Ven 24 Mai - 13:25
À la poursuite
des souvenirs égarés
Ft. Lewën Digo
et plein d'autres gens plus ou moins sympas
Qui es-tu, Elizawelle ?
Même si tu as perdu trop tôt le seul parent qui te restait, ta vie fut simple, facile. Certes, tu étais zoanthrope. Tu avais ton petit côté sombre, représentant ta nature sauvage. Le Jaguar n’était pas toujours simple à contrôler, mais au fond, tu te débrouillais bien. Ton père était doué pour cacher ta nature, et tu étais assez vieille pour suivre ses enseignements une fois qu’il t’eut quittée. Cherchant alors ta voie, tu es partie à l’aventure.
La perte de ton père a été difficile. Tes yeux pleins d’eau en témoignent. Pourtant, le temps a fait son œuvre et tu t’en es tranquillement remise. L’épreuve de Dainsbourg a été ton salut, t’a permis de vaincre les fantômes de ton passé. Les gens avec qui tu as vécu cette épreuve sont demeurés dans un coin de ton esprit.
C’est là que tu l’as rencontré. Toi qui ne t’étais jamais réellement intéressée à l’amour te retrouvais soudainement aux prises avec une foule de sentiments bouleversants. Lewën Digo, le Panseur d’Énergie. Avait-il pansé ton âme meurtrie ? Ton voyage aurait sans doute été plus tranquille, sans cette rencontre du destin... ou le coup de pouce d’un vieil ami.
À quoi t’es-tu mêlée, Elizawelle ? Ton nom commence à résonner parmi les puissants de ce monde. Tu as pris part à quelque chose de plus grand que toi, petite. Que feras-tu, dis-moi ? Continueras-tu à suivre ton cœur, peu importe où celui-ci te mènera, et malgré les tragédies qui s’annoncent ?
Flashback
Entre Homme nie science et Homme myste science
— Lewën ? murmura-t-elle en ouvrant les yeux ce matin-là.Elle poussa un petit cri lorsqu’il se pencha par-dessus elle pour lui voler un baiser. Debout près du lit, il semblait prêt à quitter l’appartement, mais son regard était d’une grande intensité et son sourire, délicieusement malicieux. Elle rigola et glissa ses mains dans ses cheveux pour l’attirer à nouveau à ses lèvres. Ils s’embrassèrent dans un moment plein de douceur. Il était si bon d’être là, avec lui ! Jamais elle n’avait vécu quelque chose de tel. Avec Lewën, elle avait parcouru des centaines de kilomètres, affronté des ennemis plus puissants les uns que les autres et des situations périlleuses qui avaient mis leur vie entre les mains de l’autre. Ensemble, ils avaient triomphé de tellement d’épreuves ! Leurs routes, comme entremêlées, n’en finissaient plus de se recroiser.
Ils avaient été séparés après leurs aventures avec Ryker dans le Pays de Dain, et il s’était depuis déroulé des choses encore plus bouleversantes que les événements qu’elle-même avait vécus à Dainsbourg. La poursuite du Régent, la tour d’Yfe, l’Astronome, et l’attaque du treizième cercle ici même, à Opale ! Lewën était devenu l’un des héros cachés d’Uhr. Et puis voilà, à peine une soirée et la paix avait volé en éclats. L’attaque violente qu’il avait subie l’avait laissé dans un état lamentable et Elizawelle bouillait de retrouver celui ou ceux qui lui avaient fait subir cela. Mais, surtout, elle bouillait de connaître la vérité. Ne la lui devait-il pas, à ce stade ? Elle lui avait sauvé la vie, elle était impliquée désormais.
— Tu partais ?
Depuis l’attaque, il n’était pas encore sorti seul. Lorsque les moments critiques furent passés et qu’il ne resta plus à Lewën qu’à récupérer, ils avaient quitté la maison d’Izydore et s’étaient installés ensemble dans l’appartement d’Elizawelle, où elle pourrait prendre soin de lui. Quelques jours. Rien que tous les deux.
— J’ai des courses à faire, expliqua-t-il.
— Attends ! s'exclama-t-elle en se redressant vivement dans son lit. Nous devons parler.
Il se figea un instant, puis hocha la tête.
— Je vais préparer du thé, proposa-t-il.
Soulagée, l’opaline opina. Elle profita de ces quelques minutes pour se tirer du lit et adopter une tenue simple. Elle prit ensuite place dans le vieux fauteuil de son père, qu’elle s’était approprié. Lewën, suffisamment à l’aise dans l’appartement, apparut alors avec le thé, qu’il lui servit dans une vaisselle dépareillée. La jeune aventurière l’accueillit avec un petit sourire. Prenant une gorgée du breuvage chaud, elle attendit qu’il soit assis avant de le questionner.
— Si tu vas assez bien pour sortir, tu vas suffisamment bien pour m’expliquer, dit-elle, non sans reproche.
Ses sourcils dessinaient une ligne soucieuse alors qu’elle se penchait vers Lewën. Elle avait posé des questions, au départ, mais les réponses évasives et le regard fuyant de son compagnon l’avaient convaincue qu’il valait sans doute mieux attendre qu’il aille mieux. Et ce moment était arrivé.
— Lewën, pourquoi t’a-t-on attaqué ainsi ?
Un silence. Puis...
— Tu as été laissé pour mort, Lewën ! explosa-t-elle. Et celui qui t’a fait ça savait ce qu’il faisait. Tu étais peut-être affreusement mutilé, mais tu as survécu et cette attaque horrible ne t’a laissé aucune séquelle ! Aucune ! Après l’attaque, j’ai retrouvé tes cristaux, même les plus précieux. Ils étaient disposés, intacts, autour de toi, comme si quelqu’un avait trouvé quelque chose... quelque chose de plus important, lâcha-t-elle. S’il te plaît, Lewën, dis-moi ce qui se passe... je... je sais que je t’ai déçu, mais je croyais... je voulais...
Sa voix se brisa alors qu’elle portait sur l’homme un regard presque suppliant. Elle le pardonnerait, quoi qu’il ait fait. Elle avala sa salive en le réalisant. Oui, elle était prête à le suivre n’importe où.