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Fuir, je n'ai plus d'autre choix.

Fuir, je n'ai plus d'autre choix.  Brandw10
Mar 17 Oct - 12:43
Fuir, je n'ai plus d'autre choix.



Il était curieux de constater qu'on pouvait passer inaperçu dans une faction, même la sienne, pour peu qu'on vienne fréquenter certains quartiers et de se fondre dans la masse. Ekiel était pourtant une figure connue de Xandrie, mais ici peu semblant s'en soucier. Ces quartiers, il les sillonnait de plus en plus depuis son retour d'Epistopoli, comme pour se conforter qu'il avait eu raison. Le peuple avait besoin d'être libéré de la monarchie. Il connaissait la ville comme sa poche pour l'avoir parcouru des décennies durant. Il l'avait vu se développer pour être ce qu'elle était à présent.
Plus les mois s'écoulaient et plus le Strigoi se sentait étouffé dans ses fonctions de Ministre et Chef d'État. Peut-être était-il temps pour lui de passer à autre chose ? De démissionner et de repartir à zéro, ailleurs. L'idée lui traversait l'esprit de plus en plus chaque jour. Tout plaquer encore une fois, comme il l'avait fait jadis en quittant Opale alors qu'il n'était qu'un gamin, cela ne l'effrayait pas. Partir, lui apporterait un vent de renouveau dans sa vie. Mais pouvait-il décemment partir maintenant ? Il soupirait, s'arrêtant un instant sur un pont, fixant l'argenté quelques minutes, ressassant les derniers événements.

Depuis son retour d'Epistopoli, il n'était plus le même et l'ambiance qui régnait au sein du palais set parmi les ministres était tendue. La chose était courante, mais là, le malaise semblait plus important. Il avait noté certains changements, comme le fait que certains de ses confrères l'évitaient, affirmant n'avoir pas de temps à lui consacrer, car trop occupés par les affaires d'État. Mais ils étaient tous dans ce cas. Et que dire du Roi qui depuis quelques jours lui refusait toutes entrevues. C'était vraiment très étrange. Quelque chose n'allait pas et il fallait qu'il tire cela au clair d'une façon ou d'une autre. Inconsciemment, son subconscient le mettait-il en garde ? Ekiel avait toujours été méfiant, c'était dans sa nature, mais là, ça clochait réellement.

Il se décidait enfin à rentrer chez lui. Il remontait l'avenue lorsqu'un individu le bousculait, s'excusait platement, lui glissant discrètement un pli dans la main, avant de disparaître quelques rues plus loin. Un pli, comme ça, en pleine rue ? Ce n'était pas bon du tout ! Il pressait le pas et rentrait chez lui pour lire le message. Le contenu était codé. C'était donc d'une importance majeure. Ce code, le Strigoi l'avait lui-même établi afin que les échanges qu'ils pouvaient avoir avec ses indicateurs et autres espions à sa solde, ne tombent pas entre de mauvaises mains.
Ce qu'il lut, le laissait abasourdi. Tout s'expliquait à présent. Le comportement des ministres, celui du Roi, la tension plus importante que d'ordinaire. Aegias, encore et toujours lui, à lui mettre des bâtons dans les roues depuis toujours. Il n'avait jamais accepté le fait qu'Ekiel soit nommé Ministre. Il y avait eu plusieurs échanges avec le Duc d'Oman et cela n'augurait rien de bon. Et c'était quoi cette réunion qui aurait lieu, ici même à Xandrie, aujourd'hui ? Comment ça aujourd'hui ?! Et pourquoi n'avait-il pas été convié ?  Dans son esprit, le puzzle se mettait en place petit à petit. Aegias semblait avoir trouvé la solution pour écarter Ekiel du pouvoir. Ça sentait le traquenard à plein nez. Si c'était bien ça, comme il le présentait, la garde et le guet allaient bientôt débarquer chez lui. Il fallait quitter Xandrie, rapidement.

En peu de temps, il rassemblait quelques effets personnels, armes, argent, bijoux, et quelques vêtements, cela ferait largement l'affaire pour le moment. Il ne fallait pas traîner, car si ses soupçons étaient justes, les voies d'accès menant à Xandrie seraient bientôt fermées, chaque lieu qu'ils fréquentaient et chaque véhicule fouillé avec soin. Le moyen le plus rapide de quitter la ville, un cheval. Ne pouvant prendre le sien, en louer un était la meilleure solution et puis il fallait aussi changer d'apparence et de vêtements. Il revêtait donc des vêtements communs qu'il portait quand il s'enfonçait dans les bas-fonds de la cité. Pour l'apparence, l'homme qui l'avait bousculé un peu plus tôt ferait l'affaire. Il usait donc de son pouvoir de mimétisme pour changer d'apparence. Cela n'était pas sans souffrance physique, il fallait le reconnaître, mais il n'avait plus le choix. Il connaissait les façons de faire d'Aegias surtout avec le Roi. Le ministre de la Justice savait faire jouer la paranoïa de Dynaste pour obtenir ce qu'il voulait. Ekiel n'avait plus d'autre choix que de fuir, cette faction qui avait été la sienne durant des décennies. Paquetage fait, il quittait son appartement et disparaissait dans les rues de la cité, abandonnant tout derrière lui.


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Mer 18 Oct - 8:59
Fuir, je n'ai plus d'autre choix



Traverser la ville était plus aisé qu'il ne l'aurait songé. Sous cette apparence à mille lieux de la sienne, personne ne soupçonnait qui il était. Une aubaine, il fallait bien le dire. Plusieurs écuries se trouvaient dans la cité, vendant ou louant bêtes et attelages. Il ne lui restait qu'à en choisir une. Il jetait son dévolu sur celle nommée Les 4 fers, surtout parce que la précédente n'avait plus de montures à offrir. Il espérait avoir plus de chance avec celle-ci.

"Hé ho ! Il y a quelqu'un ?"

Une voix rauque lui répondait du fin fond du bâtiment.

 "J'arrive, un instant!"

Bientôt, un homme dans la force de l'âge, le visage marqué et buriné, arrivait boitant de la jambe droite.

 Bien le bonjour mon brave. Que puis-je pour vous ?

 Bonjour. Auriez-vous un cheval à me louer ? Parce que la précédente écurie, là-bas un peu plus haut dans la rue, n'en avait plus un.

L'homme crachait par terre.

" Pouah, vous êtes allé au Bourrin. De vrais voleurs ceux-là. Les dieux ont été cléments avec vous, pour sûr. J'ai de loin de meilleures montures. Les miennes ne sont ni malades ni boiteuses. Vous faut quoi ? Un cheval rapide, un costaud, dites-moi ?"

Ekiel jouait les ignares.

" Ben, il me faut un cheval. Tant qu'il me mène d'un point à un autre, ça me va ?

Le vieux bonhomme avait un rire gras.

 "Je vois."

Il avait tôt fait de trouver une monture parmi la dizaine disponible.

"Celle-ci est docile et costaude. Elle vous mènerait à l'autre bout de Urh si vous le désiriez."

Il ne pensait pas si bien dire, car c'est bien loin que le Strigoi voulait se rendre.

 Pas besoin d'aller aussi loin. Je veux juste retourner à Logmar Rim.

 "Elle vous mènera à bon port pour sûr. Là-ba, faudra la laisser à l'écurie Atrix. "

Ekiel acquiesçait.

" Parlons argent. Pour le cheval et l'équipement, la distance à parcourir avec, c'est 60 astras."

Le Strigoi sifflait.

"C'est une sacrée somme, l'ami. Mais, j'ai pas vraiment le choix si j'veux revoir ma femme et mes gamins."

Le vieux s'esclaffait joyeusement

" Ah la famille ! Y a rien de mieux. J'ai 8 garçons et le 9e est en route."

Un rire gras.

"Sacrée famille, félicitations."

Tout en continuant à converser, Ekiel fouillait ses poches une à une, réunissant peu à peu la somme et tendait le tout au propriétaire des lieux.

"Voici pour vous."

"Merci. Je vous le selle et vous pourrez y aller."

Une fois cela fait, Ekiel remerciait l'individu, le saluait, enfourchait sa monture et disparaissait une fois de plus dans les rues, direction les portes de la ville. Il n'avait pas une minute à perdre, plus vite, il quitterait Xandrie et plus vite, il serait en sécurité. La chance devait être avec lui car il pouvait passer le point de contrôle sud, sans encombre. Visiblement l'alerte n'avait pas encore été donnée et si jamais il s'était trompé concernant un éventuel complot à son encontre, il pourrait toujours revenir plus tard.  Alors qu'il pensait à cela, et que son cheval cheminait tranquillement l'éloignant un peu plus à chaque foulée de Xandrie, l'alerte retentissait et un homme beuglait de sa voix tonitruante;

" Fermez les accès ! Contrôler chaque véhicule ! Zadicus ne doit pas quitter la ville! Ordre du Roi !"

Ainsi son pressentiment était juste. Un dernier regard sur Xandrie et il poursuivait sa route alors que dernière lui, c'était l'effervescence . Dorénavant, il n'avait qu'une idée en tête, les faire payer. Tout vient à point à qui sait attendre, disait-on. Du temps le Strigoi en avait à revendre. Il accomplirait sa vengeance.


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