu'un seul protagoniste à présent...

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Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Ven 1 Sep - 20:56, édité 1 fois

Ven 1 Sep - 4:28

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Le freluquet sans confiance s’effaçait peu à peu derrière une créature avide de sensations. C’est fou comme on peut partir loin avec un inconnu sur lequel on ne se serait peut-être même pas retourné dans la rue si on avait été un peu plus mal luné.

-« Absolument. Je réalise maintenant à quel point cela manquait à ma vie de connaître des amoures xandriennes. »
Ces caresses lubriques prodiguées en publique l’allumaient doublement, comme si la décadence et le risque ajoutaient un piment indispensable à la séduction, saupoudrée d’un grain d’impatience frustrée de ne pouvoir aller plus loin tout de suite. C’était « sale ». Et il aimait cela.

-« Une certaine fille a déjà essayé de me tuer pour ces yeux. C’est naturel, les cheveux aussi, je te promets. Même si je n’ai pas d’explications scientifiques. »

Pour ce qui était de l’évocation supposée du nombre de conquêtes, Keshâ le laissa intentionnellement à sa discrétion, appuya un regard entendu, tout en donnant l’impression frissonner de plaisir à son compliment sur la partie de son anatomie tenue par son bras possesseur. Son bassin bougeait doucement pour accueillir les attouchements interdits.
-« J’espère que Dame nature s’est aussi penchée sur ton berceau. Je suis assez insatiable.»

Reyes brisa soudain le contact et laissa Keshâ échaudé. Insatisfait de cet échange neutre et séant, il ne put que se redresser pareillement. Une main accueillant son menton, le visage penché de biais vers Reyes, il cueillait les quelques signes de séduction que le strigoi laissait filtrer. Oui, la technologie d’Epistopolis est stupéfiante, nous savons, les étrangers sont toujours ébahis. Mais ce chapitre ne peut plus le contenter avec le drapeau levé à présent qu’il à goûté à l’excitation de tes doigts.
-« Je verrai bien. Après tout, il existe une grande loterie nationale. »

Il mangeait, il mangeait. Raisonnablement. S’ils devaient faire des galipettes, il préférait ne pas se sentir comme une enclume, quitte à repartir avec quelques provisions. Cela n’aurait rien d’infamant pour un homme de sa condition.
-« Je… je serai plus qu’heureux de pouvoir remédier à mon ignorance. Il n’y a que ceux qui savent lire pour dire que c’est inutile. Mais comment t’y prendras-tu ? Tu dois être un homme très sollicité. Comment conçois-tu les choses ? Quels types de missions pourrais-tu me donner et comment m’en informeras-tu ? Je ne sais pas où te trouver. Mon domicile n’est pas une adresse fiable non plus. »

Bien entendu, ces promesses ne tenaient à rien dans le présent. Reyes avait l’air d’être un homme plus droit que la moyenne. Cela n’empêchait pas que si leur partie de jambes en l’air se passait mal, ou qu’il ne trouvait plus Keshâ si agile ou malin au terme de la discussion, son ascendant social suffirait à balayer tout ce qui avait été mis sur la table d’un revers de main. Cela restait le revers de la médaille quand on côtoyait quelqu’un de plus puissant que soi, la relation restait verticale qu’on le veuille ou non. Ici, l’écart était démentiel. Il avait beaucoup à gagner. Beaucoup à perdre aussi s’il en espérait trop d’une relation asymétrique, si bienveillante soit-elle.

Enfin, une chose à la fois. Et il allait pouvoir s’attaquer à une situation concrète. Reyes venait de se lever avec empressement pour préparer leur petit nid d’amour. Il y avait des avantages à vivre dans l’aisance financière. A chaque problème une solution. Ils n’auraient pas à s’acoquiner dans une ruelle les fesses à l’air. Quoique, ça aurait pu être amusant, mais ça sentait un peu le réchauffé.

Il eut du mal à patienter le temps nécessaire, jetant un regard circulaire à la ronde sur l’assemblée de soulards. Une longue lampée de bière vint lui donner un semblant d’ivresse pour se mettre d’humeur joyeuse. Sur quoi, il abandonna à regret les restes abondants du repas.

Les marches grimpées sans un bruit, il se faufila en catimini dans la chambre réservée par Reyes. Même lui pouvait constater que ce n’était pas un palace. Ça irait. Pour lui, le simple fait d’avoir une réelle intimité pour se masturber ou de pouvoir dormir en sécurité était un gage de sérénité. Alors être enfermé avec un étalon noir assoiffé de vices et de promesses ne pouvait que le combler.

Il prit possession de la chambre en frôlant Reyes et en laissant sa main courir de son épaule à sa hanche avant de le dépasser.
-« Cette piaule est un vrai paradis, pas vrai ? Du moins, on va faire en sorte qu’elle le soit ! »
Se retournant avec une langueur délibérée, Keshâ avait déjà fait sauter quelques boutons de sa chemise pour dévoiler une peau d’albâtre.
-« Attend-moi, Reyes, je ne serai pas long. Je préfère vraiment prendre une douche avant. »

Si le mobilier était d’un goût douteux et sans fioritures, il avait tout de suite remarqué la porte bancale sur ses gonds au fond de la pièce. Il portait encore l’odeur d’un autre homme sur son corps et n’avait pu faire qu’une toilette sommaire après sa transaction avec Alban, le fils du contremaître. Pas question de laisser cet amant qui le séduisait vraiment s’approprier son corps dans ces conditions. Son hygiène et son parfum floral devait être irréprochable. Il s’évapora ainsi dix petites minutes derrière le loquet dans la minuscule salle de bain, rapidement embuée comme un sauna Dainsbourgeois.

Quand il se découpa dans l’entrebâillement de la porte, il était couvert d’une serviette enroulée à la taille avec la nudité pour seul appareil. Ses cheveux mouillés gouttaient sur son visage et son torse, offrant un corps mince, de musculature sèche dépourvu de toute graisse excédentaire. Il s’approcha lentement de Reyes qui paraissait beaucoup plus solide que lui et enroula ses bras autour de sa taille pour lui offrir ses lèvres.

Ven 1 Sep - 19:22

Qui chasse qui ? + 18

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Sam 2 Sep - 5:44

Sam 2 Sep - 10:36

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Lun 4 Sep - 16:52

Lun 4 Sep - 20:56

Qui chasse qui ? +18

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Dernière édition par Ekiel Reyes Zadicus le Jeu 7 Sep - 21:54, édité 2 fois

Mer 6 Sep - 1:14

Jeu 7 Sep - 10:15

Qui chasse qui ? +18

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Jeu 7 Sep - 20:24

Qui chasse qui?

Ft. Reyes

Le jeune Epistote se permit un geste de tendresse en caressant le bras de Reyes, tout en se rapprochant pour se lover un peu plus près de lui.

-« Non. Tu as raison. On ne m’avait jamais fait ce que tu as fait avec ta langue. C’était assez fou. »

Il sentait encore mal les frontières de son corps, se sentant totalement chamboulé et pétillant de leurs embardées.
« J’aime quand c’est coriace, voire un peu méchant et sale, en effet. Mais tu avais l’air bien à ton aise dans ce rôle de dompteur. Si prochaine fois, il y a, je te révélerai peut-être d’autres vices cachés. » En disant cela, il appuya insolemment sur le « si », comme si la chose n’était pas acquise en cas de souhait de la part de Reyes.

Admiratif de la capacité du strigoi à ne pas perdre le fil après leur combat au corps à corps, il le vit égrainer les points de leur discussion préalable, remisés au placard le temps d’assouvir leurs besoins pressant dans cette chambrette. Il fixait Reyes, se demandant s’il avait autant confiance dans sa capacité de progression que lui, car s’il lui avait suffit de deux ou trois leçons pour apprendre à lire en un tour de main, sans doute que ce serait chose faite.

-« Oui, rien ne me ferait plus plaisir que d’apprendre à lire comme tout le monde. Quel que soit les moyens et les contreparties proposés, je serai assidu et motivé. »

Le strigoi posa tel un mannequin, auréolé de la sueur du combattant. Avant de lui asséner une fessée, modeste pichenette, comparée au coups comparable à des planches à laver de lavandière qu’il avait reçu sur son séant rougi.

« J’en ai de la chance. Tu sauras où j’habite. Si l’envie t’en prends, tu pourras me surprendre quand tu veux. » plaisanta-t-il tout en se réjouissant énormément à l’idée d’avoir peut-être bientôt un logement rien qu’à lui pour la première fois de sa vie. Même s’il était modeste, ce serait déjà un progrès immense à son échelle. Tant pis si cela revenait un peu à être à lui.

Accoudé dans son oreiller, il leva les yeux au ciel pour dédramatiser le risque exubérant des missions qu’il lui proposait.
-« Penses-tu que je serai à la hauteur de missions à l’étranger ? Avoue que je t’ai quand même fait un sacré effet pour que tu me rêves secrétaire personnel. » C’était sa façon à lui d’intégrer, bien que tout cela lui paraisse un peu inatteignable de prime abord. En fait, la partie qui le décontenança le plus concerna l’évocation de meurtres. Espion et assassin. Reyes avait-il misé sur le bon cheval ?

-« J’imagine qu’il y aura beaucoup d’étapes et que l’on a le temps de voir venir pour tous ces grands projets. Je ne sais pas si je suis la bonne personne pour penser à l’élimination… »

Malgré le tremplin alléchant que représentait la proposition de son amant, Keshâ sentait de profondes réticences morales s’ériger en lui. Heureusement, il lui accordait un délai pour y penser à tête reposée.

"Très bien, Monsieur. Je vais prendre ce temps pour m’asseoir sur ta proposition et je serai là sans faute dans trois jours. Je vais faire comme tu dis pour l’aubergiste, merci encore… en ce qui me concerne, je vais te laisser me précéder comme on a fait tout à l’heure afin de limiter les ragots. Et puis pour remettre, car tu m’as sacrément démonté. »

Une demi molle commençait à poindre à cette expression salace et ses yeux malicieux. Mais il n’irait pas par-là, car il ne pourrait en effet pas endurer un nouvel assaut ce soir. Il était temps de briser là. Demain, il verrait où le mènerait ce choix pour transformer son existence de vagabond. Et puis, peut-être le strigoi s'était-il bien joué de lui et disparaît-il dans la nuit comme il était venu en le laissant à l'incertude du quotidien?