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[1901] Convocation sur le front [MJ]

[1901] Convocation sur le front [MJ] Brandw10
Jeu 10 Oct - 13:14

MJ - Convocation sur le front

Bron Polaren


9 Keladron 1901

A l’attention de Farouk

Ex-Sentinelle Farouk,

Veuillez m’excuser pour l’état de cette tablette gravée, les corps expéditionnaires rencontrent quelques difficultés à l’approche de Zénobie. L’Alliance m’a fait part d’une étrange nouvelle vous concernant et un bref échange avec le Chancelier m’a informé que vous vous étiez rendu auprès de l’Arbre-Dieu dans une équipe composite de plusieurs factions, avant de donner votre assentiment sur plusieurs actions du Magistère. Cette nouvelle me préoccupe pour ses conséquences et ses impacts sur le futur d’Uhr.

Je gage, bien entendu, que vous avez résilié votre présence au sein de notre Ordre, mais l’érudite Brightwidge que vous protégez à présent est impliquée. Ainsi, en mémoire de vos actes passés et de votre service exemplaire, je vous remercie de faire suivre mon invitation à cette dernière, ainsi qu’à la mercenaire impliquée : Nostell An'mbeidh. Vous savez bien que ce n’est pas dans mes habitudes, mais votre présence est requise afin de nous expliciter ces divers points. L’effort mené actuellement ne permet pas une rencontre dans les meilleures conditions. Je vous attends donc sur le front, dès que possible.

Je vous sais conscient des enjeux, et vous remercie d’avance pour votre loyauté que je sais toujours vive.

Bien cordialement,

Bron Polaren.
Jeu 10 Oct - 14:01


Convocation sur le front

Nostell, farouk (PNJ), Bron Polaren (PNJ)

Comment oublier les affres de cette mission au coeur d'Urh. Ellendrine y repensait tous les jours en se demandant s'il était temps de briser le silence. Elle s'en voulait énormément depuis que Duscisio avait disparu.

Il était sous sa garde. Elle avait promis à tous de le protéger jusqu'à son rétablissement. Depuis sa charade face au docteur Muridas, il n'était plus capable de communiquer et restait en état végétatif. Le mieux qu'elle ait pu faire fut de le confier à son jardinier dans la demeure Dalmesca d'Aramila. Il avait sa place, fleur tempérée, sous une tonnelle, à côté de citronniers et d'un vieil olivier. Elle venait elle-même l'arroser tous les jours et lui mettre de l'engrais. Jusqu'à un matin où... Il s'était volatilisé.

Depuis elle était très inquiète, ne pouvant croire qu'il serait parti sans un au-revoir. Elle avait avisé Seraphah par courrier. Les informations qu'ils détenaient étaient convoités. Aussi n'avait-elle même pas mentionné sa particularité à son époux.

Le rapt pouvait évidemment venir du Magistère. Mais son oeil lorgnait aussi vers sa nation. Si les caravaniers existaient, cela pourrait tout à fait être leur oeuvre. Pauvre Duscisio...

Depuis, elle n'avait pas chômé dans ses travaux. Et aussi ses desseins pour aider Aramila à être moins vulnérable aux crises à venir...

Ses derniers pas l'avaient porté vers le front, où s'offraient des mystères archéologiques qui sont la chance d'une vie. Parce qu'elle avait une expertise -modeste - mais assez inégalée sur l'histoire naine, elle n'avait pu résister à l'appel des monts Gilra. C'était à l'origine une mission de sauvetage. Elle en avait eu vent car elle correspondait régulièrement avec le front.

Aussi, lady Brightwidge ne fit pas attendre Bron Polaren. L'heure était venue. Elle se doutait que Panoptès finirait par recevoir le rapport du Patrouilleur, qui ne faisait que son devoir. Loué soit-il. Il fallut plus de temps à la convocation pour rebondir d'Aramila au camp où elle stationnait, et pour qu'elle sorte de la montagne pour lire l'information, que pour se rendre sur place.

Farouk n'avait pas hésité à l'appel de son ancien ordre. Et heureusement, son employeuse était en symbiose avec lui sur ce sujet et n'entendait pas rester sourde à ses responsabilités.

Le plus dur et aussi le plus long, fut de réussir à joindre Nostell à distance et de la faire venir...

Nerveuse, elle s'apprêtait à rendre des comptes et espérait que l'on comprendrait ses motivations et ce qui avait été gagné en échange. Devant la tente de Polaren, elle attendait que le golem de quartz rose légendaire l'invite à entrer avec Farouk.


Dernière édition par Ellendrine Brightwidge le Mar 15 Oct - 4:18, édité 2 fois
Dim 13 Oct - 20:57


Convocation sur le front

Avec Ellendrine (et Farouk) ainsi que notre cher MJ



Pour garder le silence, Nostell n'avait que peu d'égal. Les secrets de la mission au Cœur d'Urh étaient donc restés parfaitement confidentiels, de son côté. Ce qui n'avait peut-être pas été le comportement adopté par tous les membres de l'expédition.
J'aurais plutôt tendance à imaginer le pire, avec ce courrier.
Une lettre cachetée qu'on lui avait glissé sous la porte. En rentrant chez elle après une sacrée journée de labeur, la strigoi était tombée dessus - non sans s'être préalablement assurée que personne ne l'avait suivie - et l'avait lue plusieurs fois.
M'est avis que nous n'avons pas été conviés sur le front pour que l'on nous administre une petite tape d'encouragement sur l'épaule.
Le message provenait de lady Brightwidge, son aventurière d'employeuse.
Je pourrais très bien arrêter de donner signe de vie et me tourner vers de meilleurs horizons.
L'ennui, c'est qu'elle était une mercenaire avant tout. Et que l'archéologue fortunée payait admirablement bien, en temps et en heure.
Cet horizon là est infiniment plus dégagé que celui de mon ancien "foyer".
Qui l'avait formée parmi les Ombres, en Xandrie. Une vie qu'elle avait fuie, qu'elle était incapable d'oublier, et qui finirait tôt ou tard par la rattraper.
Près de l'âtre de sa cheminée, la strigoi poussa un soupir peiné.
Même les missives me rappellent de désagréables souvenirs.
Le courrier disparut dans les flammes. Nostell le regarda pensivement s'assombrir et se désintégrer. Fel, son Félistaak qu'elle avait tout récemment adopté, assistait à cette destruction. Il avait incliné la tête de côté, tranquillement assis sur son postérieur. Ses yeux fendus, d'un bleu très clair, croisèrent le regard impassible sa maîtresse.
Etirant un petit sourire en coin, elle lui glissa une main gantée entre les oreilles.

- Nous fêterons mon retour avec beaucoup poisson.

Elle trouvait qu'il était encore trop tôt pour l'emmener en mission. Fel se montrait parfois capricieux lorsque la faim le "tenaillait". Par ailleurs, il n'avait pas encore achevé sa formation. Cette dernière avait bien avancé, sur le temps libre de le mercenaire, mais il restait malgré tout quelques points sur lesquels insister.
Le félistaak, pour qui le mot "poisson" n'était pas du tout étranger, émit une sorte de miaulement approbateur.

- Avant de partir, je vais changer l'eau de ton bassin. Tu seras de bien meilleur humeur pour surveiller la maison.

Parce qu'elle avait aménagé son logement en conséquence, oui.
Cette présence, plus animale que monstrueuse aux yeux de la strigoi, la transformait petit à petit. Elle devenait plus expressive, moins mutique, éprouvant même une sorte de bonheur qu'elle n'avait jamais réellement connu ni même imaginé...
Le temps file, le monde change. Et moi, je lui emboite le pas.
Cela la fit presque rire.


Comme convenu, Nostell s'était rendue sur les lieux de la convocation. Son équipement n'avait pas changé, lui. Deux dagues dissimulées dans ses vêtements habituels, un arc passé en travers de son dos accompagné d'un carquois rempli de flèches et un petit calibre rangé contre une de ses hanches mouvantes. Toujours en évitant au mieux le soleil brûlant, la strigoi marchait d'un bon pas en direction d'une tente spécifique. Celle de Bron Polaren, devant laquelle patientaient lady Brightwidge et son fidèle compagnon d'aventure, Farouk le costaud.
La strigoi leur adressa un petit signe de la main.

- Lady Brightwidge, fit-elle à la concernée en inclinant légèrement la tête avant de regarder son homme de main. Farouk.

En jonglant du regard entre ces deux personnalités, elle se permit finalement l'esquisse d'un vague sourire.

- Pardonnez mon attitude quelque peu désinvolte. J'ai passé la moitié du chemin à me poser la question suivante : à quel genre de remontrances allons-nous bien avoir droit ? (Elle haussa les épaules.) L'autre moitié ? A essayer d'oublier - sans succès - les sinistres possibilités que nous avons imaginées, près de toutes ces tombes scientifiquement profanées.

Des sacrifices. Des condamnés. Des malades incurables. De la nourriture hominidé pour l'Arbre-Dieu agonisant.
De quoi soulever le cœur de n'importe quel être humain.
Celui de Nostell penchait plus d'un côté que de l'autre.
Mais cet "autre", qu'était-il au juste ? celui d'un monstre ?
Le visage de la mercenaire était redevenu indéchiffrable.

- Quoiqu'il en soit, le jour de notre jugement est finalement arrivé. Et si nous sommes réunis ici, aujourd'hui, ce n'est sûrement pas pour lui tourner le dos. (Elle hocha la tête.) Soyons prêts à tout.

Pour obtenir la paix, il faut faire la guerre.
Mais de quelle manière ?
Ils n'allaient pas tarder à le décider.
Lun 14 Oct - 10:41

MJ - Convocation sur le front

Bron Polaren




Nul décorum, nulle tente pour vous accueillir. C’est un être sur lequel la lumière du Soleil se reflète en une myriade de rais étincelants qui s’avance et lève le poing face à une troupe de soldats armés jusqu’aux dents. Les couleurs ne portaient pas à confusion, pas plus que les saluts aux dieux répondus en hourra par les combattants. Ils étaient nombreux à porter les traces des sévices de la Brume et de ses dangers, mais les Sentinelles étaient au-dessus du commun des mortels. Ils étaient le fier fer de lance d’Aramila et si les nations étrangères s’étaient un temps gaussées de cette armada rudimentaire, ils avaient dû leur reconnaître une puissance martiale et militaire hors du commun. Le Soleil qui perçait les volutes aériennes de Brume étaient du plus bel effet et même si vous n’étiez pas directement concerné par le laïus du golem de cristal, vous ne pûtes empêcher votre âme de se sentir galvanisée au milieu de tous ces vétérans de la Malice.

- Pour le sacrrrifice du Prrrimat. acheva-t-il, arme au clair.

Des cris de détermination lui répondirent, auxquels la Sentinelle chargée de vous accompagner ne put s’empêcher de se joindre. La terre vibra sous la foi, sous la puissance aramilanne. Bron pivota d’un trait et rengaina son arme d’apparat avec un geste mécanique tandis que tous retournaient à leurs missions et les dangers du front d’avancée contre la Brume. Les portes de Zénobie étaient proches, et les dangers ne manquaient pas. La sentinelle qui vous avait guidé jusque là, et qui répondait au nom de Mils, se tourna vers Farouk.

- Monsieur, l’Exarque devrait pouvoir vous recevoir à présent, ainsi que vos compagnonnes. lui indiqua-t-il avec une révérence toute martiale.

Visiblement, l’homme semblait davantage considérer les faits de guerre que l’impact des recherches archéologiques et le progressisme religieux. Les rangs avaient leur importance en Aramila, tout comme la portée symbolique d’un rôle de Primat vacant, bien qu’occupé par intérim par Bron Polaren. Laisser ce poste vacant dans le cadre de leur avancée contre Zénobie avait tout une signification qui attisait les cœurs et les âmes.

Mils, du haut de son uniforme abîmé par les combats et la dure vie du front, vous guida jusqu’à la grotte depuis laquelle le Golem menait les assauts. Les abords avaient été décorés non pas par des tentures mais par des gravures à l’effigie de l’ordre et d’Aramila. Deux gardes, certainement des Portebrumes, attendaient devant. Mils leur adressa un salut militaire et leur expliqua que les trois personnes convoquées étaient arrivées. Les soldats s’écartèrent d’un pas et vous permirent d’entrer. La zone était sombre, mais éclairée par des pierres aux allures étranges et lumineuses. Assez pour y voir, même si la pénombre rendait votre observation compliquée. Tout y était en pierre, lourd et rugueux. Une table longue trônait cependant, avec des ustensiles dédiés aux invités. Sur la table trônait une carte avec de nombreuses mentions. A peine le temps de comprendre qu’il s’agissait des opérations propres aux Sentinelles que Bron posa ses mains dessus et entama de la rouler pour la dissimuler à vos regards. Ses yeux cristallins se rivèrent sur vous, tour à tour. Un silence pensant s’installa, tandis que les deux Sentinelles de l’entrée vous suivirent et barrèrent la sortie de leurs armes.

- Ancien frrrèrrre Farrrouk. Errrudite Brrrrightwidge et … merrrcenairrre Nostell An'mbeidh. Je vous rrrmerrrcie d’avoirrr rrrépondu dans les plus brrrefs délais. posa-t-il avec son accent rocailleux.

Il vous fit signe de vous asseoir, tira d’un trou dans la muraille un plateau garni d’un broc d’eau et de pain sec et dur comme la roche. Avoir de quoi accueillir ne voulait pas dire … savoir le faire. Mais ce n’était pas chose inhabituelle. Le Golem faisait visiblement des efforts par ses gestes millimétrés, ses manières mécaniques. Comme s’il cherchait à contenir quelque chose qui ne demandait qu’à se déverser. Mais il était bien trop méthodique et solide pour ne laisser perler qu’une émotion. Mais vous n’étiez pas à l’aise. Quelque chose de lourd pesait sur vos épaules, glissait le long de votre dos. La caverne sembla se réduire aux sièges sur lesquels vous étiez installés lorsque Bron posa les effets devant vous. Sa présence menaçante vous écrasa, son aura vous étouffa.

- J’ai aprrris que vous aviez parrrticipé à une expédition avec l’aide de plusieurrrs nations, il y a quelques mois de cela. Une expédition ayant pour destination l’Arrrbrrre-Dieu d’Opale.
commença-t-il, sa voix deux octaves plus basses. J’ai ouïe dirrre, Farrrouk, que vous aviez même coopérrré avec un Sapiarrrque et le Magistèrrre.

Il se tourna vers Ellendrine d’un déplacement latéral de 30 degrés.

- Que vous aviez prrris des décisions au nom d’Arrramila sans même consulter nos rrrrespectables Trrribuns.

Puis vers Nostell, avec un 28 degrés plein de sous-entendus.

- Et que vous aviez parrrticipé à un sacrrrifice humain des plus sorrrdides.

Il posa le plateau devant vous. Le broc vacilla un peu, les verres tintèrent.

- Jamais sacrrrifice d’hommes et de femmes n’est tolérrrable quand il est évitable. Jamais. Pas plus que d’oeuvrrrer contre le système décisionnel de notrrre nation. En d’autrrres circonstances, vous aurrriez pu êtrrre jetés en prrrison et jugés pourrr meurtre et crrrime contre l’autorité publique.

Il croisa ses bras dans son dos, tandis que Mils derrière vous posait sa main sur le pommeau de son épée. Les deux autres Portebrumes froncèrent les sourcils. Une perle de sueur coula le long de leurs joues. Ils n’étaient pas là par hasard.

- Cependant, vous voici ici, plutôt que dans une geôle. Qu’avez-vous à dirrre pourrr votrrre défense ?

Lun 14 Oct - 13:07


Convocation sur le front

Nostell, farouk (PNJ), Bron Polaren (PNJ)


Son âme ne pouvait que vibrer au spectacle poignant de toutes ces sentinelles unies par la fraternité. Si l'Opalienne s'était toujours sentie marchant sur un tapis de lames au milieu des jalousies de sa ville de naissance et toujours regardée avec étrangeté dans sa patrie d'adoption, elle admirait leur bonté et leur cohésion. Certes, elle ne partageait pas complètement leur sentiment religieux, mais elle le ressentait bien présent dans ce théâtre de brume où les forces mythiques du bien et du mal étaient à l'aube de s'affronter.

Même si beaucoup ne comprenaient pas, c'était pour leur armée qu'elle oeuvrait, à leur donner plus de cartes. Si l'histoire la plaçait de ce côté de l'échiquier, c'était pour porter un oeil unique sur la stratégie adverse et prendre des décisions qu'elle seule oserait risquer.

Dans cette attente angoissante, son estomac était noué. Revoir Nostell lui procura un soulagement non feint.

-"Nostell, je suis bien contente de vous revoir. Vous avez pu traverser le ciel sans encombres. Je craignais que mon message ne vous trouve pas avant le prochain convoi."

Rallier Epistopoli ou Opale depuis le désert était toujours un peu longuet. Farouk se joignit cordialement à l'accueil de la mercenaire dont il avait pu apprécier tous les mérites avec le temps alors qu'ils travaillaient de façon rapprochée l'année écoulée.


-"Vous avez raison Nostell. Mieux vaut venir de notre plein gré. Mais sachez que j'aurais de très loin préféré être la première à initier le contact pour faire notre rapport. Il s'est écoulé de trop nombreux mois. Je ne m'attends pas à trouver un Bron Polaren réjouis, quoiqu'il ne soit pas connu pour ses transports."
dit-elle, pensive. Ellendrine serra les mâchoires et déglutit avant de reprendre.

-"Laissez-moi éclairer un peu la situation et prendre le blâme"
, leur intima-t-elle à tous les deux, espérant attirer l'ire du golem.

Le temps que Farouk et elle rattrapent le front, celui-ci avait avancé. Ils avaient dû traverser deux ou trois avant-postes fantômes balisés par des machines à myste qui devaient toutes rebuter les Aramilans. La grotte devant laquelle ils se tenaient était de loin la plus intrigante avec ses gravures aux armoiries aramilanes et son mobilier éternel.

Le salut bourru de Bron Polaren ne cachait pas la tension qui animait l'accueil. L'issue rapidement barrée derrière elle lui confirmait l'idée de simili cour martiale qu'elle redoutait de l'entrevue.

Ellendrine s'efforça de respecter la lenteur caverneuse du golem qui dépeignait un bien sombre portrait de leur expédition. Elle ignorait s'il déformait volontairement le tableau afin de prêcher le faux pour savoir le vrai ou si les données qui lui étaient parvenues était trop parcellaires. Par sa faute.

-"Exarque Polaren,"
salua-t-elle en inclinant respectueusement la tête.
"C'est moi qui vous remercie de nous accorder une audience au milieu de cette guerre...
Je sais déjà tout de la crispation et de l'incertitude qui vous animent. Permettez-moi de corriger le contexte avant que mes employés aient à vous répondre."


Elle s'efforçait de faire abstraction de la tension militaire, qui fleurait bon la décapitation. Si on les prenait d'emblée pour des traîtres, on aurait lançé des assassins à leurs trousses ou bien un corps de la garde sacrée serait venu les arrêter. Peut-être Bron Polaren leur faisait-il une faveur en leur donnant la parole.

-"Vous devez d'abord savoir que cette expédition auprès de l'Arbre-dieu sur sol opalin est mon initiative unique. Une initiative personnelle en tant que scientifique humaniste. J'ai tout de suite pressenti l'enjeu collectif de cette mission, mais toutes nos nations voient leurs priorités tournées vers le front. Le temps et les ressources ne se dirigeaient pas du tout par là-bas. J'ai donc pris sur mes finances personnelles pour aider à ma manière. Mais j'ai eu besoin d'aide. Le Magistère n'était absolument pas prévu au programme... Cela, vous devez le comprendre tout de suite. En réalité, il était déjà bien implanté quand mon équipe est arrivée."

Elle était habituée à être décriée et à tenir son point le menton haut. Pourtant, sa gorge se serrait et s'asséchait à une vitesse affolante, tandis qu'une sueur abondante se formait sur son front. Elle dut prendre une longue gorgée d'eau et respirer pour se calmer. La boule à son estomac devenait douloureuse.

-"J'espère que vous ne pensez pas, Bron Polaren, que ma naissance opalienne place le Magistère et ses méthodes dans mes sympathies. Car ce n'est pas le cas! En organisant l'expédition, il me manquait néanmoins des connaissances et des ressources, et nous avons en effet reçu l'appui d'un Sapiarque. Seraphah Von Arendt est intervenu en tant que scientifique et Urhois, car il partageait l'humanité qui devrait tous nous unir dans l'épreuve."

Ses mots lui paraissaient trop longs. Elle aurait presque préféré demander tout de suite le verdict des lames. Plutôt que d'être couvée par ses pupilles cristallines implacables, dont la teinte rose était faussement enfantine. Reprenant courage, elle poursuivit :

-"Vous devez être impatient d'entendre la version de mes compagnons ici présents. Mais je ne peux souffrir ce que vous croyez. Je respecte énormément les élus du peuple Aramilans, ses gradés et son clergé. Nous n'avons pas souscrits à ce qui s'est passé. Tout au plus, nous nous sommes résignés au silence par désespoir. Le Magistère avait énormément avancé et l'Arbre était à quelques semaines de jeter la Brume sur tout Uhr. Si faible, que le moindre geste malheureux nous aurait tous tués. Le Magistère était le seul prêt à agir, le seul à avoir un plan. Malgré tout, je voulais rapporter les faits à Aramila. Mais... J'ai pensé au XIII Cercle. Chaque jour je me suis demandé : et si un page était corrompu? Et si une seule sentinelle rapportait ce qui était dit à leur oreille? Même involontairement. Il suffisait d'une seule interception de message... Et nos vulnérabilités auraient été multiplié par deux cent."

Elle se tut alors abruptement, car elle avait déjà trop duré. Le fardeau était lourd à porter en conscience. Ces malades sacrifiés étaient-ils volontaires? Chaque jour elle s'était demandée si son choix était le bon, si elle servait ou desservait Uhr.