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[FLASHBACK] Une bougie dans la nuit – FT Seraphah Von Arendt

[FLASHBACK] Une bougie dans la nuit – FT Seraphah Von Arendt Brandw10
Mar 2 Juil - 19:22
Je hurlais de rage en remontant la rue de la haute ville. Les regards des passants jugeaient celle qu'ils voyaient comme la « peste mécanique », la fauteuse de trouble qui ne pouvait « enfin » plus compter sur son papa pour la sauver. Je n'avais jamais aimé cet endroit ! Si il voulait me jeter dehors, et bien qu'il le fasse ! De colère, je frappa du pied dans une poubelle, ma prothèse de jambe l'envoyant s'écraser violemment contre un véhicule à l'autre bout de la rue. À cet instant, c'était la perte de mon père qui brûlait mon âme, et la façon dont ses vautours s'étaient jetés sur ses biens et son héritage, comme pour en faire disparaître jusqu'à son souvenir. Je présenta mon majeur face aux regards désapprobateurs et je repris ma route, leur hurlant à tous de bien vouloir aller crever. Le flot d'émotion et de tristesse m'embrouillait les pensées, me guidant au hasard dans les rues, guidée par le souvenir de mon monde s'écroulant sous mes pieds. Il me fallut quelques secondes pour reconnaître le bâtiment qui se dressa au bout du chemin, et de me rappeler la raison de ma venue : Le Marquis.

La veille, lorsqu’on m'avait annoncé la mort de papa, le propriétaire de cet hôtel m'avait proposé de m'héberger, mais j'avais alors préféré rester auprès des affaires de père. Maintenant, je n'avais plus rien... Seraphah était un vieil ami de mon père, mes premiers souvenirs de lui remontant à la période où j'étais encore coincé dans un lit médicalisé, et à cette époque déjà, j'appréciais l'aura de confiance qui émanait de lui. Surement pourrait-il m'aider, me dis-je en poussant la porte de l'édifice pour pénétrer dans une luxueuse réception. J'eus immédiatement l'impression de faire tache dans pareil décor, le majordome au comptoir semblant interloqué par ma présence ; Ben quoi ?! Il n'a jamais vu une "presque" gamine presque entièrement automatisée, en larme et décoiffée, et qui tremble de rage ?! Ravalant la colère pour ne pas la déverser sur un inconnu, je me força à prendre une voix calme pour lui demander :

- Bonjour, je m'appelle Ginny Kadwell. Seraphah m'a proposé de venir ici, je peux le voir ?

L'homme me fait poliment signe de le suivre, puis tourne les talons pour me guider au travers des couloirs. Je crois qu'il me parlait... Mais alors que je lui emboîtais le pas, je n'écoutais rien. J'étais de nouveau perdu dans mon esprit, mes pensées sombrant dans la colère et dans la rage, ruminant sur les réalités de ce monde injuste et détestable. Brillant comme une bougie dans la nuit, une douce musique vint m'arracher à mes pensées sombres pour me ramener à la réalité. Le majordome m'avait conduit jusqu'à un appartement particulier, richement décoré, qui baignait dans un chant lancinant joué d'une main de maître au piano. Je ressentis un certain réconfort dans cet instant, la mélodie faisant écho aux sentiments qui bouleversaient mon cœur ; comme si celui qui l'avait écrite avait cherché à me consoler.
La musique cessa soudainement lorsque le pianiste m'aperçut. Je reconnus Seraphah, et soudain, les raisons de ma présence revinrent à mon esprit. Avec toute la rage qui allait avec... 

- Seraphah ! Ils ont tout pris ! Tout ! Papa est mort et il ne me reste plus rien !

De colère et de tristesse, des larmes perlaient sur mes joues tandis que je serrai les prothèses qui me servaient de poings. Je voulais hurler ! Hurler que ce monde était dégueulasse ! Hurler que mon père me manquait…
Jeu 1 Aoû - 16:54


Une Bougie dans la Nuit


Le souffle éteint la flamme, autant qu'on devient Feu quand le souffle s'éteint.

Ginny






La mort était un passage. Du moins c'était ce qu'il avait compris de tous les textes anciens. Un passage, au même titre que la Brume était un tunnel qui pouvait mener à ce passage. À cet autre endroit dont personne ne revenait. Jamais totalement de la même façon qu'avant, si cela était le cas. Perdre un ami, cela lui était arrivé très régulièrement au fil des siècles. Il n'y était pas insensible, au contraire, à chaque fois une chappe de nostalgie s'emparait de lui qui lui ramenait toutes les personnes que le temps lui avait prit. Si tant est qu'elles lui avaient appartenues. À lui, comme à ce monde. Il avait tenu à annoncer à sa fille le décès de son père, même si sur l'instant cette dernière avait préféré sa solitude et rester dans les meubles de son défunt père. Il voyait en Ginny une grande force d'âme. Sa maladie l'ayant amené à accepter des changements physiques dont son optimisme lui donnait la sensation qu'ils avaient été acceptés.

Beaucoup diraient que les prothèses étaient une chance. Une prothèse peut-être...deux...Mais quand cela devenait la moitié de votre corps, est-ce que cela devenait non plus une seconde, mais une première nature? C'était à se le demander. Mais ce qui animait les doigts de l'élémentaire en cet instant, ce n'était pas de telles questions philosophales, mais bel et bien le passage de cet ami qui avait fait beaucoup pour la profession et la recherche, mue par l'amour qu'il portait à sa fille. Un éloge funèbre? Non, cette mélodie était douce pour l'ancrer en son âme avec sérénité.

Il délaissa un instant les touches du piano quand il entendit la sonnerie. Un échange bref qui lui permit de comprendre qui venait le visiter. Il se remit à son piano, heureux d'un côté que Ginny accepte de venir en son domaine, même si cela était moins personnel que son chez elle. À cet instant, il était bien loin de s'imaginer qu'elle venait d'être mise dehors, son ami - son père - étant criblé de dettes. La mélodie allait ainsi bon train, quand on frappa avant de pénétrer dans les appartements du maitre des lieux. Ses doigts restèrent suspendus au-dessus des touches, tandis que son regard ambré venait rencontrer la clarté du tien. Qui s'embrouilla de larmes tandis que tes mots percutaient le silence ambiant. Avec discrétion, le majordome se retira. Cela ne le concernait plus désormais.

Seraphah se leva et se dirigea vers toi d'un pas assuré. Il comprenait par ta simple phrase ce qu'il venait de se passer. Tu avais été dépossédée de tes biens, jusqu'à ton toit! Il vint déposer ses mains sur tes épaules, t'invitant à venir dans ses bras si tu en avais l'élan, et te montrant par défaut que tu pouvais être soutenu par lui. «Que s'est-il passé?» Il ne pouvait rien promettre, mais il espérait pouvoir récupérer certains objets qui auraient une importance particulière pour toi. La question était venue naturellement, mais à son sens, il y avait plus important à prendre soin. C'est ainsi qu'il se saisit de ta main afin de t'amener jusqu'au canapé afin que tu t'y installes. Il vint à tes côtés et sans quitter ton regard du sien: «Hurle, pleure...exprime ton chagrin autant qu'il te plaira...J'ai perdu beaucoup de monde dans ma vie, et il est essentiel que tu ne laisses pas ta rage te grignoter de l'intérieur.»