Mar 6 Aoû - 22:24
Requête – Le chantier de Gurjke
Ft. Meije et Chaya
Le froid de son pays natal ne l’avait jamais dérangé.
Lagertha se tenait debout, uniquement vêtue d’une cape aux couleurs de la Guilde des Bâtisseurs, ne se souciant pas de la prétendue nudité de son corps de pierre, contemplant le paysage au-delà de Logdar Rim, là où quelques arbres commençaient à se dresser.
Dès qu’elle avait reçu la missive de Bron Polaren, elle avait tenu à se rendre à cette expédition elle-même. Son bureau à Xandrie commençait à se faire bien trop petit pour ses envies d’évasions, et le bois de Gurjke n’était pas éloigné de la capitale. Une petite excursion à visée diplomatique ne lui ferait pas de mal. Le grand air lui manquait, les voyages aussi, et elle avait toujours voulu vivre quelques aventures, comme ces aventuriers, elle aussi. La négociation n’avait été qu’une formalité, et les sentinelles semblaient enclines à la coopérations. Lagertha n’avait pas eu de mal à trouver un accord favorable à sa guilde, sans léser les autres parties.
Elle avait fait appel à une équipe composée de maçons et de techniciens divers. Des golems forts, mais aussi des plus pensants, pour réfléchir à des premiers croquis des chantiers à venir dès leur arrivée sur place. Elle ne doutait pas que les Sentinelles et les Monétaristes feraient de même avec les leurs, surtout s’il fallait escorter la meneuse de la seconde guilde en personne. C’était du moins ce qu’avait entendu Lagertha. Connaissant cette femme, elle se ferait une joie de l’avoir pour compagnie et de mener avec elle cette excursion au-delà de Xandrie.
Pour cette expédition, elle comptait faire de son mieux. Elle avait l’impression d’avoir rajeuni d’au moins cent ans tant elle était enjouée. Elle avait même pensé à apporter des vivres pour organiques, en plus des habituels choisis pour les golems. Elle espérait ne pas avoir fait de fautes en matière des goûts de ses campagnes de voyage.
Désormais sur le lieu convenu pour leur rendez-vous, elle attendait plus ou moins patiemment l’arrivée du reste du groupe qu’ils allaient constituer.
Lagertha se tenait debout, uniquement vêtue d’une cape aux couleurs de la Guilde des Bâtisseurs, ne se souciant pas de la prétendue nudité de son corps de pierre, contemplant le paysage au-delà de Logdar Rim, là où quelques arbres commençaient à se dresser.
Dès qu’elle avait reçu la missive de Bron Polaren, elle avait tenu à se rendre à cette expédition elle-même. Son bureau à Xandrie commençait à se faire bien trop petit pour ses envies d’évasions, et le bois de Gurjke n’était pas éloigné de la capitale. Une petite excursion à visée diplomatique ne lui ferait pas de mal. Le grand air lui manquait, les voyages aussi, et elle avait toujours voulu vivre quelques aventures, comme ces aventuriers, elle aussi. La négociation n’avait été qu’une formalité, et les sentinelles semblaient enclines à la coopérations. Lagertha n’avait pas eu de mal à trouver un accord favorable à sa guilde, sans léser les autres parties.
Elle avait fait appel à une équipe composée de maçons et de techniciens divers. Des golems forts, mais aussi des plus pensants, pour réfléchir à des premiers croquis des chantiers à venir dès leur arrivée sur place. Elle ne doutait pas que les Sentinelles et les Monétaristes feraient de même avec les leurs, surtout s’il fallait escorter la meneuse de la seconde guilde en personne. C’était du moins ce qu’avait entendu Lagertha. Connaissant cette femme, elle se ferait une joie de l’avoir pour compagnie et de mener avec elle cette excursion au-delà de Xandrie.
Pour cette expédition, elle comptait faire de son mieux. Elle avait l’impression d’avoir rajeuni d’au moins cent ans tant elle était enjouée. Elle avait même pensé à apporter des vivres pour organiques, en plus des habituels choisis pour les golems. Elle espérait ne pas avoir fait de fautes en matière des goûts de ses campagnes de voyage.
Désormais sur le lieu convenu pour leur rendez-vous, elle attendait plus ou moins patiemment l’arrivée du reste du groupe qu’ils allaient constituer.
Ven 27 Sep - 19:52
Au-delà des frontières
En compagnie de Lagertha et Meije
Faut-il que cela vous ? Demandait le premier secrétaire de la guilde, soucieux des voyages de plus en plus audacieux de la dirigeante. Elle avait toujours eu un pied en dehors de sa tour d'ivoire, voire au-delà de Xandrie mais, ces derniers mois, elle partait toujours plus loin. Et cette fois, elle flirterait avec la Brume ! Était-ce vraiment sa place ? Le premier secrétaire sait qu'il ne parviendra pas à la retenir, pourtant, comme à chaque fois, elle se tourne vers lui et il brille dans son regard, ce reflet de lui. Ce qu'il imagine qu'elle voit, lorsqu'elle pose une main confiante sur son épaule et lui affirme qu'elle ne peut partir ainsi que parce qu'elle sait, qu'il est là. C'est un peu trop simple pour le convaincre, il ne se laisse pas si facilement charmer. Alors, elle avance les chiffres et il brille autre chose dans son regard, une étincelle irrésistible qu'il n'a jamais su nommer. Ambition. Génie. Machiavélisme. Folie. Entre ses lèvres coulent les arguments auxquels nul monétariste ne saurait rester insensible et il abdique, une nouvelle fois. Il la laisse s'élancer à l'aventure avec ce sentiment diffus, parfois, de la voir s'enfuir.
- Nous avons-vous fait attendre, Dame Lagertha ?
Parée de ses vêtements de voyage flambant neufs, la Monétariste se donne des faux airs de touriste. Ce n'est pourtant pas une balade bucolique qu'ils s'apprêtent à entreprendre. Heureusement, s'ils sont un peu trop neufs pour faire grande baroudeuse, ils ont au moins la qualité d'avoir vraisemblablement été pensé pour les rudes conditions à venir. À ses côtés une poignée d'hommes et de femmes arborant l'écusson des monétaristes, eux portaient des vêtements un brin moins flamboyants, usés par de précédentes aventures. Il y avait là deux hommes et trois femmes appartenant au corps expéditionnaire de la guilde, certainement plus rompus à l'exercice à venir que leur dirigeante. Enfin.. qui sait ?
La brise glacée sifflait dans les cimes proches, un chant inquiétant qui ne semblait pourtant pas remettre en question l'enthousiasme des deux cheffes de guilde qui entreprenaient de discuter des affaires de Xandrie en attendant le troisième et dernier parti de cette affaire et non des moindres ! Figurez-vous, il semblerait que, si les choses ne se déroulaient pas trop mal, il y avait là moyen de non seulement renforcer les liens des Monétaristes avec les Bâtisseurs mais, par quelque miracle, de lier l'incertaine Xandrie à la belle Aramila. Comment voudriez-vous alors entamer l'humeur de la caravanière ? Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait être exactement là où elle devait être.
N'oubliait-elle pas quelque chose ?
- Nous avons-vous fait attendre, Dame Lagertha ?
Parée de ses vêtements de voyage flambant neufs, la Monétariste se donne des faux airs de touriste. Ce n'est pourtant pas une balade bucolique qu'ils s'apprêtent à entreprendre. Heureusement, s'ils sont un peu trop neufs pour faire grande baroudeuse, ils ont au moins la qualité d'avoir vraisemblablement été pensé pour les rudes conditions à venir. À ses côtés une poignée d'hommes et de femmes arborant l'écusson des monétaristes, eux portaient des vêtements un brin moins flamboyants, usés par de précédentes aventures. Il y avait là deux hommes et trois femmes appartenant au corps expéditionnaire de la guilde, certainement plus rompus à l'exercice à venir que leur dirigeante. Enfin.. qui sait ?
La brise glacée sifflait dans les cimes proches, un chant inquiétant qui ne semblait pourtant pas remettre en question l'enthousiasme des deux cheffes de guilde qui entreprenaient de discuter des affaires de Xandrie en attendant le troisième et dernier parti de cette affaire et non des moindres ! Figurez-vous, il semblerait que, si les choses ne se déroulaient pas trop mal, il y avait là moyen de non seulement renforcer les liens des Monétaristes avec les Bâtisseurs mais, par quelque miracle, de lier l'incertaine Xandrie à la belle Aramila. Comment voudriez-vous alors entamer l'humeur de la caravanière ? Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait être exactement là où elle devait être.
N'oubliait-elle pas quelque chose ?
Ven 1 Nov - 12:27
S’aventurer en dehors des sables d’Aramila ou de ses propres frontières de Brume doit immanquablement lui faire l’effet d’un premier bain d’eau de mer – un mélange indéfinissable d’âpreté, de libération et de vertige. Cela ne lui est pas arrivé souvent. Elle n’ignore pas ce qui se dit, ailleurs, de sa contrée natale, et serait bien en peine de démentir l’archaïsme prêté aux siens tant la confrontation avec les diverses formes du progrès est susceptible de la faire vaciller intérieurement. Xandrie, à cet égard, constitue sans doute un juste milieu plus ou moins heureux. L’esprit en proie à d’innombrables alarmes, il lui est parfois difficile de distinguer où finit l’affolement et où commence la curiosité, car celle-ci, malgré la réserve de ses mentors, est absolument invincible, de même que sa propension à reconnaître la beauté partout où elle se trouve.
Depuis quelques jours, Meije est fébrile et ne dort que d’un sommeil léger, peuplé des rares croquis du bois de Gurjke laissés par des Sentinelles retirées. Avec une excitation mêlée de crainte, elle se représente ce qui les attend là-bas, ainsi que sur la route, rêve à ce savoir-faire perdu, peut-être bientôt ressuscité, censé leur permettre de naviguer dans n’importe quelle eau, toute corrosive soit-elle. C’est un espoir collectif, bien sûr, mais aussi personnel : rien ne saurait l’intéresser plus que cet apprivoisement des fleuves et des mers hostiles, que le décèlement de leurs trésors – et de leurs dangers.
La perspective de ce voyage l’a en tout cas soustraite dans une certaine mesure à l’agitation qui règne parmi les Sentinelles depuis quelques mois déjà. Les mobilisations aux quatre coins d’Uhr sont de plus en plus nombreuses et elle sent bien qu’on ne lui dit pas tout. Pourtant, elle se persuade qu’on ne la tient pas tout à fait à l’écart non plus, et elle en veut pour prendre la mission d’importance que Jabril lui a confiée, intercédant pour elle auprès de Bron Polaren. C’est toujours avec un pincement au cœur qu’elle songe au golem, puisque son nom évoque désormais indirectement la disparition de leur Primat, sur laquelle aucune véritable lumière n’a été faite encore ; mais le souci de bien faire et de se rendre utile, l’excitation qui précède chaque début d’aventure et nouvelle rencontre, le désir enfin de prouver à ses pairs sa capacité à endosser de plus grandes responsabilités, tout cela l’oblige à balayer les considérations trop sentimentales et à s’approprier cet esprit du faire avec qui caractérise leurs rangs – et leur manque de moyens. Il y aurait pourtant de quoi chanceler en se figurant aux côtés des cheffes de deux guildes d’ampleur, et c’est évidemment ce que Portia redoute à demi-mots lorsqu’elle lui donne ses dernières directives, qu’elle ne se fasse manger toute crue d’une manière ou d’une autre ; toutefois une telle défiance est difficile à tenir pour une âme aussi tendre que celle de Meije, enthousiaste surtout à l’idée de revoir la dirigeante des Monétaristes et de rencontrer celle des Bâtisseurs, ainsi que d’apprendre d’elles.
La route jusqu’à Xandrie n’a pas été de tout repos. La morsure du froid a progressivement commencé de se faire sentir, l’obligeant de jour en jour à épaissir les vêtements portés sous son armure. Bien qu’il s’agisse d’une contrainte de plus avec laquelle composer, elle a trouvé un certain réconfort à devoir ainsi s’emmitoufler avec soin, éprouvant en fin de compte une plus grande difficulté à endurer l’inconfort des fortes chaleurs. Survivre en milieu hostile est de toute façon quelque chose qu’elle sait faire, s’est-elle répété pour raffermir son courage et sa confiance en elle. Entre les cahots du voyage et les commentaires plus ou moins subtils des quatre Sentinelles censées la seconder, elle a minutieusement réétudié les cartes à leur disposition, annotées en amont par Jabril afin de consolider sa connaissance – purement théorique encore – du terrain. D’anciens repérages leur ont permis de situer l’ancienne scierie tant convoitée, et là s’arrêtent leurs certitudes. Du bout de son index ganté, elle a retracé la route qui traverse les collines et longe une partie du bois de Fienk, la seule proposant un passage à peu près sûr au-dessus des fleuves acides qui rendront leur ravitaillement en eau si difficile. Il leur faudra voyager avec d’importantes réserves, c’est-à-dire s’exposer peut-être davantage à la cupidité des bandits de grand chemin. Leur convoi, d’une taille somme toute assez considérable, leur interdira de quitter les sentiers battus et les empêchera probablement d’accélérer la cadence pour échapper un tant soit peu au froid que les Polaires souffleront continûment sur eux – jusqu’à la protection relative offerte par les bois.
Jabril a essayé de la rassurer avant le départ, bien sûr, et l’un de ses collègues, percevant chez elle une nervosité qu’elle-même n’a jamais été capable de mesurer pleinement, lui a allongé dans le dos une vigoureuse bourrade, au mépris de la dernière soupe qu’elle buvait pour se réchauffer les os. « T’avise pas d’aller faire trempette dans ces eaux-là, hein, la Palmée, a-t-il ri grassement en manière de boutade au-dessus de l’épais trait bleu délavé désignant la Xyzserk, on a encore besoin de toi en période de sèche ! » Comme toujours, elle n’a esquissé qu’un sourire un peu incertain, reconnaissant à moitié la rhétorique prétendument virile assez largement répandue au sein de leurs rangs, mais comprenant entièrement la mise en garde contre la fascination que toutes les eaux n’ont jamais manqué d’exercer sur elle.
Le lieu de leur rendez-vous avec les Monétaristes et les Bâtisseurs a été fixé à Logdar Rim pour raccourcir leur voyage de cinq jours. Elle ne tarde pas à le rejoindre, portant encore son souffle en barbe blanche vaporeuse autour de la bouche, un sourire jusqu’aux oreilles qu’elle ne parvient pas à contenir lorsque les deux cheffes de guilde déjà présentes entrent dans son champ de vision. « Mesdames, les salue-t-elle en s’inclinant respectueusement, je suis très heureuse de vous revoir – un signe plus appuyé pour Chāyā – et de vous rencontrer – un autre pour Lagertha. Je m’appelle Meije, et j’ai l’honneur d’avoir été désignée par Bron Polaren pour vous accompagner dans cette mission – puissent les Douze veiller à son bon déroulement ainsi qu’à notre sécurité. » Elle rosit aussitôt, ne souhaitant pas donner l’impression de se décharger sur les Dieux de la responsabilité qui lui incombe en partie. C’est sans doute pourquoi elle poursuit un peu cavalièrement, bien que la prévenance au fond de sa voix soit tout à fait sincère : « Ê-êtes-vous prêtes à partir ? Avez-vous tout ce qu’il vous faut ? C’est un assez long voyage qui nous attend, d’une dizaine de jours au moins… » Oh, elles ont dû en voir d’autres, se sermonne-t-elle secrètement en craignant d’avoir à nouveau péché par naïveté. Elle prend enfin conscience, en les regardant tour à tour, que son cœur bat un peu trop vite, et qu’elle se sent finalement bien petite, toute grande qu'elle soit en réalité.
Depuis quelques jours, Meije est fébrile et ne dort que d’un sommeil léger, peuplé des rares croquis du bois de Gurjke laissés par des Sentinelles retirées. Avec une excitation mêlée de crainte, elle se représente ce qui les attend là-bas, ainsi que sur la route, rêve à ce savoir-faire perdu, peut-être bientôt ressuscité, censé leur permettre de naviguer dans n’importe quelle eau, toute corrosive soit-elle. C’est un espoir collectif, bien sûr, mais aussi personnel : rien ne saurait l’intéresser plus que cet apprivoisement des fleuves et des mers hostiles, que le décèlement de leurs trésors – et de leurs dangers.
La perspective de ce voyage l’a en tout cas soustraite dans une certaine mesure à l’agitation qui règne parmi les Sentinelles depuis quelques mois déjà. Les mobilisations aux quatre coins d’Uhr sont de plus en plus nombreuses et elle sent bien qu’on ne lui dit pas tout. Pourtant, elle se persuade qu’on ne la tient pas tout à fait à l’écart non plus, et elle en veut pour prendre la mission d’importance que Jabril lui a confiée, intercédant pour elle auprès de Bron Polaren. C’est toujours avec un pincement au cœur qu’elle songe au golem, puisque son nom évoque désormais indirectement la disparition de leur Primat, sur laquelle aucune véritable lumière n’a été faite encore ; mais le souci de bien faire et de se rendre utile, l’excitation qui précède chaque début d’aventure et nouvelle rencontre, le désir enfin de prouver à ses pairs sa capacité à endosser de plus grandes responsabilités, tout cela l’oblige à balayer les considérations trop sentimentales et à s’approprier cet esprit du faire avec qui caractérise leurs rangs – et leur manque de moyens. Il y aurait pourtant de quoi chanceler en se figurant aux côtés des cheffes de deux guildes d’ampleur, et c’est évidemment ce que Portia redoute à demi-mots lorsqu’elle lui donne ses dernières directives, qu’elle ne se fasse manger toute crue d’une manière ou d’une autre ; toutefois une telle défiance est difficile à tenir pour une âme aussi tendre que celle de Meije, enthousiaste surtout à l’idée de revoir la dirigeante des Monétaristes et de rencontrer celle des Bâtisseurs, ainsi que d’apprendre d’elles.
La route jusqu’à Xandrie n’a pas été de tout repos. La morsure du froid a progressivement commencé de se faire sentir, l’obligeant de jour en jour à épaissir les vêtements portés sous son armure. Bien qu’il s’agisse d’une contrainte de plus avec laquelle composer, elle a trouvé un certain réconfort à devoir ainsi s’emmitoufler avec soin, éprouvant en fin de compte une plus grande difficulté à endurer l’inconfort des fortes chaleurs. Survivre en milieu hostile est de toute façon quelque chose qu’elle sait faire, s’est-elle répété pour raffermir son courage et sa confiance en elle. Entre les cahots du voyage et les commentaires plus ou moins subtils des quatre Sentinelles censées la seconder, elle a minutieusement réétudié les cartes à leur disposition, annotées en amont par Jabril afin de consolider sa connaissance – purement théorique encore – du terrain. D’anciens repérages leur ont permis de situer l’ancienne scierie tant convoitée, et là s’arrêtent leurs certitudes. Du bout de son index ganté, elle a retracé la route qui traverse les collines et longe une partie du bois de Fienk, la seule proposant un passage à peu près sûr au-dessus des fleuves acides qui rendront leur ravitaillement en eau si difficile. Il leur faudra voyager avec d’importantes réserves, c’est-à-dire s’exposer peut-être davantage à la cupidité des bandits de grand chemin. Leur convoi, d’une taille somme toute assez considérable, leur interdira de quitter les sentiers battus et les empêchera probablement d’accélérer la cadence pour échapper un tant soit peu au froid que les Polaires souffleront continûment sur eux – jusqu’à la protection relative offerte par les bois.
Jabril a essayé de la rassurer avant le départ, bien sûr, et l’un de ses collègues, percevant chez elle une nervosité qu’elle-même n’a jamais été capable de mesurer pleinement, lui a allongé dans le dos une vigoureuse bourrade, au mépris de la dernière soupe qu’elle buvait pour se réchauffer les os. « T’avise pas d’aller faire trempette dans ces eaux-là, hein, la Palmée, a-t-il ri grassement en manière de boutade au-dessus de l’épais trait bleu délavé désignant la Xyzserk, on a encore besoin de toi en période de sèche ! » Comme toujours, elle n’a esquissé qu’un sourire un peu incertain, reconnaissant à moitié la rhétorique prétendument virile assez largement répandue au sein de leurs rangs, mais comprenant entièrement la mise en garde contre la fascination que toutes les eaux n’ont jamais manqué d’exercer sur elle.
Le lieu de leur rendez-vous avec les Monétaristes et les Bâtisseurs a été fixé à Logdar Rim pour raccourcir leur voyage de cinq jours. Elle ne tarde pas à le rejoindre, portant encore son souffle en barbe blanche vaporeuse autour de la bouche, un sourire jusqu’aux oreilles qu’elle ne parvient pas à contenir lorsque les deux cheffes de guilde déjà présentes entrent dans son champ de vision. « Mesdames, les salue-t-elle en s’inclinant respectueusement, je suis très heureuse de vous revoir – un signe plus appuyé pour Chāyā – et de vous rencontrer – un autre pour Lagertha. Je m’appelle Meije, et j’ai l’honneur d’avoir été désignée par Bron Polaren pour vous accompagner dans cette mission – puissent les Douze veiller à son bon déroulement ainsi qu’à notre sécurité. » Elle rosit aussitôt, ne souhaitant pas donner l’impression de se décharger sur les Dieux de la responsabilité qui lui incombe en partie. C’est sans doute pourquoi elle poursuit un peu cavalièrement, bien que la prévenance au fond de sa voix soit tout à fait sincère : « Ê-êtes-vous prêtes à partir ? Avez-vous tout ce qu’il vous faut ? C’est un assez long voyage qui nous attend, d’une dizaine de jours au moins… » Oh, elles ont dû en voir d’autres, se sermonne-t-elle secrètement en craignant d’avoir à nouveau péché par naïveté. Elle prend enfin conscience, en les regardant tour à tour, que son cœur bat un peu trop vite, et qu’elle se sent finalement bien petite, toute grande qu'elle soit en réalité.
Mar 12 Nov - 23:22
Requête – Le chantier de Gurjke
Ft. Meije et Chaya
Elle sentit enfin une présence, différente de celle des membres de sa guilde. C'était plutôt plusieurs personnes, plus petites, mais plus variées. Des organiques, comme Lagertha les appelait. Elle aperçut ensuite les silhouettes, dont celle qui lui était familière, dans des vêtements bien plus extravagants que ses pairs. Quand ils furent à sa hauteur et que la meneuse des Monétaristes s'adressa à elle, Lagertha sourit en retour :
— Aucunement, Dame Lelwani. Avez-vous fait bonne route ?
Elle n'eut pas le temps de prolonger leurs échanges : le second convoi venu d'Aramila se rapprochait de leur rassemblement. À sa tête, une jeune femme, inconnue à Lagertha, mais pas moins importante pour la mission à venir. Meije était élégante et s'exprimait fort bien, mais elle semblait quelque peu gênée.
— Tout le plaisir est pour moi, Dame Meije, répondit-elle à sa présentation.
Son embarras sembla prendre de l'ampleur. Être entourée de deux personnes au rang élevé dans leur guilde respective – le plus élevé même – devait être source de pression pour la jeune représentante des Sentinelles. Lagertha avait bien du mal avec toutes ces règles de bienséance, bien qu'elle les respectait comme il lui avait été appris lorsqu'elle était encore toute jeune. Mais s'embarrasser de ces codes, alors qu'elles allaient voyager ensemble pendant plus de dix jours, allait rendre plus difficile leurs échanges et leurs conversations.
— Mes Dames, déclara Lagertha, j'espère que vous avez fait bonne route jusqu'à Xandrie, et que le climat ne vous perturbe pas trop. Les miens sont prêts pour le voyage. À vrai dire, nous sommes habitués à ces conditions et ne sommes pas difficiles en ce qui concerne les vêtements et la nourriture.
Elle marqua une pause, le temps de laisser chacune s'exprimer, puis reprit d'une voix posée :
— Si cela ne vous dérange pas, je vous propose de nous appeler par nos prénoms et d'être, disons… Moins formelles les unes envers les autres. Un long voyage nous attend, et il serait peut-être plus agréable de laisser ces usages, sans perdre le respect que nous nous devons mutuellement.
— Aucunement, Dame Lelwani. Avez-vous fait bonne route ?
Elle n'eut pas le temps de prolonger leurs échanges : le second convoi venu d'Aramila se rapprochait de leur rassemblement. À sa tête, une jeune femme, inconnue à Lagertha, mais pas moins importante pour la mission à venir. Meije était élégante et s'exprimait fort bien, mais elle semblait quelque peu gênée.
— Tout le plaisir est pour moi, Dame Meije, répondit-elle à sa présentation.
Son embarras sembla prendre de l'ampleur. Être entourée de deux personnes au rang élevé dans leur guilde respective – le plus élevé même – devait être source de pression pour la jeune représentante des Sentinelles. Lagertha avait bien du mal avec toutes ces règles de bienséance, bien qu'elle les respectait comme il lui avait été appris lorsqu'elle était encore toute jeune. Mais s'embarrasser de ces codes, alors qu'elles allaient voyager ensemble pendant plus de dix jours, allait rendre plus difficile leurs échanges et leurs conversations.
— Mes Dames, déclara Lagertha, j'espère que vous avez fait bonne route jusqu'à Xandrie, et que le climat ne vous perturbe pas trop. Les miens sont prêts pour le voyage. À vrai dire, nous sommes habitués à ces conditions et ne sommes pas difficiles en ce qui concerne les vêtements et la nourriture.
Elle marqua une pause, le temps de laisser chacune s'exprimer, puis reprit d'une voix posée :
— Si cela ne vous dérange pas, je vous propose de nous appeler par nos prénoms et d'être, disons… Moins formelles les unes envers les autres. Un long voyage nous attend, et il serait peut-être plus agréable de laisser ces usages, sans perdre le respect que nous nous devons mutuellement.
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