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[PARTIE 2] Les mines englouties

[PARTIE 2] Les mines englouties Brandw10
Mer 21 Fév - 22:22

Suivez les notes, les indices… Les petites notes écrites comme les pattes d’une mouche, griffonnées à la va-vite, vous soufflant un nom: Marie-du-Val.

Elles viennent du cœur d’une mine, ces notes. Un souvenir périlleux qui vous a fait traverser autant d’embûches. D’autres vous attendent sans doute un peu plus loin sur le chemin, une route périlleuse où vous vous êtes embarqués pourtant, groupe étrange aux horizons différents, mais réunis une nouvelle fois par le destin.

C’est loin de la mine qui vous a accueilli la dernière fois que vous vous retrouvez de nouveau, là où vous mènent ces notes. A l’horizon, une ville active, des voitures, des maisons. De quoi brouiller les pistes de quiconque tenterait d’y chercher… Quoi, au juste? Un lien avec les gnomes, le minerai étrange que vous avez trouvé?

L’adresse indiquée est droit devant vous, selon vos indications. Et devant vous, au milieu des bâtiments qui ont l’air plus ou moins industriels, se dresse ce qui ressemble à un entrepôt… Gardé. Bonnes retrouvailles, fine équipe, et bienvenu à Marie-du-Val.
Lun 26 Fév - 12:02

Pas un mot n'avait été échangé par les trois aventuriers depuis leur sortie des mines. Ce calvaire souterrain avait apparemment coûté à tout le monde beaucoup trop d'énergie. L'hilarité nerveuse suivant leur échappée belle n'avait que peu duré. Très vite le doute et le chagrin l'avaient remplacée. Il faut dire qu'aucun de ces trois-là ne s'étaient imaginé vivre tant de choses en si peu de temps au cœur des Monts d'Argent. Partie en espérant comprendre la cause du dysfonctionnement d'une mine de myste - et pourquoi pas l'exploiter pour priver Opale d'un peu de son pouvoir - la Générale de la Révolution ne pouvait désormais plus faire marche arrière. Le mystère devait être levé. Qu'est-ce que Mairie-du-Val pouvait avoir à faire dans cette histoire ? Epistopoli cherchait-elle à couper l'herbe sous le pieds d'Opale ? Cela semblait bien improbable, d'autant que la présence de gobelins au fond des mines n'avaient rien d'un modus operandi traditionnel. Alors qui ? Pourquoi ? Est-ce que la moindre de ses informations pourraient ultimement bénéficier à la population de Xandrie ? C'était toutes ces questions qui animaient l'esprit déjà bien harassé de Lillie. Elle les garda pour elle, ne pouvant toujours pas révéler son identité à ses compagnons d'infortune.

Le petit groupe avait descendu les flans des Tre Teste avec précaution, suivant ce minuscule petit bon, leur si petite et unique piste. Une fois les plaines rejointes, la petite bourgade se dessinait déjà dans le lointain. Elle n'avait rien de comparable avec les grandes villes de l'enclave mais sa vision suffit à rassurer Lillie. La pleine nature n'avait jamais vraiment été son truc. Leur arrivée à Mairie-du-Val n'était en rien triomphale. Dégoulinant de sueur, portant les stigmates des combats qu'il avait laissé derrière lui, le petit groupe n'eut pas d'autres choix que de trouver une auberge dans laquelle se restaurer, se laver, et se reposer. Une drôle d'intimité s'était installée au sein de ce drôle de trio. L'intimité qu'on ne peut partager qu'une fois la mort affrontée ensemble. Elle restait silencieuse, mais sans gêne. Ce n'est qu'une fois leurs corps un tant soit peu réchauffé, alors qu'ils se faisaient tourner ce minuscule bon autour d'une table, que Lillie prit la parole.

- Si l'adresse indique bien l'entrepôt qu'on a croisé en périphérie, il nous faut un plan d'action. Il est clair que celui ou celle qui se trouve derrière tout ça ne s'attend pas à ce qu'on ait récupéré son adresse. Il y a en revanche fort à parier qu'il n'est pas encore au courant de ce qu'il s'est passé dans les mines, à moins qu'un messager nous ait échappé ou qu'il ait pu en avoir vent par un quelconque pouvoir... Lillie marque une pause, songeuse. Elle se méfiait de tout, et surtout de ce dont était capable la brume une fois logée au creux d'un ventre. Elle ne savait que trop bien que ses pouvoir défiaient l'imagination. On a donc pour nous la surprise de nos pouvoirs et de notre présence. Je peux distraire les gardes le temps que vous trouviez une entrée. Lewën, tu pourrais préparer un somnifère ? Quelque chose pour les mettre hors d'état de nuire un moment ? Si je peux me passer de tuer encore, je préfère.
Mer 20 Mar - 17:32

Les mines englouties part. 2

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Le trajet avait paru long et bien trop court à la fois pour se remettre des affres des mines. Lewën avait continué de donner des soins à Lillie sur la route, lors de leurs pauses, ressoudant les côtes brisées de la Xandrienne.
Epistote de naissance, il ne connaissait que trop peu les steppes de son pays mais y reconnaissait l’architecture industrielle tant appréciée des dignitaires.

L'auberge leur offrit un confort qu'ils prirent le temps d'apprécier avant de se pencher sur la suite du plan. Lillie, l’entrain retrouvée, prit les choses en main, récapitulant leurs chances et proposant d'infiltrer les lieux pour glaner des informations.

- J’ai des anesthésiques par voie intraveineuse, je te préparerai les seringue, il te “suffira” de les injecter. dit-il en mimant les guillemets, sachant pertinemment que ce ne serait pas chose si facile. Il faudrait savoir ce qu'il se fait là-bas. J'ai une petite idée de comment s’y introduire.

Elizawelle, sourire en coin, ajouta qu'elle aussi tout, en sortant de son sac une fiole dont il devinait la contenance : une potion d'invisibilité.

Le médecin se leva pour trouver l'aubergiste, quelques astras en main pour attirer son attention. Il commanda des boissons tout en faisant la conversation, chose inhabituelle quant on connaissait l'homme :

- Dites moi, savez-vous ce qu'il se fait dans l'entrepôt à l'entrée de la ville ?

Tout en servant les chopes la femme le regarda méfiante.

- Je suis médecin, j’ai été appelé pour une expertise… il baissa la voix sur un ton de confidence, ce qui éveilla l'intérêt de la tenancière. Il y aurait quelques soucis avec les travailleurs, des conditions de travail un peu… laissant sa phrase en suspens, il fit une mou du visage.

Lewën n'était pas vraiment fier de lancer une telle rumeur sur une entreprise qu'il ne connaissait guère, c'est pourtant ce qu'il lui permettait d'obtenir rapidement des informations. Le femme lui tendit les verres avant de répondre en haussant les épaules :

- Si vous parlez d'Roc-corp, je n’sais pas grand chose, sont discrets les types, déjà vu quelques employés ici mais, pas très bavards, même après quelques verres. Mmh… C’que j’sais, c'est qu’c’est un transporteur minier, de la roche de construction pour les grandes villes.

Minier … ça corroborait avec leur petite escapade à Xandrie.

- Et vous savez où est la carrière d’où sont extraites les roches ?

La femme haussa les épaules en signe de négation tout en nettoyant son bar. Le médecin la remercia en laissant un petit pourboire avant de retrouver ses comparses, chopes en main, pour échanger sur le peu qu'il venait d'apprendre. Elizawelle le regardait d'un oeil nouveau quand il expliqua comment il comptait rentrer dans l'entrepôt : exactement comme il l'avait dit à l’aubergiste, en se faisant passer pour un contrôleur médical suite à des plaintes du personnel.
Lun 8 Avr - 13:06

Partie II
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan
MJ : Lö

L’arrivée à l’auberge de Marie-du-Val fut un véritable soulagement pour la petite équipe. Enfin, un bain chaud, de la nourriture fraîche et un lit sec ! Cette première nuit fut d’autant plus réparatrice pour Eliza qu’elle avait l’impression que les choses allaient mieux entre Lewën et elle. Il ne semblait pas lui avoir pardonné ses cachoteries faites lors de leur dernière expédition ensemble, mais le regard qu’il posait sur elle n'était plus aussi froid, comme s’il se souciait à nouveau d’elle. Se souciait-il d’elle ? L’aventurière tentait de ne pas y penser, et autour de cette table à laquelle ils discutaient pour définir la suite de leur mission, elle écarta ses inquiétudes personnelles pour laisser leurs objectifs prendre la place. Ils devaient trouver un moyen d’entrer dans cet entrepôt et surtout, découvrir ce qui s’y tramait. Lillie se proposant comme distraction, une idée commença à germer dans l’esprit de la zoan et, se penchant vers ses compagnons, elle leur dévoila posséder une potion d’invisibilité. C’était un pari risqué, la potion ne faisait effet que pendant une poignée de secondes, mais cela serait suffisant pour lui permettre d’entrer dans l’usine.

Lillie, pourrais-tu me rajeunir ? Les risques seront moins grands pour moi si je me fais coincer, et je pourrai plus facilement me cacher.

La taille de l’entrepôt était impressionnante, et ils entreprirent d’abord de faire une reconnaissance pour déterminer les mouvements du personnel et les points d’entrée de l’endroit. Il s’agissait d’un endroit impressionnant, avec un grand nombre d’employés qui se relayaient jour et nuit. L’endroit avait une allure typiquement épistote, utilisait une machinerie futuriste et employait même des automates. Des gardes étaient postés en tout temps à l’entrée principale et d’autres faisaient constamment une ronde autour de l’endroit. Après avoir mis en commun leurs observations, ils convinrent de se séparer pour mettre à exécution leur plan et fixèrent une heure et un point de rendez-vous pour se rejoindre. Ainsi, Eliza laissa ses compagnons et se faufila vers le point d’entrée des marchandises. Sous la forme d’une petite fille d’environ sept ou huit ans, elle n’eut aucun mal à se cacher entre les nombreuses caisses laissées au sol pour attendre le moment opportun. Lorsque la grande porte s’ouvrit pour laisser passer des marchandises, Elizawelle prit la potion et vit sa peau devenir transparente. Sans attendre, elle fonça, passant sans mal entre les travailleurs qui ne remarquèrent absolument rien. Tout en comptant mentalement les secondes qu’il restait à la potion, elle se planta au centre de l’endroit et mémorisa le plus rapidement possible sa configuration. Enfin, lorsque le décompte de son invisibilité toucha à sa fin, elle se plaqua entre deux caisses de bois et attendit.

L’endroit était éclairé de ces lumières épistotes – des néons ? - qui réduisaient les zones d’ombre au minimum. Plutôt grand, haut de plafond, divers escaliers permettaient de monter sur des ponts de métal qui faisaient de l’entrepôt un véritable labyrinthe. Là, tout en haut, comme suspendu, une grande boîte de métal à échelle humaine, qui devait faire office de bureau. Reproduisant la ruse utilisée dans les mines, elle se coula sous sa forme animale, espérant que sa forme et son pelage sombre l’aident à passer inaperçu. Elle attendit une accalmie dans le passage des travailleurs et fonça sans attendre à l’étage supérieur. Il lui fallut un moment, à zigzaguer sur les différentes passerelles et se cachant pour éviter les travailleurs, avant d’arriver à l’endroit qu’elle avait remarqué. La ruse de Lewën avait-elle fonctionné ? Est-ce que Lillie avait pu entrer dans l’entrepôt ? Faisant taire ses inquiétudes, elle testa la porte de ce qui semblait être un bureau, mais elle était évidemment verrouillée. Chance, ou stupidité, une fenêtre était entrouverte, à peine assez grande pour laisser passer un enfant. Elle s’assura de ne pas être vue, reprit forme humaine et se glissa non sans mal dans l’ouverture, déboulant sur le sol sans aucune grâce. Elle se releva prestement sur ses pieds et jeta un regard circulaire sur l’endroit.

La pièce était désordonnée. Sous les fenêtres aux bords ronds, typiques de ce genre d’industrie, se trouvaient des classeurs de métal desquels dépassaient des documents pêle-mêle. Le centre de la pièce était occupé par un large bureau tout aussi encombré. Sans attendre, Eliza se mit en quête d’informations intéressantes. Elle repéra rapidement des documents, qu’elle lut en diagonale, jusqu’à ce que son attention se porte sur une pile de listes qui mentionnait... de la limaille de fer. Intriguée, elle poursuivit ses recherches, repérant sur celles-ci une adresse qui n’était pas celle de l’entrepôt. Elle prit soin de la noter et d’enfoncer la note dans son sac, lorsque des bruits provenant de l’extérieur lui parvinrent. Elle devait partir ! Elle se jeta sur la fenêtre qui lui avait permis d’entrer, et s’y glissa au moment où la porte principale coulissa. Son cœur battait la chamade alors qu’elle demeurait immobile, plaquée sur le mur du bureau, alors que deux hommes y entraient en discutant de l’arrivée prochaine du train. Doutant de pouvoir obtenir plus d’informations et craignant de se faire prendre, la jeune femme se glissa à nouveau sous sa forme féline, plus petite qu’à l’habitude vu le rajeunissement opéré par Lillie, pour espérer sortir sans se faire voir.
Ven 19 Avr - 9:48

Dès son arrivée à Xandrie, Lillie avait dû apprendre à se fondre dans la masse. Et la masse des ruelles de Xandrie n'est pas si différente de celle qui peuple les bas-fonds de n'importe quelle autre ville. Ces masses, ces entités informes qu'on redoute en haute sphère parce qu'elles ne sont justement pas identifiables, elles n'ont au final rien d'inhumain. Au contraire. On y croise l'humanité toute entière, vaillante, optimiste malgré tout. De l'ouvrier handicapé qui continue à travailler pour sa famille bien aimée aux désœuvrés un peu limités qu'on envoie trimer pour quelques deniers, on trouve dans ces masses beaucoup de vrai. Et le vrai se parle d'une manière qui lui est propre. C'est ce langage là que Lillie a dû apprendre, gamine, pour négocier un bol de nouilles, un thé, un petit boulot à droite à gauche. Ce n'est que bien plus tard, une fois installée au sommet de la Révolution, qu'elle a dû replonger dans ses racines opalines pour maitriser le langage plus nauséabond des chefs d'États.

Une fois aux abords de l'entrepôt, elle obéit à Elizawelle, lui donnant à nouveau son apparence d'enfant. Elle n'utilisait pas son pouvoir à la légère, et chaque requête d'un de ses compagnons était invariablement suivie d'une flopée de questions pour s'assurer qu'ils étaient certains de le vouloir. Une fois le jaguar entré dans l'entrepôt, elle laissa à Lewën le soin de mettre à exécution sa partie du plan. Tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, c'était l'aider du mieux qu'elle le pouvait. Elle le laissa approcher de l'entrée principale de l'entrepôt et fit son apparition quelques minutes plus tard, alors que le médecin était encore affairé avec un garde.

Traînant ses baskets usées jusqu'à un autre garde en poste, elle sifflota en shootant dans un caillou qui termina sa course entre les pieds de ce dernier.

- Désolé l'ami ! Lui lança-t-elle en levant un bras. T'as pas trop chaud sous ce cagnard ? J'ai l'impression qu'il fait plus chaud en dehors qu'en d'dans aujourd'hui ! Elle guetta sa réaction. Un vague hochement de tête et un sourire naissant lui indiqua que le garde tenait plus de l'ouvrier et qu'il faisait lui aussi partie de la masse. Elle approcha. Dis voir, j'viens juste d'arriver dans le coin, j'crois que j'étais pas assez douée de mes mains pour ces bâtards d'Epistotes. T'sais pas s'ils cherchent du monde tes patrons ?

- Bah j'crois bien qu'ils ont toujours b'soin de p'tites mains, et la vérité c'est que c'est pas trop mal payé pour juste porter des trucs. Moi c'est mon cousin qui m'a fait entrer. Tu vois pas qui c'est, le grand Daymän ? Ah mais nan, j'suis con, t'es pas du coin. J'peux toujours lui d'mander, mais j'te préviens, ils sont pas commodes là dedans. Tant que tu fais le boulot, ça roule, mais pose pas de questions. J'imagine que c'était la même merde à Episto' de toute façon !

Un bref coup d'œil sur sa droite indiqua à Lillie que Lewën avait réussi à entrer. Son stratagème avait du fonctionner. Le nouvel ami de Lillie, transpirant dans son uniforme trop petit, se tourna vers celui à qui le médecin parlait encore quelques secondes auparavant.

- Ernold, tu penses que j'peux aller chercher Daymän ? La grande tige là, elle cherche un boulot. J'sais qu'ils cherchent quelqu'un pour remplacer le p'tit qui s'est fait écraser la main là.

- Vas-y, mais fais vite. Et toi la miss, tu bouges pas de là.

L'embonpoint du premier l'empêcha de se précipiter à l'intérieur. Lillie resta là, fixant le second en souriant bêtement. Celui-ci n'était clairement pas de la masse. Il la toisait de haut en bas, les mains solidement ancrées sur son arme de service, en bandoulière autour de son torse. Quelques interminables minutes plus tard, le ventripotent réapparu, accompagné d'un homme au teint basané et à l'air un rien renfrogné. Bien plus imposant en taille - et en muscles - que son cousin, Daymän pointa Lillie du doigt.

- Toi, tu cherches du boulot ? Tu peux porter quoi avec ces bras ridicules ? Pff, j'imagine que ce sera mieux que rien. Suis-moi, et pose pas de questions.

Lillie se contenta de hocher la tête. Elle entra dans l'entrepôt, observa les lieux, attendant un signe de l'un de ses compagnons.
Jeu 2 Mai - 16:10

Les mines englouties part. 2

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Il avait du palabrer longuement avec le garde à l’entrée avant que celui-ci ne daigne appeler son responsable.
-  Bonjour Lucius Degros, se présenta-t-il à ce dernier.  Médecine du travail, nous avons enregistré une plainte contre votre entreprise. Je suis envoyé par les autorités pour faire la lumière sur les accusations à votre encours.
- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?[/color] suspecta Darven Laclow, le chef de Roc-corp. L’épistote ne lui laissa pas le temps de trop réfléchir.
-  Je viens juste pour effectuer une expertise surprise, vite fait, bien fait. Si vous n’avez rien à vous reprocher il n’y en aura pas pour longtemps. Nous pouvons programmer le rendez-vous si vous préférez, mais alors les soupçons … Bref, si c’est votre souhait je reviendrai, mais accompagné de quelques forces de l’ordre cette fois.

Les yeux de l’homme allaient de gauche à droite et de droite à gauche à vive allure, la main couvrant sa bouche.
- Venez … C’est qu’j’ai pas tout mon temps voyez. Allons à mon bureau qu’vous m’expliquiez. Son ton était dur et sec. Lewën le suivit, jetant des œillades autour de lui.

- Asseyez. lui dit l’homme. Bon, c’est quoi c’t’histoire là ? Qui s’est plaint ?
-  Ah ça, vous comprendrez que je ne peux guère vous le révéler. Des accusations de maltraitance et d’esclavagisme ont été déposées contre votre entreprise. Le médecin se pencha pour parler à voix plus basse. Qu’on se l’accorde, ce n’est pas un métier facile, transport de minerais. Faut savoir booster les troupes hein, puis parfois on a pas trop les moyens alors quelques heures supplémentaires ça ne fait pas de mal… il essayait maladroitement de se mettre le type dans la poche pour qu’il puisse collaborer plus facilement, et surtout, qu’il ne comprenne pas la supercherie.  Y a des travailleurs un peu sensibles, bon … Mais avec l’histoire de Crystech, vous êtes au courant n’est-ce pas ? Les vis se sont resserrées … Laissez-moi vous interroger ainsi que quelques employés, faites moi un petit tour de votre entreprise et ce sera fini. Lewën avait sciemment énoncé une entreprise connue pour se montrer convaincant, sa voix était sûre, pourtant une sueur froide coula le long de son échine.

L’homme hésita puis acquiesça. Plus vite ce médecin en aurait fini, mieux ses affaires iront.
- Que voulez-vous savoir ?[/color]

L’albâtre prit son carnet et de quoi écrire, ajoutant à la formalité de l’entrevue et surtout lui permettant de lire les questions préalablement préparées.
- [b]On va rester simple ne vous inquiétez pas. Pour commencer, depuis quand l’entreprise existe-t-elle ?

- Depuis quelques années.
-  Mmh … grommela le médecin devant le flou de l’homme.  Il va falloir être un peu plus précis dans vos réponses si ça ne vous ennuie pas. Vous rendez quels services ?
- C’est que j’sis pas là depuis l’début m’sieur Degros. Acheminements de bien, il s'agit, pour ce site, d'un simple service de stockage et livraison.
-  Ah bien, pas de fabrication de matière première donc … J’ai cru comprendre qu’il y avait des charges lourdes. La sécurité des employées est-elle assurées ?
- Oui, bien sûr. Vous comprenez bien qu'on ne peut pas laisser le stock sans protection, ahah AH! Lewën sentit l’homme mal à l’aise, cela signifiait qu’Elizawelle et Lillie risquaient gros si elles se faisaient prendre.
-  Avez-vous eu connaissance de sortes de maltraitances ici ?
- Non, non bien sûr. Tout le monde est en sécurité ici.
-  Bon très bien, je voudrais voir votre chef d’équipe, vous voyez de qui je parle.
- Oui oui, je vais vous chercher Daymän.
-  Merci beaucoup pour votre coopération, je soulignerai bien ce fait dans mon rapport.

Il profita des quelques minutes de répit pour fouiller, mais dans ce petit bureau il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. Lewën réitéra ses questions avec le fameux Daymän et quelques salariés : quelles tâches effectuaient-ils ? Qu'est-ce que le matériau qu'ils acheminaient ? Se sentaient-ils valorisés ? Avaient-ils déjà rencontré des problèmes entre collègues ou hiérarchie ? Leur sécurité était-elle respectée ? Avaient-ils subi des menaces ou une forme de maltraitance ? Avaient-ils déjà vu le créateur de l'entreprise ? Qui étaient-il ? Quels étaient les circuits de la marchandise ? Où étaient-elles livrées ? Les pauses de l'employé étaient-elles respectées le long du trajet ?
Les réponses étaient semblables entre les différentes personnes interrogées.  ”On range et on livre, M'sieur!” “Ah ça... Tout est toujours enfermé dans des bidons ou des caisses, interdiction de regarder la marchandise. Mais c'est lourd.” “Bah... C't'a dire, on fait pas le plus beau boulot du monde, v'voyez? Mais on va dire oui” “Ah ahh la hiérarchie... Ils nous disent pas grand chose.” “Oui, pour ça. On est protégé 24/24, m'enfin je pense qu'ils font surtout ça pour le stock, pas pour nous.” “Non, faut s'habituer aux gars armés, c'tout” “Nous on est que les gros bras vous savez, l'entreprise mère elle est plus loin... Enfin, je dis ça, mais seuls les gros bonnets connaissent l'adresse. Nous on n'y a jamais été!” “Nous on réceptionne, et on envoie. C'est toujours récupéré plus loin à Marie-Duv', livré ici. C'est là qu'on prépare les grosses expéditions, et on envoie tout mon bon Monsieur. Mais c'est pas nous sur le trajet, c'est toujours un tiers.”

Le médecin griffonné rapidement et demanda une visite à la fin des tête-à-tête, signe qu’il était temps de mettre les voiles en espérant que ses coéquipières sauraient ressortir sans difficulté si ce n’était pas déjà le cas. Bien évidemment le chef Laclow eut tout le temps pour prévenir ses partenaires et il ne lui montra que ce qu’il jugeait inintéressant. Pas un bout de granit rose en vue, tout était en caisse. Le médecin remercia l’homme et à la sortie lui tapota l’épaule :
- Je ne devrais pas vous le dire mais … vous ne craignez rien. Je me doutais que l’auteur des accusations mentait, il sera puni, croyez-moi. dit-il en tapotant son carnet. Bonne continuation Monsieur Laclow.


Le gérant sembla soulagé, Lewën parti sans un regard en arrière.
[/b]
Dim 5 Mai - 18:32

Partie II
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan
MJ : Ryker

Elle était coincée.

Dans ce corps d’enfant, elle parvenait à rester cachée, mais les mouvements du personnel s’intensifiaient et lui retiraient toute possibilité de sortir aussi facilement qu’elle était entrée. Le chemin qu'elle avait pris précédemment était constamment emprunté : probablement l’une des voies principales. Elle avait eu de la chance de pouvoir monter impunément la première fois ! Les autres passerelles s’enchevêtraient dans un dédale complexe et elle peinait, de sa position, à voir par où elle devait passer. Elle resta donc un bon moment en place, progressant à pas de tortue et changeant de cachette lorsque c’était possible pour voir les choses sous un autre angle. En observant ce qui se déroulait en contrebas, elle reconnut Lewën qui disparut bien vite, accompagné d’un homme dont les habits témoignaient d’un rôle de bureaucrate plus que de travailleur. Il semblait en pleine possession de ses moyens, ce qui rassura Eliza. Lentement, prenant parfois sa forme animale pour se faufiler plus facilement, elle progressa jusqu’à une autre section de l’entrepôt, où elle aperçut Lillie. Elle discutait avec des travailleurs, qui la laissèrent seule quelques instants. Spectatrice invisible, elle vit la jeune femme étudier les bons de livraison sur les caisses qui l’entouraient, puis... se glisser dans l’une d'elles. Un petit sourire s’étira sur les lèvres de la zoan. Voilà une idée audacieuse !

Il lui fallut du temps pour se frayer un chemin jusqu'au sol. Une fois sur le plancher des vaches, elle n’hésita plus : elle prit sa forme animale et fonça à toute vitesse vers la sortie, tel un chat chassant une souris. Il y eut quelques exclamations à son passage, mais avec un peu de chance, on la confondrait simplement avec le commun félin domestique. Elle était certes un peu plus grosse, mais étant rajeunie par le pouvoir de Lillie, sa taille n’était pas si impressionnante. Elle fit un long détour pour être certaine qu’on ne la poursuivait pas, sortant même de la ville pour attendre l’heure du rendez-vous dans les hautes herbes des champs de blé. Après un moment, elle sentit ses os craquer et sa peau la démanger : elle reprenait son âge adulte. Avait-il pu arriver quelque chose à Lillie ? Ou bien était-ce simplement le temps ou la distance qui avait mis fin au sortilège ? Il était difficile de déterminer les causes avec certitude, quand il s'agissait de pouvoirs. Il était probable que la jeune femme ne se retrouverait pas au point de rendez-vous, mais Eliza s'y pressa tout de même, impatiente de retrouver Lewën. Il était d'ailleurs présent lorsqu'elle arriva, parfaitement bien portant à première vue, enlevant des épaules de l’aventurière un poids qu’elle avait ignoré porter.

Lewën ! l'héla-t-elle, souriant bêtement en voyant son visage s’illuminer. Je crois que Lillie ne nous rejoindra pas immédiatement, expliqua-t-elle rapidement après l’avoir rejoint.

Elle lui exposa rapidement ce qu’elle avait trouvé et à quoi elle avait assisté, éludant les difficultés rencontrées pour se concentrer sur l’essentiel. L’idée audacieuse de leur compagne d’aventure sembla toutefois le troubler et il s’agita, visiblement inquiet.

Et s'il lui arrivait quelque chose ? Et si elle était transportée à l’autre bout du monde ?

Il n’y a rien que nous pouvons faire pour le moment, Lewën, le raisonna-t-elle, attendrie par le grand cœur de son ami. Faisons honneur à son audace et poursuivons nos recherches ! Qu’as-tu obtenu de ton côté ?

Ils discutèrent longuement des possibilités qui s'offraient à eux. Il semblait évident que l'entrepôt n'était qu'un maillon dans une chaîne beaucoup plus vaste. À lui seul, il ne leur apporterait probablement pas d’autres réponses. L'adresse obtenue par Eliza était un élément important et leur offrait un nouvel objectif, mais la situation de Lillie jetait l'incertitude sur leurs plans. Lewën, le front plissé par la réflexion, tentait de trouver une stratégie viable pour faire avancer leur enquête malgré les obstacles. Après de longues délibérations, ils conclurent que leur meilleure option était de se rendre à cette adresse. Lewën décida alors d’établir un contact télépathique avec Lillie. Après s’être assuré qu’elle allait bien et avoir partagé quelques informations essentielles, ils se mirent d’accord sur ce plan et se mirent en route.
Lun 6 Mai - 11:53

MJ -Les mines englouties

Entre quatre planches


Convergence. Quelques bribes d’informations glanées par Lewën et la perception que quelque chose de plus inquiétant se dessinait autour du commanditaire de ces livraisons. Une vue de l’intérieur du bâtiment puis d’une caisse arrachée au détour d’une marche au milieu des caisses qui s’empilaient pour Lillie. Mais une enfant-jaguar restait aux prises avec sa propre cachette, perdue dans la fourmilière des gros bras. Il y eu un instant où les trois furent presque au même endroit, où Lewën passa devant la caisse de Lillie pendant qu’Elizawelle les observait de haut.

De l’extérieur, le médecin et l’enfant pure apercevoir l’arrivée d’un messager dont la besace était chargée de parchemins et messages. Il se fit arrêter d’un geste ferme par le garde et rapidement l’homme avec qui Lewën s’était entretenu arriva pour prendre le message. Il bougonna quelque chose d’inaudible puis entra à l’intérieur du bâtiment avant de rameuter quelques hommes d’un sifflement. Au bout de quelques minutes l’un d’eux s’en alla atteler la charrette et les grandes portes s’ouvrirent pour aller chercher les animaux et entamer le chargement. Il ne fallut pas longtemps pour que des chevaux de trait et une épaisse carriole ne soient amenées dans l’entrepôt. Le bruit caractéristique du gazouillis joyeux d’un automate qui se mettait au travail se fit entendre à l’intérieur. Puis des grognements d’efforts et le fracas métallique des caisses. Au bout de quelques minutes, on dressa la toile au-dessus de la charrette et celle-ci fut amenée dehors. Quelques hommes s’emparèrent d’armes à feu et allèrent chercher à leur tour des montures. Puis …

- Hé … Elle est où la donzelle maigrichonne qui te suivait Daymän ? tonna le fameux Monsieur Laclow, qui semblait diriger ce petit coin.

C’était un petit bonhomme avec une moustache effilée et de rares cheveux sur le crâne. Mais ses yeux trahissaient une intelligence assez fine pour ce type d’emploi. Il se lissa les poils pendant que le pataud Daymän se retournait et scrutait l’entrepôt du regard. Il avait été interrompu par les questions de la médecine du travail et avait presque oublié la jeune femme à son retour. C’est vrai ça, où était-elle passée ? Il bougonna et jura avant d’embarquer quelques hommes avec lui.

- Attends, Daymän. Pas le temps. Le convoi est prêt à partir. Prends Jeffred et Lola avec toi. Vous rattraperez la charrette après. ordonna Laclow, avant de donner quelques ordres.

Le solide gaillard qui dirigeait les équipes de manutentionnaires pris donc deux des mercenaires chargés d’escorter le convoi et les fit venir avec lui. Il activa de nouveau l’automate et leur ordonna de fouiller la zone. Elle ne pouvait pas être allé bien loin : à peine embauchée et elle resquillait déjà ? Ou alors c’était bien pire …

- Patron, et si elle venait nous espionner ? Genre … à se cacher dans une caisse …

Laclow soupira et observa le convoi qu’on finissait de bâcher. Il fronça les sourcils.

- Trop grande pour ces caisses. Et elles sont surtout pleines à ras-bord. Fouillez-moi la zone et après vous ferez les caisses. En attendant, le convoi ne peut pas être retardé : dépêche-toi et tu me feras deux quarts d’affilée pour être aussi négligent.

Au bout de quelques minutes, le convoi fut prêt à partir et le son de caisses qu’on ouvrait à l’intérieur se fit entendre. Les bœufs démarrèrent tandis que l’incertitude sur la localisation de Lillie demeurait …

Elizawelle et Lewën ne pouvaient qu’assister impuissants au départ et à la fouille de l’entrepôt. Peu facile de savoir si la caisse de Lillie avait été bougée ou non de prime abord. Surtout que les hommes à l’intérieur commencent à fouiller les caisses. Une charrette s’en va, quant à elle, de l’entrepôt. Chargée à ras-bord de lourdes caisses.

Lillie, bien que secouée, difficile d’identifier que ta caisse ait bien été emportée. Tu as entendu les échanges entre les hommes de main, mais aussi, sans que tu puisses l’assurer à 100%, le son d’un meuglement de vache. Tu as été déplacée, ça c’est sûr. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts … Quoi qu’il en soit, les pierres sur lesquelles tu es installée sont assez peu confortables mais tu les as bien évidemment reconnues …


Dernière édition par Ryker Lestat le Lun 24 Juin - 21:54, édité 1 fois
Jeu 16 Mai - 9:40

Rien dans l'entrepôt ne lui permit de localiser Elizawelle. Elle avait pourtant pris soin de laisser les rayons de son regard darder partout où ils le pouvaient. La plupart des ouvriers étaient trop occupés à travailler, et les rares qui la virent marcher derrière Daymän ne se posèrent même pas la question de savoir qui elle était ni pourquoi elle semblait si curieuse. Le contremaître ne lui adressa pas un mot. Sa tâche était simple, il n'avait qu'à la guider jusqu'à son responsable et potentiellement toucher une petite prime à l'embauche. Il doutait grandement des capacités de cette frêle femme à porter quoi que ce soit de lourd, mais dans le pire des cas, elle serait remerciée et il n'aurait qu'à retourner travailler. Quelques bousculades plus tard, Lillie n'avait toujours rien trouvé de suspect dans cet entrepôt. Avaient ils fait tout ce chemin pour rien ? Impossible. Il y avait un loup, et elle comptait bien le chasser.

Un sifflement bruyant sema le désordre, comme l'aurait fait un grain de sable dans un mécanisme bien huilé. Les chaînes de transport s'interrompirent un moment, et quelques hommes se rapprochèrent de la sortie au pas de course. Lillie profita de la curiosité de Daymän à leur égard pour lui fausser compagnie. Il ne lui suffit que d'un pas de côté pour se retrouver derrière deux hautes piles de caisses en bois. Elle réfléchit à un moyen d'en apprendre plus sans mettre en danger sa vie ou celle de ses compagnons. Une dernière œillade vers les plafonds lui permit enfin de voir Elizawelle, sous sa forme féline. Une idée lui vint alors. Elle ferma les yeux, prit une grande inspiration et, se mordant la joue pour ne pas hurler de douleur, elle demanda à nouveau à son corps de lui rendre son apparence d'enfant. Là, flottant dans des vêtements trop grands, elle grimpa dans une caisse laissée entrouverte et replaça soigneusement le couvercle au-dessus de sa tête. Une légère fêlure dans le bois lui permettait d'apercevoir l'activité de l'entrepôt. Si elle pouvait passer une nuit ici, elle apprendrait sans doute tous les secrets de cet endroit. Et comme sa partenaire l'avait probablement vue entrer ici, aucune chance qu'elle y reste bloquée ad vitam.

Les pierres sur lesquelles Lillie était installée rendaient sa couverture bien peu confortable. Elles le devinrent encore moins quand la caisse se mit à bouger.

- P'tain de merde, mais elle est lourde celle-là ! Qui c'est qui me l'a chargée comme ça ?! grogna un ouvrier.

Lillie se contenta de souffrir en silence, demandant à son corps un effort supplémentaire pour rapetisser encore sans toutefois perdre toutes ses fonctions motrices et cognitives. Le chambardement sembla durer une éternité jusqu'à ce que dans un grand fracas, elle soit de nouveau immobile quelque part. Le répit ne fut que de courte durée puisque très rapidement, elle se sentit de nouveau en mouvement. Le déplacement lui semblait toutefois bien moins violent. Plus régulier, plus doux, plus... Un meuglement lui fit soudainement comprendre que c'était une vache qui la précédait, et qu'elle se trouvait probablement sur une charrette. Ce n'était peut être pas ma décision la plus avisée, pensa-t-elle. Elle tenta de compter combien d'hommes accompagnaient le convoi. Elle put en identifier au moins deux.

- Ah putain, et moi qui pensait passer une journée tranquille ! Mais nan, faut qu'on m'envoie dans le trou du cul de l'enclave en dernière minute.
- M'en parle pas, je rêvais déjà d'aller au bordel. J'ai pas envie de voir leurs tronches en plus.
- À qui ça, aux commanditaires ? Ouais bah on te d'mande pas d'les aimer, juste de leur faire un sourire et d'récupérer le gros chèque. Tu sais faire ça, nan, un sourire ? Un court silence. Ouais nan, tout compte fait, pas de sourire.

Il était impossible pour la jeune femme aux cheveux roses d'estimer le temps de ce déplacement. Elle commençait à désespérer de quitter un jour ces pierres qui lui rentraient dans la peau quand elle s'immobilisa de nouveau. Elle soupira, peut-être trop fort, avant de se couvrir la bouche des deux mains. De nouvelles voix lui parvinrent. Celles-ci n'étaient en rien comparables à celles qui avaient accompagné son trajet. Elles avaient un accent que Lillie ne parvenait pas à identifier. Il était question de paiement, de continuité de la livraison, mais le ronron d'un cours d'eau tout proche empêchait le Général d'entendre précisément les échanges. Puis de nouveau, du mouvement, moins délicat, et un sol tangible. Le bruit de l'eau était maintenant si fort qu'il ne faisait aucun doute à Lillie qu'elle se trouvait maintenant sur une barque.

Sans prendre plus le temps de réfléchir, elle repoussa le couvercle en bois qui trônait au-dessus de sa tête et plongea à l'eau, priant les Douze de ne pas être vue. Elle reprit sa forme adulte une fois sous l'eau, laissant libre cours à sa douleur, cette fois, et se laissa porter en aval jusqu'à ne plus pouvoir tenir. Elle sortit une tête de l'eau et prit une grande inspiration.
Jeu 6 Juin - 20:53

Les mines englouties part. 2

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Un ranch. Ils avaient atterri dans ce lieu reculé après avoir fait du stop et fini en marchant. Presque deux heures s’étaient écoulées et Lewën espérait au fond de lui retrouver Lillie à cette même adresse, espoir vite balayé face au silence, inhabituel dans ce genre d’endroit, qui y régnait. Les aventuriers pouvaient y observer des enclos vides, à la terre sèche, jadis retournée par les sabots de bêtes disparues. Au milieu, une petite maison qui ne payait pas de mine, celle du gardien des lieux assis sur son perron en train de tricoter.
Lewën jeta un regard interrogateur à Elizawelle qui le lui rendit, et sur un commun accord ils abordèrent le vieux paysan.

- Bonjour Monsieur, excusez nous de vous déranger, nous sommes perdus, pouvez-vous nous dire où nous nous trouvons ?
- Z'êtes à not' ranch. Qu'la pas d'nom mais c'l'not'.
- C’est un bel endroit mais … n’élevez vous pas des bêtes ?
- Oulah, on a tout v'du y'a un moment. Des types bizarres là, ils voulaient n'boeufs.
- Vous savez ce qu’ils voulaient faire de vos boeufs ?
- Oh ben on sait pas nous, l'manger ou l'tirer : en font bin c'qu'ils veulent.
- Oui, il faut bien nourrir ce beau monde j’imagine … répondit le médecin plus pour entretenir la conversation que par intérêt?
- Ah bein vi, avec la Brume y tout, le foin ça d'vint dangereux. Et j'plus l'âge de bouger l'bestioles moi. L'aut' fois, v'là t'y pas qu'le fils du gros Faber il s'est fait piétiner par son bétail.
- Et vous ne savez pas où ils les ont amené ?
- Oh ben ça, j'm'a souvi'ns pu. Enfin j'sais pas trop b'en. Y z'avez pas l'air d'êt' des gens d'la campagne.

Sa partenaire lui donna un coup de coude pour lui montrer le puits plus loin, demandant ingénieusement s’ils pouvaient boire de l’eau, assoiffés par la route. Le deuxième homme, à peine moins âgé que son frère, proposa plutôt un shoot de gnôle pour nettoyer les boyaux, l’eau étant visiblement insalubre. Il n’en fallu guère plus à la Zoan pour accepter, croyant tirer les vers du nez au zigoto. Au lieu de cela l’éleveur vantait son travail dans le potager, fier des quelques légumes qu’ils produisaient dans cette terre de caractère. Mais tout ce n’était plus trop de leur âge alors pourquoi pas se rapprocher de la ville. La féline tentait habilement de les ramener sur les acquéreurs des bovins, en vain, ils n’apprirent guère plus qu’ils s’agissaient probablement d’épistote riches peu habitués à tremper leurs bottes dans la boue.

- Z’auriez vu leur tête les pieds dans la bouse ! Pas vrai Jo’ ! Qu’on a ri nous !

Lewën manqua s’étouffer avec l’eau de vie, déclenchant l’hilarité générale, Elizawelle se joignant au joyeux binôme en riant de son visage rougi et de ses yeux larmoyants. L’oesophage lui brûlait jusqu’à l’estomac, peut-être aurait-il été moins dangereux de boire l’eau croupie finalement.

Par une prouesse verbale la femme réussit à les sortir de là, repartant sur le chemin emprunté plus tôt. Par acquis de conscience, le bon médecin dont la tête commençait à lui tourner lança un appel télépathique à l’intention de Lillie, sans réponse.

- Elle répond pas.
- Qui ça ?
- Lillie … Télépathie.
- Je me demande si les types qui ont acheté le troupeau sont pas les gérants de toute cette affaire. marmonnait Elizawelle en réfléchissant à voix haute.
- Zûrement. répondit l’albâtre la langue pâteuse.
- Lewën … ça va ?
-  Je crois que la gn-gnôle monte à la teute.

Il fallait convenir que devant sa réaction, il avait dû se résigner à siffler un deuxième, puis un troisième shooter devant l’insistance des deux vieux en espérant qu’Elizawelle obtienne des informations précieuses. Cette dernière, sourire aux lèvres et oeil malicieux, se contenta de glisser son bras sans dessus dessous celui de Lewën pour l’aider à garder contenance.
Mer 19 Juin - 15:42

Partie II
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan
MJ : Ryker

Elle se retenait de rire à chaque pas en soutenant Lewën, qui avançait d’un pas chancelant. Elle salua les vieux fermiers en les remerciant de leur accueil. Elle-même se sentait bien échauffée par la gnôle, un sourire béat fixé sur ses lèvres alors qu’elle entraînait son ami sur les traces des chariots, leur seul indice. Visiblement, le jeune épistote tenait difficilement l’alcool ! Malheureusement, leur petite aventure leur avait bien peu appris, et ils se retrouvaient dans un état où leurs pensées se confondaient, rendant la réflexion difficile. Quelle idée de se saouler en pareille situation ! Elizawelle maudit son impulsivité. Pourtant... Pourtant, Lewën était si près d’elle maintenant... il s’appuyait sans retenue sur elle. Son poids, sa proximité... elle tourna la tête vers lui, sentit son souffle sur son visage, réprima un frisson de le savoir si près... Troublée par cette proximité, elle tenta de recentrer ses pensées sur leur mission. Visiblement, cet endroit isolé servait de couverture pour la véritable entreprise, prouvant sans doute qu’il s’y tramait quelque chose de louche, quelque chose que les personnes à l’origine de l’extraction de minerai dans les mines du Mont d’Argent souhaitaient garder secret. Pour l’instant, ils devaient toutefois retrouver Lillie. Le souffle de Lewën dans son cou l’empêchait toutefois de se concentrer davantage...

Nous irons plus vite si tu montes sur mon dos, réfléchit Eliza à voix haute alors que son compagnon réprimait un hoquet dû à l’alcool.

Si l’incompréhension se peignit une seconde sur les traits de son ami, sa transformation en imposant jaguar noir fit naître une lueur dans son regard. Elle se montrait rarement sous ce jour, surtout depuis qu’elle avait appris à séparer sa conscience animale de sa conscience humaine, et elle éprouvait un malaise à laisser quiconque monter sur son dos, non seulement parce que cela la ralentirait forcément, mais aussi parce qu’elle répugnait à être comparée à une simple monture. Pourtant, elle n’avait pas hésité... peut-être pour échapper à ces sensations troublantes causées par cette situation. Sous sa forme animale, il lui semblait plus facile de contrôler ses pensées. Peut-être grâce à l’affreuse douleur de la transformation ? Elle s’ébroua, puis se pressa contre les jambes de l’épistote pour l’inciter à monter. Une fois installé, elle se mit à trottiner, profitant de son odorat pour tenter de percevoir la trace de Lillie. Ils remontèrent ainsi la trace des chariots jusqu’à les croiser. On les observa d’un air suspicieux : il était rare de voir un homme monter un félin ! Pourtant, il y avait des choses bien plus étranges en ce monde et ils les dépassèrent sans poser de questions, les origines évidemment epistote de Lewën ayant probablement contribué à les rassurer.

Malgré ce croisement rapide, l’odorat d’Elizawelle lui permit de constater deux choses : premièrement, le chariot était vide. Il avait donc déposé son chargement quelque part, ce qui signifiait qu’ils allaient sans doute dans la bonne direction. Deuxièmement, l’odeur de Lillie flottait dans l’air, pas suffisamment forte pour croire qu’elle se trouvait dans le chariot, mais assez pour que la zoan ait la certitude qu’elle s’y était trouvée peu de temps auparavant. Elle poussa un petit grognement pour communiquer avec Lewën, qui, malgré son esprit embrouillé, réussit à l’atteindre par télépathie. Eliza lui expliqua ses découvertes et se remit en route, nez au tapis pour retrouver leur compagne d’aventure. Ils étaient seuls depuis de longues minutes lorsqu’Elizawelle retrouva sa trace, avant de la perdre à nouveau en arrivant près de la rivière. Elle s'arrêta et Lewën descendit de son dos pour lui permettre de reprendre forme humaine. Même s’ils n’étaient pas tout à fait remis de la gnôle, le temps passé sur la route leur avait au moins permis de dégriser un peu. Ils longèrent la rivière un moment, suivant le sens du courant.

Regarde !

À l’horizon, sur la rive opposée, une silhouette féminine s’extirpait de la rivière. Ils s’approchèrent rapidement, jusqu’à percevoir la chevelure flamboyante de la jeune femme. Ils entreprirent de traverser la rivière pour la rejoindre et s’assurer qu’elle allait bien. Sans attendre, Elizawelle lui conta leurs aventures et ce qu’ils avaient pu apprendre, appuyée par Lewën qui, malgré l’alcool, parvenait à suivre la conversation. Exprimant sa déception de ne pas avoir pu en apprendre davantage, elle lui retourna ensuite la question, lui expliquant qu’elle l’avait vue entrer dans une caisse dans l’entrepôt et la pressant de donner des détails sur ce qu’elle avait pu voir ou entendre durant cette folle entreprise.
Lun 24 Juin - 21:50

MJ -Les mines englouties

Parmi les Pontes ?


Lillie, Lillie … ballottée au gré des cahots du chemin, dans l’inconfort des pierres saillantes qui te contraignaient à écouter le souffler court les échanges des courtauds menant le convoi. Entre quelques rires gras et hachés, tu comprends rapidement qu’ils ne sont que les bras d’une société au sein d’une société, elle-même dissimulée par un complexe fatras de faux-semblants. Comment en être sûre ? Et bien, eux, ils ne semblent au courant de rien. Mais tu es bien au contact de la marchandise … et Eux, les Pontes, comme ils les appellent, paieront rubis sur l’ongle. Tu fais bien de te faufiler car peu après ton plotch discret, une inspection raisonne à tes oreilles. Avant de voir les fatidiques caisses chargées et encadrées par quelques hommes armés. Ils semblent moins nombreux que l’escorte qui t’a menée là, mais leur équipement … sobre, froid. Efficace. Tu sens l’odeur de la gouaille épistote jusque dans les méandres dans lesquelles tu t’es faufilée pour te remettre de ton éprouvante transformation.

Cher Docteur, ne vous a-t-on jamais dit de ne pas boire pendant vos tournées médicales ? Ah, les p’tits vieux et leurs tord-boyaux. Capables de mettre l’enfer en ébullition. Mais rien de nouveau concernant ces fameux riches propriétaires terriens : ils ont acheté le ranch, leurs animaux et se sont servi de son nom pour maquiller leurs affaires. En suivant un consort d’étiquettes, des fausses routes administratives … En soi, vous avez fait fausse route : ils sont trop précautionneux pour laisser des indices. Mais aussi trop arrogants pour penser qu’un couple de vieux pécores puisse trahir leur identité. Après tout, ils sont de la haute, non ? Du moins c’est ainsi qu’ils les décrivent. Riches, certains en blouses. Hautains et méprisants.

Très chère Jaguar à l’odorat infaillible, affublée d’un bridezingue en belle forme. Malgré cette proximité, tu ne perds pas une miette de ce retour à vide. Il ne fallut pas longtemps pour que la sente fragrante ne te mette sur la piste de notre nageuse émérite. Les retrouvailles, teintée de relents alcoolisés, mirent du baume au cœur. Au détail près que vous n’étiez pas plus avancés …

Mais dans une rivière, remonter à l’envers était peu commun. Il ne fallait pas être sorcier, ou sorcière, pour se douter que la piste se continuait un peu plus bas. Au rythme du bateau, il ne vous fallut pas longtemps avant d’en retrouver la trace. Mis à part les hommes qu’avait pu reconnaître Lillie, il était impossible de voir dans ce transport la moindre connivence avec ces fameux Pontes. Quelques heures à leur filer le train, à contourner les méats et gorges pour finalement, après l’une d’entre elles, se rendre compte que vous avez beau attendre, jamais le bateau n’en sortirait.

Il vous suffit alors de grimper en haut des escarpements. La rivière était bien large en contrebas, mais là ! Oui, là ! Un affluent, un quai ! Une sorte d’embarcadère caché le long de l’affluent. Impossible à voir sans le savoir. A moins d’avoir l’odorat infaillible d’Elizawelle, vous auriez pu passer à côté … Attachée par des bouts épais, la barque était là. Vide avec le temps passer à chercher vos cibles. Des rires vous alertèrent sur les gardes postés çà et là, ceux que Lillie avait pu voir avant de plonger. Armés de fusils bien trop technologiques pour leurs tenues de cuir et de soie, ils semblaient veiller sur l’endroit avec une bonhommie encouragée par des chopes bien pleines. Leurs armes étaient posées contre le bord et le succès de leur opération semblait les avoir rassérénés. Assez pour qu’ils soient à l’image de Lewën quelques heures plus tôt …

- Santé, Pietro. Encore une affaire qui roule … nous l’avons bien méritée celle-là, ah ! porta l'un des deux, doté d'un fort accent épistopolitain.

Les deux hommes barraient l’entrée, vous ne les perceviez que de loin grâce aux échos ah ... ah ...ah ... de cette fissure dans la roche. Mais, l’œil averti du médecin, entre deux pauses nauséeuses, lui permit de déceler une étrange bicoque. Maison posée en bord de falaise, à quelques mètres de là. Une longue échelle de cordes abîmée pendait dans le vide et se perdait dans l’ombre. Elle était positionnée sur un complexe échafaudage en bois, bordée d’arbres et bosquets. Elle était à peine visible dans la végétation florissante de ces gorges. Les volets étaient ouverts, sa porte fermée. De la fumée sortait de sa cheminée.
Ven 12 Juil - 9:41

Les retrouvailles ne furent pas particulièrement chaleureuses. Ils étaient tous les trois soulagés de se savoir en vie, mais ils savaient que leur investigation était loin d'être terminée. Ils savaient surtout que ne pas encore avoir été repérés tenait du miracle, aussi redoublèrent-ils de précautions en suivant la piste qui s'offrait à eux. Lillie était trempée jusqu'aux os, comme elle l'avait été plus tôt dans la grotte. Elle se serait bien passée de ce petit plongeon dans la rivière. Rivière qui continuait de ronronner, maintenant en contrebas des falaises boisées qu'ils arpentaient à la recherche d'un indice. Soudain, des éclats de voix vinrent perturber la monotonie de l'eau qui coule. Elles étaient lointaines, ces voix, bien plus lointaines que la maison qui surplombait les gorges, dont les aventuriers découvrirent la toiture à l'abri derrière un chêne probablement centenaire. Plus important encore, cette petite maison avait tout l'air d'être habitée. Il n'y avait qu'un moyen de s'en assurer, pensa Lillie, mais elle décida pour autant de consulter ses partenaires. Elle avait assez agi spontanément pour la journée.

Devant l'urgence de la situation, le débat eut la politesse de ne pas s'éterniser. Le danger était évident, mais les trois aventuriers, partis depuis déjà bien trop longtemps de chez eux, étaient mus par une curiosité impatiente. Ainsi fut-il décidé qu'ils tenteraient tous les trois d'entrer dans la maison. Lucide, comme toujours, Elizawelle posta son jaguar en observation à l'extérieur, petite alarme animale plus que pratique. Lillie s'approcha la première de la porte, simplement pour constater qu'elle était fermée. Les voix en contrebas étaient un peu plus audibles maintenant, mais la puissance de la rivière mangeait toujours leurs mots. Ils fêtaient apparemment quelque chose, mais quoi ? De l'autre côté de la maison, Lillie enroula son poing dans sa chemise préalablement retirée et brisa d'un coup de poing sec la petite lucarne en face d'elle. Elle dégagea du cadre les morceaux de verre qui ne s'étaient pas délogés à l'impact et entra dans la maison. L'ouverture donnait sur la cuisine. On était loin des équipements électro-ménagers dernier cri d'Espistopoli, mais tout était fonctionnel. À en juger par la pile de vaisselle sale dans l'évier et la forte odeur de poisson cuit qui flottait sur les lieux, il ne faisait aucun doute que les lieux étaient habités.

Lillie fut rejointe par le médecin, d'abord, puis par Elizawelle. La bicoque n'était pas grande, mais tout y semblait en état de marche. Le genre d'endroit prisé par les bourgeois assez riches pour s'offrir une résidence secondaire. Il y avait en tout et pour tout huit lits. Grande famille, plaisanta Lillie. Un livre entrouvert avait été abandonné sur un fauteuil à l'assise trouée. Le feu de cheminée s'était éteint, mais les braises étaient encore rougeoyantes. Des câbles tombaient le long des murs depuis le plafond. Lillie tira sur l'un d'eux, doucement, d'abord, puis de plus en plus fort. Lewën l'interrompit dans un murmure : il venait de trouver une trappe, un accès à une cave, probablement. Elle était elle aussi verrouillée, mais les traces de pas autour ne laissaient aucun doute sur l'importance de - ce ou de ceux - qu'elle contenait. Il leur fallait un moyen de l'ouvrir. Et vite, s'ils souhaitaient pouvoir conserver un minimum leur effet de surprise.
Jeu 22 Aoû - 0:57

Les mines englouties part. 2

Avec Elizawelle Flatterand et Lillie Moynihan



Ils étaient enfin réuni, coup de chance ou coup de flaire, Lewën fit entièrement confiance à sa partenaire pour le guider, au-delà de ses espérances. Il avait déjà monté un cheval, un Drake mais jamais un jaguar, encore moins un jaguar métamorphe. Il aurait émis sa désapprobation si la vie de Lillie n'avait pas été en danger, tout comme il ne dit rien lorsque cette dernière cassa le carreau d'une des fenêtres de la maison qu'ils s'apprêtaient à visiter, chose qu'il aurait réprimandé si la vie des mineurs n'étaient pas également en danger aux Monts d’Argent.

Bien que de la fumée s'échappait de la demeure, personne n'y était présent. Très vite les trois comparses s'intéressèrent à un sous-sol, par prudence Lewën fut le seul à y descendre, le cristal de télépathie en main pour prévenir ses partenaires à la moindre suspicion. Avançant prudemment avec ses lunettes de vision nocturne, un éclairage rouge l'aveugle soudainement, assourdissant l’Epistote d'un bourdonnement. La pièce ressemblait à des vestiaires, de nombreux casiers servaient d’ameublement et après avoir jeté un coup d'œil dans la plupart Lewën n'y trouva que des affaires personnelles. Photos de famille, vêtements, bijoux … il décrivait à ses gardiennes ses découvertes au fil de l'eau, s'assurant que tout allait bien de leur côté.

Après s'être assuré que personne ne se cachait ici, le médecin s'intéressa à une porte au fond d'où luisait un écran bleu.
Un message clignote, “circuit d'urgence” dit-il télépathiquement, des câbles remontent jusque dans la pièce au dessus, vous pouvez peut-être les trouver … il y aun clavier numérique aussi, je suppose que nous devons rentrer un mot de passe, ça va être compliqué de rentrer autrement …

La mission lui semblait bien compliqué pourtant on lui rapporta que Lillie s'affairait à trouver une solution à l'étage, s'amusant avec les câbles que Lewën venait de lui décrire.

Mar 29 Oct - 17:38

L'expérience de la télépathie n'était pas vraiment du goût de Lillie. Après des années à vivre seule dans des planques toutes plus isolées les unes que les autres, entendre résonner une voix à l'intérieure même de son crâne lui faisait l'effet d'une prise d'otage. Elle n'eut pas d'autres choix que de s'y faire, écoutant calmement le médecin lui décrire ce qu'il voyait en sous-sol. Elle s'immobilisa, invita Eli à faire de même.

- Retourne toute la pièce, fouille tout ce que tu as sous la main. S'il y a un code, on doit forcément pouvoir trouver de quoi nous aider, dit-elle alors qu'elle commençait déjà à toucher à tous les objets qui lui tombaient sous la main.

Tous les tiroirs furent ouverts, les lits furent défaits, un à un, les placards furent inspectés avec minutie, malgré la relative pression qui planait sur le trio. En haut, ni Lillie ni Eli ne trouvèrent quoi que ce soit de probant. Plus bas, Lewën eut plus de chance. Sa voix retentit à nouveau entre les oreilles de la Générale.

- Là ! Dans un casier, un bleu de travail. Au fond d'une poche il y a un espèce de papier froissé... Il y a trois S griffonnés. Anniversaire et indépendance écrits au milieu...

Concentrée depuis des années sur la politique intérieure xandrienne, Lillie n'eut aucune peine à admettre qu'elle n'avait pas la moindre idée de quoi cette énigme pouvait bien parler. Elle haussa les épaules et s'en remit au jaguar, qui, dans un éclair de lucidité plus que bienvenu, arriva à rattacher les wagons.

- En 1634, Epistopoli s'est... Affranchie du poids de l'Église. Sancta, l'une des trois cités saintes, avec Aramila et Dainsbourg, est devenue Epistopoli et s'est tournée vers la science. Lewën, essaye ça. Dit-elle alors qu'elle rejoignait le sous-sol et sa lumière inquiétante.

Impressionnée par les connaissances de sa camarade, Lillie ne pipa mot. Elle se sentait en réalité un peu bête, elle qui voulait renverser un pouvoir sans même savoir si le passé avait déjà connu des choses similaires. Elle les rejoint à la hâte et, pour masquer son malaise, sans doute, poursuivit ses fouilles dans les casiers des ouvriers laissés ouverts. Elle y trouva plusieurs cailloux de tailles diverses, ainsi qu'un sac rempli d'une poudre de la même couleur que les minerais avec lesquels elle venait de voyager, entre les quatre planches de sa caisse en bois. Elle les garda dans sa main alors que Lewën finissait de taper le code sur l'écran allumé. Un ange passa, mais il laissa dans son sillon un léger bruit, comme un déclic. Tous les trois laissèrent échapper un soupir de soulagement.
Ven 1 Nov - 20:42

Partie II
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan
MJ : Ryker

La concentration d’Elizawelle vacillait. Les effets de l’alcool s’atténuaient, mais laissaient derrière eux cette langueur familière contre laquelle elle peinait à lutter. Partagée entre la vigilance du jaguar qui montait la garde à l’extérieur et les découvertes de Lewën, elle se laissait guider par Lillie dans leur fouille de la maison, sans grande efficacité. Elle était assaillie par les odeurs captées par son autre moitié, tandis que son esprit restait préoccupé par son compagnon epistote, resté seul au sous-sol et qui était au moins aussi éméché qu’elle. L’urgence de la situation était évidente, mais ni son esprit ni son corps ne semblaient capables de suivre le rythme. Finalement, la xandrienne repéra un indice, "Anniversaire indépendance". Elizawelle se saisit du papier, et il lui fallut quelques secondes pour que son éducation opaline reprenne le dessus, dissipant la brume qui obscurcissait ses pensées. Ils se trouvaient dans un lieu épistote, un temple de technologie et de science, tout comme Epistopoli après la révolution... La révolution ! Le S était pour Sancta ? Elle se remémora la date et la prononça à haute voix. L’exclamation mentale de Lewën lui tira un sourire ; la porte s'était ouverte ! Sans perdre un instant, Lillie et elle s’élancèrent vers le sous-sol.

Lewën les attendait, en alerte. Il leur fit signe de garder le silence et désigna la pièce qui venait de s’ouvrir. Grande et encombrée, elle abritait un homme penché sur un bureau, affairé à rassembler des documents. Concentré, il n’avait pas encore perçu leur présence. Des écrans affichant des avertissements de dysfonctionnement teintaient la pièce d’une lumière rougeâtre, révélant les améliorations de l’homme. De l’autre côté de la pièce, derrière une porte de fer, s’échappaient d’inquiétants bruits métalliques, comme pour indiquer que cet homme n’était que l’éclaireur d’un groupe bien plus nombreux, doté d'une technologie avancée que laissait deviner la nature des sons qu'ils percevaient. D’un signe discret, Elizawelle avertit ses compagnons et plongea la main dans son sac spatiokinésique, fouillant un instant avant de retrouver l’objet recherché. Elle enfila son gant éolien et, d’un geste précis, projeta une lame d’air qui siffla jusqu’à atteindre l’homme, juste sous sa prothèse oculaire. Avant que son cri ne s’éteigne, Eliza activa son cristal d’hypervélocité et fondit sur lui, lui arrachant son arme d’un coup rapide sur le coude qui le força à lâcher prise. Glissant derrière lui, elle profita de son déséquilibre pour lui faire une clé de bras et prendre le dessus.

Maintenant, vous allez être gentil et me dire ce qui se trame ici, murmura-t-elle à son oreille.

Qui êtes-vous ? demanda-t-il, visiblement paniqué.

Commencez par répondre, voulez-vous ? dit-elle en resserrant sa prise alors qu’il se débattait. À quoi servent ces minerais ? Qu’essayez-vous d’accomplir ici ?

Sentant qu’elle pourrait perdre l’avantage face à cet homme bien plus robuste qu’elle, Eliza rappela en elle sa part jaguar, toujours en alerte à l’étage, n’ayant perçu aucun autre mouvement susceptible d'être plus dangereux que la situation actuelle. Une fois entière à nouveau, elle transforma ses ongles en griffes d’une simple impulsion, renforçant sa prise sur l’homme, qui se débattait de plus belle. Fermement ancrée, elle glissa la main vers son cristal d’absorption énergétique.

Voilà, c’est bien, du calme, murmura-t-elle d’une voix suave en puisant dans l’énergie de l’homme, ralentissant l’absorption lorsque ses mouvements devinrent moins vigoureux.
Lun 4 Nov - 0:22

MJ -Les mines englouties

Interrogatoire musclé


Il essaya. Juste ce qu'il fallait pour comprendre qu'il ne faisait pas le poids lorsque les griffes crissèrent sur ses augmentations. Il n'en avait pas la force, semblait avoir été défiguré par quelque chose qui avait emporté sa partie latérale et l'avait conditionné à cette vie de servitude mécanique, qui bordait son existence d'une addiction délétère pour simplement survivre. Il hoqueta, sa main trembla. Des amplifications pratiques, à n'en pas douter, mais qui n'étaient pas tournées vers le combat. Le bruit ne semblait pas avoir été entendu dans le vacarme ambiant, bien que quelques voix continuaient de s'élever au loin.

Il balbutia, tenta de trouver des excuses mais la douleur de la clé de bras et la perspective de se voir taillé en pièce par un perfide mutant le délia assez tôt. Il n'était pas payé assez, ou du moins ils n'avaient pas réussi à s'attacher avec assez de vice sa loyauté. Mercenaire, tête pensante ? Esclave ? Tout portait à croire qu'ils ne pensaient pas qu'il fût possible de remonter jusqu'à eux. Il n'était qu'un pauvre laborantin qui n'avait aucune idée de ... d'accord, d'accord ! Il était un scientifique ! Un expert en rétro-ingénierie géologique. Il ... il ne connaissait pas son employeur. Il pouvait le jurer ... d'accord, d'accord ... un sapiarque, il l'avait entendu lors d'une livraison ... mais rien de plus ! Pas son nom, juste son titre. Une livraison de quoi ? La poudre, bien entendu. Pourquoi est-ce qu'on serait en train de l'attaquer sinon ? Pourquoi faire ? C'était ... confidentiel. D'accord, d'accord ! Ces minerais possédaient une affinité conductrice importante, réduits en poudre, ils pouvaient être incorporés dans de plus grands dispositifs pour une meilleure conductivité, tout comme servir d'antennes sur des ... heu ... plus simple ? Lien avec l’électricité, mais seulement raffiné ici : le reste, il ne le savait pas ! Promis juré !

Quoi de plus ? Peut-être dans le bureau de l'Assistant du Sapiarque. Il .. il devait juste lui ramener les dernières notes sur les avancées : ils étaient en train de s'enfuir par les rivières avant de faire exploser l'endroit. Le bureau ? Au bout du couloir suivant, prendre à droite dans le couloir et dernière pièce au fond. Des choses ? Heu ... peut-être des hommes armés. Des mercenaires, oui !

Pourquoi la lumière était devenue violette dans tous les laboratoires ? Ah ... le processus d'auto-destruction avait certainement dû être enclenché. Dix minutes, au mieux. Peut-être trois s'ils avaient été repérés ...
Ven 15 Nov - 9:30

Toute cette histoire commençait à sérieusement taper sur les nerfs de la Générale. Bien sûr, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Elle avait quitté la Juste de son plein gré, pensant devoir suivre la piste d'une mine de myste abandonnée. À sa décharge, les mines étaient alors le sujet de conversation le plus en vogue à Xandrie. La Révolution était sur le qui-vive, prête à jouer son va-tout sur l'indépendance énergétique de la cité. Voilà en tout cas l'explication qu'elle fournirait à ses seconds à son retour pour justifier son absence. L'autre, un peu moins glorieuse, c'est que Lillie avait simplement eu besoin de fuir la ville un moment. Après des années passées cachée de taudis en taudis, elle n'avait pas pu résister à l'appel du large. Elle le regrettait aujourd'hui amèrement.

Elle ne prêta que peu d'attention aux aveux de l'augmenté à qui Elizawell n'avait laissé que peu d'options. Elles n'était pas scientifique pour un astra, et elle trouvait pathétique qu'on puisse si facilement vendre la mèche sous la menace. La lumière clignotante la rendait nerveuse, et elle se sentait diminuée après les dernières interventions de sa nebula. Il fallait pourtant aller de l'avant. Un long couloir, puis un autre. Partout des caisses de minerai entrouvertes, d'où saillaient des pierres, mais pas de poudre. Arrivé à un croisement, le groupe se scinda. Lillie partit seule vers la droite, non sans avoir pris dans sa main la cross de son revolver. Les deux autres partirent sur leur gauche, et il ne fallut que quelques secondes avant que la lumière d'une pièce ne s'échappe d'une porte ouverte jusque dans tout le couloir. La porte devant laquelle se tenait Lillie, elle, était fermée. Elle poussa un long soupir, abaissa la poignée du bout du pied et poussa le battant de métal.

Les quatre hommes affairés ici furent aussi surpris qu'elle. Ils mirent plusieurs secondes à réagir à l'intrusion, lâchant à tour de rôle les chariots antigrav qu'ils poussaient vers la sortie. Dans la lumière toute relative d'un sous-sol sur le point de s'auto-détruire, la Générale fonça vers celui qui se trouvait le plus près de la porte. D'une simple étreinte, elle renvoya celui-ci à sa petite enfance, signant par cet acte un brin désespéré son probable arrêt de mort. Si les aventuriers chevronnés avaient appris à gérer leurs pouvoirs et leurs inévitables contrecoups, Lillie avait passé le plus clair de son temps entre quatre murs, à réprimander des révolutionnaires trop volontaires. Elle sentit ses jambes se dérober et s'effondra, à genoux, près de l'enfant pris de panique. Dans un effort considérable, elle parvint à faire feu, touchant un deuxième assaillant, avant qu'une balle de KV-12 ne la touche à l'épaule.

L'adrénaline atténua la douleur, mais l'épuisement priva trop rapidement Lillie de ses capacités motrices. Elle pria les Douze que Lewën et Elizawelle aient entendu le grabuge du bout du couloir et qu'ils seraient là à temps pour la sauver d'une mort certaine. Crever par excès de curiosité, quel malheur ! pensa-t-elle alors. J'ai passé le plus clair de ma vie à ne pas la vivre, et voilà que je vais mourir pour des cailloux ! Putain, Xandrie, on ne se connaît pas, mais j'espère qu'un jour j'aurai une putain de statue au parc Luo Jing ! Qu'on y trouvera une belle plaque avec écrit dessus : Lillie Moynihan, aurait pu être fleuriste, mais a décidé de passer sa vie à sauver vos miches !
Lun 25 Nov - 13:19

Partie II
Les mines englouties

Ft. Lewën Digo et Lillie Moynihan
MJ : Ryker

Rétro-ingénierie géologique ? Une affinité énergétique importante ? Eliza plissa les yeux, perplexe. Le charabia du scientifique ne lui disait rien, mais la lueur qui dansait dans les yeux de Lewën suggérait qu’il comprenait, lui. Peu importait. La terreur palpable sur le visage de l’homme suffisait à prouver qu’il n’en savait pas davantage. D’un geste brusque, la zoan le relâcha. Il s’effondra, une poupée de chiffon vidée de ses forces. La peur de l’explosion imminente suffirait sans doute à le pousser dehors, malgré l’énergie qu’elle lui avait volée. Il aurait besoin d’une longue sieste pour s’en remettre. Le trio reprit sa route, le cœur battant. Quelques minutes, dix tout au plus. C’était tout ce qui leur restait pour obtenir des réponses. Ils se séparèrent pour aller plus vite, Lillie prenant le premier tournant. Lorsque Lewë pénétrèrent enfin dans ce qui semblait être le bureau du sapiarque, un fracas retentit, brisant le silence oppressant.

Reste ici ! ordonna Eliza à Lewën avant de s’élancer vers Lillie, son fusil serti d’un nascent de chronomancie déjà en main.

La scène qui se déroulait devant elle était irréelle, mais sans une once d’hésitation, Eliza ajusta son arme et tira au sol, déclenchant une bulle de ralentissement. L’atmosphère s’alourdit alors que le temps lui-même se pliait à sa volonté. Familiarisée avec le pouvoir de Lillie, elle ignora la présence troublante de l’enfant. Déposant son fusil, elle dégaina son pistolet. Les deux hommes, piégés dans la lenteur, n’eurent aucune chance. Deux tirs, précis et implacables, frappèrent l’un à la cuisse, l’autre au mollet, les neutralisant instantanément. Lorsque la bulle s’évanouit, Eliza s’avança prudemment. Une main surgit pour attraper sa cheville, mais elle bondit en arrière et abattit la crosse de son arme sur l’homme, l’assommant. Par précaution, elle fit de même avec les autres. Même l’enfant. Ce geste, bien qu’évident, la troubla profondément. Elle refoula ce malaise, le temps pour réfléchir viendrait plus tard. Pour l’instant, ses compagnons comptaient sur elle. Eliza s’accroupit auprès de Lillie, dont le bras portait les traces évidentes d’une brûlure infligée par une arme électromagnétique. Elle évalua rapidement la situation. Lillie ne pourrait pas continuer avec une telle douleur. Sans hésiter, Eliza activa son cristal d’absorption énergétique, puisant dans ses propres réserves pour alléger les souffrances de la xandrienne. Bien que la blessure ne fût pas complètement guérie, son bras était à nouveau fonctionnel. Mais ce geste avait un prix : la zoan avait presque entièrement épuisé l’énergie volée au scientifique.

Retournons voir Lewën, lança-t-elle d’une voix résolue.

Le médecin les accueillit avec un mélange de soulagement et d’urgence. Cinq minutes. Pas une de plus. Lillie et Eliza se mirent immédiatement à fouiller, retournant tiroirs et étagères, tandis que Lewën s’attaquait à l’ordinateur. L’un des tiroirs attira l’attention d’Eliza. Trop lourd. Suspect. En fouillant, elle repéra une encoche. Un double-fond. Après quelques secondes de recherche infructueuse d’une clé, elle opta pour son couteau, tentant d’ouvrir le compartiment par la force. En vain. Lewën posa une main sur son épaule, l’interrompant pour lui demander son avis sur les dossiers affichés à l’écran. Le dossier administratif étant verrouillé, ils décidèrent de se concentrer sur le courrier électronique. À deux, ils parcoururent les messages à une vitesse effrénée, y trouvant la confirmation des révélations du scientifique. Le compteur tomba sous les deux minutes.

On ne trouvera rien de plus, conclut Eliza. Partons !