Mer 7 Juin - 23:45
Pilote automatique activé. Le corps réagit avec grâce et harmonie, répondant à l'appel des notes, à la volupté de la danse. Soumis à de nombreux exercices de coordination, de maintient, il fait appelle à la mémoire musculaire et suit la maîtrise du meneur sans même y penser, sans avoir à réfléchir ; parfaite partenaire de danse accordant sa confiance aveugle. La musique se glisse à l'intérieur des oreilles, titille les tympans, effleure les méninges et rythme la houle des songes qui montent, doucement, lentement, irrémédiablement, comme une marée sous le joug de la Lune. Les odeurs se mêlent, celles des invités, les parfums des mets se drapent d'humidité, de rouille, de chaleur et d'huile de moteur — à la contrebasse se joint le grincement intempestif de la chaudière, et le décors somptueux perd de sa superbe, se travestit pour devenir un débarras sans attrait où le jeu de lumière des décorations, des lustres et des bijoux tapissent les murs, cri du cœur de la réalité tentant de percer ces sombres pensées. Trop tard, tu y es déjà plongée. Poupée mécanique entre les mains du Ministre, tu revis la panique, le crissement de la lame forçant le passage dans le squelette de l'automate, la pression du couteau contre ta peau ; et dire que tu n'y avais même pas prêtée attention, ce jour-là, et qu'elle te semble en ce moment même étouffante, prête à trancher ta peau et te rompre la gorge. Pamyfja. Ton cœur se serre lorsque ton visage tordu de douleur s'impose à toi, que tes oreilles recueillent son cri, son supplice. Par tous les Esprits, tu as bien fait de ne pas manger, tant ton estomac se soulève en quête de quelque chose à évacuer. Tu souffres pour elle. Avec elle. L'impuissance te revient en pleine face, t'attrape les trippes et malmène tes idéaux. Pourquoi ? Comment ? Quel être abject ose démembrer un de tes enfants ?? Ta vision se trouble, les paillettes disparaissent de tes iris radieuses. Des semaines, des mois sans nouvelle d'elle, et le démantèlement de la branche dont elle est issue après des dénouements des plus... sordides.
Perdue en conjectures internes, c'est à peine si tu as conscience de ton corps, de sa présence entre les bras de cet homme qui guide tes pas. Son odeur est lointaine, sa chaleur d'autant plus incertaine, et ton regard perdu dans le vide sursaute lorsque sa voix, si proche, t'épingle surplace et te ramène dans cette salle où patauge la haute et leurs masques d'argent. Le sourire égrené sur tes lèvres rosées se ravivent par automatisme quand tu récupères précipitamment ton bouclier, ton voile de fille de bonne famille parfaitement domptée. T'apparaissent alors les multiples regards posés sur toi, sur lui, sur vous. Le poids des rapaces en mal de potins, que tu dois satisfaire pour ne pas déplaire. Petit cœur à le mal du pays, il tambourine dans une poitrine trop étroite pour accueillir toutes ces émotions qui tourbillonnent brusquement à l'intérieur et que tu ne sais pas même nommer. La certitude que la nausée n'est pas due à la gorgée d'alcool mais à une douleur latente, un mal-être, une remembrance que tu n'as pas encore digéré : pourquoi faire, toi que la vie se contente d'effleurer, caressant ta petite bulle impénétrable, du moins... Tu le pensais.
« Hélas, Ekiel, tant de choses vont mal... »
Un murmure, étouffé par la proximité. Anesthésiée, si les membres sont crispés, rien n'est ressenti, pas même l'aversion pour le contact avec autrui. Soupir glaçant, le précipice s'approche, oh, la chute sera lente, très lente, et l'impact, à n'en pas douter, assourdissant. Prune, petite étoile dorée, vas-tu réellement te laisser chavirer ? Les yeux s'animent, s'accrochent aux azurs ministérielles, échanges muets, partages de secrets ? Non, tu ne saisis rien dans ses pupilles, tu n'y lies rien, pas grand chose, et encore, c'est incertain. Et lui, que lis-tu, dans tes mirettes ? Ne dit-on pas qu'elles sont le miroir de l'âme, ces petites choses ?
En toi, ça craque. Imperceptiblement, c'est à peine si tu le sens. Mais tu te mets à rire, avec mélancolie d'abord, puis plus franchement, avec l'innocence d'une enfant. Allons bon, tu es Prune Oystein, petite douceur sur patte, étincelle qui crépite et chatouilles le cœur de ceux qui croise son chemin ! Impossible pour toi de laisser place aux ténèbres, tu les repousses de toutes tes forces, encore plus férocement que tu endures les mondanités sans broncher. Ton éclat se ravive en même temps que ta voix tapisse les murs, tu scintilles de nouveau, les paillettes renaissent : vraies ou fausses, quelle importance ? L'heure est à la fête ! Au Diable les messe basses, et les trouble faits !
Et te voilà, qui reprend du poils de la bête, et bien décidée à mener la danse, tu empruntes le rôle du Ministre, pour lui apprendre les danses de Jadis, lorsque ta contrée était encore Terre Sainte, Sancta et ses nombreuses festivités, Sancta et ses danses païennes, que l'on conserve en mémoire comme un vestige du passé. Immuable. Précieux.
Perdue en conjectures internes, c'est à peine si tu as conscience de ton corps, de sa présence entre les bras de cet homme qui guide tes pas. Son odeur est lointaine, sa chaleur d'autant plus incertaine, et ton regard perdu dans le vide sursaute lorsque sa voix, si proche, t'épingle surplace et te ramène dans cette salle où patauge la haute et leurs masques d'argent. Le sourire égrené sur tes lèvres rosées se ravivent par automatisme quand tu récupères précipitamment ton bouclier, ton voile de fille de bonne famille parfaitement domptée. T'apparaissent alors les multiples regards posés sur toi, sur lui, sur vous. Le poids des rapaces en mal de potins, que tu dois satisfaire pour ne pas déplaire. Petit cœur à le mal du pays, il tambourine dans une poitrine trop étroite pour accueillir toutes ces émotions qui tourbillonnent brusquement à l'intérieur et que tu ne sais pas même nommer. La certitude que la nausée n'est pas due à la gorgée d'alcool mais à une douleur latente, un mal-être, une remembrance que tu n'as pas encore digéré : pourquoi faire, toi que la vie se contente d'effleurer, caressant ta petite bulle impénétrable, du moins... Tu le pensais.
« Hélas, Ekiel, tant de choses vont mal... »
Un murmure, étouffé par la proximité. Anesthésiée, si les membres sont crispés, rien n'est ressenti, pas même l'aversion pour le contact avec autrui. Soupir glaçant, le précipice s'approche, oh, la chute sera lente, très lente, et l'impact, à n'en pas douter, assourdissant. Prune, petite étoile dorée, vas-tu réellement te laisser chavirer ? Les yeux s'animent, s'accrochent aux azurs ministérielles, échanges muets, partages de secrets ? Non, tu ne saisis rien dans ses pupilles, tu n'y lies rien, pas grand chose, et encore, c'est incertain. Et lui, que lis-tu, dans tes mirettes ? Ne dit-on pas qu'elles sont le miroir de l'âme, ces petites choses ?
En toi, ça craque. Imperceptiblement, c'est à peine si tu le sens. Mais tu te mets à rire, avec mélancolie d'abord, puis plus franchement, avec l'innocence d'une enfant. Allons bon, tu es Prune Oystein, petite douceur sur patte, étincelle qui crépite et chatouilles le cœur de ceux qui croise son chemin ! Impossible pour toi de laisser place aux ténèbres, tu les repousses de toutes tes forces, encore plus férocement que tu endures les mondanités sans broncher. Ton éclat se ravive en même temps que ta voix tapisse les murs, tu scintilles de nouveau, les paillettes renaissent : vraies ou fausses, quelle importance ? L'heure est à la fête ! Au Diable les messe basses, et les trouble faits !
Et te voilà, qui reprend du poils de la bête, et bien décidée à mener la danse, tu empruntes le rôle du Ministre, pour lui apprendre les danses de Jadis, lorsque ta contrée était encore Terre Sainte, Sancta et ses nombreuses festivités, Sancta et ses danses païennes, que l'on conserve en mémoire comme un vestige du passé. Immuable. Précieux.