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La belle et la fraude

La belle et la fraude Brandw10
Ven 26 Mai - 17:52

D'un geste nonchalant, et accompagné d'un soupir capturé par son masque, il remit en place son nœud de cravate trop serré à son goût. Ce soir Gauss devait délaisser ses vêtements amples et le confort de sa capuche pour un apparat bien plus classieux. Son père avait, comme toujours, veillé au grain et lui avait préparé cette tenue sur mesure. Un costume d'affaire, d'un bleu sombre, affuté pour embellir sa carrure et aux manches un peu plus courtes. Sa veste laissait transparaître une partie de ses avants bras, dont son bras droit qui était agrémenté d'une montre. Un objet raffiné au design élégant et fin, agrippé par un bracelet de cuir à la couleur bordeaux. Une teinte de couleur qui avait spécialement été choisie pour être assorti à sa cravate, sa ceinture et à l'intérieur de sa veste qui laissait transparaitre une couleur plus vive. Non, son père ne laissait rien au hasard. Il avait évidemment fait coudre main le symbole de sa famille sur la partie avant gauche du veston, afin de le faire connaître au plus grand nombre. Il avait aussi pris soin de placer ses outils de crochetage entre la ceinture et le pantalon de toile, au niveau de son dos. Des outils qui serviront sûrement à Gauss ce soir. Alors qu'il arrivait à sa destination, il était partagé entre l'ennui, que lui promettait les mondanités et les faire-semblant de la réception, et l'anxiété, ainsi qu'un peu d'excitation, de la démarche risquée qui y surviendrait.

Il sortit promptement de sa voiture, lorsque son majordome lui ouvrit la porte. Il s'engagea ensuite sans hésitation vers l'entrée du domaine où un garde, aidé d'au automate, gérait les va-et-vient. Après avoir présenté son invitation, il fut invité à poursuivre vers le manoir. Le seuil du domaine était constitué d'une fontaine centrale, parfaitement sculpté et décoré. Le chemin qui en faisait le contour était pavé et un assortiment de sculptures et statues de différentes tailles, agrémentaient les haies et arbustes minutieusement taillés qui constituaient un petit jardin. Après quelques marches à grimper, le jeune epistote, se trouva à l'orée de la demeure. C'était une bâtisse blanche merveilleusement décorée de piliers, inspirée d'une ancienne civilisation.

- Bienvenue ! Madem … Mon…sieur ?

Lucifer Starkov, l'hôte de cette soirée était à l'entrée des lieux et accueillait chaleureusement les nombreux invités. Le jeune homme reconnut rapidement l'étonnement et l'interrogation qui se dégageait de l'expression du scientifique. Un questionnement sur son genre qu'il avait l'habitude de subir. Le visage fin et élégant, partiellement camouflé par un masque, ainsi que ses longs cheveux blancs tenus en queue de cheval, pouvait facilement tromper les gens. Mais il est coutume qu'une dame se présente à ce genre de festivité avec un autre accoutrement qu'un pantalon. D'où la question restée en suspens.

- Mes hommages ser Starkov, je suis Gauss Blass, fils de William Blass. Moi et mon père nous félicitons le dix-huitième anniversaire de votre fils, et lui souhaitons qu'il devienne aussi brillant que vous l'êtes. Je voulais aussi ajouter que j'étais honoré d'être invité à cette célébration. Dit-il d'une voix mélodieuse mais caverneuse à cause de son instrument de survie.

- Ah … Merci. Merci. Jeune Blass. Vous êtes le bienvenue.

La curiosité et l'engouement s'éteignit vite sur le visage de Lucifer quand il comprit à qui il avait à faire.

- William qui, très chère ? Je ne reconnais pas ce nom. Demanda l'hôtesse de soirée à son mari.

- William Blass, un homme d'affaires venu d'opale avec qui j'ai travaillé.

Il avait prononcé les mots "homme d'affaires" avec une certaine condescendance peu dissimulée. Il tenta d'ajouter avec discrétion à son épouse : " Un strigoï "

Tentative évidemment ratée.

- Oh… ajouta Mme Starkov avec le même manque d'engouement que son mari.

Après les mondanités de présenter le jeune maître de soirée au nouveau convive, vite expédié par les deux parties, Gauss pu s'introduire pleinement dans l'immense salle de réception qui constituait l'entrée de la bâtisse.

Cet échange était un bon rappel pour Gauss, sur sa place dans la chaîne alimentaire de cette soirée. Peu importe que son père soit riche et influent, ici à epistopoli, seul les sapiarque avait le prestige. Les hommes comme Lucifer ne voyaient en eux, les business man, que des parasites utiles pour transformer leurs inventions en or. Alors quand vous organisez un rassemblement de toute la jeune noblesse de la haute ville, afin de créer à votre progéniture un réseau de contact des plus élitiste, les marchands ambulants sont en bas de votre priorité, bien qu'indispensable. Et puis soyons honnête, les parents Starkov étaient surtout en quête d'une bonne épouse pour leur enfant. Nul doute qu'ils auraient une attention toute particulière pour les dames conviées ce soir. Et nul doute que les dames conviées ce soir, et leurs parents, auraient très envie de nouer des liens avec la famille Starkov. Lucifer était un éminent scientifique dans le domaine de la sidérurgie et aurait découvert de nouvelle façon de raffiner et traiter les métaux suivant les besoins. Dans une industrie florissante, qui base presque entièrement leur création à partir de métaux, Lucifer fut pleinement récompensé et reconnu par ses pairs. Et c'était devenu l'un des plus riches sapiarques d'épistopoli.

Et sa richesse était apparente au vu de la somptueuse salle qui accueillait la soirée. Du marbre ornait les parois de la salle, parfois en colonne, parfois en sculpture parfois en décoration florale. Le toit majestueux qui couvrait cette très haute salle était en forme de dôme, et une magnifique peinture illustrait son centre. La pièce volumineuse avait été agencée pour que son centre soit vide et un espace pour parler, discuter et danser. Des tables et buffets étaient éparpillés le long des murs et des serveurs naviguaient avec différents mets entre les convives. Le strigoi blafard agrippa un verre d'alcool au passage et se mêla dans la mélasse d'invités déjà nombreux. Il échangea quelques bons mots et salutation envers les notables qu'il avait déjà rencontrés. Mais il n'en connaissait pas même le quart, alors ces politesses furent vite expédiées. Pas d'humeur à se faire une place parmi ces cercles sociaux, au grand malheur de son paternel, il préféra pour le moment s'exclure dans un coin.

Il observa le fond de la salle pour y dénicher un perchoir acceptable. Tout de suite, le deuxième étage qui se présentait comme un balcon donnant sur la salle, lui fit de l'œil. Il était accessible via deux grands escaliers courbés symétriques, de part et d'autre d'une grande porte qui semblait mener notamment aux cuisines. Il aimait la hauteur et avait une vue imprenable de la haut, cependant cela le rendait très visible également, et il ne voulait pas attirer les regards plus que nécessaire. Dans le coin à gauche, se trouvait l'orchestre qui accompagnait les festivités. Le coin droit lui semblait vide et un endroit parfait. Il s'empressa donc de s'y poster accoudé à un mur et les yeux rivés sur les jeunes hommes et femmes qui constituaient le gratin d'epistopoli. Un petit regard sur sa gauche lui fit apercevoir une sortie vers les jardins, et donc peut-être un accès aux appartements et bureaux via les murs extérieurs. Cela pourrait se montrer une option viable pour ses envies de fouine. Mais afin de s'éclipser en toute discrétion, il lui faudrait attendre une opportunité dans la soirée, et un coup d'œil à sa montre lui rappela que la soirée était encore jeune.
Ven 2 Juin - 1:55
Tout est beau, ici. Réglée comme du papier à musique, la décoration est tapageuse, luxueuse, premier indice de la fortune affolante de cette famille devenue riche trop vite, ressentant ce besoin viscérale de se prouver parmi son nouveau cercle social. Rien n'est laissé au hasard, si l'on y regarde bien, si l'on prend le temps d'étudier chaque objet, chaque meuble, chaque luminaire, tout ici crachera aux visages des invités que les hôtes sont légitimes à les recevoir, qu'ils ont su s'implanter et que oui, il est possible que leur pécule surpasse le votre. Tout transpire, ici. Les rires débordent et la modestie s'enfuit, les relations s'exagèrent et les réactions s'accentuent pour ne pas être mal comprises, pour ne pas déplaire, pour se montrer aux plus prestigieuses familles epistotes et de faire remarquer, convoiter, jalouser. Et c'est...

Dur, cruel, déchirant, d'y retourner.

Ton petit cœur se compresse dans ta poitrine au fil des minutes, des heures passées à bavasser avec eux ; untel siège désormais aux côtés de son père et met tout en œuvre pour le satisfaire, pour ne pas se faire voler sa place légitime d'héritier par son petit frère, la jeune femme en rouge, là-bas, parait-il qu'elle en est à ses troisièmes fiançailles rompues, et tout le monde se questionne sur la raison de ses désistements, et qu'en est-il de cet étudiant en droit ? Voilà bien trop longtemps qu'il n'est pas sorti de son trou pour sociabiliser, à croire que ses rêves de grandeur ont été brisés !
Quelle importance, tout ça ? Des ragots que tu peines à suivre, dont tu ne comprends pas l'attrait, que tu entends plus que tu n'écoutes, distraitement, promenant ton regard sur la salle, furetant parmi les convives, te demandant combien de temps tu devras encore supporter tout cela avant de pouvoir t'éclipser sans paraître grossière.

Tu joues le jeu, encore un peu, acceptes quelques danses, avales les compliments que l'on te glisse à l'oreille : si tu étais déjà splendide avec ta peau d'ivoire, cette teinte de miel acquise durant ton séjour à Aramila te rend somptueuse, et les abeilles virevoltent autour de toi, rêvant de s'approprier un peu de ce nectar divin. Car c'est de cela qu'il est question ce soir, Prune, n'est-ce pas ? Tu grandis, ça oui, une belle et intelligente jeune femme, héritière de surcroît ; c'est ce qu'on appelle un bon parti, qu'il ne faut pas laisser filer entre ses doigts. Eux l'on bien compris, pour ton plus grand désarroi. Et si ton cerveau n'était déjà pas disposé à jouer cette parade de séduction préconçue, depuis ton excursion sur les Terre Saintes, c'est le cadet de tes préoccupations. Oh, que tu en as appris, des choses, durant ton séjour ! Pas ce que tu étais venue chercher, beaucoup de tes questions restent encore en suspend, mais tu en es revenue... Changée. C'est le moins que l'on puisse dire, et au fond de toi, quand bien même tu es heureuse de pouvoir te remettre à travailler sur tes Automates adorés, tu rêves de ta prochaine escapade et de découvrir de nouvelles contrées. Alors forcément, à côté de l'immensité, leurs tentatives de séduction te paraissent plus fades que jamais.

*
*   *


Est-ce bien raisonnable ?
L'air frais t'effleure la peau, fait naître des frissons le long de tes bras au fur et à mesure que tu t'éloignes du bâtiment. Maligne que tu es, tu as profité d'un discours du paternel, ô combien élogieux à propos de son fils, pour t'éclipser sur la pointe des pieds, direction le jardin et le ciel nocturne. Et le silence, ce doux silence que tu accueilles à bras ouverts, chaque pas t'éloignant un peu plus des interminables phrasés de la Haute Société. Un soupir, puis un autre, pour relâcher la pression emmagasinée dans ton organisme, tu regrettes de ne pas avoir embarqué IAN avec toi, comme soutien moral et excuse toute trouvée pour te désister... Allons, Prune, quelle enfant tu fais !

C'est à l'agencement des buissons, des statues et des arbres que tu accordes désormais ton attention, progressant d'un pas lent à travers cette végétation. Rares sont les coins de verdures en Epistopoli, où les nuages de pollutions prédominent le paysage et chargent le ciel à en faire disparaître les constellations. Tes doigts courent le long des feuillages, effleurent le marbre, dessinent des formes abstraites le long de ton chemin, quand soudain ! Des bruits de pas, dans la pénombre, ton souffle se coupe et tu te presses dans l'ombre. Ne pas bouger, surtout, pour ne pas être trouvée ! C'est ridicule, tu le sais bien, mais ce geste instinctif te ramène des années en arrière, à ces nombreuses parties de cache-cache dans le verger du manoir. Mutine, tu te risques à jeter à coup d'œil en direction du bruit, un sourire joueur sur ton petit minois.

Oh ?

Un autre convive, tout comme toi, a faussé compagnie à l'assembler. Comme quoi, tu n'es pas la seule à t'ennuyer ! Tes yeux le suivent dans sa progression, c'est mal, oui, mais la curiosité l'emporte, et puis tu ne fais rien de mal — du moins, rien qui ne puisse aggraver ton désistement initial...? Si IAN était là, il t'aurait certainement remonté les bretelles, te chuchote une voix dans ta tête, et tu souris de plus belle, vilaine !
L'ombre longe le bâtiment, se rapproche petit à petit à ta cachette, et tu découvres ainsi l'attirail qui lui couvre le visage, ravivant ton envie de te faire petite souris et de te glisser à sa suite. Prothèse ? Accessoire de mode...? À en juger par la réverbération de son souffle dans le masque, il ne semble pas le porter par gaieté de cœur, mais par nécessité. Lentement, tu bouges, gesticule pour obtenir un meilleur angle sur la scène, le voyant s'arrêter devant une porte, fouiller dans ses poches et...

Un courant d'air.
Un frisson.

Et un éternuement de souris que tu ne sais contenir.
Sam 3 Juin - 15:22

Long. Long fut l'attente, longue furent les discussions et longues furent les politesses. Tout paraît plus long quand l'ennui est notre compagne. A chaque moment, elle nous susurre à l'oreille ô combien vous n'en avez cure du nouveau portrait d'Eustache. Elle nous rappelle que l'information, stipulant que Mireille avait passée toute son après midi à se faire chouchouter par tous les grands coiffeurs et esthéticiens de la ville, était loin d'être indispensable. Surtout au vu du nombre de détails exorbitant que la dame s'amuse à divulguer. Alors, Gauss se prit à rêvasser. A s'imaginer dans ce coin douillet qu'il avait malheureusement quitté après un petit moment de tranquillité. Quelle erreur, quelle hérésie. Si seulement les ragots et rumeurs étaient plus juteux, et plus véridiques. Une très grande majorité des rumeurs dégradantes étaient en réalité fausses et distribuées par des rivaux. Il avait par de nombreuses fois espionné des nobles, attiré par la promesse d'une rumeur immorale, pour finir insatisfait. Dans ses rêveries, il pensait aussi à ce qu'il pourrait trouver, derrière ces portes, dans ces appartements. Les secrets de la famille Starkov seraient un atout de plus dans l'attirail du patriarche. Il espérait y trouver des documents relatant des transactions peu morales, ou des rapports rapportant des effets nocifs de ses procédés révolutionnaires. Personnellement, le jeune strigoï préférait les secrets plus inavouables, et encore plus être témoin de l'acte, dissimulé dans l'ombre. Mais ce n'était pas encore le moment, il espérait une distraction, et il était sûr qu'elle arriverait. Alors en attendant, il rêvassait, usait de son statut d'extravagant taciturne pour rester silencieux, et buvait. Un peu trop.

*
*        *


- Messieurs-dames ! Merci à tous à vous d'être ici pour célébrer l'heureux anniversaire de mon fils ainé, Albert. C'est un grand honneur ….

Le moment tant attendu survint enfin. Lucifer Starkov débuta un discours grandiloquent en l'honneur de son fils. Discours dont Gauss n'attendit même pas la fin de la première phrase pour déguerpir au plus vite. Profitant du fait que l'attention de la foule était dirigée ailleurs, il s'éclipsa dans les jardins. Le vent frissonnant et revigorant fut une plus grande bouchée d'être frais que n'importe quel masque respiratoire pouvait prodiguer. Une plaisante sensation qui requinqua quelque peu le corps encore embrumé par l'alcool de l'aventurier. Il déambula d'un pas rapide et bien moins silencieux que ses jambes avait le don de produire. Fixé sur son objectif, il ne se risquait pas à jeter des regards autour de lui, pour ne pas paraître trop suspect. Il avait foi en ses sens et sa vision périphérique. Ce soir, peut- être à tort. Après quelques foulées dans ce dédale de feuille et de statue, il aperçut son objectif, une porte en bois donnant sur l'intérieur. Un rapide geste lui indiqua que la porte était verrouillée. D'un coup d'œil expert, il examina la serrure et celle-ci se montra très simpliste et facile à crocheter. Il sortit ses ustensiles et s'appréta à opérer.

*  Atchou  *

… Gauss se fixa instantanément. Suspendu à un fil, écoutant chaque son, chaque bruissement de feuilles que le vent faisait remuer dans ce lac de buisson. Il n'osait pas se retourner trop brusquement. Il essaya de dissimuler ses crochets tout en jetant un regard vers la provenance du son. Il se tint prêt à jouer l'homme ivre, parti s'éclipser répandre son nectar acide sur les statues du jardin. Mais rien. Personne. Est ce que l'ivresse avait à ce point perturbé ses sens qu'il en percevait des bruits irréels ? Lentement, aussi silencieusement qu'il le pouvait, il jeta un œil dans les allées voisines sans trop pousser son exploration. Persuadé qu'il avait rêvé. Après tout, c'est lui qui faisait un acte illicite, pourquoi une personne ne le confronterait elle pas si elle l'avait pris en flagrant délit. Remis de ses émotions et du coup de stress, dut à ce mignon petit éternuement imaginaire, il reprit le cours de son opération.

Un peu éméché mais pas manchot, l'espion en herbe se débarrassa promptement de la serrure et entra dans la demeure. Un petit grincement annonça son entrée, mais heureusement personne à l'horizon. Il déambula silencieusement, jetant un petit coup d'œil dans les salles avoisinantes, mais rien de bien alléchant. A l'intersection il arriva dans le couloir qui donnait sur la salle et aux cuisines. Conscient que des serveurs pouvaient à tout moment faire des va et viens, il se décida à foncer vers la pièce la plus proche dans ce couloir pour s'y réfugier tout en espérant trouver son bonheur. Mais rien de plus qu'une chambre pour invité impeccable.

Soudain, il crut entendre le grincement de la porte et la résonance d'un talon haut sur le pavé. Pris de panique, il s'engouffra sans retenue dans l'escalier qui menait à l'étage, trébuchant sur une marche au passage. Lui qui était père de discrétion au quotidien, il semblerait que la discrétion soit orpheline ce soir. Il tenta d'ouvrir une porte avoisinante mais celle-ci résista. Et bien souvent, c'est derrière les portes fermées qu'on y dénichait les plus beaux butins. Il tendit l'oreille quelques instants, mais n'entendit que les bruits lointains des cuisines. Son poursuivant, s' il existait, œuvrait d'un pas bien plus feutré que le sien. Avait-il aussi imaginé le grincement de porte ? Assurément, c'était le dernier soir qu'il buvait autant avant de crapahuter dans des lieux réservés.

Rassuré par l'inexistence d'un son de botte retentissant à sa poursuite, il s'accroupit pour délaisser cette porte de son verrou. Opération plus longue mais qui s'acheva elle aussi par un succès. En se redressant, il aperçut du coin de l'œil une ombre se dérober depuis l'escalier. Comme ci … Comme ci on l'épiait ! Alors que normalement, c'est lui qui épiait les gens. Cela chamboulait l'ordre établi, et un véritable affront au strigoï. Comment osait-on,  l'espionner lui, pensa t-il. Galvanisé par cet agacement et le fait que l'étranger n'ait pas cherché de confrontation directe, il se mit en tête donc de tendre un piège à son poursuivant. Il s'introduisit dans la pièce en prenant soin de laisser la porte entrouverte. Puis, il se cacha juste à l'entrée, prêt à agripper l'ombre malicieuse, si elle osait y déposer un œil ou une main. Pas encore sûre de la suite du plan vu qu'il était la personne en train de frauder, et qui plus est, n'était pas armé. Il priait très fort que ce n'était pas un colosse de deux mètres cinquante, aux dents de fer et armé d'une prothèse de métal sur laquelle il allait surgir. Mais ce n'en était pas un, et une fois sa proie saisit et attiré dans la pièce, l'être blafard lui sort une réplique d'un grand culot.

- Puis-je savoir la raison de votre présence dans un appartement privé, Mademoiselle ?




Mar 6 Juin - 22:25
Ne pousse pas ta chance, qu'on te tanne d'année en année sans que rien ne change dans ton comportement. Petite âme curieuse qui virevolte au gré du vent, s'éclipse dans les ruelles de l'humanité, fouillant innocemment dans les coins sombres où elle ne devrait pas être et frôlant du bout des doigts des entités pouvant lui vouloir du mal sans jamais, Ô grand jamais s'en douter. Ta niaiserie te tueras un jour, sans doute, mais pour l'heure c'est ton tempérament insouciant qui t'entraîne dans une valse sinueuse, où silence et réactivité sont maitresses des lieux. Pourquoi suivre cette lueur dans l'obscurité, Prune, te changes-tu en fée ? Mais parce que c'est curieux, pardi ! Que fait-il tout seul, à fureter ainsi, ouvrant des portes dont il ne devrait pas avoir l'accès ? Que cherche-t-il, lui qui délaisse la fête et les mondanités pour se trouver une tanière chez son hôte ; veut-il en percer les secrets ??? Ah, quelle vilaine tu fais ! S'il s'était introduit dans ton bureau, ou pire ! dans ton laboratoire, tu serais la première à rouspéter et montrer les crocs, le Ministre des Affaires Etrangères de Xandire en sait quelque chose...! Mais là, rien. Aucune compassion pour les propriétaires de cette grandiose baraque qui sont tout obnubilé par la grandeur de leur progéniture, aucun mépris non plus, disons... Que tu as la même capacité que les papillons de nuit à suivre les lueurs, bêtement, quitte à te brûler en t'en approchant de trop près. Tu te surprends même à te prendre au jeu de l'espionnage, enfant que tu es, tu épouses les murs et marches sur la pointe des pieds, retiens ton souffle dès que l'attention de ta cible semble se tourner dans ta direction... C'est que tu es étrangement douée pour ça, toi maladroite comme tu es, IAN ne t'aurait certainement pas donnée plus d'une dizaine de pas avant de te faire repérer !

Il se serait trompé, le bougre, et de très loin ; même sans compter tes pas, tu peux dire sans rougir que tu en as fait plus de cinquante, au moins, avant se te faire prendre comme une bleue, les phalanges de l'intrus se refermant sur ton bras, tirant ton corps vivement à l'intérieur d'une chambre plongée dans la pénombre. Ton regard accroche quelques éléments éclairés par un raie de lumière, mais très vite tes yeux se posent sur ton interlocuteur et son outrecuidance, le dévisageant en fronçant légèrement les sourcils. Ah ! Les rôles s'inversent ! Ton corps se crispe instinctivement, tant le contact est franc, presque menaçant, te ramenant dans cette pièce sombre où l'on a saisit ta gorge sans aucune douceur, une lame menaçante sous le nez, et ce cri...

« Et vous ! » que tu t'exclames en récupérant ton bras d'un mouvement brusque, reculant de deux pas pour instaurer une distance de sécurité, le membre ramenée contre ta poitrine comme pour l'éloigner du danger. « Qu'est-ce que vous faites ici, hein ? Je n'ai pas souvenir qu'on nous ait invité à jouer à cache-cache à l'intérieur du domaine, et encore moins en ouvrant des portes en douce...! » que tu enchaines en modérant ta voix, plus faible, mais tout aussi chargée d'accusation.

Car s'il est vrai que tu n'as que faire des effractions et autres comportements étranges, il est tout aussi avéré que vos hôtes sont de fidèles partenaires commerciaux de ta société, et que les trouver en mauvaise posture pourrait potentiellement se répercuter sur ton travail, voire pire, sur la vie de tes Automates, et ça tu ne le laisseras jamais arriver, oh, non, jamais ! Plus jamais... Ton cœur se serre, tes pupilles s'activent et dévisage ton assaillant, lançant des éclairs contre sa peau de spectre, ses cheveux immaculés, ses yeux rubis, et, non, tu n'as pas rêvée, ce dispositif qui lui mange la moitié du visage et repique ton intérêt malgré toi, changeant les éclairs en pétards mouillés, puis en étincelles ; les mêmes que tu as dans tes yeux lorsque tu déambules dans ta caverne aux innombrables curiosités mécaniques. Non, Prune, pas maintenant. Secouant vivement la tête, tu t'efforces de faire taire cette voix au fond de toi t'invitant à poser des questions quant au fonctionnement de l'appareil, et bouche ouverte, prête à reprendre ta tirade, tu t'arrêtes et te figes.

Des pas.
Dans le couloir.
Qui résonnent et s'approchent de vous.

Tes yeux s'écarquillent, se tourne vers la porte toujours entrouverte, signe de son... votre méfait. Du bout du doigt, tu la repousses, retiens ton souffle et fais de ton mieux pour qu'elle ne fasse aucun bruit en se refermant, pas de clic, ni de claque, et surtout, surtout, pas de grincement.

Pitié, pas de grincement...
Ven 9 Juin - 17:40

Le plan avait fonctionné. Son piège grossier s'était refermé sur la souris qui s'était camouflé dans son ombre. Et il remerciait encore les astres que ce n'était qu'une petite souris qu'il tenait maintenant dans la main. Son gabarit n'était pas plus imposant que la jeune noble à sa merci. Mais elle était là, seule dans une pièce sombre, face à un homme avec un masque respiratoire et une apparence livide. Il espérait que cela soit suffisant pour paraître lugubre, menaçant, dangereux, aux yeux de ce petit mammifère qui n'avait vraisemblablement pas beaucoup d'expérience avec ce genre de confrontation. Ainsi, il aurait pu prendre le contrôle de la situation, inverser les rôles, se sortir de cette position épineuse dont il avait encore du mal à dénicher une escapade.

- Et vous !

Surpris par le volume sonore et la réponse tempétueuse de ce qui devait être sa proie, celle-ci se délia de son emprise sans trop de résistance.

- Qu'est-ce que vous faites ici, hein ? Je n'ai pas souvenir qu'on nous ait invité à jouer à cache-cache à l'intérieur du domaine, et encore moins en ouvrant des portes en douce...!

Un ton accusateur, un regard foudroyant et pas une once de peur dans la voix. Non, ce mammifère là avait des crocs. D'un coup, la petite souris laissait place à une lionne. Elle avait du répondant et si on les surprenait ici, elle semblait persuadée de s'en sortir indemne. Elle pouvait même, d'un moment à l'autre, précipiter son trépas en allant quémander de l'aide. Après tout elle avait une excuse crédible, elle ne faisait que suivre un invité bien trop indiscret. Le plan, déjà pas brillant, tombait à l'eau. S'il se faisait prendre ici, ce serait catastrophique pour la réputation de son père, pour ses machinations, pour ses ambitions. Il n'avait jamais vu la colère sur le visage du paternel, et il ne voudrait jamais la voir. Il perdait pied, presque stupéfait par la terreur que cette vision lui créait. Le son assourdissant de son cœur, tambourinant à vive allure dans sa poitrine, étouffant les subtils cliquetis de l'appareil mécanique qui y résidait.

Alors l'instinct prit le dessus. Son corps était déjà armé pour prendre la fuite, la solution à tous ses problèmes. Courir, grimper, se cacher. Sa meilleure défense. Mais son esprit, qui tournait au même régime que le tambour de son pou, le stoppa dans sa démarche. La fuite, ce soir, n'était pas la solution. Elle l'avait vu. Elle avait remarqué son masque et son teint blafard. Avec une description comme celle-ci, il était bien le seul qui y correspondait à cette soirée. Ceci n'était pas la basse ville où son accoutrement pouvait passer bien plus inaperçue. Non, il avait décidé d'agir pendant une célébration privée, ou chaque invité était connu. Non, la fuite ne sauverait pas son père. Après son instinct, c'est le pragmatisme froid et glaçant que lui avait inculqué son géniteur qui prit la suite.

Et son éducation faisait un constat macabre de la situation. Il fallait la réduire au silence. Et l'acte le plus fiable, c'était de l'assassiner, là, dans cette pièce sombre, à coup de crocs dans la nuque, vidée de son sang par l'appétit dévorant du strigoi. Mais malgré la logique implacable de cette réflexion, il en était incapable. Gauss Blass, était beaucoup de choses, et nullement un sain, mais pas un meurtrier. Il n'en avait pas le courage, pas les tripes, pas l'envie. Lui qui avait ressenti l'inéluctabilité de la mort. Lui qui avait vu la fin de sa vie arriver avant qu'elle n'ait réellement commencé. Il avait point l'intention de pousser des malheureux dans les bras de la faucheuse. Et encore moins à cette jeune femme qui était assurément pleine de vie et de rêve. Elle ne méritait pas ça, pas à cause d'un simple jeu, pas à cause d'une simple dose d'adrénaline.

Gauss accepta le fait accompli qu'il n'avait pas les outils pour la forcer à l'épargner, à ne rien ébruiter. Alors il fallait en faire une alliée. Il lui faudrait la calmer, l'amadouer, l'acheter, négocier ou la séduire. Cette pensée fit doucement sourire le jeune épistote. La séduire ?! Lui ? Un être au teint cadavéreux, au visage encore moins expressif que certains automates et au discours satirique et irrévérencieux. Elle ? Une noble ravissante aux prunelles olive et à la peau d'or. Qui avait, à n'en point douter, passé la soirée à être l'épicentre d'un tourbillon de prétendant. Une convergence de tous les plus beaux partis d'Epistopolis, tels des oiseaux à la saison des amours, lui chantant de virtuoses sérénades. Et il fallait qu'il réussisse ce miracle en cinq minutes ? Il avait plus de chance de vaincre le miste que de réussir cet exploit.

Des pas.
Dans le couloir.
Qui résonnent et s'approchent de vous.

Rectification, il fallait réussir cet exploit dans les trois prochaines secondes. Si on pouvait avant entendre son cœur jouer de la batterie, c'était maintenant tout un orchestre symphonique qui s'animait en lui. L'instinct reprit le dessus. Au diable la réputation de son père, il lui fallait déguerpir. Vite. Loin. Haut. Il se retourna, cherchant du regard la fenêtre qui donnait sur un balcon. Il s'imaginait déjà derrière lui la fougueuse femme, ouvrir en grand la porte pour appeler des renforts. Pourtant, défiant encore une fois ses expectations, il la vit faire tout l'inverse. D'une main presque tremblante, elle refermait la porte avec douceur. Son corps crispé et son souffle coupé, chaque centimètre sans un bruit lui paraissait comme une victoire. Lorsque la porte se referma dans un silence de mort, il put voir tout son corps relâcher un soupir, soulagé de ne pas être trouvé. Soulager de ne pas être trouvé ?! Remarqua Gauss. Aurait-il mal lu la confiance de la noble, n'était ce là que du bluff ou une vive réaction à un contact physique ? Il y vit de l'espoir et une opportunité.

- … Non non non, je vous assure. C'est bien plus qu'un simple bon whisky, mon cher. C'est un voyage, mon ami. Un lagavulin, dix ans d'âge. C'est un de mes petits plaisirs, que je garde au chaud dans mon bureau. C'est juste ici.

Malédiction, ils se trouvaient dans le bureau en question ! Mais c'était là, la chance d'en faire une complice. D'un pas, l'être en partie mécanique, avala la distance qui le séparait de la belle aux yeux émeraude. Après avoir retiré son masque pour être le plus silencieux possible, il lui murmura ses mots.

- Invité, ou pas, la partie de cache-cache ne fait que commencer. Et le loup arrive, ma chère.

Il posa son regard sur la pièce en quête d'un trou pour s'y faufiler. Nulle taupinière à l'horizon mais il y trouva une cachette évidente. Une porte miroir coulissante qui devait dissimuler une penderie assez spacieuse pour son gabarit. Voir deux. Il s'y précipita, pour se recroqueviller dans sa nouvelle tanière, guettant l'action de celle qui était piégée avec lui. Allait-elle le suivre, se trouver son propre perchoir, ou encore une fois défier toutes ses prédictions ?
Mar 20 Juin - 23:30
Les secondes s'abattent sur la pièce plongée dans le silence à chaque pulsation de ton cœur déboussolé. Que faire, où aller ? Ici, aucun lit sous lequel se glisser, et les rideaux ne semblent pas suffisamment épais pour t'y cacher. Derrière la porte, en priant pour qu'elle ne soit pas refermée ? Non, derrière ce pot, en retenant ton souffle, tu pourras peut-être passer inaperçue, dissimulée par les feuilles de la monstera... Le balcon ! Non, oh non ; le bruit que ça va faire, quand tu vas l'ouvrir et le refermer, on ne sait jamais, et puis, qui sait combien de temps tu vas devoir rester perchée dehors, à la vue de tous... Rien n'y fait, il faut te résoudre. La meilleure solution reste encore de te faufiler à la suite de l'homme, de te contorsionner pour tenir avec lui dans ce placard, dans le noir, et prier fort, très fort, pour qu'ils ne s'éternisent pas. Les pas s'approchent, enjoués, pressés, à contretemps des tiens, réticents.

Peut-être... Peut-être que si tu restes plantée là, tu finiras par disparaitre, ou bien peut-être que tu arriveras à jouer suffisamment la comédie pour faire croire à une étourderie, que ta présence ici est totalement fortuite ? Quoi ? Rester plantée là avec aplomb, voire même appeler à l'aide pour que l'on te sauve de l'odieux personnage caché là ?? Tu parles que cette solution s'est tenue hors de ton cerveau, le plus loin possible, ne t'effleurant même pas d'une caresse fugace. C'est IAN, qui a ce genre d'idée, d'habitude. IAN... Rien ne va jamais lorsque qu'il n'est pas là pour te tirer des galères, et même quand il est là, parfois...

Mais bouge toi, enfin, Prune ! La clé ripe non loin de la serrure, contre la porte, et tes pieds se décident enfin à accélérer, sur leurs pointes pour ne pas faire résonner tes talons sur le sol, tu t'engouffres autant que tu te jettes dans le trou sombre qui se referme derrière toi, sous l'impulsion de ton comparse, sans doute, tu ne sais pas, et tu t'en fiches pas mal, car tu es dans le noir et tu te sens étouffer. De chaleur, contre les tissus, les manteaux en peau, en fourrure, chaud, bien trop chaud pour la saison. De chaleur, seulement ? Non, tu te sens à l'étroit, dans les ténèbres, que tu redoutes et évites depuis ton retour de la Terre Sainte. Ton sang se fige, autant que ta respiration, encore une fois, tes mains farfouilles dans ton dos. Une issue. Une porte, une manivelle, un trou de souris, n'importe quoi pour te tirer de là. Malheur, tes doigts n'atteignent que des vêtements, toujours plus de vêtements auxquels tu t'agrippes fiévreusement lorsque la porte s'ouvre et que les voix des deux hommes se font nettes. Nettes ? Peut-être. Pour toi, ce n'est qu'un amas de sons, de bruits gutturaux et d'exclamations, mélasse inconsistante qui se répand dans tes oreilles et alourdit ton cerveau.

Et puis, la chaleur de l'autre, contre toi ! Son souffle qui s'écrase contre ta peau, son odeur qui se joint à celles des étoffes...! Tu auras atteint ton quota de contact physique pour le mois, au moins, en une seule soirée ! Qu'on ne vienne plus te serrer la main, te tapoter l'épaule, ou te réclamer une danse après ça, tu ne saurais le supporter, ça va se voir sur ton visage, que tu préfèrerais qu'on t'ébouillante plutôt que de toucher un de tes semblables.
Tu trembles de dégoût, d'horreur, de terreur. Des remembrances affreuses, terribles, vertigineuses, et tu tombes, tu te sens tomber au plus bas de toi-même, rejoindre cet endroit, ce vide, ce néant où tu as failli finir coincée à tout jamais. Non, tu sais quoi ? Peut-être que tu y es toujours, dans cet endroit sombre et froid où rien ne se passe, rien, jamais rien. Le silence, les ténèbres, sans pouvoir bouger, sans pouvoir crier, sans pouvoir dormir, ou imaginer quoi que ce soit. La conscience d'être coincée, dans ton propre corps, dans ta propre tête. Peut-être que tu as cédé, finalement, psychologiquement, peut-être que tu n'es plus qu'une ombre, dans un purgatoire, qui attend, qui invente et se berce d'illusion. Peut-être que tu n'es plus, tout simplement. Peut-être, peut-être peut-être peut-êtrepeutêtrepeutêtrepeutrerterpeutre⸻

Une main se presse contre ta bouche, t'attire aussi brusquement que le permet cette drôle de situation. Tu craques, oui, sans t'en rendre compte et la pression contre ta peau te maintient à flot. Que tu l'aies en horreur n'as aucune importance, sur le moment, elle te prouve que tu es encore là, que tu existes ; ou du moins, que tu n'es plus seule dans ton cauchemar. De tes deux mains tétanisée, tu enserres cette main, tâche de maitriser ta respiration, pauvre de toi, petit oisillon apeuré, voilà une bien belle image que tu laisses derrière toi ! Frigorifiée, tu fais de ton mieux, t'obliges à te concentrer sur les bouts de mots, les syllabes qui arrivent jusqu'à toi, reformant les mots, calquant ta respiration sur celle de l'homme, le délinquant qui sur le moment, doit fortement regretté de t'avoir laissé une place où te terrer.

Et ces beaux Diables ! Ce n'est qu'une fois bien éméchés et rieurs qu'ils se décident enfin à quitter la pièce, refermant derrière eux, le pas lourd et bien moins assuré qu'à leur arrivée. L'homme, flairant sans doute ton manque de discernement, ne relâche sa prise sur toi qu'une fois le silence bien marqué, et il ne t'en faut pas plus pour te ruer hors de ce maudit placard, plaquant tes mains bien à plat sur le bureau, le regard rivé sur la bouteille bien entamée. Plus jamais ça. Jamais. Jamais. La déglutition est difficile, tu t'étrangles presque et secoue la tête, attrape la bouteille à deux mains, tremblantes, encore et toujours. L'odeur te monte au nez, te gifle presque et tu grimaces ; une claque, c'est peut-être ce qu'il te faut, pour te ressaisir ?

Un bruit, derrière toi.
Faisant volte face avec violence, tu fusilles du regard le décoloré, tentant de te faire faux bond. Oh ! Ca non. Tu viens de subir un truc affreux, à cause de lui. De rage, tu pourrais lui lancer la bouteille au visage, mais pour le moment, tes doigts sont crispés dessus, et tu n'es pas certaine qu'ils puissent la lâcher.

« Pourquoi ?... pourquoi quoi, Prune ? Ton esprit est encore dans les ténèbres, tes mots ne parviennent pas à percer le voile. La colère te secoue, tout ce que tu veux, c'est une réponse, des réponses. Pourquoi. Pourquoi ! que tu répètes en fronçant des sourcils accusateurs, faisant fi de la larme solitaire dévalant ta joue. »
Sam 24 Juin - 0:32
Tic-toc. Les secondes défilaient et les loups approchaient, mais le chaperon rouge était toujours figé. Elle était là, au beau milieu de la pièce, sans doute l'esprit fulminant à toute vitesse. Ou bien était elle tout simplement tétanisée par la peur ? Gauss, dans son recoin sombre entouré de fourrure, commençait lui aussi à paniquer face à ce manque de réaction.

* Aurais-je dû la tirer par la main et l'entraîner avec moi ? * pensait il.

Mais en repensant à son premier contact avec elle, elle aurait sûrement vu un tel acte comme une nouvelle agression. Il espérait avoir fait le bon choix, et ce n'est que lorsque le bruissement des clés retentit que le chaperon prit ses jambes à son cou dans sa direction. Le strigoi fit place dans son antre pour accueillir la nouvelle arrivante et referma promptement le battant derrière elle. Ses estimations étaient tout juste, deux gabarits tels que le sien tenait à peine dans cette penderie. Leur position était inconfortable et il préféra porter son attention sur la discussion des deux sapiarques qui venait de pénétrer la pièce. Malgré la périlleuse situation dans laquelle il se tenait, l'espion espérait toujours glaner des informations de leur échange.

- … Et donc j'ai profité de mon voyage en Xandrie pour visiter cette brasserie et j'ai pu apprendre des choses étonnantes sur ce whisky …

Pour le moment, ils semblaient plus enclins à parler alcool, et à le boire, qu'à discuter de sujets juteux. Gauss se refocalisa alors sur sa complice qui semblait s'agiter et fouiller les vêtements qui l'entouraient.

* Morbleu, que fait elle ? Est-elle au courant que ce n'est pas un magasin de vêtements, à tripoter ces manteaux comme ça ? *

Le manque de discrétion de sa compère le mettait à cran, qui venait s'ajouter à l'inconfort de ce contact physique. Gauss, qui vécut sans parents aimants, n'était pas vraiment habitué à ce genre de proximité. Ses seules expériences en la matière, étaient ses rixes physiques avec son maître d'armes. Donc pas de très bon souvenir. Il dut se retenir de repousser à deux mains cet être de chair qui lui montrait son dos. Mains qu'il avait d'ailleurs du mal à savoir qu'en faire, autre que les placer dans son dos pour éviter tout contact fortuit. Il était inexpérimenté avec les femmes, mais avait assez constaté de scandale pour les savoirs sensibles à ce sujet.

Malgré l'inconfort de cette nouvelle expérience, quelque chose en lui semblait se réveiller. Ce contact physique, qui le rendait toujours mal à l'aise, lui procurait quand même une sensation apaisante. Comme un besoin naturel dont il avait toujours manqué, qu'il ne saurait pourtant expliquer ou définir. Était-ce là le besoin basique de ne pas se sentir seule ? Était-ce l'éveil d'un désir charnel ? Ou bien était l'instinct du strigoi, qui faisait bouillir son sang au contact d'une proie appétissante ? En tous cas, ce qu'il était sûr d'apprécier c'était ce merveilleux parfum fruité qui lui parvenait au nez. Il était un peu acidulé même, presque comme une pomme verte à peine cueillie du pommier. Expérience qui aurait pu être encore plus délicate si les cheveux bruns de la dame ne venaient pas lui fouetter le visage à chaque mouvement et venir lui irriter le nez. Il devait contenir un éternuement constamment pour ne pas attirer les loups. Loups qui d'ailleurs avaient changé de sujet de discussion.

- … Millie Croft est effectivement une partie intéressante, grâce à ses parents. Mais il faut regarder l'avenir. C'est vers des esprits brillants qui sauront continuer le progrès qu'il faut plutôt se tourner. Comme cette Prune Oystein, par exemple ou bien …

Ils semblaient passer en revue les potentielles promises de leur fils respectif. Encore une fois rien d'intéressant. Mais la partie de cache semblait vouloir s'éterniser. Ce qui parut ne pas plaire à la jeune épistote. Son souffle se fit de plus en plus bruyant et il la sentit tomber sur elle-même. Par réflexe, il l'attrapa d'un bras à la taille pour la soutenir debout et de l'autre il vient la bâillonner. Le geste était brusque et malgré toutes ses bonnes intentions, Gauss avait la douceur d'un rustre.

- Hey, calmez vous. Tout va bien. Tenez encore un peu, je vous en prie, c'est bientôt terminé. Murmura-t-il d'une voix qui dénotait avec ses manières, tellement elle était soyeuse comme de la soie.

Il tenta de rendre la position plus confortable, car sa complice ne semblait pas se ressaisir et il allait devoir la garder sous contrôle un moment. Il plaça la tête de sa proie contre son épaule et tenta de glisser quel mot dans son oreille pour la calmer et la prier de contrôler sa respiration.

* Ce n'est vraiment pas ma soirée. Que lui arrive-t-il encore? *

Quand enfin l'hôte et son invité quitta la pièce, il relâcha son emprise, non-content que cela se termine enfin. Le danger était normalement passé. Il sortit du cagibi sans porter d'attention aux actions de sa complice pour se diriger vers la porte. Il semblait les avoir entendu refermer la porte à clé en partant. Une tentative d'ouverture le lui confirma très vite.

- Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi ! Explosa la femme aux prunelle émeraude d'un ton agressif.

* Pourquoi quoi ? Qu'est qui se passe encore ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Foutredieu ! *

Presque irrité par cette question ouverte et universelle, et lui-même rempli de questionnement, il répondit avec agacement.

- Une très bonne question ça. Dites-moi, qu'est ce qu'il vient de se passer dans ce placard ? Ne connaissez-vous pas les règles du cache-cache pour faire autant de boucan ?

Gauss délivra sa tirade tout en s'avançant vers celle qui se tenait au bureau, une bouteille d'alcool entre ses mains. En se rapprochant, ses yeux discernèrent ce qui lui était auparavant dissimulé par la pénombre du lieu, à peine éclairé par les lueurs extérieures. La belle aux yeux verts était en état de choc qui faisait peine à voir. Ses bras tremblotaient et une perle d'eau roulait sur sa joue.

* Rappelle moi Gauss, ne devais tu pas la calmer ? L'amadouer ? En faire une alliée ?!… Si tu continues comme ça, elle va plutôt t'étriper avant la fin de la soirée … *

Le strigoi regretta instantanément le ton et l'accusation de sa remarque. Il respira profondément pour se calmer et reprendre les rênes de la situation. Gauss réfléchit un instant pour comprendre le bouleversement qu'elle affichait et le sens de sa question. Le seul début de réponse qui lui vint fut son geste pour la silencier. Acte qu'elle avait pu prendre pour une agression.

- Si votre question était pourquoi ai-je osé porter la main sur vous une nouvelle fois, sachez que je pensais à notre intérêt à tous les deux. Vous sembliez assez perturbé pour ne pas faire attention à votre discrétion. Si vous m'avez suivi dans cette cachette c'est parce que vous ne vouliez pas être surprise en ces lieux, non ? J'ai fait ce que je devais faire pour nous protéger. Mais je m'excuse d'avoir agi sans la douceur qu'une dame telle que vous mériterait. Je n'en suis tout simplement pas capable. Je suis prêt à payer pour mes actes, et peut-être que vous vous sentirez mieux après avoir giflé un goujat tel que moi.

Que la dame ait eu envie de procéder au châtiment ou non, elle ne semblait toujours pas prête à parler.

- Vous semblez avoir besoin de quelques instants pour reprendre vos esprits, et aussi d'un petit remontant. Vous l'avez bien mérité. Dit il en pointant du doigt le Lagavulin.

Gauss se tourna vers la fenêtre pour l'ouvrir et faire profiter la pièce d'une bouffée d'air frais. Elle en avait grandement besoin et lui aussi. Après quelques grandes inspirations, emplissant ses poumons d'acier de cette énergie vitale, il remit son masque en place afin de préserver son organe non-organique.

- J'espère que vous m'en avez laissé un peu, ce serait criminel de ne pas essayer cette eau de vie après tout ça. Je pense que nous sommes partis d'un mauvais pied vous et moi. Je m'appelle Gauss, et vous ?

Finit-il par dire, la main tendue dans l'espoir qu'elle accepte de se séparer de cette ambroisie qu'elle tenait si fermement trois minutes avant.
Lun 10 Juil - 22:00
Il ne comprend pas. Non. Il ne comprend rien. Rien du tout. Comment pourrait-il ? Il n'était pas là, avec vous dans ce trou, entourés de brume et de cette odeur pestilentielle, face à ces hommes — non, ces souvenirs d'hommes. Ces ombres sans vie et cette voix. Et ce vide, cette affreuse sensation de vide, cette plaie béante à l'intérieur de toi. Si le cœur se serre, c'est surtout l'estomac qui se soulève et te fait serrer les dents que tu remarques, en plus des propos incohérent de ce type, à des années lumières de la réalité. Son comportement ? Oui, son audace est rageante et ses manières aussi rustre que ta passion pour les mondanités inexistante, mais...
Tout s'embrouille dans ta tête, les éléments s'affrontent pour savoir qui d'un contact non souhaité ou d'un souvenir traumatique aura le dessus sur le bilan catastrophique de cette soirée ; mais toi, tout ce que tu veux, c'est mettre ton cerveau en pause pour pouvoir souffler un peu. L'odeur de l'alcool te monte au nez, te dégoute d'autant plus mais tu connais les effets d'une liqueur son la psyché ; une porte de sortie toute trouvée pour ne plus trop penser ? La grimace est grande, le nez se retrousse encore et tu suis du regard ton vis-à-vis parti ouvrir la fenêtre.

Il pourrait sauter, là, tout de suite, que tu ne chercherais même pas à le rattraper. Ton énergie est donc si basse ? Voyons, Prune... Tes yeux s'attardent sur les mécanismes, cet attirail présent pour lui fournir de l'oxygène : petit esprit scientifique fait son office, un exutoire après l'autre. Le goût de l'alcool imprègne ta bouche, et si tu veux derechef le recracher, tu te fais violence pour le laisser t'anesthésier la langue, les joues, le palais, avant de l'avaler. Infecte.  

Tu te sens mieux, maintenant que l'alcool te brûle la gorge, l'estomac et ta peau ? Non, pas vraiment, et le soupir traversant tes lèvres en témoigne autant que ton relâchement. C'est une capitulation du corps refusant de rester en alerte, préférant déclarer forfait plutôt que de se tenir prêt à toutes les éventualités. Tu n'es pas faite pour ce genre de situation, tu l'as constaté à de nombreuses reprises et pourtant tu persistes et signes avec obstination.
Et quel étrange personnage ! S'il ne s'était pas mis en tête de se glisser dans les couloirs sournoisement, vous n'en serez pas là ! Pourquoi donc s'aventurer ainsi dans la bâtisse d'autrui, si ce n'est pour fouiner, mettre son nez là où il ne faut pas ?? Tu en sais quelque chose, toi, pas vrai ? C'est un peu ta spécialité, de mettre les deux pieds dans le plat, surtout lorsqu'il ne faut pas. Tes sourcils se froncent, une mauvaise foi totalement assumée, il faut bien rejeter la faute sur quelqu'un. Le voilà qui se présente, tend une main, encore une fois dans ta direction. Un peu noir, le regard que tu lui lances, tu ne penses pas ? Petit animal sauvage que tu es, en voilà des manières, Prune. Si IAN était là...

Mais il n'est pas là.
Alors à quoi bon ?

« "Criminel", vous dites ? » quelle ironie. Toute cette situation, une grosse farce. Bientôt, la lumière va s'allumer, des ballons et confettis jaillir des murs, et on t'apportera un gâteau pour fêter ton retour à Epistopoli. La méfiance et l'accusation teintent encore tes traits lorsque la bouteille passe de main en main. « Tout ça, c'est... Vraiment n'importe quoi. » Inspiration, expiration. Tu trouves la force de te décoller du meuble et contourne le jeune homme pour t'en éloigner, éviter un nouveau contact, une nouvelle situation que tu n'as pas envie de vivre ; la porte est verrouillée, la fenêtre est ouverte, et vous êtes seuls, ici, dans cette pièce sans grand intérêt, dans cette demeure qui n'appartient à aucun de vous deux, pour cette soirée d'anniversaire d'un autre homme... Dont tu ne te souviens même pas le prénom. D'une main, tu remets tes cheveux en place, dégage ton visage, secoue la tête.

« Vraiment, vraiment, vraiiiiiment n'importe quoi. » Volte face et bras croisés, tu te plantes sur tes deux pieds, retenant l'envie de balancer tes talons dans sa direction pour te déchausser. « D'abord vous vous infiltrez dans un bâtiment en forçant pas une, mais deux portes, ensuite vous tentez de me faire culpabiliser pour vous avoir pris sur le fait, et maintenant, vous vous dites que oh, peut-être, nous sommes partis de travers tous les deux ? Gauss, c'est bien cela ? » Un temps d'arrêt : avec une machinerie pareille, tu t'en souviendrais si tu l'avais déjà vu quelque part, à n'en pas douter. « Gauss. Il va falloir vous expliquer, parce qu'il est inconcevable que je vous laisse partir de cette pièce sans savoir ce qui se trame ici. » 

D'accord, Prune. Mais tu as quand même conscience qu'il a moyen de te mettre hors d'état de nuire et de s'en aller, ce brave homme ? Non, ça ne t'effleure même pas l'esprit, tu campes sur tes positions, sourcils froncés, observe la fenêtre quelques secondes : qui sauterait d'une fenêtre pour s'enfuir, sous les yeux de quelqu'un ? Personne, pas vrai ? Pas vrai ?

« Vous êtes dans la maison d'un partenaire commercial de la famille Oystein, en avez-vous conscience ? On ne se promène pas dans la maison des gens comme ça, enfin ! C'est vraiment, vraiment n'importe quoi ! Et si jamais il vous prend l'outrecuidance de me dire que cette petite escapade avait pour but de mettre la main sur ce... Breuvage répugnant, je...! Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais, croyez-moi ! »
Dim 30 Juil - 19:14

Gauss abaissa son masque pour humer le nectar boisé du lagavulin que venait de lui tendre sa complice, pas si complice. Avec un tel arôme, il se délectait déjà de goûter à ce petit bijou et se tourna vers les verres posés sur la table pour s'en préparer un. Pendant ce temps la tempétueuse femme n'avait point accepté sa proposition de paix et était déjà sur le pied de guerre. Alors que celle-ci finissait sa tirade, Gauss ne put s'empêcher de lâcher un soupir.

-  … Et si jamais il vous prend l'outrecuidance de me dire que cette petite escapade avait pour but de mettre la main sur ce... Breuvage répugnant, je...! Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais, croyez-moi !

Le strigoi vida son verre en prenant le temps de bien apprécier cette eau de vie de grande qualité.

-  Répugnant ?! Permettez moi de vous contredire, ce breuvage est tout à fait exceptionnel. Un peu fort en bouche, mais il a un parfum très enivrant. Je vous trouve dure dans vos mots, Mademoiselle.

Il savait pertinemment qu'elle ne serait pas très réceptive à ce genre d'humour, mais c'est pourquoi il ne pouvait s'en empêcher. Il se retourna vers elle et remit en place son masque.

-  Mais, surtout pour un strigoi comme moi, il existe des breuvages bien plus appétissants…

Il la fixa un moment, ses pensées suspendues dans l'air, tournoyant dans sa tête pour trouver une échappatoire dans cette situation si délicate pour lui. Il marchait sur des œufs, et jusque-là toutes ses tentatives de rattraper la situation s'était retourné contre lui. Il fallait qu'il se résigne à l'évidence, elle faisait partie du bon côté de la loi, et nulle palabre ne changera ce fait.

-  Une raison ? Un ennui mordant. Cette soirée était diablement banale, les discussions, les danses, les rires … Je voulais juste pimenter un peu ma soirée. Visiter cette belle demeure, y trouver des choses intéressantes, curieuses qui sortent de l'ordinaire. Et surtout ce petit plaisir excitant de braver l'interdit, cette tension du danger. Ce que n'as jamais compris mon majordome dans mon enfance, en me grondant et m'interdisant tout et n'importe quoi, c'est qu'il me donnait encore plus envie de le faire. En vous trouvant là, j'ai pensé avoir trouvé une compagne de jeu, un nouveau plaisir de la nuit. Mais il semblerait au contraire que la situation de ce soir ne vous terrifie plus qu'elle vous excite … Vous semblez trop parfaite, noble de cœur, et trop sage pour apprécier ces écarts au règlement. Que voulez-vous que je vous dise, gente dame ? Vous avez devant vous un mauvais garçon qui ne fait que des bêtises. Un criminel qui outrepasse ses droits. Ce soir j'ai joué et je me suis fait prendre la main dans le sac. Alors qu'allez vous faire ? Allez-vous me mettre les menottes, officier ?

Finit il par dire en tendant ses bras vers elle. Très curieux de voir comment ce petit bout allait réagir.