Lun 16 Jan - 21:21
C'était un jour de pluie, encore un. Décidément, Elorya allait finir par détester ses jours-là, déjà parce qu’elle n’appréciait pas particulièrement d’être mouillé et parce que la grisaille ambiante finissait toujours par entacher son humeur, mais ce jour-là était un jour dont elle se rappellerait certainement toute sa vie. En cette fin de matinée, le dirigeant de la guilde lui-même l’a convoqué dans son bureau et ça, c'était plus qu’atypique. La jolie blonde s’y rendit immédiatement, pensant qu’une mission de grande importance allait lui être confié, mais elle n’aurait pas pu plus se tromper. En effet, ce qui la marqua en rentrant dans le bureau était l’atmosphère lourde et pesante, ainsi que le regard de l’homme en face d’elle, sombre et quelque chose qui ressembler à de la tristesse. La confirmation ne tarda pas à tomber, dès que la porte se referma derrière elle, l’homme se leva, s’approcha et de sa voix grave lui annonça ce qui était probablement la pire nouvelle de sa vie. Aussitôt, la jeune femme entra en état de choc, muette, se serrant dans ses propres bras, des larmes glissant sur ses joues. Inconsciemment, elle tourna les talons, ouvrit la porte alors que l’homme continuait à lui parler, mais elle n’était pas en état de l’entendre. À peine la porte passée, elle se mit à courir, aussi vite que son corps lui permettait, commençant doucement à s’effondrait, les larmes brouillant de plus en plus sa vision.
Elorya fini par arriver devant une porte en bois qu’elle ouvrit puis elle entra. Elle reconnut aussitôt l’odeur réconfortante du parfum de celui qui avait été un vrai père pour elle. La porte claqua dans son dos, se laissant glisser contre elle, la jeune femme s’effondra au sol, se laissant enfin allait à son chagrin. Après des heures qui parurent une éternité, les pleurs avaient fini par ce tarirent et elle observait la pièce, ne sachant pas vraiment ce qu’elle était censée faire. Elle se leva enfin, faisant le tour de la chambre, elle tomba d’abord sur une photo d’eux deux lors de sa première mission à l’âge de quinze ans, elle avait enchainé toutes les erreurs possibles et chacune avait été une formidable source d’apprentissage. Ce souvenir la fit légèrement sourire. Comment Lucius avait-il pu mourir en mission ? Il lui avait promis de manger avec elle le soir même comme il en avait l’habitude. Pourquoi ne l’avait-il pas écouté lorsqu’elle lui avait dit de refuser cette mission, qu’elle était beaucoup trop dangereuse même pour un aventurier chevronné comme lui. Qu’est-ce qu’elle allait devenir maintenant, sans lui, sans celui qui l’avait élevé comme sa propre fille.
Elle ne savait pas si la mission avait été un succès grâce au dévouement de son père adoptif, mais elle l’espérait, qu’il ne soit pas mort pour rien. Quand on s’engage, on a conscience des risques, on sait que l’on met sa vie en jeu à chaque mission, mais il n’empêche que c’est dur à accepter lorsqu’une tragédie arrive. Peu à peu la peine de la jeune femme devenait maitrisable, au moins il avait quitté ce monde en faisant quelque chose qui lui plaisait, quelque chose d’utile et honorable, pas comme toute la haute société qui mourait dans des draps dorés ou les pauvres des bas-fonds qui crevait dans un caniveau sale. Finalement, il avait eu une belle mort, une mort digne de lui. La jeune femme avait eu l’occasion de le connaitre, de tout apprendre de lui et même d’être sa fille, elle n’aurait pas pu être plus fière de ce rustre de Lucius. Prenant son courage à deux mains, que devait elle faire maintenant. Autant, elle connaissait le père et l’aventurier, mais elle ne savait pas s’il avait de la famille ou des amis à prévenir à part elle et ses vieux camarades de guilde.
L’ancienne noble se mit donc a fouillé la chambre aussi bien à la recherche d’indice que de souvenir de celui qu’elle avait tant aimé et qu’elle pleurait longtemps. Après plusieurs minutes de recherche, elle finit par tomber sur une lettre posée sur le bureau.
« Cher ami,
J’espère que tout va bien pour toi et qu’au fond, tu ne te sens pas trop seul.
Je sais à quel point ta position est délicate.
Notre petit oisillon et devenu une aussi belle qu’une colombe et aussi féroce qu’une panthère.
Je pense qu’elle te plairait beaucoup, vous vous ressemblez.
Il faut vraiment qu’on aille boire un verre ensemble un de ses jours.
À bientôt mon ami. »
J’espère que tout va bien pour toi et qu’au fond, tu ne te sens pas trop seul.
Je sais à quel point ta position est délicate.
Notre petit oisillon et devenu une aussi belle qu’une colombe et aussi féroce qu’une panthère.
Je pense qu’elle te plairait beaucoup, vous vous ressemblez.
Il faut vraiment qu’on aille boire un verre ensemble un de ses jours.
À bientôt mon ami. »
Lucius avait donc au moins une connaissance avec qui il échangeait par courrier et en plus de cela cet homme la connaissait. Cela piqua sa curiosité, après tout, elle était la seule que son père appelé panthère, à cause de sa démarche aussi agile que le félin. Retournant la lettre, elle trouva l’adresse du destinataire, un certain Ekiel Reyes Zadicus. Ce nom… cela lui parlait, mais d’où… peut-être que son père lui en avait parlé, peut-être, l'avait-elle, croisé lors de son enfance ou pour une mission. Peu importait, elle avait trouvé une façon de se vider l’esprit, d’oublier un peu sa peine et puis si cet homme était réellement l'ami de son défunt parent, alors il méritait d’être prévenu aussi rapidement que possible. Fourrant la lettre dans sa poche, aller dans les beaux quartiers de Xandrie ne l’enchanté pas, mais à la vue de l’heure, elle ne croiserait pas la noblesse et encore moins ces véritables parents. Elle n’en aurait pas pour d’une heure ou deux pour s’y rendre à pied. Elle repassa dans sa chambre avant de partir, si elle partait maintenant, elle arriverait en fin de soirée et la nuit serait tombée depuis un moment. Elle enfila sa cape noire et regarda longuement son épée, cadeau offert par Lucius a ses dix-huit ans. Elle n’avait aucune raison de l’amener avec elle.
Après une très grosse heure de marche sous la pluie et dans les ruelles sombres de la ville, l’aventurière était trempée de la tête au pied. Finalement, elle arriva devant un petit immeuble, elle chercha le nom sur toutes les portes puis fini par trouver l’appartement qu’elle cherchait. Ses cheveux blancs emmêlés à cause de la pluie et du vent, ses yeux cernés de noir à causse de son maquillage qui avait coulé, elle était loin d’être présentable, mais elle dégageait une sorte de beauté sauvage. Elle prit une grande inspiration et frappa à la porte. Inconsciente qu’on ne débarque pas chez les gens à une heure si tardive.
Dernière édition par Elorya Tsaatan le Mer 18 Jan - 17:13, édité 2 fois