Sam 2 Nov - 15:58
“La valeur d’un homme dépend de la noblesse de ses aspirations.” PV Alexander
15 Demephor 1900 / Haut-quartier Opale
15 Demephor 1900 / Haut-quartier Opale
Des strigois pur-sang, alors que, dans le mien, se distille encore ce précieux médicament. Ils sont présents parmi les humains et race plus lambda. Je revenais seulement, à chaque fois, il fallait justifier à la haute mon absence. C’était lassant, encore plus de devoir se méfier de toutes ces vipères aux crocs à peine dissimulées. Ils buvaient tous comme si leur vie en dépendait, parfois jusqu’à l’ivresse de ce vin qui devait valoir bien plus que n’importe quels pauvres gens pouvaient à peine s’offrir. Cela me dégoutait, j’observais, droit, dépassant la plupart des têtes, j’avais bien un verre pris par politesse dont je ne faisais que remuer le liquide rouge à l’intérieur. Bien sûr, hors de question d’enlever mon masque parmi ces frelons alors que la seule barrière entre eux et moi est cette fine couche de métal. Cette apparence que je présente depuis quelques années maintenant.
La capuche sur la tête, ne laissant voir que quelques cheveux blancs rebelles et surtout un masque métallique cornue ressemblant à un crane, détaillé, raffiné. Le manteau noir long (allant presque jusqu’au sol) aux épaulettes de plumes rouges tout comme le bord des longues manches arborant la même fantasy. Des bottes de cuir tout comme le pantalon sombre disposant d’une chainette dorée. Redingote cendre dessous aux bordures et bouton rouge. Encore en dessous, pour couvrir le peu de peau que l’on pourrait encore apercevoir, un simple haut en cuir fermer par des lanières. Petits gants fin et doux en peau, un signe rouge ressemblant à un œil sur le dessus. La soirée était déjà bien débutée, certains venaient me parler, m’obligeant à sortir élégamment un petit carnet et un stylo pour leur répondre, je ne parlais pas beaucoup. Je disais que cela ne m’était pas agréable, que cela me faisait souffrir, si bien que mes paroles relevaient d’une certaine importance. Ils pensaient tous que quand ma voix que je rendais grave (ça fatigue vraiment de faire ça, vivement que je trouve un moyen de faire ça autrement que naturellement) devenait perceptible, c’était pour partager des mots d’une certaine importance. Ainsi, de manière futile, ceux à qui je prenais la peine de répondre vocalement se sentaient parfois honorés. Leur expression disant de lui-même « ça y est, j’ai réussi à me le mettre dans la poche », c’était certes léger, mais on n’apprend pas à un comédien à jouer de la comédie. Des poignets de mains, des demandes sur ma performance que je donnerais ce soir. Aucun soupir pour trahir à quel point je trouvais ces gens si vénaux, si arrogants. À s’empiffrer d’apéritif alors que leur ventre, déjà si rond, peinait à rester dans leur vêtement, le moindre bouton menaçant de partir à tout moment. Quand d’autre de corpulence normale, c’était là à juger les premiers comme de luxueux cochon de ferme.
Au final, ils étaient tous pareils, à manger en une fois la quantité de nourriture qui aurait pu rendre moins misérable une famille pauvre entière durant une semaine entière. Bien de cette nourriture serait jetée également alors que tant de ceux dans la rue n’auront encore rien cette nuit. De par la culture certainement, les dames se montrent plus raisonnables que leur collègue masculin, je fais presque figure d’exception. Mais d’autres ne mangent rien également et ce n’est pas, car ils ont un masque, plus occupé à répandre des commérages. Aucune des sept familles n’est présente, je n’en vois aucun en tout cas. De nouveau, des gens, je ne montre pas ma lassitude, laissant un message bienveillant et reconnaissant sur le papier. Une révérence à chaque fois, aucun geste brusque, ne laissant que l’élégance paraitre. Encore des questions sur ma longue absence, vérité mélangée au mensonge. Dire qu’à cause de l’incendie, il m’arrive de devoir aller chercher des traitements pour soulager ma douleur à la douce Epistopoli, mais que je serais honoré d’y aller avec eux la prochaine fois pour qu’il introduise mon talent à quelques-uns de leurs amis de là-bas. Certains me redemandent le blason familial alors que je l’ai déjà présenté à l’entrée. Bubulle me dit qu’ils ont l’air grotesques, il est seul, mes pensées que peu parasite. Mais je suis d’accord, pour autant, la bienséance m’empêche de simplement et directement les envoyer chier. Donc le carnet est noirci de nouveau, mettant l’évidence en premier, que c’est une des rares choses qu’il me reste de ma défunte famille et que je serais donc embêté de le perdre. Quels bande d’hyènes décérébrées, ils sont toujours là, leurs cerveaux est déjà tellement gorgé d’alcool qu’ils ne comprennent pas le message sous-jacent ? Je les fixe un instant de mes iris rouges perçant à travers les deux trous pour voir de mon masque. Ils ont un frisson, mettre du poids dans ses propos est tout un art. J’ajoute donc que je leur saurais gré de ne pas insister davantage. Enfin, je sous-entends que telle ou telle famille que je sais ennemis avec ces rats m’ont déjà invité et qu’il serait regrettable que j’aie à rapporter leur comportement à eux ou au mécène de cette réception. Cela suffit légèrement, leur teint devenu aussi blanchâtre qu’un strigoi en dit long. Une révérence pour clore la discussion, il ne leur en faut pas plus pour enfin me lâcher la grappe. Bien sûr, en lançant de jolies insultes à peine dissimulées en repartant, faisant fit de ce que leur impose leur prétendu rang. Je n’ai pas le temps de reprendre mon verre que j’avais posé sur la table derrière moi, ayant besoin de mes deux mains pour rentrer dans leur bêtise commune.
C’était à moi, les lumières s’éteignent pour mettre en valeur la zone au-dessus de la fontaine, une tape dans le dos, un peu bourrue de celui qui pouvait se le permettre pour me souhaiter bonne chance. En réalité, il est surtout bien content d’avoir Rodevick Mileck pour jouer la première musique de cette réception grotesque puant le luxe à chaque meuble, à chaque décoration, à chaque ornement doré. Pas loin de ce chef de famille reconnu, son fils qui ne peut pas me saquer et qui là où un garçon des rues se serait déjà jeté sur son adversaire avec grande sauvagerie, se contente de me dévisager en sirotant son propre verre. Je fais une révérence au chef de famille puis en sa direction, le comédien se montrant plus noble que le noble lui-même. Je prends mon violon pas loin, passe facilement au travers des gens grâce à ma taille, ne montant les marches ni trop vite ni trop lentement. Une première révérence devant tous ces riches, le violon tenu dans le dos, l’autre bras devant le ventre. Je me place enfin, puis je me lance. Un morceau qui me leur semble approprié…
Des applaudissements, la lumière ne se remet pas à la normale, je suppose que je dois jouer un deuxième morceau ? Peut-être plus approprié à cette réception. Je vois dans un coin de l’œil, plus gêner par la lumière sur ma gueule que l’obscurité ambiante, que ça s’agite. Le fils semble aller voir. Une question de livraison ? Pendant ma performance, je vois bien que la crapule regarde en ma direction, esquissant un sourire de mauvais augure. Et avant même la fin de ma deuxième et dernière performance de la soirée, je sens qu’il va me faire un coup foireux que la bienséance et la position à laquelle je prétends m’enpéchera de refuser. J’en suis déjà ennuyé.
Enfin la lumière se remet à la normale, dernière révérence, de sortie. Avant qu’un orchestre dans un autre coin de la salle prenne le relais, le moment des balais, des danses. Et moi, à peine descendues des marches, sans que je puisse reposer mon instrument, voilà que le fils vient avec un sourire que je décrirais presque de maléfique, ses intentions étant clair comme de l’eau de roche. Si ma queue était à l’air libre et non dissimulée autour d’une de mes jambes, elle serait sans doute déjà en train de fouetter l’air. Il me mène à un pauvre livreur sans doute complètement paumé, ma mission ? Li indiqué où poser son colis qui a l’air assez lourd, encore de l’alcool, je suppose ? Je sais théoriquement ou c’est, ou cas où, il me reprécise, il me pousse quasiment vers le pauvre malandrin, rajoutant de nouveau que de toute façon, j’ai fini ceux que j’avais à faire, autant me rendre utile. Je me retourne vers lui, l’envie de lui enfoncer mon violon bien profond, là où je pense, étant plutôt forte. Au lieu de ça, comme un bon toutou, n’ayant pas trop le choix, je lui fais une révérence avant de présenter mes 1m92 à ce gaillard, écrivant sur mon carnet, coinçant mon instrument sous le bras droit ;
"Suivez-moi."
Est-ce que j’aurais pu parler ? Certainement, mais le faire avec autant de gens autour pour une chose si insignifiante aurait trop de conséquences sur mon image.