Ven 15 Nov - 12:33
Les bouges infâmes de la basse ville
bas-quartiers d'Epistopoli
Même les quartiers les plus pourris de la cité des Science ne connaissaient pas la nuit. Dans les lampes qui grésillaient venaient se noyer des insectes de tous bords dans des étincelles mortuaires. Les bestioles craquaient sous le regard indifférent des miséreux qui s’amoncelaient là où on voulait bien d’eux. Le Cri du goret était l’un de ces établissements où la bière n’y était pas diluée à la pisse et où on pouvait de quoi se remplir le gosier avec peu. C’était le moins pire, comme on pouvait dire dans le jargon. C’était aussi un endroit où ou ne faisait pas n’importe quoi et où il valait mieux ne pas laisser traîner ses sales pattes si on voulait survivre assez longtemps. Les fauteurs de troubles y étaient donc mal vus, et encore plus ceux qui venaient là les armes au clair. C’était un endroit toléré où on tractait de choses et d’autres. Surtout de trafics de drogue et d’armes. Rien qui ne soit étonnant dans ce recoin mal famé. On était loin des quartiers huppés, alors on fermait les yeux. Un mal nécessaire ? Peut-être ?
- Un ramassis de trous du cul.
Certainement.
Encore une affaire de merde, avec un pauvre gamin qui s’était fait entraîner dans tout ce chaos et s’était retrouvé à dealer pour se payer ses traitements pour ses prothèses, elles-mêmes issues de mauvais traitement. C’était un cercle vicieux dans cette cité, où on pouvait se retrouver dans la misère pour rien à respirer les pots d’échappement des pourris luxueux de la haute ville. C’était la mère qui était venue, lorsque le gamin avait disparu. Comme toujours : la mère, la sœur. Le gamin. Parfois les voisins. Mais toujours y’avait les larmes, et les petits qui se faisaient broyer par le reste. Systématiquement, ça dégénérait : on venait pas dans son bureau pour les histoires simples. C’en était unes de celles-là. Peut-être qu’elle valait la peine d’être racontée, peut-être pas. Mais ça avait commencé par la disparition d’un gosse. Qui menait au Cri du goret. Drôle de nom, mais qui avait une histoire. C’était un ancien abattoir, qui avait été retapé en abreuvoir. Il avait gardé son nom car c’était aussi là, dans le temps, qu’on faisait disparaître les gars gênants. Les cris des cochons se mêlaient à ceux qui avaient foutu leurs pattes là où il fallait pas. C’était donc par là qu’il faudrait commencer, là où Redskin mettrait ses grosses paluches en premier.
Il avait contacté un de ses indic’, un gros lard appelé 48. Augmenté de tous les côtés, il bossait comme porte-flingue pour des sales types et avait roulé sa bosse un peu partout. Il ressemblait plus à grand-chose mais avait besoin de telles doses d’adaptateurs pour ses amplifications qu’il était devenu à moitié camé pour supporter la douleur et le manque. C’était pas facile de le faire parler, mais il avait le sens des affaires et du devoir. Phil l’avait sorti d’une ou deux merdes dans le temps, et ça avait valu une sorte d’entente mutuelle entre gros lards qui l’avait bien arrangé. Rendez-vous à dix-neuf heures, autour d’un verre. Comme d’hab. Il trainait tout le temps là-bas de toute façon.
Redskin se pointa naturellement avec une demi-heure de retard, un flingue chargé et une sale envie de s’envoyer de la gnôle au fond des dents. Mauvaise journée, comme toutes les autres. Cette ville de merde ne changeait pas et la misère de ceux qui n’étaient rien ne faisait que s’empirer. Ça sentait la guerre, cette histoire. Des tensions pas saines et des jeux de pouvoir qu’ils ne comprenaient pas en bas. Mais ils étaient loin de la dorure des Sapiarques, de ces foutus connards qui se pensaient plus intelligents. Phil poussa les portes du troquet et renâcla lorsque les effluves de vomi et de sueur lui brûlèrent les narines. Comme d’habitude, le silence se fit à son entrée. Puis les conversations reprirent. C’était le monstre local, le saraph du coin. Ça courait pas les rues. Et ça avait une sale réputation. Il s’avança vers le comptoir, fit un signe de la main. Lui aussi avait l’habitude de venir ici. Il tira un cigare d’une poche intérieure et l’alluma avec son briquet. Son verre en main il se tourna. Tiens, 48 était pas encore là. Certes, les heures étaient souvent indicatives entre eux, mais c’était rare que Phil soit le premier à arriver.
- Un ramassis de trous du cul.
Certainement.
Encore une affaire de merde, avec un pauvre gamin qui s’était fait entraîner dans tout ce chaos et s’était retrouvé à dealer pour se payer ses traitements pour ses prothèses, elles-mêmes issues de mauvais traitement. C’était un cercle vicieux dans cette cité, où on pouvait se retrouver dans la misère pour rien à respirer les pots d’échappement des pourris luxueux de la haute ville. C’était la mère qui était venue, lorsque le gamin avait disparu. Comme toujours : la mère, la sœur. Le gamin. Parfois les voisins. Mais toujours y’avait les larmes, et les petits qui se faisaient broyer par le reste. Systématiquement, ça dégénérait : on venait pas dans son bureau pour les histoires simples. C’en était unes de celles-là. Peut-être qu’elle valait la peine d’être racontée, peut-être pas. Mais ça avait commencé par la disparition d’un gosse. Qui menait au Cri du goret. Drôle de nom, mais qui avait une histoire. C’était un ancien abattoir, qui avait été retapé en abreuvoir. Il avait gardé son nom car c’était aussi là, dans le temps, qu’on faisait disparaître les gars gênants. Les cris des cochons se mêlaient à ceux qui avaient foutu leurs pattes là où il fallait pas. C’était donc par là qu’il faudrait commencer, là où Redskin mettrait ses grosses paluches en premier.
Il avait contacté un de ses indic’, un gros lard appelé 48. Augmenté de tous les côtés, il bossait comme porte-flingue pour des sales types et avait roulé sa bosse un peu partout. Il ressemblait plus à grand-chose mais avait besoin de telles doses d’adaptateurs pour ses amplifications qu’il était devenu à moitié camé pour supporter la douleur et le manque. C’était pas facile de le faire parler, mais il avait le sens des affaires et du devoir. Phil l’avait sorti d’une ou deux merdes dans le temps, et ça avait valu une sorte d’entente mutuelle entre gros lards qui l’avait bien arrangé. Rendez-vous à dix-neuf heures, autour d’un verre. Comme d’hab. Il trainait tout le temps là-bas de toute façon.
Redskin se pointa naturellement avec une demi-heure de retard, un flingue chargé et une sale envie de s’envoyer de la gnôle au fond des dents. Mauvaise journée, comme toutes les autres. Cette ville de merde ne changeait pas et la misère de ceux qui n’étaient rien ne faisait que s’empirer. Ça sentait la guerre, cette histoire. Des tensions pas saines et des jeux de pouvoir qu’ils ne comprenaient pas en bas. Mais ils étaient loin de la dorure des Sapiarques, de ces foutus connards qui se pensaient plus intelligents. Phil poussa les portes du troquet et renâcla lorsque les effluves de vomi et de sueur lui brûlèrent les narines. Comme d’habitude, le silence se fit à son entrée. Puis les conversations reprirent. C’était le monstre local, le saraph du coin. Ça courait pas les rues. Et ça avait une sale réputation. Il s’avança vers le comptoir, fit un signe de la main. Lui aussi avait l’habitude de venir ici. Il tira un cigare d’une poche intérieure et l’alluma avec son briquet. Son verre en main il se tourna. Tiens, 48 était pas encore là. Certes, les heures étaient souvent indicatives entre eux, mais c’était rare que Phil soit le premier à arriver.