Light
Dark
Bas/Haut

[Animation] Il y a t il un pilote dans le dirigeable?

[Animation] Il y a t il un pilote dans le dirigeable?  Brandw10
Mer 21 Fév - 13:48

Sous le signe de l'amour

Animation N°10

Il y a t il un pilote dans le dirigeable?

Rapprochement de haut vol

Catastrophe : vol de nuit à bord d'un dirigeable, Azur, vous êtes le seul passager privilégié de ce trajet test qui vous conduira d'Opale à Epistopolie. Seul ? Non ! Ellendrine est avec vous - une autre heureuse élue pour essayer la traversée. Un officier de vol vient vous chercher, pâle comme un linge : le pilote s'est évanoui. Vite, trouvez une solution ! Vous savez piloter un dirigeable, hein ? Hein ?! C'est l'occasion de travailler en équipe... Peut-être que ça fera des étincelles.*

*Le rp peut se terminer en 6 à 10 postes (mais libre à vous de faire durer le plaisir!)
Azur
Ellendrine
Jeu 22 Fév - 11:26

Nous y voilà. Dès qu’il y a une innovation technologique, un rassemblement avec des dirigeants – ou leurs envoyés – de différentes régions, cet abruti de roi, accessoirement mon grand-père paternel, m’envoie inévitablement dans ces bourbiers sans nom. Aujourd’hui, il s’agit d’un test, un transport qui a pour but de devenir régulier entre Opale et Epistopoli. En soit, l’idée n’est pas si mauvaise et participer à cette expérience n’est fondamentalement pas une mauvaise chose. Au moins, dans les airs, je sais que personne ne pourra venir me contrarier. Le départ s’effectue d’Opale. Dans cette ville, contrairement à Xandrie, on sent la puissance économique, politique et financière. Un bel exemple de réussite. Quoi qu’en reconstruction suites aux incidents survenus il y a peu. Dieu merci, je me trouvais loin de cette galère.

Un membre du personnel de bord vient m’accueillir aux pieds de l’appareil. Pour l’occasion, je suis vêtu tel un bel aristocrate, costume trois pièces, cheveux plaqués, lunettes de circonstance. Bon, évidemment, je garde précieusement mes dagues, bien dissimulées. Ici, je ne suis qu’un simple représentant politique du royaume de Xandrie, en aucun cas un assassin dont la dangerosité faisait trembler tout Uhr à l’évocation de son nom. Saluant respectueusement l’individu qui me fait monter à bord, je le suis avec un large sourire feint. L’intérieur est absolument nickel. Une propreté parfaite, une décoration aux petits oignons, un doux parfum qui nous transporte dans un agréable, alors même que l’engin n’a pas encore décollé.

Je ne suis pas le seul à jouir d’un tel privilège. Comme toujours, j’ai fait mes devoirs, celle qui m’accompagne n’est autre que la belle Ellendrine Birghtwige. Pas très étonnant. Son esprit aventurier est connu de tous. Faisant partie de la noblesse, on ne pouvait que l’inviter à participer à ce genre d’évènements. Je la salue respectueusement en m’inclinant un instant. Le temps du décollage, on nous conseille de rester assis et attaché. Ce que je fais sans contestation aucune. En attendant, je profite de la jolie que m’offre ma compagnie. Les réacteurs se déclenchent, le dirigeable tremble de tout son être, un bruit assourdissant et l’envol. Après des petits à-coups au décollage, l’appareil semble se stabiliser dans les airs. On peut se détacher. Naturellement, je m’empresse vers la baie vitrée pour profiter de la magnifique vue. Opale vue d’en-haut.

Je reste ainsi de longues minutes, complètement captivé par ce magnifique spectacle. Volé, je l’avais fait à dos d’un pégase, ou pire encore, d’un Drake, mais jamais dans un engin aussi confortable et aussi somptueux. Là, je peux réellement apprécier la vue. Me rappelant que je n’étais pas seul, je me retourne vers mademoiselle Brightwige et tente d’entamer la discussion, jusqu’ici inexistante. « Appréciez-vous le voyage, mademoiselle Brightwige ? Je ne crois pas m’être présenté, pardonnez-moi. Geralt d’Omanie, enchanté. », fis-je poliment. Quant au nom, ne me demandez pas, j’ai simplement à l’Oman qui s’écoule au Lac de Xandrie. Autant être le plus local possible, hein.

Sam 24 Fév - 4:20


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)


Des inaugurations pompeuses, Ellendrine n’en a cure. Si elle a le sang bleu, elle a l’encéphale de l’archéologue, terreux d'excaver les traces de civilisations oubliées, pour tenter de reconnecter les fils disparates de leurs histoires avant que le Mandebrume ne les emporte tous pour de bon par le fond.

Opale est à présent menacée par la Brume. Les racines de l’Arbre-Dieu y ont été sectionnées, l’auraient-t-ils oublié ? Elle doit sa présence à son nom, mais surtout à sa réputation, qui suffit à rehausser une simple inauguration de boulosn et de tuyaux de gaz d’un éclat pimpant promettant des échanges fringuants à travers les cieux entre deux capitales.

Si elle perd un temps précieux d’expédition à rire mièvrement aux blagues d’industriels dégarnis derrière un éventail à plumes d’autruche, c’est pour des raisons très pragmatiques. D’abord, elle est montée auréolée des flashs des appareils de la presse mondaine, au nez et à la barbe de son frère puîné, Amal Brightwige, lequel doit à présent dégouliner de rage. Lui qui tente d’effacer jusqu’au nom de sa sœur aînée ne peut plus l’éviter par les temps qui courent…

Elle n’oublie pas couver de loin 22% des actions industrielles de Brightwidge Industries, du fait de son ancien statut d’héritière. Roucouler avec les investisseurs lui garantira des sponsors en or pour ses prochaines tentatives d’expédition longues portées et un accès privilégié à la nouvelle liaison continentale.

Les tremblements geignards de l’armature au décollage ne lui arrachent pas un soupir. Ces grosses machines peuvent exploser en cas d’avarie, auquel cas, personne n’aura le temps de se plaindre de son sort. Du reste, elle a déjà survécu à un atterrissage forcé à Doucerive. Depuis, elle ne vole jamais plus sans un parachute à portée de main, de quoi convaincre Farouk de patienter à Opale sans jouer  les gardes du corps.

Son regard froid s’écoule sur le jeune noble Xandrien assis non loin, qui tente de lui faire la conversation.
-« Madame Brightwidge. » le reprend-t-elle avec une  légèreté indulgente. « Et tant qu’à me montrer sourcilleuse, si je puis me permettre : Lady Brightwidge-Dalmesca. »

Ses traits délicats se tournent vers l’espion sous l’ombrage de son chapeau à l’élégance épurée agrémenté d’un fin voile. De ses yeux clairs, elle perce le masque poli de son voisin, à cela près de perturbant qu’il est bien difficile de déterminer quel détail en particulier passe sous leur caresse.

-« Enchanté, monsieur d’Omanie. Il est rafraichissant d’entendre un nom qui soit si nouveau à mes oreilles. »
Aurait-elle pu user d’une mémoire éïdétique pour photographier l’intégralité des lignées d’importance de toutes les nations Urhoises qu’elle l’aurait fait sans hésiter. Cela ne l’empêchait pas d’essayer. Ni d’être à l’origine de redoutable système d’archivage et d’un sens de l’observation affûté. Elle n’oublierait pas ce jeunot. Si d’aventure il lui était assigné pour causer quelques troubles, elle saurait le retrouver.

-« C’est une promenade de santé. Mais ne vous privez pas, jeune Gerald. Rien ne vaut l’impression de flotter au-dessus d’un panorama verdoyant se dérobant sous vos pieds, la promenade sur le pont a l’air spacieuse. Avec cela, les dandys oublieront les outrages dont Opale porte encore des stigmates bien visibles, encore pour longtemps. »

Ce n’était pas par impolitesse qu’elle se montrait si fermée. Bien qu’innocente à tous ces jeux de pouvoirs, elle avait été rattrapée par les courtisans du temps où elle était héritière principale de sa famille. Une leçon lui collait à la peau : les gens voulaient toujours quelque chose lorsqu’ils lui adressaient la parole dans ce milieu. Argent. Influence. Services. Ellendrine préférait de loin la compagnie des érudits et des petites gens dans les campagnes à tous les flagorneurs et espions de ce monde.

D’une main distraite, elle parcourut à nouveau les notes de ses recherches en cours sur l’Arbre-Dieu qu’ils seraient peut-être amenés à survoler dans leur trajet de vol. Si la météo était clémente, ils passeraient peut-être par le val d’Adrianne pour gagner un peu de temps au travers des Trois-Sœurs, ce qui leur vaudrait une vue à couper le souffle.


Dernière édition par Ellendrine Brightwige le Dim 3 Mar - 0:33, édité 3 fois
Dim 3 Mar - 0:12

« Comme il vous siéra, Lady Birghtwige-Dalmesca. », fis-je d’un ton complètement détaché. En vérité, je la soupçonne de me soupçonner de ne pas être celui que je prétends être. Si Wanath voyait ça, je pense qu’il ordonnerait expressément mon exécution sans demander l’accord de ma mère. Mais je ne compte pas baisser ma garde aussi facilement. Ainsi, je reste stoïque et lui porte un doux sourire amical. Son sous-entendu fumeux m’amuse plus qu’autre chose. « Omanie est un nom des plus répandus dans l’aristocratie de Xandrie. Je vous prie, Madame Brightwige, rendez-moi visite. Je vous présenterai une flopée d’Omanie. »

Peut-être est-elle dotée d’une culture et d’une mémoire forts exceptionnels, mais elle ne risque pas de m’avoir. Xandrie est ma patrie depuis ma plus tendre enfance. Je suis les murs, les murmures et les courants d’air du palais royal. Elle ne peut pas m’avoir là-dessus. Quant aux restes, je ferais mieux de faire extrêmement attention. Ce bref échange m’aura appris à me méfier de cette dame. Par ailleurs, elle ne semble pas enthousiaste à l’idée de se trouver à bord de ce zeppelin. Elle me propose de me rendre sur le pont pour y observer le panorama.

« Fort bien. Pour tout vous avouer, je ne sais pas grâce à quel miracle me suis-je retrouvé à bord de cet engin. Je compte bien profiter de cette opportunité pour en prendre plein la vue. Quant à la situation d’Opale, même si je n’en ignore rien, je dois admettre qu’elle m’indiffère. Les dommages collatéraux sont toujours d’une profonde tristesse, mais je crains néanmoins que les actions des uns entrainent des conséquences sur les autres. Je n’oserais dire qu’ils ont mérité leur sort, je dirais simplement qu’ils ne sont pas totalement innocents dans ce qui leur est arrivé. », dis-je en me redressant délicatement pour me diriger en direction des ponts.

Tandis que j’avance joyeusement en sifflotant, les mains dans le dos, je jette un coup d’œil derrière moi et m’aperçois qu’elle est en train de relire des notes. Je suis bien trop loin pour identifier ce dont il s’agit et je suis de toute manière en congé. Je suis ici pour me la couler douce. Rien d’autre. Je me rends donc sur le pont, fraîchement accueilli par une belle bouffée d’air. La vue est absolument resplendissante. Accoudé au bastingage, je savoure pleinement ce moment de grâce, de paix, qui n’est qu’une douce accalmie avant la tempête.


Dim 3 Mar - 1:33


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)


La fine monture dorée de lunettes de lecture ronde s’abaisse légèrement alors qu’elle arque un sourcil circonspect. Elle délaisse ses manuscrits anciens pour détailler le profil candide du jeune homme de bon aloi.

Elle admet la possibilité de s’être trompé. Finalement, Xandrie n’est pas sa faction de prédilection, elle ignore certainement de nombreux aspects de la vie locale et a pu passer à côté d’un nom pourtant très répandu. Il est difficile d’en vouloir davantage au notable qui la corrige sans prendre ombrage avec une certaine élégance.

-« Vous m’apprenez quelque chose. Ce qui vous rend plus intéressant que la plupart des gens. »
Elle rajusta ses lunettes sur son nez, où une boucle en accroche-cœur venait flirtait sous le voile.
« Votre hospitalité est si franche, qu’il me peinerait de ne pas l’honorer. Comptez sur ma visite prochaine lors de mon prochain passage en Xandrie. Résidez-vous à la Cour ? »

Elle était sincère, dans son intention de venir lui rendre visite. Il était toujours bon de disposer de certaines connexions loin de sa patrie pour rencontrer de nouvelles personnes.

Sa première réaction à la déclaration de Gerald sur Opale fut une infime contraction. Mais c’était de bonne guerre. Il lui avait fallu un temps de réflexion pour réaliser qu’en tant que Xandrien, on ne pouvait pas s’attendre à un flot de compassion ; bien que les raisons des dégâts n’aient rien à voir avec la « politique industrielle » de la cité aux Milles Lumières.

Elle n’avait jamais approuvé l’écrasement de Xandrie, qui s’apparentait davantage à une forme de colonisation qu’à un partenariat économique. Fort heureusement, son infernale lignée se tenait à distance du commerce du minerais. Ainsi n’avait-elle pas à se sentir en permanence personnellement embarrassée par cette tâche de l’Histoire associée à sa patrie d’origine.

Elle se contenta d’un bref hochement de tête. Le jeune homme semble ravi de suivre sa proposition, la laissant à l’étude de sources capitales au montage de sa prochaine expédition vers la forêt de l’Arbre-Dieu. Elle se demandait d’ailleurs si elle n’allait pas y inviter Seraphah Von Arendt, aguerri aux expéditions hors des sentiers battus. Duscisio Balibe faisait partie de ses co-expéditionnaires envisagés comme il avait manifesté un certain entrain et que son expertise végétale serait inégalée.

Soudain, le Zeppelin s’affaissa et vira à tribord toute au point de faire valser son stylo plume et ses papiers hors de la tablette. Si elle n’avait pas été attachée, l’aristocrate serait passée cul par-dessus tête. Remise de ses émotions, Ellendrine jeta un œil par le hublot pour voir la ligne d’horizon en train de se redresser. Sa réaction instinctive fut de se mettre à genoux pour rassembler ses documents et de les abriter au plus vite de ce monde cruel dans sa mallette qu’elle rangea dans un casier à clefs au-dessus des luxueux sièges en cuir.

Un officier de bord arriva en trépignant derrière elle et la fit sursauter.
-« Lady Brightwidge-Dalmesca ! »
-« Je vais bien, officier, merci de vous en inquiéter. »
L’officier de bord restez figé devant elle, un tic nerveux agitait sa lèvre. Quant à son regard, il courait vers la place vide qu’occupait jusqu’alors Gerlad d’Omanie.
-« Que se passe-t-il ? » finit-elle par lui demander.
-« C’est que… le pilote est… inconscient… »
-« Ne me ménagez pas. »
-« Nous ne parvenons pas à le réveiller. »
-« Est-il mort ? »
-« Certes, non, madame. »
-« Tout va bien, alors. »
-« C’est que… nous n’avons pas de médecin à bord… et… savez-vous piloter un dirigeable ? »
La question resta en suspens entre eux. Un soupir exaspéré finit par émaner de Lady Brightwidge-Dalmesca.
-« C’est pas vrai. Misère! Quelle bande d’incapables. Ils nous envoient dans les airs dans une bombe volante et nous n’avons ni docteur ni pilote de rechange ! » s’indigna-t-elle d’un ton dramaturge.
« Non. Je ne sais pas piloter un dirigeable dernier cri. Enfin, j’ai déjà vu ma pilote effectuer certaines manœuvres. »
-« Votre aide nous serait très précieuse ! »
-« Mais peut-être que ce jeune pourrait nous aider, s’il n’est pas passé par-dessus bord. L’avez-vous rencontré en venant ? » Un rire aérien vint détendre l'atmosphère. Interdit, l'officier de bord y répondit par un rire nerveux.
-"Vous l'avez vu? N'est-ce pas?"

Au loin, les doigts griffus de l'Arbre-Dieu se profilaient face au dirigeable.
Dim 3 Mar - 21:58

A peine ai-je pu commencer à me délecter de cette bouffée d’air frais que le dirigeable me joue un mauvais tour. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il se passe, mais le zeppelin a brusquement viré de direction, comme si le pilote avait perdu le contrôle. Bordel. J’ai failli passer par-dessus bord. Le second souci, c’est que la trajectoire initiale ne semble pas retrouvée. Après quelques instants, au loin, j’aperçois un truc vraiment rassurant. Genre un arbre, un gros. Vraiment gros. D’après mes cours de géographie, dans les alentours d’Opale, il existe un seul arbre de cette taille : l’Arbre-Dieu. Toujours d’après mes cours de géographie, cet arbre a une importance capitale pour Uhr tout entier.

Inutile de me regarder mourir, je décide de retourner à l’intérieur pour voir ce qu’il se passe. Sur le chemin, je croise un officier de bord qui semble me chercher :
« Monsieur d’Omanie ! Je vous cherchais. Nos plans ont quelque peu changé.
- Tiens donc. Il me semblait l’avoir remarqué. Surtout lorsque le vide s’est brusquement présenté à moi.
- Dé-desolé, Monsieur d’Omanie.
- Ne vous en faites pas. Expliquez-moi plutôt la situation. Je ne suis pas un expert en aéronautique, mais il semblerait qu’un tel changement ne soit pas naturel. Que s’est-il passé ? Pourquoi sommes-nous en train de chuter sur cet arbre ? Une réponse simple et limpide, je vous prie. »

L’officier semble surpris de me voir aussi lucide sur la situation. Eh oui, blanc-bec, je ne suis pas celui que je prétends être.

« Comment puis-je l’exprimer clairement ? Notre pilote a, comme qui dirait, perdu connaissance.
- Perdu connaissance ? En plein milieu d’un vol ?
- Nous ignorons encore la cause de cette perte de connaissance. »

Garde ton calme. Garde ton calme. Comment ce crétin a-t-il pu perdre connaissance ? J’hésite à péter un plomb mais je dois garder mon calme. Je me rends immédiatement me cueillir auprès de miss Brightwige. Elle est brillante, calme et probablement pleine de ressources. Lorsque j’atteins enfin le cockpit, ma nouvelle connaissance s’y trouvait déjà. Il m’est difficile de jouer la comédie, j’ai déjà connu pour morbide comme situation. Et l’Arbre-Dieu, pour ce qu’il m’importe franchement… Bref, l’air essoufflé, assez inquiet par la perte de contrôle de l’enfin, je me tiens à ses côtés dans l’espoir d’y trouver une solution.

« Lady Brightwige ! Quelle folie ! Dites-moi, par pitié, que vous êtes en mesure de conduire cet aéronef de malheur ! En me rendant ici, j’avais comme un mauvais pressentiment. Faire confiance aux innovations d’Opale, quelle absurdité ! », fis-je en me tirant les cheveux, complètement en train de péter un câble. Est-ce convainquant ? Je l’espère. Je donne absolument tout ce que je peux. « Nous allons mourir, Madame. Je suis tout bonnement incapable de manœuvrer cette chose. Regardez-moi tous ces boutons. Des heures de théories et de pratiques sont nécessaires pour cela. Lady Brightwige et Geralt d’Omanie, tous deux morts lors d’un crash-test. Sacré titre, ne trouvez-vous pas ? »
J’ai beau jouer au clown, je n’en reste pas moins inquiet pour la suite.


Lun 4 Mar - 6:00


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)



L’aristocrate s’était laissée entraîner dans la cabine de pilotage où ils se trouvaient désormais bien à l’étroit, une fois rejoints par Azur, avec le pilote inconscient et les deux officiers de bords. La quasi intégralité des passagers présents se trouvaient réunis dans ce centre névralgique, sauf peut-être Marni, le cuisinier.

Ellendrine siégeait dans le fauteuil du pilote. Son chapeau avait été échangé par un casque radio qui recouvrait ses oreilles. Elle était en train de tenter une transmission, tout en feuilletant le manuel de bord… à l’envers.

-« Zéphyr83, 22h32 … stop… Victime d’une incident majeur… stop… sommes déviés de notre trajectoire… stop… survolons la forêt de l’Abre-Dieu… stop… pilote inconscient… stop… Ellendrine Brigtwige-Dalmesca aux commandes… stop… position…. 86 minutes Nord… 52 minutes ouest… stop… trajectoire compromise à 45° en direction de l’Arbre-Dieu, risque de collision élevée… stop… manche coincé… stop… répondez tour de contrôle, fin de transmission… stop… » L’écho de retour ne faisait que crachoter des interférences.

Un vieux reste d’instinct maternelle parcourt Ellendrine, qui tente d’une main de rassurer le jeune Gerald d’Omanie. Il faut de l’imagination pour comprendre son intention, car ses lèvres forment un pli de concentration et tout à la perdition dans les boutons de commande. Elle ne regarde pas ce qu’elle fait et patoune vaguement le torse du jeune homme. A moins qu’elle ne cherche à chasser une mouche, avant de lui donner une légère claque sur la joue comme on réconforterait un chat.
-« Tout va bien aller, Gerald. Tout va bien aller… »

Difficile d’en être convaincu lorsque l’on se fie à tous les BIP BIP irréguliers accompagnés de lumières rouges partout dans la cabine. Le pilote git menton à terre et fesses en l’air, des suites d’une malencontreuse volonté d’Ellendrine de le déplacer à terre. Le bougre pesait trop lourd.

La silhouette menaçante de l’Arbre-Dieu grossit inexorablement devant le vitrage, telle une pieuvre géante étendant ses tentacules au firmament. A bien y réfléchir, elle se demande si ce ne serait pas un nouveau sabotage calculé du XIIIème Cercle. Mais les variables sont trop importantes pour qu’ils aient pu compter sur un succès. Amal Brightwidge aurait par contre tout à gagner à se débarrasser de sa sœur en jouant les éplorés. En cas de survie, elle porterait la salissure de ce tragique accident, il y veillerait…

-« Malheureusement non… mais il est encore trop tôt pour souiller votre pantalon. Asseyez-vous dans le fauteuil du copilote." asséna-t-elle du ton sans réplique d'une domina. "J'ai besoin de vos yeux et de vos mains pour manœuvrer cet appareil. Quoiqu’il arrive, nous devons éviter une collision avec l’Arbre-Dieu… ou nous mourrons tous… et je ne parle pas du choc, mais d’Urh qui sera enfouie sous la Brume. »

Le dirigeable était en effet assez gigantesque en réserves de gaz pour redouter une explosion, suivi d’un incendie délétère.
-« Sortez d’ici, cessez de vous agiter, vous me rendez-nerveuse à trépigner. » tança-t-elle l’un des officier de bord. Tous deux prirent la direction de la sortie.

-« Pas vous, enfin ! … il me faut quelqu’un pour tenir le manuel de bord. »
L’officier, renfrogné, vint tenir le livre pesant de ses deux mains en restant debout aux côtés des deux nobles. Il tournait les pages à la demande comme un automate ; c'était bien commode!
-« Oh attendez ! » cria-t-elle à l’adresse de l’autre.
« Revenez. Vous n’oubliez pas quelque chose ? Ramassez le pilote. Et tentez de le raccommoder si vous pouvez… »
« Mais, lady Brightwige… »

« Ca suffit ! Si c’est pour dire, non je ne suis pas infirmière ou médecin, cela m’agace. Sautez tout de suite par-dessus bord si vous avez renoncé à vous battre. Croyez-vous que je sois née avec la clef de ces foutreuseries mécaniques ? … Commencez par le sortir d’ici… et puis, je ne sais pas moi, attachez-le avec une ceinture et essayez de lui tamponner le front avec un linge humide, voila… »

Pendant ce temps, l’obscure menace grossissait lentement mais sûrement dans leurs champs de vision. Le laquet traina poussivement la masse corpulente du capitaine, en larmoyant un charabia incompréhensible.
-« Edwin, veuillez tourner les pages pour consulter la section 45C qui doit traiter de la modification de l’orientation des pales des gouvernails horizontaux. »

L’officier reconverti en pupitre tournait fébrilement les pages en tentant de ne pas laisser échapper le manuel et de lire à l’envers. Prenant connaissance en diagonale de la notice, l’archéologue hocha doctement de la tête.
-« Oui… Ouuiiii… Oui, je vois. »
Ses doigts pianotèrent avec assurance sur quelques boutons. DIIING !
-« Tiens, qu’est-ce donc que ce bruit ? »
« Vous… vous avez actionné le monte-plat, madame. »
-« Je vois… sacrebleu, je n’y comprends rien ! » tempête-t-elle.
Sa main attrape vertement la chemise de l’assassin.
-« Gerald ! … Faites quelque chose ! » l’invective-t-elle, suite à sa proposition de gros-titres mortuaires.
« Si l’on doit s’écraser, nous devons au moins changer de cap… et si l’on change de cap, on gagne du temps pour tenter d’élucider le pilotage de cet appareil avant de s’approcher des montagnes. »
Il sera toujours temps de sauter en parachute une fois l’Arbre-Dieu sauf, même si un exploit de sauvetage reluirait bien dans ses hauts-faits et ferait avaler sa cravate à son frère.

Dim 10 Mar - 11:58

Des tentatives un peu infructueuses. Néanmoins, je ne peux enlever le courage et la détermination de cette femme qui est prête à apprendre à manœuvrer un dirigeable en direct, en pleine situation de crise. J’ai beau avoir un certain sang-froid pour toutes les tâches périlleuses, je ne me serais probablement pas donné autant de peine. Grand respect pour cette dame. Hélas, force est de constater que notre situation ne s’arrange pas réellement malgré cet acharnement. Je comprends bien que frapper l’Arbre-Dieu est un crime contre l’humanité, qu’on risque tous notre peau en l’endommageant, mais je ne vais pas m’inventer des aptitudes de pilote que je n’ai pas. Fichue crash-test ! Dans quoi me suis-je encore embarqué ?

« Oui, oui, ma lady. Vous faut-il autre chose ? », lancé-je évidemment d’un ton caustique.

Faire quelque chose. Je veux bien, hein. Mais quoi ? Bon, pour commencer, je préfère quitter le cockpit. Rester en présence de cette dictatrice me fait justement perdre mon sang-froid. Dire que j’ai assassiné des personnes pour moins que ça. Quitte à détruire Uhr tout entier, autant le faire en observant une dernière fois cette grande et belle forêt. C'est probablement la plus belle chose dont dispose Opale. On ne peut pas dire que ces engins soient d’une grande réussite... à moins que... Et si nous sommes victimes d’une attaque terroriste ? Azur, bon dieu ! Reprends-toi. J'aurais dû y penser depuis belle lurette. Comment ? Qui ? Pourquoi ? J’aurais tout le temps de me consacrer à la recherche de ces réponses. Avant ça, je dois trouver un moyen pour détourner cette bombe géante de sa cible.

Le gouvernail était l’élément clé de ce problème. Je n’ai pas besoin de détruire les moteurs ou de tenter d’arrêter le dirigeable, mais seulement de changer sa trajectoire. L’un des hommes de bord m’emmène dans le sas où se trouve une échelle qui mène au toit du zeppelin. Une fois au-dessus, je manque de peu de trébucher et m’envoler au loin. Un peu plus loin devant moi, je perçois très distinctement le gouvernail et son stabilisateur. A petits pas, avec beaucoup de précaution, j’avance vers ma cible du jour. Atteignant ce foutu gouvernail, j’active mon cristal de force, je le saisis fermement et dévie change la trajectoire en me remémorant la direction initiale, bien que la priorité soit d’éviter à tout prix l’Arbre-Dieu. Je ne constate pas d’effet immédiat et ça m’inquiète, jusqu’au moment où je m’aperçois que le zeppelin ne vole plus sur le même axe que sa cible prestigieuse. On se décale progressivement.

« Dieu soit loué ! », fis-je d’un air carrément rassuré.

Pour être certain d’éviter le pire, je préfère rester quelques temps sur les lieux et garder le cap.

« Officier ! Vous m’entendez ? hurlé-je.
- Oui, Monsieur d’Omanie !
- Je dois virer à tribord encore combien de temps pour retrouver le cap initial ?
- Encore quelques nœuds, monsieur !
- Signalez-moi le moment où je devrais m’arrêter et redresser le gouvernail.
- Pa-pardon ? Vous avez bien dit « redresser le gouvernail » ?
- Signalez-le-moi, officier.
- Entendu, monsieur d’Omanie. »

Quelques minutes plus tard, il me signale que c’est bon et je m’exécute. Bordel. Malgré ce cristal fort pratique, je suis lessivé. Je redescends tranquillement, en sueurs, puis me dirige en direction du cockpit, accompagné de mon homme de bord d’infortune. Je lui demande de me rapporter un pichet d’eau pour me désaltérer. Je retrouve lady Brightwige.

« Je ne saurais vous dire si nous avons retrouvé notre cap, mais nous avons au moins évité la catastrophe. »


Dim 10 Mar - 13:31


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)


-« D’Omanie ?! » demanda-t-elle incrédule, alors qu’Azur avait déjà déserté le cockpit.
-« Mais quel couard. Il est parti. »

Elle se tourna vers son pupitre pour partager son indignation, mais lui aussi avait profité de la diversion pour disparaître en abandonnant le manuel de bord sur le fauteuil voisin. De là où elle se trouvait, Ellendrine avait une vue absolument imprenable sur les branches célestes de l’arbre divin protégeant tout Urh depuis deux millénaires. C’était un spectacle grandiose qu’elle allait détruire par incompétence, elle qui était issue d’une famille de magnats des transports n’aurait pas su dévier le cap de ce dirigeable. Quelle tragédie.

Refusant d’abdiquer, elle ceignit l’énorme manuel entre ses bras, sur ses genoux, dans une situation où elle excellait le plus : être seule et lire. Elle ne cherchait plus à parcourir le manuel par saut de puces aléatoires mais fit le vide dans son esprit pour parcourir méthodiquement l’ouvrage de ses rétines. Il était évident qu’elle était à court de temps et ne pourrait jamais venir à bout de ces 947 pages avant la collision. Peut-être ferait elle mieux de presser au hasard des combinaisons de leviers et de boutons jusqu’à ce qu’ils s’écrasent au sol ? Farouk saurait quoi faire, lui, s’il était là. Ces dernières années d’entraînements militaires, elle l’avait laissé cotoyer Cassandre tandis qu’elle s’abîmer dans ses écrits universitaires. Quelle plaie de ne pas l’avoir ici maintenant…

L’esprit vide comme un océan des grandes profondeurs, plongeant vers les abysses, son cœur ralentit, mais ses méninges dansaient d’une activité frénétique sur les caractères. Ils ne les jugeaient pas, ils glissaient en lecture rapide sur les titres et les paragraphes sans chercher à se les approprier. Même si elle n’était pas prête, elle voulait tenter de corriger la trajectoire avant qu’il ne soit trop tard !

-« KKKKsssssshhhshhshh yr …. Rrhhhhhhhhh dez….. » crachota abruptement le casque dans ses oreilles.
Sa main ajusta malhabilement la fréquence radio.
-« Zephyr83 ! Qui est là ? »
-« Madame Brightwidge. » retentit une voix posée et limpide, à croire que l’Arbre-Dieu jouait le rôle d’antenne parabolique géante malgré les perturbations électroniques de la ionosphère dans la région. Ses pupilles frétillaient. Miracle.
« Ici, Landforth, concepteur du Zephyr83. Nous avons perdu le contact depuis des heures. Avant d’entendre votre voix. Décrivez votre situation. »

Apparemment, il n’était pas nécessaire de dire « Stop » à chaque portion de phrase comme ses romans d’espionnages le laissaient envisager.
-« Le gouvernail est verrouillé et notre trajectoire nous mène droit sur l’Arbre-Dieu. Collision imminente dans moins de deux minutes, je dirais. »
-« Vous devez à tout prix trouver une solution, Lady Brightwige. » Sans blague. Il a de l’humour.
« Je vais vous guider à travers les sections du manuel de bord. Si le gouvernail est bloqué, il doit y avoir une façon de réorienter les pâles rotatives à l’horizontal pour entrer en ascension horizontale rapide. »

Malgré les instructions et une capacités d’absorption rapide, la fébrilité commençait à faire trembler ses mains sur les pages du manuel. Tant pis, elle tenta de presser des leviers et d’appuyer sur un bouton. Ce qu’on entendit trahit un nouvel échec. Mais il avait un air de naufrage de fête, au son du Charleston qui retentissait à présent de manière invitante dans tous les interphones des parties réservées aux passagers. De manière imperceptible, le dirigeable se mit à obliquer.

-« J’ai réussi ! »
« Impossible. »
« Mais si ! Mais si, vous dis-je. »

Elle était en train de se disputer avec Landforth tout en explorant les modalités techniques du manuel de bord. La confirmation de déviation du cap avait fait redescendre d’un cran la tension dramatique, le dirigeable s’éloignant imperceptiblement du tronc de l’Arbre-Dieu, sous l’air rieur de la pleine lune qui avait l’air de se fendre la poire.

Quand Gerald refit son entrée, Ellendrine était en train de peinturlurer en rouge et décorner toutes les pages du manuel en profitant de la qualité de la liaison avec la tour de contrôle d’Epistopoli pour obtenir le maximum de consignes de pilotage qu’elle pouvait de Landforth.

-« Quoi que vous ayez fait d’Omanie, bravo ! Nous avons évité le pire grâce à vous… et gagné un temps précieux. J’ai profité d’un contact inespéré par la radio pour en apprendre plus sur cette bombe planante. Nous avons du temps pour nous familiariser avec les commandes… »

Le calme et une détermination un peu folle était revenus se greffer sur ses traits. Ils étaient à présent en train de se diriger vers le Lac du Mesnon, qui ressemblait à une immense mer grisâtre face à eux, masquant presque ses frontières sous des nappes de brumes nocturnes. Pas « la brume ».

-« Je crois que l’on devrait être capable de contrôler notre altitude maintenant. Il faut que nous essayions de maîtriser la séquence de manœuvre qui consiste à faire pivoter les pales rotatives de l’appareil vers le sol. Car nous sommes en train de foncer vers les Trois-sœurs. »
Son expression n’en était pas moins rassurée.
-« Pas d’inquiétude. Urh est sauve. »

Ce qui n’était pas encore leur cas, quoique Ellendrine ait toujours une pensée pour son parachute en cas de besoin.
-« Nous devons aussi trouver s’il s’agit bel et bien d’un sabotage et si la commande du gouvernail peut-être débloquée. Allez, jeune homme ! Ne trouvez-vous pas que c’est excitant. Je n’ai pas eu une telle montée d’adrénaline depuis bien longtemps ! » plaisanta-t-elle comme si la situation était désormais parfaitement amusante. Et c'était dire si l'adrénaline avait crevé le plafond, malgré le  récent voyage dans les Limbes.

La perspective de se crasher sur Epistopoli ne l’effleurait pas. La communication s’était tue aussi rapidement qu’elle était venue. Mais tout cela était un détail de l’histoire. Ils étaient deux cerveaux fonctionnels et disposaient encore de nombreuses heures devant eux pour débusquer les secrets du manuels et essayer de ranimer le pilote.
Dim 10 Mar - 16:27

Nous familiariser avec les commandes ? J’espérais surtout que le pilote se réveille. La sieste a bien assez duré, non ? Si nous avons évité l’Arbre-Dieu de peu, Ellendrine m’annonce que nous fonçons tout droit vers les Trois-Sœurs. Elle tempère son propos en m’affirmant qu’Uhr est sauvé, mais je m’en carre un peu l’oignon. A quoi bon sauver Uhr tout entier si c’est pour mourir ensuite ? Cet aspect des choses ne me convient pas du tout. Alors quand elle évoque l’excitation procurée par cette aventure, j’ai la nette envie, presque palpable au plus profond de moi-même, de lui dévisser la tête. Je vis assez d’aventures dans ma vie de tous les jours. Ne peut-on pas m’accorder un répit ?

« Il n’y a rien d’excitant, lady Brightwige. Mon seul souhait était d’apprécier ce voyage sans encombre. Au lieu de cela, je me retrouve à risquer ma vie pour dieu je ne sais comment manœuvrer cet engin de malheur, puis d’enquêter bêtement sur une tentative d’attentat. Ils vont tous m’entendre. C’est inadmissible ! », pesté-je en frappant du poing contre le mur.

Ce qui m’embête un peu dans son résumé des choses à faire, c’est qu’elle parle de trouver un moyen de contrôler le gouvernail, puis d’enquêter pour confirmer ou non l’hypothèse de l’attaque terroriste. Or, comme elle s’attelle déjà à piloter l’engin, il semble que je sois le candidat restant pour mener cette enquête. Mais gros problème : je ne sais pas où commencer. Je n’ai ni le temps ni mon matériel de toxicité pour attester les causes de l’endormissement soudain du pilote. Il est expérimenté, donc le stress n’aurait pas pu le rendre inconscient. Il maitrise son sujet. Son état est stable et il ne semble souffrir d’aucun maux. Simplement endormi. Peu probable que la cause soit naturelle.

« Pour commencer, le pilote n’aurait pu tomber inconscient de manière si brusque, sans raison particulière. Le moniteur indique un état stable, les signes vitaux fonctionnent normalement. », dis-je adossé au mur et les bras croisés, à l’intention d’Ellendrine. « En d’autres termes, je suspecte une personne d’avoir empoisonné notre pilote avant ou pendant le vol. Nous sommes bien avec ces déductions, n’est-ce pas ? »

Nous étions seuls dans le cockpit. Pourtant, je suis à peu près certain qu’un homme lui tenait le bouquin, tout à l’heure. Ce même homme qui se trouvait avec le pilote durant le début de ce voyage, non ?

« Dites-moi, lady, n’y avait-il un homme avec vous ? Et cet homme, si je ne dis de bêtise, se trouvait être le co-pilote – ou du moins l’assistant de notre pauvre pilote ? Il semblerait qu’il se soit comme volatilisé en voyant la trajectoire du vaisseau changer. Si seulement je disposais d’un cristal de cognition… »

Quoi ? On ne sait jamais. Peut-être qu’elle en possède un au fond de son sac. Dans tous les cas, je vais devoir retrouver cet officier de bord qui nous a échappé. Il est forcément à bord. Aucun élément n'a quitté le dirigeable et, à moins de voler ou de posséder une monture, il est impossible de s'échapper d'ici.


Lun 11 Mar - 19:44


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)


Sa tête s’inclina légèrement de côté, désœuvrée. La nouvelle génération ne savait décidément plus s’amuser. Tout était centré autour des choses sérieuses, de l’argent, de la vie, de la mort. Alors qu’ils étaient tous en train de flotter sur une pièce trouée en rotation dans l’espace aux côtés d’une géante gazeuse. Les dieux en étaient un jour, puis plus le lendemain, tout ceci était absurdement distrayant.

-« La vie n’est pas toujours telle qu’on l’imagine, monsieur d’Omanie. Il faut savoir changer avec grâce selon les circonstances, au risque d’incruster pour de bon cette ride d’expression entre vos sourcils. »

Voir les hommes perdre leur contrôle était son lot quotidien. Ellendrine se demandait s’il était toujours dans son rôle de nobliau ou si ses nerfs affleuraient. Que s’imaginait-il, qu’elle ne ressentait pas de contrariété à avoir été secouée comme un prunier sans préavis, pour constater qu’aucune mesure de sécurité évidente n’était déployée en cas d’avarie, contrainte de jouer les substituts ? Elle serait bien mieux à potasser ses feuillets sur l’Arbre-Dieu, pour sauver le monde. En même temps, il aurait été contre-productif de l’embraser immédiatement, vous en conviendrez…

-« Je dois dire que vous marquez un point, Gerald. »


Elle se fit songeuse. Son énergie s’était orientée principalement vers l’enjeu mécanique. A présent que la vapeur retombait et qu’ils avaient du temps pour réfléchir, sonder l’origine de la situation semblait des plus judicieux.

-« Nous avons tous bu et mangé à bord de l’appareil. Je recommande que nous nous abstenions désormais, pour le cas où une personne cachée à bord ait décidé de droguer le pilote. Maintenant que nous avons pris les choses en mains, nous représenterions nous aussi un obstacle pour cet agent malicieux. »

Une part d’elle examinait le visage du jeunot sous un nouveau jour, se demandant quelles étaient les probabilités qu’il soit lui-même l’auteur de cet acte.

« Il se pourrait également qu’un pouvoir d’inertie soit à l’usage… plus personne ne doit entrer dans cette cabine à par nous. Nous devons trouver la clef et verrouiller si nous nous absentons. »

Les chances de percuter une famille de drakes étaient faibles. En volant à allure constante, ils disposaient sans doute d’au moins une heure avant d’atteindre les premiers contreforts des Trois Sœurs.

-« En effet, il y avait un officier de bord. Mais nous n’avons pas de liste exhaustive du nombre de passagers en comptant l’équipage. »


L’idée d’Azur n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Trop accaparée par les voyants clignotant, la radio et le manuel de bord, elle avait néanmoins essayé de "lire" les manettes mais s’était retrouvée figée dans d’innombrables tests techniques, qui auraient pu être aidants si elle avait des notions de pilotages. En l’occurrence, cela n’avait fait que la saturer d’informations parasites.

-« Trouvez-le, voulez-vous. Voyons si on eut réveiller le pilote et si le co-pilote connaît les identités du personnel naviguant et les cachettes éventuelles. » demanda-t-elle, affirmative. Pas question pour elle de se donner en spectacle.

Elle attendit que Gerald soit sorti pour pousser silencieusement la porte du cockpit et la verrouiller de l’intérieur. L’utilisation de la cognition pouvait la rendre vulnérable, si le fait d’être assis de dos dans un fauteuil haut ne suffisait pas à l’exposer à un assaillant venu de derrière elle. Au calme, elle allait essayer d’expertiser les éléments de la cabine comme elle traiterait l’exploration d’un site archéologique. Sans doute n’avait-elle que quelques minutes devant elle.

Sa poitrine se souleva lentement pour faire le vide et se concentrer. Elle commença par la tasse à café du pilote. Sa lecture la ramena au décollage, quand le pilote portait le breuvage stimulant à ses lèvres. L’aspect brûlant et le goût âcre lui furent entièrement perceptibles comme si elle était en train de consommer le café. Mais rien de probant n’en ressorti, si ce n’est une blague sur son chapeau qui fit s’esclaffer le co-pilote.

En passant la veste du co-pilote, elle devint rapidement lui. Son expérience chiffrée en années en lecture d’objets lui permis de garder une posture impartiale d’observateur dans cette troublante fusion des souvenirs et des perceptions. Ainsi navigua-t-elle à travers l’appareil, pour mieux en cerner les recoins, les trappes d’urgences, la localisation des extincteurs… Impossible de condamner le co-pilote à partir de ces fragments, si ce n’est qu’il n’était pas très respectueux de sa déontologie, préférant écourter certains contrôles de sécurité de routine pour une pause cigarettes prolongées sur le pont après le décollage.

Par accident, son pied fit rouler une pilule alors qu’elle revenait de sa précédente immersion. En la ramassant elle fut happée par une scène intense. Le témoin dont elle empruntait les yeux était sous pression, en proie à une colère froide, sa résolution dominait le tout. Elle ne vit pas ce qui conduisait à ce résultat, mais le pilote s’effondrait sur les commandes. Ellendrine eut l’impression de voir ses mains enfoncer un ustensile en acier dans la charnière du levier contrôlant le gouvernail et de le briser.

Puis, elle se glissa dans le couloir, et se vit elle, en train de lire le fruit de ses recherches avec un air absorbé. Son regard se redressa soudain vers son regard de cognition et sa silhouette se dissimula derrière l’angle d’une allée de service.

-"Démékâ!"

Forte de cette découverte qui confirmait les pires soupçons du Xandrien, Ellendrine se sentait sur des charbons ardents. Derrière le hublot, elle vit arriver le jeune homme.

-« Gerald, vous aviez raison. Et j’en ai la preuve ! » scanda-t-elle en brandissant la pilule.

Mais celui qui se tenait derrière la porte n’était pas Gerald. Ce n’était d’ailleurs pas non plus Azur.
Quand ce dernier revint vers le cockpit, il trouva l’aristocrate étendue de tout son long, les bras en croix et le menton légèrement rejeté en arrière. Difficile de constater de visu qu’elle respirait encore, mais elle était bel et bien vivante, seulement inconsciente.

Mer 27 Mar - 19:02

« Savoir changer avec grâce. », marmonné-je. Elle est belle, miss-parfaite-je-madapte-à-toutes-les-situations. Malheureusement, je dois rester dans mon rôle et ne pas m’offenser. Elle semble déjà analyser mes doutes concernant l’homme qui, quelques temps auparavant, officiait aux côtés du pilote, mais qui est maintenant aux abonnés disparus. Préoccupée par le contrôle du zeppelin, je comprends avant qu’elle ne me le dise que la recherche du coupable constitue dès à présent ma tâche. Et pour le coup, je ne peux pas vraiment lui reprocher ou la traiter de lâche, ça m’ennuierait de bouquiner ce guide.

Sans cérémonie, je quitte le cockpit et me retrouve nez à nez avec l’agent qui m’avait précédemment accompagné. « Que personne ne rentre dans cette pièce. Toute tentative sera perçue comme suspecte et entraînera… une sanction immédiate. » Le ton est sanglant, ferme et sans appel. Quiconque tentera de franchir cette porte devra en assumer les conséquences. Et les conséquences, dans ces circonstances, se résument systématiquement à la mort. Je n’ai pas de temps à perdre avec des questions morales ou civiques. Je suis formé à tuer en échange d’argent ou des tuer des nuisibles pour ma propre survie.

Et maintenant, où chercher ? Je veux dire par-là que je me retrouve à chercher un individu suspect, dans un lieu qui m’est totalement inconnu, sans aucun indice. Azur, c’est pour ta pomme, démerde-toi. L’histoire de ma vie. Alors que je commence à avancer, je m’arrête à quelques pas de l’agent en question, puis une idée qui murissait patiemment vient finalement éclore. « Dites-moi, officier, pouvez-vous me guider ? Je suis à la recherche de tous les sombres recoins, accessibles que par les agents, afin de vérifier qu’une autre surprise ne nous surprenne pas. » Cet abruti semble hésiter, comme si la menace qui nous guettait tout à l’heure de l’avait pas convaincu de l’urgence de la situation.

« Vous êtes bien conscient qu’un danger nous guette, officier ? », demandé-je pour m’assurer que l’homme en-face de moi a pleinement conscience de la situation. « Bien sûr, Monsieur d’Omanie. Mais comme vous l’avez dit, ces lieux sont réservés au personnel. Les passagers n’ont pas le droit d’y pénétrer.
- Cela ne vous a pourtant dérangé, un peu plus tôt, que je grimpe au sommet de cet engin et que je manipule le gouvernail. Tous les passagers ont-ils le droit de réaliser cette tâche ?
- Non, Monsieur.
- Suis-je un passager comme les autres ?
- Non, Monsieur.
- Alors, je vous prie d’accéder à ma requête et, par la même occasion, de nous sauver la vie. »

Il n’y a rien à ajouter. Tout a été dit. L’officier accepte ma demande et m’emmène dans les différents accès de l’étage. Cela ne se résume qu’à un vestiaire et un local de produits d’entretien. Excepté un balai, une serpillère et quelques produits, rien de suspect ne m’a alerté dans ce local. Vient ensuite le vestiaire. L’officier me montre son casier. Nickel, rien à signaler. Je demande à voir le casier de son collègue, le co-pilote disparu, un dénommé Parisio. Mon nouvel acolyte semble s’agacer et être fort mal à l’aise avec ce que je m’apprête à faire. « Les casiers sont personnels, Monsieur. Je vous ai montré le mien en gage de bonne foi, mais… »

Mais je m’en carre l’oignon. Avec ma force herculéenne (merci le cristal), j’enfonce mes doigts dans la paroi métallique comme si c’était du beurre, puis je dégage la porte avec une facilité déconcertante, qui laisse notre ami bouche-bée. Pas faute de lui avoir dit que je ne suis pas un passager comme les autres. Bon, déjà, on retrouve dans ce casier quelques explosifs. L’inquiétude réside dans le fait qu’il devait y avoir davantage. On retrouve aussi quelques fusils d’assaut. Notre suspect avait prévu un beau bain de sang au cas où il y aurait des survivants au crash, détourné in extremis. Au fond, dans un sac, on retrouve ce qui a motivé l’homme : des pièces d’or dans une quantité pharaonique.

« Cessez de baver, officier. Vous pourrez vous servir quand nous serons tous sains et saufs. Or, là, notre cher Parisio semble avoir décidé d’aller au bout de sa mission, en laissant une partie de son butin. C’est qu’il est déterminé le bougre. Existe-t-il une rampe de sortie, un lieu à l’abri des regards lequel on peut s’échapper ? La soute, par exemple ? »

Et là, comme s’il venait de prendre une gifle, mon agent préféré se réveille. « Suivez-moi ! », lance-t-il avec énergie. Voilà de l’entrain. Je le suis sans l’ombre d’une hésitation. Des grenades manquantes, probablement une partie du pactole avec lui, le suspect s’apprête à tout détruire et à s’envoler avec son dû. Comprenant tout cela, mon officier préféré a subitement donné de la bonne volonté à la réussite de notre quête. Il ouvre une porte derrière laquelle se trouve des escaliers. On descend et on accède ensuite à une porte que l’on peut ouvrir qu’avec un badge. Il s’apprête à l’ouvrir mais je l’arrête. « Remontez, officier. Vous avez fait du bon travail. Si tout va bien, on se retrouve dans peu de temps. Si non, nous mourrons. »

A ces mots, je me transforme en ténèbres et m’infiltre ni vu ni connu dans les interstices de la porte, aussi minces sont-elles. Nos bagages sont toujours présents, puis un homme, Parisio, s’amuse à fixer les explosifs à divers endroits. Un rapide coup d’œil me montre un bouton rouge qui clignote très lentement. Sans doute le bouton d’urgence pour ouvrir le sas. En usant de mon hypervélocité, je décroche rapidement les explosifs repérés, saisis le sac lourd de pièces et appuie sur le bouton rouge. Le sas commence à s’ouvrir, un appel d’air puissant pris le co-pilote de surprise. Il titube et s’apprête à tomber. Je le rattrape au dernier moment.

« Combien d’explosifs ? », demandé-je en laissant l’une de mes dagues en apparence. S’il était plein de courage au départ, il comprend à mon regard que je ne suis pas là pour rigoler et que le tuer ne sera pas une difficulté. « Tu as le choix entre vivre en assumant ta peine ou mourir en ayant échoué lamentablement ? L’un dans l’autre, je vivrai toujours de mon côté. », enchainé-je cette fois-ci d’un air complètement détaché, comme si sa vie n’avait que peu de valeurs à mes yeux. Et elle n’en avait pas. « Dix explosifs. », répond-t-il finalement. J’ai récolté neuf explosifs. Il m’en manque donc un.

« Où se trouve le dernier ?
- Sur moi. »

Un sourire s’affiche soudainement sur ses lèvres. Très mauvais signe. Grâce à l’hypervélocité, je tournoie rapidement sur moi-même, tandis que ma force herculéenne me permet de balancer au loin le terroriste et son sac rempli d’explosifs. Boom ! La déflagration me frôle, alors que l’aéronef semble ressentir des secousses. Ellendrine doit probablement paniquer devant ses touches. Mais pour l’instant, tout le monde est en vie. Sauf Parisio qui s’est auto-flagellé. Mort avec son butin et ses explosifs. Inutile de perdre davantage de mon temps. Je referme le sas et remonte à l’étage supérieur. Un salut à mon ami officier, puis je retrouve la pilote par intérim.

« J’aurais aimé interroger notre homme, mais les circonstances m’en ont empêchées. Nous ne serons plus en danger, à moins que vous perdiez le contrôle de l’appareil, bien sûr. »

Nul intérêt d’en dire davantage. Je n’en savais pas plus.

« Nous devrions peut-être inspecter le casier de notre homme et tenter d’y trouver un indice sur le commanditaire. J’ai dû agir rapidement et n’ai pas eu le temps l’inspecter en détail. »

Mer 27 Mar - 20:13


Il y a un pilote dans le dirigeable?

Azur (Gerald d'Omanie)



La vision brouillée, l’aristocrate revint à elle. Sa tempe droite la cuisait. Tout tanguait autour d’elle. Assurément, elle était sortie au mauvais moment. Le saboteur ne devait pas être un espion surentraîné car une personne pleine de sang froid aurait trouvé l’occasion de l’éliminer du plateau de jeu trop belle.

Gerald la trouva ébouriffée, encore agenouillée, sans donner l’air de faire de lien de cause à effet.
-« Félicitation, sir d’Omanie. », dit-elle en se relevant dans un lourd soupir, avant de lisser sa robe.
« Vous avez fait ce qu’il fallait. »

Même si cela faisait de vous quelqu’un de beaucoup plus redoutable que le quidam moyen. Elle avait de la chance de l’avoir eu dans son équipe à ce moment. Elle prit le temps de se réajuster à sa station verticale, la pression hydrostatique variant considérablement alors qu’elle se redressait encore un peu vite.

Un personnel de bord vint les informer que le pilote semblait hors de danger mais qu’il avait reçu une dose de cheval tellement forte de somnifères qu’il serait incapable d’interagir avec le monde extérieur avant un bon moment.
-« Si l’on me prête assistance, je devrais être capable de déployer les séquences de contournement des montagnes sans risques. »
« Je vous obéirai milady. » s’empressa de répondre l’employé, qui mériterait sans doute une médaille à l’atterrissage.
« Il y aura sans doute des turbulences imprévues car l’aérodynamie et la météo sont assez complexes au-dessus des reliefs accidentés… seuls les pilotes expérimentés sont censés s’y risquer… mais après ce que nous avons déjà fait, cela devrait être un jeu d’enfants… » conclue-t-elle avec optimisme.

Cela ne se passa pas comme prévu. Le ciel vira au noir et des vents violents tournoyèrent entre les cimes du Val d’Adriane. Mais en faisant preuve de calme, l’équipage restant parvint à coopérer comme une équipe pour dépasser les Trois-Sœurs et se poser en urgence dans une vallée abrité entre leurs derniers contreforts. Les avaries étaient mineures et le dirigeable parvint à entrer en communication de radio-liaison avec une antenne située dans une raffinerie pétrolière du renom ; laquelle transmis leur position et le signal de détresse à la tour de contrôle d’Epistopoli.

-« Bien. Le temps que les secours arrivent pour faire le bilan de l’appareil et nous conduire à bon port dans quelques heures, allons inspecter ce casier dont vous m’avez parlé, Gerald. J’ai moi aussi quelques tours en réserve. »

Une fois devant le matériel explosif et les galons d’or issue de la corruption du félon, Ellendrine inspecta le casier scrupuleusement avec sa loupe, un nascent de vision thermique, afin de vérifier l’absence de piège ou d’autre cachette.
-« Il est temps que je procède à l’expertise mémorielle de ces indices, avant que la police ne s’en saisisse comme preuve à conviction. A présent, je pense que nous pouvons écarter mon frère, Amal Brightwidge, de la liste des suspects. Jamais il ne se serait risqué à compromettre la sécurité d’Opale ou à dégrader son patrimoine. En revanche, ceux qui ont commis les attentats sont prêts à tous les procédés pour détruire les Hautes Cités. Voyons si ma lecture étaye cette théorie… »

Partie en introspection durant de longues minutes, qui devinrent une demi-heure, puis une heure, des rafales d’images et de sensations défilèrent en tornade à lui en décoller la peau et la rétine. Comme une vieille maison, qui perd quelques tuiles sous la fureur du vent, mais qui s’accroche profondément à ses fondations dans la tempête, elle parvint à prendre du recul et à laisser glisser ce qui ne la concernait pas. La deuxième partie du travail consistait à réassembler les fragments de flashs et d’informations qui tourbillonnaient, afin d'en tirer du sens grâce à son ancrage.

Quand elle eut terminé, elle était à peu prêt sûre de ne pas pouvoir tirer plus de secrets de ce magot d’or et se tourna vers Azur :
« Impossible de savoir si ces gens ont agit seuls ou avec l’accord de leur hiérarchie. Mais je suis à peu prêt convaincue qu’ils appartiennent bien à l’organisation qui a commis les attentats d’Opale et qui semble vouloir étendre ses crimes à tout le continent : le XIIIème Cercle."

Elle pris une pause, songeuse.

« C’est aussi la deuxième fois que je suis aux prises avec eux en deux mois. Était-ce une coïncidence ? Ils ont déjà tenté de m’éliminer sur un site de recherche à Doulek… cela veut dire qu’ils ont encore quelque chose à redouter de nos actions… peut-être que nous pouvons encore les contrer en œuvrant ensemble. »

Elle décoinça ses jambes de son assise en tailleur et fit face à l’assassin.

« Quand vous rentrerez chez vous, en Xandrie, parlez à la Cour. Nul n’est plus à l’abri en Urh. Personne ne sait quelle capitale sera la prochaine cible du XIIIème Cercle. Le roi-dynaste doit être prêt à protéger son territoire et trouver le premier les racines de l’Arbre-Dieu. »


L’équipe technique envoyée à leur rencontre arriva après le temps d’une collation et d’une courte nuit, pour les conduire à un rythme de croisière à l’aérogare d’Epistopoli. La descente se fit sous des nuées de flashs photographiques, d’autant plus stimulés que la rumeur du drame évité avait déjà fait grand bruit dans les parutions de la veille. Le retard de l’appareil et l’anticipation de leur atterrissage ne donnaient que plus d’éclat à leur acte héroïque, qui ferait les choux gras des journaux.

-« Monsieur d’Omanie, je vous dis au revoir. Merci pour votre plaisante compagnie. Nous nous verrons certainement bientôt, dans votre demeure à Xandrie. » Presque avec innocence, sa main effleura un instant l’épaule du jeune homme en guise d’adieu.