Lun 20 Mai - 23:00
Sylas redressa la tête et souffla par les narines.
Le soleil crépusculaire avait fini de disparaître à l’horizon, laissant derrière lui un froid linceul de ténèbres qui recouvrait le quartier de Xandrie dans lequel il se trouvait. Battant modestement le pavé, il observait, tour à tour, les lumières artificielles, emprisonnées dans des néons délabrés, succéder à la lumière naturelle désormais éteinte.
L’archevêque, s’il montrait patte blanche d’ordinaire, était pareil à un chat gris dans la nuit. S’il ne paraissait pas suspect, son apparence, dépourvue des habituels oripeaux dont il se paraît lors d’offices ou de représentations diplomatiques, demeurait sombre et uniforme : un ample manteau noirâtre qui lui tenait chaudet qui inspirait suffisamment l’austérité pour qu’une âme cupide ne lui cherchât pas noise en quête de larcin. Une rapide autopalpation lui rappela d’ailleurs qu’il voyageait léger, ce soir-là.
Malgré sa mine sombre, ses rides creusées par l’appréhension, ses cheveux en bataille et son poil dru faute d’entretien, il attira sur lui un à deux regard aguicheur ; une créature humanoïde, aux formes bien en évidences, qui fredonna subitement un air aguicheur.
« Ma femme me tuerait… » sussura-t-il avant de bifurquer et se dérober de la vue de la libertine.
Son visage se détendit alors qu’il aperçut le lieu de rendez-vous, le point de contact où il devait retrouver, incognito, cette personne qui saurait le rapprocher d’une de ses rares convoitises. L’archevêque avait été suffisamment habile et explicite pour mander une rencontre dans un endroit discret ; aussi discret qu’un bar reculé dans l’immensité de Xandrie, où des gens suffisamment mal famés savaient repousser, par leur aura déchue, toute présence salvatrice ou personnel au service de l’État. Bien peu se risqueraient à se rendre seul céans, en effet, surtout sans préparation suffisante : on attirait la mauvaise attention sur soi et un accident était si vite arrivé.
Mais Sylas n’y pensait pas. Il n’y avait aucune raison qu’on agresse un homme seul en recherche d’ébriété ; un cilent lambda, en l’occurrence. Confiant, il poussa la porte de l’établissement, balaya la foule d’un regard presque inquisiteur et s’attabla au comptoir.
« Bonsoir. Un demi-pêche, s’il vous plaît. »
Le tenancier, qui se trouvait devant Sylas, hocha la tête et s’attarda sur la commande.
L’homme regarda tantôt devant lui, tantôt à sa droite pour guetter l’entrée.
Pourvu que l’attente de durât trop point, au milieu de ce brouhaha presque oppressant…
Le soleil crépusculaire avait fini de disparaître à l’horizon, laissant derrière lui un froid linceul de ténèbres qui recouvrait le quartier de Xandrie dans lequel il se trouvait. Battant modestement le pavé, il observait, tour à tour, les lumières artificielles, emprisonnées dans des néons délabrés, succéder à la lumière naturelle désormais éteinte.
L’archevêque, s’il montrait patte blanche d’ordinaire, était pareil à un chat gris dans la nuit. S’il ne paraissait pas suspect, son apparence, dépourvue des habituels oripeaux dont il se paraît lors d’offices ou de représentations diplomatiques, demeurait sombre et uniforme : un ample manteau noirâtre qui lui tenait chaudet qui inspirait suffisamment l’austérité pour qu’une âme cupide ne lui cherchât pas noise en quête de larcin. Une rapide autopalpation lui rappela d’ailleurs qu’il voyageait léger, ce soir-là.
Malgré sa mine sombre, ses rides creusées par l’appréhension, ses cheveux en bataille et son poil dru faute d’entretien, il attira sur lui un à deux regard aguicheur ; une créature humanoïde, aux formes bien en évidences, qui fredonna subitement un air aguicheur.
« Ma femme me tuerait… » sussura-t-il avant de bifurquer et se dérober de la vue de la libertine.
Son visage se détendit alors qu’il aperçut le lieu de rendez-vous, le point de contact où il devait retrouver, incognito, cette personne qui saurait le rapprocher d’une de ses rares convoitises. L’archevêque avait été suffisamment habile et explicite pour mander une rencontre dans un endroit discret ; aussi discret qu’un bar reculé dans l’immensité de Xandrie, où des gens suffisamment mal famés savaient repousser, par leur aura déchue, toute présence salvatrice ou personnel au service de l’État. Bien peu se risqueraient à se rendre seul céans, en effet, surtout sans préparation suffisante : on attirait la mauvaise attention sur soi et un accident était si vite arrivé.
Mais Sylas n’y pensait pas. Il n’y avait aucune raison qu’on agresse un homme seul en recherche d’ébriété ; un cilent lambda, en l’occurrence. Confiant, il poussa la porte de l’établissement, balaya la foule d’un regard presque inquisiteur et s’attabla au comptoir.
« Bonsoir. Un demi-pêche, s’il vous plaît. »
Le tenancier, qui se trouvait devant Sylas, hocha la tête et s’attarda sur la commande.
L’homme regarda tantôt devant lui, tantôt à sa droite pour guetter l’entrée.
Pourvu que l’attente de durât trop point, au milieu de ce brouhaha presque oppressant…