Dim 3 Nov 2024 - 20:35
Artémis n’était pas de ceux qui tournaient autour du pot. Ayant eu connaissance de la localisation de son ami et ce qui lui était arrivé, le vagabond décida immédiatement de partir à la recherche de celui-ci. Ce fut à dos de son pégase qu’il traversa la région de Xandrie, en faisant une pause au lac qui portait le même nom, avant d’enfin arriver à Andoria après avoir survolé les Monts d’Argent. Le voyage dura environ deux jours. Il laissa Ablette s’abreuver à l’entrée de la cité, aux côtés d’autres chevaux. Il caressa l’encolure de son compagnon avant de s’en séparer.
La Citadelle Immaculée était toujours aussi resplendissante. Artémis ne venait pas souvent sur Andoria, mais chaque fois était un agréable moment de contemplation. Or, cette fois-ci, il ne perdit pas un seul instant. Ville d’origine du Chancelier, voilà trente ans que la cité était le siège de l’Alliance. Ryker se trouvait forcément à l’intérieur de cette tour, en pleine convalescence, sous la protection du Chancelier. Loup Blanc entra, du moins essaya, mais fut rapidement bloqué par des gardes. Il se présenta mais ce fut en quelque sorte inutile, on le connaissait déjà. Néanmoins, on n’entrait pas comme on le souhaitait dans la citadelle. Deux options : entrer de force ou tenter une autre approche. Il préféra la seconde option et afficha fièrement son tabard.
« Je suis envoyé par Réno Callaghn, dirigeant de la guilde des Aventuriers, afin de récupérer le soldat Ryker Lestat. », dit-il le plus calmement possible. On lui expliqua que le patrouilleur n’était pas en état de reprendre la route. Ce à quoi le Portebrume rétorqua qu’il souhaitait le voir pour en juger par lui-même. Ils refusèrent, il insista, les voix s’échauffèrent. Des poils blancs firent leur apparition, des canines semblèrent plus féroces… Le Change-Peau s’impatienta. La situation semblait dégénérer quand un homme, élégamment vêtu, apparu et ordonna que l’on cessât ces enfantillages. « Le Chancelier en a fini avec le patrouilleur. S’il le peut, vous pourrez repartir avec lui, Loup Blanc. Suivez-moi, je vous prie. »
Le conseiller tenta d’échanger quelques formalités, mais l’ermite ne lâcha pas un mot. Tant qu’il n’aura pas retrouvé son ami, il ne pourra réellement se détendre. D’autant plus que toute cette richesse, abondante, infinie, le mettait assez mal à l’aise. Mais ce calvaire était bientôt terminé. Après avoir monté quelques étages et traversé un couloir, l’homme de Panoptès l’invita à entrer dans une pièce, une grande chambre au milieu duquel se trouvait un élégant divan. Allongé dessus, le dénommé Ryker Lestat, endormi. « Voici votre ami. Il va déjà bien mieux qu’à son arrivée. Tâchez cependant de le ménager. Il a frôlé la mort et, bien que son pronostic vital ne soit plus engagé, il reste fragile. », dit-il avant de quitter la pièce. « Ah ! J’oubliais. Panoptès vous transmet ses salutations. Il aimerait beaucoup échanger mais vos emplois du temps semblent chargés. A charge de revanche. ». S’il se trouvait dehors, Artémis aurait craché. Ici, il préféra se retenir et ignora tout bonnement les paroles du conseiller qui le laissa.
« Foutu Ryker ! T’as un don pour te mettre dans de sales draps. Je te laisse le reste de la journée et la nuit entière pour récupérer. Demain, à l’aube, je t’emmène avec moi. Un zeppelin nous attendra à l’entrée de la ville. Nous avons une petite affaire à régler avant de retrouver Réno. », lança le vagabond en s’affalant sur le fauteuil placé à côté du divan. Fatigué de ses nombreux voyages, il s’endormit à son tour. Le patrouilleur, lui, dormait toujours. Mais Artémis était absolument certain qu’il avait tout entendu.
Le lendemain matin, à l’aube, les hommes étaient fins prêts pour reprendre leurs aventures. Ryker avait une canne pour se déplacer, en plus de l’appui du canidé, qui l’aidait autant que possible. Fort heureusement, ils n’auraient pas à se déplacer à pied, ni à dos d’un pégase – que le patrouilleur refusait toujours de monter. Ils grimpèrent à bord du zeppelin, réservé par la guilde des Aventuriers, puis s’installèrent confortablement pour le voyage à venir. Le pilote, un membre de la guilde, les salua avant de prendre les commandes. L’appareil n’était pas aussi grand que ceux utilisés par l’Alliance, mais suffisamment amplement pour deux hommes. Artémis observa rapidement Ryker, pas dans une forme étincelante, mais tout de même de retour parmi les vivants.
« Vraiment navré de t’avoir sorti du lit. Mais après ce qu’il t’est arrivé, je m’imaginais mal te laisser dans un tel endroit… avec un tel personnage. », faisant évidemment allusion à Panoptès qui profitait bien trop des compétences de son nouveau jouet. « Réno m’a confié une mission, ou plutôt un service. Il souhaite qu’on lui fasse un bilan sur l’évolution réelle depuis notre passage à l’Arbre-Dieu. Il semble avoir quelques doutes quant aux bienfaits de notre passage. »
Et il y a de quoi, songea le Portebrume.
« J’ai accepté. J’ai accepté à condition de pouvoir te récupérer. Nous étions contre ces sacrifices humains, nous serons donc intraitables sur les résultats. », dit-il simplement avant de voir son regard s’assombrir. Il plongea un laps de temps vers des songes obscures. « J’ai accepté parce que je comptais y retourner. Je vais chercher Exerus. », conclut-il froidement avec une ferme détermination.
Lun 4 Nov 2024 - 10:54
Des souvenirs un peu flous, beaucoup d’errances. Un voyage entre les ombres et les rares lumières diaphanes de sa chambre, nimbé du sang des opérations. Quelque chose s’était insinué jusqu’au fond de ses os pour tenter de l’amoindrir, de l’anéantir et de taire ce qu’il savait. La mémoire éparse d’un combat et de cristaux. Ils n’en étaient pas sortis indemnes. Un Aventurier l’avait trouvé, ramené. Puis il avait fini par échouer entre les mains de l’Alliance qui avait fait en sorte de le ramener à n’importe quel prix dans le monde des vivants. Soigné par des élémentaires, par les meilleures ressources de l’Alliance. Il n’avait dû sa survie qu’à cela. Et ses réflexes acquis après dix années à explorer la Brume. Un cristal activé au dernier instant, jugulant le flot de son sang. Puis le poison avait failli l’anéantir. Il ne restait du Patrouilleur qu’une coquille amoindrie, au corps fatigué. Exercices, alimentation. Beaucoup de sommeil. Alors qu’il aurait dû se trouver sur le front, il se trouvait là … impuissant. Ainsi passait-il son temps à tenter de convaincre ses geôliers de le laisser repartir. Fuir cette politique incessante. Gagner les rivages de Zénobie pour y déverser ce trop-plein.
Cet état de stase s’acheva de la manière la plus inattendue. Alors que les visites du Chancelier avaient cessées, lorsqu’il lui eut livré ce qu’il savait, un autre visage vint le cueillir dans sa retraite. Un visage qui le tira de son sommeil lorsque ses rêves tourmentés vinrent se garnir de l’image d’un loup d’albâtre qui chassa avec lui les méandres de la Brume dans une cité calcinée, où se rencontraient manticores et fledermaus. Avec l’image d’un liéchi qui rôdait toujours derrière lui, au sein d’une Tour où se disputaient archives mécaniques, horreurs énuclées et dimensions chaotiques. Il se réveilla en sursaut, perturbé par l’apparition salvatrice dans ses cauchemars. Ce n’était pas courant. Il ne fut donc qu’à moitié surpris lorsqu’il vit Artémis affalé dans un fauteuil à côté de lui. Foutu loup blanc. Il ne savait comment il avait appris où il était, ni pourquoi il était là. Mais une chose était certaine : en lui résidait la clé de sa prison dorée. Repartir sur les routes, sortir ses armes. Se battre : agir. Cesser de se reposer. Oh, cela ne voulait pas dire qu’il était en état de le faire. Mais depuis quand une blessure était un motif valable pour un Patrouilleur ? D’autant plus que son cristal de régénération avait déjà été utilisé plus que de mesure, même amélioré par les moyens à disposition de l’Alliance. Les blessures physiques étaient résorbées. Ne restaient que les traces du fiel du Magistère. Car après tout, c’était une tunique du Magistère qui avait été trouvée sur place non ? Etrange, Ryker se souvenait d’avoir tranché en deux un homme qui avait continué de vivre après cela. Un Spectre vêtu de noir, sans aucun symbole … aucune appartenance. Panoptès en avait conclu des choses. Avait fait part de l’expédition aux autres nations et membres éminents de l’Alliance. A partir de là … l’inquiétude l’avait gagné.
Ryker se leva en toute discrétion pour tenter de grapiller un peu de nourriture pour le loup blanc, claudiqua jusqu’aux couloirs qu’il ne connaissait que trop bien à présent. Son état impliquait beaucoup de repos, mais chaque jour son endurance revenait. Petit à petit, bien qu’il eût continué de se comporter comme un adolescent à force de mettre son corps à rude épreuve. Il avait plusieurs fois vacillé au cours de ses entraînements. De ses brutales passes d’arme et de sa capacité à mobiliser ses cristaux à la suite. Peu souvent, certes : il en connaissait les ravages sur le long terme. Mais il lui fallait être prêt pour Zénobie. Pour le Mandebrume. Pour tuer celui qui avait causé tout ceci : Nikolaï Svetlanov. Qui se prenait pour un dieu, qui mettait Uhr en danger. A cette fin, il avait appris à user de sa part de Brume. Chose que l’Alliance avait vite compris chez lui : son pouvoir s’était purifié lors des événements de la Tour d’Yfe. Il était, à sa connaissance, le seul Portebrume avec un pouvoir d’abrogation purifié en leur possession. Peut-être était-ce aussi pour cela qu’ils le gardaient entre leurs murs ? Raison de plus pour s’enfuir à la première occasion. S’il devait être utilisé comme une arme pour les conflits à venir, ce serait selon ses conditions. Pourquoi s’était-il donc attiré le regard des mauvaises personnes … Certes, ils avaient à cœur, comme lui, la sauvegarde d’Uhr mais toute cette politique était … écoeurante.
Les deux hommes conversèrent brièvement le soir, se mirent à la même page pour les enjeux qui conditionnaient leur mission à venir. Retourner dans la forêt de l’Arbre-Dieu. Voir quel était l’état des sacrifiés, dudit Arbre. Rien qui n’avait quoi que ce soit pour les enchanter, mais entre la forêt et la Brume, les périls étaient similaires. A la différence que cela ferait un premier point sur le retour du Patrouilleur au combat, un premier test. Armé de pied en cap, Ryker s’était attaché les services d’un porteur pour l’expédition. Un agrégat qu’il avait rencontré lors de sa convalescence, qui n’avait été pendant des années qu’un obscur tas de pierres laissé à l’abandon par l’Alliance. La seule source de conversation qui ne soit pas théories antiques ou projections nébuleuses. Il ne connaissait qu’un seul mot : Pierre. Cela lui avait valu son nom. Face à l’ennui du Patrouilleur, il s’était attaché à lui et s’était mis en tête de le suivre dès qu’il pouvait sortir. Comme ce matin, où Ryker avait juste abdiqué et confié ses effets à l’agrégat qui semblait entêté à prendre soin de lui. Ce fut ainsi qu’il se présenta, harnaché de ses armes habituelles mais son paquetage porté par un imposant tas de cailloux. Il cacha, bien entendu, que cela le soulageait. Sa main était posée sur une canne qu’il tenait de considérer comme un bâton de marche plutôt qu’une aide. Sa démarche raide trahissait des séquelles et une forte claudication de sa jambe gauche. Peut-être que l’ignorer suffirait à la faire disparaître ?
Le zeppelin décolla sans encombre, bien qu’alourdi par la créature qui servait de sherpa au Patrouilleur. Leur destination était, cette fois, les abords de la forêt : hors de question de risquer de se poser en son cœur. D’autant plus qu’Artémis savait comment s’y rendre et qu’il serait en mesure de l’aider à retrouver leur chemin. Ça et le petit atout que Ryker conservait dans sa manche. Le disque disposé à sa ceinture, enserré dans une protection épaisse en cuir. Le voyage leur prendrait quelques jours, ils auraient le temps de faire le point sur ce qui les attendait.
- Une mission, hein. T’es à deux doigts de remettre le tabard … au moins, toi, on te demander d’aller sur le terrain : on te force pas à répéter vingt fois la même chose, avec des cristaux pour vérifier ta bonne foi ou te passer au crible de la cognition … répondit-il, agacé et soulagé à la fois.
- Un bilan sur l’évolution, ça impliquera d’aller aux divers cénotaphes, je suppose ? Je ne suis pas à l’aise avec l’idée de m’approcher de trop près du Magistère pour l’instant. Mieux vaudrait enquêter en toute discrétion … mais peut-être voudras-tu qu’on s’occupe d’Exerus en premier ? Si elle est en vie … ahem. Elle était pleine de ressources, si quelqu’un a pu survivre, c’est bien elle. Ecoute, j’ai peut-être une idée : aurais-tu quelque chose qui lui appartenait ? Je devrais être en mesure d’aider en ce sens …
Cet état de stase s’acheva de la manière la plus inattendue. Alors que les visites du Chancelier avaient cessées, lorsqu’il lui eut livré ce qu’il savait, un autre visage vint le cueillir dans sa retraite. Un visage qui le tira de son sommeil lorsque ses rêves tourmentés vinrent se garnir de l’image d’un loup d’albâtre qui chassa avec lui les méandres de la Brume dans une cité calcinée, où se rencontraient manticores et fledermaus. Avec l’image d’un liéchi qui rôdait toujours derrière lui, au sein d’une Tour où se disputaient archives mécaniques, horreurs énuclées et dimensions chaotiques. Il se réveilla en sursaut, perturbé par l’apparition salvatrice dans ses cauchemars. Ce n’était pas courant. Il ne fut donc qu’à moitié surpris lorsqu’il vit Artémis affalé dans un fauteuil à côté de lui. Foutu loup blanc. Il ne savait comment il avait appris où il était, ni pourquoi il était là. Mais une chose était certaine : en lui résidait la clé de sa prison dorée. Repartir sur les routes, sortir ses armes. Se battre : agir. Cesser de se reposer. Oh, cela ne voulait pas dire qu’il était en état de le faire. Mais depuis quand une blessure était un motif valable pour un Patrouilleur ? D’autant plus que son cristal de régénération avait déjà été utilisé plus que de mesure, même amélioré par les moyens à disposition de l’Alliance. Les blessures physiques étaient résorbées. Ne restaient que les traces du fiel du Magistère. Car après tout, c’était une tunique du Magistère qui avait été trouvée sur place non ? Etrange, Ryker se souvenait d’avoir tranché en deux un homme qui avait continué de vivre après cela. Un Spectre vêtu de noir, sans aucun symbole … aucune appartenance. Panoptès en avait conclu des choses. Avait fait part de l’expédition aux autres nations et membres éminents de l’Alliance. A partir de là … l’inquiétude l’avait gagné.
Ryker se leva en toute discrétion pour tenter de grapiller un peu de nourriture pour le loup blanc, claudiqua jusqu’aux couloirs qu’il ne connaissait que trop bien à présent. Son état impliquait beaucoup de repos, mais chaque jour son endurance revenait. Petit à petit, bien qu’il eût continué de se comporter comme un adolescent à force de mettre son corps à rude épreuve. Il avait plusieurs fois vacillé au cours de ses entraînements. De ses brutales passes d’arme et de sa capacité à mobiliser ses cristaux à la suite. Peu souvent, certes : il en connaissait les ravages sur le long terme. Mais il lui fallait être prêt pour Zénobie. Pour le Mandebrume. Pour tuer celui qui avait causé tout ceci : Nikolaï Svetlanov. Qui se prenait pour un dieu, qui mettait Uhr en danger. A cette fin, il avait appris à user de sa part de Brume. Chose que l’Alliance avait vite compris chez lui : son pouvoir s’était purifié lors des événements de la Tour d’Yfe. Il était, à sa connaissance, le seul Portebrume avec un pouvoir d’abrogation purifié en leur possession. Peut-être était-ce aussi pour cela qu’ils le gardaient entre leurs murs ? Raison de plus pour s’enfuir à la première occasion. S’il devait être utilisé comme une arme pour les conflits à venir, ce serait selon ses conditions. Pourquoi s’était-il donc attiré le regard des mauvaises personnes … Certes, ils avaient à cœur, comme lui, la sauvegarde d’Uhr mais toute cette politique était … écoeurante.
Les deux hommes conversèrent brièvement le soir, se mirent à la même page pour les enjeux qui conditionnaient leur mission à venir. Retourner dans la forêt de l’Arbre-Dieu. Voir quel était l’état des sacrifiés, dudit Arbre. Rien qui n’avait quoi que ce soit pour les enchanter, mais entre la forêt et la Brume, les périls étaient similaires. A la différence que cela ferait un premier point sur le retour du Patrouilleur au combat, un premier test. Armé de pied en cap, Ryker s’était attaché les services d’un porteur pour l’expédition. Un agrégat qu’il avait rencontré lors de sa convalescence, qui n’avait été pendant des années qu’un obscur tas de pierres laissé à l’abandon par l’Alliance. La seule source de conversation qui ne soit pas théories antiques ou projections nébuleuses. Il ne connaissait qu’un seul mot : Pierre. Cela lui avait valu son nom. Face à l’ennui du Patrouilleur, il s’était attaché à lui et s’était mis en tête de le suivre dès qu’il pouvait sortir. Comme ce matin, où Ryker avait juste abdiqué et confié ses effets à l’agrégat qui semblait entêté à prendre soin de lui. Ce fut ainsi qu’il se présenta, harnaché de ses armes habituelles mais son paquetage porté par un imposant tas de cailloux. Il cacha, bien entendu, que cela le soulageait. Sa main était posée sur une canne qu’il tenait de considérer comme un bâton de marche plutôt qu’une aide. Sa démarche raide trahissait des séquelles et une forte claudication de sa jambe gauche. Peut-être que l’ignorer suffirait à la faire disparaître ?
Le zeppelin décolla sans encombre, bien qu’alourdi par la créature qui servait de sherpa au Patrouilleur. Leur destination était, cette fois, les abords de la forêt : hors de question de risquer de se poser en son cœur. D’autant plus qu’Artémis savait comment s’y rendre et qu’il serait en mesure de l’aider à retrouver leur chemin. Ça et le petit atout que Ryker conservait dans sa manche. Le disque disposé à sa ceinture, enserré dans une protection épaisse en cuir. Le voyage leur prendrait quelques jours, ils auraient le temps de faire le point sur ce qui les attendait.
- Une mission, hein. T’es à deux doigts de remettre le tabard … au moins, toi, on te demander d’aller sur le terrain : on te force pas à répéter vingt fois la même chose, avec des cristaux pour vérifier ta bonne foi ou te passer au crible de la cognition … répondit-il, agacé et soulagé à la fois.
- Un bilan sur l’évolution, ça impliquera d’aller aux divers cénotaphes, je suppose ? Je ne suis pas à l’aise avec l’idée de m’approcher de trop près du Magistère pour l’instant. Mieux vaudrait enquêter en toute discrétion … mais peut-être voudras-tu qu’on s’occupe d’Exerus en premier ? Si elle est en vie … ahem. Elle était pleine de ressources, si quelqu’un a pu survivre, c’est bien elle. Ecoute, j’ai peut-être une idée : aurais-tu quelque chose qui lui appartenait ? Je devrais être en mesure d’aider en ce sens …
Dim 10 Nov 2024 - 15:47
Ryker ne semblait pas avoir passé un agréable moment, le canidé le comprit aux légers sous-entendus lâchés par moments. Il ne voulut pas montrer sa compassion et resta impassible à chaque fois. Songeant néanmoins à ces heures d’interrogatoire subies, Artémis ne put s’empêcher de ressentir de la compassion par son ami. Leurs compétences étaient assez similaires, leurs principes et leur sens du devoir aussi… Il aurait tout à fait pu être à la place du Patrouilleur, mais le destin en a – fort heureusement pour lui - décidé autrement. « Seulement à deux doigts… tu connais mon aversion pour les étiquettes. Mais pour Réno, je serai prêt à le mettre ce tabard. », répondit-il en laissant échapper un léger sourire.
En toute honnêteté, Loup Blanc n’avait absolument aucune envie d’enquêter sur les expériences de l’Arbre-Dieu. Son seul et véritable objectif n’était autre que de retrouver Exerus, tout du moins ce qu’il en restait. A en croire les propos de son comparse, lui non plus ne désirait pas vraiment croiser les magiciens du Magistère. Il suggéra alors de commencer par rechercher l’ancienne Tartare laissée pour morte. « Ce plan me convient parfaitement. La récolte de données est une tannée pour moi. C’est vraiment pour rendre service au vieil ours mal léché. Ma priorité reste Exerus. Morte ou vive. », fit-il presque solennellement, retrouvant une certaine détermination dans son regard.
Le vagabond sortit alors un petit bout métallique, une partie du masque fendu que portait la soldate du Magistère avant de disparaître. Il l’inspecta un long moment, sans but précis, songeur de la manière d’appréhender ce qui arrivait. « C’est tout ce que j’ai pu récupérer. Je peux tenter de retrouver une piste, son odeur avec mon odorat… à moins que tu aies une meilleure proposition ? », demanda-t-il de manière hasardeuse, sait-on jamais. Ce masque pouvait être un point de départ, mais l’odeur d’Exerus y était infime et les recherches seraient laborieuses. Pourtant, le but n’était pas de s’éterniser aux abords de l’Arbre-Dieu. Loin s’en faut, songea le vagabond.
La suite de ce trajet de quelques jours permettait aux deux hommes se mettre d’accord sur la démarche à suivre, l’itinéraire à emprunter en se remémorant l’emplacement des quelques camps précédemment visité. Ces deux-là voyageaient depuis de nombreuses années et connaissaient les risques d’une expédition non-préparée. Surtout dans un lieu connu où on avait tendance à se relâcher. L’ermite connaissait sa forêt et savait qu’on ne pouvait la sous-estimer, plus encore avec un homme encore convalescent. Il espérait la première partie sans grand danger salvatrice pour Ryker, qui pourrait retrouver quelques sensations.
Après quelques jours de vol, le zeppelin se posa aux abords de la forêt. Artémis trépignait d’impatience à l’idée de retrouver ses terres et de commencer les recherches. Une impatience cachée, dissimulée au plus profond de lui, prête à exploser à tout moment. Sauf qu’un détail lui permit de retrouver un calme fragile : l’état du patrouilleur qui ne permettait pas de grandes envolées comme au bon vieux temps. C’était heureusement un état passager. Garder son sang-froid serait la clé de la réussite, comme bien souvent dans leur travail plus ou moins respectif. Si Ryker avait bien récupéré, il fallait tout de même le ménager. Ses compétences, bien qu’il se trouvât en convalescence, seraient d’une grande utilité.
Porte-Mort sortit en premier, accompagné de son gros sherpa fort utile. Loup Blanc sortit en suivant et huma aussitôt l’air frais qu’offrait cette dense végétation. Le La forêt de l’Arbre-Dieu, son lieu de résidence, il la connaissait sur le bout des doigts. C’était toujours un plaisir de retourner chez lui. Il disposait d’une grotte et quelques cabanes comme lieux d’habitation, mais ils n’auraient probablement pas le temps de s’y arrêter. Les pauses seraient de courtes durées. Il leur faudrait quelques heures de marche pour atteindre la zone tant redoutée. Là-bas, les choses sérieuses commenceraient, des bêtes rares et féroces apparaitraient, des slivoïdes, la terreur… ces souvenirs firent frissonner le Portebrume. Il ne jugea pas utile de dire à Ryker de l’alerter en cas de difficulté, c’était un homme fier qui ferait le nécessaire pour suivre le rythme. Loup Blanc, lui, le surveillerait et s’adapterait à son rythme. Enfin prêts au départ, ils débutèrent leur randonnée.
« Veillons à contourner les campements du Magistère. Les repérer ne sera pas difficile, j’aimerais que l’on évite les Tartares. », fit-il en ressortant ce petit bout de métal, dernier vestige de cette qu’il était venu secourir. « Nous n’avons pas de temps à perdre. »
Du temps était passé depuis leur passage dans le coin. Exerus était probablement assassinée et engloutie par les prédateurs, mais le vérifier était absolument indispensable pour passer à autre chose. Embarquer le Patrouilleur dans cette quête égoïste le dérangeait, mais c’était toujours mieux que de le laisser aux mains de Panoptès. Tandis qu’ils s’enfoncèrent dans la forêt, des bruits de sabots se firent entendre. L’homme aux cheveux d’albâtre sourit. Ablette surgit des ténèbres, plus effrayante que jamais avec son pelage noir, dans cette obscurité. Elle scruta l’agrégat, puis le dépassa pour rejoindre son cavalier. Artémis posa son front contre son museau en lui caressant l’encolure. Le pégase les accompagnerait, heureuse de retrouver son ermite préféré.
Lun 11 Nov 2024 - 23:03
Pour toute réponse, le Patrouilleur s'empara du bout de métal. Il tira de sa poche un bout de ficelle dans lequel il emmaillotta le fragment et le ferma dans sa main. Il tira de sa ceinture ses cristaux, notamment celui qu'il avait déjà maintes fois utilisé lors de l'expédition vers le coeur d'Uhr. Il en caressa la surface, contempla sa texture rugueuse et ce qui semblait être des lignes régulières tracées à sa surface. Une trouvaille qu'il avait longtemps conservée, souvenir de nombreuses difficultés sous la Brume. Il sourit au souvenir d'une vie plus simple, d'une vie où la découverte d'un tel trésor avait suffit à le rendre heureux. Arbre-Dieu, Mandebrume, Zénobie, Magistère ... tout ça était trop. Andoria, Alliance, Chancelier ... il s'était trop éloigné. Il posa donc le cristal devant lui, ainsi que le fragment de masque emmaillotté. Les deux objets côte à côte. Puis il sortir de sa besace un étrance dispositif circulaire. C'était une sorte d'usentile oblong de la taille de sa paume, qui présentait un bouton de pression au milieu. Ryker le plaça à terre, à côté des deux autres objets. Il s'accouprit péniblement en tailleur et activa l'objet.
- C'est une carte d'Uhr. Je l'ai trouvée il y a ... un moment. C'est ancien mais ça retraduit chaque recoin du continent avec une certaine fidélité. murmura-t-il tandis que l'image holographique de l'Enclave se dessinait.
Il glissa sa main dans l'illusion et fit jouer l'image pour qu'elle descende sur Opale et révèle les segments d'un Arbre-Dieu colossal. Il fit tourner le tout pour juxtaposer leur position supposée avec celle de la carte. Il expliqua rapidement le chemin fait à Artémis et devina la zone dans laquelle ils avaient dû affronter les Slivoïdes. Puis il s'empara du cristal, et du pendule sommaire.
- Beaucoup de cristaux ont des capacités insoupçonnées ... J'utilise assez peu cette fonction, mais cela m'a souvent été utile lors de mes traques. Disons que c'est mon petit secret pour trouver mes proies. ricana-t-il en tapotant son nez comme pour faire le parallèle avec l'odorat du Loup blanc.
Puis il activa le cristal et ses yeux se voilèrent de lumière un instant, avant que le fragment de métal engoncé dans le fil ne se mette à tanguer. Quelques secondes puis ses cercles se firent de plus en plus pressants. Ryker le décala sur le côté et ils ralentirent, jusqu'à trouver une zone un peu plus stimulante pour l'objet. Il posa le pendule, pris d'un léger vertige, puis aggrandit l'image et réitéra jusqu'à avoir une zone ... restreinte de plusieurs kilomètres. A chaque utilisation, sa main tremblait un peu. A tel point qu'il en finit presque par lâcher de grosses gouttes de sueur sur le bois du zeppelin.
- Hm. J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que ça a l'air de fonctionner. ponctua-t-il sous le regard attentif d'Artémis qui semblait perplexe. Cela ne fonctionne pas avec les morts : elle est vivante, Artémis. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle est vivante. La mauvaise, c'est que l'endroit a l'air d'avoir passablement changé ou alors il y a quelque chose qui perturbe les lieux : je n'arrive pas à la trouver précisément. Mais j'ai une idée de la zone.
Galvanisé par cet espoir, les deux hommes s'en tinrent là pour la soirée. Cet effort avait déjà beaucoup coûté à Ryker et il était encore éloigné de sa forme optimale. Bien qu'il tentait d'avoir recours aux herbes et aux cataplasmes sur ses blessures, il savait que le cristal de régénération ne servirait pas à beaucoup dans ce contexte. Tout comme il connaissait les risques pour un usage trop courant et puissant de cette technologie inconnue. Ainsi passèrent-ils le temps en discussion, plans et passes d'arme pour tenter de faire retrouver quelques restes au Patrouilleur. Bien qu'il fut convalescent, il ne fallait pas oublier qu'il était un bretteur ... capable selon ses mots. Plus que capable, selon ses pairs. Hors pair, selon ceux qu'il avait pu protéger. Les autres ... l'auraient peut-être jugé autrement, mais ils étaient morts.
Ainsi se retrouvèrent-ils aux abords de la forêt, Ablette qui vint les rejoindre - fidèle à son ami - et Pierre toujours présent. L'agrégat géant portait leurs vivres et enfermait en lui moult objets nécessaires au campement du Patrouilleur. Ryker se munit de ses armes, de sa canne. La regarda. La confia à Pierre. Il claudiqua jusqu'à Artémis, lui indiqua une direction et les deux hommes se mirent en route. Il régnait ici une activité délétère et ils savaient qu'ils auraient, paradoxalement, plus de chances que les autres d'arriver à leur objectif. Ils devraient être discrets et efficients. Pierre ne serait, il l'espérait, pas une menace pour eux. Le Patrouilleur inspira une grande bouffée d'air frais. Les épreuves l'aideraient à surmonter ses blessures. Il carra les épaules. Fit face à la forêt.
- Remontons vers la zone définie, on commencera à partir de là. Je te laisse me guider, Artémis : c'est ton domaine. Je suis de ton avis, on s'occupera du Magistère après. Si ce que tu m'as dit est vrai, alors ils seront sur leurs gardes ... et auront protégé l'endroit contre toute attaque de menaces potentielles. Ce Docteur Muridas avait l'air bien entourée. Si d'autres agents comme Exerus sont avec elle ... lâcha-t-il avant de laisser sa voix mourir se rendant compte qu'il avait une fois de plus mentionné la Tartare.
Il soupira. Artémis semblait s'y être attaché pour une raison qu'il ne comprenait pas. Peut-être était-ce à cause de l'habitude de voir des personnes mourir autour de lui. Il haussa les épaules et emboîta les pas de son ami. La première journée se passa sans autres encombres que quelques plantes voraces et plusieurs dizaines de minutes à ramper pour se dissimuler de la faune. La nuit, quant à elle, se passa sans encombres. Une deuxième journée sans difficulté autre qu'une morsure qui aurait pu être létale sans leurs capacités de guérison et, enfin, une nuit où une meute tenta de s'en prendre à eux dans leur sommeil. Fort heureusement, il n'en fut rien. Les cicadines firent leur entrée à ce moment là, mais les deux hommes étaient préparés, et forts de leurs précédentes expériences. Ce fut ainsi qu'ils parvinrent au premier cercle de la forêt : celui où Duscisio s'était connecté la première fois lors de son horrifique expérience avec l'Arbre-Dieu. C'était non loin de la zone où il avait repéré les dernières traces d'Exerus sur sa carte, grâce à son cristal.
- Nous y voilà ... murmura-t-il, accroupit dans les herbes.
Non loin, un félidé buvait paisiblement. Ses vibrisses maculées de sang trahissaient son dernier repas. Les deux comparses étaient en territoire hostile, destinés à mener une recherche dans un terrain colossal. Tout autour d'eux, la jungle. Ryker fit signe à Artémis, indiqua la suite de la forêt.
- Si on retrouve l'endroit exact, on aura peut-être des informations ? Tu avais un cristal mémoriel, de mémoire à Yfe... Un cristal de ... heu ... cognition, c'est ça ? Cela pourrait nous être utile ...
- C'est une carte d'Uhr. Je l'ai trouvée il y a ... un moment. C'est ancien mais ça retraduit chaque recoin du continent avec une certaine fidélité. murmura-t-il tandis que l'image holographique de l'Enclave se dessinait.
Il glissa sa main dans l'illusion et fit jouer l'image pour qu'elle descende sur Opale et révèle les segments d'un Arbre-Dieu colossal. Il fit tourner le tout pour juxtaposer leur position supposée avec celle de la carte. Il expliqua rapidement le chemin fait à Artémis et devina la zone dans laquelle ils avaient dû affronter les Slivoïdes. Puis il s'empara du cristal, et du pendule sommaire.
- Beaucoup de cristaux ont des capacités insoupçonnées ... J'utilise assez peu cette fonction, mais cela m'a souvent été utile lors de mes traques. Disons que c'est mon petit secret pour trouver mes proies. ricana-t-il en tapotant son nez comme pour faire le parallèle avec l'odorat du Loup blanc.
Puis il activa le cristal et ses yeux se voilèrent de lumière un instant, avant que le fragment de métal engoncé dans le fil ne se mette à tanguer. Quelques secondes puis ses cercles se firent de plus en plus pressants. Ryker le décala sur le côté et ils ralentirent, jusqu'à trouver une zone un peu plus stimulante pour l'objet. Il posa le pendule, pris d'un léger vertige, puis aggrandit l'image et réitéra jusqu'à avoir une zone ... restreinte de plusieurs kilomètres. A chaque utilisation, sa main tremblait un peu. A tel point qu'il en finit presque par lâcher de grosses gouttes de sueur sur le bois du zeppelin.
- Hm. J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que ça a l'air de fonctionner. ponctua-t-il sous le regard attentif d'Artémis qui semblait perplexe. Cela ne fonctionne pas avec les morts : elle est vivante, Artémis. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle est vivante. La mauvaise, c'est que l'endroit a l'air d'avoir passablement changé ou alors il y a quelque chose qui perturbe les lieux : je n'arrive pas à la trouver précisément. Mais j'ai une idée de la zone.
Galvanisé par cet espoir, les deux hommes s'en tinrent là pour la soirée. Cet effort avait déjà beaucoup coûté à Ryker et il était encore éloigné de sa forme optimale. Bien qu'il tentait d'avoir recours aux herbes et aux cataplasmes sur ses blessures, il savait que le cristal de régénération ne servirait pas à beaucoup dans ce contexte. Tout comme il connaissait les risques pour un usage trop courant et puissant de cette technologie inconnue. Ainsi passèrent-ils le temps en discussion, plans et passes d'arme pour tenter de faire retrouver quelques restes au Patrouilleur. Bien qu'il fut convalescent, il ne fallait pas oublier qu'il était un bretteur ... capable selon ses mots. Plus que capable, selon ses pairs. Hors pair, selon ceux qu'il avait pu protéger. Les autres ... l'auraient peut-être jugé autrement, mais ils étaient morts.
Ainsi se retrouvèrent-ils aux abords de la forêt, Ablette qui vint les rejoindre - fidèle à son ami - et Pierre toujours présent. L'agrégat géant portait leurs vivres et enfermait en lui moult objets nécessaires au campement du Patrouilleur. Ryker se munit de ses armes, de sa canne. La regarda. La confia à Pierre. Il claudiqua jusqu'à Artémis, lui indiqua une direction et les deux hommes se mirent en route. Il régnait ici une activité délétère et ils savaient qu'ils auraient, paradoxalement, plus de chances que les autres d'arriver à leur objectif. Ils devraient être discrets et efficients. Pierre ne serait, il l'espérait, pas une menace pour eux. Le Patrouilleur inspira une grande bouffée d'air frais. Les épreuves l'aideraient à surmonter ses blessures. Il carra les épaules. Fit face à la forêt.
- Remontons vers la zone définie, on commencera à partir de là. Je te laisse me guider, Artémis : c'est ton domaine. Je suis de ton avis, on s'occupera du Magistère après. Si ce que tu m'as dit est vrai, alors ils seront sur leurs gardes ... et auront protégé l'endroit contre toute attaque de menaces potentielles. Ce Docteur Muridas avait l'air bien entourée. Si d'autres agents comme Exerus sont avec elle ... lâcha-t-il avant de laisser sa voix mourir se rendant compte qu'il avait une fois de plus mentionné la Tartare.
Il soupira. Artémis semblait s'y être attaché pour une raison qu'il ne comprenait pas. Peut-être était-ce à cause de l'habitude de voir des personnes mourir autour de lui. Il haussa les épaules et emboîta les pas de son ami. La première journée se passa sans autres encombres que quelques plantes voraces et plusieurs dizaines de minutes à ramper pour se dissimuler de la faune. La nuit, quant à elle, se passa sans encombres. Une deuxième journée sans difficulté autre qu'une morsure qui aurait pu être létale sans leurs capacités de guérison et, enfin, une nuit où une meute tenta de s'en prendre à eux dans leur sommeil. Fort heureusement, il n'en fut rien. Les cicadines firent leur entrée à ce moment là, mais les deux hommes étaient préparés, et forts de leurs précédentes expériences. Ce fut ainsi qu'ils parvinrent au premier cercle de la forêt : celui où Duscisio s'était connecté la première fois lors de son horrifique expérience avec l'Arbre-Dieu. C'était non loin de la zone où il avait repéré les dernières traces d'Exerus sur sa carte, grâce à son cristal.
- Nous y voilà ... murmura-t-il, accroupit dans les herbes.
Non loin, un félidé buvait paisiblement. Ses vibrisses maculées de sang trahissaient son dernier repas. Les deux comparses étaient en territoire hostile, destinés à mener une recherche dans un terrain colossal. Tout autour d'eux, la jungle. Ryker fit signe à Artémis, indiqua la suite de la forêt.
- Si on retrouve l'endroit exact, on aura peut-être des informations ? Tu avais un cristal mémoriel, de mémoire à Yfe... Un cristal de ... heu ... cognition, c'est ça ? Cela pourrait nous être utile ...
Mar 12 Nov 2024 - 22:10
Prétendre qu’ils étaient parvenus à atteindre cette zone avec facilité serait mentir. Néanmoins, ces deux hommes comptaient probablement parmi les meilleurs pisteurs et explorateurs de ce continent. Leur expérience jouait évidemment en leur faveur. Artémis était à domicile et Ryker commençait à bien connaître les lieux. Les voici non loin de l’Arbre-Dieu, à l’endroit même où Duscisio avait tenté sa connexion avec ledit arbre. Un effroyable souvenir pour le vagabond, mais il ne se laissa point aller et resta concentré. Le cristal de Ryker, bien qu’imprécis pour une raison inconnue, avait permis de confirmer que leurs recherches n’étaient pas vaines, mais surtout de déterminer une zone de recherche.
Artémis sourit à l’évocation de son cristal de Cognition. Le patrouilleur avait une bonne mémoire et semblait également investi dans cette quête. L'une des raisons, sans doute, pour laquelle le canidé ne s’en vexa point. Le vagabond, lui, se souvenait précisément de l’endroit où leurs chemins s’étaient séparés avec Exerus. Pourquoi faisait-il tout cela ? Pour risquer sa vie et celle de son ami pour une personne qu’il connaissait à peine ? Pour sa beauté ? C’était léger. Quand ses pulsions réclament un assouvissement, l’ermite n’hésite pas à se rapprocher des villes pour profiter des joyeusetés. La dernière en date fut sur Aramila, après avoir apporté la tête du Manticore. Depuis, hélas, beaucoup trop de choses préoccupantes s’étaient enchainées.
« Je me suis posé la question, alors j’imagine que tu te la poses également, camarade. », dit-il en avançant, scrutant attentivement les environs. « En toute honnêteté, je n’en sais rien. Les scientifiques sont morts parce qu’ils voulaient être ici sans y être invités et préparés. Elle, c’est différent. Elle savait où elle mettait les pieds mais ne l’a pas décidé. Qui sait dans quelles circonstances est-elle devenue Tartare. Cela ne me regarde pas, me diras-tu, mais j’ai quand même le sentiment d’avoir une dette envers elle. Et nous savons de quelle date je parle. », conclut-il la mâchoire serrée. Artémis avait décidé de retenir les slivoïdes, mais Exerus avait pris les devants et l’avait forcé à accompagner le groupe.
Frôlant l’un de ses cristaux, le Change-Peau changea quelques particularités physiques, afin de rendre ses sens les plus affutés possibles. Son nez devint un museau, ses oreilles s’agrandirent en forme de pointes, ses yeux brillants se fendirent en oblique et ses pupilles s’arrondirent. Si les changements demeurèrent subtils, la pilosité de l’homme se développa davantage et dépassait légèrement de sa tenue. Des modifications au niveau des tendons d’Achille et de l’articulation opérèrent, les pieds devinrent des pattes pour permettre une meilleure réactivité au sol. Il ne se changea pas entièrement en loup, à son grand désespoir, dans le but de manier son sihil et utiliser les cristaux si besoin. Si cette transformation demanda une certaine dépense énergétique, celle-ci pouvait rester permanente sans le vider.
Loup Blanc se rappelait approximativement du lieu recherché, ses sens finiraient immanquablement par le mener à l’endroit précis. Et ce fut après de longues minutes de recherche, le semi-canidé ploya le genou et posa la main au sol, saisissant les restes d’un slivoïde mort depuis des mois. Par ailleurs, ces mêmes sens l’alertèrent d’arrivées fort peu attrayantes. « C’est ici. Et j’ai peur que nous soyons déjà repérés. », fit-il en activant son cristal de Cognition de sa main libre. Ryker à côté de lui, il se sentait en sécurité pour l’utiliser, et ce malgré le danger approchant. Mais il devait faire vite. Il plongea dans ce tourbillon de souvenirs. Une vraie boucherie avait eu lieu ici. Artémis put apprécier les compétences martiales, notamment le maniement de la lame, de celle qu’il recherchait. Elle ne fit qu’une bouchée de la horde, ne subissant quelques égratignures. Le Change-Peau était réellement impressionné par cette soudaine rage de vivre.
Elle finit par s’en sortir et neutraliser la horde. Elle en fut la première surprise, haletante. Des borborygmes lui confirmèrent néanmoins que les slivoïdes avaient pris la fuite à l’approche d’un prédateur bien plus grand. L’Arbre-Dieu était un lieu béni, protégé par les plus grandes espèces des environs. Exerus ne prit pas le temps de savourer sa survie, elle s’enfuit le plus rapidement possible pour se cacher de l’ennemi. Fidèle à ses services pour le Magistère, elle ne se dirigea pas vers le campement, par crainte d’attirer le bestiaire vers ses employeurs, et courut dans la direction opposée : l’Arbre-Dieu. Ensuite, Artémis perdit sa trace et revint à lui. L’utilisation des cristaux l’avaient épuisé. Des gouttes de sueur perlaient sur son front et il resta quelques instants à terre pour reprendre son souffle.
« Elle… Elle nous a protégé. Elle était poursuivie par de redoutables prédateurs. Elle avait le choix de courir nous retrouver et se refugier au campement, mais elle a préféré nous épargner bien des problèmes. L’idiote s’est dirigée vers l’Arbre… Je n’ai pas pu voir où exactement. Néanmoins, l’étau se resserre et elle nous verra certainement approcher. », expliqua-t-il en se relevant péniblement. Il sortit sa gourde et but quelques gorgées. Une bonne marche lui ferait le plus grand bien. D’ailleurs, des cris bestiaux signalèrent aux deux hommes qu’il était grand temps de se remettre en mouvement. Rester immobile dans un tel lieu était synonyme de mort. Le local avait peu de fois franchi cette frontière et il angoissait à l’idée de s’y engouffrer. Sachant Exerus vivante, plus rien ne l’arrêterait.
Ven 15 Nov 2024 - 11:49
C’était en effet chose différente de se rendre là à deux vétérans des explorations que de devoir veiller sur un groupe d’aventuriers en herbe qui se découvraient une passion pour la survie en territoire hostile. Bien que la Brume fut davantage le territoire de prédilection de Ryker, il trouvait cette forêt tout aussi dangereuse. Certes, il y avait ce côté retors de la faune et de la flore mais à ses yeux rien ne pouvait égaler la Vicieuse, la Malice. Son état de fatigue n’arrangeait rien. Il sentait ses muscles se dénouer et son corps retrouver … un peu ses repères. Mais c’était dur. Artémis eut la bonté de ne pas lui faire remarquer, le traitant comme s’il n’avait rien : c’était ce qu’il attendait de lui. Pas besoin de mots, leur relation allait au-delà de cela. Ils avaient vu l’enfer ensemble et en étaient revenus. Quitte à se jeter dans un autre dès aujourd’hui … et très certainement demain.
- Je vois. Elle t’a laissé une sacrée impression. soupira-t-il, se demandant si cela avait suffit pour faire chavirer le cœur solitaire. Joli pelage que tu as là …
Il s’amusa des quelques transformations d’Artémis. Lui-même était peu adepte de ces transformations-là, il aimait compter sur lui seul. Mais il fallait dire qu’au regard d’autres arpenteurs de la Brume, il était plutôt doté. Autant de cristaux sur un seul homme c’était rare, et signe d’une grande richesse. Le loup blanc n’échappait pas à la règle. Des atouts que peu possédaient en Uhr et qu’il essayait de mettre au plus grand profit. Il gardait sa main sur son épée, serrait les dents. Ses doigts frôlèrent son cristal d’écholocalisation. L’un se fiait à ses sens lupins. L’autre se fiait à autre chose. Ce cristal si anodin pouvait se révéler utile. Ryker ferma les yeux, veilla autour. Il acquiesça à la remarque d’Artémis : ils étaient observés, suivis. Il était néanmoins impressionnant qu’elle ait pu faire face à autant de créatures.
- Vers l’Arbre-Dieu ? Bordel. J’avais déjà pas envie de m’approcher plus la dernière fois … répondit-il, ses oreilles tournées vers les alentours.
La forêt était une cacophonie, et bien qu’il puisse trier les quelques sons, ça restait trop incertain. Il lui fit signe d’avancer lorsque deux bêtes émirent des sons peu amènes. Elles semblaient se disputer sur la traque des deux hommes ? Super. Ils allaient dans le sens de la colonie de slivoïdes et si la dernière fois, Ryker avait pu éliminer quelques bêtes, ça avait été principalement grâce à un coup de chance. Il soupira de nouveau, et ils s’enfoncèrent dans les bois : plus profond qu’ils n’avaient jamais été.
Il ne fallut plus d’une heure avant que les premiers signes de danger ne se fassent sentir. Les sens d’Artémis leur permirent de déceler la présence d’une meute de prédateurs qu’ils évitèrent en se cachant dans les arbres. Une demi-journée de perdue à éviter d’être attaqués jusqu’à, finalement, terminer dans une clairière ouverte où des plantes multicolores trônaient avec un essaim bourdonnant autour d’elles. Une sorte de brouillard translucide les surplombait, un pollen mortel ? Ils n’eurent malheureusement pas le temps de s’attarder : ils étaient cernés. Une espèce endémique qui tenait à la fois de la pieuvre et du chat … quelque chose qui tomba des branches derrière eux. Les deux hommes avaient été poussé par ici, mais cela semblait être la piste laissée par Exerus. Ryker grommela, percevant les bêtes affamées.
- Super, Artémis. Entre cette zone mortelle et la meute derrière : tu préfères quoi ? grommela-t-il en glissant ses doigts sur son cristal de force.
Le patrouilleur se baissa avec lenteur et s’empara d’une pierre. Il se redressa, avisa une des créatures dans l’ombre et d’un geste vif envoya l’objet avec une vitesse qui fit jaillir un cri de douleur et une gerbe de sang. Encore un cristal utile, mais qui demandait beaucoup. Ryker serra les dents et contint les tremblements de sa main pour s’emparer d’une autre pierre. Il visa une autre créature tandis que dans un rugissement léonal, la meute se ruait sur eux. Agiles, elles acculèrent les deux hommes dos à dos avant qu’ils ne se décident à courir le long de la lisière. Le danger de la clairière était encore plus grand que ces choses de crocs et tentacules. Ils faillirent se faire renverser mais les deux hommes avaient appris à composer ensemble depuis longtemps, à se protéger et se compléter. Il y eut malgré tout quelques éraflures, griffures et morsures. Rien qu’ils ne pouvaient surmonter mais qu’il faudrait soigner avant que ça n’empire. Puis, au bout de quelques minutes supplémentaires les créatures abandonnèrent leur traque. Ils étaient arrivés sur un nouveau territoire où la première chose qui les frappa fut … le silence.
Ce fut là qu’ils le virent, dans une trouée de la frondaison des arbres. Ryker frémit. Qui perçait au-dessus, gigantesque. Ses branches décharnées saillaient dans le bleu du ciel, dissimulaient le soleil. Il y avait là quelque chose d’étrange, de malsain. Le Patrouilleur fronça les sourcils, ignora les blessures qui le piquaient. L’Arbre-Dieu semblait malade. Bien différent de la dernière fois. Ses feuilles jaunes étaient de plus en plus éparses. Ses branches paraissaient comme des brindilles vues de loin et la faune qui l’habitait avait comme changé, elle aussi. Une impression d’horreur pesante lui prit les entrailles et tordit le ventre. Il se sentit mal sans comprendre pourquoi. Secoué jusque dans son âme. C’était sans compter sans cette odeur de mort, tout autour d’eux. Il se retourna, remarqua des cadavres épars. Des traces profondes de griffes sur les arbres. Il frissonna. Exerus étaient allée droit dans le territoire des Slivoïdes. Pourquoi ? A quelle fin ?
- Artémis, ce coup-là, je le sens pas … Et l’état de l’Arbre, bordel … tu penses que c’est à cause de ce qu’on a fait avec Duscisio ?
- Je vois. Elle t’a laissé une sacrée impression. soupira-t-il, se demandant si cela avait suffit pour faire chavirer le cœur solitaire. Joli pelage que tu as là …
Il s’amusa des quelques transformations d’Artémis. Lui-même était peu adepte de ces transformations-là, il aimait compter sur lui seul. Mais il fallait dire qu’au regard d’autres arpenteurs de la Brume, il était plutôt doté. Autant de cristaux sur un seul homme c’était rare, et signe d’une grande richesse. Le loup blanc n’échappait pas à la règle. Des atouts que peu possédaient en Uhr et qu’il essayait de mettre au plus grand profit. Il gardait sa main sur son épée, serrait les dents. Ses doigts frôlèrent son cristal d’écholocalisation. L’un se fiait à ses sens lupins. L’autre se fiait à autre chose. Ce cristal si anodin pouvait se révéler utile. Ryker ferma les yeux, veilla autour. Il acquiesça à la remarque d’Artémis : ils étaient observés, suivis. Il était néanmoins impressionnant qu’elle ait pu faire face à autant de créatures.
- Vers l’Arbre-Dieu ? Bordel. J’avais déjà pas envie de m’approcher plus la dernière fois … répondit-il, ses oreilles tournées vers les alentours.
La forêt était une cacophonie, et bien qu’il puisse trier les quelques sons, ça restait trop incertain. Il lui fit signe d’avancer lorsque deux bêtes émirent des sons peu amènes. Elles semblaient se disputer sur la traque des deux hommes ? Super. Ils allaient dans le sens de la colonie de slivoïdes et si la dernière fois, Ryker avait pu éliminer quelques bêtes, ça avait été principalement grâce à un coup de chance. Il soupira de nouveau, et ils s’enfoncèrent dans les bois : plus profond qu’ils n’avaient jamais été.
Il ne fallut plus d’une heure avant que les premiers signes de danger ne se fassent sentir. Les sens d’Artémis leur permirent de déceler la présence d’une meute de prédateurs qu’ils évitèrent en se cachant dans les arbres. Une demi-journée de perdue à éviter d’être attaqués jusqu’à, finalement, terminer dans une clairière ouverte où des plantes multicolores trônaient avec un essaim bourdonnant autour d’elles. Une sorte de brouillard translucide les surplombait, un pollen mortel ? Ils n’eurent malheureusement pas le temps de s’attarder : ils étaient cernés. Une espèce endémique qui tenait à la fois de la pieuvre et du chat … quelque chose qui tomba des branches derrière eux. Les deux hommes avaient été poussé par ici, mais cela semblait être la piste laissée par Exerus. Ryker grommela, percevant les bêtes affamées.
- Super, Artémis. Entre cette zone mortelle et la meute derrière : tu préfères quoi ? grommela-t-il en glissant ses doigts sur son cristal de force.
Le patrouilleur se baissa avec lenteur et s’empara d’une pierre. Il se redressa, avisa une des créatures dans l’ombre et d’un geste vif envoya l’objet avec une vitesse qui fit jaillir un cri de douleur et une gerbe de sang. Encore un cristal utile, mais qui demandait beaucoup. Ryker serra les dents et contint les tremblements de sa main pour s’emparer d’une autre pierre. Il visa une autre créature tandis que dans un rugissement léonal, la meute se ruait sur eux. Agiles, elles acculèrent les deux hommes dos à dos avant qu’ils ne se décident à courir le long de la lisière. Le danger de la clairière était encore plus grand que ces choses de crocs et tentacules. Ils faillirent se faire renverser mais les deux hommes avaient appris à composer ensemble depuis longtemps, à se protéger et se compléter. Il y eut malgré tout quelques éraflures, griffures et morsures. Rien qu’ils ne pouvaient surmonter mais qu’il faudrait soigner avant que ça n’empire. Puis, au bout de quelques minutes supplémentaires les créatures abandonnèrent leur traque. Ils étaient arrivés sur un nouveau territoire où la première chose qui les frappa fut … le silence.
Ce fut là qu’ils le virent, dans une trouée de la frondaison des arbres. Ryker frémit. Qui perçait au-dessus, gigantesque. Ses branches décharnées saillaient dans le bleu du ciel, dissimulaient le soleil. Il y avait là quelque chose d’étrange, de malsain. Le Patrouilleur fronça les sourcils, ignora les blessures qui le piquaient. L’Arbre-Dieu semblait malade. Bien différent de la dernière fois. Ses feuilles jaunes étaient de plus en plus éparses. Ses branches paraissaient comme des brindilles vues de loin et la faune qui l’habitait avait comme changé, elle aussi. Une impression d’horreur pesante lui prit les entrailles et tordit le ventre. Il se sentit mal sans comprendre pourquoi. Secoué jusque dans son âme. C’était sans compter sans cette odeur de mort, tout autour d’eux. Il se retourna, remarqua des cadavres épars. Des traces profondes de griffes sur les arbres. Il frissonna. Exerus étaient allée droit dans le territoire des Slivoïdes. Pourquoi ? A quelle fin ?
- Artémis, ce coup-là, je le sens pas … Et l’état de l’Arbre, bordel … tu penses que c’est à cause de ce qu’on a fait avec Duscisio ?
Sam 16 Nov 2024 - 16:21
Heureusement qu’il était avec lui et personne d’autre. Réno, peut-être, aurait pu suivre le rythme. Ils venaient tous deux d’échapper à une mort certaine. Attaqués de toute part, ils étaient parvenus à avancer en attaquant et en se protégeant l’un et l’autre. Un duo redoutable, dont la réputation commençait à atteindre des frontières bien éloignées, notamment à cause de nombreuses traques jugées pourtant impossibles mais toujours abouties par ces deux-là. Là encore, ils venaient de réaliser une prouesse en s’aventurant aussi profondément dans cette forêt qui se mourrait. Seul, Artémis était parvenu une seule fois jusqu’ici, le tout grâce à une utilisation plus qu’abusive des pouvoirs de sa Nebula. Cela lui avait valu un long moment de convalescence et des migraines qui avaient persisté de longs mois durant.
Tout comme son camarade, frappé par ce silence, il ne put pas le temps de récupérer qu’il fut frappé par un effroyable tableau. Il plongea dans ses souvenirs lointains. L’Arbre-Dieu n’avait pas cette apparence décomposée lors de sa dernière venue. L’Arbre a perdu de sa superbe, dévoré par on ne savait quelle force, dernier rempart contre la Brume qui s’éteignait. Le constat est sans appel : les sacrifices humains n’aboutissaient à rien de concret. Artémis fut alors pris d’un trouble qui provint de plus profond de ses entrailles. Nul besoin de ses sens canidés pour sentir cette mort qui empestait tout autour d’eux. Ryker semblait aussi mal à l’aise que lui. Ils sentaient tous les deux que l’état actuel de cet environnement n’avait rien de normal. Tout autour, des dépouilles abandonnées, tranchées. Le vagabond hésita à user une seconde de son cristal de cognition, mais son intuition lui dictait de garder ses forces. Tout cela ne pouvait être que l’œuvre d’Exerus. Personne ne s’aventurait si loin.
Ryker le sortit de ses songes. « Elle est forcément dans les parages. Elle peut avoir continué au-delà, vers des zones plus calmes, mais ton cristal nous en aurait informé. Non. Elle est ici, à bout de force, peut-être blessée, et c’est pour cette raison qu’elle s’est réfugiée. », dit-il en continuant de flairer une piste. C’était la seule raison qui pouvait expliquer qu’elle s’était terrée dans la zone la plus dangereuse de cette forêt. « Quant à l’Arbre, mon ami, je ne saurais te dire si c’est de notre fait ou un terrible coup du sort. J’ignore totalement ce que cette connexion entre l’élémentaire et l’arbre a pu causer comme dégâts. ». Il regarda avec beaucoup de peine l’édifice en ruine, en perdition, presque mort. « Le constat est sans appel : l’Arbre-Dieu et sa faune environnante dépérissent. »
Des bruits approchèrent. Camper ici ne pouvait que les mettre en danger. Ressortir de la zone serait déjà un effort délicat, mais se battre ici serait bien pire. Exerus se trouvait forcément quelque part dans cette zone. Artémis se mit à hurler son nom, l’informant de leur présence, qu’ils étaient venus la sortir de cet enfer. Les premiers essais ne furent guère concluants. Artémis sentit son ami perdre patience. Il avait entièrement compte-tenu de la situation dans laquelle ils se trouvaient, complètement à découvert de l’ennemi. « Par pitié, Exerus, donne-nous un signe de vie. », murmura-t-il avec qu’il s’apprêtait à annoncer le repli à son ami. Sauf qu’à travers tout ce brouaha, un léger signal sonore fit réagir ses oreilles améliorées. En se concentrant un peu plus, il entendit des cailloux rouler à un intervalle régulier. Il se tourna vers la direction indiquée, droit vers l’Arbre-Dieu. Les yeux plissés, il remarqua des cailloux rouler, provenant d’une petite cavité, cachée par les énormes racines de l’arbre.
« Là ! », s’exclama-t-il en se ruant vers la zone visualisée. Ses pattes de loups lui permirent un peu plus vite qu’à l’accoutumer. Après une centaine de mètres de course, il glissa sous les racines et bloqua ses pieds contre les parois du trou duquel provenait les cailloux. Il hurla une nouvelle fois le nom d’Exerus, une main jaillit de l’obscurité. Il la saisit et tira férocement dessus. L’effort le fit grogner d’un air presque bestial. Au-dessus de lui, des amis peu recommandables semblaient s’approcher : les slivoïdes, que l’on reconnaissait par leur apparence semblable à celles des racines environnantes. Le Portebrume continua de tirer, la moitié du corps sortit, puis enfin les membres inférieurs. C’était à ce moment-là qu’il comprit les raisons de son campement ce lieu. Sa jambe était perforée et infectée. Elle avait besoin de soins.
« On va te sortir de là. C’est terminé. », lui chuchota-t-il, alors qu’elle sombrait dans une sorte d’inconscience. Il la plaqua contre son épaule, fermement bloquée par son bras gauche. De l’autre, il brandit son sihil et trancha un bout de slivoïde un peu collant, mais d’autres arrivaient. Il tenta de se défendre autant que possible, sauf qu’il fut rapidement débordé. Ryker, qui le rejoignit, l’aida également. L’idée presque logique lui vint de créer une barrière énergétique, afin de lui laisser un répit et de créer de la distance. La création d’une barrière ne fut pas gratuite et puisa dans son énergie. Heureusement, Artémis était capable de résilience, surtout avec une personne à sauver sur son épaule. Quand on imaginait ce qu’elle avait pu vivre, on relativisait rapidement sur ses propres douleurs.
Du courage, de la résilience, il leur en faudrait. Le campement du Magistère le plus proche était encore assez loin. Un véritable enfer était à traverser. Les voici pourchassés par des slivoïdes d’un côté, et naturellement attendus par d’autres prédateurs de l’autre côté. « Pardonne-moi de t’avoir embarqué là-dedans, Ryker. Surtout dans ton état. », lança dans sa course l’homme aux cheveux d’albâtre. Il aurait aimé ajouter : « promets-moi de la ramener saine et sauve s’il m’arrivait quelque chose », sauf que le Patrouilleur ne l’abandonnerait jamais. Et l’inverse était tout aussi vrai. C’était l’inconvénient de mettre deux hommes obstinés ensemble. En attendant, leur seule et unique solution était donc de survivre.
Hier à 18:25
Vivante ? C’était impensable. Il en resta presque bouche bée si ce n’étaient les menaces qui pesaient déjà sur eux. Les deux hommes étaient éreintés et la course dans les fourrés, au travers des multiples menaces de la forêt n’avait pas aidé. Ryker s’était retrouvé à clopiner et s’adosser à un arbre pour tenter de reprendre son souffle. Il avait chaud, froid. Son cœur battait à tout rompre. Y’avait pas à dire, Artémis savait le remettre dans le bain. Le Patrouilleur n’eut que le temps de voir le corps blessé de la Tartare avant que le chaos ne soit de nouveau parmi eux. Le loup blanc avait choisi de foncer envers et contre tout. Ils s’étaient enfoncés au milieu du nid, au sein des colossales racines de l’Arbre. Ils étaient encore éloignés du tronc mais la pestilence était forte.
- Je vais pas tenir longtemps ! hurla Ryker, son armure déjà perforée et ses yeux creux des efforts fournis.
Il avait mal partout, percevait ses mouvements ralentis. Il savait pourtant que le moindre arrêt signifierait leur mort. Il trancha membres, repoussa têtes et parvint à se reculer derrière la barrière d’Artémis, qui lui offrit un repos mérité. Il tomba à genoux, essoufflé.
- Donnez-moi ça. lui ordonna Exerus en montrant son épée courte.
Le Patrouilleur la regarda de haut en bas. Elle portait les restes de son armure, percluse de multiples lacérations. Son torse était un mélange de bandes de tissus, probablement ce qu’il restait de sa cape, et de lambeaux d’armure. Elle était pieds nus, présentait des traces de coup un peu partout. Ses cheveux de jais étaient constitués d’un mélange de crasse et de brindilles, noués derrière son crâne. Peut-être avec un peu de sang aussi. Mais son regard n’avait pas changé. D’une froide efficacité, alors que n’importe qui aurait dû faillir et lâcher. Ryker soupira, s’empara de son arme encore rangée et lui confia. Elle se redressa, tenta de boîter. Sans succès. Cette femme n’abandonnait jamais ou quoi ?
- Pas sûr que ça vous aide à avancer plus vite, agent. Moi aussi je content de vous retrouver. souffla-t-il entre deux reprises.
Elle l’observa comme si elle n’avait pas eu à affronter la sauvagerie de la forêt seule pendant ces longs mois. Quel entraînement subissaient donc les Tartares pour être rudes à ce point ? Elle avait dû en vivre des épreuves pour en arriver là … Ryker secoua la tête et lâcha son arme entre ses mains. Il souffla, se redressa. Son dos lui faisait un mal de chien. Ses mains étaient gourdes. Il posa sa main sur l’épaule d’Artémis qui tentait de garder à distance les créatures, puis activa son cristal de force. Il passa devant la barrière et abattit son arme. Une fois, deux fois. Repoussa un slivoïdes. Il sentait la langueur s’imposer à lui, mais il enfonça son épée dans un arbre et frappa juste assez de fois pour faire chavirer ce qui semblait être un jeune spécimen dans cette jungle démesurée. De quoi couvrir leur fuite.
- Tu me diras ça quand on sera sorti d’ici. répondit-il au loup blanc, tandis que sa détresse commençait à devenir palpable – d’autant plus que les créatures commençaient déjà à revenir vers eux.
Il aida Exerus à se relever et Artémis à la porter tandis qu’ils prenaient la fuite dans les pires conditions possibles. Ils passèrent sous les arbres, tentèrent de traverser des ruisseaux pour dissimuler leur odeur mais rien ne semblait pouvoir les détâcher de leurs traces. Des prédateurs infatigables : ils avaient reproduit les circonstances dans lesquelles Exerus avait dû se sacrifier la dernière fois. Belle mission de sauvetage !
- Merde, Artémis. Je crois qu’on a perdu le fil de notre direction. Tu as une idée d’où on est ? s’inquiéta-t-il tandis que les cris des prédateurs résonnaient partout autour d’eux. Je n’ai rien qui puisse nous aider, sauf peut-être …
Il glissa à sa ceinture et en tira une paire de gants. Il éluda d’un geste la question puis les enfila à la place des siens. Il les frotta, ce qui généra un léger arc électrique. Puis il tendit sa main devant lui jusqu’à sentir une légère traction. La couleur des gants passa du noir à l’ocre, comme si un fluide courait à leur surface et sembla se concentrer vers un point précis. Ryker opina du chef.
- Bon. Vous allez devoir me suivre et couvrir mes arrières. Ce sont des gants de Lustra. C’est vieux, mais ça fera l’affaire. Là, ce que je convoite le plus c’est un moyen de nous tirer de là : ça a l’air de fonctionner.
Il marqua un temps d’arrêt.
- Enfin … je crois. Allez, en avant par ici !!
- Je vais pas tenir longtemps ! hurla Ryker, son armure déjà perforée et ses yeux creux des efforts fournis.
Il avait mal partout, percevait ses mouvements ralentis. Il savait pourtant que le moindre arrêt signifierait leur mort. Il trancha membres, repoussa têtes et parvint à se reculer derrière la barrière d’Artémis, qui lui offrit un repos mérité. Il tomba à genoux, essoufflé.
- Donnez-moi ça. lui ordonna Exerus en montrant son épée courte.
Le Patrouilleur la regarda de haut en bas. Elle portait les restes de son armure, percluse de multiples lacérations. Son torse était un mélange de bandes de tissus, probablement ce qu’il restait de sa cape, et de lambeaux d’armure. Elle était pieds nus, présentait des traces de coup un peu partout. Ses cheveux de jais étaient constitués d’un mélange de crasse et de brindilles, noués derrière son crâne. Peut-être avec un peu de sang aussi. Mais son regard n’avait pas changé. D’une froide efficacité, alors que n’importe qui aurait dû faillir et lâcher. Ryker soupira, s’empara de son arme encore rangée et lui confia. Elle se redressa, tenta de boîter. Sans succès. Cette femme n’abandonnait jamais ou quoi ?
- Pas sûr que ça vous aide à avancer plus vite, agent. Moi aussi je content de vous retrouver. souffla-t-il entre deux reprises.
Elle l’observa comme si elle n’avait pas eu à affronter la sauvagerie de la forêt seule pendant ces longs mois. Quel entraînement subissaient donc les Tartares pour être rudes à ce point ? Elle avait dû en vivre des épreuves pour en arriver là … Ryker secoua la tête et lâcha son arme entre ses mains. Il souffla, se redressa. Son dos lui faisait un mal de chien. Ses mains étaient gourdes. Il posa sa main sur l’épaule d’Artémis qui tentait de garder à distance les créatures, puis activa son cristal de force. Il passa devant la barrière et abattit son arme. Une fois, deux fois. Repoussa un slivoïdes. Il sentait la langueur s’imposer à lui, mais il enfonça son épée dans un arbre et frappa juste assez de fois pour faire chavirer ce qui semblait être un jeune spécimen dans cette jungle démesurée. De quoi couvrir leur fuite.
- Tu me diras ça quand on sera sorti d’ici. répondit-il au loup blanc, tandis que sa détresse commençait à devenir palpable – d’autant plus que les créatures commençaient déjà à revenir vers eux.
Il aida Exerus à se relever et Artémis à la porter tandis qu’ils prenaient la fuite dans les pires conditions possibles. Ils passèrent sous les arbres, tentèrent de traverser des ruisseaux pour dissimuler leur odeur mais rien ne semblait pouvoir les détâcher de leurs traces. Des prédateurs infatigables : ils avaient reproduit les circonstances dans lesquelles Exerus avait dû se sacrifier la dernière fois. Belle mission de sauvetage !
- Merde, Artémis. Je crois qu’on a perdu le fil de notre direction. Tu as une idée d’où on est ? s’inquiéta-t-il tandis que les cris des prédateurs résonnaient partout autour d’eux. Je n’ai rien qui puisse nous aider, sauf peut-être …
Il glissa à sa ceinture et en tira une paire de gants. Il éluda d’un geste la question puis les enfila à la place des siens. Il les frotta, ce qui généra un léger arc électrique. Puis il tendit sa main devant lui jusqu’à sentir une légère traction. La couleur des gants passa du noir à l’ocre, comme si un fluide courait à leur surface et sembla se concentrer vers un point précis. Ryker opina du chef.
- Bon. Vous allez devoir me suivre et couvrir mes arrières. Ce sont des gants de Lustra. C’est vieux, mais ça fera l’affaire. Là, ce que je convoite le plus c’est un moyen de nous tirer de là : ça a l’air de fonctionner.
Il marqua un temps d’arrêt.
- Enfin … je crois. Allez, en avant par ici !!
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum