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[1901] Convocation auprès du Grand Sapiarque [MJ]

[1901] Convocation auprès du Grand Sapiarque [MJ] Brandw10
Jeu 10 Oct - 13:14

MJ - Convocation auprès du Grand Sapiarque

Elias van Beck



7 Keladron 1901

A l’attention de Seraphah Von Arendt.

Estimé Sapiarque Von Arendt,

Vos échanges avec le Magistère ne sont pas passé inaperçus et les conséquences politiques ainsi que scientifiques de vos découvertes n’ont pas encore trouvé le chemin de mon bureau. J’en déduis que votre rapport est suffisamment conséquent pour nécessiter une revue bibliographique fournie en vue d’expliciter les impacts de votre expédition, financée en partie par les fonds publics destinés à la recherche. J’ajoute à cela que les incidents liés aux pertes humaines et matérielles n’ont pas encore été éclaircis et qu’il serait pertinent, à cette fin, d’envisager une entrevue au sommet du Pôle.

Mes informateurs m’ont fait part d’incidences douloureuses pour l’Arbre-Dieu et ces rapports adressent un lien entre les événements de l’année précédente et les circonvolutions de la Brume. Il est inutile de vous rappeler que nous participons activement aux expéditions en vue d’atteindre l’ancienne capitale de l’Empire et que les fonds investis dans cette entreprise ont dépouillé certains de nos secteurs de recherche. Votre rapport est donc attendu, espéré et conseillé. Il serait de mauvais augure que vos actes sur place aient engendré quelques difficultés dans nos alliances futures. Inutile de vous préciser, une fois encore, que les actions du Régent ont eu des répercussions néfastes pour notre cité et son positionnement géopolitique, tout comme j’ai dû faire face moi-même aux attentats du Treizième Cercle.

Une entrevue a été aménagée le 13 Keladron. Veuillez vous présenter à mon assistant à neuf heures, il vous mènera à mon bureau. Dans l’attente, n’hésitez pas à faire suivre à mon secrétariat tout document complémentaire à votre rapport.

Avec toute l’adresse de mon respect et de mes plus sincères salutations,

Elias van Beck.
Mer 30 Oct - 2:42


Convocation auprès du grand sapiarque


Le temps des vérités

Elias Van Beck





L'attente est oppressante. Se rendre au bureau 32590 en personne une fois par semaine pour déposer une nouvelle requête pour une entrevue privée avec Elias Van Beck devenait un rituel dont il ne pouvait plus se passer. Maelström voulait s'y rendre à sa place, mais il refusait. Il refusait d'être aussi impuissant. Il avait conscience que le grand sapiarque a d'autres choses à faire que de répondre à l'un des représentants d'Epistopoli qui est connu pour son autonomie et ses prises d'initiatives. Que ce soit pour mener des expéditions dans la Brume ou des recherches au sein de l'hôpital général en vue d'améliorer la vie des troupes.

Alors il espérait que sa présence à chaque semaine depuis maintenant deux mois remonterait jusqu'aux oreilles du très grand.

Il savait que l'absence de dossier dans les archives de la ville, et surtout le silence qu'offrait ce non dossier pouvait lui retomber dessus à tout moment. Mais il était homme à ne pas transiger avec la sécurité. Mais aussi avec les rumeurs qui pourraient aller bon train si le dossier venait à fuiter. Il savait que tout Uhr se moquait de la cité des sciences. Comment n'avait-il pas vu le parjure dans leur rang? Cela était une tare avec laquelle il convenait de continuer de vivre, tant que le mandebrume n'avait pas été retrouvé et condamné, par la mort s'il le fallait.

Seraphah avait jugé que sa parole auprès du Magistère n'avait que trop duré. Il considérait que le remède était sur place pour l'Arbre dieu, et même si les résultats n'étaient pas encore présents, il ne pouvait continuer de se taire. Il n'avait simplement pas prévu que le grand sapiarque serait si injoignable...deux mois c'était tellement trop.

Ce jour où la convocation tomba, il fut soulagé. Fou sans doute. Que d'avoir hâte de se rendre au Pôle afin de pouvoir partager tout ce qui concernait cette histoire.

Parce qu'il n'y avait qu'ainsi que sa vérité serait entendue. Parce qu'il y avait des allégations qui étaient fausses au sein de cette missive dont il parcourut les lignes par deux fois.

Il prit ainsi le parti de faire parvenir un état de ses propres comptes bancaires pour prouver que les fonds étaient de son fait. Si des scientifiques avaient pris sur les fonds publics, il n'en avait pas été informé. Il fit également parvenir une missive, précisant qu'il remettrait en main propre le dossier au complet lors de leur entrevue.

Le dossier se trouvait dans sa jaquette tandis qu'il se présenta face au secrétaire d'Elias van Beck. Ce dernier lui intima de le suivre.

Le dossier qu'il tenait fermement renfermait des informations telles que:
●la durée de leur expédition
●les différents membres et la raison précise de leur présence.
●Mais aussi les notes prises par Ellendrine concernant les cénotaphes, ainsi que les rapports scientifiques et techniques qui visaient à corroborer ce qui était noté dans le dossier (avec les notes que le Magistère avait bien voulu leur partager, notamment en lien aux cénotaphes reliés à Epistopoli).
●Il avait également pris soin de noter les échanges qui avaient eu lieu avec le Magistère, citant le nom du docteur Muridas et de toutes personnes dont il avait entendu le nom au moins une fois.

Après quelques minutes ponctuées par le bruit des machines qui semblaient être le poumon d'Epistopoli, le secrétaire toqua et annonça la venue de l'élémentaire.

Elias Van Beck se trouvait face à lui. Ils étaient seuls. Après une salutation en bonne et due forme et dès qu'il eu permission de s'exprimer, il n'y alla pas par quatre chemins.

Il déposa le dossier face à Elias et commença en ces termes:

«Je suis soulagé d'enfin pouvoir vous remettre en main propre ce dossier. Cela faisait des mois que je demandais audience auprès de vous sans succès. Preuve en est les registres de votre secrétariat dont j'ai demandé une copie afin que cela vous parvienne pour preuve de ma bonne foi.

J'avais conscience que cela me vaudrait une convocation...je connais les risques sur ma personne que j'encours en ayant fait le choix de garder ce dossier et ses informations auprès de moi. Mais j'ai aussi conscience et soyez assuré que c'est cela qui a guidé ma décision, de ce qui aurait pu se produire si ce dossier était tombé dans de mauvaises mains.

J'ai bien conscience pour en avoir été témoin et bien plus, de ce que nous avons mis en oeuvre pour contrer les éventuels traitres du 13eme cercle...mais nous savons aussi que ces derniers peuvent être déterminés et mettre à mal Epistopoli et je m'y refusais.»


Au point de se mettre à mal lui-même.

«Mais je suis là, et je me tiens fin prêt pour répondre à toutes vos questions et surtout élucider pour vous ce qu'il s'est produit sur les terres opaliennes.»



Lun 4 Nov - 0:00

MJ - Convocation auprès du Grand Sapiarque

Elias van Beck



Les traits tirés d’Elias traduisaient un agacement qu’il dissimulait en général sous son désintérêt pour les esprits moins érudits. Il portait une tenue cintrée aux bords élimés et qui portait encore les traces de son précédent voyage. Le breuvage froid qui reposait sur un coin de son bureau de métal l’attendait avec désespoir, condamné à l’oubli face aux méandres des politiques uhroises qui contraignaient le Grand Sapiarque. Il était homme ordonné en affaire comme en recherche, mais tout n’était pas aussi millimétré que d’habitude. Au centimètre. La mesure du contrôle qu’exerçait Elias s’écartait un peu. Juste assez pour le percevoir. Pour comprendre qu’il fallait en être terrifié car si le génie derrière ce qui faisait battre le cœur d’Epistopoli pouvait montrer une once de dépassement, alors le monde tressautait dans l’ornière de son destin. Voilà qui posait le cadre d’une convocation inhabituelle. Pourquoi Elias n’avait-il pas encore renversé le camp du Régent et pris sa place sur la scène politique pour assurer son contrôle absolu sur la cité ? Parce que c’était déjà le cas. Parce qu’il n'en avait plus le temps. Parce que le monde ne tournait plus rond. Mais pire encore, parce que certaines épines s’entêtaient à venir se loger dans ses pieds.

- Von Arendt. l'interrompit-il d’un doigt levé.

Pas de titres, pas d’entrée en matière. Pas de décorum. Un maître devant son subordonné. Un maître devant un élève.

- Je vois que vous n’avez pas encore compris pourquoi vous êtes là. continua-t-il, dépité.

Il s’empara du rapport, le fit tourner entre ses mains et courir les pages une à une à l’aide de son pouce. Les feuilles crissèrent et soulevèrent un océan d’effluves issues du bureau du Sapiarque au Marquis avant de terminer sur le côté, négligé. Sans avoir été consulté ni lu. Une paperasse gâchée par le dédain, dont les fragrances hérissaient le nez du Grand Sapiarque. Elias se leva. Domina de sa stature son interlocuteur. Ses doigts étaient tâchés de l’encre d’un millier de documents. De milliers d’âmes. De centaines de concessions. Du poids d’Epistopoli. De l’entremise des traîtres.

- Je n’ai aucune confiance en vous, Von Arendt. Que ce soit en vos rapports, que ce soit en vos activités. Vous avez déjà prouvé que vous n’étiez pas avare de secrets à destination des autres nations. Pourquoi prendrais-je le temps de vous écouter, alors que même l’Alliance semble mieux comprendre la difficulté de ma situation actuelle que l’un des Sapiarques les plus obsolescents du Pôle ? reprit-il, les mains croisées derrière lui.

Une lèvre de mépris se leva. Il soupira. Las, agacé. Ses mots étaient prononcés avec une exacte rigueur, sans ton haussé. Ils n’étaient dictés par rien d’autre qu’une froide nécessité et il n’y avait aucun besoin d’être assertif sur sa propre autorité. Tout autour d’eux étaient dressé des mécaniques complexes. Des représentations des astres, des maquettes ésotériques aux angles acérés. Des théories, des méthodes. Des projections avancées qui s’aventuraient déjà plus loin que Zénobie. D’ailes et de cornes. Elias dénigra le Sapiarque d’un regard de bas en haut. Il soupira une fois de plus.

- Muridas appartiendrait au XIIIème Cercle que je m’en moquerai. Je me contrefous de ce que vous avez fait, je me contrefous de vos intentions, imbécile. Vous avez jugé bon de manœuvrer dans mon dos, au moment où Epistopoli devait montrer à tous son unité, sa force. Sa cohésion pour laver les putains de conneries de ce connard de Dimetrios. Vous m’entendez Von Arendt ? Vous m’avez foutu dans une merde noire. Une merde aussi fétide que la Brume qui vous a sorti de son cul.

Ses mots tranchaient avec sa posture, avec son attitude. Etait-il furieux ? Voulait-il choquer l’impeccable et réservé Seraphah ? Ou peut-être était-ce lui au fond. Celui qu’il était lorsqu’une veine frappait le coin de son front et pulsait au rythme d’un cœur froid et implacable. Il inspira.

- Vous savez donc l’image que cela envoie au monde. L’image que cela renvoie sur le Régent par intérim d’Epistopoli. Pendant que je mets en œuvre la poursuite du plus grand ennemi d’Uhr en redoublant de moyens pour racheter ce que notre nation a fait - aux yeux du monde. Pendant que je dois mener une purge au sein de ma cité pour débusquer cette cabale qui nous gangrène encore. Cela renvoie l’image d’un incapable. Incapable de tenir sa Commission, incapable d’exercer le moindre Contrôle sur son pays. Incapable d’empêcher un imbécile de mener des projets séditieux au beau foutu milieu d’une forêt opaline. En plein milieu de la nation qui a subi un attentat, aux crocs si longs qu’ils feraient tout pour boire le sang d’Epistopoli jusqu’à la lie et utiliser la moindre excuse pour venir fragiliser davantage notre position. continua Elias, tandis qu’il levait son bras vers Seraphah et l’abaissait d’un geste agacé.

Quand on avait un rôle d’importance, chaque action avait des répercussions monumentales. En l’occurrence, c’était le cas. Dans un pays au bord de la guerre civile, dans une course contre la montre après le Mandebrume, après le traître. Dans une situation si tendue que chaque soubresaut d’Epistopoli pouvait la faire basculer d’un côté ou de l’autre. Comment tenir le nord, si dans son propre pays, la sédition prenait le pas ? En cela, les intentions de Seraphah n’avaient aucune importance. Ni même les faits. Les conséquences allaient au-delà, étaient bien pires. Le tribunal politique avait déjà livré son verdict.

- Vous comprenez donc que je n’ai pas le choix, et que vous n’êtes pas là pour répondre à mes questions, ni me raconter ce que je sais déjà par d'autres bouches plus fiables que la vôtre. Vous êtes là pour servir d’exemple. conclut-il.

Sur ces mots, deux automates s’activèrent au fond de la pièce. Les cliquetis caractéristiques de deux unités qui s’activaient et se préparaient à agir à la moindre commande. La convocation n'avait-elle été qu'un prétexte pour faire venir facilement Seraphah ? Peut-être.