Jeu 27 Juil - 8:49
Plic. Ploc. Plic.. Ploc…
Dans un silence de cathédrale tout juste rompu méthodiquement et mécaniquement par le bruit d’un liquide tombant goutte par goutte des hauteurs, Violette restait silencieuse. Avachie et affalée sur une chaise déséquilibrée sur ses deux pattes arrières, se balançant légèrement de l’avant et de l’arrière, une position chancelante tout juste maintenue par le fait qu’elle ses deux talons touchaient le sol pour se contrôler, la jeune dame étant inerte. La tête totalement basculée en arrière sur le rebord de cette chaise, le visage et le regard vague vers un plafond de bois, dévoré à la fois par les insectes, les champignons et la moisissure à cause d’une humidité très forte et d’un manque d’entretien certain.
Face à elle, une table où s’entreposaient toutes sortes de bouteilles, certaines encore droite, d’autre renversée quand bien même elles n’étaient pas encore vides; cause de ce bruit infâme qu’était celle des gouttelettes tombant de la table pour taper le sol.
Bien piètre maisonnée, il fallait le dire.
On prenait souvent les bas-fonds pour un bloc monolithique de gens dans la misère, tous dans le même panier. Après tout des nuages tous les humains ne ressemblaient ils pas ? En vérité de la même manière qu’il existait une stratification sociale entre les nobles et la gueusaille, il en existait également entre les différentes couches de la population pauvres. Au sommet de celle-ci régnaient les petits artisans, les familles des chefs de quartiers ou encore une bonne partie de ceux impliqués dans le trafic de drogue et de tout autre sorte de matière illégale. Et en bas vivaient les déchets de la lie de la société, les marginaux, les malades, les défigurés, les handicapés qui n’avaient personne pour les soutenir,... Tous ces gens qui du point de vue même du quidam moyen des bas-fonds étaient détestables, méprisables ou qui tout du moins suscitait à la fois méfiance et crainte.
Cette classification des pauvres se retrouvait même dans les lieux qu’habitaient les gens. Là où les bidonvilles des “riches” tout en étant loin du niveau de la ville restait plus ou moins acceptable malgré son ton labyrinthique, les marginaux vivaient dans ce qu’on pouvait trouver de pire dans les bas fonds.
Des endroits particulièrement humides où pullulent vermines, parasites et saloperie en tout genre. Tout cela sans bien évidemment évoquer les maladies du fait du nombre de gens à problème et rejeté par sécurité par leurs familles qui venaient ici pour avoir un toit. On était toutefois loin ici, très loin des simples constructions anarchiques. Il n’y avait ici que des cabanes et des assemblages de bois et des matériaux récupérés ici et là.
Finalement, personne ne savait vraiment pourquoi cette zone était si humide aujourd’hui. Est ce que cela était le fruit de terres marécageuses qui n’avaient pas été asséchées lors de la construction urbaine ? Ou bien était ce simplement le résultat de l’accumulation au fil des décennies d’urine et de pluie dans un sol incapable désormais d'absorber l’eau et qui ressemblaient plus à une gadoue immonde qu’autre chose, au point que plus personne n’ose mettre ne serait ce qu’un pied dessus, tout le monde se déplaçant sur des planches de bois posé sur le sol comme de nombreux chemin suivant les ruelles pour éviter de toucher cette terre infecte dont le contact réduisait l’espérance de vie.
Que faisait Violette à traîner dans un tel endroit ?
La réponse était simple, la chance. Malheureusement le don de fortune n’était pas une capacité au champ d’action restreint, bien au contraire. Il suffisait d’être à moins de 100m d’elle pour en subir les effets. Autant dire que dans un environnement urbain, cela concernait un nombre assez conséquent d'individus. Ainsi tout autant par dépit que par rejet d’autrui la concernant. La demoiselle avait fini par emporter sa capacité à dévorer l’avenir et la chance de son entourage dans des zones où les gens étaient déjà si bas, que leurs vies pouvaient difficilement encore plus s’empirer. En plus tout cela lui accordait une relative tranquillité, il y avait moins de passage par ici dans les ruelles et donc moins de bruit. Il fallait juste avoir le nez bien accroché face à l’odeur des lieux, un mélange de morts, d’urine et de merde, mais avec le temps on s’y faisait et on ne sentait plus grand-chose, surtout avec un peu d’alcool ou de produit dans le sang.
Ainsi, la jeune femme pensait alors être tranquille, remontant de la cuite qu’elle avait eu il y a deux jours. Après tout cela allait mieux maintenant quand bien même son cerveau était encore un peu en vadrouille.
Enfin, ça c’était la théorie, car soudainement on frappa fortement à sa porte. Cela ne semblait pas toutefois la surprendre plus que ça, elle avait l’habitude de ceux qui se pointaient de cette manière.
C’est ouvert.. Rentre… Évite juste d’être trop proche des meubles..
Alors que l’invité entrait, elle ne prenait même pas la peine de le regarder pour savoir qui il était, se contentant toujours inerte de regarder le plafond. Sans dire bonjour, elle continuait.
T’veux quoi pour t’pointer ici comme ça ? Y a du grab’ ?
Ouais.
La voix masculine s’avançait. Un homme costaud, balafrée, un tatouage du cartel également sur l’avant bras.
Y a des fils de pute qui s’amusent à foutre la merde au P.3. Va falloir s’occuper d’eux et rappeler qui fait la Loi ici. Donc on a b’soin d’toi la Portebrume
Violette pouffa de rire un instant. Basculant sa chaise en avant pour qu’elle retrouve l’utilité de ces 4 pattes avant de s’étaler sur la table et d’enfin regarder son camarade de crime.
T’veux qu’je fasse quoi exactement ? Tu m’as prise pour une lanceuse de boule de feu ou une force d’la nature ? Ils vont me savater le cul s’ils veulent me planter en 1 contre 10. Demande à quelqu’un avec un pouv’ offensif.
Ils vont mettre du temps à arriver justement. Et puis défendre des positions et saboter des gens c’est ton taff non ?
Ouais… on peut dire ça…
Faut juste tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent. Va, tu seras bien payé.
La portebrume soupirait, restait un instant affalée sur la table avant de se lever doucement.
On sait c’est quoi au moins ces enculés ?
Pas encore. Des types d’un autre groupe, des terroristes, des putes du gouvernement. On sait pas trop. Trop le bordel.
…Ok…
C’est sur ses bonnes paroles, que la portebrume se rendait sur place, au moins l’avantage c’est qu’il suffisait d’aller dans le sens contraire de ceux qui fuyaient le danger. Une fois arrivée sur place, il ne lui fallut que peu de temps pour voir des membres du cartel en train de se battre dans la rue avec un groupe inconnu. Elle n’avait pas vraiment compris ce qu’ils étaient et surtout pourquoi ils se battaient contre eux mais tant pis.
Son arrivée cassa un peu le rythme des combats. Tout le monde sans distinction commençait à rater des gens ou à se prendre des murs et des caisses dans les jambes.
La portebrume, se massant un instant le haut du nez.
Alors… J’en ai rien à branler de savoir vous êtes qui donc dégagez où ça va mal finir ces conneries.
La seule réponse qu’elle eut fut un doigt accompagné d’un !
T’as gueule ! C’est pas des salopes de racketteur de gosse qui vont nous faire la leçon. Z’êtes vous aussi une saloperie du système, comme tous les autres vous subirez la justice…
La portebrume fronça les sourcils.
Ah ouais ?
Elle dégaina alors de sa ceinture une arme de poing avant de mettre en joue un des ennemis alors que la bagarre reprenait de plus belle. Il n’y avait pas encore de mort d’un côté ou de l’autre mais si rien n’était fait, ça ne serait tarder. Et dieu sait que si cela était le cas, les conséquences seraient désastreuses. Et matière de mort, il était connu que les réseaux criminels de Xandrie n’avaient qu’une Loi, celle de Talion. Une âme pour une âme, une mort serait le début d’une vendetta personnelle des cartels contre leurs assaillants.
Ici tout le monde se connaissait, tout le monde vivait ensemble, tout le monde avait grandi ensemble. La misère et la difficulté avaient au moins le mérite de créer des liens dans une dynamique de groupe. De ce fait toutes les affaires de meurtre que ce soit contre un criminel ou un civil, finissait systématiquement dans un bain de sang ici.
Dans un silence de cathédrale tout juste rompu méthodiquement et mécaniquement par le bruit d’un liquide tombant goutte par goutte des hauteurs, Violette restait silencieuse. Avachie et affalée sur une chaise déséquilibrée sur ses deux pattes arrières, se balançant légèrement de l’avant et de l’arrière, une position chancelante tout juste maintenue par le fait qu’elle ses deux talons touchaient le sol pour se contrôler, la jeune dame étant inerte. La tête totalement basculée en arrière sur le rebord de cette chaise, le visage et le regard vague vers un plafond de bois, dévoré à la fois par les insectes, les champignons et la moisissure à cause d’une humidité très forte et d’un manque d’entretien certain.
Face à elle, une table où s’entreposaient toutes sortes de bouteilles, certaines encore droite, d’autre renversée quand bien même elles n’étaient pas encore vides; cause de ce bruit infâme qu’était celle des gouttelettes tombant de la table pour taper le sol.
Bien piètre maisonnée, il fallait le dire.
On prenait souvent les bas-fonds pour un bloc monolithique de gens dans la misère, tous dans le même panier. Après tout des nuages tous les humains ne ressemblaient ils pas ? En vérité de la même manière qu’il existait une stratification sociale entre les nobles et la gueusaille, il en existait également entre les différentes couches de la population pauvres. Au sommet de celle-ci régnaient les petits artisans, les familles des chefs de quartiers ou encore une bonne partie de ceux impliqués dans le trafic de drogue et de tout autre sorte de matière illégale. Et en bas vivaient les déchets de la lie de la société, les marginaux, les malades, les défigurés, les handicapés qui n’avaient personne pour les soutenir,... Tous ces gens qui du point de vue même du quidam moyen des bas-fonds étaient détestables, méprisables ou qui tout du moins suscitait à la fois méfiance et crainte.
Cette classification des pauvres se retrouvait même dans les lieux qu’habitaient les gens. Là où les bidonvilles des “riches” tout en étant loin du niveau de la ville restait plus ou moins acceptable malgré son ton labyrinthique, les marginaux vivaient dans ce qu’on pouvait trouver de pire dans les bas fonds.
Des endroits particulièrement humides où pullulent vermines, parasites et saloperie en tout genre. Tout cela sans bien évidemment évoquer les maladies du fait du nombre de gens à problème et rejeté par sécurité par leurs familles qui venaient ici pour avoir un toit. On était toutefois loin ici, très loin des simples constructions anarchiques. Il n’y avait ici que des cabanes et des assemblages de bois et des matériaux récupérés ici et là.
Finalement, personne ne savait vraiment pourquoi cette zone était si humide aujourd’hui. Est ce que cela était le fruit de terres marécageuses qui n’avaient pas été asséchées lors de la construction urbaine ? Ou bien était ce simplement le résultat de l’accumulation au fil des décennies d’urine et de pluie dans un sol incapable désormais d'absorber l’eau et qui ressemblaient plus à une gadoue immonde qu’autre chose, au point que plus personne n’ose mettre ne serait ce qu’un pied dessus, tout le monde se déplaçant sur des planches de bois posé sur le sol comme de nombreux chemin suivant les ruelles pour éviter de toucher cette terre infecte dont le contact réduisait l’espérance de vie.
Que faisait Violette à traîner dans un tel endroit ?
La réponse était simple, la chance. Malheureusement le don de fortune n’était pas une capacité au champ d’action restreint, bien au contraire. Il suffisait d’être à moins de 100m d’elle pour en subir les effets. Autant dire que dans un environnement urbain, cela concernait un nombre assez conséquent d'individus. Ainsi tout autant par dépit que par rejet d’autrui la concernant. La demoiselle avait fini par emporter sa capacité à dévorer l’avenir et la chance de son entourage dans des zones où les gens étaient déjà si bas, que leurs vies pouvaient difficilement encore plus s’empirer. En plus tout cela lui accordait une relative tranquillité, il y avait moins de passage par ici dans les ruelles et donc moins de bruit. Il fallait juste avoir le nez bien accroché face à l’odeur des lieux, un mélange de morts, d’urine et de merde, mais avec le temps on s’y faisait et on ne sentait plus grand-chose, surtout avec un peu d’alcool ou de produit dans le sang.
Ainsi, la jeune femme pensait alors être tranquille, remontant de la cuite qu’elle avait eu il y a deux jours. Après tout cela allait mieux maintenant quand bien même son cerveau était encore un peu en vadrouille.
Enfin, ça c’était la théorie, car soudainement on frappa fortement à sa porte. Cela ne semblait pas toutefois la surprendre plus que ça, elle avait l’habitude de ceux qui se pointaient de cette manière.
C’est ouvert.. Rentre… Évite juste d’être trop proche des meubles..
Alors que l’invité entrait, elle ne prenait même pas la peine de le regarder pour savoir qui il était, se contentant toujours inerte de regarder le plafond. Sans dire bonjour, elle continuait.
T’veux quoi pour t’pointer ici comme ça ? Y a du grab’ ?
Ouais.
La voix masculine s’avançait. Un homme costaud, balafrée, un tatouage du cartel également sur l’avant bras.
Y a des fils de pute qui s’amusent à foutre la merde au P.3. Va falloir s’occuper d’eux et rappeler qui fait la Loi ici. Donc on a b’soin d’toi la Portebrume
Violette pouffa de rire un instant. Basculant sa chaise en avant pour qu’elle retrouve l’utilité de ces 4 pattes avant de s’étaler sur la table et d’enfin regarder son camarade de crime.
T’veux qu’je fasse quoi exactement ? Tu m’as prise pour une lanceuse de boule de feu ou une force d’la nature ? Ils vont me savater le cul s’ils veulent me planter en 1 contre 10. Demande à quelqu’un avec un pouv’ offensif.
Ils vont mettre du temps à arriver justement. Et puis défendre des positions et saboter des gens c’est ton taff non ?
Ouais… on peut dire ça…
Faut juste tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent. Va, tu seras bien payé.
La portebrume soupirait, restait un instant affalée sur la table avant de se lever doucement.
On sait c’est quoi au moins ces enculés ?
Pas encore. Des types d’un autre groupe, des terroristes, des putes du gouvernement. On sait pas trop. Trop le bordel.
…Ok…
C’est sur ses bonnes paroles, que la portebrume se rendait sur place, au moins l’avantage c’est qu’il suffisait d’aller dans le sens contraire de ceux qui fuyaient le danger. Une fois arrivée sur place, il ne lui fallut que peu de temps pour voir des membres du cartel en train de se battre dans la rue avec un groupe inconnu. Elle n’avait pas vraiment compris ce qu’ils étaient et surtout pourquoi ils se battaient contre eux mais tant pis.
Son arrivée cassa un peu le rythme des combats. Tout le monde sans distinction commençait à rater des gens ou à se prendre des murs et des caisses dans les jambes.
La portebrume, se massant un instant le haut du nez.
Alors… J’en ai rien à branler de savoir vous êtes qui donc dégagez où ça va mal finir ces conneries.
La seule réponse qu’elle eut fut un doigt accompagné d’un !
T’as gueule ! C’est pas des salopes de racketteur de gosse qui vont nous faire la leçon. Z’êtes vous aussi une saloperie du système, comme tous les autres vous subirez la justice…
La portebrume fronça les sourcils.
Ah ouais ?
Elle dégaina alors de sa ceinture une arme de poing avant de mettre en joue un des ennemis alors que la bagarre reprenait de plus belle. Il n’y avait pas encore de mort d’un côté ou de l’autre mais si rien n’était fait, ça ne serait tarder. Et dieu sait que si cela était le cas, les conséquences seraient désastreuses. Et matière de mort, il était connu que les réseaux criminels de Xandrie n’avaient qu’une Loi, celle de Talion. Une âme pour une âme, une mort serait le début d’une vendetta personnelle des cartels contre leurs assaillants.
Ici tout le monde se connaissait, tout le monde vivait ensemble, tout le monde avait grandi ensemble. La misère et la difficulté avaient au moins le mérite de créer des liens dans une dynamique de groupe. De ce fait toutes les affaires de meurtre que ce soit contre un criminel ou un civil, finissait systématiquement dans un bain de sang ici.