Sam 13 Jan - 18:20
L’homme myste science
Avec Vladimir Von Arendt
Noir, silence, douleur.
Le sang fuse dans les tempes de l’homme aux cheveux albâtres, il n’entend rien d’autre que les pulsations de son propre cœur qui tambourine contre sa poitrine en une douleur lancinante. Il est étourdi, nauséeux. Il commence à prendre conscience du reste de son corps, il essaie d’ouvrir les yeux, cligne plusieurs fois des paupières, seule l’obscurité accueille sa vision. Il est assis, son siège est dur et froid à travers le tissu de son pantalon. Il ne peut ni bouger ses pieds, ni ses mains. Il est ligoté. Il ne tente même pas de se débattre, ne crie pas. Il laisse retomber sa tête, à quoi bon, de toute façon il n’y voit rien. A moins qu’il ne soit retombé dans l’inconscience ?
Il n’avait pas été difficile pour elle de le retrouver. Jeremiah, ce chien du Magistère avait été des plus précis sur l’identité de l’individu. Il n’en fallait pas plus à l’institut pour récolter toutes les informations sur leur cible, et quelle aubaine, le scientifique vivait sur Opale depuis quelques mois. Elle se fichait de qui il était, elle se fichait de son origine, sa vie, ses ambitions. On lui avait donné une mission : capturer Lewën Digo. Pourquoi ? Elle n’avait pas besoin de le savoir. Comment ? A sa discrétion tant qu’il pouvait parler. Où ? Loin des yeux indiscrets. Elle était la main du Magistère, un pion unique au service des Tartares, ces dociles gardes qui ne vivent que pour leur employeur. Ils avaient su exploiter sa fibre naturelle, faire d’elle une arme, une disciple des plus redoutables. Ici, on la surnommait Soupir en référence aux créatures qui sillonnent le bois des spectres : elle partage avec eux de nombreux aspects, les cornes bien que les siennes soient plus robustes, une cape qu’elle garde sur les épaules, la taille avoisinant les deux mètres, et surtout, la mort semble les fuir. Le magistère était fier de compter dans ses rangs cette Saraph qu’il a su dompter. D’une aide précieuse, la Tartare ne rechignait pas aux missions qu’on lui confiait tant qu’elles étaient à la hauteur de ses capacités. La traque était son atout.
Elle était là, tapis dans l’ombre, observant la frêle silhouette sur sa chaise. Il n’avait pas été difficile de débusquer ce lapin, encore moins de le ramener. Cette tâche ne lui convenait pas, elle n’était pas digne d’un sans corne avec si peu d’étoffe. Une lumière vacillante éclairait faiblement la pièce, elle restait car on le lui avait ordonné, et ça lui coûtait, ombre parmi les ombre, d’observer cette scène pathétique.
La porte s’ouvrit sur un profil qu’elle reconnut sans mal. Un homme d’importance pour l’organisation, étrange qu’il daigne s’occuper lui-même du malingre. Elle ne dit rien, elle observe, elle écoute, elle obéit. Elle se fiche de ce qui va suivre, habituée des séances typiques du Magistère et de ses manières. Elle était prête à parier que ce corps qu’elle leur avait ramené ne tiendrait pas longtemps face à leurs expériences. Pourquoi lui spécifiquement ? Qu’avait-il de plus que les autres cobayes qu’elle avait pu ramener jusque-là ?
Le pas de Vladimir ne s’entendit par sur le sol de pierre, et sa victime ne réagissait toujours pas. Quel ennui …