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[PARTIE 1] Le Royaume Oublié

[PARTIE 1] Le Royaume Oublié Brandw10
Mer 19 Juil - 7:51

Pour peu que vous n'ayez encore jamais visité Andoria, vous avez peine à croire à sa splendeur en la découvrant. La Ville Immaculée n'est pas aussi grande que Xandrie, ni aussi quadrillée qu'Opale, mais elle est certainement plus belle qu'aucune autre en Uhr. Qui que vous soyez, et puisque vous semblez venir de loin, vous n'avez pas vraiment la sensation d'être le bienvenus ici. Il faut dire qu'Andoria ne reçoit que peu de visites, malgré les histoires abracadabrantesques qui circulent à son sujet.

C'est d'ailleurs l'une de celles-ci qui a poussé Arvane à chercher, il y a quelques semaine en arrière, un archéologue émérite. Archéologue dont la ville est aujourd'hui sans nouvelles. Si vous arpentez aujourd'hui les rues éclatante d'Andoria, c'est pour rencontrer Arvane. L'annonce qui guide vos pas est assez succincte. Vous savez simplement que vous devez vous rendre devant la Citadelle. C'est là qu'il vous attend. Arvane n'est pas un homme. C'est un élémentaire de terre civilisé. Ce n'est ni le premier, ni le dernier que vous croisez à Andoria. Son corps imposant est semblable aux roches calcaires des Monts environnants, sa carrure lui donne l'air aussi immuable que le plus haut des pics et son visage anguleux n'a rien de vraiment rassurant.

Il vous observe de loin. Ses yeux - deux abcès dans la roche claire qui habille son visage - ne trahissent pas le moindre signe d'espoir, ni d'aucune autre forme d'émotions. L'homme-montagne vous attend, aussi patiemment que la montagne attend le vent.
Mer 19 Juil - 10:46


C’était toujours particulier de partir en mission mais ça l’était davantage encore quand elle était coréalisée avec des copains d’Opale. Non, en fait, je m’en moquais un peu. Le premier, le détective Lestrade, quarantaine passée. Je ne lui avais pas posé la question mais les stigmates de son corps parlaient pour lui-même. En léger surpoids, pas très athlétique, sauf que je le suspectais de quand même bien se défendre. Il avait ce que j’appelais le « gras explosif ». Un espèce de bonhomme grassouillet qui bougeait et qui frappait fort. Pis s’il était détective, c’était probablement qu’il raisonnait correctement le bougre. Et comme j’aimais le dire, plus mes partenaires avaient de compétences et moins j’aurais à faire. Dans ses yeux, on lisait le désespoir et l’envie de quitter ce monde pourri. Ce type avait probablement vécu des choses peu jouasses et n’attendait plus grand-chose de la vie.

Le second, Gabriel, ne m’inspiraient pas plus confiance. La peau pâle, ça sous-entendait qu’il ne sortait pas beaucoup. Un grand longiligne, mi-grassouillet, mi-maigre, qui s’entretenait peu mais qui profitait de sa jeunesse pour éliminer le surplus malgré sa sédentarité. Les cernes exprimaient un manque de sommeil évident. Impossible de réellement le cerner. De prime abord, je dirais que c’est un rat de laboratoire concentré dans ses recherches. Hélas, je me trompais bien souvent sur mes pronostics. Encore une fois, quelque chose me dérangeait avec ce type et j’étais incapable de mettre le doigt dessus. Autant le détective bon vivant, je savais à quoi m’en tenir si je taquinais un peu trop. Autant lui, j’ignorais ses possibles réactions. Je n’aimais pas ça. Putain de déformation professionnelle. Pourquoi fallait-il jouer au profileur à chaque fois que rencontrais de nouvelles personnes, hein ?

D’autant plus que je n’avais pas vraiment le temps avec ces conneries. Nous étions à Andoria, magnifique et immense cité, qui tronaît au-dessus de ses majestueuses remparts blanches, dans la partie Sud des Terres Brulées. Une architecture face à laquelle on ne pouvait que rester contemplatif et une propreté exemplaire. Ça changeait des rues dégueulasses des bas-fonds de Xandrie. Si je connaissais ce lieu de manière assez correcte, c’était uniquement parce qu’il était le siège de l’Alliance. Même si tout le reste était tout aussi vrai. Réputée pour sa sagesse et sa diplomatie, on ne croisait pourtant que peu de touristes ici, pour ne pas dire aucun. Population vieillissante, je ne risquais de finir la tête à l’envers ici. Et à chaque fois que je mettais les pieds ici, que je passais devant les ruines du Royaume Oublié, je me demandais ce qu’il s’était passé. Nul n’ignorait la présence des élémentaires, dont l’espérance de vie était bien supérieure à la notre et qui connaissaient certainement la réponse à toutes mes questions.

En parlant d’élémentaire, on devait justement en rencontrer un : Arvane. Un monsieur pour le moins rocailleux dont l’aspect n’attirait pas vraiment. Je n’irais pas vraiment le voir pour taper la discute si j’avais le choix. A la recherche de réponses, il avait embauché un archéologue, sauf que ce dernier était porté disparu depuis quelques semaines. Et si je devais faire un profil psychologique de cet être, je serais bien embêté parce que rien ne trahissait. Il ne dégageait aucune émotion et me semblait n’être qu’un tas de cailloux entassés. La seule chose qui avait de quoi réchauffer mon cœur épuisé par la voyage, c’était la merveilleuse citadelle qui se trouvait face à nous. Quoi de plus réconfortant que d’observer des bâtisses créées millénaires avant notre présence et de voir qu’elles étaient toujours aussi majestueuses. Bon, si nous revenions à nos moutons ? Pour désamorcer ce genre de situation et entamer les pourparlers, je pouvais naturellement compter sur des personnes plus qualifiées que moi dans le domaine. Mais je n’avais pas envie de perdre trop de temps ici.

« Bien le bonjour, Arvane. Mes camarades et sommes ici pour répondre à votre appel. », dis-je d’un ton las.

C’était histoire d’éveiller des émotions en lui mais rien n’y faisait. Il restait stoïque. Je pensais que mes lunettes de soleil allaient provoquer une réaction. Rien du tout.

« Que pouvez-vous nous dire que nous ne savons pas déjà ? Une direction, un élément remarquable, quelque chose qui pourrait nous aider à débuter nos recherches ? »


Lun 24 Juil - 11:27
Il m’arrive de traiter des affaires plus mystérieuses que sordides, d’accepter des enquêtes qui sortent de l’ordinaire. Généralement, on vient me trouver pour comprendre pourquoi le conjoint a un comportement étrange ces derniers temps, on vient me demander de l’aide pour retrouver un mioche perdu ou en fugue, on vient me trouver afin que je retrouve la trace de l’enfant de chienne qui s’est pris pour dieu à jouer avec la mort. C’est pas évident pour tout le monde de comprendre que Dieu n’existe pas, que rien ne t’autorise, petit salopard égoïste et pourri que t’es, à dispenser la mort en prenant la vie. Généralement c’est moi qu’on envoie pour procéder à la piqûre de rappel, mais c’est bien souvent trop tard. J’arrive après le meurtre, après que le mal soit déjà fait. Et c’est foutrement usant que de constater que l’humain est toujours aussi dégueulasse, décennie après décennie. Des petits merdeux se pensant malins diront que c’est à cause de ça que le détective Lestrade picole, et ils ont bien raison.

Comme je le disais, heureusement, je ne me charge pas que d’affaires tournant autour d’un meurtre.
Il y a aussi les enlèvements ou les disparitions, bien plus joyeux  hein ?

J’ai été engagé cette fois pour me pencher sur la disparition d’un archéologue. Enfin, quand je dis engagé, c’est plutôt moi qui me suis porté volontaire cette fois. Y’a des fois comme ça, tu fais des choses sans contrepartie évidente, sans que l’on soit venu te trouver et te motiver à te bouger les miches avec une liasse de billets. Je suis tombé sur une annonce, l’autre fois, qui faisait mention qu’un type avait disparu au niveau des Terres Brûlées, proche d’Andoria. Alors ça pourrait être toutes sortes de conneries comme explications, mais je me suis montré intrigué par le sujet, peut-être le métier qui veut ça, ou ma propre connerie qui me sert de cerveau. Des fois je cogite sur des trucs et le résultat m’emmerde, cette histoire me semble être de ce calibre.
C’est peut-être un besoin de sortir d’Opale pour quelques jours, c’est peut-être une idée à la con, c’est peut-être un besoin merdique de jouer les héros, c’est peut-être une autre raison tordue que je m’explique pas, mais j’y suis allé.

Me suis vite rendu compte que je serai pas tout seul sur l’affaire, mais c’est pas vraiment une surprise. Évidemment que d’autres gusses allaient se positionner sur le dossier du moment que le commanditaire a balancé une annonce publique. N’importe quel glandu capable de lire et mentalement stable aurait été en mesure de se mettre dessus. Je veux dire, quand j’ai lu le papelard, j’avais déjà enquillé les trois-quart de ma bouteille de bourbon et pissait plus droit depuis au moins deux bonnes heures, ça m’a pas empêché de capter.
Direction la Citadelle donc, c’est là-bas que le commanditaire a fixé le point de rendez-vous. Un certain Arvane, j’en ai pas su plus avant de me pointer devant lui, accompagné des deux autres zigotos volontaires. Azur et Gabriel, des blases qui font plus rêver que les trognes qu’ils se paient, les deux loustics. D’un naturel méfiant, je suis pas le genre à accorder ma confiance au premier trouduc venu, ici on changera pas les bonnes vieilles habitudes. Le premier est un type un peu trop joyeux à mon goût, il gagnerait à goûter à quelques séances déprimantes sur l’atrocité du monde et de la vie sur terre, et aussi à virer ces foutues lunettes qui m’empêchent de voir ses yeux. J’aime pas les gens dont je peux pas voir le regard, je m’en méfie, d’expérience ils ont toujours quelque chose à cacher.

Enfin d’expérience, tout le monde a toujours quelque chose à cacher.
Un sale petit vilain secret qu’on enferme bien solidement dans le placard. Quel est le vôtre, les gars ?

Le second est une grande gigue blanc comme un cul, la tignasse obsidienne et la fiole d’un gamin qui vient tout juste de passer la puberté, de se vider les burnes pour la première fois sur autre chose que les pages d’un magazine coquin. Je sais pas trop s’il est venu pour la grande aventure, l’appel du frisson, ou simplement parce que sa vie actuelle manque de piment et qu’il se cherche une histoire croustillante à raconter à la prochaine gonzesse qu’il essaiera d’emballer. Il est déjà brun et pas franchement moche, lui manque seulement le côté ténébreux. Mes avis qu’il est à la bonne porte pour ça, les Terres Oubliés, c’est pas une colonie de vacances.
Rendu devant le fameux Arvane, ‘suffit d’un seul coup d'œil en direction du malheureux pour piger qu’il est pas du genre humain, le Arvane. Des panards en roche, des guibolles rocailleuses, une tronche de pierre et probablement que les burnes aussi sont rocheuses. Allons bon, un foutu élémentaire.

Je tire une grimace, sortant de sous le manteau vert ma flasque de whisky. Ça me semble être le bon moment pour taper une gorgée de remontant. Je laisse le soin à Azur le joyeux de faire les présentations et entamer la conversation, zieutant d’un air un peu méfiant la montagne humanoïde qui nous fait face. C’est que je suis pas franchement enchanté de savoir que c’est lui qui nous a appelé à l’aide. Pas que j’ai un problème particulier contre sa race, je blaire juste pas vraiment tout ce qui touche à la magie. Cette merde est responsable de pratiquement toutes affaires sordides et merdiques que j’ai pu élucider, ou non. Chaque fois qu’un dossier est épineux, sanglant, ce que vous voulez d’emmerdant ou choquant, la magie est en plein dans le milieu. Ce truc, c’est un fléau, un fléau qui a tendance à attirer les blaireaux.


Dernière édition par Jabbar Lestrade le Mar 25 Juil - 7:17, édité 1 fois
Mar 25 Juil - 5:41
Une occasion trop belle pour ne pas la saisir.

Une opportunité où se rejoignent plusieurs de ses envies, ambitions. De ses besoins. Il veut découvrir le monde, alors le voyage jusque vers Andoria est un accomplissement en soi. Puisqu'il est Gabriel, il est scientifique du Magistère, alors il ne peut que s'intéresser aux secrets de Dainsbourg, de la Brume, et des endroits comme celui de sa dernière expédition. Puisqu'il est Ombre, la cité en ruine est une terre familière pour lui. Et puisqu'il est la somme des deux, il est curieux, avide de découverte, de progrès. Dans le sillage de cet archéologue disparu, il pourra découvrir. Alors naturellement, quand il a entendu l'histoire, il s'est déplacé. Il se déplace beaucoup, depuis qu'il est né. D'abord de Dainsbourg à Opale, puis maintenant à Andoria. Il voit du monde, et il apprend vite. Assez vite ?

Le futur le dira.

La ville est belle, moins grande qu'Opale, moins grandiose, mais emprunte de cette majesté certaine, différente, supérieure. Son regard glisse partout là où il va, il s'imprime de la beauté des lieux, de sa nouveauté, de son identité. C'est stimulant, le nouveau. Dainsbourg n'a jamais été vraiment très riche en nouveauté. La ruine nimbée de brumes est belle à sa façon... Mais elle ne change pas, ou peu. Avec les kilomètres de distance avalée, il découvre ces horizons si étrangers...

La tête dans ses songes, les mains dans ses poches, les yeux dans le vague, il rejoindra les deux autres... équipiers ? Collègues. Il ne saurait trop dire. Les deux autres intéressés par cette affaire, en tout cas. Lui, il se présente sous les traits de Gabriel Ancelac, le milieu de vingtaine, la peau pâle, les yeux et les cheveux couleur abysse. Grand et fin, habillé d'un pull noir prés du corps, d'un jean et de baskets blanches, il y a cette grande sacoche à son flanc, et ce quelque chose de doucement désinvolte dans son attitude. Il a un nom important, et avec, il pourrait avoir les habits formels que l'on s'imagine aux gens de son statut... Mais il ne se sent pas l'humeur des tissus guindés, des cravates et des vestes hors de prix.

L'Ancien Gabriel aurait sans doute fait autrement.
Le Nouveau Gabriel, quand bien même il tâche de jouer le rôle convenablement... Il a ses propres règles.

Ses propres lubies.
Il aura jaugé les deux hommes, des quelques minutes passées avec eux au pas de la rencontre avec le contact sur place. Un homme vieux, peut-être même vieillissant : un avec ces regards qui ont déjà trop vécu. S'il devait deviner, sans doute un avec une certaine expérience, résilience... en tout cas, il l'espère. Un autre, plus jeune, plus léger, le sourire plus facile. D'apparence, moins marqué par la vie. Mais il est bien place pour savoir que « d'apparence », ce n'est pas assez pour cerner autrui.

Il aura bien assez le temps d'assouvir sa curiosité. Pour le moment, il espère simplement qu'ils seront utiles.

Quelques pas plus tard, ils arrivent devant le commanditaire : Arvane, un élémentaire de terre. « Un élémenterre », qu'il se dit, et il se trouve très drôle... Presque assez drôle pour le dire à voix haute.
Presque.

- Bonjour ! Gabriel Ancelac, scientifique du Magistère. Je reviens récemment d'une expédition dans Dainsbourg, je ne pensais pas me pencher de nouveau sur le cas des ruines de sitôt... Une œillade. - Mais l'affaire qui nous rassemble aujourd'hui titille ma curiosité. Du reste, tout comme il dit. Il désigne Azur du pouce. - Ce qu'on sait pas, élément, directions, tout ça tout ça. Un songe, une pause. - Combien de temps, depuis le dernier contact ?

Puisqu'il s'agit de ça : l'archéologue qui a cessé de donner signe de vie. Mais depuis combien de temps ?
Mer 26 Juil - 10:13

Arvane vous toise sans que vous puissiez réellement déceler une quelconque émotion dans son regard. Il semble s'attarder plus que de raison sur le jeune Ancelac. Peut-être n'est-ce qu'une impression, ou peut-être comprend-il que celui-ci n'est pas si étranger à une partie de la population d'Andoria. Il revient à Azur d'un lent mouvement de la nuque. S'il est surpris par l'impétuosité de l'assassin, il n'en laisse rien transparaître.

- Messieurs, bienvenue à Andoria. Je ne m'attendais pas à recevoir tout un groupe d'aventuriers. Andoria n'est pas si accessible, et les Terres Brûlées ont de quoi rebuter même les plus téméraires guerriers.

Sa voix est – sans surprise aucune – d'une gravité incomparable. Elle résonne dans son corps comme elle le ferait dans la plus grande des cavernes. Il parle lentement, vous fixant tour à tour. Chacune de ses phrases est suivie d'une pause plus longue encore, comme s'il essayait encore de déterminer s'il pouvait vous faire confiance.

- Il y a de ça trois semaines, je recevais ici-même Harailt Rothach. Arrivé d'Epistopoli, il répondait à l'appel de sa guilde. Loin au-delà d'Andoria, nombreux sont ceux qui pensent que dorment des ruines dont la nature même cacherait bien des secrets. Il est parti vers le Nord-Ouest dès le lendemain, après avoir passé une bonne partie de la nuit dans notre bibliothèque. Je peux vous y conduire, et vous indiquer les ouvrages qu'il a consultés.

Il marqua une nouvelle pause. Le nom de Rothach n'était pas inconnu au sein de la communauté des historiens. S'il ne dirigeait pas la guilde des archéologues, il en était un éminent représentant, et plusieurs de ses découvertes avaient déjà fait la une des grands journaux dans toutes les nations.

- À moins que vous ne sachiez déjà tout ce qu'il y a à savoir sur le prétendu royaume oublié des Terres Brûlées. Auquel cas vous êtes libres de partir dès qu'il vous siéra. Votre mission est simple : retrouvez la trace de Rothach et ramenez-le à Andoria. Ou confirmez son décès le cas échéant.

Arvane croisa ses lourds bras sur son torse de granit, attendant que l'un de vous prenne les devants. Le calme d'Andoria ne pouvait laisser imaginer les tumultes qui vivaient au-delà de ses remparts.
Mer 2 Aoû - 23:08


Chaque détail pouvait avoir son importance. Je savais pertinemment que les réponses se trouvaient parfois entre les lignes, entre les livres, dans les bibliothèques… Pour que le gros tas de pierres insistât autant sur les heures passées dans ce lieu avant de prendre la route, c’était peut-être parce qu’il espérait que nous trouvions quelque chose qui lui aurait échappé. Cependant, je ne disposais pas de connaissances approfondies dans les domaines scientifiques, même si ma profession m’imposait une certaine polyvalence. Peut-être trouverait-on des indices ? Une destination ?

Arvane nous avait également indiqué le Nord-Ouest, mais ne connaissant absolument pas la région, j’ignorais complètement ce qui pouvait nous attendre là-bas. Si Andoria était une bénédiction et une merveille architecturale, le reste de la région ne l’était certainement pas. Nous arrivâmes dans cette majestueuse bibliothèque où les plafonds étaient si hauts que les livres donnaient l’impression d’atteindre les cieux. De longues et hautes rangées de livres, sans classification particulière au premier abord. L’élémentaire m’informa finalement de l’existence assez subtile d’une classification. Évidemment, notre chercheur s’était focalisé sur des documents historiques décrivant les lieux du temps où le nommait pas « Terres Brûlées ».

Arvane sortit les ouvrages en question et je commençais déjà à en scruter quelques-uns. On pouvait y voir des annotations mais rien n'indiquait qu’il s’agissait de notre homme. Et franchement, je n’y comprenais pas grand-chose à ses calculs. Moi, mon boulot, c’était d’assassiner les gens, éventuellement d’infiltrer de bonnes gens, mais c’était tout. Partir à la recherche d’un prétendu savant qui cherche des trésors, ça ne m’enchantait pas plus que ça. Néanmoins, quand je vis certains mots entourés, je compris qu’il s’agissait de lieudits ou villages. Une direction à prendre. « Terres Brûlées », suivre le « Drolzin » jusqu’au lac, royaume de Drolzin… Ces lieux se trouvaient effectivement au Nord-Ouest, comme l’indiquait l’élémentaire.

« Qu’en pensez-vous ? Devons-nous suivre le Drolzin dans l’espoir de tomber sur un quelconque indice ? »

Ven 25 Aoû - 4:15
Il sourit, naturel.
Il y a une part de construit, de factice, dans qui il est. Mais sa bonhommie est authentique, son sourire vrai, sa curiosité réelle. Alors c'est plus facile, de jouer le scientifique curieux, enthousiaste : Derrière le masque, l'ombre veut savoir, elle aussi. Et puis, jouer les enquêteurs jusque dans les ruines oubliées, s'aventurer jusqu'au travers de la brume... ça ne peut qu'être divertissant, non ?

- Heh. Bibliothèque en premier, oui. être informé sur le sujet est une chose : savoir ce que LUI sait, c'en est une autre. Autant savoir les informations qu'il a consulté.

Alors il suit, mains dans les poches, le regard toujours glissant au gré de ses curiosités et aspirations. Bien assez tôt, ils arrivent à la bibliothèque, et il commence à feuilleter. Ils cherchent, ils creusent, et finalement, ils trouvent. "Le Drolzin"... Il observe, songeur. Il finit par hausser les épaules.

- Hmmm. Je ne vois pas exactement d'autre piste sinon ça, donc uh... J'imagine que c'est notre meilleure option, oui. Un vote pour Drolzin, un. Il lève la main, comme pour donner sa voix. - Huh. Il est où le vieux, déjà ?

Il se disait bien qu'il manquait quelqu'un.
Ven 25 Aoû - 16:08

Les missions les plus mystérieuses ont de quoi rebuter jusqu'aux aventuriers les plus téméraires. Devant le trop peu d'informations collectées au sein de l'immense bibliothèque d'Andoria, Jabbar a préféré reprendre la route seul. Une route plus sûre, une route qu'il connaît : celle qui le ramènera chez lui. Peut-être auriez dû vous le suivre. Il est vrai que les livres ne vous ont pas révélé grand chose de plus qu'Arvane et que tout ça commence fortement à ressembler à une mission impossible.

Mais puisque vous avez une direction, il serait bête de ne pas la suivre. Arvane n'a pas jugé bon de vous embêter de sa présence dans la bibliothèque. Il ne vous l'aurait jamais avoué, mais l'odeur des livres lui est insupportable. Il préfère de loin l'air frais des pavés, là où ses pieds de roche sont bien ancrés dans l'élément qui est le sien. Pendant votre absence, toutefois, il s'est assuré que tout serait prêt pour votre départ. Il a réservé une chambre à l'auberge au cas où vous souhaiteriez vous reposer avant votre départ. Il a fait commander des victuailles en suffisance pour quelques jours de trajet. Un vrai papa poule, ce Arvane.

Un papa qui vous attendra, dès votre décision prise, aux portes de la ville, pour vous remettre ces petits paquets et quelques mots d'encouragement. La route de l'est, pour le Fort Valek, est bien tracée. Les marcheurs y sont rares, et si vous vous retournez, vous constaterez que plusieurs curieux vous regardent partir au loin des murailles d'Andoria. Seulement voilà, le Drolzin, lui, bifurque rapidement plus au nord. Arrivés devant un pont de bois vermoulu l'enjambant, vous devez quitter la route si vous souhaitez mener à bien votre mission. Au revoir le confort des sentiers battus. Bonjour la brume et ses mystères.

D'ailleurs, quel est cet étrange ronronnement persistant que vous entendez au loin ? Sans doute simplement le fruit de votre imagination.
Sam 2 Sep - 23:13

Comme il était sympathique de nous préparer tous ces vivres pour nous envoyer au casse-pipe. Direction de le Drolzin, un cours d’eau issu d’un drôle de lac. Nous étions chargés comme des mules, du moins plus qu’à notre arrivée sur Andoria, puisque nous avions maintenant de quoi nous nourrir pendant quelques jours. Mais je n’étais pas très optimiste quant à nos chances de survie dans cet environnement. En effet, un bourdonnement envahissait mes pensées. Mon imagination me jouait-elle des tours ? Je me sentais vaciller au fur et à mesure que l’on s’enfonçait dans la Brume. Je détestais ce brouillard et je comprenais maintenant pourquoi.

D’ailleurs, vers où marchions-nous ? Je voulais dire par là que nous avions quitté le beau sentir et que la visibilité était assez réduite. Et ce bourdonnement nous suivait. Quelque chose nous suivait sans relâche. Devenais-je parano ? Sans aucun doute. Dans le doute, je préférais quand même m’assurer de ne pas être pris en chasse par dieu sait quelle espèce. Alors, quand les bourdonnements furent à mon sens trop proches, je me retournai en dégainant rapidement mes deux dagues. Combien de temps s’’était écoulé depuis que ce son me torpillait le crâne ? Je me trouvais face à un groupe de chiens enragés, qui n’avaient plus rien de réellement naturel. Nous avions là des Incubes.

« Comment diable allons-nous en sortir face à ces démons ? J’aurais préféré tomber sur un Dranclure plutôt que ces merdes. »

Je le pensais réellement. Un dragon, on pouvait lui grimper dessus, l’éviter en se cachant un peu… Les Incubes étaient féroces, enragés, incapables de lâcher le morceau. Le seul moyen de s’en sortir était de courir plus vite ou de les tuer. Je lançai un regard du côté de mon compagnon, puis je pris les jambes à mon cou. Mon cristal activé, je courrai à une vitesse surhumaine, ce qui n’empêcha pas un certain nombre de chiens de me courir après. M’enfonçant dans la forêt, j’espérais entraîner avec moi un maximum de clébards pour donner une chance au gringalet de s’en sortir. Mais ça n’arrangeait clairement pas mes affaires. Si je m’éloignais davantage, je ne pourrais pas retrouver le chemin. Second cristal activé, mon corps s’adapta aux couleurs de mon environnement et je devins pratiquement invisible. L’idée était bonne. A un détail près : mon tour de passe-passe ne tromperait pas l’odorat de ces monstres.

« Et merde. », balançais-je en dégainant mes dagues, montant ma garde.


Dernière édition par Azur le Jeu 21 Sep - 21:27, édité 1 fois
Jeu 21 Sep - 14:16

On ne saura jamais ce qui a poussé ton compagnon à disparaître. Tes mots sont restés en suspens dans l'air pesant des environs d'Andoria. Était-ce parce que tu étais trop concentré sur les prédateurs qui te faisaient face ? Était-ce parce que la nature même de Gabriel lui permit de s'évaporer sans que tu ne le vois prendre ses jambes à son cou ? Impossible à dire. Toujours est-il que tu es désormais seul face à deux Incubes qui ne se contenteront pas de quelques croquettes. Il n'y a rien, ni personne, pour te venir en aide. Ces terres désertées n'offrent pas le moindre abri, à l'exception de quelques troncs d'arbres abandonnés par la vie il y a bien des années déjà.

Loin au nord, tu peux distinguer sous une brume légère quelques ruines dont les silhouettes dessinent un tableau inquiétant. Mais les spectres canidés ne te laissent pas le loisir d'observer le paysage trop longtemps. Le premier n'a presque plus rien du chien qu'il a été. Ses yeux n'occupent plus leurs orbites, d'où émane seulement une triste lueur verdâtre. Son oreille gauche a été arrachée et un trou béant sur son flanc droit laisse apparaître sa cage thoracique. Plusieurs côtes n'y sont plus rattachées. Et pourtant il semble ne souffrir d'aucun handicap. Animé par la folle énergie du spectre qui l'anime, il bondit en ta direction. Ses babines retroussées laissent apparaître ses crocs monstrueux qui n'attendent que de se planter dans ta chaire.

Le second, lui, n'attend pas plus. Il s'élance en ta direction, te contourne, et essaye de te déséquilibrer en te mordant la jambe. Il est moins imposant que son compagnon, mais pas moins répugnant. En sus de leur aspect, c'est l'odeur qui se dégage de ces cadavres ambulants qui te prend à la gorge. Leurs grognements s'intensifient à ton contact. Tu es leur proie, leur seule proie désormais, et rien ne les détournera de toi sinon la mort.
Jeu 21 Sep - 22:45

Le timing était trop serré. Le premier chien était pratiquement à porté de sa chair. Quant au second, il avait également démarré, prêt à l’engloutir également. Il les regarda tranquillement, sereinement, comme si le temps s’était soudainement arrêté. Ce fut presque le cas. Le temps ralentit, les mouvements des Incubes étaient ralentis. Azur esquissa un sourire, puis trancha les gorges de ses deux ennemis qui ne pouvaient esquiver. Le cristal de chronomancie était des plus utiles pour ce genre de situations. Sans ce dernier, l’assassin aurait probablement été mordu et cela aurait entraîné une descente aux enfers, voire une mort quasiment certaine.

Le temps pressait. Il avait aperçu des ruines, du moins le pensait-il, non loin de sa position. Dans cette Brume, difficile de se repérer. Gabriel était absent depuis maintenant trop longtemps pour espérer un retour. Azur ignorait s’il était encore en vie, mais il l’espérait pour le jeune homme qui semblait avoir des ambitions. Le jeune blondinet se dirigea alors vers ce qui semblait être des ruines. Si elles semblaient proches, il ne les atteignit qu’après une bonne heure de marche. Sur place, rien de bien particulier. Il s’agissait probablement d’un ancien village, maintenant déserté, morbide et vide. Enfin, pour l’instant.

Dans ces lieux submergés, il était connu des plus grands explorateurs que les ruines attiraient d’étranges et de redoutables créatures. En attendant de tomber nez à nez avec sa faucheuse, l’assassin scruta les environs à la recherche d’indices pour se localiser et confirmer la direction à prendre. En effet, initialement, le jeune homme avait suggéré de remonter le Drolzin dans l’espoir de tomber sur un quelconque espoir. Pour l’instant, les recherches ne menaient nulle part. Il prenait la route direction Nord, quand il tomba alors sur une flèche qui indiquait Nord-Ouest, avec la mention du lac recherché. Il remercia les dieux. Sans cette indication, probablement laissée par l’homme qu’il recherchait, il se serait dirigé vers les Aiguières. Son cœur bondit de joie. Traversant les ruines une dernière fois, un bruit le stoppa net. Il se figea. Son cœur bondit une seconde fois. Il ne voyait rien autour de lui mais sentait au moins une présence. Il dégaina ses lames et scruta les alentours.

Dans la Brume, il savait pourtant qu’on évitait les ruines. L’auteur des inscriptions gravées était probablement décédé sur place.

Lun 2 Oct - 15:01

Une planche vermoulue qui craque sous la pression d'un pan de mur effondré ? Le vent qui s'engouffre dans l'interstice trop fin béant entre deux rochers ? Difficile à dire d'où est venu ce bruit, même en tendant l'oreille. Pourtant, maintenant, tout est à nouveau redevenu silencieux. Tu n'entends plus que la brise souffler sur la plaine. Le panneau qui subsiste au beau milieu de ce qui n'a pas eu sa chance n'est pas en très bon état. Il n'a d'ailleurs de panneau que le nom tant il semble avoir été monté à la va vite par une main pressée. La corde qui maintient en place le piquet et son indication pendouille, le tout manque de s'effondrer à tout moment. Ce qui y est inscrit n'a pas été gravé, mais plutôt écrit à l'encre - ou avec une autre substance liquide. Peut-être la flèche ne pointe-t-elle même plus dans sa direction initiale. Tu n'as qu'un seul moyen de le savoir : continuer.

Plus aucune sente n'est tracée. La légère brise qui souffle sur les Terres Brûlées aurait de toute façon suffit à effacer tout passage récent. Tu ne vois ni empreintes, ni un quelconque autre indice pouvant t'aider. Le silence devient lourd, pesant, à peine rompu par le bruit de tes pas. Tu as beau mettre tous tes autres sens en alerte, rien ne semble vouloir briser la monotonie de ta longue et dangereuse promenade. Ce n'est qu'après de longues heures de marche que le ruissellement de l'eau atteint enfin tes oreilles. C'est un glouglou lent, régulier, celui d'un fleuve, ou d'une rivière, pas d'un torrent sauvage. Plus tu t'en rapproches, plus il devient évident qu'il s'agit d'un cours d'eau en mouvement, et pas d'un lac. Remontes-tu le Drolzin ? La Berenn ? Difficile à dire.

Ta progression devient peu à peu plus difficile. Le sol, parfaitement apte à accueillir tes pas depuis ton départ, devient meuble, boueux. Chaque mètre tu fais dans ce marécage nouveau semble compter pour deux. Tes pieds s'enfoncent maintenant de plusieurs centimètres. Tu dois consentir à des efforts non négligeables pour les sortir de là. Jusqu'à ce que soudainement, tu n'y parviennes plus. Cette fois, ce n'est pas le marécage qui te retient, mais bien une main qui semble enserrer ta cheville. Devant toi, alors que se dessine dans le lointain de nouvelles ruines, quatre élémentaires de boue s'extirpent de la mélasse et te font face. Ce ne sont que des masses informes dégoulinant de glaise, d'où se dessinent à peine des bras désireux de t'enserrer à leur tour. Leurs gargarismes ronronnant font trembler jusqu'au sol qui te maintient prisonnier.
Sam 7 Oct - 18:41

Une marche longue et pénible. En tant qu’assassin, je gérais plutôt bien mes émotions, mais ce serait mentir que de dire que tout était sous contrôle. Nulle personne ne pouvait pourtant ignorer les signes que pouvaient rencontrer un individu perdu au milieu d’une Brume taquine. Un assassin, ce qu’il avait peut-être de plus que les autres, résidait peut-être dans la résilience, l’acceptation de ces états psychologiques à surpasser pour continuer d’avancer. Mais là, c’était trop dur. Je marchais depuis des heures dans le brouillard complet, seul et abandonné, sans réelle direction. Je pensais suivre une direction mais j’allais nulle part. J’errais tel un esprit en quête d’un hôte.

Comme dans toute marche désespérée, l’espoir finissait par arriver. Un ruissellement n’échappa pas à mes oreilles en alerte. Je m’approchais d’un cours d’eau, peut-être d’un lac. Le Drolzin ? M’approchai-je du lac portant le même nom ? Si ma mémoire ne me faisait pas défaut, cela pouvait être aussi l’Argenté, ce qui n’arrangeait évidemment pas mes affaires. Quelle autre solution avais-je sous ma manche ? Aucune. Continuer la marche me mènera forcément quelque part. Le sol, jusqu’ici solide, devint de plus en plus meuble. Serait-ce dû à la proximité avec l’eau ? Probablement. L’environnement devenait bien trop marécageux malgré les températures relativement fraîches. Les pas devinent lourds et laborieux. Bon randonneur, j’avais réussi à conserver un bon rythme de marche, mais me voici fortement ralenti par ce sol boueux.

Résilience, avais-je dit. La seule envie qui me titillait était d’hurler de toutes mes forces. Alors, je luttais comme un pauvre abruti, sans quête précise. Pourquoi étais-je ici ? Je l’ignorais à présent. Mon esprit s’embrumait à mesure de mes déplacements. Déplacements lents et sans énergie, sous l’emprise de la nature qui a rendu ce sol instable. Ce fut à un point que je ne fus plus capable de me mouvoir, comme saisi par la terre elle-même. Et c’était réellement le cas. J’ouvris mes mirettes pour m’apercevoir qu’une main terreuse tenait la cheville. Au loin, j’observai de nouvelles ruines, tandis que des silhouettes difformes prenaient formes. Des élémentaires. Rien que ça. De manière assez contradictoire, cette rencontre me remit dans le bain et je retrouvais peu à peu mes esprits.

« Je suis chaud bouillant. »

Mais… comment faire pour neutraliser des élémentaires de terre ? Je n’en savais foutrement rien. Et sans être forcément un excellent épéiste, je savais que rien ne pouvait résister à mes dagues. Enfin, c’était du moins ce que je croyais dans mes rêves. Je dégainai et tranchai cette main à toute vitesse. Une fois libéré de mes geôles, je remarquai que mes problèmes n’étaient pas encore terminés. Les déplacements seraient toujours délicats. En effet, alors qu’une pointe de terre se dirigeait vers moi, je m’apprêtais à l’esquiver, mais un mauvais appui me fait glisser et cette pointe caressa sans finesse mes flottantes. Une douleur aigüe me prit instantanément.

« Assez joué. Dans mon boulot, on évite de prendre des coups. »

Les quatre frères repartirent à l’offensive, sauf que j’activai mon cristal de chronomancie qui ralentissait leurs mouvements. De plus, je comptais évidemment utiliser mon hypervélocité. En fait, je n’avais aucunement l’intention de me battre. Si je m’activais pour les découper en plusieurs morceaux, je savais que cela ne leur ferait pas le plus grand mal, mais aurait au moins le mérite de me faire gagner du temps. Toujours sous l’emprise de mon sort, la recomposition prendrait plus de temps. Je pris les jambes à mon cou et disparut à toute vitesse. Me jugeant suffisamment loin d’eux, je ralentis et utilisai mon cristal de camouflage pour discrètement m’approcher des nouvelles ruines.

L’espoir revint.


Mer 18 Oct - 13:12

Le sol peine à retrouver de sa consistance. Au loin, les grondements liquides des élémentaires de boue résonnent encore. À n'en pas douter, ceux-là ne sont probablement pas les seuls habitants de ces marécages. Chaque nouveau pas qui te rapproche des ruines qui se dressent devant toi est un pari sur l'avenir. À une centaine de mètre sur ta droite, une vaste étendue grisâtre se dessine dans le noir profond de la nuit. Les rares étoiles qui osent s'y refléter scintillent à peine et leur lueur s'éclipse au gré des mouvements de l'eau. Plus de doute possible : tu es désormais sur les rives du lac Drolzin.

Les ruines que tu abordes à présent ne ressemble à rien de commun. Elles semblent à moitié avalées par le sol meuble et avide de savoir. Sur les bâtiments qui se tiennent à peu près droit, le temps à fait son œuvre. Les parois, qui, tu peux le deviner, étincelaient jadis d'un blanc céleste, ne sont plus qu'un amoncèlement de mousse verdâtre. Beaucoup d'entre elles se sont effondrées, il y a longtemps déjà, comme en attestent les tas de gravats au pied des tours à la gloire passée. D'autres tours, d'autres portes, d'autres temples ont quant à eux presque totalement dévorés par la terre. Les portions qui en subsistent sont autant de mains rocailleuses s'accrochant vainement sur le sol marécageux, implorant le temps de suspendre un temps son cours. Sur ce qui fût autrefois le fronton d'un édifice sont gravés d'intraduisibles signes.

Après quelques minutes de déambulation dans ces ruines, ta progression se fait plus simple. Le sol pavé de ce qui se trouvait là autrefois a résisté au passage du temps. Tout semble alors plus organisé, moins endommagé et tu arriverais presque à ta figurer de la magnificence passée de la place que foulent tes pieds. Derrière un mur à moitié effondré, un mince filet de fumée s'élève en même temps qu'une voix faiblarde, tressaillant, mal assurée. La voix d'un homme que tu ne vois pas mais entends très clairement.

- Oh par les Douze ! Enfin... ! Enfin quelqu'un...
Mer 18 Oct - 17:57

Si on lui avait présenté la mission sous cette forme, il aurait incontestablement refusé. Quoi que le roi ne lui aurait pas vraiment laissé le choix. Il était usé par cette marche peu confortable. Comme depuis maintenant un très long moment, chaque était plus difficile que les précédents. S’il avait réussi à échapper aux éléments, il avait tout de même l’impression qu’ils se terraient encore sous ses pieds. Mais l’apparition de ce qu’il espérait être le Drolzin gonfla son courage et sa motivation. Il approchait du but. Les ruines représentaient toujours un spectacle désolant. Elles démontraient que nous n’étions rien que nous finirons, comme elles à la fin, sous terre. Si une partie se faisait manger par la terre, l’autre se faisait engloutir par la végétation. Vraiment désolant.

« Toujours rien. Si je dois m’enfoncer davantage dans la Brume, c’est certain, je mourrais. », chuchota désespérément l’assassin.

Alors, en toute logique, il continua de s’enfoncer. Non, cela n’avait de logique que pour cet esprit contradictoire. Au fil de sa visite, ses pas parurent reprendre une légèreté naturelle et il en souffla de soulagement. Un sol fait de pavés, des infrastructures bien mieux entretenues, grâce auxquelles on pouvait aisément imaginer ce qu’il se trouvait dans les alentours. Même pour un assassin, ce changement de décor avait l’effet d’un remontant. Rapidement, il aperçut de la fumée et une voix faiblarde. D’un simple toucher, il activa son cristal d’hypervélocité, dégaina une dague et bondit sur sa cible. Après l’avoir violemment plaqué contre un mur, la lame au cou, Azur plongea ses yeux dans cet homme.

« Pardonnez-moi ces manières rustres, mon cher. Comprenez-moi, j’ai eu un voyage fort éprouvant et je me méfie d’à peu près tout mon environnement, vous y compris. Je n’ai pour l’heure aucun intention de vous tuer, mais cela pourrait malheureusement rapidement ne plus être le cas. Répondez simplement aux questions : qui êtes-vous ? Que faites-vous au cœur de la Brume ? Depuis combien de temps y êtes-vous ? Pour quelle(s) raison(s) devrais-je vous épargner ? »

Si l’inconnu ne pouvait pas voir les yeux de l’assassin, dissimulé par ses lunettes de soleil, ce dernier plongeait son regard dans celui de l’homme qu’il interrogeait. Il ne rigolait pas. Dans une situation aussi extrême, il n’hésiterait pas éliminer les nuisibles. Sa fatigue était telle que la réflexion et l’hésitation ne lui étaient pas permises. Des réponses simples, claires, précises et concises. C’était tout ce qu’il attendait. Était-il l’homme qu’il recherchait ? En l’état, il ne pouvait le déterminer. Qui diable pouvez camper dans ces lieux embrumés ? Cela faisait à peine quelques heures qu’Azur s’y trouvait et il n’en pouvait déjà plus. Les vivres ne courraient pas les rues, les températures étaient relativement basses et les attaques pouvaient venir de toute part.

« Et rapidement. Ma patience est quelque peu éprouvée par toutes ces mésaventures. »

Mar 7 Nov - 9:03

Le feu de camp meurt rapidement. Il n'y a plus maintenant que quelques branches trop humides pour brûler en son foyer. La flammèche s'étouffe, crachote, puis revit. Mais très vite, l'obscurité reprendra sa place. Pour l'heure, la lumière est encore assez forte pour projeter une ombre sur le mur opposé à celui contre lequel vous vous appuyez. C'est une masse sombre dont les limites sont difficiles à lire maintenant que vos corps se touchent. Le vieil homme écarquille un peu les yeux. Il ne s'attendait manifestement pas à ce que tu le brusques de la sorte. Il regarde autour de lui, essaye de bouger la nuque pour l'éloigner ne serait-ce que d'un millimètre de ta lame. Ses yeux se posent sur ses affaires éparpillées au sol. Ce sont celles d'un archéologue, à n'en pas douter. Sa sacoche est ouverte près du feu, des feuillets reliés en dépassent, quelques crayons ont roulé sur les dalles, plus loin. Ce qui semble être une carte est aplani sous le poids de deux cailloux.

- Je... Enfin je... Si vous me laissiez simplement... Dit-il en déglutissant, nerveux.

Une goutte de sueur perle sur son front marqué d'une trace de suif. Ses mains noires ont probablement remué le foyer du feu plus d'une fois pour le faire perdurer. À bien l'analyser, tu devines la maigreur de son corps sous ce qu'il reste de sa tenue. Ce n'est plus qu'un sac d'os habillé d'un peu de chaire. Depuis combien de temps est-il là ? Depuis combien de temps Andoria le cherche-t-il ? Est-ce seulement possible de survivre dans un corps aussi frêle ?

- J'ai faim... Gémit-il doucement, alors qu'une larme roule sur sa joue. J'ai si faim.

Il ne pleure plus. Ne parle plus. Il redresse son visage. Il sourit de toutes ses dents. Son visage blafard semble fondre sous tes yeux. Doucement, tu sens la masse de son corps s'évanouir d'entre tes mains. La flammèche ne projette plus qu'une seule ombre sur le mur, désormais : la tienne. Elle s'éteint. Tout redevient sombre et ta proie glisse entre tes doigts. Tu le vois maintenant flotter près de sa sacoche éventrée. Son rire résonne mollement dans les carcasses de pierre d'un royaume oublié. Il plonge alors vers toi à une vitesse identique à la tienne lorsque ton cristal s'active. Sa main fantomatique devant lui, essayant d'attraper ta gorge.
Dim 19 Nov - 18:29

Cette scène le gênait un peu. S’en prendre aux faibles, même pour l’assassin qu’il était, semblait toujours le gêner. Le vieil homme, complètement affaibli, tentait de s’exprimer, malheureusement gêné par le blocage du blondinet. Il disait avoir faim. Très faim. Était-ce l’homme recherché ? Les équipements visibles suggéraient qu’il s’agissait bien d’un explorateur. Il s’était engouffré bien loin de chez lui. Seul. Sans défense. Comment avait-il pu survivre jusqu’ici ? Le feu n’avait-il pas attiré les prédateurs aux alentours ? Quelque chose clochait et Azur ne parvenait pas à mettre la main dessus. Quand le vieil homme cessa de pleurer, un mauvais pressentiment hérissa les poils de l’assassin. Les choses allaient inévitablement mal se passer.

Le large sourire émanant de cet homme jusqu’ici désespéré ne pouvait rien présager de bon. Le corps s’évapora dans la nature, ne laissant que comme seul corps physique celui de l’assassin. La flamme qui, jusqu’à présent, résistait tant bien que mal s’éteignit immédiatement. L’obscurité totale. Le jeune homme aux yeux bleu azur ne put qu’apprécier les rires de cet être d’une grande dangerosité et d’une relative rareté : un miroitant. Si les affaires du scientifique se trouvaient ici et que ce dernier n’y était pas, cela signifiait sans doute que cette chose difforme en avait fait son affaire. En bon assassin, Azur comprit que sa mission était maintenant terminée. Il pouvait enfin rentrer de cet enfer, effectuer son rapport et retrouver la douce chaleur de sa niche. Mais son regard fut attiré vers les effets personnels du scientifique. Curiosité personnelle ou conscience professionnelle ? Il était intéressant de savoir ce que cet homme avait pu découvrir au péril de sa vie.

Le Miroitant fondit vers l’assassin à une vitesse étonnamment proche de la sienne, main tendue en direction de son cou. Immédiatement, il sut que la fuite ne serait pas possible avec sa seule vélocité. Tendant également sa main, son cristal de chronomancie s’activa et le temps ralentit pour le Miroitant dont les mouvements s’étaient presque arrêtés.

« Tout doux. Je ne tiens absolument pas à t’affronter. », murmura le xandrien d’un ton peu rassuré.

Le cristal d’hypervélocité s’activa ensuite pour l’assassin, qui récupéra les affaires de l’archéologue et quitta la zone le plus rapidement possible. Cependant, il avait vaguement étudié les monstres que l’on pouvait trouver dans les ruines, au cœur de la Brume, les Miroitants en faisaient naturellement parties, et les chances de survie restaient assez faibles. Absolument rien n’était joué. Peut-être qu’il le rattraperait. Peut-être que d’autres trainaient. Ou peut-être existait-il d’autres dangers plus terrifiants encore. A cet instant précis, l’homme-lige en voulait terriblement au roi de l’avoir envoyé dans un tel bourbier, directement à sa mort. Au moins, avec les hommes, il savait à quoi s’en tenir. Ici, il ne se trouvait pas dans son élément. Le paranormal le dépassait et il ne contrôlait rien.

Mar 23 Jan - 12:53

Au loin, les dernières flammes du feu de camp rendent l'âme. Il n'y a plus qu'un quartier de lune bien timide, caché derrière des nuages grossiers, qui éclaire les environs. Ton stratagème semble avoir fonctionné. Tu n'entends plus un bruit, si ce n'est celui de te pas. Jusqu'à ce qu'une complainte déchirante s'élève des ruines que tu viens de quitter. Ce cri n'a rien d'humain, rien d'animal non plus. Tu n'as jamais rien entendu de tel. Il s'imprime sur ton tympan et distille son strident inconfort sous ta chaire. Cette créature que tu as bernée ne te laissera pas la vie sauve sans au moins essayer de te retrouver. Démasqué, le Miroitant ne s'embarrasse plus de son aspect humain. Ce n'est plus qu'un spectre aux contours flous qui rôdent partout autour des ruines, qui hurle à la mort, dont les ongles invisibles marquent les pierres encore debout dans un crissement insupportable.

Tu peux le deviner, au loin, quand la lumière blanche du ciel décide de bien vouloir l'éclairer. Ton avance est confortable, d'autant qu'il ne semble pas t'avoir repéré. Mais un faux pas, un bruit de trop suffirait à te trahir et à révéler ta position. Il te faudra attendre de retrouver un lieu sûr et un chemin plus emprunté pour enfin analyser ce que tu es allé voler à cette créature d'un autre monde. La carte dérobée est ancienne, difficilement lisible. Quelques tâches ocres de sang séché maculent ses bords jaunis. Tu peux y discerner un plan, dessiné à la main levée, de quelques ruines éparses. Un chemin en pointillé - peut-être celui emprunté par l'archéologue - quitte le lieu où il s'était manifestement installé. Tu le devines par la mention "camp de base" manuscrite au centre de la carte. La ligne serpente entre les traits irréguliers jusqu'à une prochaine mention. "Mécanisme ?"

Tu ne connais pas la valeur de ton butin, ni même s'il appartenait bien à l'archéologue que tu cherchais. Tu sais simplement que tu as couru bien des dangers pour une simple carte. Et que le choix est maintenant simple : la rapporter à Andoria, récupérer ton dû et quitter ces terres maudites, ou bien suivre cette carte et tenter d'en comprendre les secrets.
Mar 23 Jan - 15:20

Dans un lieu – presque – sécurisé, Azur prit le temps d’analyser le contenu qu’il avait réussi à dérober. Il ne se trouvait plus très loin d’Andoria mais voulait d’abord comprendre pourquoi on l’avait envoyé dans un tel bourbier. Une carte tachetée de sang séché, semblait indiquait brièvement le parcours réalisé par l’archéologue. Une mention laisse deviner que l’assassin avait découvert le camp de base. Mais en s’enfoncer davantage, peut-être aurait-il pu découvrir de nouvelles choses. Hors de question d’y retourner. Il lui faudra un certain temps pour récupérer nerveusement. Et il ne comptait surtout pas y retourner seul. Cette fois-ci, une équipe solide et expérimentée serait nécessaire.

La mission n’était pas complète. Même s’il savait qu’Andoria serait ravi de recevoir ces trouvailles, ces derniers feraient ensuite appel à d’autres personnes pour suivre la carte. Mais le jeune homme songea aux vérités que pouvaient dissimuler cette carte, aux bénéfices que pouvaient en tirer Xandrie, sa nation. Sa décision était prise. Le voyage serait long. Très long. Peut-être le croira-t-on mort, mais il poursuivra sa quête coûte que coûte. Néanmoins, avant d’y retourner, il devait quitter la Brume et constituer une nouvelle équipe.

Puis se restaurer.

Et dormir.