MJ -Les mines englouties
Parmi les Pontes ?
Lillie, Lillie … ballottée au gré des cahots du chemin, dans l’inconfort des pierres saillantes qui te contraignaient à écouter le souffler court les échanges des courtauds menant le convoi. Entre quelques rires gras et hachés, tu comprends rapidement qu’ils ne sont que les bras d’une société au sein d’une société, elle-même dissimulée par un complexe fatras de faux-semblants. Comment en être sûre ? Et bien, eux, ils ne semblent au courant de rien. Mais tu es bien au contact de la marchandise … et Eux, les Pontes, comme ils les appellent, paieront rubis sur l’ongle. Tu fais bien de te faufiler car peu après ton plotch discret, une inspection raisonne à tes oreilles. Avant de voir les fatidiques caisses chargées et encadrées par quelques hommes armés. Ils semblent moins nombreux que l’escorte qui t’a menée là, mais leur équipement … sobre, froid. Efficace. Tu sens l’odeur de la gouaille épistote jusque dans les méandres dans lesquelles tu t’es faufilée pour te remettre de ton éprouvante transformation.
Cher Docteur, ne vous a-t-on jamais dit de ne pas boire pendant vos tournées médicales ? Ah, les p’tits vieux et leurs tord-boyaux. Capables de mettre l’enfer en ébullition. Mais rien de nouveau concernant ces fameux riches propriétaires terriens : ils ont acheté le ranch, leurs animaux et se sont servi de son nom pour maquiller leurs affaires. En suivant un consort d’étiquettes, des fausses routes administratives … En soi, vous avez fait fausse route : ils sont trop précautionneux pour laisser des indices. Mais aussi trop arrogants pour penser qu’un couple de vieux pécores puisse trahir leur identité. Après tout, ils sont de la haute, non ? Du moins c’est ainsi qu’ils les décrivent. Riches, certains en blouses. Hautains et méprisants.
Très chère Jaguar à l’odorat infaillible, affublée d’un bridezingue en belle forme. Malgré cette proximité, tu ne perds pas une miette de ce retour à vide. Il ne fallut pas longtemps pour que la sente fragrante ne te mette sur la piste de notre nageuse émérite. Les retrouvailles, teintée de relents alcoolisés, mirent du baume au cœur. Au détail près que vous n’étiez pas plus avancés …
Mais dans une rivière, remonter à l’envers était peu commun. Il ne fallait pas être sorcier, ou sorcière, pour se douter que la piste se continuait un peu plus bas. Au rythme du bateau, il ne vous fallut pas longtemps avant d’en retrouver la trace. Mis à part les hommes qu’avait pu reconnaître Lillie, il était impossible de voir dans ce transport la moindre connivence avec ces fameux Pontes. Quelques heures à leur filer le train, à contourner les méats et gorges pour finalement, après l’une d’entre elles, se rendre compte que vous avez beau attendre, jamais le bateau n’en sortirait.
Il vous suffit alors de grimper en haut des escarpements. La rivière était bien large en contrebas, mais là ! Oui, là ! Un affluent, un quai ! Une sorte d’embarcadère caché le long de l’affluent. Impossible à voir sans le savoir. A moins d’avoir l’odorat infaillible d’Elizawelle, vous auriez pu passer à côté … Attachée par des bouts épais, la barque était là. Vide avec le temps passer à chercher vos cibles. Des rires vous alertèrent sur les gardes postés çà et là, ceux que Lillie avait pu voir avant de plonger. Armés de fusils bien trop technologiques pour leurs tenues de cuir et de soie, ils semblaient veiller sur l’endroit avec une bonhommie encouragée par des chopes bien pleines. Leurs armes étaient posées contre le bord et le succès de leur opération semblait les avoir rassérénés. Assez pour qu’ils soient à l’image de Lewën quelques heures plus tôt …
- Santé, Pietro. Encore une affaire qui roule … nous l’avons bien méritée celle-là, ah ! porta l'un des deux, doté d'un fort accent épistopolitain.
Les deux hommes barraient l’entrée, vous ne les perceviez que de loin grâce aux échos ah ... ah ...ah ... de cette fissure dans la roche. Mais, l’œil averti du médecin, entre deux pauses nauséeuses, lui permit de déceler une étrange bicoque. Maison posée en bord de falaise, à quelques mètres de là. Une longue échelle de cordes abîmée pendait dans le vide et se perdait dans l’ombre. Elle était positionnée sur un complexe échafaudage en bois, bordée d’arbres et bosquets. Elle était à peine visible dans la végétation florissante de ces gorges. Les volets étaient ouverts, sa porte fermée. De la fumée sortait de sa cheminée.