Ven 4 Oct - 17:25
Le Vent se lève
Tout commence mal
Plic ploc.
Tu nous as pas mis dans une situation facile, tu sais ? On a hâte de voir comment tu vas nous sortir de là. T’es sûr que serrer les dents c’était la solution ? Ils ont bien amoché ton visage en tout cas. Non pas qu’il y avait de quoi en être fier, tu ferrais pas une œuvre d’art dans quelques bureaux du coin. C’était quoi l’idée exactement ? Tu fais bien des mystères, Arno…
J’émergeais, avalant goulument une bouffée d’air humide. J’en aurais presque oublié mes mains attachées dans le dos, disons que la douleur sous mon œil attirait toute l’attention de mes nerfs. Je l’ouvrais difficilement, ce n’était qu’une fente qui s’ouvrait sur des grilles épaisses. J’allais devoir plutôt miser sur l’autre. J’entendais un ricanement et quelques ronflements interrompus de l’autre côté de la porte.
J’avais ma gorge sèche et ma langue pâteuse comme après une mauvaise nuit. Je sentais mon nez encombré, sans doute quelque caillot sanguin qui me poussait à respirer difficilement par la bouche. Fallait reconnaître un zèle particulier à nos geôliers epistotes et la main sûre et lourde. Ils devaient être trop contents d’avoir réussi à capturer un membre du groupe qui leur échappait depuis si longtemps.
Les fils de l’air insaisissable, un compagnon du Sirocco.
Ils avaient réussi à choper un courant d’air. Une erreur bête d’un gamin sans doute, d’un jeune qui voulait trop en prouver et qui avait fait un excès de confiance. Il y en avait toujours été ainsi, toujours les mêmes erreurs, toujours les mêmes maillons faibles qui lâchaient un jour ou l’autre. Il fallait que je joue ce rôle. J’attendais de les voir débarquer maintenant qu’ils me savaient réveillé. Ils avaient quelques dispositifs ou instincts et, bientôt, je verrai la petite ouverture s’ouvrir et une paire d’yeux vides me scruter.
Ça faisait quoi ? Trois jours au même tarif ? Plic ploc.
J’essayais de compter le goutte-à-goutte de cette fissure dans l’angle de la meurtrière. Il avait plu quand déjà ? Je commençais un peu à perdre le fil, c’était jamais bon. Quat’ jours plutôt, c’était y a quat’ jours. “Possible Pod, possible, me surpris-je à commenter à voix basse. Ça change pas grand-chose.” Je tentais tant bien que mal de trouver une position un peu plus confortable, mais la morsure du fer sur mes poignets me fit changer d’avis, entraînant son cliquetis métallique en prime. Pas besoin de faire semblant. Je sentais dans mon dos une chaleur sèche. Malgré les vapeurs, malgré le smog, le soleil réussissait encore à filtrer quand le vent l’accompagnait pour chasser les vilains nuages.
On devait être aux alentours de la mi-journée alors. Ils auraient pas tardé à venir me réveiller de toute façon. S’ils savaient comme le sommeil me manque, ils joueraient avec d’autres techniques que d’essayer de me briser en le réduisant. Autant miser sur ça après tout. Restons lucides un tant soit peu et laissons planer le doute sur le reste. J’étais le dernier arrivé dans la troupe d’après les rapports, j’étais aussi forcément celui qu’on enverrait au charbon, car connaissant le moins les secrets de la troupe. C’était une logique froide et implacable, tout le monde était tombé d’accord avec le plan du chef.
Le judas s'éteint, la grille s’ouvre, les yeux sont de sombres abimes sur des sourcils hirsutes. Il grogne plus qu’il ne parle, un genre de roquet bien utile si vous voulez mon avis. Le manège redémarre alors que la lourde porte s’ouvre en tournant sur ses gonds rouillés. On tourne la clé et la machine se lance. Il rentre dans la pièce tel un automate, s’approche sans une hésitation et me soulève sans ménagement. Tant pis pour le serrage de dents, tant pis pour les morceaux de peau arrachés aux poignets. Il me trimballait comme un vulgaire sac vers une autre pièce à peine plus chaleureuse.
Tout de métal sombre, des traces carmin sur certains murs, un miroir m’accueille avec, j’en suis sûr, quelques observateurs derrière. J’en venais presque à me croire plus important que j’étais pour vous donner un beau spectacle, mes bons sires. Je détournais mon attention d'eux, au centre, une table, une chaise de chaque côté, mais celle sur laquelle reposait le fessier de quelque gradé formé à l’interrogatoire avait le mérite d'offrir le confort du bois par rapport à l'acier froid. On me jetait sans ménagement sur l’autre avant de rattacher mes menottes à la table. Je n’allais pas pouvoir jouer de quelques vilains tours et j’avais méchamment froid. Ils auraient pu au moins me laisser mes chaussures et une veste. En plus, leurs chausses grattent horriblement. Ils n'ont aucun goût, aucune finesse, maitre Cassandre serait consterné. Il n’attendait pas que je sorte de ma bulle. Il la fit éclater. Là où son comparse, qui était le seul autre être vivant que j’avais vu depuis… Quat’ jours, proposait un regard abyssal, celui-ci avait une lueur malicieuse dans ses yeux fauves.
“T’es qui exactement gamin ?
- Je vous l'ai déjà dit, avec un sourire que je voulais canaille, mais qui me faisait de plus en plus mal. Je suis le Sirocco.”
Toujours la même question, toujours la réponse encore et encore à laquelle personne ne pouvait croire, toujours la même baffe qui partait à vous en faire décoller l'orbite.
Tic tac.
Tu nous as pas mis dans une situation facile, tu sais ? On a hâte de voir comment tu vas nous sortir de là. T’es sûr que serrer les dents c’était la solution ? Ils ont bien amoché ton visage en tout cas. Non pas qu’il y avait de quoi en être fier, tu ferrais pas une œuvre d’art dans quelques bureaux du coin. C’était quoi l’idée exactement ? Tu fais bien des mystères, Arno…
J’émergeais, avalant goulument une bouffée d’air humide. J’en aurais presque oublié mes mains attachées dans le dos, disons que la douleur sous mon œil attirait toute l’attention de mes nerfs. Je l’ouvrais difficilement, ce n’était qu’une fente qui s’ouvrait sur des grilles épaisses. J’allais devoir plutôt miser sur l’autre. J’entendais un ricanement et quelques ronflements interrompus de l’autre côté de la porte.
J’avais ma gorge sèche et ma langue pâteuse comme après une mauvaise nuit. Je sentais mon nez encombré, sans doute quelque caillot sanguin qui me poussait à respirer difficilement par la bouche. Fallait reconnaître un zèle particulier à nos geôliers epistotes et la main sûre et lourde. Ils devaient être trop contents d’avoir réussi à capturer un membre du groupe qui leur échappait depuis si longtemps.
Les fils de l’air insaisissable, un compagnon du Sirocco.
Ils avaient réussi à choper un courant d’air. Une erreur bête d’un gamin sans doute, d’un jeune qui voulait trop en prouver et qui avait fait un excès de confiance. Il y en avait toujours été ainsi, toujours les mêmes erreurs, toujours les mêmes maillons faibles qui lâchaient un jour ou l’autre. Il fallait que je joue ce rôle. J’attendais de les voir débarquer maintenant qu’ils me savaient réveillé. Ils avaient quelques dispositifs ou instincts et, bientôt, je verrai la petite ouverture s’ouvrir et une paire d’yeux vides me scruter.
Ça faisait quoi ? Trois jours au même tarif ? Plic ploc.
J’essayais de compter le goutte-à-goutte de cette fissure dans l’angle de la meurtrière. Il avait plu quand déjà ? Je commençais un peu à perdre le fil, c’était jamais bon. Quat’ jours plutôt, c’était y a quat’ jours. “Possible Pod, possible, me surpris-je à commenter à voix basse. Ça change pas grand-chose.” Je tentais tant bien que mal de trouver une position un peu plus confortable, mais la morsure du fer sur mes poignets me fit changer d’avis, entraînant son cliquetis métallique en prime. Pas besoin de faire semblant. Je sentais dans mon dos une chaleur sèche. Malgré les vapeurs, malgré le smog, le soleil réussissait encore à filtrer quand le vent l’accompagnait pour chasser les vilains nuages.
On devait être aux alentours de la mi-journée alors. Ils auraient pas tardé à venir me réveiller de toute façon. S’ils savaient comme le sommeil me manque, ils joueraient avec d’autres techniques que d’essayer de me briser en le réduisant. Autant miser sur ça après tout. Restons lucides un tant soit peu et laissons planer le doute sur le reste. J’étais le dernier arrivé dans la troupe d’après les rapports, j’étais aussi forcément celui qu’on enverrait au charbon, car connaissant le moins les secrets de la troupe. C’était une logique froide et implacable, tout le monde était tombé d’accord avec le plan du chef.
Le judas s'éteint, la grille s’ouvre, les yeux sont de sombres abimes sur des sourcils hirsutes. Il grogne plus qu’il ne parle, un genre de roquet bien utile si vous voulez mon avis. Le manège redémarre alors que la lourde porte s’ouvre en tournant sur ses gonds rouillés. On tourne la clé et la machine se lance. Il rentre dans la pièce tel un automate, s’approche sans une hésitation et me soulève sans ménagement. Tant pis pour le serrage de dents, tant pis pour les morceaux de peau arrachés aux poignets. Il me trimballait comme un vulgaire sac vers une autre pièce à peine plus chaleureuse.
Tout de métal sombre, des traces carmin sur certains murs, un miroir m’accueille avec, j’en suis sûr, quelques observateurs derrière. J’en venais presque à me croire plus important que j’étais pour vous donner un beau spectacle, mes bons sires. Je détournais mon attention d'eux, au centre, une table, une chaise de chaque côté, mais celle sur laquelle reposait le fessier de quelque gradé formé à l’interrogatoire avait le mérite d'offrir le confort du bois par rapport à l'acier froid. On me jetait sans ménagement sur l’autre avant de rattacher mes menottes à la table. Je n’allais pas pouvoir jouer de quelques vilains tours et j’avais méchamment froid. Ils auraient pu au moins me laisser mes chaussures et une veste. En plus, leurs chausses grattent horriblement. Ils n'ont aucun goût, aucune finesse, maitre Cassandre serait consterné. Il n’attendait pas que je sorte de ma bulle. Il la fit éclater. Là où son comparse, qui était le seul autre être vivant que j’avais vu depuis… Quat’ jours, proposait un regard abyssal, celui-ci avait une lueur malicieuse dans ses yeux fauves.
“T’es qui exactement gamin ?
- Je vous l'ai déjà dit, avec un sourire que je voulais canaille, mais qui me faisait de plus en plus mal. Je suis le Sirocco.”
Toujours la même question, toujours la réponse encore et encore à laquelle personne ne pouvait croire, toujours la même baffe qui partait à vous en faire décoller l'orbite.
Tic tac.
Dernière édition par Arno Dalmesca le Dim 20 Oct - 23:00, édité 2 fois