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[1901 Lugrilen] Science de comptoir

[1901 Lugrilen] Science de comptoir Brandw10
Mer 25 Sep - 1:33

Science de comptoir


Tu aurais pu t'installer à Epistoli.

Si ça n'avait pas été de ce mariage d'intérêt avec une Ozwinfeld d’Opale, cette ville-ci aurait certainement rimé avec “entreprise fructueuse”.. Grouillante de Chair à Brume prête à tout sacrifier pour une poignée d'Astra, nul doute que tu aurais certainement pu faire ici de bonnes affaires : d'ailleurs, il n'est jamais trop tard pour commencer. La crise économique n'est jamais qu'une crise pour les moins nantis, et une opportunité pour les fortunés.

Mais si tu es de passage à Epistoli, ce n'est pas dans l'objectif d’étendre ta flotte d’expéditionnaires.

Sous les traits juvéniles d’une lointaine version de toi-même, tu foules les couloirs de l’École Supérieure des Archives Nationales. Malgré le portrait étrange que crée le masque et les marques sur ce visage adoucit, l’âge que tu arbores sied à ton objectif - te fondre parmi les étudiants sans trop faire parler.

Si tu avais pu te passer de cette mascarade, tu l’aurais fait. Mais aux caprices d’un Sapiarque, on peut difficilement dire non. Tu as toujours été prompt à mettre de côté quelques principes personnels - si tant est que ces principes existent - pour favoriser des échanges de bons procédés.

La situation de départ était celle-ci : ta prothèse.

Ta prothèse qui a commencé à faire des siennes quelques semaines plus tôt. Étant donné que l’homme qui te l’a initialement posé était un incompétent et qu’il est, accessoirement, mort de tes mains, il t’a fallu chercher un autre prothésiste. Et avec le fric que tu as maintenant, il était hors de question de retenir les services d’un charlatan ou d’un professionnel passable.

Alors c’est ce professeur et chercheur de l’ESAN, Silgard Olvec, qui va ausculter la chose. Après son cours. Son cours à propos duquel il a absolument insisté pour que tu y assistes - tu n'allais pas cracher sur trois heures de biomécanique médicale et de biocompatibilité si ça pouvait permettre te décrocher un accès privilégié sous les papattes de Silgard.

C’est long, mais tu écoutes. Parce que si tu as bien cerné le personnage - imbu de soi, orgueilleux, insupportablement académique, et tutti quanti -, il y a de fortes chances qu'il te pose des questions sur sa matière.

Et que tes réponses influenceront la qualité de son travail.

L'éthique scientifique, tu le sais depuis que tu as traité avec le Magistère, c'est un beau petit mythe qu'on poli pour sa propre conscience.

Jerah ? - il te pointe en levant ses sourcils, comme s’il fallait confirmer ton identité - … approchez ! qu’il lance quand le dernier étudiant a quitté la classe.

Sa familiarité creuse un sillon au coin de ta bouche camouflée. Tu n’es visiblement pas un client officiel, mais plutôt un objet de curiosité professionnelle.

J’ai invité une amie à moi, Olivia, à assister à la procédure, j’espère que ça ne vous dérange pas ! Il marche très vite vers les laboratoires.

Tout dans sa phrase fait tiquer. Le mot “amie” qui prend une drôle d’intonation mystérieuse, le “Oliviaaa” qui traîne de façon très théâtrale, et la “procédure” - drôle de mot froid et chirurgical pour une simple consultation de routine.

Impossible de déterminer si vous atterissez dans un petit labo de l’ESNA ou dans un bureau beaucoup trop équipé. Mais toujours est-il que pendant  que Silgard -tu détestes ce nom- se met à paraperformer les notions de son cours pour allonger inutilement votre entrevue, tu vois approcher une petite … poupée.

Tes yeux suivent fixement sa progression. Tu te désintéresses du professeur.

Ah Olivia ! Vous avez vu mon nouvel étudiant ? que s’exclame soudainement Silgard avant de pousser un rire tonitruant - elle est bonne celle-là, confondre un patient avec un étudiant, oui, c’est visiblement de l’humour de haut voltige si on se fie à la réaction du professeur.

Tu sens que cette entrevue va traîner en longueur.
Dim 29 Sep - 3:13



C'est moche

Jerah



Les joies du pouvoir hiérarchique. Beaucoup de gens avaient une certaine jalousie envers les cadres, qu'ils soient intermédiaires ou supérieurs. Pour autant, bien peu voudrait sciemment assumer les fonctions de ces rôles. Être le technicien ou la main d’un système pouvait avoir ses inconvénients, mais le travail était logique. Le cadre, lui, se devait de gérer quelque chose de beaucoup plus chaotique et irrégulier : L’homme. Manager des subordonnées tout autant que plaire à ses supérieurs et les personnalités externes pouvait être chiant.

Enfin, j’avais appris à gérer. Au final, je passais presque plus de temps à faire malgré moi de la politique, du serrage de main ou l’assistance sociale en cas de conflit entre membre du personnel que je ne faisais presque plus de science par moi même. L’art de savoir déléguer, une autre compétence difficile à apprendre. Après tout, c’était compréhensible, remettre son propre bilan dans les mains de personnes avec qui on était lié que professionnellement c’était inquiétant.

Là, rien ne changeait vraiment, puisque j’avais pour mission de devoir faire le commercial ainsi que l’expertise d’un projet sur l’amélioration biologique et mécanique des êtres humains. Une énième théorie à ses balbutiements mais qui devait décrocher son budget indispensable à son démarrage.

Silgard devait être en principe le chef de projet de cette affaire, mais encore restait-il à convaincre les sapiarques et les industriels du bien fondé de celui-ci. Il allait devoir convaincre et je l'accompagnerai par principe et pour l’aider comme c’était toujours le cas lorsque les cadres de l’ESAN devaient défendre des choses devant des externes. Après tout c’est en partie pour cela que je suis là où je suis.

Quoi qu’il en soit, il ne paraissait pas très stressé. Preuve en est qu’il continuait quand même ses cours. Néanmoins je tenais à voir ce qu’il avait préparé comme argumentaire après ses obligations et en ce sens on avait pris rendez vous l’un avec l’autre pour voir tout ça. Mais bon. Silgard était Silgard et une fois n’est pas coutume, il avait ajouté express une intervention qui décalait mon rendez vous. J’appréciais moyennement le geste, et pour tenter de désamorcer la situation il m’avait proposé de venir lors de l’opération, le patient lui semblant intéressant. Je n’étais pas particulièrement convaincu de la chose, m’enfin, il m’avait cassé mon planning ce chien donc je n’avais pas grand chose d’autre à faire.

Une fois son cours terminé, je finissais donc par le croiser avec son patient. Un jeune homme amoché de toute évidence. Il était vrai que certains devenaient des humains augmentés par simple plaisir de renforcer leur organisme. En revanche quand c’était volontaire il était assez rare que l’on touche à son visage. Le visage était la partie la plus importante du corps selon les normes sociales humaines. Peu importe le corps ou le talent, un visage disgracieux coûtait socialement.

Face à la pointe “d’humour” du professeur, je répondais laconiquement en un mot.

Hilarant.

Le ton n’était pas sec ou brusque, mais suffisamment monotone pour comprendre que la blague me passait au-dessus et m’indifférait. Les mauvaises langues disaient que je n’avais aucun humour alors que c’était juste que personne n’était en mesure de comprendre le mien. Humour de machine peut être.

C’est quoi son problème celui là ? Bon biologiquement je vois plus ou moins. J’imagine que c’est un problème mécanique vu qu’il est déjà équipé. Enfin… “équipé”. Au moins le masque m'a l’air un peu bancal. En plus d’être esthétiquement douteux. C’est la mode de la nouvelle génération d’utiliser des masques faciaux monstrueux ? C’est pour faire peur ?

Bon, je pouvais aussi demander le pourquoi du comment il était traité ici. Peut être contre de l’argent, peut être contre autre chose. Mais ce n’est pas des choses à dire devant le concerné.

Tout en attendant une réponse du scientifique, je tournais mon visage inerte vers le balafré.

Enchanté. Olivia. Administratrice de l’ESAN et grand manitou des lieux. Vous êtes ?
Mer 2 Oct - 16:31

Science de comptoir


Le ton laconique de la poupée jure avec son visage statique. Tu penses vaguement au fait que tu n'aurais pas aimé la croiser de soir, dans une rue déserte. Tu vas décidément en rêver. Un soupir rauque filtre par ton masque alors que tu lances un regard fatigué vers la porte.

C’est la mode de la nouvelle génération d’utiliser des masques faciaux monstrueux ? C’est pour faire peur ?

Un bref sourire ellipse tes traits ; le coin de tes yeux s’effilent, puis retombent.

Je crois que nous rivalisons en terme de visage.

Olivia, une automate gestionnaire d'une des plus prestigieuses institutions d’Epistoli ; ça ne te surprend pas de la part de cette ville axée ferailles, mais un minime sentiment de dédain accueille cette information.

Jeritzah, que tu réponds à ton tour, alors que le professeur fait un coeur ouvert avec sa bouche à l'écoute de ce prénom complet.

Tes pupilles ricochent sur le faciès statique de l’administratrice. Impossible de dire si l'hermétisme de la matière inanimée t’agace ou te rend mal à l'aise.

Sildgard joint ses mains avec un enthousiasme exagéré : Il faudrait enlever cette prothèse jeune homme, si on veut commencer !

Voilà. Le visage en dessous, c'est celui qui fait peur, mot qu'a si bien employé Olivia, ou c'est celui dont tu as peur, au choix. Pour chasser le mal être, tu décroches les sangles d'un geste souple et rapide. Tuer l’hésitation dans l'oeuf, t'as appris ça bien avant ta carrière militaire. T'as appris ça dans les arènes de combat, où chaque millième de seconde avait le poids de la vie.

Le professeur semble lutter contre un mouvement de recul et d'approche simultanés - enfin, c'est ce que tu perçois dans ta vision périphérique, car ton attention s'est reportée sur Olivia. Sur son expression complètement immobile, où tu ne risque pas de voir les variations d'un visage qui se décompose sous la fascination morbide.

Le Myste t'a rongé comme un cancer.

Pourquoi une poupée, tu demandes de but en blanc en la dévisageant avec ce qui ressemble à de l'agressivité.

Dans tes muscles, tu luttes simplement contre le fait de te retrouver ainsi exposé. Tant qu'à être dans le sujet frivole de l’apparence, autant y aller franchement. Silgard s'éloigne avec la prothèse pour l'inspecter sur une table éclairée, plus loin, mais tu te doutes qu'il écoute d'une oreille très attentive.

Tout compte fait, Olivia est une distraction bien trouvée.
Jeu 3 Oct - 9:14



Compliqué

Jerah




Rivalisons en terme de visage ? Hum. Certes on pouvait me prendre pour un jouet hanté d'une certaine manière, mais j'étais plus dérangeante qu'affreuse au niveau de mon apparence. Enfin... les superstitieux avaient leurs lubies, sans doute que je pouvais effrayer ceux qui avaient une peur trop irrationnelle des jouets à cause d'histoires d'horreurs ridicules.

Dans tout les cas, cela m'était relativement indifférente. En tant que tel, je n'avais que peu d’intérêt pour ce que l'on pouvait penser de moi. Mais ce visage figé n'était pas sans problème. J'apprécierai pouvoir l'animer, mais malheureusement au vu du nombre de muscles faciaux chez les humains, cela restait difficile... Peut être dans quelques décennies, mais aujourd'hui c'était bien trop tôt, à mon grand regret. Après tout mon mutisme facial me donnait une apparence trop artificielle, alors que je faisais tout pour paraitre naturel. Je faisais tout pour émuler des sentiments en variant les postures, les intonations et les pauses. Je mimais même le fait de soupirer ou de devoir reprendre ma respiration. Bref, tout était fait pour donner l'impression que j'étais vivante.

Ce petit jeu n'avait pas pour cause mon souhait de devenir vivante ou un véritable éveil, non c'était surtout stratégique. L'humain a deux grandes faiblesses exploitables quand on en fait pas partie, son empathie naturelle et sa capacité à transposer sa nature sur tout ce qui feint d'y ressembler même légèrement. Stimuler l'empathie des gens m'aidait dans ma tache et mon musique lui était un boulet dans cette opération.

D'une certaine manière c'est assez véridique. Enfin... les automates sont par principe des monstres selon certaines personnes donc c'est le thème.

Je le laissais ensuite se présenter tandis que le professeur se préparait à son opération. L'invité retirant ensuite son masque pour montrer son véritable visage de toute évidence bien écorché. A la vue des dégâts, la cause était probablement chimique, il fallait dire que les cicatrices étaient à première vue assez spécifique et j'avais dans ma mémoire tout un panel d'exemple pour comparer les images sans difficulté.

Néanmoins, je détournais rapidement le regard vers le scientifique, mon intérêt pour des cicatrices était assez faible il fallait l'avouer. Je n'étais pas médecin et je n'avais pas de fascination particulièrement pour la chair, les corps, la mort ou les maladies. On me reprochait certes souvent d'être un savant fou, mais je ne faisais ni dans le glauque, ni dans le morbide. Le sadisme n'était rien d'autre qu'un désir inutile qui faisait perdre du temps plus qu'il en faisait gagner. D'autant plus que la curiosité pour la curiosité n'avait à mes yeux aucun intérêt. Seul l’intérêt pratique des choses avait de l'importance. Et il n'y en avait pas ici.

Ainsi, initialement, je ne comptais pas intervenir plus que ça dans cette opération. Mais le destin en voulait autrement car ce fut le patient qui se décida à m'interroger directement.

Pourquoi une poupée ? Bonne question.

Et bien aucune idée. Il faudrait demander à mes créateurs mais ils ne sont plus là pour en parler. Ce sera difficile car ils sont probablement tous morts depuis trois millénaires approximativement.

Mon âge n'était pas vraiment un secret. A partir du moment où j'étais plus vieille que le premier des automates modernes, il était évident que je venais d'une autre époque.

De ce que j'ai compris, j'étais un loup solitaire, c'est à dire un automate chargé de se faire passer pour un objet avant de s'activer à distance après avoir disparu dans la nature sur ordre des créateurs. Bon, en réalité je n'ai jamais servi car j'ai été reconditionné pour être vraiment un jouet pour une enfant fortunée.

Compliqué compliqué quoi


Grande histoire effectivement.

La courtoisie était surement de dire quelque chose comme et toi. mais vu que je n'avais pas d’intérêt pour tout autre chose que moi même je m'en passerai.