Astrebrume

Mordekai suivit le mouvement tandis qu'il calculait les options et informations reçues.

Donnée diplomatique
fonctionnalité sociale reconnu
marqueur d'alerte: robotique rare a aramila et parfois assimilé a une hérésie.
passage arrière calculable par cartographie ultrasonique
formation ébauche de plan
inclusion nécessité d'informations supplémentaires.

- Un supplément d'informations serait en effet bénéfique. Comme vous l'avez mentionné vous vous fonderez dans la masse bien plus aisément que nous en tant que locaux. Je resterais de mon côté au côté de dame Elerior, nous allons pouvoir exploiter l'idée diplomatique qui a été mentionnée au besoin. Je pense qu'elle mimera parfaitement le fait que je travaille pour elle.

Répartition des tâches: exploitation cartographie nécessaire.
Captation réponse émotionnelle B62 sur le terme égouts.

- Mes capteurs avancés peuvent me permettre d'obtenir des informations sur des passages cachés tant que je suis non loin du lieu, y compris à travers les parois insuffisamment insonorisées ou à travers le sol. Je peut donc me charger de cette recherche. Je n'aurais même pas besoin d'entrer dans les égouts, seulement de passer prêt des bouches qui y mène.

Mordekai ponctua sa phrase d'un mouvement de recul pour se positionner derrière la noble, bras croisé derrière son dos.

Un peu d’air frais et la rumeur des voix plutôt que les discussions avinées à l’intérieur. La nuit promettait d’être fraîche. La prêtresse prenait les devant avec plusieurs pistes auxquelles j’avais aussi pensé, sauf peut-être les égouts mais ça me paraissait dangereux. Il faudra que j’enquête un peu plus sur ce culte de la Baleine, ou que je vois si d’autres l’ont déjà fait.

“Laissez-moi m’occuper de la place devant le Concile, ce n’est pas mon lieu habituel pour étaler mes marchandises, mais on me doit quelques services. Je me renseignerai et… je laisserai traîner mes oreilles pour voir ce que je peux apprendre.”

L’automate et la nobliaude aller tenter une autre approche, autant ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier en effet. Et je serai plus tranquille comme ça, si je n’ai pas le regard peut-il seulement voir d'ailleurs ? de ce géant de métal sur moi. Je n’avais rien fait de spécial pour l’instant, mais certains leviers que je pourrais activer ou comptes rendus que je vais devoir faire, ne devraient pas risquer ma couverture. Comme le révéla ensuite l’automate, je faisais bien. Il semblait largement équipé pour entendre tout ce qu’il se passait autour de lui.

“On devrait garder l’idée des égouts pour plus tard, en effet, si on arrive à rentrer pas sûr qu’on puisse ressortir ensuite par le même chemin dans tous les cas.”

Les différentes pistes avaient le mérite d’exister. J’étouffais un bâillement, la journée avait été longue et la nuit le serait sans doute tout autant. Il allait falloir que je sois malin pour pouvoir continuer à creuser cette piste. La hiérarchie de l'Ordre devrait bien finir par me faire suffisamment confiance pour mener une enquête à termes plutôt que toujours donner de la reconnaissance à d’autres.

“... Dans tous les cas, on pourrait se rejoindre ici demain soir, ou bien dans votre lieu de culte.”

Je préférais qu'on évite de créer l'habitude de voir toujours le même groupe de personne, surtout aussi disparate, au même endroit, au même moment. Je leur en parlerai sans doute plus tard, loin de moi l'idée de vouloir passer pour le suspicieux pathologique.

- Rendez-vous ici demain soir. Prenez bien soin de vous.

Atahara partait de la devanture de la taverne sans se retourner, appréciant le vent frais qui courrait dans ses longs cheveux. Son cerveau la bombarde de questionnements sur l’aide qu’elle peut apporter à ses improbables alliés. Comment faire pour trouver des informations intéressantes sur les bâtiments autour du Concile ? L’Automaton allait pouvoir sonder les alentours, vérifier si des passages invisibles depuis les rues existent. Une aide inestimable dans une telle situation.

Dès le lendemain matin, après les séances de méditation qui servent de prières à Tohorâ, la prêtresse questionna avec un air faussement naïf les croyants de son culte. Evidemment, elle faisait tout pour que tout cela soit crédible et discret. C’est simplement qu’elle devait se rendre dans une boutique pour acheter des fleurs, non loin de la place des archives… Alors, quelqu’un saura bien lui dire si les lieux sont sûrs ou non ?

Malheureusement, le résultat fut des plus décevants. Chou blanc, comme on dit. Les quelques personnes pouvant lui répondre sur le sujet n’avaient rien de très intéressant à dire. “J’ai habité là il y a trente ans”, “ce n’est pas très loin du marché aux tissus !”, ou encore, “ce n’est pas joli les rues aussi étroites de ce quartier !”. Voilà les informations si peu pertinentes qu’elle amassa. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir faire de tout ça ?

Lancement protocole de cryptage de conversation du module social.
- Veuillez m'excusez madame, je vais chercher vos commandes auprès des marchands que nous avons vu hier.

Inclinaison buste 45°
Vitesse de rotation 5.24873
Attente 7 sec
110
101
100
11
10
1
0
Inclinaison buste 0°
Vitesse de rotation: paramètre par défaut.
Itinéraire vers point haut enclenché.

L'automate sortit et s'arrêta 1.27 secondes pour lever le visage, puis il s'accroupit. Un léger souffle de piston plus tard, et sa silhouette crevait le ciel alors qu'il atterrissait sur un toit. Il pris rapidement de la vitesse, bondissant comme un célécursus de tuiles en cheminées pour atteindre rapidement une maison haute proche du Concile.

Scan de proximité: aucune entité gênante détectée.
Déploiement système de reconnaissance complet.
Déploiement sonar de myste
Déploiement sonar infrarouge
Déploiement sonar thermique
Déploiement système de cartographie radiographique
Lancement multi-scan croisé Phase 1
Agrégations des données en mémoire tampon
Déplacement au point de scan numéro 2

Un petit garçon ferma brusquement ses volets en voyant la silhouette du plus gros hérisson qu'il avait jamais vu se glisser sur les toits face à sa chambre. Il n'aurait peut-être pas dû reprendre du gâteau avant d'aller dormir.

Scan de proximité: aucune entité gênante détectée.
Lancement multi-scan croisé Phase 2
Déplacement au point de scan numéro 3

L'automate fit ainsi le tour du concile, procédant à un total de pas moins de 10 scans avant de replier toutes les excroissances de détection et de reconnaissance qui lui hérissait la moindre plaque de coque disponible.
Il mit alors le cap sur la taverne, non sans s'arrêter acheter un bijou ornemental de fabrication locale à un jeune garçon qui pliait tardivement son étal.

Emballage prétexte dans un tissu proprel: terminé.
Lancement exploitation des données en mémoire tampon.
Temps de calcul estimé 26 minutes 16 secondes 238 centièmes.
Raison de l'extension du temps de calcul: Structure complexe renforcé de matériaux imperméables.
Niveau de complétion des données cartographiques probable: 50-70%

- Voici madame, le dessin est en cours de fabrication par l'artiste et vous sera fourni un peu plus tard dans la soirée. L'artiste me l'a assuré.

Il était temps de se séparer chacun allant de son côté après cette rencontre. Chacun allant faire ce qu’il avait à faire. Pour moi, le travail commençait vraiment maintenant, à voir quelles pièces j’allais devoir bouger pour mettre en place mon plan. Je devais être malin, hors de question qu’on donne cette mission à un plus haut gradé. S’il y avait quelque chose à découvrir ou à faire taire c’était à moi de le faire, s’il n’y avait rien de plus que les élucubrations d’un ivrogne, je ne serai pas couvert d'opprobre pour avoir mobilisé des ressources autre que le pion que j’étais.

Je rentrais dans le dépôt où j’avais aménagé une chambre de fortune pour m’éviter d’avoir à faire des aller-retours jusqu’au domaine.

Premier mouvement, au cavalier pour informer la tour de contrôle. Je rédigeais une note codée en me basant sur les dernières indications. J’y joignais un dessin qui se voulait proche du visage que j’avais aperçu sous la capuche. Dans la note, au milieu des informations inutiles sur les commandes d’épices et autres denrées, j’expliquais que c’était le visage de l’homme qui était recherché pour les élucubrations qui se répandaient dans la ville. J’indiquais où je l’avais vu pour la dernière fois, à charge de l’Ordre de mener son enquête maintenant avec le dispositif habituel.

Je laissais les documents au milieu des livres de comptes et je tournais l’un des barreaux branlant de la fenêtre avant d’aller dormir. Le signal pour indiquer au messager de passer à sa guise. La fin de la courte nuit passe et il est temps de passer au deuxième mouvement que j’avais cogité.

Obtenir une place pré du Concile n’était pas chose aisée, par chance, j’avais quelques leviers à faire jouer, des services passés pour lesquels il était temps de me rendre la paraille. Je me levais aux aurores, adressais une prière et je commençais ma journée en allant directement au Bazar. Comme toujours, le lieu fourmillait déjà de vie, de marchands et de fournisseurs, de quémandeurs et d’acheteurs. Je retrouvais là les habitués que je saluais et qui me le rendait avec des : « Le petit Dalmesca, comment va ta mère ? ». Quelques échanges de banalités et je me lançais dans le vif du sujet.

Les négociations ne furent pas longues, une poignée de main fut échangée pour sceller l’accord. J’avais besoin d’un emplacement sur la place pour quelques jours car j’avais entendu qu’une riche héritière étrangère, accompagnée de son automate, était en ville. C’était une occasion rare de faire commerce avec l’étranger que je ne pouvais rater. Merci Mordekai, merci Liana, vous vous montrez bien utile sans le savoir.

Je déplaçais donc mes marchandises rapidement depuis le port, avant que l’emplacement ne soit avalé par les vendeurs voisins. J’installais mon étal et commençait ma journée le plus normalement du monde. Je me mélais à mes voisins, échangeant avec eux de ses discussions et rumeurs de marchands, toujours sur la réserve de se faire griller la priorité, mais en même temps avec un égo voulant montrer qu’ils en savaient plus que les autres.

« Quand même, qu’est-ce qu’il peut bien se passer là-dedans » dis-je en regardant le Concile.

Nouveau que j’étais dans le quartier, je les écoutais aller de rumeur en histoire. Certains partaient sur des théories abracadabrantes sur des secrets que personne ne devrait connaitre et qui assuraient la protection de la ville contre la corruption de la Brume.

Je continuais d’écouter d’une oreille en réarrangeant mes sacs et sachets d’épices quand les gardes se faisaient relevés ou partaient en ronde. La journée passa rapidement finalement, le coin était actif à d’autres heures que sur mon allée habituelle mais avec du passage presque en continu. Ça pourrait valoir le coup de savoir combien me couterait un emplacement ici, les bénéfices étaient là. Je prenais le temps de ranger mes affaires avant de retourner auprès du trio rencontré la veille.

« Bonsoir. »

Comme envisagé, le vieil alcoolique n’était pas dans la taverne, sans doute à cuver son vin ailleurs… où à s’être déjà fait rattraper par l’Ordre. Je me grattais la joue en réfléchissant à la suite. Après tout il nous avait déjà donné l’information qui comptait le plus.

« Je ne suis pas sûr qu’il viendra… Autant aller ailleurs, revenir au même endroit, plusieurs soirs de suite dans une compagnie si hétéroclite… On pourra discuter de ce qu’on a appris sur la route. »

Fin des calculs de scénario possible.
Classement par niveau de dangerosité.
Statut groupe: Inactif.
Délai avant activité: Inconnu.
Rappel de mission en cours: Retard important.
Mise en application premier plan.

Mordekai se leva brusquement de la table à laquelle il avait rejoint le petit groupe et sortit de la taverne. Il avait déjà perdu trop de temps ici et être en retard sur sa première mission pouvait être possiblement compromettant pour la survie du programme. Il se mit à courir dès la porte franchis, droit vers le bâtiment du concile qu'il avait repéré la nuit précédente.
Sa puce navigatrice le guida a travers des ruelles et par les toits par le chemin le plus direct et le plus rapide pour l'amener s'arrêter dans un dérapage devant les gardes de l'entrée qui accueillir l'acrobatie leur lance baissée.

- Bonjour, je suis MORD3941. Unité de reconnaissance et d'enquête sur les mystères de la brume et son impact sur Astrebrume. Je souhaiterais accéder aux documents liés à la Grande Pyramide afin de pouvoir poursuivre ma mission. Pouvez-vous contacter ou me diriger vers les autorités en charge de l'accès à ces données?

Comment pouvait-on faire confiance à ces golems de métal et de boulons ? L’automate était parti d’un coup, sans demander son reste nous laissant sur le carreau et surtout, créant de l’agitation autour de nous. Chose que je détestais. Autre souci, où se rendait-il ? À ne pas mis tromper vu la direction dans laquelle il avait bondit, c’était pour aller tenter sa chance au Concile, chance qui n’existait pas.

Il se ferait certainement raccompagner de façon virulente ou bien pire, invité à l’intérieur et réduit à l’état de pièces détachées avant que soit extrait de sa mémoire tous les renseignements à tirer notamment sur les derniers événements et mon implication. Ce n’est pas parce que nous avons fait le choix de croire en nos traditions pour nous sauver plutôt qu’en une course effrénée et mortelle vers le progrès que notre pays n’est pas doté des esprits capables de ce genre de prouesse.

« Nous devrions aller voir comment ça se passe. Ma dame, selon la situation je pense que ce sera à vous de jouer. Il n’y a pas moyen d’arrêter ce… truc ? »

Je me déplaçais à couvert des ruelles, connaissant cette ville labyrinthique comme ma poche. L’urgence faisait battre mon cœur jusqu’à mes tempes, mes jambes étaient molles. On n’avançait pas, on reculait et ce qui devait être ma première initiative se transformait en fiasco.

J’arrivais au niveau de la place, la tension était palpable, les yeux se cachaient derrière les volets entrouverts et les coins de rues comme nous. Là où se tenait encore le marché il y a quelques heures, les lumières des torches éclairaient maintenant le métal brillant de Mordekai et la pointe des lances des gardes du Concile.

Ce n’est pas ce soir qu’ils allaient pouvoir faire quelque chose, ni même dans les jours à venir si le niveau d’alerte ne diminuait pas. J’entendais le terme de Grande Pyramide, s’échanger à voix basse… Le travail du vieil homme avait porté ses fruits, toute la ville bruisserait bientôt de la nouvelle d’un automate à la recherche de cette Grande Pyramide, peut-être imaginaire, peut-être pas, mais certainement dangereuse pour les esprits.

Je me retournais vers le reste du groupe.

« Liana, vous pouvez-faire quelque chose ou nous laissons faire ? Je ne vois pas en quoi je peux aider… à moins que… »

Une idée, folle venait de jaillir. Peut-être la seule chance, et elle impliquait de plonger dans une mer inconnue. Je ne savais pas ce qui nous attendais réellement à l’intérieur hormis les rumeurs s’échangeant au sein de l’Ordre. Les trouffions comme moi n’avaient pas voix au chapitre quand il s’agissait du Concile.

« On en profite pour tenter de faire rentrer quelqu'un dans le bâtiment. Les gardes en alerte, mais dirigé vers Mordekai. On peut tirer notre épingle du jeu.»

C'était une chance inespérée, et dangereuse, d'aller en découvrir plus sur le bâtiment. Quitte à ne réussir qu'à explorer peu, ce serait toujours mieux que ne rien savoir de ce qui nous attendait. Et, qui sait, avec beaucoup de chance, ça pourrait même déjà être le moment de récupéré les documents incriminés. J'y croyais peu, adepte des plans soignés, mais peut-être que les autres sont plus habitués à ce genre de manoeuvre.

L’impulsivité de l’Automaton risquait de mettre à mal le groupe bigarré dans la recherche des fameuses notes. Il était carrément en train de demander l’accès direct à des informations classées confidentielles aux gardes se trouvant à la portée d’entrée des Archives du Concile. La situation était clairement critique. Critique, certes, mais pas encore désespéré pour Atahara qui regardait la scène d’un air amusé. Chaque problème possède sa propre solution. C’est juste parfois très difficile de la trouver, cette solution. Voire extrêmement difficile. Notre prêtresse n’avait pas anticipé une telle situation, elle était habillée de manière voyante et originale comme à son habitude. Rien de discret. Du tout.

Ainsi, elle portait une large robe fluide et légère, confectionnée à partir de tissus océaniques aux teintes de bleu, de vert et de turquoise. Des motifs marins de vagues étaient brodés subtilement. Alors, très honnêtement, l’idée d’Arno est excellente, infiltrer le bâtiment tant que Mordekai se porte involontairement comme diversion, mais elle ne sera clairement pas la bonne candidate en l’état. Néanmoins, l’accoutrement est certainement un bon axe de réflexion, n’est-ce pas ?

- Je pense que le moment est opportun pour votre plan Arno. Surtout que nous avons maintenant un plan suffisamment détaillé du bâtiment. Nous risquons tout de même gros en tentant, ne serait-ce, qu’un passage en discrétion. Mais si l’on récupère une tenue de garde pour vous Arno, ou un uniforme du personnel des archives pour Liana, alors tout cela serait grandement facilité !

Oui, Arno aurait clairement l’allure d’un garde avec sa stature. Et Liana pourrait tout à fait se faire passer quelques instants comme un des membres du personnel des archives avec sa prestance et sa confiance naturelle. Clairement, Atahara ne s’imaginait pas du tout réussir cette partie de la mission et s'infiltrer avec discrétion dans les Archives. Néanmoins, elle avait de la ressource pour charmer un garde si besoin. La séduction n’est pas très religieuse, mais l’on peut bien faire une entorse à ses croyances en cas de besoin. Et récupérer une tenue de soldat par la même occasion.

Arrestation armée.
Réponse à la considération: heure impropre à la demande.
Position pré-enregistrée: garde à vous.

- Cette unité est habilité à explorer et intervenir dans les affaires concernant la Brume. L'exploration de la Grande Pyramide et les informations qui y sont liées ou qui peuvent en découler concernent directement la mission de cette unité. Permettre le bon traitement de ma mission serait bénéfique à l’entièreté d'Uhr. Merci de transmettre la demande d'examen des documents affiliés à la Grande Pyramide ainsi qu'au évènements lié à la Brume dans la juridiction d'Aramila. Mise en veille de l'unité en attente d'une réponse à la demande.

Ralentissement modules secondaires
Transfert énergie module de détection vers sonar passif
passage en régime énergétique minimum
Désactivation modules tertiaires et inférieur

Un silence de plomb s'installa, seulement perturbée par les armures et les respirations lourdes des soldats qui tentait de comprendre pourquoi l'automate décidait de faire la statue ici pour le plus grand plaisir de leur ulcère plutôt qu'ailleurs.

Je voyais bien que certains gardes étaient dubitatifs et échangeaient à voix basse sur cette « Grande Pyramide » dont leur parlait l’intru. Mais la première ligne restait tendue devant l’automate qui s’était mis dans une position d’attente. Bon, au moins on aurait un peu de temps avant qu’il se remette en marche en attendant une réponse. Qui ne viendra sans doute pas des trouffions devant lui.

Miséricorde, alors elle n’a vraiment pas moyen de l’arrêter. Il n’y a donc qu’à croiser les doigts en espérant que les prochains sons qui sortiront de Mordekai ne portent pas nos noms.

Bonne nouvelle, mon plan de fortune semblait faire son œuvre, mauvaise nouvelle, je ne comptais pas me retrouver en première ligne et risquer de me faire prendre. Difficile de trouver une pirouette quand on m’interrogerait au sujet de mon excursion au repaire de l’Ordre.

Je regardais toujours la place du coin de l’œil, essayant par la même occasion de percer l’obscurité des portes qui menait au Concile. J’avais le plan du lieu en tête, je connaissais les usages des gardes et, s’il y avait quelque chose à découvrir, je serai le seul à mettre la main dessus.

Je finissais par acquiescer.

« Soit, je comprends votre réserve. Dans ce cas, peut-être que mon information sur les joueurs de dé n’est pas inutile. Avec l’alerte, c’est compromis mais il y a peut-être d’autres cercles de jeu avec des gardes dans le coin et ils doivent bien enlever tout leur attirail pour être à l’aise. Quant au reste de la tenue... »

Les vêtements amples couleur sable des gardes étaient plus discret que les quelques breloques que je portais. J’enlevais la pierre à mon oreille et la rangeait soigneusement dans une poche intérieure de mon gilet avant de me baisser pour saisir une poignée de terre ocre. Je l’étalais entre mes mains, sentant les grains de sable et la chaleur de la journée encore présente avant d’en mettre sur ma chemise et mes bas.

La nuit tous les chats sont gris et, à l’ombre du bâtiment avec le reste des attirails de garde, ça pourrait faire l’affaire tant qu’on y regardait pas de trop près. Il allait falloir faire avec dans tous les cas et profiter de cette unique occasion.

« Je finis de me préparer ici, pendant ce temps, essayez de trouver l’équipement d’un garde dans le coin, idéalement assez grand… mais je ne ferai pas la fine bouche. Et si vous trouvez une réserve avec de véritables tenues encore mieux.»


Autant ne pas se fermer d'option dans ce genre de situation, ça ne pourrait qu'être une bonne surprise.

Le plan n’avançait pas. Atahara avait encore beaucoup de choses à apprendre, et sa vision mystique des choses ne l’aidait absolument pas à chercher et surtout à trouver des solutions concrètes au groupe. C’était mal barré. Néanmoins, cette scène chaotique peut tout de même leur faire en apprendre davantage sur la réaction des gardes face à une menace extérieure au bâtiment. Et ça, ce n’était pas rien, bien sûr que non ! Une idée de génie ! Formidable !

- Nous pouvons toujours essayer de comprendre ce qui se passe grâce à Mordekai. Observons attentivement les gardes des Archives pendant un certain temps. Nous réussirons peut-être à déceler des schèmas dans leurs mouvements ou leur comportement. Mordekai saura nous donner aussi son point de vue.

Alors, elle observe, avec la discrétion de la pachydermique baleine Tohorâ. Essayant d’identifier les moments où les gardes semblent être le plus distraits ou préoccupés. Peut-être que certains gardes sont plus enclins à quitter temporairement leur poste pour vérifier quelque chose d'inhabituel ou qu’ils sont plus susceptibles d’être attirés par des événements extérieurs ?

La situation devenait… difficilement gérable. J’étais déjà couvert de terre que la prêtresse suggérait d’attendre. Le risque de voir la garde se renforcer suite à l’alerte dans les prochains jours était trop important. Il fallait faire quelque chose, mais je ne pouvais pas me jeter sans plan dans la gueule du loup.

L’étrangère quand a elle, faisait fit des derniers échanges, bille en tête, elle disparue. Les chances de la voir réapparaître accompagnée de vêtements était minime, celle de revenir avec des gardes par contre… J’avais déjà usé de certaines faveurs durement acquises et on se retrouvait là dans une situation où je brûlais trop de cartes.

On réglera la question de Liana plus tard, d’abord ce golem de métal, les gardes n’allaient pas rester à rien faire alors que la tension montait. Quelle mouche ou erreur avait pu déranger la réflexion de l’automate?

Une erreur…

Je suis loin d’être un expert dans le domaine, mais les personnes en face ne le sont pas non plus. Une nouvelle trame se présentait devant moi pour calmer la situation. Encore fallait-il que l’engin comprenne ce que je m'apprêtais à faire.

“Allez vous cacher Atahara, je vais voir ce que je peux faire, pas la peine de prendre le risque de se faire tous prendre.”

La prêtresse allait se retrouver abandonner et j’allais sans doute finir ma nuit dans un cachot. Ce n’était rien face aux explications qu’on me demanderait si ce petit monde se faisait prendre et mentionnait mon nom.

Je soufflais avant de me pincer violemment la joue. Quand je sentis que le sang remontait, je lâchais prise et je m’avançais sur la place. Les regards des gardes se tournèrent vers moi, de même que ceux des habitants cachés derrière leurs fenêtres. Je laissais passer juste entre mes lèvres, priant pour que les capteurs de Mordekai puissent me capter.

“On se met en danger… aucune chance de passer frontalement… Risque incident diplomatique. On suspend. Clair?”

La tension continuait de monter, alors que j’avançais les mains en l’air, haletant comme après une course dans le dédale des rues.

“Je… Je suis désolé c’est ma faute, il… il m’a échappé vous comprenez ?”

Va savoir s’ils comprenaient, on ne mettait que rarement les plus malins aux postes de garde de l’extérieur de ces bâtiments. Qui serait assez fou pour tenter de rentrer ? Interrogatoire à venir, joue douloureuse, garder son calme, paraitre en panique.

“Il… Écoutez, j’ai un papier ici… un proche d’un Tribun… Il était prêt à me payer cher pour lui ramener un automate… Je… je pensais l’avoir désactivé !”

Je jetais un regard à l’automate. J’avais trouvé une excuse même maladroite pour justifier sa présence, maintenant à voir si ce serait suffisant.

"Je suis sûr qu'on peut trouver un terrain d'entente!"