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La Loi du Pauvre, une Loi du sang.

La Loi du Pauvre, une Loi du sang.  Brandw10
Jeu 27 Juil - 8:49
Plic. Ploc. Plic.. Ploc…

Dans un silence de cathédrale tout juste rompu méthodiquement et mécaniquement par le bruit d’un liquide tombant goutte par goutte des hauteurs, Violette restait silencieuse. Avachie et affalée sur une chaise déséquilibrée sur ses deux pattes arrières, se balançant légèrement de l’avant et de l’arrière, une position chancelante tout juste maintenue par le fait qu’elle ses deux talons touchaient le sol pour se contrôler, la jeune dame étant inerte. La tête totalement basculée en arrière sur le rebord de cette chaise, le visage et le regard vague vers un plafond de bois, dévoré à la fois par les insectes, les champignons et la moisissure à cause d’une humidité très forte et d’un manque d’entretien certain.

Face à elle, une table où s’entreposaient toutes sortes de bouteilles, certaines encore droite, d’autre renversée quand bien même elles n’étaient pas encore vides; cause de ce bruit infâme qu’était celle des gouttelettes tombant de la table pour taper le sol.

Bien piètre maisonnée, il fallait le dire.

On prenait souvent les bas-fonds pour un bloc monolithique de gens dans la misère, tous dans le même panier. Après tout des nuages tous les humains ne ressemblaient ils pas ? En vérité de la même manière qu’il existait une stratification sociale entre les nobles et la gueusaille, il en existait également entre les différentes couches de la population pauvres. Au sommet de celle-ci régnaient les petits artisans, les familles des chefs de quartiers ou encore une bonne partie de ceux impliqués dans le trafic de drogue et de tout autre sorte de matière illégale. Et en bas vivaient les déchets de la lie de la société, les marginaux, les malades, les défigurés, les handicapés qui n’avaient personne pour les soutenir,... Tous ces gens qui du point de vue même du quidam moyen des bas-fonds étaient détestables, méprisables ou qui tout du moins suscitait à la fois méfiance et crainte.

Cette classification des pauvres se retrouvait même dans les lieux qu’habitaient les gens. Là où les bidonvilles des “riches” tout en étant loin du niveau de la ville restait plus ou moins acceptable malgré son ton labyrinthique, les marginaux vivaient dans ce qu’on pouvait trouver de pire dans les bas fonds.

Des endroits particulièrement humides où pullulent vermines, parasites et saloperie en tout genre. Tout cela sans bien évidemment évoquer les maladies du fait du nombre de gens à problème et rejeté par sécurité par leurs familles qui venaient ici pour avoir un toit. On était toutefois loin ici, très loin des simples constructions anarchiques. Il n’y avait ici que des cabanes et des assemblages de bois et des matériaux récupérés ici et là.

Finalement, personne ne savait vraiment pourquoi cette zone était si humide aujourd’hui. Est ce que cela était le fruit de terres marécageuses qui n’avaient pas été asséchées lors de la construction urbaine ? Ou bien était ce simplement le résultat de l’accumulation au fil des décennies d’urine et de pluie dans un sol incapable désormais d'absorber l’eau et qui ressemblaient plus à une gadoue immonde qu’autre chose, au point que plus personne n’ose mettre ne serait ce qu’un pied dessus, tout le monde se déplaçant sur des planches de bois posé sur le sol comme de nombreux chemin suivant les ruelles pour éviter de toucher cette terre infecte dont le contact réduisait l’espérance de vie.

Que faisait Violette à traîner dans un tel endroit ?

La réponse était simple, la chance. Malheureusement le don de fortune n’était pas une capacité au champ d’action restreint, bien au contraire. Il suffisait d’être à moins de 100m d’elle pour en subir les effets. Autant dire que dans un environnement urbain, cela concernait un nombre assez conséquent d'individus. Ainsi tout autant par dépit que par rejet d’autrui la concernant. La demoiselle avait fini par emporter sa capacité à dévorer l’avenir et la chance de son entourage dans des zones où les gens étaient déjà si bas, que leurs vies pouvaient difficilement encore plus s’empirer. En plus tout cela lui accordait une relative tranquillité, il y avait moins de passage par ici dans les ruelles et donc moins de bruit. Il fallait juste avoir le nez bien accroché face à l’odeur des lieux, un mélange de morts, d’urine et de merde, mais avec le temps on s’y faisait et on ne sentait plus grand-chose, surtout avec un peu d’alcool ou de produit dans le sang.

Ainsi, la jeune femme pensait alors être tranquille, remontant de la cuite qu’elle avait eu il y a deux jours. Après tout cela allait mieux maintenant quand bien même son cerveau était encore un peu en vadrouille.

Enfin, ça c’était la théorie, car soudainement on frappa fortement à sa porte. Cela ne semblait pas toutefois la surprendre plus que ça, elle avait l’habitude de ceux qui se pointaient de cette manière.

C’est ouvert.. Rentre… Évite juste d’être trop proche des meubles..

Alors que l’invité entrait, elle ne prenait même pas la peine de le regarder pour savoir qui il était, se contentant toujours inerte de regarder le plafond. Sans dire bonjour, elle continuait.

T’veux quoi pour t’pointer ici comme ça ? Y a du grab’ ?

Ouais.

La voix masculine s’avançait. Un homme costaud, balafrée, un tatouage du cartel également sur l’avant bras.

Y a des fils de pute qui s’amusent à foutre la merde au P.3. Va falloir s’occuper d’eux et rappeler qui fait la Loi ici. Donc on a b’soin d’toi la Portebrume

Violette pouffa de rire un instant. Basculant sa chaise en avant pour qu’elle retrouve l’utilité de ces 4 pattes avant de s’étaler sur la table et d’enfin regarder son camarade de crime.

T’veux qu’je fasse quoi exactement ? Tu m’as prise pour une lanceuse de boule de feu ou une force d’la nature ? Ils vont me savater le cul s’ils veulent me planter en 1 contre 10. Demande à quelqu’un avec un pouv’ offensif.

Ils vont mettre du temps à arriver justement. Et puis défendre des positions et saboter des gens c’est ton taff non ?

Ouais… on peut dire ça…

Faut juste tenir jusqu’à ce qu’ils arrivent. Va, tu seras bien payé.

La portebrume soupirait, restait un instant affalée sur la table avant de se lever doucement.

On sait c’est quoi au moins ces enculés ?

Pas encore. Des types d’un autre groupe, des terroristes, des putes du gouvernement. On sait pas trop. Trop le bordel.

…Ok…

C’est sur ses bonnes paroles, que la portebrume se rendait sur place, au moins l’avantage c’est qu’il suffisait d’aller dans le sens contraire de ceux qui fuyaient le danger. Une fois arrivée sur place, il ne lui fallut que peu de temps pour voir des membres du cartel en train de se battre dans la rue avec un groupe inconnu. Elle n’avait pas vraiment compris ce qu’ils étaient et surtout pourquoi ils se battaient contre eux mais tant pis.

Son arrivée cassa un peu le rythme des combats. Tout le monde sans distinction commençait à rater des gens ou à se prendre des murs et des caisses dans les jambes.

La portebrume, se massant un instant le haut du nez.

Alors… J’en ai rien à branler de savoir vous êtes qui donc dégagez où ça va mal finir ces conneries.

La seule réponse qu’elle eut fut un doigt accompagné d’un !

T’as gueule ! C’est pas des salopes de racketteur de gosse qui vont nous faire la leçon. Z’êtes vous aussi une saloperie du système, comme tous les autres vous subirez la justice…

La portebrume fronça les sourcils.

Ah ouais ?

Elle dégaina alors de sa ceinture une arme de poing avant de mettre en joue un des ennemis alors que la bagarre reprenait de plus belle. Il n’y avait pas encore de mort d’un côté ou de l’autre mais si rien n’était fait, ça ne serait tarder. Et dieu sait que si cela était le cas, les conséquences seraient désastreuses. Et matière de mort, il était connu que les réseaux criminels de Xandrie n’avaient qu’une Loi, celle de Talion. Une âme pour une âme, une mort serait le début d’une vendetta personnelle des cartels contre leurs assaillants.

Ici tout le monde se connaissait, tout le monde vivait ensemble, tout le monde avait grandi ensemble. La misère et la difficulté avaient au moins le mérite de créer des liens dans une dynamique de groupe. De ce fait toutes les affaires de meurtre que ce soit contre un criminel ou un civil, finissait systématiquement dans un bain de sang ici.
Sam 29 Juil - 8:53
C'était un de ces jours sans pour Lillie. Une de ces journées sur laquelle le soleil refusait de se lever, obstiné à vouloir laisser Xandrie dans le noir le plus longtemps possible. Les Douze savaient pourtant à quel point La Juste avait besoin d'un peu de lumière. Voilà combien de temps que Lillie avait rejoint la Révolution ? Des années entières s'étaient écoulées depuis le discours de la princesse qui résonnait encore en elle aujourd'hui. Et pourtant, qu'est-ce qui avait vraiment changé ici ? Presque rien. Pire, la situation s'était sans doute dégradée. Huan Qin Long poursuivait son long travail de sape, Opale continuait de tirer les ficelles en secret et les hommes et les femmes de Xandrie continuaient de mourir dans des mines dont l'exploitation ne leur profitait même pas.

Et Lillie dans tout ça ? Elle gérait une Révolution qui faisait du sur place, occupée à tenter tant bien que mal de maintenir un peu de cohésion dans un environnement aussi diversifié que le continent lui-même. Elle enchaînait les réunions informelles lors desquelles elle était prise à partie de toute part. Les pacifistes lui reprochaient sa bienveillance à l'égard des groupes violents, ces derniers lui reprochaient sa nonchalance, et beaucoup pensaient de toute manière qu'une femme – ou deux en l'occurence – ne pouvait pas renverser un régime.

Les pieds croisés sur la table basse d'un appartement délabré, elle regardait le plafond. Ses mèches violettes habillaient le dossier du canapé au cuir passé. Combien de temps pourrait-elle encore tenir avant de simplement abandonner ? Si seulement la princesse pouvait se faire moins discrète, l'aider à remobiliser ses troupes. Si seulement elle avait une idée, une seule, pour faire tomber Huan Qin Long. Si seulement tout ne reposait pas sur des si seulement.

On frappa violemment à sa porte d'entrée. Le bruit l'arracha à ses lamentations. Elle se redressa.

- Entre, Rico. Elle avait reconnu la démarche pataude d'un de ses seconds.
- On a besoin de toi, Elles. Y'a du grabuge en bas, on a peur que ça dégénère et on a vraiment pas besoin de ça en ce moment. J'ai Shika et huit bonhommes en bas.
- Ok. Allons-y.

Elle s'extirpa du canapé dans un long soupir avant de nouer ses cheveux sur le sommet de son crâne. La vitesse de sa réaction l'étonna. C'était presque un réflexe. Sans doute ne serait-elle finalement jamais prête à abandonner. Quelques rues plus loin, leur petit groupe fut entièrement constitué. On lui rapporta toutes les informations dont elle avait besoin.

- Faites-moi penser à dire à ces connards d'agitateurs que de se faire buter par des petites frappes du cartel, ça les aidera pas NON PLUS à changer de régime.

Le bruit de la rixe se faisait de plus en plus clair. Elle dispersa son équipe de chaque côté de la ruelle concernée. Fait assez étonnant pour quelqu'un naturellement agile comme Lillie, elle trébucha contre une pierre qui traînait là. Un simple coup de malchance. Elle, Rico et Shika s'avancèrent au plus près des combats. Plusieurs hommes comprirent immédiatement qui elle était. Non pas qu'ils étaient capables d'identifier son visage, mais la présence d'une escorte constituée de deux gradés de la Révolution était un indice largement suffisant.

Elle s'approcha d'un combattant et posa la main sur son épaule. Sans le moindre mot, elle serra un peu sa prise et soupira.

- Lâche ton arme tout de suite et demande à tous tes copains de le faire.
- Sinon quoi, hein ? Tout le monde sait que la Révolution est pacifiste et n'oserait pas tuer une mouche !
- Les mouches me cassent moins les ovaires que toi.

Elle l'intima de lever les yeux. Les quelques soldats de Lillie avaient pris place sur les hauteurs et tenaient en joug le groupe en contrebas. Elle releva le nez sur le reste des belligérants. Il fallait qu'elle agisse rapidement, calmement et qu'elle évite le bain de sang.

- Je ne sais pas de quoi il en retourne, ici. Si quelqu'un veut bien me faire un topo, je suis certaine qu'on s'économiserait du temps, de l'énergie et du sang.
Sam 29 Juil - 16:40
Arme en main, le regard de la portebrume passait successivement sur tous les acteurs de ce combat naissant. Son regard et ses expressions faciales montraient ostensiblement son énervement latent, à la fois d’avoir été dérangé dans sa récupération après une consommation excessive, mais également vis à vis de ses intrus qui venaient apporter un peu plus de chaos de ce monde dans un endroit qui en avait déjà assez comme ça.

Si en tant que telle, Violette n’avait aucun amour pour Xandrie, aucun sentiment d’attachement ni à cette nation, ni à son peuple. Les choses en étaient autrement dès lors que l’on parlait de la population des quartiers où elle même avait grandi, où elle s’était battu, où elle avait pleuré et ris.

Ainsi, autant dire que le fait de voir des gens dont la cause lui semblait parfaitement vaine, inutile et hypocrite causer des problèmes ici l'indisposait fortement.

Tandis que l’attention de ces révolutionnaires extrémistes étaient désormais sur elle, l’un d’eux se retournant pleinement vers elle, affichait un regard plein d’orgueil et de confiance en soi.

T’oseras pas fillette. T’as l’air un peu plus réfléchis que tes imbéciles de pote sinon t’aurais tiré direct. Si tu me butes avec tes balles, tu sais qu’il y aura des conséquences.

En tant que tel, il n’avait pas tort. Le fait de se battre ici n’avait aucun intérêt, si ce n’était celui de la réputation et du marquage de territoire pour ne pas paraître faible vis-à-vis des autres groupes criminels qui pullulaient dans le royaume. Mais bon, le fait que toute cette affaire soit plus stupides qu’autre chose ne signifiait pas pour autant que la fuite était acceptable.

La portebrume savait pertinemment que la meilleure issue pour tout le monde ici était une issue pacifique. Mais pour autant elle ne reculerait pas au nom de ce même pacifisme si jamais le révolutionnaire en face d’elle faisait un pas dans direction pour venir tester sa motivation à lui tirer dessus.

D’un ton sec, yeux dans les yeux, elle lui répondit de manière laconique sans vraiment chercher à se défendre ou à se justifier.

Bah essaye si t’as les couilles.

Et il essaya. Faisant un pas dans la direction de l’ancienne mercenaire, un tir percute violemment le sol, laissant un impact dans celui-ci, un mètre devant le révolutionnaire. Celui-ci, un peu surprit plus par le bruit du tir que par le tir en lui-même, baissa un instant le regard vers la trace d’impact dans la roche avant de finalement relever un regard méfiant et hésitant vers Violette. Celle-ci pour première réponse tout en gardant son arme pointée vers lui, se contentant de hausser les épaules avant de répondre par le verbe.

C’est la ligne. Dernière chance, si tu dépasses le prochain touchera pas la roche.

Le révolutionnaire fronça les sourcils, presque par égo, il voulut faire un pas de plus pour courir dans la direction de la chanceuse, malheureusement à son premier appui, la pierre sur lequel son pied reposait se déroba, stoppant sa marche au point de le déséquilibré sans pour autant le faire tomber.

Finalement une sorte de statu quo était en train de s’installer, Violette ne semblait pas vouloir faire plus que de menacer à distance des soldats incapables de la rejoindre sans prendre de risque, celle-ci se contentait d’attendre. Après tout elle avait là ce qu’elle voulait, gagner du temps, n’ayant aucune envie de se battre ou de risquer quoi que ce soit pour si peu malgré son don de fortune. La Chance ne signifiait pas non plus l’invulnérabilité, elle-même le savait très bien.

Malheureusement, situation qui traînait appelait toujours intervention et ingérence de nouveaux arrivants. Et cette fois ci, ce ne furent pas ceux qui la jeune femme attendait qui vinrent les premiers. ll ne fallut que quelques secondes pour que la situation change du tout au tout. Si jusqu’ici les révolutionnaires étaient coincés dans une zone de malchance qui les empêchait de prendre les actions nécessaires pour s’en dépêtrer voilà que maintenant c’étaient les criminels du cartel qui étaient à leur tour encerclés et en infériorité numérique. Et ceux-là était en plus non pas de simples quidams mais par des pontes de la révolution au vu de l’escorte qui accompagnait le chef de ce nouveau groupe.

Puissant. Alors qu’elle levait les yeux vers les hauteurs des bas quartiers en même temps que ses camarades pour voir les soldats nichés dans les hauteurs en les tenant en joue, Violette affiche une mine crispée. Chiant ça c’était chiant. Malgré tout jusqu’ici elle ne bougeait, se contentant de garder en joue le révolutionnaire à sa portée comme un otage à distance.

A vrai dire, quand bien même la situation était complexes, la jeune femme n’était pas pour autant totalement désoeuvrée et sans solution, bien au contraire. Avec le temps, celle-ci avait fini par comprendre comment fonctionnait son pouvoir et comment l’utiliser de manière efficace. On était loin des pouvoirs simples d’utilisation où l’on se contentait d’invoquer ou d’incanter. Non, la fortune était avant tout un pouvoir d’opportunité, de création de situation qu’il fallait être en mesure de saisir ou non. Ce n’était au final avant tout qu’une puissante canalisation de ce que la chance naturelle était déjà. Quelque chose qui se saisit plus qu’autre chose.

La capacité à voir et à saisir ces opportunités, voilà ce dont elle avait besoin, et c’était ce qu’elle avait appris à faire.

Ainsi, avec ce temps, avec l'entraînement, elle avait compris que la fortune était avant toute chose une manipulation de variable provoquée par deux choses :

- La dangerosité et la complexité de l’environnement
- Le nombre d’action effectuée par elle-même et les gens autour d’elle

Plus un environnement était complexe et dangereux, plus il y avait des variables vis-à -vis de celui-ci que la fortune pouvait utiliser. Plus une personne agissait et effectuait des actions, plus il y avait de variables sur lesquelles la malchance pouvait frapper.

Et heureusement pour elle, c’était précisément ce qu'apportait sa situation. L’environnement des bas-fonds était à la fois complexe et dangereux. Les combats et les situations de tensions provoquaient la multiplication des actions. Elle n’était pas dans une véritable situation perdue.

Regardant de droite à gauche sur les hauteurs sans bouger, son regard descendait ensuite sur la cheffe des révolutionnaires, qui se cachaient opportunément derrière un des criminels du cartel. Celui ci pendant un instant croisa le regard de la portebrume, se demandant s’il devait faire quelque chose, mais d’un signe de tête, Violette répondit à la négative avant de parler directement au chef des révolutionnaires.

Je sais pas ce que tu nous veux, mais pour ta gouverne, ce sont tes chiens qui nous agressent pas le contraire. Qu’est ce qu’on en aurait à foutre de vos actions au point de venir se taper avec vous pour l’plaisir ?

Fronçant les sourcils.

Par contre deux choses l’une. Me donne pas d’ordre et pense pas que tu peux m’exiger quoi que ce soit. J’me souviens pas t’d’voir quoi que ce soit ou encore que tu sois mon boss.

Un fin sourire se dessinant sur ses lèvres.

Plutôt que de venir nous prendre pour tes larbins, tu ferais peut être mieux de vérifier tes hommes.

A la seconde d’après, les hommes en hauteur pouvait sentir le sol se craqueler et s’affaiblir sous leurs pieds. Malheureusement dans les bas-fonds, il n’y avait pas d’architecte pour vérifier la qualité des bâtisses et avec une dose de malchance les soldats concernés avait eu la bonne idée de poser leurs pieds sur les toits les plus fragiles. Pour l’instant les plafonds ne faisaient que craqueler voir légèrement s’enfoncer, mais aucun ne s’effondrait encore. Leur situation était ainsi similaire à une personne marchant sur un lac couvert d’une couche de glace un peu trop fragile mais pas encore suffisamment brisée pour les envoyer au fond de l’eau. Libre à eux de tenter de se dégager vers des positions plus solides, mais un geste brutal pourrait précipiter leurs chutes. Et c’était précisément ce que recherchait Violette en les avertissant du danger imminent. Soit pour s’en sortir ils multipliaient leurs actions et donc les variables que la malchance pourrait altérer. Soit ils ne tentaient plus rien et n’auraient ainsi plus aucune importance dans la situation présente.

Cela ressemblait presque à des sables mouvants… Sans doute n’y avait il rien de plus pertinent pour illustrer la fortune.

Restait encore à pousser ceux au sol à effectuer des actions. Elle gardait à l’esprit que cela pouvait se terminer bien, mais il valait mieux trop prévoir par pessimisme que rien prévoir par pessimisme.

Écoutez, ce sont VOS hommes qui viennent NOUS péter les couilles CHEZ NOUS. Mais s’ils excusent tout cela peut être arrangé. On veut pas se battre avec vous, et je doute que vous ayez aussi envie de le faire. Dans nos deux situations, ça n'a aucun intérêt.

Laissant un léger silence.

En guise de bonne fois, je vous propose de tous ranger nos armes ensemble. Ca vous va ?

Ca l’arrangeait il fallait dire. Malgré le fait qu'elle avait une solution théorique, elle était moins confiante qu'elle le faisait paraitre.
Mer 2 Aoû - 7:56
Lillie essaya tant bien que mal de garder son calme. Elle n'avait encore jamais vue son interlocutrice, mais elle avait immédiatement compris à qui elle avait à faire. La Fosse aux Serpents n'avaient pas la réputation d'être le cartel le plus calme de Xandrie. Quand d'autres agissaient discrètement, loin dans les ombres des bâtiments les plus reculés, celui-ci aimait faire parler de lui. Rarement en bien. Le premier coup de feu fit sursauter Lillie. L'homme sur qui elle avait posé la main se raidit lui aussi et tenta de lui échapper pour se jeter sur la tireuse. Fort heureusement, elle parvint à l'en empêcher en affirmant sa prise sur son épaule.

Les hommes campés sur les toits semblaient avoir bien du mal à rester sur leurs appuis. Les grincements qui descendaient des immeubles sur lesquels ils étaient postés ne laissaient rien présager de bon. Sans pouvoir dire quoi, Lillie sentait que quelque chose lui échappait. Son mauvais pressentiment s'intensifia quand elle posa à nouveau les yeux sur la jeune femme aux cheveux blancs. Elle avait au moins réussit à interrompre les hostilités pour entamer une conversation. Tout allait se jouer maintenant, et chacun des mots échangés ici valaient une vie ou deux.

- Ce ne sont pas mes hommes, ni ceux de personne. Ceux-là ne représentent rien, aucun mouvement coordonné ni aucun...
- Ouais, tu crois qu'on bosserait pour une pétasse pareille !

L'homme que Lillie tenait de sa main cracha par terre. Ce fut sa dernière vulgarité. La main de la révolutionnaire glissa autour de sa nuque et son genou s'écrasa dans le bas ventre du rustre. Il glissa au sol en gémissant. Ses compagnons restèrent aux aguets, les dents sortis, comme des roquets incapables de sortir d'un enclos.

- Je disais donc. Ces gens ne travaillent pas pour moi, ni pour personne. On ne maîtrise pas tous les groupes armés de la ville qui se prétendent révolutionnaires, et pour tout te dire, ne ne préfère pas. J'ai absolument aucun intérêt à venir ici, si ce n'est celui d'éviter un nouveau bain de sang qui profiterait à tout le monde sauf à vous et moi.

La proposition de la criminelle arracha un soupir de soulagement à Lillie. Lentement, elle se baissa et déposa son pistolet sur le bitume, assez loin de quiconque qui pourrait vouloir s'en saisir, mais assez proche d'elle si elle devait à le récupérer en urgence. Elle ouvrit le zip de sa veste et souleva le bas de son pantalon aux deux chevilles pour prouver qu'elle ne dissimulait aucune autre arme. Aucune autre arme physique, bien évidemment. Elle savait qu'en toute logique, ses adversaires du jour ne connaissait ni son identité exacte ni son pouvoir.

- Le Guet a les crocs, en ce moment. Je sais que vous êtes déjà au courant. Amalia Zirkhys n'est pas comme ses prédécesseurs. Elle vous traque, elle nous cherche, et n'importe quoi qu'on se raconte dans nos ruelles remonte à ses oreilles. Alors, c'est peut-être dans notre intérêt à tous de ne pas s'entre-tuer ici...

Elle n'inventait rien. La récente nomination d'Amalia en tant que Commissaire du Guet avait fait grand bruit à Xandrie. Si elle représentait un nouvel espoir pour la Révolution, elle était aussi potentiellement celle qui mettrait fin au mouvement. Tout dépendait de qui parviendrait à la ranger à ses côtés. On la disait insondable et droite. C'était sûrement vrai. Il allait falloir lui montrer patte blanche pendant un bon moment. Et redoubler de vigilance quant aux actions de prétendus révolutionnaires excités de la gâchette.

- Aucun ordre n'est donné, mais c'est toi, la cheffe ici aujourd'hui ? Si oui, laisse-moi rappeler mes hommes et viens discuter, au calme. C'est dans notre intérêt commun, je crois.
Ven 4 Aoû - 16:20
La criminelle du cartel restait de marbre en écoutant le discours de la révolutionnaire. Son expression était celle d’une personne passablement énervée, plus d’avoir été réveillée pour de la merde plus que par la situation en elle-même qui ne l’intéressait aucunement. Le fait de se battre contre des intrus du quartier ne dérangeait pas toutefois, mais elle le faisait plus quand elle était vexée dans son ego par des gens qui la prenait de haut ou venait l’insulter. Mais de toute évidence contrairement aux clowns qui lui servait d’unité générale, la cheffe des révolutionnaires n’avait pas l’air de prendre des hauts des petits gens ou de venir d'elle-même chercher la merde. Il fallait dire qu’il suffisait de quelques secondes pour comprendre qu’elle n’avait pas le loisir vu le bordel sans nom qu’il semblait régner chez les révolutionnaires.

Au moins c’était à l’image de ce pays : un sacré merdier.

Observant silencieusement la révolutionnaire punir par la douleur celui qui n’était pas son subordonné, elle la laissa finir. Elle lui parlait des nouvelles nominations du guet avant de lui proposer de baisser les armes car cet affrontement n’était dans l'intérêt de personne. Violette le comprenait très bien, néanmoins par pur esprit de contradiction, elle avait envie de répondre ne serait ce que pour ne pas acquiescer totalement aux propos de la dirigeante.

Haussant les épaules, elle revint sur la commandante du guet.

Connait pas, puis c’pas comme si ça changeait quelque chose pour nous. C’doit bien faire plus d’1000 ans q’ces fils de pute nous butent à chaque occasion. Et j’ai pas souvenir qu’ils ont une fois manqué de motiv’.

On pouvait sentir un peu de rancœur dans ces propos, une profonde détestation de ce qu’était le guet et de tout ce qu’il incarnait. Si pour certains, le guet était le défenseur du peuple et de la justice, pour d'autres malgré toutes les belles paroles, il n’était rien d’autre que le défenseur d’un système qui plongeait le peuple soi-disant défendu dans la misère la plus profonde. Cela faisait bien longtemps que les miséreux avaient arrêté de s'intéresser à la politique et à ceux qui incarnaient, pour eux peu importe le visage, c’était toujours pareil, et le guet était dans l’équation de l’indifférence.

Enfin… On va dire que c’est moi la cheffe aujourd’hui.

Finalement, la Helmael finit par baisser son arme avant de la ranger à sa ceinture. Sans regarder ses camarades de quartier, la portebrume leur donna également l’ordre de faire de même.

Rangez vos armes, ça sert à rien d’se battre ici.

Son attention passa sur l’arme de la révolutionnaire sur le bitume.

Vous pouvez la reprendre, j’en ai rien à branler de savoir si elle est par terre ou à votre ceinture.

Sortant dans le même temps une cigarette de sa poche, elle l’alluma par le biais du premier mur à sa portée pour ensuite la glisser entre ses lèvres pendant que la révolutionnaire récupérait ses troupes. La droguée restait silencieuse pendant un premier temps avant de finalement prendre la parole pendant qu’une pensée traversait son esprit.

Savez. J’vais pas prétendre vous expliquer votre taff. Mais vous devriez gérer les types qui prennent votre nom ou salissent votre réput’. Sinon jamais personne vous prendra au sérieux, pas seulement parce que votre révolution sera pas crédible mais aussi parce que vous aurez jamais prouvé en tant qu’chef.

Chez nous, l’usurp’ ou la diffa’ ça vaut la transfo en œuvre d’art abstrait. Les gens réfléchissent à deux fois avant de foutre la merde.


Bon, la peur de la mort n’était sans doute pas le meilleur moyen d’obtenir une loyauté sincère mais cela se compensait par l’amour de l’argent facile.

Si vous voulez discutez, d’accord. Mais je préviens juste que ça se fera dans cette zone. Déja parce que j’ai pas le droit de partir. Ensuite parce que côtoyer ces enculés que sont les nobliaux et les bourges ça me pète les couilles.

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres.

Sachez juste une chose, si mes propres alliés ont peur de s’approcher de moi, c’est pas pour rien. Alors restez sur vos gardes.

Mer 16 Aoû - 17:06
Lillie ploya les genoux pour ramasser doucement l'arme qu'elle venait tout juste de poser à terre. Elle s'en voulait déjà d'avoir proposé à son opposante du jour un tête à tête. Manifestement, celle-ci n'était pas prête à lui offrir un gentil brin de causette. Mais si c'était ce qu'il fallait pour éviter le bain de sang sous le signe duquel s'était levé le soleil ce matin, elle était prête à le faire. Elle demanda à l'intégralité de ses hommes de quitter les lieux d'un simple signe de la main. Tous procédèrent avec la plus grande précaution, sentant les toits sur lesquels ils étaient positionnés plus qu'instables. La plupart réussirent à regagner la terre ferme sans encombres et à quitter les lieux. Deux, en revanche, chutèrent assez maladroitement dans leur tentative de descendre une échelle. Ni l'un ni l'autre ne semblait s'être blessé sérieusement, mais la fracture imposé à leur ego était elle bien présente.

Elle attendit patiemment que les lieux soient désertés de ses hommes au moins avant de tourner le dos à Violette pour faire un pas vers là d'où elle venait. Elle pointa du doigt l'angle de la rue en regardant la criminelle par dessus son épaule.

- Dans ce cas là, ça tombe bien, je n'ai pas de lieux où te recevoir chez les nobles ou les bourgeois. Mais à trois blocs d'ici, si.

Lillie avait parfaitement conscience du risque qu'elle prenait en offrant sur un plateau la localisation d'une de ses planques à la première criminelle venue. Elle allait devoir, et ce immédiatement après cette entrevue, déménager à nouveau en prenant grand soin de ne laisser aucun indique quant à l'emplacement de sa prochaine planque. Elle soupira lentement en reprenant sa marche en avant, s'assurant d'une œillade qu'elle était bien suivie.

Le vacarme provoqué par l'incident avait vidé les ruelles étroites de la basse ville. Les rares curieux se contentaient de regarder passer le petit cortège depuis leur fenêtre, derrière leurs rideaux de fortune. Non seulement tous ces gens devaient-ils vivre avec le peu que leur offrait une vie dans ces quartiers de Xandrie, voilà que maintenant, ils devaient aussi composer avec la multiplication des organisations criminelles que faisaient forcément naître leurs conditions de vie. Après moins de dix minutes de marche, Lillie s'arrêta net devant un immeuble à la façade abîmée par le temps. On devinait sous une peinture passée les pierres grossières utilisées lors de sa confection. Il était mitoyen de deux immeubles du même genre, et ne s'en différenciait que par la toile bleue tendue en sorte de paravent au-dessus de sa porte. Un petit vieux tenait dessous un maigre stand de fruits frais dont il valait mieux ignorer la provenance. Elle monta deux à deux les escaliers grinçants jusqu'au troisième étage.

Elle entra la première dans le petit appartement qui lui servait de planque. Ce n'était qu'une pièce carrée de quelques mètres carrés tout au plus, au sol recouverts de tapis à la teinte disparue et aux murs perforés d'humidité. Le mobilier rustique n'avait rien à envier à celui qu'on trouvait dans les tentes des nomades les plus mobiles d'Aramila : une table, quelques tabourets et rien de plus. Lillie resta debout, attendant que Violette, et quiconque l'accompagnerait, entre à son tour. Elle regarda par la fenêtre et constata qu'aucun des révolutionnaires ne l'avait suivi. Bien.

- T'as raison sur un point. On a du mal à garder tout le monde sous contrôle. On fait ce qu'on peut mais on est pas aidés. J'avais pas vraiment l'intention d'intervenir. Mais, même si tu t'en fous, j'essaye de garder le maximum de personnes en vie ici bas. Parce que quand il viendra l'heure de passer à l'action, j'aurai besoin de tout le monde.
Jeu 17 Aoû - 0:19
Cloque au bel, la criminelle répondait d’un sourire franc, un brin arrogant, à la première réponse de la révolutionnaire sur le lieu de discussion. Il fallait en effet mieux éviter de rester au milieu d’une rue publique pour ne pas s’exposer aux milices de guets.

Tant mieux, la propreté me révulse maintenant.

D’un signe de la tête, elle fit ensuite mine aux hommes de cartel de reculer et d’aller informer les autres de la situation. Elle n’avait de son côté pas besoin d’elle. La fortune était de toujours le pouvoir d’un être seul. Surtout que quand bien même elle ne voulait pas, sa nature de portebrume lui octroyait d’office un certain statut qu’elle n’avait cherché à avoir, dans ce groupe elle était la plus adaptée pour discuter avec des autorités tierces. D’autant que les maîtres du cartel ne se déplaceraient jamais pour ça. Qu’importe l’importance de la personne, jamais les dirigeants ne se montreraient sans rendez-vous.

Ainsi, elle suivit avec sa nonchalance habituelle la dirigeante, baladant ses yeux à droite et à gauche sur le trajet tout autant pour atténuer son ennui que pour sonder rapidement les lieux et les personnages présentés. Elle n’avait pas l’air de lui vouloir du mal, mais on ne savait jamais. Sans parler du risque de filature pour la police ou les espions.

Entrant ensuite dans un immeuble vétuste pour attendre quelques étages plus haut, une salle particulièrement délabrée, elle ne put s'empêcher de lâcher deux mots en voyant les lieux.

Et bien.

La révolutionnaire alors répondit en retard aux propos que Violette avait tenu il y a quelques minutes. Cela avait le don de surprendre pendant quelques instants la criminelle qui ne s’attendait pas à ce que la toute-puissante générale de la révolutionnaire daigne répondre à sur des sujets si personnels à l’insignifiante inconnue qu’elle était. A l’origine, elle n’attendait aucune réponse, c’était alors plus sa langue trop pendue et son amour de la provocation qui était en jeu plus qu’autre chose.

Pour première réponse, Violette fixa de ses yeux rouges la femme en face d’elle. Il n’y avait pas besoin d’être un devin ou un expert en psychologie pour comprendre que sa réponse puait le doute, la remise en question et même une amère acceptation d’un échec. Elle n’avait pas l’air tout à fait dans son assiette.

Enfin… Ce n’était pas le problème de l’ancienne mercenaire qui avait d’autres chats à fouetter que d’aider le tout-venant en pleine expression de son mal-être vis à vis de ses décisions passées. Faisant comme si elle n’avait pas compris, elle répondit rapidement sur un autre point en entrant.

Ah ouais. Passer à l’action. Z’étiez pas censé être des pacifistes plus intéressés par le blabla sur… la vérité ou la corruption ?

On pouvait sentir à travers son ton, tout le mépris qu’elle avait le pacifisme et les méthodes de la princesse dont tout portait à croire qu’elle n’était pas très ouverte à la solution terroriste d’un regard extérieur. Cela montrait également qu’elle semblait plutôt d’accord avec l’idée d’une révolution bien qu’elle en réprouvait la méthode jugée trop douce et naïve. Quelque chose loin d’être rare par ici. C’était rarement dans les bidonvilles après tout, que l’on trouvait les grands défenseurs de la politique royale et de son système. D’autant plus que tout le monde savait ce que serait la réaction du Cartel en cas de révolution, car quand bien même il servait aujourd’hui le système par dépit et opportunisme, poreux aux idées populaires comme il était, composé des éléments les plus violents et combatifs du bas peuple, ils seraient dans les premiers à emporter tout le monde dans des émeutes, des barricades et des pillages des maisons nobles et bourgeoises tant jalousées depuis des décennies.

La question était alors pourquoi des gens comme Violette ou les criminels n’étaient pas des révolutionnaires s’ils étaient d’accord sur le principe et qu’ils avaient suffisamment d’expérience pour ne pas avoir peur du combat ?

La réponse à cette question était double.

D’une part, le lumpenproletariat n’était aucunement favorable à toute révolution pacifiste ou douce. Comprenant dans révolution massacre et génocide des élites, des nobles, des riches et de leurs chiens de compagnie. Le tout étant alors plus proche de la terreur de Robespierre que de la révolution pacifique tchécoslovaque.

D’autre part, la présence à la tête de la révolution de la princesse de Xandrie. Gage de ralliement vis à vis des gens qui voulaient le changement mais pas trop fort. Symbole du doute vis à vis de ceux qui voulaient tout brûler. Il fallait comprendre que ce que voulait le milieu sociologique du cartel ce n’était pas renverser le Roi, c’était détruire le système pour instaurer une république révolutionnaire. Difficile de faire pleinement confiance dans une organisation officiellement dirigée par une princesse et que l’on pensait à tort ou à raison comme ayant l’objectif de lui remettre la couronne car elle ferait soi-disant un meilleur travail que son père. Ce que Lillie avait devant elle, c’était un noyau de potentiel sans-culotte, pas des Girondins modérés.

Aujourd’hui, tout cela ne restait toutefois que des suppositions. Le problème plus urgent à régler était celui du litige existant entre le cartel et la révolution.

Enfin, ça vous concerne tout ça, donc j’vous juge pas.

Oh que si elle jugeait.

Se posant lourdement sur son tabouret avant de se balancer en équilibre sur une de ses jambes.

Nan, la seule chose qui nous intéresse ici, c’est comment on en arrive à cette situation. J’peux comprendre que vous ayez du mal à gérer le désir d’en découdre des plus gros haineux de la monarchie. Mais faut trouver une solution, parce que si ça répète, ça va juste finir comme la boucle habituelle des guerres de clan et de guilde. Tout le monde sera perdant. Trouvez leur une occupation, j’imagine qu’ils peuvent bien rosser quelque chose sans mettre à mal vos plans non ?

Parce qu’en plus c’est un peu con de nous attaquer nous. Nous ne sommes ni ennemis, ni en concurrence. Nous avons les mêmes adversaires. Et enfin puisque nos dirigeants sont des enculés, c’est le cartel qui paye les frais médicaux et offre la bouffe aux gens qui vivent dans les fosses à purins servant de logement sur les bordures.

Politique classique des caïds et des gangs de cités que d’arroser toute la zone pour s’assurer la fidélité de tout le monde en plus de la peur afin d’éviter les dénonciations au guet. Le Cartel avait très bien compris depuis longtemps, qu’il ne pouvait face à la puissance de la police xandrienne qu’assurer sa survie en rendant la population pauvre dépendante de ses subsides et des boulots qu’il offrait.

Surtout que de notre coté j’me souviens pas que le cartel a une fois porté préjudice à la révolution en vous dénonçant ou vous agressant dans les bas quartiers pour avoir les bonnes grâces des nobles véreux.



Sam 26 Aoû - 11:15
- On y travaille. On essaye de trouver des solutions.

Lillie regardait maintenant par la fenêtre. Deux doigts entre les rideaux à peine opaques et le cadre de la fenêtre, juste assez pour s'assurer que tout allait bien dans la rue en contrebas. Il fallait reconnaître aux criminels des cartels que leur code de l'honneur était souvent respecté. Elle avait pris un risque immense à laisser entre chez elle, et sans aucune surveillance, une criminelle notoire. Si son vis-à-vis décidait tout à coup de lui sauter dessus pour l'égorger, il n'y a pas grand chose qu'elle pourrait faire pour l'en empêcher. Mais diriger un mouvement aussi vaste et diversifié que la Révolution impliquait forcément de prendre des risques inconsidérés. Même si ceux-ci ne payaient que trop rarement.

L'arrogance à peine voilée de son interlocutrice fit tiquer Lillie. Sans doute avait-elle l'impression de se voir dans un miroir et que cette image ne lui offrait pas la plus grande satisfaction. Sans doute aussi que l'image d'Épinal du cartel irréprochable sonnait un peu faux à ses oreilles, elle qui luttait depuis longtemps maintenant pour réduire le nombre de victimes causées par ses agissements. Lillie haussa les épaules en laissant retomber le rideau sur le cadran de la fenêtre. Elle posa de nouveau son regard sur Violette.

- Mais si la Révolution est prête à reconnaître ses torts, elle n'est pas encore naïve au point de croire à la bonté des cartels des bas-fonds. Les gens qui vous emmerdent, nous n'en sommes pas plus responsables que vous. Qu'ils clament leur véhémence à l'égard de ceux d'en-haut en font juste des habitants de Xandrie, au même titre que tous les autres.

Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille et se laissa tomber sur une chaise qui semblait avoir vécu bien trop longtemps. Le grincement caractéristique de son assise quand Lillie s'y posa se mua en un craquement sourd. Le bois vermoulu de l'un de ses pieds avait finalement rendu l'âme, envoyant le postérieur de la Générale directement sur le plancher. Elle se redressa, une main sur le postérieur, et l'autre sur la table basse. Elle n'avait vraiment pas besoin de jouer de malchance pour perdre en charisme. Cette journée commençait à légèrement la tendre, et le rictus de Violette n'arrangeait rien. Mais si elle perdait son calme maintenant, c'est un pan entier de sa politique qui s'effondrerait avec elle. Elle souffla, passa ses nerfs sur les restes de la chaise en la brisant d'un coup de ses bottes usées.

- Et à titre personnel, je ne suis pas naïve au point de penser que je vais te voir partir d'ici avec un grand sourire en te serrant la paluche après un pacte de non agression. Une autre journée, pourquoi pas, mais il semblerait que la poisse me poursuive aujourd'hui. Y'a des jours comme ça...

À bien y réfléchir, elle n'avait pas été seule à manquer de veine depuis le début de la journée. Elle fronça un rien les sourcils, perdue dans une réflexion probablement trop alambiquée pour être vraie. Sa position l'avait depuis longtemps rendue paranoïaque. Couplée à sa propre condition de portebrume, elle avait tôt fait de tout analyser sous le prisme de pouvoirs mystiques et incompréhensibles. Elle secoua la tête comme pour chasser loin d'elle cette idée.

- Toujours est-il que nous aussi, nous prenons en charge une bonne partie des besoins des habitants ici. La différence, c'est qu'on essaye de le faire sans alimenter un système à peine plus glorieux que celui en place. Donc voilà ce que je propose : je m'engage à redoubler d'efforts pour que les idiots du coin aillent fouiner ailleurs, et toi, à ne pas dézinguer le premier venu qui passerait trop près de toi. Et conjointement, on garde nos propagandes respectives pour nos beaux yeux.
Lun 28 Aoû - 2:07
Avec une attitude parfaitement typique de sa personne, la criminelle avait dressé un magnifique tableau de sa nature à la révolution et de la manière dont pouvait facilement tourner les discussions et les conversations avec elle.

Il en restait toutefois que malgré toute l’arrogance et la nonchalance dont pouvait faire preuve l’ancienne mercenaire, elle en restait une personne suffisamment sérieuse pour savoir quand le faire et savoir quand se taire pour écouter ce que la révolutionnaire avait à lui dire, visiblement peu goûteuse de tout ce qu’elle avait dit tantôt.

Pendant toute cette réponse, la portebrume n’avait semblé faire grand cas de la chute de la générale, trop habituée à la chose pour même y réagir, elle se contenta d’un haussement d’épaule pour dire qu’elle s’en foutait. Elle pourrait très bien lui donner des conseils mais une des principales règles en ce monde, autant valables pour les capacités raciales qu’artificielles, c’était de ne jamais les expliquer à qui que ce soit, exception faite quand cela présentait un avantage.

En revanche, elle avait été piquée à son tour lorsque la révolutionnaire avait osé critiquer le Cartel. Ce n’était pas qu’elle avait tort. Ce qu’elle disait était factuellement vrai, Violette ne pouvait que le concéder. Mais pour tous ceux qui n’étaient pas de base des psychopathes sans foi ni Loi, le Cartel savait bien ancrer dans leurs esprits, que tout ce qu’ils faisaient n’étaient pas leur faute, que cela en était presque morale.

Ce n’est pas ma faute, c’est car je n’ai pas d’autre choix.
Ce n’est pas ma faute, j’ai une famille à nourrir.
Non c’est la faute de quelqu’un d’autre.
C’est la faute du Roi. C’est la faute de Xandrie. C’est la faute d’Opale. C’est la faute du Guet.

Une manœuvre classique sur le plan psychologique de déculpabilisation dans lequel s’enfermait qui le voulait. Difficile alors de sortir de ce doux rêve qui permettait en partie de s’assumer face aux désastres que l’on pouvait créer.

Violette souriait légèrement par égo, mais son sourire était jaune. Au point qu’elle dû immédiatement se griller une nouvelle cigarette tout en répondant à cette accusation si véridique mais si difficilement acceptable pour ceux qu’elle visait.

Si vous voulez.

Elle haussa les épaules.

Le système c’est le système. Avec ou sans nous il survivra alors autant survivre avec lui. La nature a horreur du vide de toute façon, donc mieux vaut que ce soit local que géré par les zinzins d’Opale ou d’espis-mes-couilles.

Un autre classique.

A vous de voir ce que vous voulez. Les accords ne restent que des accords et on est sans doute des raclures mais de toute façon, la bonté ça existe pas dès qu’il y a du pouvoir en jeu. Ca c’est le luxe de ceux qui n’ont pas d’ambition.

Violette était de base une pessimisme, elle ne croyait pas dans le fait que l’Homme soit naturellement bon ou mauvais. Non, l’homme est un être de désir, et pour ceux ci il est prêt à faire tout ce qui est possible, le pouvoir en étant la plus grande démonstration qu’il soit politique, économique,.. Toute hiérarchie est pyramidale, les places sur les étages sont de plus en plus limitées. Il faut se battre pour les obtenir. Il faut se battre pour y rester. On ne peut sérieusement se battre en étant totalement bon.

Elle ne croyait pas la révolution bonne. Trop de facteurs en jeu pour que les choses soient morales. La mort et les squelettes lui étaient sans doute liés quand bien même ils tentaient de limiter le préjudice causé. Tout du moins même si on lui disait qu’elle l’était, elle ne voudrait même pas y croire.

Puis je sais pas pour qui tu nous prends. C’est pas Epis’ ici, on s’amuse pas à buter des gens pour le plaisir de le faire. Autant dans le sud, c’est possible parce que tout le monde est perso, autant ici tout le monde à une famille, un clan, une guilde pour le venger. Donc ouais non, c’est pas trop dans les méthodes.

Pas vraiment, en vérité cela pouvait arriver. Les imbéciles restaient des imbéciles capables de tuer sans en mesurer les conséquences. Les gens réfléchis pouvaient aussi le faire s’ils estimaient que le groupe en face était trop faible, que la victime cherchait à crever pour faire un exemple ou alors en ne laissant aucune preuve. En plus avec le guet qui tournait autour, il fallait bien réfléchir avant de faire des bains de sang, la discrétion était à Xandrie plus utile que la démonstration de force. Du moins pour l’instant.

Expirant ensuite une salve de fumée d’un produit qu’il ne valait mieux pas consommer, Violette laissa quelques secondes de silence avant de terminer.

Pas besoin d’être aussi crispée aussi. Tu peux te détendre. C’est pas une réunion de guerre ou de crise. Être stressé tout le temps ça empêche de dormir, ça rend fou et ça fait vieillir.

Regardez Violette. Elle était parfaitement détendue de son côté. Même si la fumette jouait sans doute beaucoup là dedans.
Lun 4 Sep - 10:51
Même pour quelqu'un d'aussi douée que Lillie quand il s'agissait de garder son sang-froid, l'arrogance de Violette était une épreuve. Lillie regarda de nouveau par la fenêtre, plus pour se calmer que pour vérifier quoi que ce soit. La criminelle n'avait rien de différent que beaucoup d'autres. Qu'il s'agisse d'assassins travaillant pour leur compte ou de grands bandits organisés en bande hiérarchisée, tous les malfrats pouvaient se ranger selon deux catégories plus ou moins perméables. Soit ils étaient parfaitement dégénérés, incapables de se rendre compte de leurs actions et de leurs conséquences, soit il étaient parfaitement cyniques. Et c'était ceux-là que Lillie aimait le moins.

Les faits divers affreux ne manquaient pas à Xandrie. C'était toujours l'histoire d'un homme à moitié fou, et à moitié perdu. Qui se retrouvait toujours à tirer à moitié sur la foule, et à moitié sur lui-même. Ceux-là étaient faciles à condamner, faciles à absoudre, faciles à pardonner. Mais les criminels pervers du cartel n'avaient rien de tout ça. Violette venait à nouveau de le prouver. Rien ne les intéressaient plus que leur propre intérêt, et quand celui-ci ne suffisait plus, ils étaient tout de même capables de semer la mort et la désolation pour le simple plaisir d'un divertissement macabre. Lillie n'avait rien que du mépris pour eux, comme elle en avait pour tous les esprits tordus qui n'avaient même pas l'excuse de la folie pour se dédouaner.

- Je ne vous prends pour rien, dit-elle après quelques secondes. J'essaye de gérer une situation pour éviter que la moitié de la ville se retrouve six pieds sous terre. C'est ça mon ambition. Je sais que c'est difficile à envisager dans votre système, mais j'ai pas grand chose à faire de vos supposés états d'âme. Vous pensez que la Révolution est inutile ? Soit, c'est votre droit. Moi je pense que vous êtes utiles. Très utiles, même, à ceux que vous prétendez détester. Tous ceux d'en-haut sont ravis de vous avoir sous la main pour justifier leurs horreurs. Ils sont ravis de savoir le Guet occupé ailleurs que chez eux. Vous savez ce qui tient les gens sages, pas vrai ? C'est la peur. Et ici, c'est de vous que les gens ont peur.

Elle s'approcha de Violette. Sa voix était calme et ne trahissait aucun emportement. D'ailleurs, aucune de ses paroles n'avait pour but d'éveiller la conscience de son interlocutrice. Elle savait pertinemment qu'elle n'obtiendrait rien d'intelligent de quelqu'un comme elle. Elle n'avait pas une haute opinion des criminels de Xandrie avant cette entrevue. Elle les considérait désormais comme des ennemis. Pour l'heure, elle avait réussi ce qu'elle avait entrepris : éviter un bain de sang. Elle tendit sa main à son interlocutrice comme pour lui indiquer la fin de l'entrevue. Elle se douait qu'elle ne lui serrerait pas. Qu'importe.

- Personne n'attend en bas des escaliers, personne ne te suivra. J'espère ne pas te revoir. Ça voudra dire que tout le monde sait se tenir à sa place.
Jeu 7 Sep - 20:17
Durant toute la prise de parole de la révolutionnaire, la portebrume restait silencieuse. D’abord totalement de marbre, avant que finalement son visage et ses traits ne s’assombrissent progressivement à mesure que Lilie lui crachait son poison au visage. Ce n’était pas vraiment le genre de discours que Violette appréciait entendre, ainsi il était certain que si la demoiselle en face n’était pas une révolutionnaire sa première réaction aurait été de lui en mettre une pour lui faire fermer sa gueule.

Mais malgré toute la colère qui pouvait en permanence ronger son âme, la mercenaire savait quand elle devait faire et ne pas faire. Quand bien même ses dérives verbales étaient permanentes dans la plupart des situations, elle ne s'arrêtait qu’aux attitudes et aux mots. Aller dans le registre de la violence physique, c’était franchir un cap qu’il fallait assumer, ce qu’elle n’était pas prête à faire face à des révolutionnaires. Elle n’était pas spécifiquement effrayée parce qu’ils étaient, mais elle les craignait suffisamment pour réfléchir à deux fois avant de faire quelque chose de mauvais à leur égard.

Les affronter n'apporterait rien de bon pour elle, bien au contraire. Il n’était pas question de faire preuve de mansuétude, ce qui était à ses yeux preuve de faiblesse, mais n’abusons pas non plus.

Restait qu’elle n’appréciait pas les paroles de Lillie et cela pour plusieurs raisons.

D’une part, car elle faisait partie des gens tourmentés intérieurement par leurs propres actes. C’était sans aucun doute ce doute perpétuel qui la faisait agir aussi violemment et la faire paraître sur d’elle. Il existait en psychologie un constat, les personnes aux tempérament dominants étaient souvent celles qui avaient le plus besoin de se prouver aux autres car elles n’ont paradoxalement pas confiance en elles. Les véritables dominants eux, n’existaient pas par rapport aux autres mais indépendamment de ceux ci.

Ainsi, s’entendre dire ses quatre vérités n’était jamais très agréable.

Mais ce n’était pas tout.

Quand bien même, elle était fautive, ce que Violette pouvait inconsciemment accepter, elle n’acceptait pas d’être jugée.

Qui était cette fille pour oser porter un jugement sur elle ? Du point de vue de Violette, Lilie ne pouvait être que deux choses. Soit une bourgeoise ou une citadine qui contestait le système qui l’avait fait naître.Soit une gueuse qui était devenue autre chose au cours de sa vie. Dans les cas, son jugement était insupportable.

Si c’était une citadine, qui était elle pour juger de la souffrance de ceux qui ne sont rien. Des choix de ceux vivant dans un monde qu’elle n’a jamais connu, qu’elle n’a jamais daigné connaître et qu’elle ne comprendra jamais.

Si elle était une gueuse, pourquoi ne pouvait-elle pas comprendre ? Elle était très loin d’être la seule dans son cas a avoir été absorbée par le cartel. Il n’existait pour les pauvres quasiment nul autre moyen que le Cartel pour gagner sans être un esclave des riches de quoi faire vivre sa famille nombreuse. Le gueux n’avait pas les moyens de sortir de son état. Il n’avait pas le réseau pour rejoindre une guilde ou une corporation de métier. Il n’avait rien. Rien d’autre que la misère, les métiers de la honte et ceux de la brume. Et dans cette masse de ténèbres informe et dégoûtante, cette main lumineuse, inespérée, celle qui te donnait un avenir, un espoir en échange de ton âme, celle du crime.

Après coup, tu pourrais regretter, douter, hésiter. Mais quoi que tu fasses, tu reviendras vers elle. Après avoir goûté au miel et sa saveur sucrée, difficile de revenir à l’amertume au nom de ses “principes”.

D’abord immobile, Violette soutenait le regard de Lillie qui s’approchait d’elle.

Finissant par hausser les épaules en canalisant intérieurement sa propre colère, Violette répondit nonchalamment.

Ca ca te regarde. Moi j’m’en branle de mon coté. On est pas là à cause de moi mais parce que tu sais pas dresser tes caniches.

Se levant.

Pour le reste comme je dis. Pense ce que tu veux. J’m’fous. Faites votre révolution et votre guerre entre bourges. C’est vos affaires, on s’en bat les couilles. Ce pays a toujours été de la merde. Opale ou pas, ça date pas de ce règne là. Ca changera rien pour nous de toute manière.

S’approchant de la porte.

Si vous avez des demandes. N’hésitez pas à nous contactez vous savez où. On sera ravie de nous offrir des antidepresseurs car ça a l’air un peu triste votre révo.

Balançant son bras alors qu’elle franchissait la porte.

A la revoyure.

Quittant finalement le bâtiment, elle regardait à droite et à gauche. Un quartier pauvre mais encore acceptable. Trop pour elle. Elle était pressée de retourner dans la fange de son enfance. L’endroit des véritables miséreux où ce genre de maison moisie serait du luxe.