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Retrouvailles Hasardeuses [Le Sort réserve toujours des surprises]

Retrouvailles Hasardeuses [Le Sort réserve toujours des surprises] - Page 2 Brandw10
Ven 2 Aoû - 23:34



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto




Était-il réellement énervé? Énervé voulait dire sur les nerfs. Alors qu'à cet instant, l'élémentaire renouait avec une rage sourde. Celle des brasiers. Celle d'un volcan en pleine explosion. Il ne s'agissait pas que d'une rage contre la décision qui l'a empêchée de t'accompagner. Mais celle envers le sort qu'on administrait à ceux qui étaient hors des normes. À ceux qui détenaient un pouvoir qu'on enviait. Depuis qu'il s'était rapproché des hommes, c'était un état de fait qu'il avait remarqué à maintes reprises. Et dans sa volonté d'expansion, il avait cru que cela n'était que passager, bien loin de définir toute une race. Il s'était trompé. Cruellement trompé. Il en avait pourtant vécu des moments d'écroulement. N'avait-il pas lui-même vécu une telle injustice? Mais depuis cette dernière, très personnelle, c'était la première fois que la vie la confrontait avec une telle aberration.

Il entendait tes paroles, mais elles brûlaient à peine énoncées. Maelström le savait. L'élémentaire n'avait pas besoin d'être cajolé. Son feu était destructeur. Il avait appris à ce qu'il ne le soit pas contrairement aux hommes avec leur soif de dépasser leur condition.

Les serveurs faisaient en sorte de ne pas porter leur attention sur le groupe. Sans pouvoir le nommer, il sentait le feu de Seraphah, qu'il n'était pas le temps de venir interrompre pour - poliment - proposer un thé ou quoi que ce soit d'autre.

De son côté Maelström accusait ces révélations. Il était à la fois épaté que tu sois toujours en vie, que ses cours - peut-être - t'ont servi d'une façon ou d'une autre, en plus de ton intelligence qui a été mise à l'épreuve à différents moments. Et de l'autre, il ne s'était pas attendu à ce que le monde bascule avec une telle violence. À l'image de leur propre voyage dans les limbes. Mais malgré leur retour, c'était comme si plus rien ne revenait à sa place. Alors oui, il y avait vos gestes d'affections...Mais il savait comme ces derniers ne seraient qu'éphémères. Il ne vous restait qu'expéditions à venir...à savoir frôler la mort pour sauver le monde.

Et puis il y eu cette ronde improvisé. Comme une promesse tenue entre vos mains. Comme une famille qui allait se vouer à créer un nouvel équilibre. Mais tes paroles n'allèrent pas en ce sens. Tes mots furent profonds. Les premiers amenèrent interrogation sur les sourcils de l'élémentaire. La suite vint les apaiser. Toutefois, tes mots restaient doux. Tu semblais vouloir lui apporter une vision angélique de la Brume...Soulignant son identité propre malgré son origine qui n'était pas aussi toute puissante qu'il se l'était imaginé. «Avez-vous parlé avec elle?» Il parlait bien entendu de la Brume elle-même. «Elle prend des hommes. Des animaux. Toutes créatures qu'elle juge différente d'elle. Ce sont des sacrifices...Je vous mentirais si j'osais vous dire qu'elle est bienveillante. Elle ne l'est pas. Mais contrairement aux hommes, elle n'a pas d'appétence envers le pouvoir.» Sa logique était brisée. Mais des bribes restaient encore vraies. Suffisamment pour qu'il ne perde pas pied et surtout tout contrôle. Il était un des membres de la Brume. Lui aussi faisait des sacrifices. Lui aussi n'avait pas d'appétence envers le pouvoir. Il n'était pas humain tout comme elle. Initialement. Mais désormais. S'ils provenaient tous deux d'une expérience non naturel...Qu'est-ce que cela faisait d'eux? Et de vos nebulas?

La suite se déroula. Tu vins à présenter chacun des acteurs de la pièce: S.O.S cristal divin. Seraphah se retint de commenter cette fièvre dont tu parlais. Elle frappait une majorité des êtres sur cette terre. Plus rarement les élémentaires mais cela n'était pas à exclure. Personne n'était parfait, même pas lui.

«Je préfère écouter. Mais là encore je tiens à souligner la rapidité de ton intelligence dans ces moments de survie. Si le cristal était arrivé aux mains du Magistère, seule la Brume...» Sa voix se brisa. «Nulle ne sait ce qui serait advenu.» Était-ce mieux de ne pas savoir où était le cristal actuellement? Ils te laissèrent poursuivre. Seraphah nota tous les noms des personnes présentes même s'il les connaissait. Il nota surtout leur attitude, leurs arguments...même les tiens. Il y avait de l'idée, mais en effet, par ton biais ou celui de Ryker, l'Alliance aurait été la plus neutre à recevoir un tel cristal.

Ainsi la fameuse Nemeth était partisane de l'Église...elle avait tenté - comme tout un chacun - d'obtenir gain de cause, mais au final c'était Lewen qui en avait hérité...«C'est toujours très intéressant d'observer les réactions de chacun...Jeremiah a joué franc jeu, mais sa loyauté ne pouvait que déplaire en plus de sa frénésie. Pour les arguments de chacun, on voit comme les croyances différentes ne pouvaient créer de connivences. Vous deviez retrouver Lewen plus tard...C'est-à-dire?» Bien sûr qu'il attendait la suite. Il voulait comprendre qui avait osé compromettre l'ordre qui avait été établi.



Sam 3 Aoû - 0:09



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


Déconcerté par la question de Seraphah, sur la brume, il se recula un instant.
-« Non, je n’ai pas parlé avec elle. Quoique, Artémis et Amir semblaient avoir une connexion extrêmement impressionnante avec elle et en tirer des informations uniques. Eux étaient capables de lui « parler ». Avant qu'Ezra - à ce moment, ce n'était pas la conscience d'Ezra, mais seulement la machine de guerre... - ne tue Amir, il a livré une ultime charge. La brume a littéralement fusionnée avec sa forme animale... c'était à la fois somptueux et repoussant à regarder, un mélange de miracle et de blasphème... Bien peu d'êtres aurait pu le vaincre. Pourtant, elle l'a charcuté comme s'il n'était rien.»

Il se dit pour lui-même que la brume n’avait pas besoin de convoiter le pouvoir, pour tous les détenir. De même, les élémentaires étaient intrinsèquement supérieurs aux hommes, par leur longévité, leur résistance et leurs pouvoirs. Que serait-il sans ses cristaux arrachés de manière plus ou moins scrupuleuse ? Un garçon nu, avec une voix.

Ce n’était plus totalement vrai, se rappela-t-il, enfin. Il portait un fragment de brume, l’affublant d’une nature transfuge. Et avec elle, d’on ne sait quel pouvoir.

Keshâ ne put s’empêcher de sourire plein de reconnaissance pour les paroles de Maëlstrom.
-« Merci, Maëlstrom… si je suis honnête, le feu qui m’habitait voulait protéger l’humanité du Magistère… mais derrière lui, se cachait une faim très égoïste pour l’ascension. Car plus jamais on ne pourrait m’atteindre comme un simple mortel avec pareil pouvoir. Et tous me redouteraient... »

Il aurait pu se cacher derrière sa nébula. C’est vrai qu’elle convoitait cet hôte puissant en devenir. Mais elle était tout aussi sonnée que lui sur le coup. Et il savait que c’aurait été un mensonge. Le poids de l’insignifiance et des humiliations répétées lui tordaient les entrailles. Tout avait ressurgi avec la soif du pouvoir. Il avait voulu tirer la couverture à lui, comme les autres. Plus sombre encore, la pensée que, si c’était à refaire, il le referait. Avec plus de détermination et de surprises pour les autres cette fois.

La conclusion de l’histoire était plus confuse, même pour lui. C’est là qu’il attendait d’ouvrir la discussion aux conseils des hommes charismatiques qui l’entourait de leur longue expérience.

-« Pour être honnête, tout était assez flou, après. Nous avons décidé de ne pas pousser notre chance en nous éternisant. C’est vrai que les étages supérieurs de la tour perçaient au-dessus de la brume. Mais cela restait dangereux… nous savions que le Régent avait fui notre monde pour préparer une guerre à Zénobie. Si secoués par ce que nous avions vécu et nos oppositions, nous avons vite rappelé le Zeppelin avant que notre paix relative vole en éclat et que nous nous affrontions pour de bon… »

Tout le monde s’était vautré dans le zeppelin dans un état second, sous les vents glacés en regardant disparaître les sept glaciers et la tour qui s’érigeait à leurs pieds en affront aux millénaires.

-« Dans le Zeppelin, il ne s’est rien passé, si ce n’est que nous étions sûr que chaque mot et chaque détail reviendrait aux oreilles du magistère. Car nous étions prêts à occulter une petite part de vérité – sur le cristal divin – pour le protéger des convoitises mondiales… tout le monde était exténué et assez déboussolé… ma santé mentale n’était pas bonne… » coupa-t-il, sans s’étendre.

« Il y a eu la fuite de Jessamy, car c’était une fugitive, poursuivie par le Magistère… c’est important, car cela l’élimine d’office de la liste des suspects !"  affirma-t-il le doigt levé.
-« Artémis, Nemeth et Aaron… tous ont disparu assez vite à l’aterrissage… je n’en ai revu aucun. Sauf Lewen, qui s’est retrouvé logé dans le même quartier que moi dans la tour de l’Alliance… celle où j’ai été détenu contre mon gré par le Magistère… » précisa-t-il sombrement.

Il porta à ses lèvres le reste de thé tiède et grimaça devant l’amertume de la boisson ç cette température. Mais il devait s’hydrater le gosier.
« A ce stade, Lewen était le porteur du cristal d’Omniscience. Il est parvenu à quitter la tour assez vite… ce doit être dans les heures qui ont suivi que le cristal lui a été volé… je n’ai aucune idée du contexte, de comment c’est arrivé. On a fini par me l’annoncer, en m’accusant d’intelligence avec l’ennemi. Ils pensaient que j’étais un complice. »
Malheureusement, c’étaient là tous les éléments que le jeune homme était capable de porter à l’attention de Seraphah et Maëlstrom, de bien maigres éléments pour partir à la poursuite du cristal.

-« Je ne sais rien de plus. Je suis désolé… ma seule certitude… c’est que Jeremiah et le Magistère ne l’ont pas eu. Sinon, ils n’auraient pas été aussi survolté contre moi. Sauf si c’est une mise en scène pour se disculper… »
Il ne fit pas semblant d’être certain de ses hypothèses. A ce point de la conversation, tous étaient au même degré de connaissance. Mais il tenait à partager ses dernières conclusions personnelles avant de voir ce que Seraphah envisageait de faire.

« Je sais qu’on ne peut pas vérifier… mais pour moi, Artémis et Ryker n’auraient jamais attaqué Lewen de cette manière, ou alors, ils l’auraient fait avant. Jessamy aurait pu revenir de sa fuite, c’est vrai… mais elle n’avait pas l’air si intéressée que cela par le cristal. Je crois que ma fuite me place e haut de la liste des suspects d’Opale. Restent aussi Nemeth et Aharon. Mais qui sait quels autres clans ont pu s’immiscer une fois à terre ! »
Sam 3 Aoû - 1:57



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto




La mort d'Amir revint à la surface, avec elle le regard de Maelström fut englouti en silence. Ton attention était toute tournée vers Seraphah, ne remarquant pas que ce souvenir était sensible chez celui dont la présence savait se faire oublier. Il avait connu Amir, il avait été sous ses ordres. Dans un autre temps. Une autre vie.

Seraphah accueillait tes dires. La violence de la Brume il la connaissait autant que sa suprématie. Tout ce qu'il retenait c'était que désormais tu la connaissais également. Que tu devais le percevoir autrement. Bien loin de la beauté de ses étoffes. Du charisme qui se dégageait de lui. Il n'était pas de chair et de sang. Il était de brume et de vide. À tout moment son apparence pouvait s'effilocher, sans que tu ne puisses faire de pelote à partir de son fil. Il n'était rien. Et ce rien était pourtant plus puissant que le soldat le plus préparé. Et oui, Amir avait su se fondre dans la Brume, aller toucher à sa puissance, s'en affubler mais périr tout de même. Parce que tôt ou tard tous retourneraient chez eux. Il était mort en héros. Comme sans doute s'y était-il préparer depuis des années.

Ta franchise fut désarçonnante. Le regard d'émeraude cueillit le tien mais de la confusion s'y était nichée. Innocence bafouée. Volonté d'avoir une dominance sur son prochain. De quoi cela pouvait-il te protéger? Il pouvait bien l'imaginer. Tu avais vécu dans les rues. Vos discussions n'avaient pas abordées la profondeur de tes traumas. Cela aurait voulu dire agir de même envers les siens. Interdits. En partie. Alors à quoi s'était-il attendu? Troublé il l'était réellement. Cela n'était pas le cas du diplomate. Tous les hommes avaient les mêmes desseins. Peu importait leur raison. Mais au moins étais-tu conscient de ce qui t'avait animé. «Je vous le souhaite...Que vous soyez redouté. Après tout, quand le monde est sauvage, cela est beaucoup plus efficace que l'amour ou le respect.»

Le reste du récit s'imaginait sans peine. Tant d'émotions de survie en un laps de temps court et intense. Voilà qui terrasserait n'importe qui. Sauf celui ou celle qui voulait coûte que coûte ce cristal. Pour ta santé mentale, les précisions n'étaient pas nécessaire. Maelström connaissait cette sensation et Seraphah l'avait vu à l'oeuvre chez plusieurs hommes au fil des siècles. Il n'y aurait aucun reproche à ton encontre. Il n'y avait rien dans ton attitude qui avait péché. C'est alors que ton doigt levé à l'énonciation de Jessamy capta l'attention de tous. C'était le temps des hypothèses. Il écouta tes conclusions.

Maelström se leva, passant ses mains dans sa chevelure qu'il portait depuis les pyramides plus longue. Il poussa un soupir, vous tournant le dos, tandis que Seraphah prenait la parole: «Je connais bien Ryker. Il n'est pas fourbe et ne convoite pas le pouvoir...Il est en quête...d'autres choses.» Même si Demephor était venu tuer tous ses espoirs. Il savait qu'il les avait encore concernant ses parents. Il semblait persuadé de ses propos. Son regard ambré semblait de feu tant l'intensité de ses émotions étaient encore élevées. On imaginait sans mal Seraphah toujours empreint de douceur. Il n'en était rien.

«Je trouve votre hypothèse concernant Jeremiah et Jessamy des plus justes. Le Magistère n'aurait pas utiliser des ressources pour vous interroger sans raison valable...Et une fugitive n'aurait pas ajouté à sa peine.» Décidé il ajouta enfin: «J'ai entraperçu cette Nemeth...Y aurait-il moyen que vous la décriviez à Maelström afin qu'il puisse nous créer un portrait fidèle de cette dernière? Nous allons procéder à notre propre enquête. Après tout, Lewen est un citoyen et médecin d'Epistopoli. Nous ne laisserons pas cette affaire à l'Alliance ou au Magistère seuls.»

Maelström se dirigea vers le comptoir du restaurant, et revint avec une feuille arrachée et un crayon qu'on lui avait transmis. «Je suis prêt. Chaque minute compte pour entamer les recherches et retrouver ce cristal.»

«Surtout que nous ne connaissons pas les véritables intentions de cette Nemeth et de son acolyte...» Ce qui était le principal danger. Le savoir ne pouvait rester entre de mauvaises mains ou des intentions floues.



Sam 3 Aoû - 4:56



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


Redouté.

C’est ce qu’il avait pensé. C’est ce qu’il venait de dire. Non. Il ne voulait pas. Foudroyé par la dureté du constat de Seraphah, il était comme incapable de continuer à penser. Il ne voulait pas vivre dans un monde dominé uniquement par la crainte. Oui, il avait accepté d’abandonner ses illusions et de se dresser pour ses désirs et ses valeurs, même s’il se sentait toujours aussi risible qu’une brindille. Oui, il comprenait que le monde n’était pas tout rose. Mais non, tout ne pouvait être aussi cynique, tractations, intérêts et rapports de force.

Où était l’Amour ? Keshâ’rem ne se voyait pas continuer à vivre dans un monde dénué d’amour. Sinon, il préférait s’abandonner tout de suite à sa nébula. Qu’elle l’emporte dans les profondeurs. Qu’il soit son reflet.
-« L’amour et le respect sont des choses que je voudrais garder. » A son ton, on comprenait l'impératif d'un besoin.

En parlant du patrouilleur, l’élémentaire de feu ne pouvait se douter de la finesse de la ligne qui avait séparé Ryker de l’oblitération totale. L’errance l’avait caressé, c’était passé de très près. Et il avait trouvé ses réponses. Ses parents étaient morts. En quelques mots, la quête d’une vie s’était terminée par un diagnostic factuel et sans émotion. Point à la ligne.

Seraphah revenait sur Nemeth. Keshâ’rem se demandait pourquoi aussi peu d’intérêt pour Aharon. Le serrurier en chef avait de toute manière bien peu interagi avec lui. Il lui aurait donc été impossible de le décrire de manière significative. Par contre, il s’était tenu très prêt de Nemeth pendant un long moment.

Maëlstrom s’était levé pour s’emparer d’une feuille blanche et d’un crayon. L’orphelin savait très bien ce que cela signifiait. Il réactiva l’holographe et le laissa défiler quelques courtes secondes au début de l’enregistrement dans la salle de l’observatoire. Il fit stop au moment où on voyait la jeune Aramilane jouer à l’arrière-plan avec les planètes en compagnie de Lewen. On reconnaissait bien sa silhouette. Quant aux traits de son visage, ils étaient assez méconnaissables à cette distance. Mais s’ils avaient été si nets, Seraphah n’aurait pas eu besoin de son aide pour le portrait-robot que voulait dessiner Maëlstrom.

Il se servait seulement de l’image pour vivifier ses souvenirs récents. Il était confus, fatigué. Reparler de toutes ces horreurs l’avait creusé. Il lui faudrait plusieurs nuits avec le traitement expérimental de Seraphah pour retrouver la santé. Un peu fébrile, il enfouit son visage entre ses mains. Accoudés des deux bras sur la table, il avait repoussé son assiette et sa tasse, ses cheveux de cendres retombant comme un rideau devant son front.

Il n’allait pas pleurer. Il se rassemblait. Pour un exercice difficile. Il n’avait pas conscience des visions éclairs dont il avait contaminé Maëlstrom un peu plus tôt. Ces flashs étaient le résultats d’émotions poignantes dues aux souvenirs parasites qui le traversaient comme des flèches. Ici, il s’agissait de convoquer un souvenir détaillé et choisi parmi tant d’autres. Au sujet d’une personne qu’il connaissait, mais qui ne l’avait pas tant marquée. Il fallait comprendre que durant cette longue journée, tout était allé si vite…

Mais il était vrai qu’il avait longuement parlé à Nemeth. Il était prêt à essayer.

Ses narines aspirèrent lentement une grande quantité d’air, pendant que son abdomen s’emplissait. Il expira de la même manière et reproduit ce schéma. Un carreau de chocolat qui tombe dans sa main. L’esquisse d’un pâle sourire. Il tente de transmettre à Maëlstrom le flux de certaines images. Plus que cela. Des sensations. Sous forme d'informations brutes.

Comme un crépitement de téléviseur à antenne, en bonne partie déréglé, où des images fugaces surgissent entrecoupées de neige… une silhouette gracile, un peu timide, cachée derrière un carnet. Il voit le carnet en gros plan. Ce visage discret qui porte des lunettes, caché derrière une rangée de cheveux blonds. Le carnet en gros plan. Les pages qui tournent et se froissent sous un bruit envoûtant. Le stylo qui écrit. Des cheveux blonds et lisses, lustrés. Un murmure de voix, imprécis féminin. Comme un crash en avant autour de ses lèvres fines mais sensuelles. -  Pointant la lumière des étoiles dans le ciel, il inspira les hommes, les guida à travers le continent et étendit leur royaume à travers les terres sauvages, articulent les lèvres sous l'écho d'une marée lointaine. L’éclat brillant d’une lumière dans le métal. Une tige. C’est une dague, une dague qui tourne entre des bras habiles. Des cheveux blonds et un carnet. Des lèvres féminines… la lumière des étoiles dans le ciel, se superposent l’image et le son de manière désordonnée dans son esprit, comme s’il avait du mal à s’arrêter avec précision sur un seul stimuli.

Maëlstrom perçoit-il quoi que ce soit ? La salle du restaurant s’est effacée autour de lui. Tout n’est que noirceur. Il est dans son monde intérieur. Où tout est vide, tout se réverbère. Bruit du fusain contre le papier. Un instant fugace, ses yeux cuivrés le transpercent. Un beau regard en amande. Plein d’intelligence et de modestie.

Sa respiration reste lente, mais s’aprofondit et devient plus bruyante. Il peine à se concentrer. Ses yeux se plissent dans son effort.

-« Nemeth. Nemeth. Nemeth. Nemeth. » répète-t-il sans s’en rendre compte.

Il tente de s’ouvrir, comme Jeremiah l’a fait pour lui infliger la vision du Liechi. A ce moment la terrifiante vision emplie avec une vivacité sans pareille son écran mental et rebondit, comme une déflagration, dans la boîte crânienne de Maëlstrom. Elle l'envahit dans un râle puissant. Il pense à Jeremiah. Non pas, lui. Pas le Liechi. Ni Jeremiah. La sans-visage tente une percée au milieu de ses folles pensées! Non! Pas toi! Seulement elle. Seulement elle. Lui, il sert juste à se rappeler de l’imprégnation totale de ses sens, et l’ouverture pour laisser cette pointe du stylo-esprit le transpercer jusqu’à lui crever les yeux et le transpercer pour passer à travers l’écran qui le sépare de l’esprit de Maëlstrom.

Des fils d’or retombent comme de la soie autour de son visage aux lignes pures. Les yeux de Keshâ roulent sous ses paupières. Un début de migraine se fait sentir. Tout est confus. Mais il la sent, comme tout ce qui l’effraie de ce jour là. Au lieu de guider, il essaye juste d’abandonner le contrôle. Il lance des ancres de sensations et des mots clefs à son esprit. Comme on lance un os à un chien et le laisse recomposer autour pour remplir le vide. Un chien ? Max. Le chien-zombi apparaît dans son aura méphitique.

-« Elle dessinait. Une application, si sage. Mais elle cachait bien ses capacités aux combat, spectaculaires, à la râpière. »
Un arc de cercle parfait qui cingle l’air. Bruit de chair tranchée et cri d’un homme à l’agonie. De manière diffuse un calme olympien, un pas léger, des échos troublé au milieu du noir de ses pensées. La télévision de son esprit crépite toujours, mais gagne en intensité. Un carré de chocolat. Des doigts déliés, gantés. Oui. Gantés. Ses prunelles cuivrées, une voix pieuse. Accroupie prêt de lui, le sourire confiant. Des dents croquent dans le carreau de chocolat. Tout prêt de son visage.

Keshâ’rem ne se rend pas compte de la migraine qui envahit ses tempes. Ses mains se sont légèrement mis à trembler.
Ca vous fera du bien… du bien… Une poitrine fendue, quelque chose, un manche une garde qui dépasse, le tissu qui s’imbibe de sang.
-"Elle a un pouvoir! Télékinésie? "
Une larme qui roule sur la joue de Nemeth de profil. Tristesse sincère de la mort du dieu. - Vers quoi mène ce portail ?
Tout se répercute comme une balle dans un espace creux et se superpose. Des yeux d’or cuivrés.

Ils avalent tout. Ses iris d'or sont gigantesques. Un vortex tout puissant. - Murmure éteint qui semblent hurler.  Soyons meilleurs.

Il était épuisé. Haletant. De la sueur ruisselait dans ses mèches de cheveux prisonnières de ses poings refermés. Il se trouvait à demi-affalé sur la table, si absorbé par l’exercice de télépathie qu’il avait perdu pied avec son environnement. Il coupa le contact, sans avoir la moindre idée de ce que Maëlstrom avait obtenu.
Mar 6 Aoû - 3:15



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto




Avait-il été si dur dans ses propos? Seraphah n'en avait pas l'impression, mais il fallait avouer qu'il avait perdu sa sensibilité habituelle. Il était pris par la réaction que chacun avait eu face à ce cristal divin. Ne serait-il pas alors comme eux? Envieux de le posséder? Parce que ce qui était rare était puissant. Et même s'il ne cherchait pas le pouvoir des hommes, il cherchait la puissance des dieux. Celle qui lui permettrait de remonter ses différentes quêtes et obtenir réponse. Elle était là la vérité. Alors il ne serait pas jugeant. Seulement prévenant. Comme un gardien qui préférait mille fois que son trésor se durcisse, plutôt qu'il ne se fasse voler par le premier offrant.

Seraphah se cala sur la banquette au moment où Maelström revenait avec un crayon et une feuille blanche. Il savait que ce qui se jouerait dorénavant serait éloigné de ses oreilles. Un moment propice pour lui que de plonger dans la multitude d'idées qui germait face à toutes ces informations. Il n'avait pas l'habitude de se sentir las, et pourtant, c'était ce qu'il se produisait à l'instant même. La prise de conscience que les choses ne seront plus jamais comme avant, qu'ici il ne s'agissait plus uniquement de sa quête toute personnelle. D'un côté l'arbre-dieu, de l'autre cette histoire de cristal divin volé...Même si ce dernier n'était pas récupéré par l'Alliance par exemple, il serait bon de savoir qui était la personne qui l'avait subtilisé.

Maelström quand à lui s'accouda, le regard d'abord sur Kesha, puis rapidement, ses paupières se baissèrent afin de laisser place à la scène qui commença à se dérouler dans sa tête. Il ne s'habituerait jamais à être ainsi imbibé des pensées d'un autre, même si cet autre avait une place particulière dans sa vie. C'était comme une vague qui vous surpassait avant de vous plonger dans un autre moment, un autre temps, une autre ambiance. Il y avait d'abord ce précieux morceau de chocolat, comme la pépite d'un trésor perdu. Puis ce visage, si fin, si caché par ces épaisses lunettes. La main commença à s'agiter, à reproduire, les images projetées lui permettaient à peine de contempler le papier de sa réalité.

Et il y a eu Elle, cinglante, il la reconnaissait, Elle, qui voulait profiter des déboires de l'esprit de Kesha pour oser une infiltration. Puis il y avait d'autres visages, d'autres silhouettes, des noms que le rêveur soufflait à l'esprit de l'aramilan qui gardait le cap, qui attendait que le signal revienne. Et elle revint alors avec des mots pleins de poésie dont il écrivit des bribes à côté du visage que son fusain avait noircit sur le papier. Il en était désormais aux détails, à cette silhouette, mais surtout à ce visage, à ces lèvres fines, à ce regard qui semblait beaucoup trop grand face à la finesse des traits, si ces lunettes n'étaient pas là pour en arrêter la force.

C'était un imbroglio d'images et quand le contact se rompit, il ressentit un soulagement, une liberté retrouvée au sein de ses pensées. Le visage de Nemeth étant encore en effluve dans sa tête, ce qui lui permit de venir souligner quelques détails, tandis que Seraphah s'était rapproché de toi. Tu sentis d'abord un bras entourer tes épaules, tandis que l'autre main vint cueillir ton menton, t'intimant de lâcher ta tête car tu pouvais te reposer sur lui. Il y avait toujours cette délicatesse malgré les derniers échanges plus lourds en émotions. «Je crois que vous avez réussi.» Comme une permission à relâcher ta pression.

C'est à ce moment là que Maelström tourna sa feuille vers eux. «Est-ce que cela est fidèle?» Il ne se sentait pas très bien face à cet envahissement, mais il n'était pas du genre à le montrer...C'est à ce moment que Seraphah se détourna de toi, même si son bras autour de tes épaules ne bougea pas. Il était beaucoup plus tendu, beaucoup plus comme on le connaissait en se saisissant de la feuille: «Pourrais-tu retirer ces lunettes de son visage.» Il était persuadé de la connaitre, malgré la couleur des cheveux qui semblait différer...Après, il n'était sans doute pas le seul à se déguiser parfois.

Maelström obtempéra rapidement, reproduisant uniquement le visage, les lunettes en moins. Au regard que porta l'élémentaire sur la feuille, vous pouviez noter une déception dans son regard. Les traits étaient parfaitement dessinés, mais en même temps il n'y avait rien de particulier à cette apparence. «Nous voilà que peu avancés...à moins que nous ne la croisions demain pour la reconnaitre.» Il se redressa, commençant à s'éloigner doucement de vous deux. «Il est clair qu'il n'est pas agréable de ne pas savoir qui elle est vraiment, ainsi que l'autre homme qui l'accompagnait. Mais rien ne nous dit que ce soit eux les voleurs.».

Il poussa un soupir avant de poursuivre: "Par contre, il est clair que les organisateurs de cette chasse à l'homme sont au fait de qui était présents. Je contacterai Maël si jamais en tant que diplomate de l'Alliance il peut tirer quelques ficelles pour en savoir plus sur chacun des membres de l'équipage. Et ainsi nous donner une idée de où trouver chacun d'entre eux." Il était surtout très embêté de la façon que ce cristal avait été obtenu. Voler, même si pour une bonne raison, n'était pas un comportement louable à ses yeux. Pour le reste, il était surtout préoccupé de la façon dont tu avais été traité...et surtout que tu devais rester pour beaucoup un suspect, malgré l'intervention du Magistère sur ta personne. "Je suis navré que vous ayez été embrigadé dans une telle affaire..." Tu y avais beaucoup perdu. Il espérait que tu puisses voir à un moment, ce que tu y avais gagné.





Sam 10 Aoû - 6:52



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


Les traits du jeune homme cachaient mal sa déception. Quand bien même l’élémentaire avait parlé de réussite.

Keshâ'rem avait vraiment essayé de se concentrer pour transmettre l’impression la plus claire de Nemeth, d’esprit à esprit. Maëlstrom n’avait pas démérité par son talent de dessinateur. Il reconnaissait très bien la jeune femme telle qu’il se la souvenait. C’est vrai, les souvenirs nous jouent parfois des tours. Il y a les fois où on a quelque chose sur le bout de la langue, mais on est incapable d’en tirer quoi que ce soit, d’autres où on se sent vierge de souvenir alors que c’est une information badine que l’on a repassé des dizaines de fois. Les chocs peuvent parfois tout effacer.

Au contraire, il se rappelait vivement l’expression mortifiée de chacun dans ces moments si forts qu’ils le hanteraient à jamais, là où le visage de ses parents s’effaçait inexorablement. Il avait bien travaillé. Seulement, il avait sacrifié beaucoup d’énergie à cet exercice de télépathie. Les chances que Seraphah reconnaisse quiconque étaient faibles, mais cela lui aurait donnait l’impression d’être moins impuissant dans cette pelote d’épingles.

De plus, il avait l’impression de perdre de sa valeur en ne pouvant apporter l’épiphanie tant espérée à Seraphah. Et tout en étant lui-même un suspect potentiel, il avait conscience que d’autres pourraient venir frapper à sa porte si les pistes n’avançaient pas d’ici là.

Pris d’une étrange faiblesse, il porta son regard à ses mains, sûr de les voir trembler. Le tremblement était là, plutôt intérieur, une vibration. Il était bien fatigué. Une seule nuit ne suffisait pas après ce qu’il avait vécu. Sa main se porta sur la fourchette, mais la nourriture avait eut le temps de refroidir. Keshâ’rem se reporta donc sur le thé qui pourrait lui apporter un peu de chaleur et de sucre.

Un pâle sourire aux lèvres. Son employeur et ami ne s’avouait jamais vaincu. Il laissait couler son discours, déjà en train de déployer ses prochaines actions. Il se sentait malheureusement bien extérieur à celles-ci. Car il avait épuisé tous ses recours.
-« Ne soyez pas navré… »

Il leva sur eux un regard qui se voulait plus affirmé. D’une manière ou d’une autre, il avait grandi. Il n’était pas certain d’adhérer au dicton « ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort », mais son souhait de voir du pays et de côtoyer des légendes était exaucé. Il ne serait plus jamais le même. Et s’il ne se perdait pas lui-même dans les tréfonds de son esprit ou de sa dépression, qu’il ne partait pas en errance… eh bien, sans doute serait-il un peu plus difficile à tuer sur les prochaines missions. Il était à présent trop tard pour espérer retourner à une « autre vie » fantasmée qui n’avait de toute façon jamais existé.

-« Seraphah. Maëlstrom. Si vous pensez vraiment qu’identifier certaines personnes est important. J’ai une idée. Disons, une idée… curieuse… je connais une marchande d’épices qui travaille au marché des Cannelles d’Epistopoli. C’est une dame très âgée. Beaucoup pensent qu’elle est folle, certains l’appellent « la reine des korrigans ». »
Il s’assura qu’on n’allait pas lui couper la parole au motif que son idée avait l’air inepte.

« Les korrigans sont les grands oubliés. On n’en parle encore moins que des ouvriers de la basse-ville. Pourtant, ils se faufilent partout. J’ai déjà vu plusieurs korrigans venant de loin lui rendre des services. En retour, elle murmurait à leurs oreilles… je me demandais, si on faisait des reproductions de ce portrait robot… peut-être qu’avec des petites primes, on pourrait les diffuser dans le pays… aussi, il se trouve un nombre incalculable de jeunes coureurs qui livrent les journaux et les paquets. On pourrait peut-être leur donner un sou pour glisser un tract avec chacune des commandes ? J’ai des contacts dans un ancien centre de livraison pour journaliers… en revanche, je suis désolé, Aharon ne m’a pas marqué, il était vraiment trop discret. Je ne me sens pas en mesure de vous aider à le dessiner. »

Même si son omelette ressemblait à présent à du caoutchouc, il mastiqua une part consciencieusement tout en pensant.
« J’ai autre chose d’important à vous annoncer. Dans la tour d’Yfe, nous avons eu le privilège de trouver des catalyseurs. J’en ai profité pour amplifier mon cristal de télépathie lorsque j’étais en détention. Ils ne l’avaient pas trouvé… à l’inverse de mes totems… Je ne savais pas trop comment cela fonctionnait. Au début, mon but était seulement de gagner en puissance d’émission pour vous appeler tous les deux à l’aide. Mais j’ai réalisé que je pouvais désormais voyager durant mon sommeil dans les rêves d’autrui. Ce n’est pas complètement sous contrôle – et ma nébula y prospère. Je ne sais pas non plus comment mes rêves seront affectés par vos drogues… j’ai pensé que vous deviez le savoir… c’est loin d’être une science exacte, mais je peux voyager dans des Ruelles et chercher la porte correspondant à l’esprit d’un dormeur… évidemment, il y en a des milliers et des milliers dans le rayon d’action d’une ville… en tout cas si je peux vous aider de n’importe quelle manière à collecter des informations… »

Il avait étrangement l’impression de brasser du vent. Que pouvait bien avoir affaire ses amis de ces détails. Étrangement, il ne leur parlait pas du cristal de spatiokinésie vivifié. Ni du rapt de l’horloge en marbre, du tapis léopard, du fusil de chasse et de services en porcelaine du Marquis, semés entre les couloirs de la tour d’Yfe et ceux de la tour de l’Alliance à Opale.

-« Au fond, ce que je veux dire… c’est que je respecterai ma part du contrat. Je me consacrerai entièrement à l’opéra que vous voulez jouer sur l’Envol de Sankhir. Pendant les répétitions et la saison de représentation, je serai dédié et ne prendrai aucun risque…. Mais merci. Merci de m’avoir dit qu’il me serait nécessaire d’apprendre à me défendre. J’en vois la nécessité absolu, maintenant… quand j'étais paralysé de peur devant les monstres, les gestes que tu m'as enseigné, Maëlstrom, sont tout ce qui me restait quand je ne pouvais plus réfléchir...  je compte m’investir complètement dans mes entraînements avec toi, Maëlstrom… Si je me remets de ce qui m’arrive… » une ombre passa sur son visage blême, « il faudra passer la vitesse supérieure. Ne me ménage plus. Je veux que tu m’entraînes aussi à utiliser mes totems et cristaux dans les pires conditions en situation de combat. »

Pour lui-même, c'est un mélange de vœux pieux et d'appel à la vie, quand une partie importante de son âme veut seulement abdiquer et mourir. La nébula qui le parasite aura sa peau. Il cherche sans doute autant à impressionner son maître d'armes que se convaincre qu'il a un futur.

Avisant l’élémentaire :
« Seraphah… je crois que je suis idéaliste pour toujours. Mais si j’ai bien compris une chose de cette aventure, c’est que nos bons sentiments pour partager le cristal d'Omniscience n’ont servi à rien. Seule la force brute et la perfidie ont prévalu… si un jour vous voyez un autre artefact essentiel à notre futur, emparez-vous en. Par tous les moyens. Pas de négociation. »

Alors qu’il se sentait aussi rikiki qu’un insecte, cerné et amaigri avec une nébula le rongeant lentement, son discours était un peu ridicule, mais cela ne l’empêcha pas de dire :
« Je vois que chacun à cette table ne restera pas assis sans rien faire sur le bas-côté dans les années à venir. Si nous voulons survivre… et peut-être gagner, contre le Mandebrume, le Cercle et le Magistère… être impitoyable ne suffira pas… il faut devenir l’égal des dieux. »
Mar 10 Sep - 0:00



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Keshâ'rem Evangelisto




La déception n'existait pas chez l'élémentaire. Il pensait en terme de "solution" avant tout. Il avait déjà été satisfait de voir que tu étais en vie. Cela était grandement assez. Mais il perçut au timbre de ta voix, que cela ne l'était nullement pour toi. Pourtant cette mission n'était pas évidente. Elle était même très engageante pour une jeune personne qui n'était jamais parti à l'aventure. Il aurait aimé pouvoir te rappeler ces faits là, mais c'était sans compter sur l'aide que tu avais envie d'apporter à cette entreprise.

Loin de trouver ton idée inepte, l'attention de l'élémentaire semblait toute à toi. À dire vrai, il connaissait ce clan, même s'il ne faisait pas appel à eux. Il savait comme leur réputation les précédait...Mais que toi tu puisses en connaitre une au point de pouvoir lui demander un service, voici ce qui était surprenant.

«J'ai envie de dire qui ne tente rien...Par conséquent oui, nous pouvons reproduire ce portrait et vous pouvez vous charger de le faire circuler par l'intermédiaire de cette dame. Toutefois, il faudrait être précis sur la prime que nous apporterions à tous ceux qui pourraient nous être utiles. Je vais penser à cela et dès demain vous serez en mesure de diffuser l'information.»

En vérité, il était curieux de voir l'étendue de ce réseau que tu mentionnais. Est-ce que réellement ils avaient les bras longs jusqu'au-delà d'Epistopoli?

Maelström de son côté percevait cette urgence de ta part de venir en aide, comme si d'une façon ou d'une autre tu étais coupable de cette impossibilité de reconnaitre cette femme dont rien ne laissait supposer qu'elle détenait le cristal. Il fut toutefois agréablement surpris d'entendre que tes capacités s'agrandissaient.

«J'entends cette volonté de nous venir en aide Kesha'rem...Mais le plus important maintenant n'est pas de partir en chasse, mais bel et bien de vous reposer, de digérer tout ce qu'il vient de se produire...»

Il écouta suite à ça ce que tu avais réellement sur le coeur. Il entendit et ressentit la dévotion dont tu voulais faire preuve à cet instant. À dire vrai, il percevait que votre lien se raffermissait. Que ces événements chacun de votre côté avait apporté une pierre à l'édifice de cette relation qui se bâtissait. Bien sûr, il en allait depuis un moment autrement en ce qui concernait celle entre Maelström et toi-même. Mais c'était la première fois qu'il sentait l'engagement vis à vis de ce que vous pourrez œuvrer ensemble.

«Je le ferai Kesha. Sache toutefois que tu n'as rien à te reprocher. La découverte de ce cristal divin, le fait qu'il ait été volé...Ça peut paraître énorme, mais pas tant que cela face à l'urgence de la situation sur Opale et possiblement sur d'autres contrées d'Uhr à l'avenir.»

Seraphah acquiesça: «Maelström a raison. Le manque d'intégrité du geste révolte une part de moi. Même si ce n'est plus le cas aujourd'hui, il fut une époque où je travaillais au sein de l'Alliance. Le genre d'expérience qui amène une certaine droiture, surtout vu comment les événements se sont produits. Il est beaucoup plus important que vous vous reposiez...À votre place, je ne redirais pas trop fort vouloir que l'entrainement soit beaucoup plus vif.»

Un sourire, pour venir apaiser cette discussion qui pouvait être forte en frustration.

«La perfidie est toujours présente, surtout là où le pouvoir se trouve. Rassurez-vous, je sais depuis longtemps comment réagir face à l'adversité...Mais aussi dans quoi il est important de mettre ou non de l'énergie.» Sans doute quelque chose qu'il pourrait t'apprendre par l'exemple avec le temps.

Seraphah ne s'attendait toutefois pas à une telle chute dans ton discours. «Il convient surtout d'être égal à soi-même...Et pour ça, mieux vaut bien se connaitre.» À s'exiger trop, on ne peut que dérailler tôt ou tard. Il comprenait tes dires, il comprenait surtout le choc que toute cette aventure a du avoir sur toi. «Kesha'rem, vous ne serez plus seul dans cette aventure qu'est la vie. Si vous avez besoin d'un soutien plus approfondi concernant votre nouvel invité, je pourrais vous suggérer un confrère.»

Sans doute n'était-ce pas le moment idéal pour nommer cela. Mais à ses yeux, il te sentait prêt à tout entendre, surtout en vue d'être l'homme que tu semblais vouloir désormais être.



Mer 11 Sep - 2:02



Retrouvailles hasardeuses

Ft. Seraphah Von Arendt / Maëlstrom


Seraphah avait l’air d’accueillir son idée d’utiliser les chuchoteurs des bas-fonds pour retrouver le voleur du cristal divin. Enfin, en tout cas, de retrouver un des suspects sur la liste. Il était très important pour Keshâ’rem de se sentir utile. Certes, ce n’était pas sa faute si on leur avait volé le cristal. Mais faute d’être parvenu à convaincre les autres d’en être le gardien, il se devait au moins de faire en sorte de rendre justice. Et de ne pas démériter aux yeux de son protecteur.

-« Très bien. Cela me donnera un but pour sortir du Marquis. Je rendrai visite à quelques anciennes connaissances. »
Il était toujours bon de réactiver occasionnellement ses contacts pour ne pas laisser les relations s’enliser. Aussitôt, il repensa au Magistère qui le considérait toujours comme suspect de tout. Il se ravisa d’en faire part à Seraphah car il l’aurait découragé de lancer l’avis de recherche par précaution.

Une partie de ce réseau de fortune était celui de Nonnie et de la compagnie du courrier au noir, bien que les enfants-coureurs livrant le courrier n’aient pas vocation à espionner, à la base. Et l’autre partie relevait des comptoirs marchands et des fournisseurs de Mao, ainsi que de ses innombrables amis korrigans.

-« Je comprends. Je vais suivre votre conseil. C’est justement dans ce genre de situation que j’en ai le plus besoin. » répondit-il, comme il venait de lui annoncer un peu avant s’en remettre à sa direction.

En y repensant, rien ne lui ferait plus plaisir que de trouver un moment pour s’allonger de manière bohème sur un canapé pour écouter Seraphah jouer du piano pour lui. Il pourrait mêler sa voix à sa musique et partager ce qu’ils avaient de plus précieux ensemble. Réaliste, Keshâ savait que ce n’était pas près d’arriver. Seraphah s’enfermerait sans doute durant des jours pour passer des messages par télégraphes ou courrier, avant de se rendre à réunions au sommet sur réunion au sommet.

Il ne fallait pas se montrer égoïste. Ici s’arrêter ce qu’il pouvait faire, quand Seraphah accédait à son influence maximale en tant que sapiarque et diplomate dans ces moments charnières où tous manquaient de certitudes.

Maëlstrom tenta de le réconforter. Il savait qu’il disait vrai, mais l’entendre dit à voix haute parvenait à mieux le persuader.
-« J’ai du mal à oublier cette histoire. Sans doute à cause de ce que nous avons vécu -avec Déméphor. Et de ma rencontre avec le Magistère. Mais oui, je sais au fond que tu as raison Maëlstrom. La marmite déborde de tous les côtés. »
L’ombre d’un sourire le traversa. Trop tard pour se dédire. Maëlstrom avait bien entendu. Il l’aiderait à mâter cette fichue nébula, à grand coups de pieds !

Seraphah avait mille fois raison. Tout seul, il se serait échiné et épuisé sur des détails futils qui ne menaient nulle part. Comme sur un jeu d’échec, il fallait savoir temporiser et même perdre quelques pions pour choisir la bonne bataille. Tout à coup accablé de fatigue et de tristesse à l’évocation du thérapeute que lui proposait Seraphah, il se leva fébrilement.

Contournant la table, il vint enlacer les épaules de Seraphah resté assis. Malgré tout, l’élémentaire lui arrivait encore sous le menton et il laissa son menton reposer dans ses cheveux.
-« Merci Seraphah. Je suis reconnaissant et accepte de le rencontrer. A présent, je vais me retirer et vous laisser vous déposer. Soyez tranquille, je vais rester dans la lenteur les prochains jours. Je commence maintenant par une promenade dans la serre aux papillons et les jardins suspendus. »

Il essayerait sans nul doute de taper l’incruste dans les draps de Maëlstrom au milieu de la nuit si celui-ci ne venait pas le voir, trop effrayé à l’idée de rester seul. Et son corps lui avait trop manqué. Quand il s’était mis contre lui la veille, cela n’avait fait que réveiller ce manque.

Les temps prochains seraient dédiés à la convalescence. Il faudrait s’habituer à redescendre un peu dans les tours, pour quelqu’un brûlé à l’adrénaline… Seraphah et Maëlstrom lui indiquerait partir au cœur d’Urh dans la forêt de l’Arbre-dieu, quelques semaines plus tard, pour sauver le monde. Rien de moins. Il déclinerait poliment tout intérêt à les accompagner au nom de la raison. Mais finirait par plier à la demande assez ferme de l’armée, rehaussée par la visite d’un vieil ami officier, qui lui demanderait d’escorter un vieux sapiarque dans une promenade zoologique au large d’Andoria…

Seraphah n’étant pas là pour dévier l’invitation, il irait, en quête de ses origines et de quelques thunes… ce ne serait pas très sage de s’exposer à finir encore plus amoché. Mais que restait-il à faire à part attendre et se préparer à la saison des spectacles. Il semblait prochainement devoir se cantonner aux cours de chants et de représentation avec la troupe d’Opéra de Seraphah pour donner la première de l’Envol de Sankhir. Il fallait changer les idées de la bourgeoisie d’Epistopoli.