Lun 14 Oct - 21:30
Confortablement installé sur ma chaise, face au grand bureau qui donne sur une grande baie vitrée, de laquelle je peux aisément observer tout Xandrie, je rédige un rapport pour Wanath. C’est l’inconvénient de ma double-mission, je dois doublement rédiger. Néanmoins, quand je suis ici, sur mon magnifique promontoire, à observer la vie qui grouille sous mes pieds, je me sens bien. C’est l’un des rares moments durant lequel je ne pense à rien. J’écris mécaniquement et mon esprit contemple cette vue magnifique. Bientôt, je le sais, un départ m’attendra pour une nouvelle mission. Ainsi ma vie est dictée.
Le rapport que j’écris concerne une discussion très intéressante que j’ai eu avec une collaboratrice. L’ex-ministre Ekiel est toujours en vie. Première nouvelle peu étonnante, nous savions qu’il avait pris la fuite. Le retrouver serait une belle opportunité pour la suite. La suite, justement, serait une révolution en cours de préparation. Nous avions constaté des mouvements dans la région, mais de là à s’imaginer un tel renversement. Bref, des réjouissances vont bientôt me contraindre de doubler, voire tripler mon volume horaire. Mes vacances vont atteindre encore quelques longs et pénibles mois, je le crains.
« Zephyr, entre donc, mon frère. »
J’ai failli oublier cet abruti. Wanath n’a rien trouvé de mieux que de me filer son rejeton – de sang – pour me surveiller. Après tout, je ne serais toujours que le bâtard de sa nouvelle femme. Zephyr est plutôt bel homme, plutôt intelligent, plutôt musclé, plutôt charismatique – si l’on fait fi de sa tendance à être trop à cheval sur les codes –, plutôt habile et compétent. Un peu comme son père, autrefois. Wanath n’a jamais voulu me dire pourquoi il se cache derrière un si long manteau. Mon petit doigt me dit qu’il a trop trainé dans la Brume. Une fois, au cours d’un entraînement avec lui, j’ai tenté de lui découvrir le visage et j’ai cru voir quelques marques. Je ne vous dis pas la rouste que je me suis pris pour cette découverte. Comme je l’évoquais plus tôt, Zephyr est un beau garçon, j’en déduis que son père devait l’être également.
« Que me vaut ta visite, frangin ? »
Il déteste par-dessus tout que je l’appelle « frangin » et c’est pour cette raison qu’il reste muet comme une carpe. Quel rabat-joie ! Aussi parce qu’il sait pertinemment que je suis au courant de la raison de sa venue : récupérer le rapport et le transmettre à son paternel. D’un geste de la main, je lui montre qu’il est encore en cours de rédaction. Nos discussions sont quasi-inexistantes. On communique très peu. Au départ, j’admets lui avoir donné un accueil lamentable. Des coups bas qui m’ont beaucoup amusé. Pas lui. On se fixe comme deux cons. L’un s’impatiente et l’autre s’amuse de la situation. Je vous laisse deviner qui est qui.
« Le temps presse, Azur. Père s’impatiente. », dit-il avec son sérieux habituel.
« Est-ce Père qui s’impatiente… ou toi, Zephyr ? Tu as toujours été gêné de te retrouver dans la même pièce que moi. Si cela m’amusait au départ, j’avoue maintenant attendre autre chose de toi. », rétorqué-je avec sincérité. J’espère pouvoir profiter de cet instant pour sceller une relation durable avec lui. Sous mes airs « je m’en flutiste », je sais reconnaître des personnes utiles. Zephyr me sera plus qu’utile. J’ai toujours rêvé avoir un frère sur lequel compter.
« Tu es dangereux, Azur. On ne peut te laisser sans surveillance. Initialement, j’étais contre l’idée qu’un assassin soit utilisé ainsi, à perdre son temps pour te surveiller. Mais après t’avoir longuement observé, je comprends les doutes de Père.
- Wanath est un idiot.
- Il s’agit de mon père.
- Techniquement, c’est notre Père à tous, idiot. Et malgré cela, jamais je ne trahirai notre organisation. C’est la seule que je trouve pure, dans tout ce bazar. Nous accomplissons des contrats sans poser de question. On ment lorsque nous enfilons nos couvertures, mais en-dehors de ces moments, nous sommes d’honnêtes personnes. Puis aussi pour ma mère, qui se plait et qui est aimée de tous. Père est un idiot, mais Mère tient la baraque. »
Wanath n’est pas un idiot. C’est l’un des types les plus brillants qui m’ait été permis de rencontrer. Et c’est moi qui le dis. Maintenant, je dois m’occuper de son môme, l’enrôler dans mes conspirations et le corrompre. Je dois être son centre d’intérêt principal et placer Wanath au second plan. Et comme tout bon soldat, il n’existe hélas qu’un moyen de le soumettre. Je finis de rédiger mon rapport, le signe et le jette par terre. A ses pieds.
« T’es un cas désespéré, Zeph’. Maintenant, ramasse ce torchon et tire-toi, clébard. », lancé-je froidement en accompagnant le tout d’un regard hautain.
Le regard qu’il me lance est probablement le plus terrifiant que j’ai pu rencontrer au cours de l’année.
Le rapport que j’écris concerne une discussion très intéressante que j’ai eu avec une collaboratrice. L’ex-ministre Ekiel est toujours en vie. Première nouvelle peu étonnante, nous savions qu’il avait pris la fuite. Le retrouver serait une belle opportunité pour la suite. La suite, justement, serait une révolution en cours de préparation. Nous avions constaté des mouvements dans la région, mais de là à s’imaginer un tel renversement. Bref, des réjouissances vont bientôt me contraindre de doubler, voire tripler mon volume horaire. Mes vacances vont atteindre encore quelques longs et pénibles mois, je le crains.
« Zephyr, entre donc, mon frère. »
J’ai failli oublier cet abruti. Wanath n’a rien trouvé de mieux que de me filer son rejeton – de sang – pour me surveiller. Après tout, je ne serais toujours que le bâtard de sa nouvelle femme. Zephyr est plutôt bel homme, plutôt intelligent, plutôt musclé, plutôt charismatique – si l’on fait fi de sa tendance à être trop à cheval sur les codes –, plutôt habile et compétent. Un peu comme son père, autrefois. Wanath n’a jamais voulu me dire pourquoi il se cache derrière un si long manteau. Mon petit doigt me dit qu’il a trop trainé dans la Brume. Une fois, au cours d’un entraînement avec lui, j’ai tenté de lui découvrir le visage et j’ai cru voir quelques marques. Je ne vous dis pas la rouste que je me suis pris pour cette découverte. Comme je l’évoquais plus tôt, Zephyr est un beau garçon, j’en déduis que son père devait l’être également.
« Que me vaut ta visite, frangin ? »
Il déteste par-dessus tout que je l’appelle « frangin » et c’est pour cette raison qu’il reste muet comme une carpe. Quel rabat-joie ! Aussi parce qu’il sait pertinemment que je suis au courant de la raison de sa venue : récupérer le rapport et le transmettre à son paternel. D’un geste de la main, je lui montre qu’il est encore en cours de rédaction. Nos discussions sont quasi-inexistantes. On communique très peu. Au départ, j’admets lui avoir donné un accueil lamentable. Des coups bas qui m’ont beaucoup amusé. Pas lui. On se fixe comme deux cons. L’un s’impatiente et l’autre s’amuse de la situation. Je vous laisse deviner qui est qui.
« Le temps presse, Azur. Père s’impatiente. », dit-il avec son sérieux habituel.
« Est-ce Père qui s’impatiente… ou toi, Zephyr ? Tu as toujours été gêné de te retrouver dans la même pièce que moi. Si cela m’amusait au départ, j’avoue maintenant attendre autre chose de toi. », rétorqué-je avec sincérité. J’espère pouvoir profiter de cet instant pour sceller une relation durable avec lui. Sous mes airs « je m’en flutiste », je sais reconnaître des personnes utiles. Zephyr me sera plus qu’utile. J’ai toujours rêvé avoir un frère sur lequel compter.
« Tu es dangereux, Azur. On ne peut te laisser sans surveillance. Initialement, j’étais contre l’idée qu’un assassin soit utilisé ainsi, à perdre son temps pour te surveiller. Mais après t’avoir longuement observé, je comprends les doutes de Père.
- Wanath est un idiot.
- Il s’agit de mon père.
- Techniquement, c’est notre Père à tous, idiot. Et malgré cela, jamais je ne trahirai notre organisation. C’est la seule que je trouve pure, dans tout ce bazar. Nous accomplissons des contrats sans poser de question. On ment lorsque nous enfilons nos couvertures, mais en-dehors de ces moments, nous sommes d’honnêtes personnes. Puis aussi pour ma mère, qui se plait et qui est aimée de tous. Père est un idiot, mais Mère tient la baraque. »
Wanath n’est pas un idiot. C’est l’un des types les plus brillants qui m’ait été permis de rencontrer. Et c’est moi qui le dis. Maintenant, je dois m’occuper de son môme, l’enrôler dans mes conspirations et le corrompre. Je dois être son centre d’intérêt principal et placer Wanath au second plan. Et comme tout bon soldat, il n’existe hélas qu’un moyen de le soumettre. Je finis de rédiger mon rapport, le signe et le jette par terre. A ses pieds.
« T’es un cas désespéré, Zeph’. Maintenant, ramasse ce torchon et tire-toi, clébard. », lancé-je froidement en accompagnant le tout d’un regard hautain.
Le regard qu’il me lance est probablement le plus terrifiant que j’ai pu rencontrer au cours de l’année.
Dim 20 Oct - 23:40
Passé un certain âge, deux frères se soutiennent jusqu’à la mort. Ils s’entraident, se confient l’un à l’autre, partagent des activités communes… mais avant cette étape, durant leur construction, c’est la guerre totale. Ils se foutent sur la gueule, se font des crasses, se flairent, jusqu’à finir par s’accepter l’un et l’autre. Et s’aimer comme deux frères. Zephyr et moi, malgré notre vingtaine passée, on commence tout juste à faire connaissance. On se connait depuis notre plus tendre enfance, mais toujours de très loin. Mère et Père ont toujours fait en sorte de nous éloigner, comme s’ils savaient qu’on s’entretuerait dès le plus jeune âge. Zephyr et moi sommes probablement ce qu’il existe de plus léthal chez les assassins. Après Mère et Père, bien sûr. Prendre le risque de perdre deux éléments de ce calibre, personne n’était assez fou pour le tenter. Jusqu’à aujourd’hui. A quoi pouvait donc s’attendre Wanath ?
Zephyr est probablement ce qu’il se fait de pire pour moi. Les spécialistes des armes à feu sont pénibles. Mais si l’on parvient à esquiver la première la balle et à les débusquer, ils sont gérables. Au corps à corps, j’attends celui qui parviendra à me soumettre. Et il y a les épéistes. Les plus modestes d’entre eux ne représentent pas danger, sauf que celui qui me fait face est un expert. Pas seulement à l’épée, d’ailleurs. Tout objet qui ressemble, qui tranche ou qui cogne rentre dans les critères de sélection. Pour l’heure, il me fonce tout bonnement dessus. Il semble vouloir saisir quelque chose sous son manteau, probablement une arme, mais accélère finalement pour m’assener un coup de poing. Surpris, je recule. Il me fauche et je tombe comme une m…. une tâche.
Cet enfoiré m’a bien étudié. La problème avec Zéphyr, c’est sa capacité d’analyse. Laissez-lui du temps avant de vous combattre et vous le payerez cher. Ce fumier a l’intention de me finir. Il parvient à se défaire de mes jambes pour entrer dans ma défense et m’enchainer de coups. Fort heureusement, je le neutralise et tente une clé de bras. C’est ennuyant de raconter un combat, hein ? Je vais donc vous épargner la suite. Pour faire simple, on a enchaîné avec de la lutte au sol, très technique durant lequel nous avons dévoilé toute notre panoplie. Là encore, je suis très surpris par son niveau. On a fini par se relever, parce que je dominais. On s’est foutus sur la tronche. Sincèrement, ce n'est pas un combat unilatéral. Et pourtant, il n’a pas utilisé ses armes, il se bat au corps à corps.
« On ferait mieux de s’arrêter, mon frère. Si on poursuit notre affrontement, tu vas perdre et encaisser de gros dégâts. », dis-je pour commencer. Sentant qu’il commençait à se crisper, j’enchaîne aussitôt. « Mais j’admets que tu m’as surpris. Je ne m’attendais pas à une telle opposition. La dernière personne qui m’a autant amoché n’est plus de ce monde. Et c’était il y a longtemps. ».
Zéphyr ne semblait pas du même avis : « Arrête. Ne fais surtout pas ça. L’humiliation est déjà suffisamment difficile à accepter.
- Je suis celui qui a été humilié ce soir. Tu m’as pratiquement égalé dans mon domaine de prédilection.
- Je suis le grand-frère. Le grand-frère doit toujours l’emporter. »
Comme il est ennuyant. Mais je reconnais l’avoir sous-estimé. Tous ces voyages dans la Brume m’ont poussé à exercer mes capacités physiques pour supporter les contrecoups de l’utilisation des cristaux, mais j’ai en contrepartie délaissé ma technique de combat. C’est une très belle leçon. Je n’ai pas perdu mais c’est tout comme. Humble de nature, cet enfoiré a accepté de ne pas être mon égal pour s’entraîner et progresser. Lors d’un véritable face à face, sans cristal de pouvoir, je ne suis pas certain de gagner. Finalement, je pensais ces cristaux être une bénédiction, ils sont en réalité un fléau pour moi. Je me suis rendu dépendant de cette technologie. Il est temps de me reprendre en main.
« Ceci étant fait, brother, j’aimerais que nous prenions le temps de discuter. »
Zephyr est probablement ce qu’il se fait de pire pour moi. Les spécialistes des armes à feu sont pénibles. Mais si l’on parvient à esquiver la première la balle et à les débusquer, ils sont gérables. Au corps à corps, j’attends celui qui parviendra à me soumettre. Et il y a les épéistes. Les plus modestes d’entre eux ne représentent pas danger, sauf que celui qui me fait face est un expert. Pas seulement à l’épée, d’ailleurs. Tout objet qui ressemble, qui tranche ou qui cogne rentre dans les critères de sélection. Pour l’heure, il me fonce tout bonnement dessus. Il semble vouloir saisir quelque chose sous son manteau, probablement une arme, mais accélère finalement pour m’assener un coup de poing. Surpris, je recule. Il me fauche et je tombe comme une m…. une tâche.
Cet enfoiré m’a bien étudié. La problème avec Zéphyr, c’est sa capacité d’analyse. Laissez-lui du temps avant de vous combattre et vous le payerez cher. Ce fumier a l’intention de me finir. Il parvient à se défaire de mes jambes pour entrer dans ma défense et m’enchainer de coups. Fort heureusement, je le neutralise et tente une clé de bras. C’est ennuyant de raconter un combat, hein ? Je vais donc vous épargner la suite. Pour faire simple, on a enchaîné avec de la lutte au sol, très technique durant lequel nous avons dévoilé toute notre panoplie. Là encore, je suis très surpris par son niveau. On a fini par se relever, parce que je dominais. On s’est foutus sur la tronche. Sincèrement, ce n'est pas un combat unilatéral. Et pourtant, il n’a pas utilisé ses armes, il se bat au corps à corps.
« On ferait mieux de s’arrêter, mon frère. Si on poursuit notre affrontement, tu vas perdre et encaisser de gros dégâts. », dis-je pour commencer. Sentant qu’il commençait à se crisper, j’enchaîne aussitôt. « Mais j’admets que tu m’as surpris. Je ne m’attendais pas à une telle opposition. La dernière personne qui m’a autant amoché n’est plus de ce monde. Et c’était il y a longtemps. ».
Zéphyr ne semblait pas du même avis : « Arrête. Ne fais surtout pas ça. L’humiliation est déjà suffisamment difficile à accepter.
- Je suis celui qui a été humilié ce soir. Tu m’as pratiquement égalé dans mon domaine de prédilection.
- Je suis le grand-frère. Le grand-frère doit toujours l’emporter. »
Comme il est ennuyant. Mais je reconnais l’avoir sous-estimé. Tous ces voyages dans la Brume m’ont poussé à exercer mes capacités physiques pour supporter les contrecoups de l’utilisation des cristaux, mais j’ai en contrepartie délaissé ma technique de combat. C’est une très belle leçon. Je n’ai pas perdu mais c’est tout comme. Humble de nature, cet enfoiré a accepté de ne pas être mon égal pour s’entraîner et progresser. Lors d’un véritable face à face, sans cristal de pouvoir, je ne suis pas certain de gagner. Finalement, je pensais ces cristaux être une bénédiction, ils sont en réalité un fléau pour moi. Je me suis rendu dépendant de cette technologie. Il est temps de me reprendre en main.
« Ceci étant fait, brother, j’aimerais que nous prenions le temps de discuter. »
Sam 26 Oct - 22:21
« Donc si je comprends bien ce que tu me dis, tu me demandes de trahir Père pour toi ? », me questionne ce brave Zephyr qui s’est calmé depuis tout à l’heure.
« Pas nécessairement. Malgré nos différends, je pense que tu as conscience que jamais je ne trahirai les assassins.
- Tu sais ce que je pense de ceux qui disent que « jamais »… Mais je reconnais que tes actes parlent pour toi. Mais pourquoi ferais-je une telle chose à Père ?
- Wanath s’endort. Sa dernière aventure dans la brume l’a complètement ankylosée. Je ne parle pas de prendre sa place, mais seulement de prendre des initiatives qu’il nous refuserait.
- Quel est ton but, Azur ?
- Faire de Xandrie une nation libre, autonome et puissante. Quant à la guilde, elle ne doit pas avoir la lumière braquée sur elle, mais que le monde sache à quel point les assassins sont dangereux et capables de tout. Père ne se contente que du lien avec les grandes institutions. Nous devons innover. Nous devons faire peur par notre activité, notre ténacité et notre ingéniosité. Nous devons avoir plusieurs coups d’avance sur les autres. »
Zephyr semble prendre le temps de réfléchir. Sous ses airs de fils à papa, c’est aussi un fier patriote et ses ambitions sont au moins égales aux miennes pour Xandrie.
« Tu sais qu’on ne pourra pas leur cacher longtemps nos manigances ? Mère te débusquera, si ce n’est d’ailleurs pas déjà le cas.
- Mère le sait déjà. Elle me connaît que trop bien et nous couvrira autant que possible. Père a l’esprit trop « embrumé » pour nous surveiller. C’est aussi pour lui que je fais tout ça. »
Une nouvelle fois, mon demi-frère demeure songeur. Est-ce pour le mieux ? Je l’ignore sincèrement. Mais je le vois peser le pour et le contre avec beaucoup trop de précaution. Plus qu’il n’en faut. Il finit par reprendre le dialogue après un long moment de réflexion.
« Qu’attends-tu de moi précisément ?
- Je nage en eaux troubles depuis trop longtemps, seul, sans boussole ou personne fiable pour assurer mes arrières.
- Et tu as donc besoin de moi pour assurer tes arrières ?
- Tout juste.
- Depuis quand des assassins se font-ils confiance ?
- Nous partageons en partie le même sang, Zephyr. Sans compter nos intérêts communs.
- T’es un peu trop sûr de toi, enfoiré.
- Entre nous, je sais que tu ne me détestes pas autant que tu veux me le faire croire. Tu assures déjà mes arrières, je le vois. »
L’autre jour, j’étais suivi par un espion. Je l’avais repéré et attendais le moment propice pour le cueillir, mais Zephyr s’était chargé de lui à ma place. Il agit déjà comme je le souhaite. En fait, j’ai simplement besoin d’être certain de l’avoir comme allié, qu’il le formule de vive voix. Je sais qu’il ne me laissera jamais tomber. Sauf que cela ne tient que grâce à l’ordre de Wanath. Dorénavant, je souhaite qu’il me soutienne de son plein gré.
« Je dois donc te jurer fidélité ?
- Non. Nous sommes frères. On s’entraide. On encaisse les coups ensemble. Deux frères, quoi.
- Tu me promets de la guilde ne sera jamais mise en péril par tes actes.
- Je te le promets.
- Et mon père ? Tu me promets de ne pas lui causer des torts ? Pire encore, de tenter de l’arrêter définitivement. »
Il me pose une colle. Wanath et moi, c’est écrit dans tous les livres. On va devoir régler nos comptes un jour ou l’autre.
« Si je te demande de garder nos complots pour nous, c’est justement pour protéger ton père. », ai-je dit avec insistance, avec un ton légèrement agacé.
Il prend une énième fois le temps de réfléchir. Contrairement à moi, Zephyr prend le temps d’étudier tous les éléments à sa disposition. Ou alors, je réfléchis plus vite que lui, qui sait ? Finalement, il accepte. Pas forcément pour m’aider, mais pour s’assurer en personne que je ne nuise pas aux siens. Pour leur sécurité, il accepte de taire mes activités non-officielles et continuera d’assurer mes arrières. Ça s’est plutôt bien passé. Je m’en sors avec quelques ecchymoses, une fierté un peu touchée, mais rien d’irréversible. Avec Zephyr à mes côtés, me voici entre de bonnes mains.
« Pas nécessairement. Malgré nos différends, je pense que tu as conscience que jamais je ne trahirai les assassins.
- Tu sais ce que je pense de ceux qui disent que « jamais »… Mais je reconnais que tes actes parlent pour toi. Mais pourquoi ferais-je une telle chose à Père ?
- Wanath s’endort. Sa dernière aventure dans la brume l’a complètement ankylosée. Je ne parle pas de prendre sa place, mais seulement de prendre des initiatives qu’il nous refuserait.
- Quel est ton but, Azur ?
- Faire de Xandrie une nation libre, autonome et puissante. Quant à la guilde, elle ne doit pas avoir la lumière braquée sur elle, mais que le monde sache à quel point les assassins sont dangereux et capables de tout. Père ne se contente que du lien avec les grandes institutions. Nous devons innover. Nous devons faire peur par notre activité, notre ténacité et notre ingéniosité. Nous devons avoir plusieurs coups d’avance sur les autres. »
Zephyr semble prendre le temps de réfléchir. Sous ses airs de fils à papa, c’est aussi un fier patriote et ses ambitions sont au moins égales aux miennes pour Xandrie.
« Tu sais qu’on ne pourra pas leur cacher longtemps nos manigances ? Mère te débusquera, si ce n’est d’ailleurs pas déjà le cas.
- Mère le sait déjà. Elle me connaît que trop bien et nous couvrira autant que possible. Père a l’esprit trop « embrumé » pour nous surveiller. C’est aussi pour lui que je fais tout ça. »
Une nouvelle fois, mon demi-frère demeure songeur. Est-ce pour le mieux ? Je l’ignore sincèrement. Mais je le vois peser le pour et le contre avec beaucoup trop de précaution. Plus qu’il n’en faut. Il finit par reprendre le dialogue après un long moment de réflexion.
« Qu’attends-tu de moi précisément ?
- Je nage en eaux troubles depuis trop longtemps, seul, sans boussole ou personne fiable pour assurer mes arrières.
- Et tu as donc besoin de moi pour assurer tes arrières ?
- Tout juste.
- Depuis quand des assassins se font-ils confiance ?
- Nous partageons en partie le même sang, Zephyr. Sans compter nos intérêts communs.
- T’es un peu trop sûr de toi, enfoiré.
- Entre nous, je sais que tu ne me détestes pas autant que tu veux me le faire croire. Tu assures déjà mes arrières, je le vois. »
L’autre jour, j’étais suivi par un espion. Je l’avais repéré et attendais le moment propice pour le cueillir, mais Zephyr s’était chargé de lui à ma place. Il agit déjà comme je le souhaite. En fait, j’ai simplement besoin d’être certain de l’avoir comme allié, qu’il le formule de vive voix. Je sais qu’il ne me laissera jamais tomber. Sauf que cela ne tient que grâce à l’ordre de Wanath. Dorénavant, je souhaite qu’il me soutienne de son plein gré.
« Je dois donc te jurer fidélité ?
- Non. Nous sommes frères. On s’entraide. On encaisse les coups ensemble. Deux frères, quoi.
- Tu me promets de la guilde ne sera jamais mise en péril par tes actes.
- Je te le promets.
- Et mon père ? Tu me promets de ne pas lui causer des torts ? Pire encore, de tenter de l’arrêter définitivement. »
Il me pose une colle. Wanath et moi, c’est écrit dans tous les livres. On va devoir régler nos comptes un jour ou l’autre.
« Si je te demande de garder nos complots pour nous, c’est justement pour protéger ton père. », ai-je dit avec insistance, avec un ton légèrement agacé.
Il prend une énième fois le temps de réfléchir. Contrairement à moi, Zephyr prend le temps d’étudier tous les éléments à sa disposition. Ou alors, je réfléchis plus vite que lui, qui sait ? Finalement, il accepte. Pas forcément pour m’aider, mais pour s’assurer en personne que je ne nuise pas aux siens. Pour leur sécurité, il accepte de taire mes activités non-officielles et continuera d’assurer mes arrières. Ça s’est plutôt bien passé. Je m’en sors avec quelques ecchymoses, une fierté un peu touchée, mais rien d’irréversible. Avec Zephyr à mes côtés, me voici entre de bonnes mains.
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