Sam 8 Juin - 12:01
Au sud d’Oman / Territoire Xandrie
Raphalos 1901
L’hiver. Un ennemi que Duscisio a longuement évité pendant des années.
Cela ne fait qu’un mois qu’il a quitté la capitale Xandrie, immense ville, centre du territoire du même nom. Cela fait également un mois que sa première aventure depuis fort longtemps s’est terminée. Le voyage vers les Monts d’Argent lui a rendu le goût du voyage, ce qui l’amène donc à parcourir ses terres seul, à pied, sans craindre le danger environnant. Seul le froid peut ici le gêner. Et pourtant, pour un élémentaire craignant le froid, il a l’air de bien se porter. Les conseils d’Ellendrine pour lutter contre les températures glaciales de l’hiver sont bien appliqués. Les vêtements qu’il porte l’isolent suffisamment bien de l’extérieur pour ne pas endormir la moindre ronce qui constitue son corps. On notera encore une fois l’absence de fleurs dans ses cheveux. Raison de plus, puisque l’on ne voit pas non plus sa chevelure d’argent, celle-ci est couverte par une épaisse capuche. Le gros manteau qu’il porte cache très bien sa nature élémentaire au point de le confondre avec un humain.
Une question rhétorique maintenant : que fait-il ici ?
L’igloo grossier que l’on voit à quelques mètres de lui près du lac est l’habitation qu’il s’est amusé à faire pour passer la nuit. Il ne tient pas à grand-chose. Avoir quelques briques déjà tombées donne l’idée qu’il était maintenu d’une façon ou d’une autre de l’intérieur pour ne pas se retrouver sous une masse de neige qui aurait pu l’ensevelir. Cela aurait été dramatique. La couche de neige, bien qu’isolante, l’aurait privé de lumière et d’air. Un gaspillage d’énergie qu’il aurait utilisé pour avancer aujourd’hui encore dans les bois au nord du Lac Oman pour retourner au village du même nom.
Notons l’originalité des humains à donner un nom à leur ville. Ajouter une ou deux syllabes de plus n’aurait pas été désagréable. Retournons à nos bois, là où Duscisio commence la journée en regardant l’igloo s’effondrer maintenant que l’armature de ronces gelée n’est plus là pour le maintenir. Le gel sur les tiges a fini par casser et emporter la structure éphémère dès qu’il s’en est séparé. L’élémentaire n’a pas dormi depuis des jours. Entre la nécessité et l’idée qu’il ne puisse se réveiller malgré toutes les précautions prises, les seuls moments où il peut se « reposer » n’ont lieu qu’en ville. Après Xandrie, il eut la merveilleuse idée d’aller vers le nord en passant par Logdar Rim où il put entrevoir la Brume qui le fascine tant, sans pourtant l’approcher. On l’y en empêche à plusieurs reprises. Cependant, entraîné vers elle, le rosier blanc doit se retenir pour longer le Fienk vers le bois de Fienk au pied des Polaires. Heureusement, par nature et par prudence, l’idée ne lui a traversé l’esprit qu’un instant. La saison n’étant pas propice à ce genre d’aventure, le chemin vers la ville fut plus facile. En attendant une meilleure occasion – en passant par la ville engloutie de Dainsbourg par exemple – l’apothicaire se contentera de prendre la route vers l’Est. Il fait un tour par le Guet de Fienk sans y pénétrer avant de prendre la route d’Oman comme prochaine escale.
Dans l’une des villes les plus anciennes d’Uhr, il y séjourna quelques jours pour acquérir un nouveau cristal de pouvoir après un peu plus d’une semaine. Période qui a permis d’abaisser le prix de l’objet en échange d’un service. Ce cristal d’absorption lui sera d’une grande utilité à l’avenir, il en est persuadé. S’il en croit les exercices pratiqués pour apprendre à utiliser le premier de sa collection – un cristal de barrière d’énergie – pouvoir récupérer lui augmentera sa survivabilité si jamais il devait faire de mauvaises rencontres. Et il en a eu. Ils sont rares. Les chemins qu’ils parcourent ne sont pas réputés pour être très fréquentés et l’homme est la seule créature capable de s’attaquer à quelqu’un qui leur ressemble pour des broutilles. Ce qu’il s’est passé pour le dernier groupe qui s’est montré hostile ? Vous ne voulez pas le savoir. Au mont d’Argent il a montré ce dont il est capable quand on porte atteinte à sa vie. Il est donc capable de recommencer et c’est ce qu’il s’est passé. Dans ce monde, la loi du plus fort s’applique n’importe où. Non soumis à la loi lors de son voyage, personne ne se posera la question des corps gisant dans la neige sur le bord d’une route. Cet épisode l’a même rendu infréquentable quelques jours où il s’est isolé dans les bois tout en cherchant quelques plantes, autres que les perce-gels, pour se changer les idées.
Revenons au présent.
Quelques heures après, Duscisio décide de retourner à Oman. Ce n’est pas par plaisir. La ville bien trop moderne à son goût est une étape nécessaire avant de se décider à retourner à Doucerive d’une seule traite et ainsi retrouver sa maison pour un temps. Il pourrait prendre l’un des moyens de transport à sa disposition. La grande voie lui offre ce service, mais rien ne l’y pousse encore une fois. La technophobie ne lui permet pas d’utiliser ce genre de confort et il s’en porte très bien. Grand voix qu’il rejoint au pont qui traverse La Sinue au sud de la ville. On lui proposera de monter dans l’une de ses machines et il refusera systématiquement tant l’approche de ses véhicules le rend très nerveux, voire colérique. Malgré cela, ses refus sont très polis et il se retient de hausser la voix à chaque proposition.
Même si la ville se rapproche toujours plus, le fait d’accepter une invitation à monter lui donnerait l’occasion de passer une nuit de moins à l’extérieur, mais il s’y refuse.
Sur le chemin, comme n’importe quel voyageur, il marche vers le nord. Croise ceux qui vont vers le sud. Aide ceux qui le demandent pour de petits soins ou de petits remèdes faciles à préparer avec les moyens du bord pour se faire quelques pièces. Mais le seul trait d’un élémentaire peu aimable à cause de la proximité électrique ou technologique ne rend pas très agréable sa rencontre…