Astrebrume

Effacé et pourtant pesant. C’est peut-être la description la plus fidèle du bougre. Son aura de patrouilleur lui permet d’éviter de trop frayer avec les citoyens et cela lui va bien, bougon qu’il est. Ses cheveux noirs ondulés tombent surs ses épaules en mèches désordonnées et viennent à peine masquer ses yeux couleur ambre qui ne cessent de mirer à tout va chaque détail de chaque scène.

Il a l’air d’être sans cesse sur le qui-vive et certaines jurent même l’avoir entendu parler dans son sommeil et pourtant, cette âme en peine est toujours la première à se porter volontaire pour aider son prochain. Il n’a pas l’air d’aimer la Brume, ni de la craindre, ce qui fait déjà de lui quelqu’un de bizarre. Pourtant musculeux, il remplit avec efficacité son armure de cuir noire et sa propension à s’enrouler dans sa cape en laine grise et élimée lui donne souvent l’air d’un grand corbeau. Si ce n’était cette grande épée qui dépasse de son dos, elle-même aussi usée que le personnage.

Il a tendance à tendre la main vers elle dès qu’il est agacé ou stressé, et a tout autant tendance à se parler à lui-même à voix basse dans des situations de malaise, ce qui n’arrange que rarement les choses. Il y a comme un vide à combler dans ses actes et il agit bien souvent de manière impulsive avec un sens de la fuite en avant qui peut dérouter. Vous l’aurez compris, Ryker cache quelque chose, n’a pas l’air net et ce n’est pas difficile à percevoir ... Mais qui est sain d’esprit chez les patrouilleurs ? Sans compter ses gestes brusques, le tremblement de ses mains lorsqu'il est prit au dépourvu. Un lourd passé qui pèse lourd sur sa conscience. Et qu'il essaye de cacher au mieux en tirant une tête de six pieds de long.

Ne vous laissez pourtant pas abuser par ses airs renfrognés et rustres, c'est à en oublier qu'il a reçu une éducation : il a tendance à utiliser cette facette de sa personne pour pousser au loin ceux qui pourraient lui témoigner de l'intérêt et ... nourrir sa bête intérieure. Car s'il y a un secret que Ryker cachera jusqu'à mettre sa vie en danger, c'est bien cette petite brume qui le hante et ternit chacun de ses instants de vie. Elle se nomme Lestat et n'a qu'un seul objectif : dévorer. Les pouvoirs, les cristaux : tout ce qui devrait appartenir à la brume et qui lui a été dérobé. Sa pression est constante, et cela explique pourquoi ses cernes sont si présentes et sa fatigue prompte à le faire tomber de sommeil à peu près n'importe où.

C'est chose logique de penser que les patrouilleurs ont forcément un peu de Portebrume en eux, mais peu sont informés du vrai statut de Ryker Lestat, descendant d'une vieille famille de Dainsbourg, éradiquée lors de la chute de cette dernière. Peu sont au courant et il s'agit d'une des rares façons de le faire sortir de ses gonds. Et chacune de ses colères le rapproche un peu plus de l'Errance ...

D'ailleurs, à chaque fois que ça déraille, il y a quelque chose qu'on ne peut s'empêcher de remarquer : le guerrier peu assuré devient sûr de lui, le paranoïaque qui se murmure tout bas devient confiant et goguenard. Comme si un aperçu de ce qu'il aurait pu être sans tous ces traumatismes parvenait enfin à perler au travers de ses syndromes post-traumatiques. Mais soyez certains, cela veut surtout dire que Elle, elle n'est pas loin. Son plus honteux secret ...

Abrogation :
De base : Permet de diminuer les pouvoirs raciaux (et Nebula) d'une personne au touché : l'effet peut durer jusqu'à une minute après contact.


Equipement :
Rôdé à l’aventure, Ryker possède une armure en cuir souple et une épée longue en apparence basique, attachée dans son dos. D’autres menues armes sont attachées à sa ceinture et dans son dos. Il possède un lourd sac à dos utilisé pour ses longues marches et ses errances au travers d’Urh, métier de Patrouilleur oblige !

Habileté au combat :
Ryker est formé à peu près toutes les manoeuvres de bases nécessaires aux Patrouilleurs pour survivre et rendre services aux petites gens du Contade. Il est un bretteur plutôt doué et affectionne de se battre avec son épée, bien que son style manque de finesse. Il opte parfois pour sa hachette et une dague pour des combats plus rapprochés, mais il a plutôt été formé à la dure et par les épreuves, ce dont témoigne son style ... fin et délicat.

Destin brisé classique d'un enfant trop tôt abandonné. Originaire de Dainsbourg, ses parents étaient des savants renommés qui ont tous deux disparus lors du tragique événement qui a secoué le monde. Fort heureusement pour Ryker, selon les points de vue, la carrière de ses parents les prenait tellement qu'ils avaient confié leur marmot à une vieille connaissance au loin dans le Contade. Tant et si bien qu'il n'apprit le véritable destin de sa famille qu'à l'âge de dix ans, au milieu d'une belle tarte aux pommes - qu'il a en horreur depuis ce jour. Gamin farouche et à la taraude facile, il n'en fallut pas plus pour qu'il se mette en tête de partir à la recherche de son héritage, abandonnant l'oncle Jarod et la tante Kelia, sympathique couple d'agriculteurs.

Comme tout gosse aussi peu âgé, il se mit l'autorisation familiale sur un côté de l'oreille et partit à l'aventure sur le dos de sa fidèle mule sans se douter que les charrettes auraient du mal à être déplacées après cela. Mais il était jeune et égoïste. Surtout inconscient. Il s'en fut sans un sou et survécu de petits travaux et rapines ... ainsi que de l'argent de la vente de Laïka, chose qu'il regrette encore à ce jour. Quoi qu'il en fût, il se rapprocha de la Guilde des Aventuriers et de tout ce qui pouvait avoir un lien de près ou de loin avec Dainsbourg, sa disparition et sa famille. Or, personne ne voulait engager un si jeune homme. Ainsi, le petit Ryker entreprit de gravir les échelons de la Guilde et après avoir passé le balai, il rejoint quelques groupes et fut formé au maniement des armes et à survivre en milieu hostile. Pure graine issue des hordes d'aventuriers qui pensaient ainsi gagner leur vie, entre eau fraîche, bivouac et pièces d'or. Le gamin grandit bien et en quelques années, à l'aune de ses seize ans, il parvint à atteindre son rêve : rejoindre une expédition à destination de la fatale Dainsbourg.

La notion de traumatisme était un doux euphémisme. Brisé, ravagé l'enfant désireux de trouver réconfort dans une famille rêvée. Il se pensait fils en secret de roi, il croyait ses parents encore dissimulés au fond de sa ville natale et il les sauverait, il les retrouverait ! Au lieu de cela, au beau milieu de la brume, ce fut un carnage. Son unité fut démembrée sans qu'il ne comprenne de quoi il s'agissait. Les tripes de ses amis maculèrent son visage, il vit leurs crânes s'ouvrir et la chair grise de ce qui les personnifiait être piétinée devant ses yeux innocents. Une fureur et une sauvagerie qu'aucun récit n'aurait pu lui transmettre, car peu étaient ceux qui revenaient de ce genre d'épreuve. Mais on comprenait qu'ils s'enferment dans le mutisme et qu'ils aient l'air un peu dérangé. Le pauvre Ryker se recroquevilla, se servir de la pelisse du commandant de l'unité pour se cacher lors du massacre. Il déguisa sa survie avec le sang de ses frères d'arme et n'eut pas de peine à dissimuler son odeur tant il s'était souillé de peur. Pourtant, envers et contre tout, il sortir de la brume des semaines plus tard. Habits en lambeaux, une épée trop grande pour lui en main et quelque chose de mort au fond du regard. De son regard ambré autrefois vif, il semblait s'être solidifié en accueillant l'ADN millénaire de la terreur que renfermait la Brume.

Ryker fut recueilli par des passants et soigné. On le prit pour un aventurier un peu dérangé, mais jamais plus pour un adolescent. Il avait tant vieilli en si peu de temps que ceux qui le connaissaient avaient peine à le reconnaître. Enfant jovial, motivé et rieur il était devenu agité, aigri et paranoïaque. Il se retournait sur tout, se murmurait à voix basse des insultes. Non, ce n'était certain : cet homme avait vu des choses qu'il ne faudrait jamais lui demander. Pourtant, petit à petit, il se remonta. Il reprit du service après de longs mois. Mais finies les missions sans risque, finies les petits pas aux abords de la Brume sans oser y tremper le pied. Il démontra une hargne nouvelle à vouloir rejoindre les Patrouilleurs. Car il n'avait pas oublié le but premier de la création de la Guilde et pourquoi il l'avait rejointe : trouver des réponses. Si beaucoup pensaient que ce qu'il avait vécu aurait suffi à le faire taire et oublier ce qu'il était venu chercher ici, en jeune coq, ils furent bien surpris.

Au bout d'un an, le jeune Ryker, bien que psychologiquement frappé de l'avis de certains, faisait montre d'un zèle extraordinaire pour secourir ses proches et rendre services à ceux qui avaient besoin des coups de main les plus ... brumeux. Il mit plus de trois ans à pouvoir retourner dans la brume sans y perdre son repas, mais cette accoutumance graduelle beaucoup la prirent pour la difficulté normale des humains pour se mouvoir au sein de cette entité mystique. Peu savaient qu'il avait ramené un passager lors de son errance et qu'il avait failli ne pas en revenir tout court. Il l'appelait Lestat, à défaut de personnification plus originale. Elle était une voix qui lui susurrait de dévorer ses semblables et de ses nourrir du fragment de brume qu'ils avaient dérobé. La chose était née de son désir de famille et d'héritage, quoi de mieux pour lui rappeler qu'elle n'était qu'un être fantasque ? Elle lui murmurait des promesses de pouvoir et de destin exceptionnel s'il la laissait prendre le contrôle ... mais il la tenait en laisse et prenait garde de ne jamais user de son pouvoir de façon futile. Or, sa présence était d'autant plus forte que la brume était proche. Ainsi sembla-t-il donner le change pendant un temps sur ses capacités ... jusqu'à ce que, grâce à ses faits d'armes impressionnant pour un survivant comme lui, il lui fut proposé la consécration : on fit de lui un Patrouilleur. En petite pompe, à défaut d'honorer les Morts Gris. Et enfin, la vraie vie de Ryker put commencer.

Le Patrouilleur s'enferma dans la solitude, autant pour lui que pour son entourage et se fit une fierté de travailler en solitaire. Il prenait aussi plaisir à prendre toutes les missions pouvant lui permettre de se rapprocher de Dainsbourg. Oh, bien entendu, il revint plusieurs fois avec assez d'estafilades pour occuper une couturière, mais toujours vivant. Toujours debout. Il y avait quelque chose d'insolent dans la façon qu'avait cet ancien miraculé de la brume de revenir de cette dernière. Une attraction malsaine, un compte à régler. Il désirait plus que tout en percer les mystères et comprendre ce qui avait pu arriver à ses parents, à ses frères d'armes. Et, surtout, répondre à cette fatidique question : "Pourquoi moi ?" alors que tant nourrissaient les vers ...

Le plus dur était d'ignorer la voix de Lestat qui répondait inlassablement la même chose à sa grande question : "Parce que ...moi." Ils étaient condamnés à vivre ensemble mais avec deux buts diamétralement opposés. Si Ryker désirait comprendre ces phénomènes pour y mettre fin, Lestat désirait tout attirer dans la Brume et la nourrir jusqu'à en exploser. Elle se laissait dominer pour l'instant, tous les deux connaissaient l'issue de ce combat. Car c'était toujours le même destin. Elle n'avait qu'à attendre patiemment et un jour, un jour il cèderait. Alors Elle pourrait tout dévorer ...