Sam 3 Aoû - 5:54
Un cri silencieux. Il surgit en se redressant dans son lit comme un démon. Encore un cauchemar. Il n’a pas eu besoin de se perdre dans les rêves des autres. Les âmes errantes lui suffisent ; quand ce n’est pas simplement son imagination débordante qui peint autour de l’ambiance cauchemardesque des lieux.
Il se met à faire des terreurs nocturnes. Des bras enserrent ses épaules, le forcent à se rallonger, doucement. Dans la confusion, il oublie où il se trouve. C’est très perturbant. Il lui faut un moment pour revenir en 1901, sur la route de Zénobie. Plus très loin, après le guet de Xar Gilra, où il a combattu le roi Gildora.
Sa bouche est grande ouverte et cherche de l’air, comme un grand poisson hors de l’eau. Il faut un temps encore plus long pour qu’il sente la caresse apaisante dans ses cheveux de cendres. Ses mains fortes, cette odeur de transpiration masculine qui le sécurise tant. Maëlstrom. Il se noie dans sa peau, lisse et merveilleuse et ses muscles étonnamment fermes. Il s’y enracine, pour revenir à la réalité.
Sa tête posée sur sa poitrine lui donne un indicible sentiment d’appartenance. Ils sont si loin de leur patrie que les notions de factions paraissent ridicules. Xandrie, Aramila, Opale, Epistopoli. A quoi bon ? Si loin, si petit sur la carte. Urh. Y retourneront-ils jamais ? Faut-il y aspirer ? Mieux vaut ressentir pleinement la peau transpirante de son amant contre lui. A moins que ce ne soit lui qui transpire ? Ressentir l’amour qui les unit. C’est sûr, ils ne rentreront pas. Et, s’ils rentrent, l’un d’entre eux sera sans doute mort. Autant ne pas y penser.
Keshâ’rem laisse Maëlstrom le réconforter. Comme s’ils étaient à la maison. Comme s’ils n’étaient que tous les deux, nus comme des vers. Et non pas sous une tente avec deux douzaines d’hommes, dont certains blessés, qui gémissent dans leur sommeil. Et on veut qu’il n’ait plus de terreurs nocturnes ! Avec cette brume tout autour, qui l’appelle et susurre. Rejoins-moi. Ca a l’air si facile, si naturel.
Plus il s’aguerrit, plus ses failles s’agrandissent. Plus il gagne en pouvoir, plus il craint d’oublier son humanité. Que lui restera-t-il alors, sinon la Mère ? La mer de brume… il reste les bras de Maëlstrom. Et les cheveux de feu de Seraphah qui dansent dans le vent.
L’élémentaire a sa tente privée. C’est un privilège de nantis qu’il ne boude pas. Toujours aussi raffiné, même en ces terres sauvages et désolées, il se tient droit devant leur nudité dans le noir, tel un spectre. Seraphah n’a pour habitude de se formaliser. Au Marquis, cela donne déjà lieu à quelques surprises. Ici, il n’y a même pas de portes, ni vraiment d’intimité – ce qui n’arrête pas vraiment les amants en ces temps désespérés. Alors, comment lui en vouloir.
-« Nous partons » souffle-t-il dans un murmure, ses deux pupilles embrasées.
L’aube est encore loin. Maëlstrom, Keshâ’rem et Seraphah se tiennent en haut d’une crête, d’où ils perçoivent la silhouette tranchante de la tour de Xar Gilra. Une architecture monumentale qui suffit à elle-seule à inspirer un sentiment de sacré, dans cet espace perdu de la moitié nord du continent d’Yfe. A leur trio s’ajoute Mao, que Seraphah et Maëlstrom ont bien été forcé d’accepter dans le groupe, puisqu’elle a décidé de s’imposer en voyage partout où irait Keshâ jusqu’à nouvel ordre. Sous les traits d’une grand-mère centenaire et voûtée, sa robe de voyage a la simplicité immuable du désert des Terres Brûlées. Son front est ceint des bijoux de sa tribu, ceux qui permettent d’amadouer les esprits de la brume. La porte-brume de jouvence ne cache pas sa rouerie et n’est pas pour rassurer Seraphah. Oh bien sûr, c'est dans oublier Nagendra, le narangpé à l'odeur de néroli qui fait l'unanimité.
La vieille femme se veut l’indispensable mentor spirituel du jeune orphelin, qui, comme, elle, a perdu toute sa lignée et sa patrie d’origine. Si Maëlstrom, le forme sur le plan physique, elle lui enseigne l’art de l’attaque perfide. Mais son principal plaisir est de le torturer mentalement et de lui démontrer les milles contours de son ignorance, pour aiguiser son esprit.
-« Sacré symbole phallique. Cette tour devait plaire au Mandebrume… » ricana la vieille chouette.
Dans le vent qui fouettait l’étoffe de leurs habits, ils progressèrent. Une balise électrogène était chargée sur un cheval qu’ils avaient emprunté à l’Alliance, sans vraiment demander d’autorisation. L’espoir de Seraphah était d’être les premiers à s’approprier les secrets de la Tour, si Keshâ’rem avait bien compris. Histoire de ne pas trop laisser les savants-fou de tout poil découvrir des technologies trop dangereuses, lesquelles ne manqueraient pas de semer le trouble au sein de la poudrière Urhoise.
-« Vous êtes sûr de vous Seraphah ? Je sais que vous avez triomphé d’innombrables batailles et que nous avons percé le secret de pyramides d’Aramila… mais, nous sommes si proches des terres maléfiques de Zénobie… et si cette fois… était la fois de trop… et si le Régent nous tendait un piège ? Nous ne sommes que quatre. Et je ne veux perdre aucun d’entre vous. »
Il fallait comprendre le jeune homme. Dernièrement, il avait appris la dure leçon que les cristaux ne faisaient pas tout. Les mortels restaient avant tout des mortels. Et la dernière fois qu’on l’avait envoyé dans une tour… c’était à Yfe. Et il en faisant encore des cauchemars. Au moins, il n’était pas seul, cette fois.
Il se met à faire des terreurs nocturnes. Des bras enserrent ses épaules, le forcent à se rallonger, doucement. Dans la confusion, il oublie où il se trouve. C’est très perturbant. Il lui faut un moment pour revenir en 1901, sur la route de Zénobie. Plus très loin, après le guet de Xar Gilra, où il a combattu le roi Gildora.
Sa bouche est grande ouverte et cherche de l’air, comme un grand poisson hors de l’eau. Il faut un temps encore plus long pour qu’il sente la caresse apaisante dans ses cheveux de cendres. Ses mains fortes, cette odeur de transpiration masculine qui le sécurise tant. Maëlstrom. Il se noie dans sa peau, lisse et merveilleuse et ses muscles étonnamment fermes. Il s’y enracine, pour revenir à la réalité.
Sa tête posée sur sa poitrine lui donne un indicible sentiment d’appartenance. Ils sont si loin de leur patrie que les notions de factions paraissent ridicules. Xandrie, Aramila, Opale, Epistopoli. A quoi bon ? Si loin, si petit sur la carte. Urh. Y retourneront-ils jamais ? Faut-il y aspirer ? Mieux vaut ressentir pleinement la peau transpirante de son amant contre lui. A moins que ce ne soit lui qui transpire ? Ressentir l’amour qui les unit. C’est sûr, ils ne rentreront pas. Et, s’ils rentrent, l’un d’entre eux sera sans doute mort. Autant ne pas y penser.
Keshâ’rem laisse Maëlstrom le réconforter. Comme s’ils étaient à la maison. Comme s’ils n’étaient que tous les deux, nus comme des vers. Et non pas sous une tente avec deux douzaines d’hommes, dont certains blessés, qui gémissent dans leur sommeil. Et on veut qu’il n’ait plus de terreurs nocturnes ! Avec cette brume tout autour, qui l’appelle et susurre. Rejoins-moi. Ca a l’air si facile, si naturel.
Plus il s’aguerrit, plus ses failles s’agrandissent. Plus il gagne en pouvoir, plus il craint d’oublier son humanité. Que lui restera-t-il alors, sinon la Mère ? La mer de brume… il reste les bras de Maëlstrom. Et les cheveux de feu de Seraphah qui dansent dans le vent.
L’élémentaire a sa tente privée. C’est un privilège de nantis qu’il ne boude pas. Toujours aussi raffiné, même en ces terres sauvages et désolées, il se tient droit devant leur nudité dans le noir, tel un spectre. Seraphah n’a pour habitude de se formaliser. Au Marquis, cela donne déjà lieu à quelques surprises. Ici, il n’y a même pas de portes, ni vraiment d’intimité – ce qui n’arrête pas vraiment les amants en ces temps désespérés. Alors, comment lui en vouloir.
-« Nous partons » souffle-t-il dans un murmure, ses deux pupilles embrasées.
L’aube est encore loin. Maëlstrom, Keshâ’rem et Seraphah se tiennent en haut d’une crête, d’où ils perçoivent la silhouette tranchante de la tour de Xar Gilra. Une architecture monumentale qui suffit à elle-seule à inspirer un sentiment de sacré, dans cet espace perdu de la moitié nord du continent d’Yfe. A leur trio s’ajoute Mao, que Seraphah et Maëlstrom ont bien été forcé d’accepter dans le groupe, puisqu’elle a décidé de s’imposer en voyage partout où irait Keshâ jusqu’à nouvel ordre. Sous les traits d’une grand-mère centenaire et voûtée, sa robe de voyage a la simplicité immuable du désert des Terres Brûlées. Son front est ceint des bijoux de sa tribu, ceux qui permettent d’amadouer les esprits de la brume. La porte-brume de jouvence ne cache pas sa rouerie et n’est pas pour rassurer Seraphah. Oh bien sûr, c'est dans oublier Nagendra, le narangpé à l'odeur de néroli qui fait l'unanimité.
La vieille femme se veut l’indispensable mentor spirituel du jeune orphelin, qui, comme, elle, a perdu toute sa lignée et sa patrie d’origine. Si Maëlstrom, le forme sur le plan physique, elle lui enseigne l’art de l’attaque perfide. Mais son principal plaisir est de le torturer mentalement et de lui démontrer les milles contours de son ignorance, pour aiguiser son esprit.
-« Sacré symbole phallique. Cette tour devait plaire au Mandebrume… » ricana la vieille chouette.
Dans le vent qui fouettait l’étoffe de leurs habits, ils progressèrent. Une balise électrogène était chargée sur un cheval qu’ils avaient emprunté à l’Alliance, sans vraiment demander d’autorisation. L’espoir de Seraphah était d’être les premiers à s’approprier les secrets de la Tour, si Keshâ’rem avait bien compris. Histoire de ne pas trop laisser les savants-fou de tout poil découvrir des technologies trop dangereuses, lesquelles ne manqueraient pas de semer le trouble au sein de la poudrière Urhoise.
-« Vous êtes sûr de vous Seraphah ? Je sais que vous avez triomphé d’innombrables batailles et que nous avons percé le secret de pyramides d’Aramila… mais, nous sommes si proches des terres maléfiques de Zénobie… et si cette fois… était la fois de trop… et si le Régent nous tendait un piège ? Nous ne sommes que quatre. Et je ne veux perdre aucun d’entre vous. »
Il fallait comprendre le jeune homme. Dernièrement, il avait appris la dure leçon que les cristaux ne faisaient pas tout. Les mortels restaient avant tout des mortels. Et la dernière fois qu’on l’avait envoyé dans une tour… c’était à Yfe. Et il en faisant encore des cauchemars. Au moins, il n’était pas seul, cette fois.
Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mer 11 Sep - 15:37, édité 3 fois