Sam 18 Mai - 20:48
1884
Solo
Dans les bas-fonds de la capitale xandrienne, la vie battait à son plein. Par sa démographie et son activité économique, malgré la désuétude des lieux, ce monde vivait. Les adultes s'affairaient, à droite à gauche, tout dépendant du travail en question entre artisanat, commerce et domesticité. Dans les petites ruelles non loin des grandes rues passant, se trouvait ensuite le monde des enfants. Un monde tout aussi hétéroclite que celui des adultes, composées tout autant de personne destinée à reprendre un jour l’exploitation de leurs parents que d’enfants perdus ou presque dans la finalité se trouvait dans le fer et le sang avec pour première porte vers la déchéance le vol à la tire vis à vis des marchands et des nobles un peu trop imprudents.
Néanmoins, le travail n’était pas tout. Enfant oblige, ce monde était également celui du jeu… Tout comme celui des disputes et de la bagarre. Et c'était justement ce qui se tramait en ce jour.
Répète ça un peu fils de pute ?!
Ouais j’le répète connasse !
Deux enfants entourés d’autres qui rigolaient se battaient. La première alors au-dessus de l’autre en train de taper son camarade de toutes ses forces, une petite fille de 10 ans aux cheveux blancs, Violette. Le second, personnage anonyme de notre histoire, un garçon du même âge. Ce dernier continuait à subir en continuant de se protéger tout en continuant à rire et à se moquer d’elle avant de soudainement retourner la situation en intervertissant leurs positions. Elle avait beau y aller de toutes ces formes, la différence physique était trop grande, si bien que c’était elle qui commençait à prendre des coups bien qu’elle ne rechignant pas à tenter d’en mettre aussi en serrant les dents.
Au loin, attiré par un autre enfant allée avertir ses parents, une adulte approchait avant d'écarquiller les yeux en voyant la scène. Elle se mit alors à courir avec un rouleau de pâtisserie à la main, pour éloigner les enfants qui commencèrent à s’enfuir en riant.
L’enfant qui avait appelé à la Dame s’approcha alors de Violette, inquiète.
Grande soeur ! Ça va ?!
Mmmm…
Le visage tuméfié et en sang, Violette était quelque peu sonnée. Elle avait alors un peu de mal à pleinement comprendre tout ce qui se passait autour d’elle, tout divaguait dans son esprit.
La Dame s’approcha alors, tout aussi inquiète. Pour cause, c’était sa mère, sans vraiment dire quelque chose. Muette face à une telle situation, elle se contenta de porter Violette jusqu’à la maison familiale avant de commencer à soigner ses blessures. Entre temps, Violette avait retrouvé ses esprits, mais alors que sa mère continuait de soigner son visage à l’aide de baume et de pansement, la jeune fille restait complètement silencieuse, le regard vers le sol, perdu dans ses pensées. Ce fut finalement sa mère qui décida de briser le silence.
Pourquoi tu t’es battu Violette…
Sais pas. Ils m’ont insultée. J’avais envie. C’est tout.
Elle ne répondait pas vraiment à la question, restant très peu précise dessus. Pour cause, la communication entre Violette et sa mère n’avaient jamais été fameuses. Les deux étaient depuis le départ trop différentes pour avoir une véritable relation mère-fille apaisée.
La mère de Violette, bercée dans le panthéisme, était une figure qui aimait l’ordre et les règles. Depuis le départ, elle avait toujours voulu se tenir à l’écart de la violence du monde dans lequel elle était née, jusqu’à avoir des relations complexes avec son propre père qui venait du cartel xandrien. A l’inverse, Violette avait une nature beaucoup plus rebelle et chaotique. C’était une personne d’instinct, peu goûteuse de l’autorité ou du pacifisme face aux humiliations et aux provocations.
Autant dire qu’entre une croyante rigoriste et un électron libre qui n’avait pas vraiment d’attache, les choses n’étaient pas pour aller au mieux, si bien qu’à peine Violette fut elle soigner, qu’elle disparu de la maison sans rien dire à personne pour aller on ne sait où dans la rue. Comme d’habitude.
Le soir, c’était au tour du père de rentrer, un maraudeur de son état, bien que plus honnête que la plupart de ses semblables. Alors que comme chaque soir lorsqu’il était là, il faisait le même rituel en saluant ses enfants, il vit cette fois-ci que sa femme n’était pas en rendez-vous, prostrée dans la salle à manger dans ses pensées. Il s’approcha.
Ça va ?
Sa femme leva les yeux, presque surprise de le voir ici.
Oui… non… enfin… je sais pas…
Comprenant que les choses avaient l’air d’être complexes, il s’approcha encore plus pour s’asseoir en face d’elle.
Qu’est ce qui s’est passé…
C’est Violette… Elle est encore revenue en sang, elle a le visage tuméfié…
Elle avait les larmes aux yeux.
Je… je ne sais pas quoi faire d’elle. On arrive pas à parler. A chaque fois que j’essaye… Ça finit par une dispute et elle s’enfuit de la maison pour disparaître des jours entiers. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle finisse avec une blessure au couteau.. ou pire ! morte ! Je ne sais vraiment pas quoi faire…
L’homme était silencieux, réfléchissant quelques secondes.
Je vais lui parler. Au moins elle daigne à minima m’écouter.
J’espère que tu y arriveras.
Est ce que tu sais où elle pourrait être ?
Ce fut alors un des enfants qui prit la parole.
Moi je sais !
Suivent alors son enfant, le mercenaire finit par retrouver sa fille aînée qui dans son côté, posée sur une caisse dans un square perdue, jouait avec une balle en cuir qu’elle lançait dans le vide.
Lorsqu’elle aperçut son père, son visage s’illumina et elle accourut vers lui avant de l’enlacer.
T’es rentré.
Si elle avait une relation exécrable avec sa mère, l’inverse était vrai vis-à-vis de son père. On disait souvent que les filles avaient une bonne relation avec leur père, Violette à défaut d’en être l’exemple en serait le cliché.
Il affichait un léger sourire avant de poser une main sur la tête de sa fille.
J’ai entendu dire que tu t’étais disputé avec maman.
Violette resta silencieuse un instant avant de répondre.
C’est bon… J’en déjà entendu 10 000 fois son sermon alors je me casse. Faut être gentil, faut pas taper, faut pas se battre. Je vois pas pourquoi je devrais rien dire quand on m’insulte… J’veux pas être quand même. j’veux pas sourire quand on me marche dessus. J’veux pas parler en bien des nobles où elle travaille alors que moi j’ai perdu deux frères et une sœur lors des derniers hivers.
La mortalité infantile, un sujet sensible
Pourquoi est ce qu’on devrait toujours rien dire et se taire…
Le mercenaire restait silencieux face aux propos de sa fille.
Je n’ai pas vraiment de réponse à te donner. Enfin, malheureusement souvent le fait de répondre crée plus de problèmes qu’autre chose. Ca cause des problèmes à tout le monde au final… y compris à soi-même.
Il se posa à côté de sa fille.
J’étais un peu comme toi quand j’étais jeune. La seule chose que je pourrais te conseiller vis à vis de mon âge… c’est qu’il faut vivre pour soi. Pas à travers les autres. Il est inutile d’écouter. Il n’y a rien à prouver. Il faut vivre pour soi-même et simplement considérer comment on se sent soi-même.
Mal.
Elle avait beau l’aimer, elle ne comprenait pas. Pourquoi étaient-ils aussi nonchalants vis-à-vis des autres. Pourquoi acceptent-ils leur condition.
Non décidément aussi proche soient-ils par le sang, elles ne les comprenaient pas.