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autour d'un

autour d'un Brandw10
Mar 29 Oct - 7:25
Autour d'un





  • Bien que tu habites Opale, la grande, la belle, depuis vingt-cinq ans déjà, tu l'as toujours trouvé trop bruyante. Tu n'irais pas jusqu'à dire trop vivante. Tu préfères largement les bordures extérieures de la ville, mais tu passes la majorité de ton temps en son épicentre. Heureusement, quelques refuges existent encore. Derrière une porte, du silence. De l'autre côté, le capharnaüm. Ce n'est pas que tu es allergique aux nombreux bruits et sons; c'est juste que tout observer est fatiguant. Trop d'informations que tu risques de louper sans même les apercevoir.

    Alors, qu'ici, dans ce bar, c'est moins le cas. C'était caché derrière une porte, au bout d'une ruelle, à peine indiqué par un panneau. Le genre de lieu quitte ou double, mais où tu joues toujours ta pièce. Tu t'es tranquillement installé à une petite table et maintenant encore, tu réfléchis toujours à quoi commander. Tu préfères regarder autour de toi plutôt que la carte. Quelques visages, une décoration plutôt soignée.

    Est-ce qu'ils ont des pailles ? Ce serait plus pratique.
    Mais qu'est-ce qui se boit bien avec une paille ?

    Tel un enfant sans gêne, tu regardes à la table d'à côté sans te cacher. Ce n'est pas la personne qui compte, mais plutôt son verre.

    C'est bon ?

    Tu ne sais même pas ce que c'est, mais le liquide a l'air plus intéressant que le bout de papier qui les présente. Ce n'est pas que tu es à deux doigts de demander si ...

    Je peux goûter ?

    Mais si. Tu étais à moins de deux doigts, visiblement, sans gêne.

    Jawn pour EPICODE


    Mar 29 Oct - 11:27

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    Lue soupira bruyamment en achevant de remonter ses cheveux en un chignon négligé qu'elle fit tenir avec un ruban ocre. Ses boucles d'oreilles tintèrent quand elle se leva de la console. S'observant brièvement dans le miroir, elle jugea que sa tenue - son habituel tailleur pantalon surmonté du blaser à la broche dorée représentant une rose éclose - ferait largement l'affaire. Ce n'était, après tout, qu'un débriefing non-officiel dans un bar avec quelques collègues, elle n'avait aucune raison de faire plus d'efforts. Peu importe ce qu'on penserait d'elle. La rousse savait déjà que certains des explorateurs avec lesquels elle avait travaillé l'appelaient "la coincée". Partant de là, sa réputation pouvait difficilement être pire. S'ils savaient que la seule raison pour laquelle la Strigoi maintenait ses distances n'était autre que son appétit pour leur sang, sans doute auraient ils un autre avis. Peu importe. Elle quitta sa chambre, agacée d'avance après cette réflexion faite à elle-même.

    L'endroit n'était pas très loin de l'hôtel où elle louait une chambre entre deux missions, dans le centre d'Opale. Une chance, elle n'aurait pas à payer un taxi. C'était un endroit discret, caché au fond d'une ruelle sombre, pas de néon pour attirer la clientèle, le genre de lieu qui mise plus sur le bouche à oreille et une clientèle régulière que sur les badauds qui traînent, ivres, jusqu'à pas d'heure. Lue poussa la porte qui grinça dans ses gonds et une forte odeur d'encens lui brûla les yeux. Elle repéra la table la plus éloignée de la source de cet inconfort et y prit position après avoir vérifié qu'aucun de ses collègues n'était déjà là. Elle avait pourtant dix bonnes minutes de retard. Un autre soupir lui échappa à nouveau tandis qu'elle quittait son blazer pour le poser sur le dossier de la chaise puis elle fit signe au serveur.

    Son cocktail désormais dans les main, paille coincée entre ses lèvres carmines, Lue fixait la salle sans la voir vraiment. Elle repassait dans sa tête l'intégralité de sa dernière mission. Les décisions, toujours remises en question, par l'un des membres, le temps perdu à débattre inutilement, à le raisonner, puis l'attitude désinvolte de ce Portebrume et enfin cette espèce d'énergumène qui... ???

    La rousse posa son regard doré sur l'individu qui venait de la tirer de sa réflexion. Elle n'avait même pas prêté attention à l'homme qui la fixait, un étrange masque cachant l'intégralité de son visage. Incrédule, elle battit des cils plusieurs fois, sans répondre à la question. La deuxième lui fit hausser un sourcil et elle poussa le verre vers l'inconnu :

    - Je t'en prie.

    Le ton neutre n'indiquait ni gêne, ni amusement, juste une certaine incrédulité dans l'échange. Un détachement teinté d'une pointe de curiosité, en quelque sorte.

    - Tu peux boire avec ton masque ? Demanda la Strigoi en posant son menton sur ses mains jointes, les yeux plissés d'un intérêt soudain.


    Dernière édition par Lue Art'Heas le Mar 19 Nov - 17:36, édité 1 fois
    Mer 30 Oct - 21:08
    Autour d'un





  • Tout est tout à fait normal. Tu es habitué à toutes les réactions possibles et inimaginables, alors tout te paraît toujours normal. Même lorsqu'on accepte et valide tes idées sans tête. Car la seule question, le seul doute, n'est autre qu'une possibilité. Une gêne, non pas une aptitude. Tu sourirais presque sous l'argile; mais tu ne souris plus vraiment.

    Si je peux parler, je peux boire.

    Et c'est sans gêne, de la même façon que plus tôt, que tu te lèves pour te tenir debout face à la table. Tu te penches vers le verre et prends la paille entre tes doigts pour la glisser sous l'objet qui habite ton visage. Tu tires une gorgée; tu n'es pas là pour la piller, juste pour tester. Tester son hypothèse et son verre. Tu relâches le tube et reste là.

    Comme cela.

    Tu hausses les épaules; c'est juste un fait. Tu espères qu'elle sera satisfaite de ta réponse, bien qu'elle n'apporte pas grand chose. D'ailleurs, la gorgée non plus ne fut pas d'une grande aide. Ce cocktail ne t'a guère charmé, au contraire. Tu ne sais donc toujours pas ce que tu vas prendre.

    C'était particulier.

    Formule de politesse pour que tu as détesté. Mais que c'était gentil de te laisser goûter. Tu pourrais te rasseoir à ta table, désormais, arrêter de cette conversation et continuer l'observation peu utile de la carte. Tu n'y comprends rien. Tu ne bois pas souvent. Rien ne te parle ici. Alors, tu restes juste debout, face à cette table et la personne qui s'y est installée. Elle a les cheveux couleurs Bloody Mary. Cela pourrait être une bonne idée.

    Coup d'œil vers le bar. Tu te mets en marche tranquillement. Tu passes ta commande, normalement et tu reviens vers ta table. Tu te rassois sur ta chaise mais avant, tu déposes le verre, et sa paille, sur la table de la jeune femme. Quelques instants de silence. Puis une évidence.

    Une gorgée contre une gorgée.

    Cela pourrait semblait être phrase de dragueur, mais tu n'y penses même pas. La preuve, tu ne t'es même pas assieds à la même table.

    Jawn pour EPICODE


    Ven 1 Nov - 10:18

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    Lue resta dubitative face à sa réponse. S'il n'était pas nécessaire beaucoup de place pour que le son circule, faire entrer une paille dans le petit interstice entre la peau et le masque semblait plus compliqué. Mais l'individu avait l'air de s'y connaître ou d'en avoir l'habitude en tout cas, et il le lui prouva en se plantant devant sa table pour goûter le breuvage.

    - Intéressant, souffla la rousse avec une mimique amusée avant de faire un petit mouvement de tête, l'air de demander ce qu'il en pensait.

    Elle suivit du regard ses épaules qui montaient et redescendaient et rapprocha son verre de sa poitrine avant de pincer la paille entre ses dents, ses pupilles dorées ne se détachant pas du masque. Quel drôle de personnage ! Après être resté à la regarder quelques secondes, voilà qu'il se rendit au bar pour commander quelque chose de tout à fait différent. Elle se demanda s'il allait revenir à sa table, ou se rasseoir à la sienne, son attitude avait l'air tellement imprévisible que ça la dissuada de l'interpeller pour l'influencer d'une façon ou d'une autre. Il se rassit finalement à sa table, mais lui présenta son verre en lui proposant de goûter son cocktail. Durant une fraction de seconde l'idée de goûter autre chose traversa son esprit, mais elle chassa cette idée sans même y prêter attention, par habitude. Attrapant le verre, la rousse le fit tourner dans ses doigts sans boire puis demanda, ses lèvres s'étirant d'un sourire sincère :

    - C'est pour quoi, le masque ? Je suis curieuse.

    Qu'est-ce qu'il pouvait bien cacher derrière l'étrange objet ? Une vilaine cicatrice ? Une particularité physique tel un bec de canard, ou des yeux vairons ? La curiosité commençait à la gagner, la Strigoi en oubliait même l'absence de ses collègues qui lui avaient probablement joué un tour, ou cette dernière mission catastrophique. Toute son attention se centrait sur l'homme au masque.

    - Tu peux t'asseoir à ma table, tu sais ? Je ne mords pas, lança-t-elle en riant intérieurement de sa blagounette, tout sourire.


    Dernière édition par Lue Art'Heas le Mar 19 Nov - 17:36, édité 1 fois
    Ven 1 Nov - 17:06
    Autour d'un





  • Elle est curieuse. Bien sûr, qui ne l'est pas ? Les petits regards vers toi, les murmures qui te précédent. Mais tu t'en moques; tu as l'habitude. Ce n'est pas la première fois qu'on te pose la question et cela ne sera sûrement pas la dernière. Tu t'es déjà demandé si tu pouvais mentir à ce sujet. Tu le peux; mais est-ce que cela en vaudrait le coût ? Pas forcément. Ce n'est qu'un détail après tout.

    Un détail qui accompagnait l'annonce de la mort de tes parents, mais pas leurs dépouilles perdues à jamais.
    Un détail qui te hantait jusqu'à le devenir.
    Un détail que tu ne comprends pas.
    Avec lequel tu vis.
    Avec lequel tu te détruis, petit à petit.

    Alors, à quoi bon cacher quoi que ce soit ? Pourquoi mentir ? Si tu souhaites mettre mal à l'aise, tu n'as qu'à répondre juste. Si tu as un peu pitié, tu n'as qu'à éviter. Pas besoin d'énoncé un vilain mensonge.

    C'est pour couvrir mon visage.

    Description, tout simplement. Celle-là même qu'on peut retrouver dans des dictionnaires.

    Vous risqueriez de me trouver trop beau pour un simple livreur.

    Ironie qui s'entend, mais que tu ne désires pas méchante. Une façon presque amicale d'indiquer que ce n'est pas la raison; que celle-ci ne sera pas racontée ce soir. Pourtant, elle n'est pas encore terminée. Au contraire, on t'invite même à la tablée. Tu hésites. Il y a ce sentiment en toi qui t'indique que c'est peut-être un piège.
    Et si c'était le cas ?

    Ainsi soit-il.

    Vous n'attendez personne ?

    Si deux personnes sont seules, rien ne t'empêche de tomber dedans. Ce ne serait qu'extrême politesse.
    Jawn pour EPICODE


    Ven 1 Nov - 21:53

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    - Quelle surprise, ironisa la rousse en aspirant une gorgée du liquide sucré, presque écœurant.

    Mais ce qu'il répondit derrière la surpris à nouveau, à tel point qu'elle faillit s'étouffer de rire avec sa boisson. Toussotant, elle s'esclaffa, les larmes aux yeux :

    - Mince, je pourrais tomber amoureuse ! Je ne savais pas qu'il y avait des critères de beauté chez les livreurs, c'est pour les pourboires ? demanda-t-elle un peu plus sérieusement, car elle n'y connaissait vraiment rien dans ce domaine.

    Lue chassa les larmes qui perlaient à ses cils et pris une inspiration discrète. Ah, ça faisait du bien de rire comme ça. Sincèrement. De quelque chose de simple. Sans réfléchir. Une conversation presque normale dans un endroit presque aussi banal. La rousse grimaça quand il demanda si elle attendait du monde et se renfrogna un peu en répondant :

    - Il semble que je n'aie pas votre charme, on s'est joué de moi.

    Elle aspira une grande gorgée de son poison et expira :

    - Le prince charmant ne viendra pas ce soir, alors j'ai le temps. Elle enchaîna en changeant de sujet. C'est dur, comme travail, livreur ? J'ai honte de l'avouer, mais je crois n'avoir jamais eu affaire à aucun d'entre eux...


    Dernière édition par Lue Art'Heas le Mar 19 Nov - 17:35, édité 1 fois
    Sam 2 Nov - 8:07
    Autour d'un





  • Elle semble passer d'une expression à l'autre; le tout avec une facilité déconcertante. De la curiosité, puis de l'amusement. Toi au centre. Ton manque de réponse ne semble pas l'avoir gêné plus que cela; elle rit de ta blague. Humour bancal. Tu pourrais presque sourire, mais à quoi bon ? Elle ne le verrait pas.

    Pourtant, cela te fait chaud au cœur.
    Un peu.

    Je suis interdit de pourboire. On me cache jusqu'à l'élection de mister livreur.

    Qui n'existe pas. Mais tu te dis que cela ne peut pas faire de mal de la voir rire encore, seulement quelques instants. Sauf que la vérité n'est pas aussi belle; tout comme la tienne. Une solitude non désirée, imposée. Et bien soit; les gens sont des idiots.

    Les gens sont bêtes.

    C'était une information de la plus haute importante; un constat que tu te devais de partager au monde. Ceci étant fait, tu te levas pour mieux te rassoir à l'autre table, reprenant ton verre ainsi qu'une gorgée.

    Dîtes leur que vous avez rencontré le plus bel homme d'Opale. Ils seront jaloux. C'est sûr.

    Humour plat, le c'est sûr ne sonne même pas confiant. Cela ne t'empêche pas de continuer sur cette route. D'hausser les épaules à sa nouvelle question.

    Non, pas vraiment. On bouge beaucoup, c'est tout.

    Des déplacements, peu de reconnaissance, un salaire pas très haut. Une belle façon de se fondre dans la masse, comme si de rien n'était. Un métier qui ne fait pas rêver. Pas vraiment tranquille, mais sans grande aspiration professionnelle.

    N'hésitez pas, si je dois livrer une vilaine chose au prince charmant.

    Tu fais des pouces avec tes mains, pour montrer que c'est une fois de plus une blague, car ta voix sonne beaucoup trop sérieuse pour cette phrase là. Tu reprends une gorgée. Tu ne sais toujours pas quoi penser de ce qu'on t'a servi.

    Et vous ? Le travail, cela va ?

    Jawn pour EPICODE


    Dim 3 Nov - 19:26

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    Ses remarques la faisaient sourire. À présent que le fou rire était passé, Lue avait repris contenance. Elle n'aurait su dire s'il se moquait ouvertement d'elle en inventant ou s'il s'agissait de la vérité. Mais qu'importait, finalement, que ce soit l'un ou l'autre ? La rousse était détendue. C'était agréable. Elle hocha la tête doucement quand l'individu énonça une triste vérité. Oui, les gens étaient stupides, pour la plupart. Et ils ne s'en cachaient pas, c'était sans doute cela le pire. Elle ne put s'empêcher de rire à nouveau, répondant sur un ton léger bien qu'elle sache au fond d'elle-même qu'ils se fichaient pas mal de qui elle avait bien pu rencontrer dans le bar où ils l'avaient plantés :

    - À n'en pas douter, ils ne s'en remettraient pas !

    Il évoqua les difficultés liées à son emploi et la demoiselle émit un petit son pour dire qu'elle comprenait avant de faire un signe au serveur pour qu'il lui remette la même chose.

    - Jusqu'où es-tu allé ? As-tu déjà traversé la Brume ?

    Elle avait hésité précédemment à le vouvoyer, après tout, elle ne le connaissait pas le moins du monde. Mais la sympathie de l'homme la mettait assez à l'aise pour casser cette barrière, et cela rendait la conversation moins formelle, moins... Réelle, quelque part. Elle rit une nouvelle fois, l'alcool aidant à la désinhibition, en imaginant faire livrer à ses collègues elle ne savait quelle vilaine farce dans une boîte enrubannée.

    - C'est tentant, s'esclaffa-t-elle en fixant à nouveau l'inconnu qui prenait une pose assez ridicule et hilarante à la fois.

    Lue entama sa deuxième boisson, tout en observant le niveau de celle de son voisin qui ne baissait pas beaucoup. Peut-être qu'il n'aimait pas ? Une drôle d'idée lui traversa l'esprit avant qu'elle ne soit coupée par sa question. L'avait-elle seulement considéré comme un emploi ? Juste une fois ? Ou plutôt comme la seule raison qui lui restait de vivre ?... Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, elle fut percutée avec une violence inouïe par un flash-back constitué de morceaux de souvenirs de ses différentes missions.

    - Les cadavres, le goût ferrailleux du sang, l'odeur de la poudre, la douleur, les cendres âcres qui brûlent la gorge et les yeux, les plaintes, les larmes, les supplications, la terreur dans le regard des alliés, des ennemis, la colère, l'incompréhension, la lente agonie de la vie qui quitte un innocent, la hargne dans les derniers instants d'un combattant, la peur qui ronge tout, qui fait perdre l'esprit. Son esprit. Son regard. -

    Lue battit des cils et souffla, mettant toute la conviction dont elle disposait dans ses mots :

    - Il y a des jours avec et des jours sans.

    La rousse voulait chasser cette touche amère dans sa bouche, elle proposa avec un petit air de folle qui sait qu'elle ne va pas être prise au sérieux :

    - Et si on commandait toute la carte ? Tu trouverais sûrement quelque chose plus à ton goût !


    Dernière édition par Lue Art'Heas le Mar 19 Nov - 17:35, édité 1 fois
    Dim 3 Nov - 20:52
    Autour d'un





  • Si tu devais noter les personnes que tu rencontres, de la même manière que tes clients le font parfois, tu mettrais à cette femme cinq étoiles. Tout simplement parce que le feeling passe bien. Et que parfois, c'est important de faire confiance à ses premières impressions. Cela fait du bien. Tu sens même le coin de tes lèvres s'étiraient tout doucement, bien qu'elle ne s'en rendra jamais compte. Tu pourrais continuer à inventer d'autres idioties, ce soir. Tu pourrais proposer un plan de vengeance, dans la joie et la bonne humeur, qui ferait plus de bien que de mal.

    Mais il y a un sujet qui te refroidit. Aussi bien ton humeur que ton regard. La brume. L'unique. Celle qui vient et qui ronge. Celle dont tu n'aimes pas plus que cela parler; celle que tu vois parfois lorsque tu sombres. Celle que, pourtant, tu n'as jamais vraiment trop vu. Que tu t'interdis d'observer lorsque tu t'en rapproches trop près. Que tu devines. Que tu imagines. Que tu maudis.

    Je reste sur la côte d'Opale.

    Et tu ne réponds pas à la suite. Parce que tu ne sais pas quoi répondre. Tu es trop faible. Tu ne veux pas. Tu n'as rien qui puisse t'aider contre. Tu la détestes. Tu te détestes. Alors, tu ne dis rien. Silencieux. Elle aussi. Elle a ce regard qui se perd. Tu ne sais pas où. Cela ne concerne qu'elle. Chacun son cauchemar, chacun son enfer. Tu n'as pas à t'y inviter; il n'y a pas de porte sur laquelle frapper.

    Tu bois une gorgée. Tu as l'impression de manger. Pas assez fluide; plus une soupe froide qu'une boisson. Mauvais choix. Comme souvent; tu les enchaines. Mais pour une fois, tu espères faire le bon choix, quand tu décides de ne pas réagir à sa réponse. Des jours avec, tu ne connais pas trop, tu es plus habitué aux jours sans. Alors, tu veux la laisser tranquille. Ne pas creuser pour trouver un cadavre. Tu préfères te pencher vers elle, les deux mains sur la table. Tu prépares à lui révéler un terrible secret; tu en es persuadé. Tu parles même assez bas, pour être sûr que personne ne t'entendes.

    Peut-être que le barman n'est pas doué.

    Deux essais, deux échecs; c'est sûrement toi le problème. Mais tu sens que cet aveu de la plus haute importance pourrait très bien avoir son petit effet sur la rouquine.

    Moi non plus, d'ailleurs.

    Puisque tu n'es pas barman. Tu hausses les épaules, désœuvré face à ton propre aveu.

    Commander toute la carte, c'est prendre un risque.

    Petit signe de la main face à ton cou, comme pour indiquer un danger de mémoire, uniquement fictif. Purement inventé. Danger de cocktails ratés. Haut risque de débordement.

    Mais bon, dans un sens, personne ne t'attend.

    Il ne faut commander que la moitié.

    Cinquante pourcent de risques seulement. Un vrai géni, Alexander.
    Jawn pour EPICODE


    Dim 3 Nov - 23:45

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    À l'évocation de la Brume, Lue avait senti son interlocuteur se tendre et n'avait donc pas insisté. Chacun ses démons, elle n'avait pas envie de parler de sujets sérieux ce soir, et elle était presque certaine que ce n'était pas dans ses projets non plus. Alors elle resta sur sa faim, la curiosité serait pour une autre fois, si autre fois il y avait. L'homme se pencha vers elle et la rousse retint son souffle discrètement en se demandant ce qu'il faisait. Finalement, elle éclata de rire devant tant de sérieux.

    - Je pense qu'il y a de ça !

    La Strigoi se détendit un peu, la paille dans son verre avait subit son stress, le liquide ne passait plus.

    - Pourquoi tu dis ça ? Il suffit seulement de trouver le bon, ça ne s'improvise pas. Il faut prendre le temps.

    La chance non plus, d'ailleurs, et forçait son obtention ne menait à rien de bon. C'était, là aussi, une simple énonciation de la vérité. Dans la vie, c'était toujours ainsi, il fallait trouver le bon. Le bon gars, le bon job, le bon rouge à lèvres, le bon poison avec lequel oublier qu'on ne trouve jamais vraiment tout ça. C'était l'essence même de la vie. Le bonheur se montait pièce par pièce, et elles étaient parfois dures à coupler. Son geste pour expliquer ses doutes par rapport à son idée amena le regard de la demoiselle sur le cou de son interlocuteur. Elle frémit. Là, juste à l'endroit où son doigt avait frôlé sa peau, se trouvait la jugulaire. Elle commençait vraiment à avoir faim. Quelle idiote de n'avoir pas pris ses précautions avant !

    - La moitié, c'est une bonne idée, jeta-t-elle prestement pour ne pas rester fixée sur la fine peau de sa nuque. Mais comment pourrions nous décider desquels prendre ? La liste est immense !

    Lue se cacha derrière la carte des boissons, son cœur battait vite. Elle pinça l'arête de son nez, prenant une longue inspiration, hotta la paille de son verre et le but d'un trait. C'était sans doute la pire des idées qu'elle pouvait avoir, mais croquer le glaçon lui fit du bien. Comme une piqûre de rappel. Que penserait sa mère de son manque de contrôle ? Elle ne se priverait pas de la sermonner sans même qu'elle ait à commettre l'impensable.

    - Et si nous choisissions ceux avec les noms les plus bizarres ? Par exemple, celui-ci, désigna-t-elle en poussant la carte au centre de la table tout en se penchant au-dessus pour montrer sa première victime puis les autres qui lui faisaient de l'œil sans se soucier de la proximité puisqu'il l'avait lui-même instaurée plus tôt.

    Le Blue lagoon lui évoquait seulement une mixture bleutée, la mer sans le soleil, le Godmother, mélange d'amaretto et de vodka, lui avait l'air fait de deux choses incompatibles, Le Stinger et sa menthe devait amener un air de fraîcheur dont elle avait bien besoin, Le Daïquiri où l'acidité du citron vert changeait un peu du reste, et puis pourquoi pas...

    - Oh, je ne connais pas du tout celui-là ! Le B52 ? Ils disent qu'ils le servent enflammé, ça a l'air marrant ! D'où ils sortent ces noms à ton avis ?

    Elle s'était redressée, le rouge aux joues et un sourire immense, presque exagéré pour masquer sa gêne, fixant le masque en attendant son avis et ses propositions. Elle avait chaud à présent, la fraîcheur de l'extérieur n'avait pas l'air de pénétrer l'endroit, ou bien était-ce la faute de cet horrible encens dont l'odeur lui envahissait les narines ? Accuser l'alcool ne lui passait même pas par l'esprit. L'humour de l'inconnu encore moins. Pourquoi admettre des vérités évidentes ?  


    Dernière édition par Lue Art'Heas le Mar 19 Nov - 17:34, édité 1 fois
    Lun 4 Nov - 7:46
    Autour d'un





  • Le bon. Le bon. A deux doigts de faire une blague sur un bon de livraison; mais tu n'es pas au travail. Elle te parle probablement du bon travail. Du bon endroit. De la bonne personne. D'une bonne vie. Quelque chose que tu ne cherches plus. Car pour trouver, il faut chercher. Tu n'as pas une cuillère dorée dans la bouche. Rien ne viendra à toi car tu patientes. Mais c'est ainsi que tu vis ta vie, Alexander. Tu n'attends rien. Tu n'attends personne. Tu acceptes pleinement le fait que jamais rien n'arrivera à toi et que ta vie restera ainsi misérable.
    Et cela te convient.

    Heureusement, elle te suit sur ton idée saugrenue. Tu ne fais même pas attention à l'instant qui pouvait compter, le nez dans la carte. Tu l'écoutes mais tu ne la regardes pas. Tu en profites pour essayer d'exterminer le verre en cours, mais tu te demandes vraiment comment l'épaisse texture peut passer dans la paille, et encore plus sous ton masque.

    B52 ? Il faudrait déjà savoir ce que représente le B. Boitier ? Bière ? Boisson ? Et 52 ... La sensation de boire 52 verres ?

    Une véritable recherche. Et servi flambé. Forcément, il devait s'agir d'un indice. Tu profites du passage rapide d'un serveur qui vous débarrasse pour poser la question de manière très sérieuse. Bien évidement, il s'agit d'une référence à une arme. Cela ne te surprend pas. Tu en profites pour repasser commande, lançant un petit regard vers ton compagnon de fortune pour qu'elle fasse de même si elle le désire.

    Je peux vous reprendre une Pina Colada, s'il vous plaît ?

    Tu attends que le serveur partes et tu lui rajoutes.

    Après la soupe, la compote. Me voici complétement nourri.

    Un pouce en l'air, toujours aussi grotesque. Tu n'as même pas encore ta boisson que déjà, tu t'apprêtes à critiquer ta propre consommation. Tu ne penses pas que ce commentaire dérange, au contraire, tu as bon espoir que cela la fasse sourire. Et avec son visage rouge, cela ne t'étonnerait pas. Heureusement, elle ne peut pas voir le tiens.

    Jawn pour EPICODE


    Mar 19 Nov - 17:31

    Sex on the beach

    Sans le sexe et sans la plage


    La réflexion de l'homme la fit sourire. Oui, les possibilités étaient multiples, ce pouvait être n'importe quoi. La question fut abordée avec le serveur qui brisa le mythe immédiatement, sans chercher à faire durer le suspens, ni même à les amuser. Il déclara simplement que le nom venait d'une arme, avec une telle désinvolture que Lue cru le voir hausser les épaules. En voilà un qui n'avait sûrement pas été recruté pour son côté sociable... Ils profitèrent tout de même de son passage pour reprendre des munitions. La rousse commanda trois verres différents, pas sûre de ce qu'elle boirait vraiment, et demanda à ce que deux pailles soient mises dans chaque verre. Ce serait plus pratique comme ça !

    Elle pouffa à nouveau devant l'air contrit de son interlocuteur. L'expérience des cocktails ne semblait pas un franc succès de son côté. La Strigoi aurait aimé pouvoir affirmer être repue également, mais sa soif ne faisait qu'augmenter et l'alcool ne pouvait malheureusement pas combler ce manque. Un soupir remonta du plus profond de son être, comme chassant cette sombre pensée d'une malédiction dont elle pourrait jamais se débarrasser. La raison aurait voulu qu'elle parte au plus vite trouver de quoi se nourrir en dehors de la ville... Mais la jeune femme se plaisait en cette étrange compagnie, elle ne voulait pas rompre le charme de l'instant. Depuis combien de temps n'avait-elle pas été aussi détendue ?

    - Quel a été votre pire client ? Demanda la rousse à mi-voix, la joue appuyée nonchalamment sur son poing fermé, en attendant que leurs boissons arrivent.

    C'était la première question qui lui était venue pour relancer la discussion. Pas franchement le sujet le plus passionnant bien qu'elle était certaine qu'il avait quelques anecdotes en réserve, mais elle espérait au moins que la question ne l'ennuierait pas. Peut-être qu'il n'aimait pas parler de son travail, et qu'elle allait l'embêter plus qu'autre chose... Mais d'après la façon dont il en jouait depuis le début de leur échange, Lue pensait bien que ce n'était pas un sujet qui le mettrait mal à l'aise.

    - Merci, tenta-t-elle avec un grand sourire pour dérider le serveur qui ne lui accorda pas même un regard en déposant les quatre cocktails sur la table avant de s'en aller sans un mot. J'espère qu'il ne compte pas sur un pourboire... Alors, voyons, lequel je vais goûter en premier, ajouta la rousse en désignant les verres tout à tour, mimant un compte à rebours qui désignerait sa victime ou son bourreau.