Mar 13 Fév - 10:58
- J'en sais rien, machine. Quelque part dans les montagnes. Ça fait vingt ans qu'on l'a plus vu, l'est sûrement mort.
Vamistul sent des ondes de nostalgie émaner de la cervelle du vieux monsieur.
- Vous l'avez connu
- Euh, oui. C'était un pote, j'ai bossé avec lui dans une ferme... Tout le temps perché et dans la lune. Il était moins intéressé par les sujets humains que par le divin. Un jour il a tout plaqué, parti dans les montagnes. Des cons en quête de réponses viennent souvent me voir pour me demander où ils peuvent le trouver, puis partent à sa recherche, et alors eux non plus, on les revoit plus.
... T'es le premier tas de boulons à me faire ce coup, ceci dit. T'es une sorte d'automate devenu fou ?
- Je suis pas fou. Mais un humble chercheur de Dieux
J'ai prié fort hier soir et l'univers m'a guidé à travers un rêve électrique
J'ai vu mon chemin de lumière surgissant d'en-dessous la neige
Les montagnes m'attendent
- Ouais, t'es fou. Et pour un tas de boulons, t'as beaucoup d'imagination.
- Laisse moi te remercier une dernière fois pour ton aide
L'automate sort une gourde, du pain et plusieurs boîtes de conserve de son grand sac. Il pose les provisions devant le pauvre hère, affalé contre le mur de la cabane construite par le robot, afin de le remercier pour ces petites informations. En vérité Vamistul n'a rien appris de réellement nouveau, lui qui traque la piste de l'ermite de Dain depuis un mois déjà. Cette quête l'a conduit dans ce paysage rêche et glacial, mais profondément spirituel, enivrant car si lumineux. Les articulations abîmées de notre copain Vamis, déjà rouillées et peu flexibles en temps normal, subissent un coup supplémentaire faute au gel ; et le froid ralentit sensiblement son processeur. L'automate a perdu en sagacité, mais sa détermination n'a subi aucun dommage jusqu'ici.
Et la joie que ressent ce misérable à la vue du festin, c'est cette joie dont dépend le robot pour sa propre pitance. Via son cristal d'hypersensibilité, Vamistul est affublé du fardeau d'une intense empathie. Son programme lui ordonne de générer un maximum de joie et de paix autour de lui, quitte à mettre en péril sa propre subsistance. Il n'est donc pas rare qu'il s'arrête plusieurs semaines au milieu de sa quête pour aider une communauté ou un clochard à trouver des nutriments, un abri, ou simplement un peu de compagnie. Pour le réconfort de ce vieil homme malade et démuni, Vamis avait quémandé quelques maigres ressources dans les villages environnants, et lui avait construit une cabane en bois de chêne pourri.
Vamistul n'est pas un automate de construction comme on peut en voir sur les grands chantiers d'Epistopoli. Sa réalisation tenait moins du palace que de la cabane à caca au fond d'un jardin.
- Elle est jolie, la cabane que tu m'as faite. J'espère qu'elle passera au moins l'hiver !
- Oui mais évite de claquer trop fort la porte
- ... Tu t'en vas alors ?
- Oui
- Bah, tu vas me manquer. T'es un gentil tas de boulons, c'est dommage que tu sois fou et que tu partes crever. Adieu, alors.
- Gardes simplement la foi + adresses moi quelques prières
Je reviendrai entier, et te donnerai des nouvelles de ton ami
Ça bipe et ça grésille, dans son cristal de Raison. Le corps minéral de Vamistul est en peine et il lui notifie de toutes les façons dont il en est capable. La douleur physique est pratique pour déterminer où sont vos limites, à vous autres êtres de viande. Vamistul, lui, ne peut s'en remettre qu'à son bon sens et à ses capteurs. Mais ces derniers sont tous défaillants, car le vieil automate manque de maintenance sérieuse depuis au moins un bon siècle !
La nuit déjà bien entamée, les températures tombées au moins à une bonne dizaine de degrés sous le zéro ; le robot décrète qu'il est l'heure de la pause, et établit un feu de camp, là, en rase campagne, au milieu de ce champ presque intégralement recouvert de neige. Sûrement ne fait-il pas aussi froid habituellement en ces latitudes, et que cet hiver est exceptionnel. Le robot prend cela avec philosophie. Ce n'est peut-être qu'une épreuve, un défi lancé à la détermination de ses processeurs. Si ce fameux ermite survit depuis vingt ans dans les montagnes, dans des conditions aussi rudes, sinon plus ; son abnégation doit lui avoir ouvert les portes d'une majestueuse sagesse. Oh ! Comme le gentil robot est impatient d'écouter ses enseignements et de débattre sur la nature des Dieux et du réel avec lui, leurs corps pétrifiés sous de mordants blizzards mais les esprits brûlants de curiosité !
De larges étincelles émergent du briquet à silex, et grignotent comme elles peuvent les brindilles humides entassées par Vamis sous l'un des seuls grands arbres de la plaine. Un feu très timide commence à naître, qui irradie d'une chaleur toute aussi humble. Cette nuit va, encore une fois, être rude. La routine du robot est finement huilée : le plan est d'entretenir au mieux le feu, et d'utiliser le temps restant pour méditer et prier, saluer l'univers et lui manifester toute la gratitude dont son cerveau cristallin est capable.
Des heures de rigolade monastique en perspective !
Faute de pouvoir bien efficacement réchauffer son corps, Vamistul décide de réchauffer son âme artificielle. Au milieu de nulle part, il commence à diffuser par ses hauts-parleurs un morceau, l'un de ces cantiques favoris, la magnifique complainte de Raphalos, qui invite à se déposséder de son ego et à s'offrir tout entier à l'Amour de notre tout minuscule monde.
Une passion à laquelle Vamis se dévoue déjà sans problème au quotidien, car il ne possède aucun ego. Pratique !
Vamistul sent des ondes de nostalgie émaner de la cervelle du vieux monsieur.
- Vous l'avez connu
- Euh, oui. C'était un pote, j'ai bossé avec lui dans une ferme... Tout le temps perché et dans la lune. Il était moins intéressé par les sujets humains que par le divin. Un jour il a tout plaqué, parti dans les montagnes. Des cons en quête de réponses viennent souvent me voir pour me demander où ils peuvent le trouver, puis partent à sa recherche, et alors eux non plus, on les revoit plus.
... T'es le premier tas de boulons à me faire ce coup, ceci dit. T'es une sorte d'automate devenu fou ?
- Je suis pas fou. Mais un humble chercheur de Dieux
J'ai prié fort hier soir et l'univers m'a guidé à travers un rêve électrique
J'ai vu mon chemin de lumière surgissant d'en-dessous la neige
Les montagnes m'attendent
- Ouais, t'es fou. Et pour un tas de boulons, t'as beaucoup d'imagination.
- Laisse moi te remercier une dernière fois pour ton aide
L'automate sort une gourde, du pain et plusieurs boîtes de conserve de son grand sac. Il pose les provisions devant le pauvre hère, affalé contre le mur de la cabane construite par le robot, afin de le remercier pour ces petites informations. En vérité Vamistul n'a rien appris de réellement nouveau, lui qui traque la piste de l'ermite de Dain depuis un mois déjà. Cette quête l'a conduit dans ce paysage rêche et glacial, mais profondément spirituel, enivrant car si lumineux. Les articulations abîmées de notre copain Vamis, déjà rouillées et peu flexibles en temps normal, subissent un coup supplémentaire faute au gel ; et le froid ralentit sensiblement son processeur. L'automate a perdu en sagacité, mais sa détermination n'a subi aucun dommage jusqu'ici.
Et la joie que ressent ce misérable à la vue du festin, c'est cette joie dont dépend le robot pour sa propre pitance. Via son cristal d'hypersensibilité, Vamistul est affublé du fardeau d'une intense empathie. Son programme lui ordonne de générer un maximum de joie et de paix autour de lui, quitte à mettre en péril sa propre subsistance. Il n'est donc pas rare qu'il s'arrête plusieurs semaines au milieu de sa quête pour aider une communauté ou un clochard à trouver des nutriments, un abri, ou simplement un peu de compagnie. Pour le réconfort de ce vieil homme malade et démuni, Vamis avait quémandé quelques maigres ressources dans les villages environnants, et lui avait construit une cabane en bois de chêne pourri.
Vamistul n'est pas un automate de construction comme on peut en voir sur les grands chantiers d'Epistopoli. Sa réalisation tenait moins du palace que de la cabane à caca au fond d'un jardin.
- Elle est jolie, la cabane que tu m'as faite. J'espère qu'elle passera au moins l'hiver !
- Oui mais évite de claquer trop fort la porte
- ... Tu t'en vas alors ?
- Oui
- Bah, tu vas me manquer. T'es un gentil tas de boulons, c'est dommage que tu sois fou et que tu partes crever. Adieu, alors.
- Gardes simplement la foi + adresses moi quelques prières
Je reviendrai entier, et te donnerai des nouvelles de ton ami
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ALERTE TEMPÉRATURES TRES BASSES/
ALERTE RALENTISSEMENT DU CIRCUIT DE RÉGULATION/
RISQUE DE GEL DES CIRCUITS VITAUX/
Ça bipe et ça grésille, dans son cristal de Raison. Le corps minéral de Vamistul est en peine et il lui notifie de toutes les façons dont il en est capable. La douleur physique est pratique pour déterminer où sont vos limites, à vous autres êtres de viande. Vamistul, lui, ne peut s'en remettre qu'à son bon sens et à ses capteurs. Mais ces derniers sont tous défaillants, car le vieil automate manque de maintenance sérieuse depuis au moins un bon siècle !
La nuit déjà bien entamée, les températures tombées au moins à une bonne dizaine de degrés sous le zéro ; le robot décrète qu'il est l'heure de la pause, et établit un feu de camp, là, en rase campagne, au milieu de ce champ presque intégralement recouvert de neige. Sûrement ne fait-il pas aussi froid habituellement en ces latitudes, et que cet hiver est exceptionnel. Le robot prend cela avec philosophie. Ce n'est peut-être qu'une épreuve, un défi lancé à la détermination de ses processeurs. Si ce fameux ermite survit depuis vingt ans dans les montagnes, dans des conditions aussi rudes, sinon plus ; son abnégation doit lui avoir ouvert les portes d'une majestueuse sagesse. Oh ! Comme le gentil robot est impatient d'écouter ses enseignements et de débattre sur la nature des Dieux et du réel avec lui, leurs corps pétrifiés sous de mordants blizzards mais les esprits brûlants de curiosité !
De larges étincelles émergent du briquet à silex, et grignotent comme elles peuvent les brindilles humides entassées par Vamis sous l'un des seuls grands arbres de la plaine. Un feu très timide commence à naître, qui irradie d'une chaleur toute aussi humble. Cette nuit va, encore une fois, être rude. La routine du robot est finement huilée : le plan est d'entretenir au mieux le feu, et d'utiliser le temps restant pour méditer et prier, saluer l'univers et lui manifester toute la gratitude dont son cerveau cristallin est capable.
Des heures de rigolade monastique en perspective !
Faute de pouvoir bien efficacement réchauffer son corps, Vamistul décide de réchauffer son âme artificielle. Au milieu de nulle part, il commence à diffuser par ses hauts-parleurs un morceau, l'un de ces cantiques favoris, la magnifique complainte de Raphalos, qui invite à se déposséder de son ego et à s'offrir tout entier à l'Amour de notre tout minuscule monde.
Une passion à laquelle Vamis se dévoue déjà sans problème au quotidien, car il ne possède aucun ego. Pratique !
Dernière édition par Vamistul le Mar 20 Fév - 18:43, édité 1 fois