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[PARTIE 3] La vérité gobeline

[PARTIE 3] La vérité gobeline Brandw10
Lun 19 Aoû - 12:14

Petites souris, vous revoilà parmi nous.

Pour le meilleur, ou pour le pire?



La Brume vous hante. Vous poursuit. Peut-être que maintenant, elle fait complètement partie de vous : déterminés à ne plus la quitter, vous voilà dans ses mains - on ignore si vous dansez comme des pantins pour elle ou si vous avez une quelconque chance contre ses desseins obscurs. Mais une chose est certaine, c’est que vous avez réussi à déjouer l’oubli et le temps.

Quelques jours après votre périple dans la forêt de Ciccada, vous voilà à l’Est, bien plus à l’Est. Les troncs décharnés et morts, tordus, et ses hordes de Gobelins, ont petit à petit fait la place à des vestiges de routes, des pavés polis bientôt enterrés sous un goudron d’un ancien genre. L’usine que vous avez visitée, encore vive dans votre mémoire, s’est vue remplacée par d’autres sites que le temps a abîmé, partiellement rongé. Usines après usines, hangars après maisons, puis immeubles d’habitation: vous saviez déjà où vous vous rendiez. Dans la ville de Cicadia.

C’est ainsi que vous arrivez là après quelques jours de voyage, devant vous une ville pratiquement intact si ce n’est pour la brise sinistre qui parcourt ses rues. Vos souvenirs sont encore vifs, les mots griffonnés sur un papier dans le bureau de Kifleeks vous hantent. La possibilité d’une découverte incroyable, divine - presque, vous transcendent et vous enivrent, tant est si bien que c’est presque fiévreux et enjoués que vous avancez contre toute raison dans la Brume qui se fait de plus en plus épaisse à mesure que vous rejoignez la basse ville.

Vous vous retrouvez là, dans une rue au summum du lugubre. C’est le petit matin, mais on a l’impression que c’est le cœur de la nuit. La lumière du soleil peine à vous atteindre sous la Malicieuse, au travers des tours et des toits décharnés qui vous encadrent. Pour ceux qui ont déjà vu Opale, Epistopolie ou Xandrie, vous ressentez un vague sentiment de familiarité, pourtant mis à mal par ce que vous voyez - une vallée dérangeante qui vous prendrait presque aux tripes. Il fait particulièrement frais - ou alors est-ce le souffle nauséabond qui semble supputer de la moindre parcelle de bâtiment abandonné, de terre. Tout sent la mort.

Oui, elle rôderait presque en personne, à Cicadia… La mort est toute proche. Retrouvez-vous, enfants de l’enclave. Profitez du silence pour mettre à jour votre plan, on perçoit déjà le cri des blumeux. Car d’ici peu, vous le sentez: la mort est toujours au tournant.
Mar 20 Aoû - 21:43


La vérité gobeline - P3

Jane + Bob - Nostell - Artémis - Farouk et Crag (PNJ)


L’Expédition de l’Albatros dans les landes de Cicada était un roman à elle toute seule.  Les inconnus qui étaient montés à bord avaient du resserrer les rangs et montrer leurs faiblesses pour sortir de la brume.

Qu’en restait-il ? Une contine et un jeu de clefs. Cela n’avait l’air de rien, mais cela dépassait les espérances les plus folles d’Ellendrine. C’était une femme comblée. Elle avait tant de matériau de recherche qu’il lui faudrait obligatoirement en déléguer une grande partie à une autre expédition menée par la guilde des archéologues… un jour… un jour… le plus frustrant dans cette brillante trouvaille est qu’il fallait l’emmurer dans le secret.

Après avoir pris ses dispositions pour que ses collègues soient à leur aise à Opale, elle chemina à travers une ville qu’elle trouvait totalement changée. Les murs lézardées de certaines bâtisses portaient parfois encore des marques de brûlures suite aux affrontements contre les terroristes. Un prédicateur de rue lui agrippa la manche presque avec hargne :
« Libérez-vous de vos vanités ! Sauvez votre âme !! »

Si Farouk l’avait accompagnée, cet homme aurait perdu la tête. Mais elle souhaitait presque qu’il l’ait fait. Bien que native – de haute noblesse, qui plus est, elle ne se sentait en rien rassurée dans les rues d’Opale, qui exsudait le mysticisme. Nimbée de brume, les frontières de la région étaient cernées de balises, ce qui, pour des aventuriers jouant à saute-moutons en Zeppelin au-dessus de la brume, n’était pas bien rassurant. On n’avait pas l’impression d’être revenu en Urh, mais d’errer dans une contrée chimérique. Vu du ciel, une partie du pays se faisait lentement encercler par les bras de la Malice.

Pressant le pas, l’aristocrate parvint enfin à destination. Entre les murs de la banque d’airain, rien n’avait changé. Elle ne regrettait pas d’avoir fait un effort de toilette et de s’être paré d’un beau chapeau, qu’elle portait de guingois. Ici, nul ne pouvait se prévaloir de quelque autorité. Ni le Conseil des Sept, ni le Magistère, encore moins la puissante Guilde des monétaristes. C’était un coffre-fort absolu, tellement hors du temps qu’elle ne doutait pas que ses trésors y perdurerait pendant deux milles ans si ils disparaissaient pour être retrouvés par les prochains archéologues en quête de sensations.

Dans son casier, Ellendrine déposa les précieux cristaux énergétiques récoltées à l’usine. Si elle mourrait, seul son époux serait alors en mesure de les réclamer. Même s’ils seraient controversées, la scientifique espérait que certains de ses pairs sauraient faire naître de leur technologie le futur d’Aramila… c’est la raison pour laquelle elle rongerait son frein et ne cèderait à aucune publication avant que le site ne soit investi par des sentinelles et que les recherches n’aient débuté.

A l’hôtel, Ellendrine se hâta de dire tout le bien qu’elle pensait de Nostell à l’intéressée.

-« J’ai été impressionné par votre prestation, Nostell. Vous me surprenez sans cesse… bien que votre âge soit trompeur… loin de moi l’idée de vous forcer la main ou de limiter vos perspectives, mais je souhaiterais vous offrir une opportunité : si vous êtes libre de toute mission, une forme de priorité pour recourir à vos services pour ce genre de mission épique… Comment concevez-vous votre avenir… »

D’une autre manière, l’aristocrate essayait élégamment de tracer la ligne pour définir les allégeances…
-« Bien sûr, les autres m’ont aussi bluffés. Nous avons marché comme un seul homme… pourtant, je ne peux pas me reposer aveuglément sur n’importe lequel d’entre eux. Certains ont peut-être des agendas cachés… Nostell, puis-je vous faire confiance ? Votre loyauté m’est-elle acquise ? »

Ses yeux vert se faisait étrangement grave et perçant en cet instant.

Alors, elle repensait à la contine trouvé dans le compartiment secret du tiroir de Kifleeks, ce grand maniaque de l’ordre et des détournements :
Il marchait sur la terre, foulant le sol en de multiples endroits. Son esprit infini n’était que connaissance, il est celui qui ouvrait la voie. Sohrias, esprit Eolien, tu es celui que nous suivrons - présent au début et à la fin du chemin, ton esprit infini guide nos pas.

-« Serez-vous de mon côté si nous parvenons à trouver le trésor tant espéré à Cicada ? »

Pas question de laisser qui que ce soit prendre la tangente avec un cristal divin. Elle ne prenait pas de chance. Cassandre avait reçu l’ordre de saboter le Zeppelin en cas de tentative de détournement, quand bien même ce geste devait tous les condamner, si loin dans la brume… A défaut de devenir Demephor, Ellendrine se voyait-elle devenir le nouveau Sohrias? On le saurait bien assez tôt.

Sur les traces de Sohrias, les éoliens ne pouvaient pas attendre bien longtemps, de peur que le Magistère -on ne sait trop comment par les tours de diables dont ils ont le secret – ait vent de leur projet et les plaque à l’aérogare.

Tandis que l’Albatros s’élevait loin de l’Opale blessée, Ellendrine réunissait tout le monde dans la salle autour de la grande table ronde, installée au milieu de filets suspendus, comme la première fois. A la différence prêt qu’il avait cette fois fallu caser un Warg sur le pont extérieur de vaisseau. L’animal furieux crachait et feulé en se retournant sans cesse dans cet espace ridicule. Farouk devait jouait les maîtres dompteurs avec Crag et leur avait fossé compagnie. Ellendrine se refusait à intervenir. Il y avait d’autres chats à fouetter…

-« Je pense que vous avez tous mérité un traitement d’égal à égal. Puisque vous avez choisi de venir de votre propre chef pour cette suite imprévue, je dois vous dire que cette fois, c’est vraiment le plongeons dans l’inconnu. Dans notre hâte, je n’ai rien préparé. Nous avons des cartes éparses, des légendes… tout ce que je peux vous dire, c’est que nous partons encore plus loin que n’importe quel Urhois de notre génération… et que Cicada est un mystère épais… il paraît que cette cité fut la dernière poche de vie, d’après le récit d’une Saraph que j’ai pu me procurer… mais la cité est on ne peut plus dangereuse. Même son espèce l’a toujours soigneusement évitée… »

Elle ne put réprimer un voile d’inquiétude sur son visage.
« J’espère que vous avez bien rempli vos inventaires en armes et potions. Nous aurons assurément besoin de toutes les ressources imaginables. Et je ne peux pas garantir que nous en revenions… »
Sur ce discours très encourageant, ils avaient atterri et approchaient la cité à pas de loups…

Personne ne faisait la fine bouche, même si la pestilence était annonciatrice de rencontres cadavériques, au cas où les blumeux ne se seraient pas montrés assez éloquent. En réponse, Farouk épaula sa mitrailleuse Dexar en carrant les mâchoires. Il avait mal digéré les dernières rations de voyage. Quand il était de mauvaise humeur, mieux valait ne pas l’énerver.

Ven 23 Aoû - 20:51

The Goblin Truth - Finale

starring Jane Kaldwin & Nostell An'mbeidh & Ellendrine Brightwidge & Artémis de Goya

Arrivés à Opale afin de faire une pause après les évènements de l'usine de Kifleeks, je pris rapidement congé de mes comparses -un peu à regret concernant la strigoi- et fit ce que j'avais à faire. Acceptant sans protester l'hébergement offert par la générosité de notre employeuse, je mis mon plan en marche. J'imaginai que nous reviendrons à Epistopoli mais de par sa proximité, Opale était toute indiquée pour une escale. Cela ne changeait pas grand chose à mes propres instructions. Peu après m'être installée, je partis immédiatement pour l'antenne de la guilde dans la capitale, ordonnant à Bob de se faire discret.

Il était assez compliqué pour un agent de la guilde hors mission et hors supervision de rentrer dans le milieu sans y avoir été invité au préalable. Par acquis de conscience je vis de loin l'emplacement d'une des boites aux lettres mortes les plus connues de la guilde. Je profitai de l'environnement légèrement brumeux pour m'adosser à un mur d'une rue fréquentée et observer les alentours sans trop attirer l'attention. Personne n'avait l'air décidé à aller vers la dite boite aux lettres... Un cran, utilisé pour la fermer était relevé, signe qu'elle était vide. Mes yeux en revanche se plissèrent légèrement lorsque je vis une femme très bien habillée avec un chapeau porté de guingois sortir à grands pas du bâtiment derrière la boite. Étrange, cette démarche m'était familière...

Après plusieurs minutes d'observation, je quittai ma position et repartit en évitant discrètement une congrégation de fous qui hurlaient à qui voulait l'entendre ou non que l'effondrement était proche, qu'une guerre mondiale approchait... Hm constatai-je avec dépit en voyant une façade criblée d'impacts de balles. Je me rappelle bien de cette attaque terroriste qui voulait s'en prendre à tout le gratin d'Uhr. J'y étais... Des agents à nous y ont été blessés voire tués, une poignée parmi eux s'étaient avérés être des agents doubles. C'était un vrai carnage... Je préférai chasser ces pensées noires pour me reconcentrer sur ma tâche. Je savais que je n'étais pas loin du bâtiment occupé par la guilde et qui servait de quartier général à toutes les opérations des espions en Opale, ici en plein cœur de la capitale. Une rencontre dans le parc le plus proche et un jeton miroité sous des yeux incrédules et rapidement inquiets eurent raison de la suspicion d'un agent qui faisait le planton qui s'empressa de me conduire en lieu sûr, étant accueillie avec fébrilité et respect.

Parmi mes agents, mon debrief de la mission commença immédiatement et je fus très rapidement en lien avec mes collègues du Haut Cercle et le chef de l'antenne d'Epistopoli. Toutes les informations et les images récoltées par Bob pendant notre opération sous couverture furent partagées et certaines commentées. Les profils de mes compagnons furent également examinés ainsi que le modèle du dirigeable utilisé par Brightwidge. Nos trouvailles dans l'usine, les images des combats contre les gobelins ou les bestioles dans la grotte, le bureau de Kifleeks... tout fut passé en debriefing sous les yeux des chefs de mon organisation. Inutile de dire que chaque personne conviée à ce debriefing à huis clos était très intéressée par la mission d'exploration. Nous savions que la pêche avait été bonne et que si quelqu'un voulait des informations sur ce qu'avait fait Brightwidge ces derniers jours hors d'Epistopoli, le prix à payer allait être... onéreux. Toutefois il n'en fut nullement question lors du debriefing.

Les vers du conte, le plan-description ainsi que le trousseau de clefs et un lieu vers l'ancienne Cicadia attirèrent particulièrement l'attention de mes collègues. Nous le visionnâmes tant que j'en arrivai à le connaître par cœur. Tout fut consigné et nous arrivâmes à la conclusion qu'il fallait mener cette affaire à son aboutissement. Le plus d'informations possible sur tout ce qui s'était passé, les lieux ou encore qui était impliqué étaient la priorité. S'emparer du cristal n'était pas dans nos objectifs. Bien que nombre de mes responsables furent frileux à l'idée de me laisser y aller sachant notamment la violence des combats qui y avaient eu lieu, j'arrivai au compromis de me laisser y aller en acceptant un léger changement de dotation car nous avions également convenu que nous allions sans aucun doute rencontrer d'autres ennemis. En l'occurrence, un gilet tactique sous le manteau garni de munitions, d'une sacoche dans le gilet de premiers soins et d'un petit kit de réparation express au cas où il arriverait des bricoles à Bob. J'avais expressément refusé l'adjoint d'une arme longue ou lourde ou encore un quelconque équipement davantage militarisé. Ma couverture était une détective privée, pas une militaire échappée d'un arsenal.

Ma teinture blonde fut refaite mais pas complètement, il ne fallait pas qu'un nouveau blond éclatant soit suspect. En revanche, mes lentilles de couleur furent toutes neuves et je ne les mis seulement à mon retour à l'hôtel choisi par Brightwidge. De là, du repos fut pris brièvement car nous repartirions très vite.


__________


Vous nous avez déjà tenu le même genre de discours avant d'arriver dans ces bois et pourtant nous sommes encore là. J'ai bien l'intention de revenir de Cicadia personnellement, ne serait-ce que pour toucher ce que mes employeurs me doivent. Ça me ferait assez mal au derrière de m'asseoir sur ce paquet de pognon en mourant au fin fond de cette foutue Brume déclarai-je pince-sans-rire en réajustant mon gilet sous mon manteau, les chargeurs de pistolet bien en vue et masque sur le nez. Pendant le laps de temps après le discours, mes mains prirent le relais alors que mon regard se posa un instant sur la strigoi puis vers ce qui nous attendait plus bas et accomplirent des gestes répétés des milliers de fois pendant mes classes et mes années de service, comme si je m'attendais à ce qu'Ellendrine vienne faire une inspection à tout moment. Bob quant à lui était inquiet et resta collé à mes basques sans dire un seul mot. Il n'adressa même pas un regard vers Nostell.

Équipée de la balise, je me tins au milieu de notre équipe, seule lueur dans cette nuit et cette purée de pois pestilentielle et macabre. Le dirigeable avait eu la merveilleuse idée de nous larguer à plusieurs jours de marche de notre objectif aussi, nous devions faire la route à pinces, à la merci de la moindre aberration de la nature qui voudrait nous boulotter. Bob malgré sa frousse fut une fidèle sentinelle quand il était en veille et était prêt à nous avertir au moindre danger. Artémis qui était aussi du voyage avait étrangement l'air plus dans son élément... La fatigue et la tension permanente de l'expédition à cause du danger nous mirent à rude épreuve mais comme le disait souvent mon instructeur, ce n'était que l'échauffement... Les lieux étaient d'une désolation comme je n'en avais encore jamais vu. La Brume était responsable de tout ça, ces lieux autrefois sans doute vibrants de vie, d'action étaient désormais plus morts encore que le premier des cadavres fossilisés. Voir ces bâtiments, ces usines, des habitations aussi vides me donnait presque la nausée. Combien de personnes y sont restées ? Combien ont pu en réchapper ? Combien... n'ont plus été les mêmes après l'irruption de cette saleté ? Et surtout, pourquoi... ?

Peut être que ces questions allaient trouver un début de réponse lorsque l'ancienne Cicadia apparut ou plutôt ce qu'il en restait. J'avais presque l'impression d'être chez moi... mais en ruines ce qui n'était en rien pour me rassurer. La perspective de me dire que ce pouvait être chez moi comme ça me fit froid dans le dos. Ça puait, littéralement. On aurait dit que la Brume avait complètement fait pourrir les chairs des pauvres âmes qui sont restées ici, comme si la décomposition poursuivait son cours malgré le temps écoulé...

Dim 25 Aoû - 10:42

La vérité gobeline - partie 3

Perspectives d'avenir en compagnie de Jane Kaldwin, Ellendrine Brightwidge et Artémis de Goya

Opale avait triste mine. En avait-il toujours été ainsi ? Nostell, qui n'y avait pourtant jamais mis les pieds jusqu'à maintenant, en doutait fort...
Dans cette ville balafrée, les illuminés ne manquent pas.
Elle s'était efforcée de passer inaperçue. Comme une Ombre. Comme celle qu'elle avait été toute sa vie avant de devenir une mercenaire aramilane. Se fondre parmi la foule était chose aisée pour une femme forte d'un tel palmarès. Elle put donc, à travers les rues d'Opale, mener ses petites affaires avec un pseudo sentiment de sécurité.
Je ne dois pas m'appesantir.
D'abord, se réapprovisionner en munitions. Il lui manquait une ou deux flèches, dans son carquois. Très pointilleuse, Nostell ne comptait pas repartir en mission sans disposer du nombre adapté à tout départ digne de ce nom. Ensuite, les balles. Plus simples à trouver, celles-là. La strigoi n'aurait pas besoin de les faire tailler sur mesure, à contrario de ses projectiles plus effilés.
Je ne dois pas non plus oublier ce que je suis.
Du sang frais, afin de palier à une éventuelle "crise de soif" durant cette prochaine mission. Au moment de sa récupération, Nostell dut se faire violence pour ne pas y succomber. Cette odeur cuivrée, si entêtante... intimement liée à des souvenirs guère réjouissants. De quoi l'y faire renoncer plus facilement.
Un mal pour un bien.
En chemin de l'hôtel, au coin d'une rue obscure, la strigoi tomba sur un marchand louche. Un moment de relâchement ? Venant d'elle, c'était peu probable ! Modérément surprise, elle avait été à deux doigts de l'envoyer paître... ou de l'égorger discrètement avant de jeter son corps dans un caniveau. Sauf qu'elle avait renoncé à cette idée lugubre pour finalement lui accorder un brin de son temps.
Elle ne l'avait pas regretté.
Décidément, le lèche-vitrine n'est pas une activité à prendre à la légère.
Ou presque : ses économies avaient fondu comme neige au soleil !
Des achats inopinés. Elle en avait conçu un soupçon de honte, oui...
C'est pour la bonne cause.
Puis, équipée de sa nouvelle cape (d'invisibilité) avec en prime un coûteux cristal vivifié (de Marquage) en poche, la dépensière mercenaire fut de retour à l'hôtel. Elle dut patienter une poignée de minutes avant d'y retrouver son employeuse, qui s'était également occupée de ses quelques petites affaires.
Assise les mains posées sur les genoux, la mercenaire l'avait écoutée patiemment.
On dirait que je lui ai fait bonne impression, malgré ma nature de "buveuse de sang" dont elle a pris conscience au cours de la mission. Elle n'en a pas l'air effrayée. Tant mieux. Il me serait inutile - et surtout embarrassant - de revenir là-dessus.
Un hochement de tête.

- Moyennant finance, je vous suivrai fidèlement et vous donnerai même priorité absolu sur mes autres contrats. J'ai pu remarquer, au cours de notre récente virée, que les risques encourus sont à la hauteur de la rémunération. Il serait idiot de vous tourner le dos maintenant - à vous ainsi qu'à l'équipe.

Elle n'oubliait pas les autres. Le personnel du zeppelin, pour commencer. Mais surtout Cora Raikes, son fidèle robot, Artémis de Goya et le puissant Farouk. Ensemble, ils avaient traversé de sacrées épreuves...
J'en deviendrais presque sentimentale.
Chose proprement inconcevable parmi les Ombres.
Nostell, si elle n'en faisait plus du tout partie, éprouvait toujours un peu de peine à se rapprocher des autres.
Trop d'années de conditionnement. Elles vont être difficiles à effacer.
Au moins en avait-elle conscience.
Lady Brightwidge en avait profité pour saluer leur esprit d'équipe... avant d'émettre des doutes quant à la loyauté de certains.
En entendant cela, Nostell ne sourcilla même pas. Elle soutenait le regard de sa patronne avec un stoïcisme exemplaire quoiqu'un peu... déconcertant ?

- Vos doutes sont tout à fait compréhensibles : ils sont proportionnels aux enjeux. Pour ma part, je ne me soucie que de notre survie et de la solde, Lady Brightwidge. Je n'irai pas me servir dans votre coffre, si cela peut vous rassurer ; je ne chercherai pas non plus à vous doubler d'une quelconque manière. J'ignore comment fonctionnent les autres mercenaires mais, pour ma part, j'ai des principes que je tiens à respecter. Sans eux, vous seriez incapable de me faire confiance. Et sans confiance, cette conversation n'aurait pas lieu d'être.

Elle craignait pour la finalité de ce voyage. Pour le fruit de tous leurs efforts. Pour l'inestimable trésor de Cicada.
Nostell trouvait cela logique. Il fallait bien amortir le prix des déplacements, le coût de la main d'œuvre et du matériel...
Tant de choses qui, en tant que simple mercenaire, ne la concernaient pas.

- Si le succès de notre prochaine mission implique que le trésor finisse entre vos mains, alors il en sera ainsi fait. Je n'ai rien d'autre à ajouter.


Au bord de l'Albatros, l'équipe était au complet. Le décollage ne s'était pas fait attendre. On avait d'ailleurs renforcé la sécurité au niveau du pont extérieur. Une bête sacrément nerveuse surveillait les lieux. Un monstre de crocs jaunâtres et de poils épais qui sollicitait les services de Farouk et d'un de ses collègues.
Pas très optimale, comme organisation.
Ce n'était sûrement pas la strigoi qui allait s'approcher de cet animal dérangé.  Elle préférait de loin les félins à ce genre de bestiau instable. Eux, au moins, partageaient sa discrétion...
Bref ! Et le brief, alors ?
De la bouche d'Ellendrine, cette mission s'annonçait plus périlleuse que la précédente. Des facteurs inconnus. Une destination plus éloignée encore. Des zones d'ombre à la pelle. Un possible aller sans retour vers une cité entourée d'étouffants mystères...
Que pourrait-il mal se passer ? Tout le monde l'ignore. C'est en partie rassurant de se savoir sur un pied d'égalité avec les autres.
Lady Brightwidge n'avait pas l'air très optimiste.
Avant de partir, tout le monde a pensé à faire un tour chez le notaire ? La rédaction d'un testament, c'est important.
Oui : l'expression qu'arborait son employeuse était très inspirante.
Nous ne sommes pas venus jusqu'ici pour y déposer nos ultimes valises.
En bas, les rues lugubres de la Cicada attendaient leur venue.

La Malicieuse pesait sur l'environnement urbain avec sa lourdeur coutumière et invariablement suffocante. Nostell, aux côté des autres, avait d'ores et déjà empoigné son arc. Elle avait un goût bizarre en bouche. Quelque chose d'amer qui la mettait mal à l'aise. Une sensation de danger qui ne la quittait plus depuis son immersion dans la Brume. C'était pareil pour tous les autres, vraisemblablement. La strigoi, dans son silence, arrivait à dissimuler son désagréable ressenti. Elle respirait aussi calmement que possible, ses yeux verts guettant le moindre signe de danger à l'horizon...
Si un jour Xandrie devait ressembler à ça...
Sa ville d'origine lui manquait-elle ?
Difficile à dire : Nostell n'en conservait pas d'excellents souvenirs.
Dans ces rues froides et abandonnées, la mort est simplement plus pesante que la normale. Et elle va sans doute nous frôler à plus d'une occasion. Le truc, c'est de savoir lui filer entre les doigts.
Des cris, au loin. Pas des plus accueillants, non.
"Vous n'êtes pas chez vous, ici."
Mar 27 Aoû - 16:17


Dès leur arrivée, l’équipe se sépara presque naturellement. Artémis siffla dans le vide, appréciant l’arrivée élégante de son pégase, Ablette, qui le conduirait loin d’ici. Originaire d’Opale, sur le papier, le vagabond vivait surtout dans la forêt de l’Arbre-Dieu depuis fort longtemps. Là-bas, il se sentait à son aise. On ne pouvait parler à ce jour d’une réelle alchimie entre membres du groupe, donc les quitter ne fut pas extrêmement difficile. Il comprendrait plus tard que cette séparation ne serait que de courte durée. La suite ne fut pas particulièrement intéressante, mais ô combien reposante pour cet homme usé par ces nombreuses aventures dans la Brume. Partie de chasse avec ses bêtes, préparation du festin, lavage des vêtements souillés par le sang… Quand enfin il fut rassasié, il put s’abandonner à un long et doux sommeil. Ablette posté devant sa grotte, il pouvait fermer les yeux sans crainte.

****


A peine le temps de récupérer qu’il était temps de remettre le couvert. La finalité de toute cette expédition, si l’on se fiait aux éléments recueillis, serait un cristal divin. Artémis en avait vu beaucoup trop dans une seule vie. Le premier était en possession de Jessamy, le second devrait être en possession du jeune Lewen, mais il ne l’avait plus revu depuis les évènements de la tour d’Yfe. Jamais le vagabond n’avait convoité de tels objets, faisant souvent ressortir les pires pulsions chez l’Homme. Sur le zeppelin, Artémis fut assez content de retrouver des visages familiers. Comme précédemment, il trouvait l’équipe un peu trop légère pour une telle aventure. Mais comme précédemment, il allait certainement se tromper, sous-estimant bien malgré lui les capacités de ses alliées.

« Chaque voyage dans la Brume est hasardeux, mademoiselle Brightwidge. », fit-il sans plus de cérémonie. « La seule chose que l’on puisse faire, c’est de se préparer au mieux à vivre l’enfer. Tout le reste n’est qu’adaptation. Mais toutes, ici, n’êtes plus à votre première fois, vous savez tout cela. ».

Ce ne fut pas expliqué de manière supérieure, ni même sous le ton d’un professorat, mais simplement comme le ferait un homme ayant vécu des horreurs. Un homme presque inexpressif, le regard dans le lointain, songeant probablement à ce qui les attendait sur place. Ses lumineux, brillants, vinrent rapidement se poser sur le Bob, le robot. Elle sera fâchée de le revoir. Oui, elle ne sera vraiment pas contente, songea-t-il sans rien dire.

****


Après des jours de marche, non sans encombre, la petite troupe arriva dans une cité. En effet, dès leur entrée dans la Brume, des dangers mineurs s’étaient présentés à eux, comme pour les tester, sans trop les entamer. La Malicieuse se jouait d’eux. Les autres ne pouvaient le remarquer, Artémis le savait du fait de sa relation particulière avec cette dernière. Pour l’instant, cette expédition ressemblait davantage à une randonnée pédestre qu’à autre chose, mais la vigilance devait tout de même rester élevée. Ils arrivèrent donc à l’entrée d’une cité, naturellement en ruine. Une odeur pestilentielle s’attaqua à ses narines. Lui, qui s’amusait à utiliser l’odorat développé du canidé sommeillant en lui, préférant sans mal de s’en défaire. Ce pourrait être Xandrie, pensa-t-il après une brève observation. Dans quelques mois, si nous ne parvenons pas à arrêter l’avancée de la Brume, ce pourrait être Xandrie.

Alors plongé dans sa contemplation relative des ruines environnantes, observant et s’attendant à voir surgir des monstruosités de la Brume, des cris attirèrent l’attention de la fine équipe. Ce son était familier de tous les aventuriers : des blumeux. Artémis afficha un sourire perplexe. En effet, la présence de ces corbeaux était souvent évocatrice de malheurs. Et le vagabond avait naturellement vérifié cette rumeur. A plusieurs reprises. Si les blumeaux ne représentaient pas un réel danger, les grognements gutturaux que l’on entendait par-dessus, de plus en plus réguliers, était annonciateurs de catastrophes à venir. L’homme aux cheveux d’albâtre dégaina son merveilleux sihil de son dos. Forgé par un ami nain, cette lame était aussi sublime que solide. Il n’existait plus aucun adversaire capable de le confirmer.

Il était inutile de prévenir les autres. Ils n’étaient pas stupides et avaient entendu les mêmes sons.
Mar 27 Aoû - 20:01

Glaives à la Brume.

Montrer les crocs.



Les râles sont déchirants. Horribles… Sinistres. Tout autour de vous est lugubre. Lugubre à en crever. Sur vos épaules, c’est le poids de la Brume qui semble s’épaissir de secondes en secondes, s’imposer sur vous, couvrir vos sons. Comme la neige. Tous les bruits sont étouffés.

Sauf ces cris déchirants que vous commencez à percevoir. Il y a des blumeux; oui. Vous remarquez les volatiles s'accumuler non loin de vous. Ces petits corbeaux pâles, morts, leurs yeux couverts d’yeux perçants qui vous observent tous. Leurs présences peuvent vous surprendre, même s' ils se fondent à merveille dans le décor. Voir un ou deux blumeux, c’est une chose. Les corvidés traînent près des villes, vous en avez tous vu auparavant. Mais jamais en un si grand nombre, si gros: ils sont davantage des vautours que des corbeaux.

Pourtant, ils ne sont pas hostiles. Aucun d’eux ne semble belliqueux. Plutôt… Curieux. Ils vous observent tous, c’est certains. Aucun de leur œil est rivé ailleurs que sur vous.

Un grognement rauque derrière vous… Un jappement bestial. Vous l’avez entendu plus loin, mais il s’est considérablement approché. Vous n’avez pas vu venir, derrière vous, le premier incube, bave aux lèvres, qui fonce sur vous comme un dément. Sa cible est Farouk - même si vous sentez que vous serez bientôt tous débordés. Chef d’une meute de cinq incubes, ils avancent ensemble, et quand le premier trouve sa cible, vous vous retrouvez rapidement à devoir vous occuper de l’un d’entre eux.

Mais un coup d'œil au-dessus de votre horizon vous fera comprendre que ce n’est pas fini: d’autres arrivent. La rue entière est infestée d’incubes.
Avancer semble être votre seule issue - revenir sur vos pas ne sera plus possible. Si vous arrivez à vous débarrasser des incubes, toutefois…
Mer 28 Aoû - 19:07


La vérité gobeline - P3

Jane + Bob - Nostell - Artémis - Farouk et Crag (PNJ)



Rien n’est certain dans cette expédition. Lady Brightwidge-Dalmesca est toutefois heureuse de voir la loyauté de Nostell renouvelée et la fine équipe réunie. Rester dans une Opale aussi ébranlée n’a rien d’une sinécure. Le parfum de déclin est omniprésent. La peur rend les esprits extrémistes, tant au sein du peuple que des familles dirigeantes. D’ailleurs, dans la confusion, sa vie est plus en péril que jamais au sein de la capitale, tant les menaces d’assassinat déclarées par son frère Amal planent dans son esprit…

A bord de l’Albatros, Jane et Artémis se montrent courageux et froidement réalistes. Elle porte sur eux un regard profond. Sans pouvoir les dédire, elle se retient d’ajouter que contrairement aux fois précédentes, ses connaissances seront d’une aide limitée, sur la géographie des lieux, leur faune, peuplades… Ils seront à l’aveugle, n’étaient ses gants de Lusta…

La mélopée sépulcrale qui les accueille en plein jour n’annonce que du malheur. La troupe avance courageusement sans trop faire cas des blumeux. Mieux vaut ne pas trop les approcher, vu qu’ils absorbent la chance alentours. Même le warg indiscipliné les toisent avec suspicion en grognant, ses lourdes pattes soulevant de la poussière dans l’avenue.

Une ruade véloce fond sur eux dans un jappement guttural. L’ex sentinelle n’a pas le temps de réagir qu’un incube aux babines écumantes de rage bondit vers sa gorge. A peine a-t-il levé la mitrailleuse en travers de son visage que le molosse est sur lui. Ses mâchoires claquent. Heureusement, Crag est en pétard de voir un mort-vivant s’en prendre à son maître et arrache l’incube à sa prise en secouant la tête sur le corps gélatineux, avant de l’envoyer s’exploser contre un lampadaire.

Ellendrine ne peut s’en prendre qu’à elle-même pour avoir trop tardé à lire les fils de la destinée grâce à sa cognition. Ses réflexes ne valent pas ceux de Farouk. Sa science repose sur l’anticipation et la stratégie. Et le choc de l’assaut sur son ami l’a détourné d’une menace bien plus urgente sur sa personne. Un incube jappe et bondit dans le sillage de son chef. Si elle tente de l’éviter, elle n’est pas assez rapide. La chose darde ses redoutables crocs dans son mollet et les y enfonce fermement de plusieurs centimètres. Dans un hurlement dément, elle panique et pleure… non sans pointer le canon de son fusil à la base du cou de l’abomination et de presser la détente. Œil pour œil… hélas, sa blessure et la panique nuisent à sa précision. L’incube bondit au moment où elle presse la détente. La balle dévie et lui arrache seulement une patte. Évidemment, un chien zombie ne s’arrête pas à ce genre d’argument…

C’est tout une armée coordonnée qui leur fond dessus. Pire que les gobelins de l’usine, où ils avaient au moins pu se retrancher. Il ne faut que quelques secondes à l’aristocrate pour lire le massacre imminent. Ils sont en terrain découvert, pris de court. Déjà tous les autres sont aux prises avec un incube. Farouk peine à ouvrir le feu sans risquer de toucher ses amis. Et derrière se profile une marée de soldats affamés. Sa jambe saigne abondamment. Son esprit palpite de confusion. Malgré tout, elle s’accroche et tente de penser jusqu’au bout. Trouver une solution.
-« Sam, désactivation, repli ! »

Sa main tremblante attrape le totem d’exerus. Le fétiche de célérité adjoint par ses achats à Opale fera toute la différence. La créature mystique est invoquée. Le tigre blanc pourvu de son encolure spectrale apparaît devant elle au milieu du combat et la sépare de son assaillant principal. Aussitôt, elle s’affaisse contre lui. A renfort de volonté, elle utilise les pairs de bras de l’exerus pour la mettre en selle. Un nouveau cri de douleur s’échappe lorsqu’elle enfourche le col, à cause de la pression sur sa jambe ensanglantée. Pas le temps de s’occuper du flot rouge abondant qui inonde la fourrure immaculée.

Jane émet à son tour un hurlement. Dans un ultime effort de clarté, Ellendrine utilise le totem pour saisir la détective par le thorax et la tracte sans ménagement sur le dos de l’animal.

"Br... Brightwi... Urglk... S...Sam..."

-« Accrochez-vous Cora ! Soyez forte ! » crie-t-elle en carrant ses mâchoires, le souffle court. L’exerus vrille sur place pour repousser une tentative d’attaque des incubes, manquant de renverser un allié dans la mêlée. Il ne faut pas rester là plus longtemps !

-« Retraite ! »

Dans un élan de compassion pour Cora – et aussi par culpabilité pour avoir failli endommager Sam lors de la dernière mission – Ellendrine fait une tentative limite pour attraper le petit robot avec les multiples bras de l’exerus. Sous sa forme repliée, il est rond comme un œuf et se dérobe malheureusement. L’incube à trois pattes le percute et le fait tourner sur lui-même… hors d’atteinte.

Trop tard, ils sont débordés. Ellendrine active l’hypervélocité au moment où des incubes se rapprochent dans des grognements infernaux qui emplissent tout. L’odeur est accablante, son cœur cogne dans sa gorge. Elle transpire abondamment et sa vision se brouille. Tout juste tient-elle grâce à l’adrénaline infusant ce corps qui refuse encore de se livrer à la mort. Sans prendre le temps de constater si Cora est toujours cramponnée à l’exerus ou si Nostell a pu s’y hisser, sans même un regard en arrière vers Crag, Farouk et Artémis, elle lance l’exerus à pleine vitesse. Les bâtiments défilent dans un flou artistique, jusqu’à ce qu’elle détecte une large entrée pourvue d’escaliers de pierre. Sans doute un bâtiment officiel.

Son œil rivé sur cet objectif, elle se sent chanceler, ses forces l’abandonnent déjà. Pas encore !  Ses phalanges blanchissent en serrant le totem, tout comme ses dents sont serrées et qu’elle déglutit un sanglot de rage et de dépit. L’exerus sinue sur les marches de pierre. Là où les débris jonchent les marches, il escalade et contourne, là où les marches disparaissent dans un trou sans fond, il s’agrippe aux murs et à la rampe pour dépasser l’obstacle. Après plusieurs étages, la carcasse fatiguée a perdu sa vélocité. Elle se traîne lourdement dans une pièce dévastée, dont Ellendrine n’a même plus la clarté d’esprit d’inspecter le détail. Le totem s’évanouit. Ellendrine et Cora gisent au sol, souffrant de leur chute. Les autres ont-ils suivi ?

Le totem repose à vingt centimètres de sa main ouverte, ses yeux papillonnent, le sang continue doucement à couler.
-« Coraa… » croasse-t-elle faiblement.

En arrière, sur le front, le combat a continué un instant. De sa queue, le warg propulse un incube sur deux arrivants en grondant.

-« Partez en avant ! Je vais tenter de les retenir ou de les lancer après moi et Crag ! Je vous retrouverai avec son odorat ! » hèle le guerrier qui a enfourché sa monture de guerre, mitrailleuse épaulée.

Le bruit des balles ne fait qu’enrager encore plus l’animal assourdi. Le chef de meute lui a laissé une légère taillade à l’épaule, qui ne réfrène pas sa hargne. Le gros de la meute d’incubes se profile droit dans son piège. A la largeur de la rue, il tente de délimiter mentalement une zone d’exclusion gravitationnelle, tandis qu’il confie à Crag sa protection immédiate. Une fois prêt, il renverse le flux de la gravité pour laisser ces maudits chiens s’élever de vingt mètres… lui aussi a reçu une mise à niveau depuis la dernière aventure. Son cristal vivifié d'attraction. Un cadeau d'un certain Feynor Sangrépées, chef du clan des loups zoantrhopes des Monts d'Argents qu'Ellendrine a pu retiré à la banque d'Airain.

Sam 7 Sep - 13:21

La vérité gobeline - partie 3

Les yeux qui cachent les crocs en compagnie de Jane Kaldwin, Ellendrine Brightwidge et Artémis de Goya

Les blumeux : des charognards bardés d'yeux ! Les volatiles observaient le groupe, et ils se trouvaient là, dans les alentours, en grand nombre...
Ceux-là sont volumineux. Ce qui signifie qu'ils ont déjà bien vécu et savent où se trouver à manger. Si leurs yeux sont braqués sur nous, ce ne peut être le simple fruit du hasard ou celui d'une innocente curiosité.
D'entrée de jeu, le pire était à craindre.
Au vilain croissement des corbeaux se mêla un autre bruit. Un jappement. Une respiration forte, profonde et sépulcrale.
Farouk, armé de sa mitrailleuse, fut le premier à s'en mordre les doigts... ou plutôt à se faire mordre au bras par un Incube qui s'était projeté sur lui comme un boulet de canon fluorescent ! Si le monstre mourut, expédié violemment contre un lampadaire grâce à l'assistance du dénommé Crag, le porteur de l'arme lourde se tournait vers le reste non négligeable de la menace morte-vivante.
Une meute de ces abominations !
La mercenaire n'eut guère le temps d'encocher. En se retournant, elle se fit accrocher le bras d'arc. Les crocs verdâtres s'y logèrent avec force, arrachant un cri étouffé à la strigoi qui dut répliquer en dégainant son arme à feu. La balle fit exploser le crâne de l'horrible cabot. Nostell dut fermer les yeux pour ne pas être aveuglée par les éclaboussures.
La situation n'est pas à notre avantage.
D'autres incubes s'en étaient pris aux membres du groupe. Son employeuse, salement blessée à la jambe, avait invoqué son exerus et ramassé Cora, qui n'était définitivement pas au mieux de sa forme.
Une embuscade réussie de la part de l'ennemi.
Nostell détestait avoir à le reconnaître.
Lady Brightwidge avait annoncé leur retraite - une décision logique au vue des circonstances.
Ces chiens damnés sont beaucoup trop nombreux.
Le warg seul n'était pas en mesure d'inverser le cruel rapport de forces.
La strigoi ne s'accrocha pas à la monture de l'archéologue. Avec son pistolet, elle couvrit dans un premier temps leur retraite. Un sacrifice obligé de quelques précieuses balles. Heureusement qu'elle avait songé à faire le plein, quand bien même éprouvait-elle une petite préférence pour son arc.
Ma main endommagée ne peut plus en supporter le poids.
Elle était poisseuse de sang et avait bien failli lâcher sa charge.
Du sang - mon sang. S'écoulant en une belle hémorragie, qui plus est.
C'était bien sa veine !
L'arc rangé dans son dos, la mercenaire se baissa. Entre son flanc et son coude, elle prit en étau le droïde désactivé et esseulé de Cora. Avec sa main valide, elle profita d'un très léger moment d'accalmie pour troquer son arme à feu contre sa dague sombre sertie d'un nascent. D'une pensée, son regard tourné vers la silhouette fuyante de l'exerus, elle en activa le pouvoir d'hypervélocité. La strigoi fila comme une flèche, n'hésitant pas à plonger sa lame dans l'œil de tout ce qui était susceptible de lui faire obstacle.
Si je ne parviens pas à rattraper mes collègues, nous irons au devant de plus gros ennuis.
Oui : le pire du pire était encore chose possible !
Farouk et Crag faisaient office de diversion. Nostell ne pouvait pas se permettre de les imiter.
Son employeuse était sa priorité ; la mercenaire ne devait surtout pas la perdre de vue.
Ainsi, sous l'influence du nascent, elle détalait dans le sillage de la créature-totem bien plus vite qu'une gazelle !
Lun 9 Sep - 15:40

The Goblin Truth - Finale

starring Jane Kaldwin & Nostell An'mbeidh & Ellendrine Brightwidge & Artémis de Goya

Je n'eus même pas le temps de signaler "Contact !" ou "Embuscade !" que nous fûmes déjà attaqués. La présence des blumeux était déjà annonciatrice de prochains malheurs. Je ne laissais que d'ordinaire peu de place à la superstition dans ma vie mais si je mettais cette légende de côté, il était clair que de mes observations, quand un blumeux se pointait, ça puait, littéralement et les ennuis n'allaient pas tarder, en général sous la forme de pourritures de non-vie. Là c'était une nuée entière qui s'était rassemblée, confirmé par Bob. Non seulement ça schlinguait mais en plus, une menace comme on n'avait pas du tout prévue allait nous tomber dessus. Le pic de stress avait failli m'être fatal...

La douleur était atroce. Jamais je n'avais eu un membre cassé aussi net et aussi violemment. L'horrible *CRAC* que je pus entendre malgré le tumulte de l'attaque fut un des bruits les plus affreux que j'entendis de ma vie et je sus d'emblée que mon avant-bras gauche était foutu. Je ne connaissais pas grand chose en médecine mais je le ressentis viscéralement. Le hurlement de souffrance fut le son le plus sonore et le plus déchirant que je pus faire de ma vie car il me heurtait au plus profond de moi même et je le ressentis même vibrer dans ma tête. Comble du malheur, non seulement mon membre fut cassé mais je dus en plus me taper une hémorragie car cette saleté de clebs aurait pu m'arracher le bras mais il repartit avec un lambeau de ma chair. Et pour ne rien arranger, l'incube arriva par ma gauche et sentant que je n'aurai pas le temps de sortir mon pistolet, ma main gauche prit ma lame dans mon gilet mais cette aberration fut plus rapide. Non seulement je ne pus me défendre et que subir son assaut mais en plus dans la foulée, ma lame disparut au milieu de la nuée des incubes. Il ne me restait désormais plus que mon arme à feu à mon côté.

Bob/Sam ne fut pas en reste et comme d'habitude quand il y avait du grabuge, il chercha refuge auprès de moi mais il avait bien vu que j'étais hors course. Pour la première fois de sa vie mécanique, mon automate paniqua. D'ordinaire, j'étais toujours là pour le protéger mais j'étais au tapis et apeuré comme il était d'ordinaire, il ne sut quoi faire. Son "salut" si je puis dire arriva par Ellendrine qui lui ordonna de se désactiver. Il fut balloté mais lorsqu'il était roulé en boule, il était plus résistant qu'actif et il ne le sut pas encore mais ce fut une nouvelle fois Nostell qui l'empêcha de moisir sur place à la merci de la détestable Brume.

Quant à moi, à cause d'une douleur qui aurait pu me rendre totalement folle et de l'hémorragie, je ne me rendis à peine compte que je fus embarquée sur la créature invoquée d'Ellendrine. Je me sentis partir et ma dernière pensée avant de sombrer fut pour mon automate. Br... Brightwi... Urglk... S...Sam... pus-je balbutier avant de perdre connaissance, des filets de mon propre sang me coulant sur le visage et le masque à cause de ma position. Un masque qui pendant mon inconscience et à cause des mouvements de la créature et de ma tête glissa et dévoila le reste de mon visage. Cependant, j'avais bien d'autres choses à me soucier comme ma propre vie. Enfin, il fallait d'abord que je reprenne connaissance car ce n'était absolument pas gagné. Je n'avais pas du tout conscience d'Ellendrine qui m'appelait ou encore que la bataille se poursuivait entre créatures animales et Farouk ni même si mon robot ou Nostell s'en étaient sorties mieux que moi ou encore qu'Artémis était toujours des nôtres. Si jamais je pouvais me réveiller, au moins je pourrai faire usage de mes premiers secours sur moi et les autres si je le pouvais mais avec un bras en moins et une douleur qui allait me poursuivre tout le temps si je n'étais pas prise en charge, ça allait être terrible. Allais-je même m'en sortir vivante de là... ?

Rarement une mission n'avait aussi mal débuté.