Lun 20 Mar - 17:25
Il y a la sécurité de ton foyer, les domestiques qui s'affairent à rendre l'espace accueillant, bienveillant, se rendant disponible pour la moindre de vos envies, le moindre besoin, qui sont là pour toi, pour Papa, qui savent se rendre aussi précieux que n'importe quel membre de ta famille. Il y a la chaleur de ton lit, de tes draps qui sentent la fleur fraîche, de tes couvertures toutes douces qui t'enveloppent à souhait dans un sommeil réparateur, tous tes livres qui débordent de ta bibliothèque personnelle, toutes tes feuilles volantes qui dressent le portrait de ton bazar mental qui n'a de cesse de se mouvoir, d'évoluer, de muter. Il y a le monde extérieur, qui te tend les bras, toutes ces choses que tu veux apprendre, découvrir, t'en imprégner les neurones pour faire germer de nouvelles graines, de nouveaux songes, de nouvelles possibilités, pour goûter de nouvelles saveurs et rendre réelles tes connaissances académiques, celles que l'on t'a inculqué dès ton plus jeune âge et que tu n'as de de cesse de faire grandir, encore et encore, jusqu'à ce que tout déborde et vienne noircir le papier, ou intégrer la base de donner de IAN, fidèle associé.
Il y a tout ça, et pourtant, il n'y a que dans ton laboratoire personnelle que tu te sens pleinement chez toi. Ton petit monde où tes idées prennent vie, où tes créations jaillissent de ton esprit. Concentration de matériel high-tech gracieusement fournis pour répondre à tes besoins techniques, une sorte d'entrepôt, immense boîte de conserve brillante où ta magie opère.
Dans le complexe industriel Oystein, où les usines s'imbriquent et coopèrent pour façonner vos individus mécaniques et veiller au bon déroulement de leur conception, tu possèdes deux pièces, deux endroits rien qu'à toi ; privilège que tu dois à la renommée de Papa dans l'entreprise, dont tu n'as pas conscience, petite Princesse uniquement heureuse de pouvoir travailler sereinement, sans avoir à te soucier du bruit ambiant, des œillades par-dessus ton épaule, ou de devoir expliquer à qui que ce soit tes moindres faits et gestes, une fois tes projets validés par l'assemblée.
Un bureau, où la poussière pourrait s'accumuler si le ménage n'y était pas fait une fois par semaine tant tu n'y mets jamais les pieds, si ce n'est pour y ranger tes dossiers, blue-prints, et autres archives portant ta marque de fabrique. Toi, tu pourrais parfaitement les laisser traîner dans ton atelier, ton laboratoire sacré, mais Papa t'a toujours dit de garder ce genre de choses bien rangés, à l'abri du danger... Et IAN veille au grain pour que jamais tu ne daignes oublier. Une petite pièce qui sert d'extension à ton cerveau, dans un sens, ton petit musée personnel à la vue imprenable sur Epistopoli, contrairement à ton laboratoire, où la lumière artificielle se fait Reine, bunker creusé dans le sol de la cité.
Ce sont tes derniers jours à l'intérieur de ta caverne avant ton premier pas dans ta grande aventure personnelle. Tu t'étais promis que tu partirais dès que tu aurais terminé tes créations en cours, et ce moment est en train d'arriver. Les dernières pièces sont arrivées durant la semaine, tu as pu les assembler tranquillement, faire preuve de patiente pour manipuler ces minuscules mécanismes, les faire se répondre et correspondre à la perfection ; oh, que tu aimes quand prend forme une nouvelle entité sous tes petits doigts de fée ! Cette sensation que la vie prend forme, que tu façonnes une nouvelle créature, que ce que tu avais en tête depuis si longtemps va bientôt pouvoir rejoindre le monde et se mouvoir sous tes yeux, que tu pourras la nommer, la voir grandir, évolution, apprendre, se développer.... Est-ce un sentiment similaire que ressentent les mères pour leurs bébés ? Oui, sans hésitation, tu considères chacun de tes Automates comme ta progéniture, de IAN à ces animaux mécaniques que tu es en train d'engendrer.
Le programme d'aujourd'hui ? Tu en trépignes d'impatience rien que d'y penser, sautillant dans l'ascenseur malgré les conseils de ton acolyte mécanique te rappelant la dernière fois, quand tu t'es mise à sauter sur place avec un peu trop d'énergie, et que vous vous êtes retrouvés coincés pendant des heures dans ce petit habitacles. Mais comment te retenir ? Tu vas tester ton programme sur eux, aujourd'hui, leur donner un semblant d'âme, les faire bouger, répondre à des signaux, remplir ces corps vide d'énergie, pour la toute première fois ! Bon, évidemment, ce processus ne te convient pas tout à fait : toi, tu aurais souhaité leur offrir un cristal, directement, qu'ils aient une âme rien qu'à eux, pour vivre leur vie pleinement, sans avoir à dépendre de toi, oh ça non. Mais c'est trop tôt dans le processus, trop d'aléas, comment savoir si les animatroniques auront des comportements propices à l'espèce souhaitée ? Comment s'assurer qu'un esprit humain ne s'y retrouvera pas coincé ??? Tu reformules leurs craintes à ta manière, et tu les comprends, tu as conscience de ces éléments, tu aimerais y remédier, mais pour l'heure, toi non plus, tu n'y as pas suffisamment songée pour que la solution soit trouvée. Il faudra se contenter de programmes pour un certain temps encore. Ne désespère pas, petite Prune, un jour, tu parviendras à avoir des animatroniques parfaitement autonomes !
« Il va falloir faire des tests, les convaincre de me laisser faire des tests, tu marmonnes pour toi-même en observant l'aiguille dégringoler d'un bout à l'autre du cadran.
— Tu penses en avoir le temps ? Tu pars en voyage dans quelques jours, Prune.
— Je sais ! Mais si je les convaincs avant de partir, je pourrais m'y mettre directement en rentrant.
— Peut-être serait-il plus judicieux de les laisser tranquille avant ton départ. L'Assemblée a suffisamment de sujet à traiter pour le moment, avec les nouveautés du Sapiarque.
— Mais justement, IAN ; une nouvelle sorte d'Automate permettrait de rivaliser, non ?
— Ah, Prune... »
Une pointe de désespoir dans sa voix ? Tu ne t'y attardes pas, ta petite bulle merveilleuse ne saurait souffrir du jugement des autres. Tu as confiance en tes créatures, et tu sais qu'elles s'épanouiront un jour parmi la civilisation. Tu fais bien plus attention aux timbres qui te parviennent, alors que tu tires la langue en direction de ton Automate. Des paroles, en provenance de ton laboratoire ? Non, tu dois rêver. Tes oreilles te jouent des tours, tu n'as pas suffisamment dormi cette nuit, ça doit être ça, oui.
Les mains enfoncées dans ton bleu de travail, tu procèdes à un dernier petit saut, et les portes s'ouvrent devant toi, devant vous, sur deux hommes tournant autour de ton poste de travail, où sont d'ores et déjà installés le chien mécanique sur lequel tu dois essayer ton programme, et le petit papillon, d'une finesse fabuleuse, si précieux, si fragile... Tu en reconnais un, d'homme : Papa a tourné son visage dans ta direction lorsque les portes se sont ouvertes, t'accueillant avec un sourire, bien que ses yeux soient un peu teinté de reproche. Le même regard qu'il te glisse à table lorsque vous avez des invités et que tu t'échappes mentalement d'une conversation dont tu connais déjà la chanson.
D'un froncement de sourcil, tu lui réponds ; ne devrais-tu pas être celle qui reproche, en le trouvant ainsi en ces lieux, accompagné qui plus est, sans ton accord ? Sur tes lèvres se forment un milliard de questions, mais aucune n'a le temps de s'échapper, de se formuler, car ton regard est attrapé par une main qui s'approche du papillon, une main dont tu ne connais pas les intentions. Tu te souviens de toutes ces heures passées à le fabriquer, à batailler avec les pièces, à te mordre la langue de peur d'en briser un fragment. Hors de question que tu laisses quiconque le toucher, non, pas maintenant, pas si prêt du but !
Et te voilà qui bondit hors de la cage d'ascenseur et te précipites sous les paroles de ton père, en direction de cet intrus, pour te placer entre lui et ton œuvre, mère protégeant son enfant, prête à montrer les dents alors que ton cerveau rattrape les mots de Papa, ❝ Enfin la voilà ! Prune, je te présente le Ministre des Affaires Etrangères... ❞
Silence. Gros. Gros silence. Tu ne le lâches pas des yeux, ce "Ministre". Et puis pourquoi un Ministre voudrait...! Oh. OH. Une visite. Oui, on t'en a parlé. Tu te souviens vaguement de ce passage lors de la dernière réunion, de l'euphorie dans les prises de paroles, de l'importance de cette visite pour les affaires. Le "Ministre", c'est donc lui, celui que tu regardes en fronçant les sourcils ?
Il y a tout ça, et pourtant, il n'y a que dans ton laboratoire personnelle que tu te sens pleinement chez toi. Ton petit monde où tes idées prennent vie, où tes créations jaillissent de ton esprit. Concentration de matériel high-tech gracieusement fournis pour répondre à tes besoins techniques, une sorte d'entrepôt, immense boîte de conserve brillante où ta magie opère.
Dans le complexe industriel Oystein, où les usines s'imbriquent et coopèrent pour façonner vos individus mécaniques et veiller au bon déroulement de leur conception, tu possèdes deux pièces, deux endroits rien qu'à toi ; privilège que tu dois à la renommée de Papa dans l'entreprise, dont tu n'as pas conscience, petite Princesse uniquement heureuse de pouvoir travailler sereinement, sans avoir à te soucier du bruit ambiant, des œillades par-dessus ton épaule, ou de devoir expliquer à qui que ce soit tes moindres faits et gestes, une fois tes projets validés par l'assemblée.
Un bureau, où la poussière pourrait s'accumuler si le ménage n'y était pas fait une fois par semaine tant tu n'y mets jamais les pieds, si ce n'est pour y ranger tes dossiers, blue-prints, et autres archives portant ta marque de fabrique. Toi, tu pourrais parfaitement les laisser traîner dans ton atelier, ton laboratoire sacré, mais Papa t'a toujours dit de garder ce genre de choses bien rangés, à l'abri du danger... Et IAN veille au grain pour que jamais tu ne daignes oublier. Une petite pièce qui sert d'extension à ton cerveau, dans un sens, ton petit musée personnel à la vue imprenable sur Epistopoli, contrairement à ton laboratoire, où la lumière artificielle se fait Reine, bunker creusé dans le sol de la cité.
Ce sont tes derniers jours à l'intérieur de ta caverne avant ton premier pas dans ta grande aventure personnelle. Tu t'étais promis que tu partirais dès que tu aurais terminé tes créations en cours, et ce moment est en train d'arriver. Les dernières pièces sont arrivées durant la semaine, tu as pu les assembler tranquillement, faire preuve de patiente pour manipuler ces minuscules mécanismes, les faire se répondre et correspondre à la perfection ; oh, que tu aimes quand prend forme une nouvelle entité sous tes petits doigts de fée ! Cette sensation que la vie prend forme, que tu façonnes une nouvelle créature, que ce que tu avais en tête depuis si longtemps va bientôt pouvoir rejoindre le monde et se mouvoir sous tes yeux, que tu pourras la nommer, la voir grandir, évolution, apprendre, se développer.... Est-ce un sentiment similaire que ressentent les mères pour leurs bébés ? Oui, sans hésitation, tu considères chacun de tes Automates comme ta progéniture, de IAN à ces animaux mécaniques que tu es en train d'engendrer.
Le programme d'aujourd'hui ? Tu en trépignes d'impatience rien que d'y penser, sautillant dans l'ascenseur malgré les conseils de ton acolyte mécanique te rappelant la dernière fois, quand tu t'es mise à sauter sur place avec un peu trop d'énergie, et que vous vous êtes retrouvés coincés pendant des heures dans ce petit habitacles. Mais comment te retenir ? Tu vas tester ton programme sur eux, aujourd'hui, leur donner un semblant d'âme, les faire bouger, répondre à des signaux, remplir ces corps vide d'énergie, pour la toute première fois ! Bon, évidemment, ce processus ne te convient pas tout à fait : toi, tu aurais souhaité leur offrir un cristal, directement, qu'ils aient une âme rien qu'à eux, pour vivre leur vie pleinement, sans avoir à dépendre de toi, oh ça non. Mais c'est trop tôt dans le processus, trop d'aléas, comment savoir si les animatroniques auront des comportements propices à l'espèce souhaitée ? Comment s'assurer qu'un esprit humain ne s'y retrouvera pas coincé ??? Tu reformules leurs craintes à ta manière, et tu les comprends, tu as conscience de ces éléments, tu aimerais y remédier, mais pour l'heure, toi non plus, tu n'y as pas suffisamment songée pour que la solution soit trouvée. Il faudra se contenter de programmes pour un certain temps encore. Ne désespère pas, petite Prune, un jour, tu parviendras à avoir des animatroniques parfaitement autonomes !
« Il va falloir faire des tests, les convaincre de me laisser faire des tests, tu marmonnes pour toi-même en observant l'aiguille dégringoler d'un bout à l'autre du cadran.
— Tu penses en avoir le temps ? Tu pars en voyage dans quelques jours, Prune.
— Je sais ! Mais si je les convaincs avant de partir, je pourrais m'y mettre directement en rentrant.
— Peut-être serait-il plus judicieux de les laisser tranquille avant ton départ. L'Assemblée a suffisamment de sujet à traiter pour le moment, avec les nouveautés du Sapiarque.
— Mais justement, IAN ; une nouvelle sorte d'Automate permettrait de rivaliser, non ?
— Ah, Prune... »
Une pointe de désespoir dans sa voix ? Tu ne t'y attardes pas, ta petite bulle merveilleuse ne saurait souffrir du jugement des autres. Tu as confiance en tes créatures, et tu sais qu'elles s'épanouiront un jour parmi la civilisation. Tu fais bien plus attention aux timbres qui te parviennent, alors que tu tires la langue en direction de ton Automate. Des paroles, en provenance de ton laboratoire ? Non, tu dois rêver. Tes oreilles te jouent des tours, tu n'as pas suffisamment dormi cette nuit, ça doit être ça, oui.
Les mains enfoncées dans ton bleu de travail, tu procèdes à un dernier petit saut, et les portes s'ouvrent devant toi, devant vous, sur deux hommes tournant autour de ton poste de travail, où sont d'ores et déjà installés le chien mécanique sur lequel tu dois essayer ton programme, et le petit papillon, d'une finesse fabuleuse, si précieux, si fragile... Tu en reconnais un, d'homme : Papa a tourné son visage dans ta direction lorsque les portes se sont ouvertes, t'accueillant avec un sourire, bien que ses yeux soient un peu teinté de reproche. Le même regard qu'il te glisse à table lorsque vous avez des invités et que tu t'échappes mentalement d'une conversation dont tu connais déjà la chanson.
D'un froncement de sourcil, tu lui réponds ; ne devrais-tu pas être celle qui reproche, en le trouvant ainsi en ces lieux, accompagné qui plus est, sans ton accord ? Sur tes lèvres se forment un milliard de questions, mais aucune n'a le temps de s'échapper, de se formuler, car ton regard est attrapé par une main qui s'approche du papillon, une main dont tu ne connais pas les intentions. Tu te souviens de toutes ces heures passées à le fabriquer, à batailler avec les pièces, à te mordre la langue de peur d'en briser un fragment. Hors de question que tu laisses quiconque le toucher, non, pas maintenant, pas si prêt du but !
Et te voilà qui bondit hors de la cage d'ascenseur et te précipites sous les paroles de ton père, en direction de cet intrus, pour te placer entre lui et ton œuvre, mère protégeant son enfant, prête à montrer les dents alors que ton cerveau rattrape les mots de Papa, ❝ Enfin la voilà ! Prune, je te présente le Ministre des Affaires Etrangères... ❞
Silence. Gros. Gros silence. Tu ne le lâches pas des yeux, ce "Ministre". Et puis pourquoi un Ministre voudrait...! Oh. OH. Une visite. Oui, on t'en a parlé. Tu te souviens vaguement de ce passage lors de la dernière réunion, de l'euphorie dans les prises de paroles, de l'importance de cette visite pour les affaires. Le "Ministre", c'est donc lui, celui que tu regardes en fronçant les sourcils ?